

SAINTE
Bernadette
Soubirous
voyante de Lourdes, religieuse
(1844-1879)
Sainte
Bernadette Soubirous
Décret de
la S. Congrégation des Rites
sur l'héroïcité de ses vertus
Le 18 novembre 1923 eut lieu dans la salle ducale au
Palais
du Vatican la cérémonie de lecture solennelle du Décret sur l'héroïcité des
vertus de la Vénérable Bernadette Soubirous. Cette Cause « intéresse
l'univers catholique tout entier » à cause des rapports qui la rattachent au
grand fait de Lourdes, et dans une lettre à ses diocésains Mgr. Chatelus, évêque
de Nevers, déclare qu'elle est « particulièrement chère au Pape [ancien
pèlerin de Lourdes], qui en possède tous les détails et en désire le succès ».
Sur cette question : « Est-il bien établi, dans le cas et
pour l'effet dont il s'agit, que les vertus théologales de Foi, d'Espérance et
de Charité envers Dieu et le prochain, ainsi que les vertus cardinales de
Prudence, de Justice, de Force et de Tempérance et leurs annexes, ont été
pratiquées à un degré héroïque ? »
Quand on parcourt la vie de la Vénérable Servante de Dieu
Sœur Marie-Bernard Soubirous – vie qui s'acheva dans le court espace de
trente-cinq ans, – il est impossible, si on examine avec soin et jusque dans le
détail la manière de vivre et d'agir de la Vénérable, de n'y pas rencontrer
quelques imperfections ou défauts, mêlés aux actes des vertus chrétiennes. C'est
pourquoi, afin d'être à même de porter sur la question posée un jugement exact,
deux points, semble-t-il, sont à élucider et à résoudre. Premièrement : La
preuve de l'héroïcité des vertus pratiquées par Soeur Marie-Bernard ressort-elle
suffisamment et légitimement des faits ? Deuxièmement : Cette preuve ne
souffre-t-elle aucun préjudice de la présence desdites imperfections ?
Enfance de Bernadette
Pour reprendre les choses d'un peu plus haut dans l'histoire
de notre Vénérable, nous la voyons d'abord naître dans un humble village de
montagne, de parents pieux, et de modeste condition, bientôt contraints de subir
tous les inconvénients de la pauvreté. L'enfant n'en fut naturellement pas
exempte : de là cette santé débile dont elle eut à souffrir dès ses premières
années. Néanmoins, à peine son âge le lui permet-elle, qu'elle n'hésite pas à
entrer en service et à garder les troupeaux pour subvenir selon son pouvoir aux
besoins de sa famille et venir en aide à ses parents.
On comprend qu'au milieu des occupations de la vie des champs
la jeune fille n'eut guère le moyen de corriger ce que pouvait avoir d'un peu
rude sa nature d'enfant de la montagne. Cependant, sans avoir reçu aucune
éducation humaine, elle faisait de surprenants progrès dans la pratique de
toutes les vertus domestiques et surpassait les jeunes filles de son âge et de
sa condition par son ardeur pour la piété et son zèle à apprendre la doctrine
chrétienne, l'Oraison dominicale, la Salutation angélique, le Symbole et les
autres prières. C'était un bonheur et un charme de la voir et de lui parler ;
son visage, sa conversation, toute sa démarche respiraient cette candeur d'âme
naïve, fruit de la simplicité et de l'innocence, et toute entière fondée sur
l'humilité. C'est pourquoi Dieu, « qui choisit ce qui est faible en ce monde
pour confondre ce qui est fort » (I Cor, I 27), a élu cette jeune enfant
pauvre, cachée et inconnue du monde, pour être l'instrument de sa
toute-puissance dans l'incomparable prodige qui s'accomplit à Lourdes, près la
grotte de Massabielle, et jeta un si vif éclat sur le milieu du XIXe
siècle.
La
Voyante de Massabielle
Cette jeune enfant, dont il a été question jusqu'ici, et dont
nous venons d'esquisser le portrait physique et moral, se reconnaît aisément, et
le nom si populaire de Bernadette se présente de lui-même à l'esprit. C'est
Bernadette, en effet, qui, par un privilège de la divine bonté, fut favorisée,
en l'an 1858, des apparitions réitérées de la Bienheureuse Vierge Marie :
apparitions par lesquelles fut confirmé le dogme catholique de l'Immaculée-Conception
de cette même Bienheureuse Vierge, défini et promulgué, quatre ans auparavant,
par le pape Pie IX, de sainte mémoire
.
Du 11 février 1858, en effet, jusqu'au 16 juillet de cette même année, plusieurs
apparitions eurent lieu, durant lesquelles la Bienheureuse Vierge Marie se
montra à Bernadette, l'entretint souvent et, avec la plus grande bienveillance,
l'exhorta à prier pour les pécheurs, à baiser la terre, à faire pénitence, et
lui ordonna de faire savoir aux prêtres qu'elle voulait qu'on lui élevât en cet
endroit un sanctuaire, où l'on viendrait lui adresser des supplications
solennelles. Elle lui enjoignit en outre de boire de l'eau d'une fontaine encore
cachée sous terre, mais prête à jaillir, et de s'y laver. Il y eut d'autres
faits, que nous omettons. Celui-ci toutefois ne saurait être passé sous
silence : comme Bernadette insistait pour savoir le nom de celle qu'elle avait
été jugée digne de contempler si souvent, la Bienheureuse Vierge Marie, joignant
les mains à la hauteur de la poitrine, et élevant les yeux au ciel, répondit :
« Je suis l'Immaculée Conception. » Or, ceci se passait le 25 mars, jour
de la fête de l'Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, dans lequel l'Eglise
honore également le mystère de l'Incarnation. Cette coïncidence souligne ainsi
avec autant d'opportunité que d'éloquence le lien étroit qui existe entre la
Maternité divine et l'Immaculée Conception.
L'épreuve
Il serait trop long de rapporter ici tout ce que Bernadette
eut à souffrir pour défendre la réalité de ces apparitions surnaturelles. Cette
réalité fut reconnue d'abord par l'évêque de Tarbes
,
après une enquête juridique, puis confirmée d'une manière éclatante par les
célèbres miracles qui suivirent bientôt. Il arriva ce qu'on pouvait prévoir ; le
nom et l'histoire du sanctuaire de Lourdes devinrent irrévocablement associés au
nom et au souvenir de Bernadette. On comprend aisément que la voyante allait se
trouver alors exposée à une forte tentation, et ses vertus subir une redoutable
épreuve, surtout son esprit de pauvreté et son humilité. Mais rassurons-nous.
Admirons plutôt ce souci constant qu'elle a de se dérober à la curiosité des
pèlerins, qui rivalisaient d'adresse pour la voir, la visiter, la combler de
cadeaux, et de fuir les louanges et les applaudissements des hommes.
La
Soeur Marie-Bernard
C'est encore dans cette louable intention que Bernadette se
retira dans l'hospice que les si dévouées Sœurs de la Charité et de
l'Instruction chrétienne de Nevers
dirigeaient à Lourdes, et que, après quelques années passées dans cet
établissement, instruite et formée par les Sœurs, elle sollicita et obtint
d'être admise dans leur Congrégation. Elle se rendit donc à la maison-mère de la
Congrégation, à Nevers, et, après son temps de probation, y prononça ses voeux ;
son nom de Bernadette fut changé en celui de Sœur Marie-Bernard. C'est en
s'acquittant avec une sainte ardeur de toutes les charges et obligations propres
à son nouvel état que Sœur Marie-Bernard devint le modèle des soeurs de Nevers,
ses compagnes, dans l'intimité desquelles elle passa les treize dernières années
de sa vie.
Conclusion :
l'héroïcité des vertus de Bernadette.
Nous avons là, comme en un germe fécond, tous les éléments
d'une réponse motivée à la double question posée. Le zèle ardent et inlassable,
en effet, avec lequel Sœur Marie-Bernard n'a cessé de tendre à la perfection
dans tous ses actes ; la victoire éclatante qu'avec le secours de la grâce
divine elle a remportée sur elle-même, tant par le soin vigilant qu'elle mit à
se préserver de la vaine gloire, à laquelle l'exposait la grande notoriété de
son nom, que par le courage joyeux et ardent avec lequel elle s'efforça de
réprimer et d'adoucir sa rudesse native ; son entrée dans l'état religieux, où
elle progressa chaque jour en perfection : tout cela nous fournit manifestement
la démonstration nécessaire et désirée de l'héroïcité des vertus de Sœur
Marie-Bernard.
Les légères imperfections
ne nuisent pas à cette héroïcité.
Et la valeur de cette démonstration n'est en aucune façon
infirmée par ce fait qu'elle n'est pas parvenue à ce résultat du premier coup,
que dans le chemin de la perfection, où elle s'était résolument engagée, elle a
pu laisser parfois paraître quelques imperfections ou défauts ; car, selon la
sentence bien connue de saint Grégoire le Grand, et qui trouve ici son
application, « lorsque nous nous détournons de l'amour de cette vie
corruptible, c'est “comme pas à pas” que notre coeur s'achemine vers les
réalités invisibles. Partis des régions inférieures, nous n'atteignons jamais le
sommet “du premier coup” ; car, dans sa poursuite de la perfection, notre âme,
en perpétuelle ascension, ne parvient au but que lentement et “par degrés” ».
La
Cause de Bernadette
intéresse tout l'univers catholique.
Aussi le jugement de cette Cause de choix fut-il des plus
faciles à porter, même en appliquant les règles les plus rigoureuses. Son
heureuse issue réjouira à juste titre à la fois le diocèse de Nevers, qui vit
les dernières années de Sœur Marie-Bernard et garde ses restes sacrés, et le
diocèse de Tarbes et Lourdes, qui la vit naître, et où elle passa son enfance et
sa jeunesse, jusqu'à l'âge de vingt-deux ans. Mais cette Cause ne saurait rester
renfermée dans ces étroites limites. Elle intéresse l'univers catholique tout
entier. Partout où règne et fleurit le culte de la Vierge Immaculée de Lourdes,
les fidèles accueilleront avec la plus grande joie la nouvelle de la
promulgation du présent Décret apostolique, qui termine l'enquête commencée il y
a deux ans sur l'héroïcité des vertus de Sœur Marie-Bernard.
Ses étapes.
Les deux Congrégations ante-préparatoire et préparatoire,
furent en effet suivies de la Congrégation générale, qui se réunit le 7 août
dernier, en présence de Notre Très Saint Père le Pape Pie XI. Dans cette
Congrégation, S. Em. le cardinal Antoine Vico, préfet de la Sacrée Congrégation
des Rites, en lieu et place du Révérendissime rapporteur
le cardinal Nicolas Marini, d'illustre mémoire, décédé quelques jours
auparavant, soumit à la discussion le Doute suivant : « Est-il bien établi,
dans le cas et pour l'effet dont il s'agit, que la Vénérable Servante de Dieu
Soeur Marie-Bernard a pratiqué à un degré héroïque les vertus théologales de
Foi, d'Espérance et de Charité envers Dieu et le prochain, ainsi que les vertus
cardinales de Prudence, de Justice, de Force et de Tempérance, et leurs annexes ? »
Leurs Éminences les Cardinaux et les pères consulteurs donnèrent chacun à leur
tour leur avis.
Notre Très Saint Père le Pape, après avoir entendu avec joie
et pesé avec attention ces avis, se réserva le soin de prononcer lui-même le
jugement suprême. Puis il exhorta tous les assistants à implorer, en attendant,
avec lui, la lumière divine par de ferventes prières. Lorsqu'il eut décidé de
manifester son intention, il désigna ce jour du XXVIe dimache après
la Pentecôte. C'est pourquoi, après avoir célébré avec une grande dévotion les
Saints Mystères, il manda au Vatican S. Éminence le cardinal Vico, évêque de
Porto et de Sainte-Rufine, préfet de la Sacrée Congrégation des Rites et
rapporteur de la Cause, le R. P. Ange Mariani, promoteur général de la Foi, et
moi-même, secrétaire soussigné ; puis en leur présence il fit solennellement
cette déclaration : « Il est bien établi, dans le cas et pour l'effet dont il
s'agit, que la Vénérable Servante de Dieu Sœur Marie-Bernard a pratiqué, à un
degré héroïque, les vertus théologales de Foi, d'Espérance et de Charité envers
Dieu et le prochain, ainsi que les vertus cardinales de Prudence, de Justice, de
Force et de Tempérance, et leurs annexes ».
Il ordonna en conséquence que ce Décret fût proclamé et
enregistré dans les Actes de la Sacrée Congrégation des Rites, le quatorzième
jour des Calendes de décembre de l'année MDCCCCXXIII
+ A. card. VICO, évêque de Porto et Sainte-Rufine,
préfet de la S. C. des Rites.
ALEXANDRE VERDRE, Secrétaire.
O Jésus et Marie, faites que toute ma consolation en ce monde
soit de vous aimer et de souffrir pour les pécheurs.
Divine Mère, offrez-moi à Jésus. Prenez mon cœur et
enfoncez-le dans le cœur de Jésus.
O Marie, ma tendre Mère, voici votre enfant qui n'en peut
plus ; faites qu'à votre exemple je sois généreuse dans tous les sacrifices que
Notre Seigneur pourra me demander dans le cours de ma vie. Ma Mère, venez à mon
aide. Accordez-moi la grâce de mourir à moi-même pour ne plus vivre que de mon
doux Jésus et pour mon Jésus. Union, union intime avec lui, comme saint Jean,
dans la pureté et dans l'amour. Ainsi toute à Jésus, qu'il me sera doux de
mourir avec Jésus.
Mon âme, réjouissez-vous d'avoir un trait de ressemblance
avec Jésus : rester cachée dans l'impuissance.
Porter la Croix cachée dans mon cœur à l'exemple de Marie ;
oui, j'irai au parloir avec joie quoique mon âme soit dans la tristesse. Je
dirai : mon Dieu, j'y vais, mais à condition qu'une âme sortira du purgatoire ou
que vous convertirez un pécheur.
Ô Sainte Bernadette, qui simple et pure enfant, avez dix-huit
fois, à Lourdes, contemplé la beauté et reçu les confidences de l'Immaculée et
qui avez voulu ensuite vous cacher dans le Cloître de Nevers et vous y consumer
en hostie pour les pécheurs, obtenez-nous cet esprit de pureté, de simplicité et
de mortification qui nous conduira nous aussi à la vision de Dieu et de Marie au
Ciel. Ainsi soit-il.
Le 18 février
Bernadette tend plume et papier à la dame en lui disant :
Voudriez-vous avoir la bonté de mettre votre nom par écrit ? Elle répond : Ce
n'est pas nécessaire. Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant quinze
jours ? Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans
l'autre.
Le 21 février
Vous prierez Dieu pour les pécheurs.
Le 23 ou 24 février
Pénitence, pénitence, pénitence.
Le 25 février
Allez boire à la fontaine et vous y laver. Allez manger de
cette herbe qui est là. Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs.
Le 2 mars
Allez dire aux prêtres de faire bâtir ici une chapelle. Qu'on
y vienne en procession. Durant la quinzaine, la Vierge apprit une prière à
Bernadette, et lui dit trois choses qui ne concernaient qu'elle, puis elle
ajouta d'un ton sévère : Je vous défends de dire cela à personne.
Le 25 mars
Je suis l'Immaculée Conception.
SOURCE :
http://missel.free.fr/Sanctoral/02/18.php



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