S. Apollinaire
était fils de S. Isique, qui de sénateur de Vienne en devint
évêque. Il eut pour mère la
bienheureuse Audence. Outre S. Avit son
frère aîné, il comptait encore dans sa famille plusieurs évêques qui
s'étaient rendus recommandables par leurs vertus. Le sentiment de
ceux qui prétendent qu'il fut élevé dans le monastère de Lérins
n'est point appuyé sur des preuves solides. S. Mamert, évêque de
Vienne, sous la conduite duquel il avait été formé aux sciences et à
la vertu, l'admit dans son clergé et lui donna les ordres sacrés.
L'église de
Valence en Dauphiné se trouvant sans pasteur par la condamnation de
Maxime, coupable de plusieurs crimes, on en confia le gouvernement à
S. Apollinaire, qui fut sacré vers l'an 480. Il s'appliqua d'abord à
réformer les abus que la vie déréglée de son prédécesseur avait
introduits. Ses travaux apostoliques furent interrompus par diverses
maladies. Celle qu'il eut à Lyon vers l'an 5io fut longue et
dangereuse. Son zèle lui attira des ennemis et le fit exiler. Voici
quelle fut la cause de cette disgrâce qui ne servit qu'à sa
sanctification.
Etienne,
trésorier des finances de Gondebaud et de Sigismond, rois de
Bourgogne, avait contracté un mariage incestueux avec la sœur de sa
femme qui était morte. Les évêques des provinces e Lyon et de Vienne
s'assemblèrent dans la seconde de ces villes, pour faire cesser le
scandale. Le coupable fut excommunié et condamné à la pénitence
prescrite par les canons en pareil cas : mais il refusa de se
soumettre au jugement du concile. La Cour étant toute arienne, le
trésorier des finances y trouva des protecteurs puissants ; on
s'éleva contre le concile ; et les évêques qui l'avaient
composé furent exiles. Tous souffrirent cette peine avec une grande
constance et rien ne fut capable de les ébranler. On fit d'inutiles
efforts pour gagner Apollinaire, qui était un des principaux d'entre
eux : il déclara ouvertement qu'il ne recevrait Etienne à la
communion que quand il aurait expié son crime par la pénitence. Sa
vertu l'ayant fait triompher de ses ennemis, il revint dans son
diocèse. On assure que Dieu le favorisa du don des miracles, et que
ses prières rendirent la santé à Sigismond attaqué d'une maladie
dangereuse.
Ce prince, qui
avait abjuré l'arianisme, assembla un concile auquel furent invités
les évêques de toutes les provinces de son royaume. L'ouverture s'en
fit à Epaone, le 15 septembre 517. On s'y occupa surtout de
la discipline, et on y publia des règlements fort utiles.
S. Apollinaire
était lié d'amitié avec plusieurs illustres évêques des Gaules, et
notamment avec S. Césaire d'Arles, où il fit un voyage en allant à
Marseille. On pense communément qu'il mourut vers l'an 525. On
l'enterra dans l'église de Saint-Pierre et de Saint-Paul, située
dans les faubourgs de Valence. Son corps, qui avait été transporté
dans l'église de son nom, fut brûlé par les Huguenots dans le
seizième siècle.
On l'honore à
Valence sous le nom de S. Aiplomay.
On lit son nom
dans les Martyrologes d'Adon et d'Usuard et dans le Romain.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |