Andéol de Bergoïate
Sous-diacre, Martyr, Saint
† 208

La jeunesse d'Andéol nous est presque inconnue. De bonne heure, il fréquenta la célèbre école de Smyrne, véritable pépinière d'Apôtres et de Martyrs, qui avait eu pour fondateur saint Jean l'Évangéliste et qui avait pour continuateur l'admirable Polycarpe.

Comme à Antioche, l'Esprit-Saint avait dit: « Séparez-moi Saul et Barnabé pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés », il fut révélé a saint Polycarpe que Bénigne, Andoche, Thyrse et Andéol iraient travailler au salut des peuples des Gaules. Les deux premiers étaient prêtres, Thyrse, diacre, et le bienheureux Andéol, sous-diacre.

Cependant, on touchait au moment suprême le vaisseau allait mettre à la voile. « Frères, faites-nous vos adieux », dit Polycarpe et des larmes coulaient de ses yeux. Ce noble et saint vieillard, âgé de plus de quatre-vingts ans, ne pouvait quitter sans une profonde émotion des fils qu'il aimait tendrement.

Le navire qui portait saint Andéol et ses compagnons fut obligé, à ce que l'on croit, de relâcher à l'île de Corse. Les légendaires racontent qu'une furieuse tempête s'étant élevée, telle que les matelots ne se souvenaient pas d'en avoir jamais vu la pareille, on fut forcé de séjourner, pendant quelques jours, dans cette île, dont saint Paul avait évangélisé les habitants. Le calme s'étant rétabli, on remit à la voile et les missionnaires saluèrent bientôt la nouvelle patrie où les envoyait la Providence. Ayant pris terre à Marseille, ils s'acheminèrent directement sur Lyon, où ils furent accueillis par saint Pothin et par saint Irénée.

Quoiqu'il soit impossible de fixer la date de son départ, il paraît plus certain qu'Andéol ne prolongea pas beaucoup son séjour à Lyon. Il reçut pour mission de porter l'Évangile à Carpentras et dans les régions méridionales que fertilise le Rhône (166).

Dieu laissa saint Polycarpe plus de quatre-vingts ans sur la terre, pour rendre témoignage aux vérités qu'il avait apprises des Apôtres. Cette longue vie, toute dépensée au service de l'Église et à la gloire de Dieu, fut couronnée par un glorieux martyre, en la sixième année de l'empire de Marc-Aurèle, qui est la cent soixante-sixième après Jésus-Christ.

Cette date est très importante pour nous. D'abord, elle fixe, d'une manière certaine, l'époque de l'arrivée de saint Andéol dans les Gaules. En effet, qu'on fasse suivre le martyre de l'évêque de Smyrne, d'aussi près que l'on voudra, de l'envoi des quatre missionnaires, on ne pourra placer cet envoi plus tard qu'en l'année 166. En rapprochant de cette date celle de la mort de saint Andéol (208), par la différence, on obtient, d'une manière précise, le minimum de la durée de son séjour dans les Gaules, c'est-à-dire quarante-deux ans. Si l'on borne à quelques mois, comme il est probable, le temps qu'il passa à Lyon, il restera quarante ans environ pour la vie apostolique de notre Saint. Ce calcul a reçu la plus haute sanction dans les liturgies romaine et viennoise, où on le lit, chaque année, dans l'office divin, au jour de la fête de saint Andéol.

Nous avons vu que saint Andéol, en quittant Lyon, se dirigea vers Carpentras.

En effet, dans le canton de Carpentras, on trouve des lieux où le souvenir de ses prédications a survécu, malgré tous les obstacles, dans la mémoire reconnaissante des paroles. Nous voulons parler du bourg de Mazan. Dans cette commune, il y à un quartier dit de saint Andéol, où il existait, avant la révolution de 89, une chapelle très ancienne, dédiée à notre Saint. Elle était bâtie sur une colline au pied de laquelle on voyait des restes de monuments antiques. Une tradition immémoriale en ce pays veut que saint Andéol s'y soit arrêté pour l'évangéliser.

Un peu plus haut, non loin d'Orange, à Camaret, on retrouve les mêmes traditions et les mêmes hommages. On assure même que l'Apôtre de Jésus-Christ y fut battu de verges et l'on montre encore le lieu où s'accomplit cette cruelle exécution. Saint Andéol possède dans cette paroisse un antique sanctuaire bâti par Louis le Débonnaire.

Dans l'accomplissement de l'oeuvre du salut des âmes, le courageux sous-diacre, comme un autre saint Jean-Baptiste, remplissait le rôle de précurseur. Partout où il allait, il invitait à faire pénitence et annonçait la venue du royaume de Dieu. Lorsque ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre avaient formé le désir d'embrasser la vie nouvelle, il les catéchisait et leur conférait le baptême. Puis, content d'avoir accompli sa mission dans ce lieu, il se retirait, cédant la place, sans doute, aux vrais Pasteurs des âmes, à ceux que Jésus-Christ a revêtus des pouvoirs plus étendus du sacerdoce. Suivant toutes les probabilités, il parcourut de cette manière une partie de la Provence, le Dauphiné et la Franche-Comté qu'évangélisaient en même temps les disciples de saint Irénée, saint Ferréol et saint Ferrution, apôtres de Besançon; saint Félix, apôtre de Valence. La tradition semble assez explicite sur ce point elle rapporte que saint Félix et ses compagnons ont aussi évangélisé le Vivarais' d'un autre côté, les nombreuses paroisses ou chapelles du diocèse de Valence qui conservent encore le nom de saint Andéol donnent à penser qu'il avait précédé les disciples de saint Irénée dans ces parages sa marche le conduisait naturellement vers ces contrées. Mais il est temps de le suivre dans le Vivarais, l'Helvie de César, le département de l'Ardèche actuel.

Ceux qui ont étudié les origines du christianisme savent que les premiers missionnaires de la foi avaient une prédilection bien connue pour les grands centres de population.

Il semble naturel de voir saint Andéol rester fidèle à cette discipline, et venir, en entreprenant la conversion des Helviens, établir son séjour à Aps, leur cité principale.

Cependant, il lui préféra une ville, certainement moins populeuse, mais qui ne laissait pas d'être considérable, Bergoïate, appelée aujourd'hui Bourg-Saint-Andéol. Dans cette dernière ville, la plus méridionale du Vivarais, il se trouvait plus rapproché des pays qu'il avait parcourus d'abord. Dieu, d'ailleurs, dont la Providence dispose toute chose pour le bien des âmes et pour la gloire des Saints, voulait, en conduisant son serviteur dans cotte cité, donner pour théâtre à ses derniers travaux et à ses luttes suprêmes un lieu plus durable qu'Aps, que les Vandales détruisirent entièrement deux siècles après l'époque dont nous parlons.

Avant de pousser plus loin notre récit, il est nécessaire, pour l'intelligence des faits, de prendre une exacte connaissance de la cité, objet des prédilections de saint Andéol.

La ville se composait de deux agglomérations bien distinctes, séparées par le fleuve, mais portant le même nom et régies par la même administration urbaine Bergoïate de la rive droite et Bergoïate de la rive gauche, qu'on désignait par ces mots Haut ou Bergoïate. Le Bas-Bergoïate ou Gentibe occupait l'emplacement de la ville actuelle de Bourg-Saint-Andéol. De ces deux agglomérations, Bergoïate-le-Haut nous paraît avoir été la plus considérable à l'origine c'était le centre de l'activité, du commerce et de l'industrie, la cité des travailleurs et du petit peuple, circonstance qui nous explique les prédilections de l'Apôtre, qui en avait fait sa résidence et le siège de sa prédication. L'autre, au contraire, placée par sa situation un peu en dehors du tumulte et du mouvement des affaires, moins peuplée, toujours calme et silencieuse, était le séjour préféré des nobles Gallo-romains dont les fastueuses villas s'étalaient au front des coteaux d'alentour, et des prêtres voués au service des dieux du paganisme. La première conserva jusqu'au milieu du moyen âge la prépondérance dont elle jouissait sous les empereurs romains la seconde dut à la découverte du tombeau de notre saint Martyr, d'être tirée tout a coup de son obscurité, et de conquérir en peu de temps la célébrité et la prééminence que ses dieux jadis n'avaient pu lui assurer à partir du douzième siècle, les accroissements successifs de ce simple petit bourg lui donnèrent bientôt l'aspect et les proportions d'une ville importante, tandis que le Bergoïate de la rive gauche, désolé par les ravages des guerres et des inondations, s'acheminait avec une égale rapidité vers son déclin et vers sa ruine. Abandonné chaque jour de quelques-uns de ses habitants, qui allaient chercher un refuge dans la ville de saint Andéol, il n'était plus, à la fin du treizième siècle, qu'un lieu complètement désert la fille avait dévoré la mère.

C'est donc à Bergoïate-le-Haut qu'Andéol était descendu en arrivant ; c'est là qu'il prêchait l'évangile de Jésus avec un succès merveilleux. Sur ces entrefaites, l'empereur Sévère, qui traversait les Gaules pour se rendre en Bretagne, où il allait soumettre les tribus sauvages de la Calédonie, vint aussi à Bergoïate, en se dirigeant sur Valence, et y campa avec une partie de ses troupes. Or, au moment de l'arrivée de ce prince, il y avait en ce lieu un concours extraordinaire de peuple. La foule se pressait autour d'un 'personnage qui discourait en public tout entière sous le charme de cette parole inconnue, elle jetait à peine un regard distrait sur le spectacle imposant des légions romaines marchant, enseignes déployées, sous les ordres de leur empereur. Piqué dans sa curiosité et peut-être aussi dans son orgueil, Sévère demanda la cause du rassemblement. Terrible fut la colère du césar, en apprenant que le personnage qui attirait ainsi l'attention et les sympathies du peuple, n'était autre qu'un chef de chrétiens, propageant en plein jour les erreurs de sa secte. Il ordonna qu'on se saisît sur-le-champ d'Andéol et qu'on l'amenât devant lui.

Un tribunal est dressé à la hâte auprès sont étalés tous les instruments ordinaires de la torture, et au milieu de ce funèbre appareil, siège Sévère en personne. C'est lui-même qui, d'un ton de menace, interroge Andéol sur son nom, son pays, l'objet de la mission qu'il se donne. « L'Orient est ma patrie a, répond l'Apôtre avec calme, et je viens de Smyrne, envoyé par l'évêque de cette ville avec plusieurs autres qui sont mes pères et mes maîtres, pour annoncer le Sauveur Jésus-Christ et prêcher sa doctrine aux peuples qui l'ignorent si vous voulez savoir mon nom, César, je m'appelle Andéol M. a Tu es donc venu a, s'écrie le tyran, « pour déshonorer nos dieux et fouler aux pieds les édits des empereurs songes-tu bien à la sévérité des châtiments qui t'attendent, toi et les malheureux Helviens que tu séduis ? »

Prenant ensuite un air et un ton de douceur affectée, il exhorte l'Apôtre à renoncer à ses chimériques idées plutôt que d'exposer sa personne à la rigueur des tourments qu'il abandonne une secte impie, qu'il consente à offrir de l'encens aux dieux, il pourra vivre heureux au sein d'un doux repos, gratuité de l'une des fonctions les plus honorables du palais, comblé de distinctions et de richesses, que lui assure la munificence des empereurs. « Prête donc l'oreille à mes conseils, ajoute-t-il, laisse là cette religion que tu professes, laquelle a été inventée depuis peu par un certain Christ que j'ignore et qui a été crucifié, dit-on, en la prêchant. Maudis ce Christ, et rends hommage aux dieux immortels ». « Je n'adore qu'un Dieu, réplique Andéol, le Dieu unique et véritable, qui a créé le ciel et la terre. Pour vos stupides divinités, César, je les méprise ce ne sont qu'idoles sourdes et muettes, fabriquées par la main des hommes, que le démon vous persuade d'adorer ».

Irrité de la sainte hardiesse de ce langage, l'empereur Sévère ordonne qu'Andéol soit livré à la torture. Alors se renouvelle l'une des scènes accoutumées de la sanglante tragédie à laquelle le monde païen ne cessait d'assister depuis la naissance du christianisme. Lorsque les paroles de séduction, les promesses comme les menaces étaient venues échouer devant la foi ferme et généreuse du chrétien, le tyran polythéiste appelait à son aide les bourreaux il fallait alors épuiser sur des enfants, des vierges délicates, de .faibles vieillards, toutes les ressources de la cruauté et toute la science dés tortures, sans pouvoir venir à bout d'ébranler leur constance. Ainsi, au signal donné pour commencer le supplice, Andéol est couché à terre, lié par les pieds et les mains à des cordes qu'on tend et qu'on détend ensuite avec de violentes secousses au moyen d'arcs et de poulies et, au milieu de cette affreuse tension, qui rend tous les nerfs du corps humain semblables aux cordes d'un instrument de musique, le saint Confesseur est rudement battu de verges armées de piquants et de pointes de fer puis on lui déchire la chair avec des ongles rougis au feu puis ce corps tout meurtri et sanglant est attaché à une roue élevée au-dessus d'un brasier dans lequel on verse l'huile à flots pour activer l'ardeur des flammes.

Du 'haut de cette roue embrasse, comme sur un lit de repos, Andéol tranquille, le visage radieux et serein, levait les yeux au ciel et priait : « Soyez béni, mon Dieu, disait-il, je vous rends grâces, Seigneur Jésus, qui m'accordez de souffrir pour votre nom. Ne m'abandonnez point dans ce suprême combat; faites, au contraire, qu'y persévérant avec une constance inébranlable, je mérite de me présenter devant votre majesté avec la palme du vainqueur ». On l'entendit aussi faisant cette belle et touchante invocation « Ô saint Polycarpe, mon bienheureux maître, vous l'ami du Christ, qui brillez au ciel comme une pierre précieuse, priez pour votre serviteur, afin qu'il soit muni de patience et de courage, et que vous puissiez triompher avec joie de votre doctrine et de ma victoire dans le Seigneur ». En effet, le courage du saint Martyr semblait renaître à mesure qu'on multipliait les tourments. Les bourreaux étaient lassés, la fureur de Sévère, désespérée, mais non vaincue voulant réserver Andéol à de nouveaux supplices pour le lendemain, il ordonne qu'on le conduise en prison. Alors Céricius, tribun d'une des légions de l'armée, propose à l'empereur de renfermer le chrétien dans un caveau du temple dédié au dieu Mars, sur l'autre rive du Rhône amener ainsi, chargé de chaînes, l'ennemi des dieux jusque dans leur sanctuaire était une sorte de réparation qui toucherait le cœur des immortels et les rendrait propices. Le superstitieux césar appréhendait à cette idée le fleuve lui semble d'ailleurs une excellente barrière à interposer entre l'Apôtre, dont il redoute l'influence, et ce peuple, coupable de trop de sympathie pour le chrétien. Andéol est donc enfermé dans le caveau souterrain du temple de Mars.

Or, vers le milieu de la nuit, les gardes d'Andéol virent tout à coup des rayons de lumière briller à travers les portes de sa prison tout l'intérieur du souterrain en était illuminé. Puis des voix d'une douceur ravissante se firent entendre ; un colloque mystérieux s'établit entre Andéol et d'invisibles personnages; ils parlaient des combats du saint Martyr et de La gloire qui l'attendait « Bon courage, frère chéri, disaient ces voix, demain vous recevrez la couronne du martyre. Parcourez jusqu'au bout la sanglante carrière, et le Christ vous recevra lui-même en triomphe, décoré de la palme du martyre, dans la gloire du paradis ». Andéol, de son côté, exprimait à ses célestes visiteurs toute la joie qui inondait son âme; il les remerciait du baume qu'ils avaient répandu sur ses souffrances, et les priait pour que l'exemple de sa patience dans la lutte suprême achevât la conversion des gentils à la foi. Un concert d'une délicieuse harmonie succéda à ces discours les voix semblaient monter dans les airs, s'affaiblir graduellement et se perdre dans le lointain. Le silence et l'obscurité se firent de nouveau dans la prison la vision céleste avait disparu.

Lorsqu'on vint, par l'ordre de Sévère, tirer l'Apôtre de la prison, toutes les plaies qui, la veille, couvraient son corps étaient cicatrisées et entièrement guéries Andéol semblait avoir recouvré les forces et l'énergie de sa jeunesse. Le farouche empereur, ayant appris de l'un des gardes les détails de la vision nocturne, jura, par le dieu Mars et par ses victoires, qu'il saurait empêcher le magicien de séduire plus longtemps les peuples et de ruiner la puissance de ses dieux. Il se hâta de prononcer la sentence de mort, et ordonna qu'elle fût exécutée en sa présence. A l'instant, un soldat s'arme de l'une de ces épées de bois très dur, dont les gladiateurs se servaient pour s'escrimer, et, tandis qu'Andéol adresse au ciel une dernière prière dans un dernier regard, le bourreau de Sévère lui partage la tête en forme de croix.

Ainsi consomma son martyre, le 1er mai de l'an 208, selon l'opinion la plus commune, le bienheureux Andéol, premier apôtre des Helviens. Sévère, dont la haine fanatique trouvait encore à s'exercer jusque sur les membres inanimés du saint Martyr, fit lier le corps avec une chaîne de fer à laquelle était suspendue une énorme pierre, et jeter ce lourd fardeau dans le Rhône, afin que, ensevelis sous les flots, les restes vénérés d'Andéol échappassent aux honneurs que leur réservait la piété des fidèles. Mais la Providence, qui veille sur les ossements de ses Saints, poussa la précieuse dépouille vers la rive occidentale du fleuve. Il est dit que l'Apôtre, avant de quitter sa prison, avait prié le Seigneur de permettre qu'il reposât, après sa mort, dans ce lieu où la gloire de Dieu et de ses Anges l'avait visité. Et Dieu, pour exaucer ce dernier vœu de son serviteur, sembla s'être plu à multiplier les prodiges. Ainsi la lourde chaîne enroulée autour du corps mutilé du Martyr, et qui devait par son poids l'entraîner au fond du fleuve, se rompit d'elle-même, comme l'un de ces liens fragiles qu'une main d'enfant brise en se jouant, et disparut seule sous les eaux. Le saint corps, au contraire, soutenu et dirigé par un bras invisible, prit sa route à travers les flots rapides, coupant le courant du fleuve en ligne droite arrivé au bord, il fut soulevé par une vague et porté mollement à une distance d'environ deux toises sur le rivage. Depuis cinq jours, il était là exposé aux injures de l'air, sans montrer la plus légère trace de corruption, protégé par une vertu mystérieuse qui commandait le respect aux bêtes et aux oiseaux de proie. Chaque nuit, assurait-on, des chants et des sons, doux et harmonieux comme ceux d'une mélodie céleste, s'étaient fait entendre, et l'on avait vu briller une lumière qui entourait le saint corps d'une auréole éclatante. Le récit de ces merveilles, porté au loin de bouche en bouche, parvint aux oreilles d'une dame riche et de noble condition, nommée Tullie. Elle se rendait, ce jour-là même, à une de ses villas située aux environs de Bergoïate. En suivant la voie romaine, elle rencontra, près du lieu gisait le corps de saint Andéol, un groupe nombreux de païens que la nouveauté du spectacle y avait attirés. Faisant arrêter son char, elle interrogea quelques-uns des assistants et recueillit de leur bouche tous les détails que nous venons de raconter détails bien consolants pour sa foi et pour sa piété, car elle était chrétienne. Elle résolut aussitôt de donner une sépulture honorable aux restes vénérés du saint Martyr. Mais, n'osant confier à personne l'exécution de son pieux dessein, elle vint elle-même, accompagnée de ses esclaves les plus fidèles et les plus sûrs, et, profitant du silence et de l'obscurité de la nuit, elle enleva le corps secrètement, et le déposa dans un sarcophage païen qu'elle fit enterrer au même endroit, à une grande profondeur, afin de soustraire la précieuse dépouille à la fureur sacrilège des persécuteurs.

SOURCE : P. Giry : Les petits Bollandistes : vies des saints. T. V. Source : http://gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France.

 

 

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