Saint Anicet
était originaire de la Syrie. Son père se nommait Jean et était
habitant du bourg d'Omise; il
gouverna
l'Église sous Marc-Aurèle, et succéda, sur le trône pontifical,
à Pie Ier. Il était le dixième pape depuis saint Pierre.
Il arrivait à
la tête de l'Église en des temps difficiles. C'était le moment
du Gnosticisme dont le siège était à Rome, avec ses chefs,
Valentin et Marcion. Cette hérésie avait été apportée dans la
ville par une femme nommée Marcelline, qui fut cause de la perte
d'un grand nombre d'âmes. Outre les pernicieuses doctrines
qu'ils enseignaient, en se donnant pour chrétiens, ils rendirent
la religion odieuse par leur vie désordonnée et leurs actions
infâmes. Saint Anicet s'opposa aux progrès de l'hérésie de toute
la force de son autorité et de sa doctrine et Dieu, en même
temps, le consolait par l'arrivée de plusieurs saints
personnages.
C'est sous
son pontificat que saint Justin vint passer quelque temps à Rome
et y composa cette seconde apologie de la religion chrétienne
qui lui valut le martyre. La cinquième année du règne de
Marc-Aurèle, Anicet reçut la visite de saint Polycarpe, évêque
de Smyrne, en Asie, et ancien disciple de saint Jean
l'Évangéliste, qui venait le consulter sur la question de la
célébration de la fête de Pâques, question qui ne fut décidée
que sous le pape Victor. Saint Anicet et saint Polycarpe ne
purent s'entendre, mais cela ne troubla en rien leur bonne
harmonie, et ils se séparèrent après s'être donné le baiser de
paix; ils ne devaient plus se revoir qu'au ciel où le martyre
les conduisit tous deux. Avant le départ de saint Polycarpe,
Anicet lui ayant fait célébrer les saints Mystères, il avait
parlé au peuple assemblé: sa parole avait converti grand nombre
d'hérétiques, et l'insolence de Marcion avait été confondue par
cette parole si connue du Saint : «Je te connais pour le fils
aîné de Satan.»
C'est aussi
vers l'an 157 qu'Hégésippe, juif converti, vint à Rome, et sur
les ordres d'Anicet, composa une histoire de l'Église, dont il
ne reste aujourd'hui que des fragments conservés dans Eusèbe.
Cette histoire avait pour titre: Commentaire sur les Actes des
Apôtres, et s'étendait depuis la Passion jusqu'au pontificat
d'Anicet.
On attribue à
ce pape un décret adressé aux évêques de France qui défendait
aux clercs de porter les cheveux longs. Il ordonna aussi qu'un
prêtre ne pourrait être sacré évêque que par trois autres
prélats, comme le Concile de Nicée l'a aussi défini plus tard,
et que pour le Métropolitain, tous les évêques de sa province
assisteraient au sacre. Saint Anicet fit cinq fois les ordres au
mois de décembre, et ordonna dix-sept prêtres, quatre diacres et
neuf évêques pour divers lieux. Il vécut dans le pontificat huit
ans, huit mois et vingt-quatre jours. Il reçut la couronne du
martyre pour la foi du Christ, et fut enseveli sur la voie
Appienne, dans le cimetière qui fut depuis appelé de Calliste.
Comme on le
voit, on sait peu de chose des actions de saint Anicet. Nous
vénérons en lui, aujourd'hui, une des glorieuses assises de la
maison de Dieu. Il a gouverné l'Église de Jésus-Christ au milieu
des tempêtes : nous devons le prier pour qu'il demande à Dieu de
Se lever et de commander à l'orage qui gronde toujours.
Père Giry,
Vie des Saints, Paris, Victor Palmé, 1875. |