Benoît XVI a répondu aux questions de cinq prêtres représentant
les continents, au cours de la veillée de prière célébrée Place
St. Pierre, jeudi soir dernier. Voici une large synthèse de ses
réponses :
Un prêtre brésilien
a demandé comment faire face aux difficultés que rencontrent les
curés dans leur
paroisse.
Le Pape a reconnu qu'aujourd'hui “il est très difficile
d'être curé surtout dans les pays d'ancienne chrétienté. Les
paroisses sont de plus en plus étendues. Il est donc impossible
de connaître tout le monde, d'accomplir tous les devoirs que
l'on attend d'un curé”. Puis il a souligné l'importance
“pour les fidèles de voir un prêtre qui ne fait pas seulement un
métier, des heures de travail puis de liberté et qui vit
seulement pour lui-même, mais surtout un homme passionné du
Christ... La première condition est d'être remplis de la joie de
l'Évangile de tout notre être”. A cela s'ajoutent “trois
priorités fondamentales: l'Eucharistie et les sacrements...
l'annonce de la Parole, ...la charité, l'amour du Christ... La
prière n'est pas, non plus, marginale. Prier est le propre du
prêtre, de même que celui de représenter les gens qui ne savent
pas prier ou ne prennent pas le temps de prier. La prière
personnelle, surtout la Liturgie des heures, est une nourriture
fondamentale pour notre âme, pour toute notre action”.
Un prêtre ivoirien
a demandé comment éviter la fracture entre théologie et doctrine
et faire en sorte que “les études ne soient pas seulement
académiques mais qu'elles alimentent la spiritualité”.
Benoît XVI a reconnu l'existence d'un “abus de la théologie
comme arrogance de la raison et qui n'alimente pas la foi, mais
qui occulte la présence de Dieu dans le monde. Il existe aussi
une théologie qui veut connaître plus par amour de l'aimé...
C'est elle, la vraie théologie qui vient de l'amour de Dieu et
du Christ, et qui veut entrer plus profondément en communion
avec le Christ”. Il a encouragé les théologiens à être
“courageux... et à ne pas craindre le fantasme de la science...,
à ne pas céder aux hypothèses éphémères, mais à penser vraiment
à partir de la grande foi de l'Église qui est présente à toutes
les époques et qui nous ouvre l'accès à la vérité”. Benoît
XVI a ajouté que “la formation est très importante mais nous
devons aussi être critiques: le critère de la foi est le critère
avec lequel vous verrez aussi les théologiens et les
théologies... Le Catéchisme de l'Église catholique est la
synthèse de notre foi et le vrai critère permettant de
déterminer si une théologie est acceptable ou non”.
Un autre prêtre a
demandé au Pape de parler de “la profondeur et du sens
authentique du célibat ecclésiastique, face aux critiques
actuelles par rapport à ce don”. Le Saint-Père a dit qu'“un
des grands problèmes du christianisme aujourd'hui est de ne plus
penser à l'avenir de Dieu. Dans notre monde, le présent semble
suffire. Nous fermons ainsi les portes à la vraie grandeur de
notre existence. Le sens du célibat comme anticipation de
l'avenir est justement d'ouvrir ces portes... de montrer la
réalité de l'avenir que nous devons déjà vivre comme présent, de
donner ainsi notre témoignage de la foi: nous croyons réellement
que Dieu existe, que Dieu fait partie de notre vie, que nous
pouvons fonder notre vie dans le Christ, dans la vie à venir”.
Concernant les critiques du monde, le Pape a dit que “pour le
monde agnostique,...le célibat est un grand scandale car il
montre précisément que Dieu est considéré et vécu comme une
réalité... Le célibat est un oui définitif qui nous permet de
nous laisser prendre en main par Dieu, de se remettre dans les
mains du Seigneur, dans son moi. C'est donc un acte de fidélité
et de confiance, un acte qui suppose aussi la fidélité du
mariage... qui est la forme biblique, la forme naturelle d'être
homme et femme, fondement de la grande culture chrétienne, des
grandes cultures de ce monde. Et si cela disparaît, c'est la
racine de notre culture qui sera détruite. Le célibat confirme
donc le oui du mariage par son oui à l'avenir, et nous voulons
continuer ainsi et faire connaître ce grand scandale d'une foi
qui met toute son existence en Dieu... Demandons au Seigneur
qu'il nous aide à nous libérer de ces scandales secondaires,
pour mieux rendre présent le grand scandale de notre foi: la
confiance, la force de notre vie qui se fonde en Dieu et en
Jésus-Christ”.
La quatrième
question a porté sur la façon de vivre la centralité de
l'Eucharistie et le culte avec dignité, sans tomber dans le
cléricalisme et s'éloigner de la réalité. Évoquant saint
Augustin, Benoît XVI a souligné que “le sacrifice des
chrétiens est d'être unis par l'amour du Christ dans l'unité de
l'unique corps du Christ. Le sacrifice consiste donc à sortir de
nous-mêmes, à nous laisser attirer dans la communion du pain
unique, du corps unique, et d'entrer ainsi dans la grande
aventure de l'amour de Dieu. Ainsi, nous devons toujours
célébrer, vivre et méditer l'Eucharistie à cette école de la
libération de mon moi... L'Eucharistie est le contraire du
cléricalisme, de la fermeture sur soi-même... Vivre
l'Eucharistie, dans son sens originel, dans sa vraie profondeur,
est une école de vie et la protection la plus sûre contre toute
tentation de cléricalisme”.
Enfin, un autre
prêtre a demandé au Pape ce qu'il fallait faire pour
contrecarrer la crise des vocations. “Grande est la tentation – a
dit Benoît XVI – de transformer le prêtre, le sacrement du
Christ, en une profession comme une autre avec des horaires,
comme n'importe quelle autre vocation, en la rendant accessible
et facile. Mais cette tentation ne résout pas le problème...
Comme le Seigneur nous l'enseigne, nous devons prier Dieu,
frapper à sa porte, au cœur de Dieu pour qu'il nous donne des
vocations. Nous devons prier avec une grande insistance, une
grande détermination, une grande conviction, car Dieu n'est pas
hermétique à la prière insistante, permanente, confiante, même
s'il laisse faire et attendre... au-delà des temps que nous
avons prévu. Chacun de nous devrait faire son possible pour
vivre le sacerdoce de manière convaincante... Nous devons
inviter à la prière, à avoir cette humilité, cette confiance de
parler à Dieu avec force et décision... et avoir le courage de
demander aux jeunes s'ils pensent que Dieu les appelle... et,
surtout, les aider à trouver un environnement vital dans lequel
ils puissent vivre leur vocation”.
CITE DU VATICAN,
12 juin 2010 (VIS). |