Aubert d’Avranches
Evêque, Saint
† 725

Saint Aubert naquit d'une famille considérable, probablement dans l'Avranchis, soit à Genêts, soit, plutôt, à Huisnes alors appelée Itius.

Après avoir distribué son patrimoine aux pauvres et aux établissements religieux, il reçut les ordres sacrés et fut bientôt élu douzième évêque d'Avranches connu après la mort de Ragentrammus (770)[1].

Dès la fin de l'époque préhistorique, ce qui deviendra Avranches était habité par des populations groupées que remplaça le peuple gaulois des Ambibares, signalé par César et que Pline l'Ancien nomme les Abricantes.

Ville gallo-romaine détruite par les invasions barbares, on ne peut dire assurément quelque chose d'Avranches pendant le haut Moyen-Age, encore qu'une charte de Dagobert fonde l'église Saint-Gervais (637). On suppose que le christianisme avait pénétré l'Avranchin vers la fin du IV° siècle où saint Léonce semble être le premier évêque et l'organisateur de l'Église d'Avranches, petit diocèse qui s'étendait sur l'Avranchin et le Mortanais.

Prélat pieux et ami de la solitude, Aubert avait coutume de se retirer sur le Mont-Tombe, depuis devenu le Mont-Saint-Michel, alors entouré par la forêt de Scissy, où, comme l'on sait, lui apparut l'Archange. Saint Aubert mourut en 725 et comme il avait demandé que son corps fut enseveli au Mont-Saint-Michel, il fut inhumé dans l'église et y resta jusqu'à ce que les révolutionnaires le dispersassent ; seule reste la tête qui est gardée dans l'église Saint-Gervais d'Avranches. Eginhard[2] attribua la fondation du château d'Avranches à Charlemagne dont Le roman en vers de la conquête de la Bretagne dit qu'il visita la ville.  Détruite par les Normands et reconstruite, la ville, aux confins de la Normandie et de la Bretagne, est mêlée aux luttes nombreuses et confuses qui opposent les deux pays.

L'école épiscopale d'Avranches eut une très grande réputation dans le seconde moitié du XI° siècle où enseignait le futur archevêque de Cantorbéry, Lanfranc[3], et étudiaient Jean de Bayeux[4], saint Anselme [5] et Robert de Tombelaine[6]. Henri II Plantagenet séjourna souvent à Avranches et c'est devant le portail de la cathédrale qu'il fit amende honorable pour le meurtre de saint Thomas Becket (1172). Saint Louis ayant acheté la vicomté d'Avranches y refit les fortifications de la ville et du château.

La guerre de Cent ans fut terrible à Avranches dont l'évêque, Jean de Saint-Avit (1391 + 1442), nommé juge de Jeanne d'Arc à Rouen, fut accusé de trahison pour avoir pris sa défense et mourut après dix ans de captivité dans un cachot.

Restant résolument catholique sous l'influence de l'évêque, Robert Cénalis (1532 + 1560)[7], avec Pontorson, Granville, Cherbourg et le Mont-Saint-Michel, alors que toute la Normandie était aux mains du calviniste Montgommery,

Avranches fut prise par surprise et pillée (7 avril 1562) ; Montgommery ne put s'y maintenir longtemps et la ville devint, sous l'autorité de l'évêque, François de Péricard (1588 + 1639)[8], une place forte de la Ligue qui ne reconnut l'autorité d'Henri IV qu'après deux mois de siège d'artillerie mené par le duc de Montpensier.

Centre du soulèvement des nu-pieds contre le cardinal de Richelieu, Avranches fut terriblement châtiée par Gassion (1639).


[1] Les évêques d'Avranches connus furent, avant saint Aubert : saint Léonce (vers 400), Népus (vers 511), saint Perpétue (533-541), Gilles ou Egidius (549), saint Pair (552-565), saint Sénier (565-570), saint Sever (570), Léodowald (vers 578), Childoald (630), Fégasse (660) et Ragentrammus.
[2] Né de parents nobles de la région du Main, vers 770 ou 775, Eginhard fut élévé à l'école du monastère de Fulda puis fut admis à l'école du palais et devint un des plus beaux esprits de l'académie palatine. Homme de confiance et biographe de Charlemagne, il fut le secrétaire particulier de Louis le Pieux et le conseiller de Lothaire (817). Politique, théologien, hagiographe et artiste, Eginhard était un laïc qui fut marié à Imma dont la légende fit une fille de Charlemagne ; il fut successivement abbé laïc de Saint-Pierre au Mont-Blandin, de Saint-Bavon à Gand, de Saint-Cloud près de Paris, de Saint-Jean à Pavie, de Saint-Wandrille en Normandie, de Michelstadt et Mülheim sur le Main. Il fit transférer les reliques des saints Marcellin et Pierre dans son abbaye de Mulheim (qui s'appela plus tard Seligenstadt), s'y fit moine (830) et y mourut (840).
[3] Né à Pavie dans le premier quart du XI° siècle au sein d'une noble famille, Lanfranc fit d'abord des études de droit et exerça la profession d'avocat ; chassé de Pavie après une révolte durement réprimé par Conrad II, il se réfugie en France où il enseigne les lettres et la dialectique à Tours puis à Avranches. Il se fit ensuite moine au Bec (1045) où il devint prieur et écolâtre. Nommé archevêque de Cantorbéry, il fut sacré le 29 août 1070. Il mourut le 28 mai 1089.
[4] Apparenté aux ducs de Normandie, Jean naquit à Bayeux (première moitié du XI° siècle) et fit ses études à l’école épiscopale d’Avranches. Elu évêque d’Avranches (1060), il rédigea un traité de liturgie, le De officiis ecclesiasticis dont il fit hommage à l’archevêque de Rouen, Maurille auquel il succéda (1068). Métropolitain, il continua fermement d’établir la réforme grégorienne qu’il avait entreprise à Avranches, encore que son caractère abrupt compromit les résultats des conciles qu’il réunit en 1072 et en 1074. Des incidents tournant à l’émeute qui le desservirent auprès du duc de Normandie, et des ennuis de santé l’obligèrent à se démettre (1078). Il mourut le 9 septembre 1079.
[5] Voir au 21 avril.
[6] Né vers 1010, Robert fit ses vœux monastiques au Mont-Saint-Michel peu avant 1030. Après avoir été un des premiers et les plus brillants élèves de l’école d’Avranches, il professa au Mont-Saint-Michel agité par une rivalité entre les moines originaires du Bocage et ceux de Haute-Normandie. En 1057 lors de l’élection du nouvel abbé, Renouf, un « Bocain », accusé de simonie par ses adversaires, Robert qui lui était hostile, quitta le monastère avec quelques disciples pour s’installer sur le rocher de Tombelaine, un îlot situé non loin du Mont. Dix ans plus tard, l’évêque de Bayeux, Eudes de Contenville, lui offrit direction du monastère de Saint-Vigor qu’il entendait restaurer dans les faubourgs de Bayeux. Or comme l’évêque, entré en conflit avec son demi-frère, le duc-roi Guillaume, fut mis en prison (1082), Robert quitta précipitamment son monastère dont les moines se dispersèrent. Il se rendit en Italie et se mit au service de Grégoire VII et ne retourna sans soute pas au Mont-Saint-Michel.  Il mourut vers 1090. On a de lui un commentaire du deuxième livre du Cantique des cantiques.
[7] Robert Cénalis, né à Paris en 1483, docteur de la Sorbonne en 1513, chanoine de Soissons, trésorier de la Sainte-Chapelle de Paris et confesseur de François I°, fut successivement évêque de Vence (1522-1530), de Riez (1530-1532) et d'Avranches (1532-1560). Il lutta avec succès contre la peste qui ravageait l'Avranchin (1532-1533), réorganisa avec sagesse son diocèse (statuts de 1533 et de 1550) et fut un apologiste savant et talentueux contre les calvinistes. Il mourut à Paris le 27 avril 1560. On lui doit une Histoire de France, une Histoire sainte et une Hiérarchie de Normandie.
[8] Après les désordres de la Ligue où il anima la résistance au pouvoir d'Henri IV, François de Péricard, la paix revenue, s'occupa avec diligence de la vie religieuse de son diocèse : il établit à Avranches les Capucins et les Bénédictines, réforma les bréviaires, missels et rituels diocésains à quoi, en 1635, il substitua le missel et le bréviaire romains.

 

 

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