Achart de Jumièges
Abbé, Saint
† 687

Saint Aicard ou Achart était fils d'Anschaire, un des premiers officiers de la cour du roi Clotaire II. Sa mère se nommait Ermine, et sortait comme son père d'une des plus illustres familles du Poitou. Ils étaient l'un et l'autre encore plus recommandables par leur vertu que par leur naissance. Ermine surtout avait une dévotion tendre, et elle ne désirait rien tant que de voir marcher son fils sur les traces des Saints.

Il y avait alors à Poitiers deux écoles célèbres de sciences et de piété : le palais de l'évêque, et le monastère de Saint-Hilaire. On mit Achart dans la seconde, et il y resta jusqu'à l'âge de 16 ans, que son père l'en retira pour le présenter à la cour, et pour lui faciliter les moyens de s'avancer dans le monde. Ermine ne put penser sans frayeur aux dangers que l'innocence de son fils allait courir. Elle désirait au moins que les vues d'ambition n'influassent point sur le choix de l'état qu'il embrasserait, et que ce choix fût réglé par la volonté de Dieu. On fit venir le jeune Achart, pour lui faire déclarer ses dispositions à cet égard. II s'expliqua d'une manière si précise sur le dessein qu'il avait de se consacrer à Dieu, que son père ne put lui refuser son consentement. Se voyant libre, il se retira dans l'abbaye de Jouin. Cette maison, située à l'extrémité du Poitou, était fort célèbre par la sainteté des religieux qui l'habitaient. Achart y fit paraître une ferveur et un zèle pour la perfection qui ne se démentirent jamais. On assure même que Dieu employa des voies extraordinaires pour lui faire connaître plus spécialement sa volonté.

Ses parents, après sa retraite, fondèrent l'abbaye de Quinçay, environ à une lieue de Poitiers, et le mirent sous la conduite de saint Philbert, qui, pour se soustraire à la tyrannie d'Ebroïn, avait été obligé de quitter son abbaye de Jumièges, et de s'enfuir de la Neustrie, connue aujourd'hui sous le nom de Normandie. Le saint abbé peupla le nouveau monastère d'une colonie de fervents religieux qu'il avait fait venir de Jumièges. Il avait quelque temps auparavant peuplé de la même manière le monastère qu'il fonda dans l'île d'Her, et qu'on a depuis appelé Hermoutier ou Nermoutier. Il établit d'abord saint Achart abbé de Quinçay ; mais se voyant dans l'impossibilité de retourner à Jumiéges, qu'il regardait comme la principale de ses fondations, il lui en donna le gouvernement, et garda celui de Quinçay pour lui.

Le monastère de Jumièges renfermait alors neuf cents religieux. Saint Achart sut entretenir parmi eux l'amour de la perfection et de l'étude. Il les exhortait surtout par ses exemples. Son assiduité à la prière, l'austérité de sa pénitence et son exactitude à observer tous les points de la règle, donnaient beaucoup de poids à ses discours et faisaient désirer de l'entendre. Il s'exprimait d'une manière si pathétique, que ses auditeurs étaient toujours persuadés. Dans ses derniers moments, il adressa ce discours à ses religieux : « Mes chers enfants, n'oubliez jamais les avis que je vais vous donner, et qui sont comme le testament de votre père. Je vous conjure, au nom Jésus-Christ, de vous aimer les uns les autres, et de ne laisser dans vos cœurs aucune aigreur contre le prochain ; cette aigreur ne peut s'accorder avec la parfaite charité, qui est la marque distinctive des élus. Inutilement auriez-vous porté le joug de la pénitence et vieilli dans les exercices de l'état monastique, si vous ne vous aimez pas sincèrement les uns et les autres. Sans cet amour, le martyre même ne peut vous rendre agréables à Dieu. La charité fraternelle est l'âme d'une maison religieuse. » Lorsqu'il eut cessé de parler, il leva les mains et les yeux au ciel, et expira tranquillement le 15 Septembre, vers l'an 687. Il était dans la soixante-troisième année de son âge. Durant les incursions des Normands et des Danois, on transporta ses reliques à Hapres, prieuré situé entre Cambrai et Valenciennes, et qui dépendait de l'abbaye de Saint- Vaast.

 

 

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