Née
à Faughart (près de Dundalk) ou Uinmeras (près de Kildare), Louth,
Irlande, vers 450 ; morte à Kildare, Irlande,
vers 525 ; fête de sa
translation le 10 juin.
Saint Brigitte était une “originale” ― et c'est ce que chacun de
nous est supposé être, une création originale de l'Imagination
Toute-Puissante. Malheureusement, la plupart d'entre-nous sont
captifs du désir de plaire aux autres, d'être acceptés. Nous nous
conformons à la norme, plutôt que de s'ouvrir à la puissance
créatrice de Dieu et de lui offrir le doux et unique parfum de nos
vies. Nous manquons la gloire d'offrir à Dieu le cadeau de qui nous
serions supposés devenir.
Ce
défaut manquait chez Brigitte. Elle a fait ce qu'il fallait faire.
Elle a accueilli chacun, s'efforçant de les aider à être
“originaux”, eux aussi. Elle était ainsi si généreuse qu'elle a
donné jusqu'à son manteau. Elle n'a jamais fuit loin du travail
difficile ou de la prière intense. Elle s'écartait des règles ― même
celles de l'Église ― si c'était nécessaire pour mettre en évidence
le meilleur chez autrui. Peut-être pour cette raison, cette sainte
qui n'a jamais quitté l'Irlande est vénérée dans le monde entier
comme prototype de toutes les moniales. Elle a franchit et comblé le
fossé entre les cultures Chrétiennes et païennes.
Brigitte voyait la beauté et la bonté de Dieu dans toute Sa
Création : les vaches lui faisaient aimer Dieu davantage. De même
les canards sauvages, qui arrivaient et se posaient sur ses épaules
et mains quand elle les appelait. Elle était appréciée, d'une grande
popularité parmi ses propres disciples et les villageois des
alentours ; et elle a eu une grande autorité, dirigeant un monastère
double, avec des moines et des moniales.
Sa
vertu principale était sa gentillesse, sa compassion, et sa nature
heureuse et dévouée qui a conquit l'affection de tous ceux qui l'ont
connue. Elle était une grande évangéliste, et donnait la main
joyeusement à tous les saints de l'époque qui répandaient
l'Évangile. Elle était si vénérée dans l'ensemble de l'Europe que
les chevaliers médiévaux, cherchant un modèle de perfection
féminine, avaient choisi Brigitte comme exemple.
Les
faits historiques sur la vie de Saint Brigitte sont peu nombreux
parce que les comptes-rendus à son sujet après sa mort ont commencé
à être écrits au 7ème siècle. Ils consistent principalement en des
miracles et des anecdotes, dont certaines sont profondément
enracinées dans le folklore païen irlandais. Néanmoins, ils nous
donnent une forte impression de son caractère. Elle est probablement
née au milieu du 5ème siècle en Irlande orientale. Certains
indiquent que ses parents étaient d'origine humble ; d'autres qu'ils
étaient Dubhthach, un chef de clan irlandais de Leinster, et Brocca,
une esclave de sa cour. Tous les récits rapportent qu'ils ont tous
les deux été baptisées par Saint Patrick. Certains indiquent que
Brigitte a été amie avec Patrick, bien qu'il soit peu sûr qu’elle ne
l’ait jamais rencontré. La belle Brigitte s'est consacrée très jeune
à Dieu. Elle a reçu le voile de moniale par Saint Macaille à Croghan
et consacrée comme Abbesse par l'évêque Saint Mel à Armagh.
Le Livre de Lismore
contient ce récit :
Brigitte et certaines vierges allèrent avec elle recevoir le voile
de l'évêque Mel à Telcha Mide. Il était heureux de les voir. Par
humilité, Brigitte resta en arrière afin d'être la dernière à
recevoir le voile. Une rose rouge tomba sur sa tête, du faîte du
toit de l'église. L'évêque Mel dit alors : “Avance-toi, O sainte
Brigitte, que je puisse orner ta tête du voile avant les autres
vierges”. Elle s'est alors avancée. Et par une grâce du
Saint-Esprit, c'est le rituel d'ordination épiscopale qui a été lu
sur elle !
Macaille dit que l'ordination épiscopale ne devrait pas être donnée
à une femme. L'évêque Mel répondit : “Je n'ai aucun pouvoir en la
matière. C'est Dieu qui a conféré cette dignité à Brigitte, au
devant de toute (autre) femme”.
C'est pourquoi depuis lors les hommes d'Irlande rendent les honneurs
épiscopaux au successeur de Brigitte.
Cette histoire tient très probablement au fait que le système
diocésain romain était inconnu en Irlande. Les monastères formaient
le centre de la vie chrétienne dans l'Église primitive d'Irlande.
Par conséquent, abbés et abbesses pouvaient avoir tenu certaines des
dignités et fonctions d'un évêque sur le Continent. L'évidence de
ceci peut être également constatée aux synodes et aux conciles,
comme celui de Whitby, qui a été convoqué par Saint Hilda. Des
femmes ont parfois dirigé un double monastère ; dirigeant donc des
hommes et des femmes. Brigitte, en tant que première parmi les
abbesses, pourrait avoir rempli quelques fonctions semi-épiscopales,
comme prêchant, recevoir les confessions (sans absolution), et
diriger les Chrétiens de la région.
Elle
a commencé sa vie consacrée comme anachorète, sa sainteté a attiré
beaucoup d'autres. Quand elle eut environ 18 ans, elle s'installa
avec 7 autres filles aux mêmes aspirations près de la colline de
Croghan, afin de se consacrer au service de Dieu. Aux environs de
468, elle a suivi Saint Mel à Meath.
Il y
a peu d'informations fiables sur le couvent qu'elle a fondé aux
alentours de 470 à Kildare (à l'origine Cill-Daire ou 'église du
chêne'), premier couvent d'Irlande, et sur la Règle qui y a été
suivie. C'est une des manières par lesquelles Brigitte a sanctifié
le païen avec le Chrétien : le chêne était sacré pour les druides,
et à l'intérieur du sanctuaire de l'église il y avait une flamme
perpétuelle, un autre symbole religieux des croyances des druides,
autant que des Chrétiens. Gerald du Pays de Galles (13e
siècle) a noté que le feu était perpétuellement maintenu par 20
religieuses de sa communauté. Ceci a continué jusqu'en 1220, où il a
été éteint. Gerald a noté que le feu était entouré par un cercle de
buissons, où il n'était permis à aucun homme d'entrer.
On
pense généralement que c'était un double monastère, logeant hommes
et femmes ― une pratique courante dans les terres celtiques qui a
été parfois emmenée par les Irlandais sur le Continent. Il est
possible qu'elle ait présidé aux 2 communautés. Elle a fondé des
écoles pour hommes et femmes. Une autre source indique qu'elle a
installé un évêque appelé Conlaeth, alors que le Vatican énumère
officiellement le siège épiscopal de Kildare comme datant de 519.
Cogitosus, un moine de Kildare du 8ième siècle, a retravaillé la vie
“métrique” de sainte Brigitte, et l'a mise en versets en bon latin.
Ce texte est connu comme “deuxième vie”, et est un excellent exemple
de l'érudition irlandaise du milieu du 8ième siècle. Ce qui est
peut-être le plus intéressant dans le travail de Cogitosus est sa
description de la cathédrale de Kildare à son époque :
“Solo spatioso et in altum minaci proceritate porruta ac decorata
pictis tabulis, tria intrinsecus habens oratoria ampla, et divisa
parietibus tabulatis”.
Le
jubé était constitué de panneaux en bois, largement décorés, et avec
des rideaux admirablement décorés.
La
célèbre tour ronde de Kildare date probablement du sixième siècle.
La
sixième vie de la sainte, imprimée par Colgan est attribuée à
Coelan, un moine Irlandais du 8ième siècle, et elle a une importance
particulière du fait qu'elle est préfacée par un avant-propos de la
plume de saint Donatus, lui aussi moine Irlandais, qui devint évêque
de Fiesole en 824. Saint Donatus se rapporte aux vies précédentes
écrites par les saints Ultan et Aileran.
Tout
enfant, Brigitte montrait déjà un amour particulier pour les
pauvres. Une fois sa maman l'envoya lui pour ramener du beurre,
l'enfant le distribua entièrement. Devenue adulte, sa générosité
était proverbiale : On a constaté que si elle donnait de l'eau à
boire à un étranger assoiffé, le liquide se transformait en lait ;
et un fût de bière envoyé à une communauté Chrétienne, s'avéra en
satisfaire 17 de plus.
Plusieurs des histoires la concernant ont trait à la multiplication
de la nourriture. Comme par exemple qu'elle changea son eau de bain
en bière pour étancher la soif d'un ecclésiastique arrivé à
l'improviste. Même ses vaches donnaient 3 fois du lait le même jour
pour en fournir pour quelques évêques visitants.
Brigitte voyait les besoins du corps et ceux de l'esprit comme
entrelacés. Dévouée à améliorer aussi bien la vie spirituelle que
matérielle de ceux autour d'elle, Brigitte fit de son monastère une
remarquable maison de formation, comprenant aussi une école d'art.
Les manuscrits enluminés qui en sortirent furent loués, en
particulier le Livre de Kildare, qui fut loué comme un des plus
beaux de tous les manuscrits enluminés Irlandais avant sa
disparition il y a 3 siècles.
Une
fois, elle s'endormit durant un sermon de saint Patrick, mais étant
de bonne humeur, il lui pardonna. Elle avait rêvé, et elle le lui
rapporta, de la terre labourée largement et au loin, et de semeurs
en blanc qui semaient la bonne semence. Puis arrivèrent d'autres,
habillés de noir, qui arrachèrent la bonne semence et semèrent de
l'ivraie à la place. Patrick lui dit que cela aurait lieu; des faux
enseignants viendraient en Irlande et déracineraient tout leur bon
travail. Cela attrista Brigitte, mais elle redoubla ses efforts,
enseignant au peuple à prier et à louer Dieu, et leur expliquant que
la lumière sur l'autel était le symbole de la lumière de l'Évangile
dans le cœur de l'Irlande, et ne devrait jamais s'éteindre.
On
appelle Brigitte la « Marie des Gaëls » à cause de son esprit de
charité, et les miracles qu'on lui attribue ont en général eu lieu
en réponse à un appel à sa piété ou son sens de la justice. Durant
un important Synode pour l'Église d'Irlande, un des saints pères,
l'évêque Ibor, annonça qu'il avait rêvé que la sainte Vierge Marie
apparaîtrait au milieu des Chrétiens assemblés. Quand Brigitte
arriva, le père cria, “Voilà la sainte vierge que j'ai vue dans mon
rêve”. D'où l'origine de son surnom. Ses prières et ses miracles
auraient eu une puissante influence sur la croissance de l'antique
Église d'Irlande, et son nom est bien-aimé en Irlande de nos jours
encore.
A sa
mort, à l'âge de 74 ans, sainte Brigitte fut assistée de saint
Ninnidh, qui fut par la suite connu sous le nom de “Ninnidh à la
Main Propre”, parce que par la suite il eut sa main droite enfermée
dans un gant de métal pour éviter que ne soit souillée celle par
laquelle il avait administré le viatique à la Patronne de l'Irlande.
Elle
fut enterrée à droite du maître-autel de la cathédrale de Kildare,
et une tombe fort coûteuse fut dressée au dessus d'elle. Dans les
années qui suivirent, son tombeau fut l'objet de la vénération des
pèlerins, en particulier le jour de sa fête, le 1er février, comme
le rapporta Cogitosus. Vers 878, à cause des invasions des
Scandinaves, les reliques de sainte Brigitte furent emportées vers
Downpatrick, où elles furent placées dans la tombe avec celles des
saints Patrick et Columba.
Une
tunique lui ayant appartenu, donnée par Gunhilda, sœur du roi Harold
2, se trouve à Saint-Donatien à Brugge (Bruges), Belgique. Une
relique de sa chausse, faite d'argent et de cuivre décorée de
bijoux, se trouve au Musée National à Dublin. En 1283, 3 chevaliers
prirent la tête de Brigitte pour partir en pèlerinage en Terre
Sainte. Ils moururent à Lumiar, près de Lisbonne, Portugal, où
l'église possède à présent une châsse spéciale avec sa tête dans une
chapelle dédiée.
Merci à Jean Michel
Dossogne pour le partage de ce texte
http://www.passioniste.org.pf/brigitedekildare.htm |