5-Émerveillement – Louanges
(suite)

5-7-La Miséricorde de Dieu

        5-7-1-Le mystère de Satan

Nous contemplons Jésus pour essayer de connaître sa Miséricorde, et voici que nous  pensons à Adam et à Ève; aussitôt, et inévitablement, nous évoquons Satan... Il n’est pourtant pas très intéressant celui-là, et sa présence chez les hommes nous surprend toujours. En effet, imaginons Dieu qui, admirant son ami Job, s’adresse au Satan et, curieusement, lui parle comme d’égal à égal: “As-tu vu mon serviteur Job?”

C’est fou! Comment le Père, toute bonté, toute pureté, tout Amour, peut-Il parler au Satan et le laisser tenter Job, comme Il le laissera plus tard aussi tenter son Fils?...

Comment un être tout de lumière et d’intelligence, connaissant Dieu et capable de saisir la Création d’un seul regard, a-t-il pu refuser l’Amour, en toute connaissance de cause? Et comment Dieu peut-Il encore le supporter, et le laisser vivre, et le laisser tenter et détruire tant d’hommes, ses créatures privilégiées?  Les mystères de Dieu sont beaucoup trop grands pour nous. Nous sommes infiniment dépassés, et pourtant c’est alors qu’il nous semble voir apparaître comme un rayon de la Miséricorde divine.

        5-7-2-Dieu Créateur et Miséricorde

Quand Dieu pense, Il crée. Dieu ne peut pas détruire ce qu’Il crée car cela équivaudrait à détruire sa pensée. Et la mémoire de Dieu, élément de sa pensée ne peut rien effacer de ce qui est créé, car elle se détruirait aussi. Pourtant quand Dieu nous pardonne nos péchés, c’est comme si ces derniers n’avaient jamais existé... Inouï, mais cela c’est la Miséricorde de Dieu. Donc Satan restera jusqu’à la fin des temps... Mais pourquoi son péché? Pourquoi Dieu le laisse-t-Il nous nuire? Quel mystère que le mal, le refus de Satan, son refus de l’Amour, son désir de détruire! L’homme ne peut pas comprendre...

Pénétrons plus avant dans la Miséricorde de Dieu, la Miséricorde de Jésus. Homme parmi les hommes, Jésus a connu l’être abject, et Il savait qu’il était totalement coupable, totalement refus de la lumière et de l’Amour. Jésus savait qu’il était totalement coupable car son intelligence somptueuse savait mais refusait, se croyant l’égale de Dieu. Mais Adam, mais Ève, mais les hommes? Eux, ils ne connaissent pas, eux ils n’ont pas toute la lumière. De plus, même si Adam et Ève n’étaient pas encore affaiblis par le péché, ils n’avaient qu’une intelligence finie, et aucune expérience, donc une naïveté profonde qu’ils n’avaient pas encore pu faire évoluer.

        5-7-3-Pauvre petite Ève

Contemplons la Miséricorde divine qui regarde Ève, qui s’apitoie sur Adam. Dieu sait qu’ils ne savent pas et qu’ils ne veulent pas le mal que d’ailleurs ils ne connaissent pas. Et Dieu se dit que si l’Ennemi ne s’était pas permis d’entrer là où il n’avait rien à faire, jamais Ève n’aurait cueilli le fruit. D’ailleurs, elle avait bien d’autres soucis: le jardin était si beau, Adam était tellement gentil! Et Dieu comblait son cœur.

Ce matin là, Éve, le cœur plein d’amour et d’allégresse, préparait un chant d’amour pour Adam. Et pleine d’allégresse et de l’Amour divin, elle composait des louanges qu’elle réciterait ce soir, au Père, en compagnie d’Adam. Oui, Ève avait bien d’autres choses à faire que de s’occuper du fruit qui était très loin de ses préoccupations. Si le serpent n’était pas intervenu, rien ne se serait passé.

Le Cœur de Dieu, plein d’une miséricorde infinie contemple sa pauvre petite Ève. Il soupire aussi en constatant les dégâts causés par la faute du maudit. Pourtant le Seigneur sait que l’homme ne peut vraiment aimer que s’il est libre, qu’il ne peut choisir Dieu que librement, sinon, ce ne serait pas de l’amour. Alors, du Cœur de Jésus part un rayon de sa Miséricorde.

        5-7-4-Le Rayon de l’Amour-Miséricorde

Le Rayon de la Miséricorde se fond dans le Rayon d’Amour. Maintenant c’est un Rayon de Feu qui embrase la terre...

Merveille! Pour pénétrer jusqu’au plus intime des cœurs humains, le Rayon de l’Amour-Miséricorde semble pétiller comme un Brasier ardent. Des millions d’étincelles de l’Amour-Miséricorde jaillissent du Cœur de ce Brasier incandescent, le Cœur de Jésus, son Cœur Eucharistique. Elles pénètrent dans les cœurs et reposent dans des milliers de tabernacles, pour atteindre et attendre ceux qui n’ont pas encore vu le Rayon de l’Amour-Miséricorde. Car l’Amour est revenu chez nous; l’Amour de Dieu et sa Miséricorde nous attendent. Merveille des merveilles!

Jésus Verbe de Dieu est venu sur la terre, non en prince, non en maître mais en serviteur. Il est venu servir, nous servir, nous ses créatures, dans l’humilité,  pour réparer les dégâts commis par celui qui n’aime pas. “Il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir.” Il est venu nous montrer que le service est une libération. Lui, Jésus, Lui qui est le Chemin, la Vérité, la Vie, est venu nous sauver de la mort en triomphant, par sa mort, de la mort éternelle que Satan nous avait apportée.

Jésus ne nous propose pas les plaisirs fallacieux qui nous rendent esclaves, non Il nous propose la Croix car c’est elle qui sauve: “Celui qui veut venir après Moi, qu’il prenne sa Croix, et qu’il Me suive.”

Jésus est venu nous rendre le bonheur en Dieu, tout simplement, sans éclat, sans clinquant, sans bruit. Pour nous apprendre l’obéissance, Il s’est fait obéissant, jusqu’à la mort. Pour nous montrer la grandeur de l’humilité, Il s’est fait humble, Il s’est fait serviteur. Mais pour nous apprendre l’humilité, quand nous avons enfin compris sa valeur, sachant qu’avec nos seules forces nous n’y arriverons jamais, Jésus nous place brutalement devant notre faiblesse et devant nos péchés. Notre confusion est grande, mais elle nous révèle l’immensité des merveilles de la Miséricorde née de l’Amour de Dieu!     

L’Amour-Miséricorde se fit l’Homme Jésus, Fils de l’Homme que les hommes crucifièrent; mais, avant d’être crucifié, Jésus nous laissa son Eucharistie.

Merveilleuse Eucharistie

Merveilleuse Eucharistie qui nous rend présent Jésus. Merveilleuse Eucharistie, qui jaillit de son Cœur, de son Cœur Sacré. Merveilleuse Eucharistie, Amour Eucharistique du Cœur du Verbe de Dieu, Amour Eucharistique de la Trinité qui partage son Amour. Merveilleuse Eucharistie de l’Amour qui se donne à ses créatures pour les vivifier, les combler de l’Amour. Merveilleuse Eucharistie, étincelles d’Amour, étincelles de l’Amour!

Quand nous rencontrons Jésus dans son Eucharistie, dans sa Miséricorde, nous ressentons un immense bonheur. Quel bonheur, en effet, un cœur à cœur avec Jésus sans cesse renouvelé, sans cesse nouveau... Bonheur de la présence de Jésus, bonheur de partager son intimité, bonheur de rester près de Lui, de vivre avec Lui, bonheur de L’aimer, bonheur d’accueillir son Amour! Bonheur extraordinaire de l’union de l’Amour qui se donne et de l’amour qui reçoit, bonheur de la créature qui contemple Dieu-Amour, Dieu-Miséricorde!

        5-7-5-L’Amour veut faire connaître sa Miséricorde

Prière

Seigneur, nous Vous aimons. Nous Vous aimons parce que Vous nous aimez d’un Amour qui nous crée. Si Vous ne nous aimiez pas, nous n’existerions pas. C’est pour cela que nous craignons parfois de Vous perdre. Nous savons bien, comme l’a appris peu à peu l’épouse du Cantique des cantiques, que l’Époux a ses occupations, qu’il a sa liberté, et que l’épouse n’a pas à le retenir pour elle seule. Oui, nous savons... Mais, quand Vous êtes absent, comme l’épouse du Cantique, nous sommes bien malheureux, et nous Vous cherchons fébrilement. Nous Vous cherchons chez vos amis, nous Vous cherchons dans la ville, nous Vous cherchons dans le monde, nous Vous cherchons partout. Et nous implorons les gardes: “Avez-vous vu Celui que mon cœur aime?”

Mais les gardes n’ont jamais vu Celui que mon cœur aime... Les gardes ne savent pas que Celui que mon cœur aime n’est jamais loin de moi, mais qu’Il est caché tout au fond de mon cœur. Et qu’Il m’attend! Mais moi je ne sais pas toujours le trouver, et je m’agite au dehors, alors qu’Il est dedans.

Car aimer c’est aussi, c’est surtout, garder tout au fond de son cœur l’Amour qui nous aime. Aimer c’est conserver sans cesse tout au fond de son cœur l’Amour qui s’y cache pour mieux nous faire comprendre que Lui aussi nous attend. Il veut que nous Le cherchions pour connaître l’émerveillement et la joie immense des retrouvailles, Il veut que nous Le cherchions pour mieux nous découvrir sa tendresse et sa sollicitude. Il veut que nous Le cherchions pour nous faire faire l’expérience de sa Miséricorde. Et de l’amour sans faille, de l’amour partagé naît la confiance, la confiance qui est aussi amour, car c’est l’Amour qui se fie à l’amour, et l’amour qui dit oui à l’Amour: réciprocité étonnante de l’amour!...

5-8-L’Espérance

        5-8-1-Curieuse Trinité

Jésus! Quel Amour que le vôtre! Vous Vous cachez parfois pour bien nous faire comprendre qu’aimer c’est aussi espérer. Car l’espérance, la petite fille Espérance comme l’appelait Péguy, naît de la confiance, donc l’espérance naît de l’amour. L’Espérance est fille de l’Amour, de l’Amour qui nous attend... Curieuse Trinité: la foi, l’espérance et la Charité. De la foi jaillit l’amour. De la foi unie à la charité naît l’espérance...

        5-8-2-Le regard de Dieu

Dieu regarde toute sa Création, cette Œuvre merveilleuse née de sa Parole, jaillie de son Verbe. Dieu regarde les mondes merveilleux qu’Il a créés et confiés à ses anges. Dieu regarde tous les êtres vivants doués de sensibilité pour être la joie des hommes.

Dieu regarde enfin les hommes, les pauvres hommes que nous sommes, ces hommes qui sont siens et qu’Il aime tant. Ces hommes à qui Il a donné la terre pour la peupler et la faire fructifier. Et elle est si belle cette terre que parfois nous, pauvres humains, nous avons la tentation de nous y arrêter, de la saisir, de la prendre et de l’utiliser, de nous en faire un dieu...

Alors le regard de Dieu se détourne un peu des créatures et nous invite à le suivre. Le regard de Dieu s’éloigne des choses matérielles, magnifiques, certes, mais qui peuvent devenir pièges pour nous, si nous n’y prenons garde, si nous oublions que ce n’est pas pour la création que nous avons été façonnés à l’image de Dieu, mais pour Lui, et Lui seul.

        5-8-3-Présence de Dieu

Espérance, vertu si mal connue, vertu si cachée, si fugitive. Vertu si incomprise aussi. Et pourtant, vertu qui fait vivre! Car il en faut de l’espérance pour continuer à vivre dans ce monde de haine en croyant à l’amour! Et pour trouver Dieu dans le monde qui a chassé Dieu... Espérance, est-ce toi qui accompagnes la foi sans jamais te montrer? Espérance, est-ce toi qui nous fait croire à la vie dans un monde de mort? Est-ce toi qui nous faire croire à la paix quand le monde est en guerre. Espérance?...

Espérance, est-ce toi qui nous faire croire au Ciel lorsque l’on vit l’enfer? Est-ce toi qui nous faire croire au bonheur quand le désespoir tue? Est-ce toi qui es là, toujours présente quoique cachée, toi qui nous dis de croire quand le Seigneur se cache, toi qui nous dis que le bien est présent et vainqueur quand le mal semble triompher? Espérance! Es-tu l’Amour de Dieu qui demeure avec nous quand Il ne peut plus se révéler, quand les hommes Le chassent. Es-tu Dieu-Présent quand Dieu paraît absent parce que nous n’en voulons pas? Es-tu la puissance de Dieu qui ne veut pas nous écraser?

Espérance... Es-tu cette force invisible qui nous guide vers Dieu quand nous n’en pouvons plus? Es-tu présence du Seigneur dans ce monde d’où l’on a chassé Dieu? Es-tu l’âme de notre âme qui nous dit: “Aie confiance!” quand nous ne savons plus qui croire, quand nous ne savons plus avoir confiance, quand nous n’avons plus d’espoir?...

Espérance, es-tu le bras secret de la foi, le bras qui nous soutient, et le bras qui nous porte? Le bras qui écarte les écueils quand ceux-ci sont trop nombreux? Es-tu l’instrument de la vie que Dieu a mis en nous pour nous aider à vivre quand la vie est trop lourde. Quand la vie nous épuise, quand nous n’espérons plus la vie. Es-tu l’arme de l’Amour quand nous ne savons plus aimer? Es-tu la force de la foi quand nous ne croyons plus, quand nous ne voulons plus, quand nous désespérons?

5-9-Contempler la vie

        5-9-1-Notre vie si fragile

Prenons, un jour, le temps de contempler des fleurs: elles vivent... Et ces fleurs nous font penser à tous les animaux, même aux plus petits ou les plus éphémères: ils vivent... Pensons aussi aux hommes, ces êtres merveilleux, extraordinaires, qui vivent, eux aussi. Très vite nous prenons conscience que chacune de ces vies est limitée. Elle ne dure que l’espace d’un instant, l’instant que le Seigneur, lui donne à vivre.

Chaque vie, chaque merveille de vie, chaque perfection de vie a, sur la terre, un temps limité de vie, un temps prévu par Dieu, pour remplir une fonction bien particulière. Chaque vie est une merveille de complexité et d’équilibre, une merveille de beauté et d’utilité. Chaque vie est un souffle de Dieu.

Mais chaque vie, aussi belle soit-elle, aussi utile soit-elle, aussi vitale soit-elle, est destinée à disparaître, à mourir; une autre vie viendra qui prendra sa place, une autre vie tout aussi belle, tout aussi utile, tout aussi indispensable dans la création. Et tout aussi fugitive...

Chaque vie vient du Seigneur notre Dieu. Chaque vie est dans la pensée de Dieu et dans son cœur. Mais chaque vie, un jour, doit partir, doit finir.

Chaque vie doit partir, doit quitter la terre. Chaque vie doit mourir quand sa tâche est remplie. Mais chaque vie demeure dans la pensée et dans le cœur de Dieu.

Chaque vie humaine, chef-d’oeuvre de la Création, doit un jour quitter la terre et son milieu nourricier. Chaque vie humaine doit mourir sur la terre mais pour revivre en Dieu, toujours dans sa pensée créatrice, toujours dans son Amour.

        5-9-2-Contempler la vie

Contemplons la vie que Dieu créa, la vie qu’Il nous donna un jour, la vie que nous aimons tant car elle est son Amour...

Prière

Seigneur Jésus, je contemple la vie, la vie que Tu créas, la vie que Tu aimas lorsque Tu vins chez nous... Jésus! mon cœur est dans le tien pour admirer la vie, la vie que Tu créas, la vie que Tu aimas. J’aime la vie, Jésus, ta vie, car elle est ton Amour, et ton Amour est éternel. Mon âme est en admiration devant la vie, la vie des corps, la vie des cœurs, la vie des âmes. Je regarde la vie, et si mon âme chante, mon corps se tait car il est dépassé: dépassé par la vie, ta vie, Seigneur, dépassé par l’Amour, ton Amour.

Jésus-Verbe de Dieu, je contemple la vie, la vie que Tu nous donnas un jour... la vie que nous aimons tant, car elle est ton Amour. C’est la vie de la terre, mais c’est ta réussite. Quand Tu créas le monde, Tu le trouvas parfait et Tu l’aimas. Quand Tu créas la vie, Tu la trouvas bonne et belle. Et quand Tu créas l’Homme, Tu le trouvas très bon! Dès l’origine Tu le voulus immortel car en lui Tu trouvais tes délices...

Mais il y eut la faute, et la mort est venue, mais la mort sur la terre, sur la terre seulement, car Tu ne peux détruire ce que Tu trouves bon, et même très bon. Et moi, je suis un homme, (ou une femme, mais quand Tu créas l’Homme, homme et femme Tu le fis), donc, moi qui suis un homme et qui devrai mourir, je contemple la vie, ta vie, la vie que j’aime tant...

J’aime la vie, Seigneur, car elle est ton Amour, et l’Amour ne peut mourir. Alors je cherche la vie dans l’Amour immortel, et mon cœur est ravi, car la vie éternelle en Toi, Seigneur, la vie au Ciel avec Toi, dans ton Amour, quelle joie ce doit être quand on aime déjà tellement la vie sur terre, la mortelle, mais la vie qui vient de Toi.

Je cherche la vie dans l’Amour éternel, car je suis dans la Vie, la Vie éternelle de Dieu. Je cherche la Vie et l’Amour dans l’Amour éternel qu’est Dieu. Si je chante la Vie, c’est l’Amour que je chante. Quand je chante l’Amour, c’est Dieu que je bénis, c’est Vous, Dieu, que je loue et que je glorifie. Car Vous êtes Amour, Dieu-Amour. Et notre vie avec Vous, ô Jésus, c’est une vie d’amour, car notre vie est amour avec Vous et en Vous. L’amour qui est en chacun de nous, c’est Vous qui l’avez mis. L’amour qui est en moi, étincelle de l’Amour, c’est encore Vous, Jésus.

Sur la terre je vis pour Vous, Seigneur, j’aime pour Vous, et en aimant c’est Vous que j’aime, car Vous êtes Amour et tout amour vient de Vous. L’Amour que Vous êtes, Seigneur, m’a donné la vie. En me donnant l’amour, Vous me donnez la vie, une vie immortelle car l’Amour ne peut mourir. L’amour est dans la pensée de Dieu qui est Amour. Jésus, ces choses sont trop grandes pour nous, pauvres tout petits hommes. Ô Seigneur, je me perds dans la vie qui est mienne sur terre, dans la vie qui sera mienne plus tard, quand Vous aurez jugé que mon temps est fini et que je dois partir. Que je dois quitter cette terre pour Vous trouver au Ciel.

Ô Jésus! Quel Amour est le vôtre! J’ose à peine imaginer notre rencontre. J’ose à peine imaginer ce jour béni où Vous m’appellerez en me disant: “Tu viens!...” Et je Vous répondrai: “Oh! oui, Jésus, je viens, oh! oui Seigneur, je T’aime, Tu le sais... il y a si longtemps que je T’attends.”

Oh! Jésus, quel miracle! Nous devions chanter l’Amour, et nous avons chanté la vie. Est-ce Toi, Seigneur, qui as  écrit pour nous ces mots d’amour, ces mots de vie, ta Vie, la vie que Tu nous donnes, la vie que nous aimons car elle est Toi, la vie que Tu nous donnes.

Remarque:

Il est une grâce que peu d’hommes pensent à demander, c’est de mourir vivants, bien vivants et conscients, en disant au Seigneur: “Je T’aime!” Car c’est alors que nos chants d’Amour prendront tout leur sens; éternels ils chanteront éternellement les louanges de Dieu, la Partition de l’Amour.

Contemplation

Que votre Amour est grand, Dieu puissant! Que votre amour est grand Seigneur, et tellement merveilleux! Quel don extraordinaire que l’Amour véritable, l’Amour dont Vous nous aimez, l’Amour que Vous nous partagez, l’Amour qui est Vous, Seigneur. L’Amour qui fait que l’on devient un peu Vous quand on Vous aime vraiment.

Seigneur, Vous êtes tellement bon, tellement attentionné! Vous prévoyez au jour le jour tout ce dont nous aurons besoin un jour. Vous prévoyez, Vous préparez. Et Vous nous préparez. Ô Seigneur quelle joie! Quel bonheur extraordinaire que de Vous connaître, de Vous aimer!

Quel merveilleux bonheur de savoir que Vous aimez individuellement chacun d’entre nous, nous qui ne sommes rien, rien que des petites fourmis, mais des petites fourmis que Vous avez créées avec tant d’amour, à qui Vous avez confié des missions bien personnelles. Vous nous avez façonnés pour que nous Vous aimions, pour que nous Vous contemplions, pour que nous nous émerveillions de vos splendeurs, de vos attentions, de vos perfections. Vous nous avez faits avec une étincelle de votre merveilleux Amour, pour que nos vies ne soient qu’amour. Pour que nos vies soient bonheur et joie avec Vous.

Ô oui, Seigneur, nous nous émerveillons de vos merveilles. Nous nous émerveillons de votre Amour. Nous nous émerveillons de Vous. Vous êtes toujours si nouveau, si renouvelé, si neuf. Nous découvrons sans cesse de nouvelles facettes de votre Amour, de votre cœur. Et même vos agonies, Jésus, vos agonies si douloureuses deviennent de nouvelles sources de joie, de nouvelles fontaines de bonheur. Vos agonies, Jésus, sont comme un jaillissement infini et éternel d’Amour, de lumière, de splendeur. 

Jésus! Merveilleux Amour! Jésus qui êtes-Vous pour que même le gouffre de vos douleurs, l’abîme de votre Passion, puissent se transformer en une mer d’Amour, un océan de bonheur, un ciel de joie sans limite? Jésus! Qui êtes-Vous donc?

Jésus! L’humanité, c’est votre Corps mystique. Avec Vous, l’humanité qui Vous aime est crucifiée. Chacun des membres de votre Corps mystique, -votre Église- qui accepte vos agonies et votre Croix, et vos souffrances et votre mort, chacun des membres de l’Église souffre avec Vous une parcelle de votre Passion. Mais c’est Vous Jésus qui êtes crucifié, c’est votre Corps qui souffre, c’est votre cœur qui pleure et qui agonise. Votre Chemin de Croix, Jésus, c’est le nôtre. Chacun de vos membres n’en parcourt qu’un petit chemin, mais votre Chemin de Croix, Jésus, c’est le nôtre. C’est pour cela que Vous avez pu dire que Vous aviez pris sur Vous toutes nos souffrances. Car sur la Croix, c’est aussi votre Corps mystique qui souffre...

Jésus, doux Jésus! Notre Seigneur et notre Dieu! Jésus, notre Amour et notre joie. Votre Amour emplit nos cœurs. Notre vie c’est la vôtre. Nos peines ce sont les vôtres... et notre joie aussi, la joie d’être sauvés, la joie dans votre Amour.

Joie et agonie! Merveille insensée et inexprimable des secrets de Dieu! Merveille de l’Amour de Dieu! Merveille des splendeurs du Cœur de Dieu, du Cœur de l’Amour!

5-10-Le mystère de l’Amour de Dieu

“Qui peut se rassasier de contempler la gloire de Dieu?” (Ben Sirac  le Sage 42, 25) Qui peut se rassasier de contempler la Gloire de Dieu, de vivre de son amour, dans son amour? Qui peut se rassasier de s’étonner des merveilles de Dieu, de son Être qui est Amour? Qui peut se rassasier d’aimer l’Amour et d’aimer ceux que l’Amour aime? Merveille des merveilles! Plus nous aimons Dieu, plus nous aimons nos frères... et plus nous avons mal aussi dans notre âme et dans notre cœur, car l’amour est toujours douleur... Mystère de l’Amour de Dieu qui aime, qui nous aime, qui veut que nous L’aimions, Lui d’abord, car Lui seul EST, Lui seul est vraiment QUELQU’UN, QUELQU’UN qui est Amour.

L’amour est toujours douleur quand il n’est pas aimé. Cela signifie aussi que l’amour n’est plus douleur quand il est vraiment aimé. Alors, pourquoi n’aimons-nous pas davantage? Pourquoi n’aimons-nous pas Jésus comme Il désire que nous l’aimions?

Dieu voit notre misère. Quand nous nous étonnons de ses merveilles, quand nous contemplons sa grandeur, quand nous nous réfugions dans son Amour, nous devrions crier de bonheur, chanter notre joie, trouver les paroles de l’adoration amoureuse... Hélas! trop souvent nous ne trouvons que la douleur, que la souffrance infinie de l’Amour qui n’est pas aimé.

Stupéfaction!

Le Seigneur voulait que les hommes L’aiment; donc il fallait qu’ils soient libres. Libres et momentanément indépendants de Dieu. Il fallait que, l’espace d’un “moment”, -quel moment?- il fallait que les hommes soient “détachés” de Dieu, il fallait que les hommes soient un peu en dehors de Lui. Ainsi Dieu pourrait leur dire: “Je T’aime; en retour, aime-Moi!” C’est alors, à cet instant étonnant de son éternité, que Dieu a créé les temps, puis le temps solaire et terrestre de la terre qu’Il façonnait exprès pour nous...

Stupeur! Nous ne savons pas comment exprimer notre surprise. Nous sommes muets de stupéfaction. Nous voudrions crier: “Dieu, mon Dieu, Dieu-Amour, je Vous aime!” Nous voudrions crier, mais nous sommes sans voix. Comment dire l’indicible? Comment exprimer l’inexprimable? Comment chanter quand on est sans parole?

Soudain nous avons comme l’impression d’avoir compris quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre. Nous appartenons, avec le Père et le Fils, à la Trinité Sainte, éternelle, Immaculée, Amour. Seigneur, nous avons souvent péché; si souvent nous sommes passés à côté de l’Amour. Si souvent nous nous sommes attardés auprès des créatures, négligeant Celui que nous devions aimer plus que tout, Celui qui est notre vie... Nous ne sommes rien, et pourtant nous sommes, et nous sommes pécheurs! Nous sommes néant puisque nous ne sommes que parce que Dieu nous veut. Et pourtant nous sommes parce que Dieu veut que nous L’aimions... Toutes ces choses sont trop grandes pour nous. Alors, il ne nous reste plus qu’à dire le mot que Dieu attend: “Je T’aime!”

Prière

Oui, nous T’aimons, Seigneur, malgré nos fautes et nos insuffisances, malgré nos péchés et toutes nos négligences. Oui, nous T’aimons, Seigneur. Mais, par pitié, viens au secours de notre misère, de notre petitesse, de notre pauvre amour balbutiant... Aie pitié, Seigneur, de tes pauvres enfants de la terre, ils sont si faibles et si petits...

Annexe

Un bonheur douloureux

Dieu voit-il chaque homme individuellement?

Pour comprendre les “choses” de Dieu, on est parfois obligé de prendre des  images. Ainsi, pour expliquer comment Dieu peut “toucher” la terre, et surtout atteindre personnellement le cœur de chaque homme, une image très particulière peut être utilisée, celle d’un cône. Imaginons un cône très long et très mince comme un rayon de lumière. Sa base est en Dieu, baignée dans l’Amour, car, en fait, le rayon lumineux est un rayon, un cône d’amour. La pointe effilée de ce cône touche la terre qui est entièrement prise dans la pointe de ce cône: c’est dire combien la terre est minuscule par rapport au Cœur de Dieu où se trouve la base du cône.

Sur la terre minuscule vivent des milliards d’atomes vivants, les hommes que Dieu aime puisqu’Il les baigne dans son Amour. Mais les pauvres petits atomes sont trop occupés pour Le voir. Ils se démènent, s’agitent, s’organisent dans leur minuscule univers, se croyant quelque chose, s’estimant puissants -alors qu’ils ne sont rien et que leur agitation n’est qu’un inutile mouvement brownien- ne voyant même pas la pointe de l’Amour qui les enveloppe. Ils ne voient pas l’Amour que d’ailleurs ils dédaignent... Curieusement, en effet, la plupart des hommes quittent la pointe extrême du cône de lumière et s’en vont voir ailleurs, là où pourtant il fait sombre, là où, à mesure qu’on s’éloigne de la pointe du cône les ténèbres s’épaississent...

Perdus dans ce stérile mouvement brownien, quelques petits atomes ont pourtant compris à quel point ils n’étaient rien, et, pris d’une étrange angoisse métaphysique, ils découvrent Dieu et crient vers Lui. Ils crient de toutes leurs forces pour que Dieu, leur Créateur qui vient les visiter par son cône d’amour leur apprenne l’amour, leur seule raison de vivre. Oui, mais, Dieu les entendra-t-Il? Il est si grand, si puissant, si immense... et eux, ils sont si petits, si minuscules, si impuissants, tellement rien! Et la lumière éclatante de la pointe du cône près de laquelle ils se trouvent encore les éblouit, les aveugle  complètement. Comment Dieu pourrait-Il les voir, les entendre et s’intéresser à eux, à leur détresse, à leur désespoir? Ils sont si petits, si insignifiants! C’est alors que la géométrie peut venir à notre aide.

Lorsqu’un ingénieur conçoit des machines et dessine les pièces mécaniques qui les constitueront, ne pouvant pas les représenter dans leur réalité à trois dimensions, il est toujours obligé d’en faire des coupes qu’il projette sur un papier. Avec ces plans, ces coupes, ces projections, le technicien pourra ensuite fabriquer la pièce imaginée par son concepteur. C’est tout simple! Eh! bien, les relations entre Dieu et les hommes, c’est un peu ça.

Dieu est à la base géométrique du cône; l’homme est sur la terre elle-même située à son extrême pointe. D’où il est, l’homme ne peut voir Dieu et il peut même se demander comment Dieu peut le voir, comment Dieu peut même le distinguer individuellement et ne pas le confondre avec ses voisins tout aussi petits que lui. Mais Dieu met en place des coupes dans le cône de son Amour, et ces coupes sont comme des verres grossissants. A mesure que les coupes se rapprochent de la base du cône elles sont de plus en plus grosses, de plus en plus visibles: même les détails les plus insignifiants apparaissent dans leur réalité. Les petits atomes que sont les hommes se retrouvent soudain sur les coupes immensément grossies du cône-Amour de Dieu. Ils sont ainsi de plus en plus proches de Dieu et, grâce au cône, ils se voient en Dieu, et peuvent dire, sans crainte de se tromper: “Dieu me voit, Dieu m’entend, Dieu m’aime.”

Sur une coupe du cône d’amour immensément grossie, chacun de nous peut se  dire: “Dieu me voit, Dieu m’aime. Je ne peux pas voir Dieu car je suis en Lui, dans son Amour, mais son Amour dans lequel je baigne, je le sens, je le respire, j’en vis. Je suis toujours sur la terre perdu dans l’univers, mais je sais que Dieu peut me voir. Par l’intermédiaire des projections faites sur les coupes du cône de l’Amour, je me rapproche de plus en plus du Cœur de Dieu. Je peux crier, je peux Le prier, maintenant, je sais que Dieu m’entend. Je peux m’agiter vers Lui, je peux me tendre vers Lui, je sais qu’Il me verra.”

Avec le cône de l’Amour, tant de choses peuvent s’éclairer dans nos esprits: nous  sommes toujours aussi petits, aussi contingents, mais de l’abîme infini qui nous sépare de Dieu, le vertige peut nous quitter. Parti du Cœur infini de Dieu, du Cœur du Sacré-Cœur, Dieu-Fils Rédempteur, le rayon-cône de son Amour nous enveloppe tout entiers. Et nous sommes tellement heureux.

Oui, Seigneur, nous sommes heureux, infiniment heureux, et pourtant une intense douleur subsiste dans notre cœur à cause de tous vos enfants qui, aujourd’hui, ne peuvent pas recevoir votre Amour parce qu’on le leur cache...

Dieu le Tout Puissant, le Tout-Autre, Dieu qui connaît à la fois l’infiniment grand et l’infiniment petit, Dieu créateur de tout, Dieu n’a pas besoin des coupes faites dans le cône pour voir tous ses enfants, ses tout petits enfants. Par contre, les hommes en ont besoin pour se rapprocher  de Dieu.

Dieu voit tous les hommes, individuellement. Il voit aussi tous ceux qui préfèrent l’ombre à sa divine lumière. Il voit aussi ceux qui essaient, difficilement, et comme en tâtonnant, de mieux connaître cette étrange lumière qui émane de la pointe d’un cône effilé comme une aiguille. Ils comprennent que c’est l’Amour qui les visite et ils voudraient bien L’aimer aussi, mais ils ne savent pas comment faire, car leur cœur est trop aveugle, trop petit, trop pécheur aussi. Ils essaient bien de se grandir, de s’étirer le plus possible, mais sans résultat. Alors, Dieu a pitié et vient à leur secours. Il invente les coupes dans le cône de son Amour. Alors, les petits, les pauvres de cœur, ceux qui voudraient voir Dieu et répondre à son Amour, sont comme aspirés dans le cône. À mesure qu’ils montent dans le cône les coupes grandissent et les tout petits pauvres “voient” de mieux en mieux les trésors du Cœur de Dieu et de son Amour infini... Ils comprennent que, aspirés dans le cône d’Amour, ils sont comme devenus “victimes”, mais victimes de l’amour.

Quel mystère! Les tout petits hommes qui montent, aspirés dans le cône de l’Amour, sont les “victimes” de l’Amour. Et être victime de l’amour de Dieu, c’est avoir compris l’immensité, la vérité, la douceur de son amour, c’est avoir compris qu’Il nous a créés pour L’aimer, et L’aimer, c’est répondre à ses desseins, à ses désirs, à sa volonté d’amour, c’est être heureux. Être “victime” de l’Amour, de sa Miséricorde, c’est avoir compris que Dieu désire que nous vivions avec Lui et pour Lui. Être victime de l’Amour et de sa Miséricorde, c’est avoir compris le besoin que Dieu veut avoir de nous, c’est avoir accepté de L’aimer plus que tout et de partager sa vie qui n’est qu’amour.

Être victime de l’amour de Dieu, c’est déjà être dans le Ciel, mais le Ciel sur la terre, c’est vivre avec Jésus, c’est partager ses joies et ses épreuves, c’est vivre son Chemin de Croix qui fut son Chemin de vie, qui est donc notre Chemin puisque Jésus est le Chemin qui mène au Père. Être victime de l’Amour, sur la terre, c’est marcher avec Jésus, c’est prier avec Lui, c’est écouter sa Parole et la mettre en pratique. Être victime de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu, c’est, avec Jésus, faire la volonté du Père, même quand la volonté du Père c’est le chemin de la Croix.

Dès lors on comprend mieux que le bonheur puisse être douloureux. Parfois, pour nous montrer son amour, Jésus nous place à Gethsémani et nous montre son Cœur. Parfois Jésus nous montre les causes de sa souffrance de Dieu, les causes de la douleur de l’Amour qui cherche l’amour des pauvres créatures qui ne peuvent vivre qu’en Dieu, car elles ne sont faites que pour cela: vivre de l’amour de Dieu.

Parfois, pour nous montrer son amour, Jésus nous place à Gethsémani pour Le contempler, pour contempler son Cœur, et pour nous montrer la foule de tous les hommes qu’Il a créés pour l’Amour et qui refusent l’Amour. Alors, nos cœurs se brisent avec le sien à cause de ces petits qui ne savent pas aimer parce qu’ils n’ont pas appris... Et avec le Cœur de Jésus nous avons mal, et pourtant, nous sommes heureux d’avoir été placés là, pour sa consolation.

Remarque sur les choix de Dieu

Il faut souvent se redire que Dieu ne nous choisit pas au milieu de tant d’autres, dans une masse informe. Dieu ne nous choisit pas, au hasard. Nous ne sommes pas choisis, nous sommes tous nés de l’Amour. En pensant à cela nous demeurons éblouis. L’Amour qu’est Dieu a pensé et créé chacun de nous, individuellement. Il a soigneusement préparé chaque être humain pour le placer là où Il l’avait prédestiné, pour le mettre à la place qui devait être la sienne dans le Corps mystique du Fils Unique, dans l’Église Éternelle. Et pour être éternellement heureux...

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