Camilla Varani, qui reçut plus
tard en religion le nom de Battisa, naquit princesse ; son père, César,
souverain de Camérino, fut généralissime des armées pontificales, sa mère Jean e
Malatesta était fille des
princes-souverains de Rimini. Dès l'enfance sa vie
offrit un singulier mélange de piété et de mondanité; elle priait, s'adonnait à
des pratiques pénible de pénitence. Mais en même temps, dit son biographe, dans
le jardin de son âme, l'ivraie germait à côté du bon grain, et les mauvaises
herbes menaçaient d'étouffer les fleurs. Au sortir de l'église elle s'occupait
de toilettes et d'amusement ; ses méditations sur la Passion du Sauveur étaient
suivies de lectures frivoles, d'amusement mondains. Mais Dieu voulait l'avoir
tout entière et l'instrument dont il se servit pour la retirer de la voie
dangereuse où elle s'était engagée, fut un enfant du Séraphin, le P. François
d'Urbino, prédicateur célèbre dans toute l'Italie. Un de ses sermons dessilla
les yeux de la jeune fille ; elle comprit qu'elle ne pouvait faire mentir la
parole du Christ, et qu'elle ne pouvait servir Dieu et le monde. Elle se mit
sous la direction du saint Religieux, qui l'avait devinée, et fit der rapides
progrès dans la vertu ; quelque temps après, agenouillée au pied s des autels,
elle consacrait à Dieu sa virginité. Toutefois, ce n'était pas encore là
l'holocauste que son Créateur demandait d'elle, et la grâce frappa si fort à son
cœur, qui essayait de repousser son inspiration, qu'elle fut obligée de céder.
Celui qui est la fleur des champs
et le lis des vallées lui apparut à plusieurs reprises et après l'avoir inondée
d'un déluge de grâces, lui laissa dans son âme, dit la Bienheureuse elle-même,
trois lis d'un parfum délicieux ; une haine du monde invincible, une humilité
sincère, et un ardent désir de souffrance, elle embrassa alors la Règle si
austères de saint Claire et ni les caresse, ni les menaces, ni les larmes, ni
les violences mêmes de ses parents, ne purent ébranler son énergique résolution,
le Jardinier céleste vint donc arracher du milieu du monde cette plante battue
par l'orage et qui avait sous le vent de la tribulation jeté de profondes
racines dans la vertu. Mais la jeune héroïne n'était pas au bout de ses
luttes;des scènes déchirantes pour le cœur d'une enfant, vinrent au monastère
comme au palais de son père, éprouvera sa constance de faire éclater sa
générosité ; elle fut invincible.
Le second acte de son existence
commence alors : la vie religieuse, elle se donne entière aux exercices de la
mortification, de la patience t de l'humilité et elle vit dans une union intime
avec les douleurs de l' Homme -Dieu. Puis les maladies les plus diverses
semblent se donner rendez-vous pour torturer son corps prenant que son âme est
soumis à de pénible épreuves ; les ténèbres s'épaississement auteur d'elle, de
violentes tentations l'assiègent et de longue sécheresse, qui lui font oublier
les délices passées, viennent resserrer son cœur, au point qu'on l'entendit
murmurer dans un des ses prières : “Voilà trois ans que j'erre dans les
ténèbres, mes forces s'épuisent et le courage va m'aban-donner, rappelez-moi ; à
vous ,ô mon Jésus, soutenez dans vos bras votre fille qui chancelle.” Elle
devait cependant rester encore de longues années sur la croix, ce ne fut qu'au
soir de sa vie que quelques rayons de l'aube éternelle vinrent tempérer ses
douloureuses ténèbres et que quelques gouttes de joie infinie tombèrent dans son
calice pour en adoucir l'amertume. Ce fut le 31 mai 1527 que son âme se
détachant de son corps prit son essor vers le royaume du paradis.
Tiré
des Fleurs Franciscaines Vol. 2 p. 85-89
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