Adelhard de Hirschau
Moine, Saint
† 924

Le monastère jadis si célèbre de Hirschau avait pris naissance, en 830, par la pieuse libéralité du comte Erlafried. Sous Rodolphe, cinquième abbé de ce couvent, vivait, au rapport de Trithême, le moine Adelhard. Celui-ci avait acquis, sous Haderard, prédécesseur de Rodolphe, des connaissances remarquables dans les sciences tant sacrées que profanes. Il est à présumer qu'il les cultiva plutôt pour satisfaire une orgueilleuse curiosité , que dans la vue de son salut éternel ; c'est pourquoi la miséricorde divine lui envoya un mal de tête si cruel et si opiniâtre, qu'il finit par perdre totalement la vue.

Il avait souffert pendant deux ans de ces douleurs aiguës ; la cécité l'en délivra, et jamais il n'avait été aussi bien portant ni aussi gai d'esprit, qu'il le fut dès lors. Privé de la plus grande partie des jouissances de la vie, il fit de nécessité vertu, et s'adonna tout entier aux pratiques de la piété. Comme toutes ses pensées étaient exclusivement dirigées vers Dieu, et qu'il se consacrait avec l'exactitude la plus scrupuleuse au service du Seigneur, il évitait ainsi toute espèce de distraction, toute participation aux choses de la terre. Ses actions ne trahissaient pas la plus légère trace d'inconséquence ou de frivolité. Toute parole vaine et inutile était bannie de ses lèvres. Les exercices de la prière, de la méditation et principalement de la plus profonde contemplation l'occupaient tout entier. Mais sa piété et son esprit de pénitence étaient si sincères, que partout où l'on parlait en sa présence de la passion de notre Seigneur Jésus-Christ, il fondait tellement en larmes, et la douleur de la contrition lui arrachait des sanglots si violents, que les autres personnes en étaient émues et ne pouvaient retenir leurs larmes.

Sa dévotion était aussi sincère et aussi pure qu'agréable à Dieu ; c'est pourquoi il lui accorda d'une manière très remarquable le don de prophétie. Plusieurs événements, qu'il avait prévus, arrivèrent exactement comme il les avait annoncés. De même que trois ans avant sa mort, il en avait révélé le jour et l'heure à quelques-uns de ses frères, de même il prédit, de la manière la plus circonstanciée, la destruction du couvent qui devait avoir lieu et qui arriva en effet au bout de quatre-vingts ans. La vingt-troisième année de sa cécité et la soixante-dix-huitième de sa vie, il quitta ce monde, le jour de Noël de l'an 924. A son passage du temps à l'éternité, on entendit, si on en croit le moine Méginfried, dans les airs des chants agréables, et l'on vit sur son tombeau des lumières brillantes.

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