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L'Église
nous invite tous à nous approcher du Sacrement de la
Réconciliation
Au peuple
d'Israël exilé à Babylone, qui gémit de son exil alors que
sans cesse on lui rappelle que Dieu avait délivré leurs
ancêtres de l'Égypte, le prophète Isaïe rappelle que, pour
eux aussi Dieu transformera le désert en pays fécond, que la
sécheresse laissera la place à des fleuves, que les pistes
sableuses se transformeront en vrais sentiers.
Dieu intervient
sur la route de chacun de nous, à tous moments. C'est nous
qui sommes trop souvent aveugles, ou sourds, ou indifférents
à la grâce divine.
Le psaume 125
rappelle en effet la joie du peuple, au retour de l'exil à
Babylone. Après les larmes, arrive la consolation ; après la
semence dans la peine, on récolte dans la joie.
Saint Paul, qui
se souvient toujours d'avoir persécuté l'Église naissante,
d'avoir livré des Chrétiens à la torture, d'avoir approuvé
la lapidation d'Etienne, ne désespère pourtant pas de la
grâce de Dieu : tout ce qui est passé n'est rien, si j'ai la
joie de la Résurrection dans le cœur.
Humblement,
Paul se reprend et complète sa pensée : il n'est pas
parfait, il n'en a pas fini de lutter ! Mais, sans regarder
en arrière inutilement, il court vers le But, vers la
Conversion, vers la Résurrection. Avec Paul, ne nous
arrêtons jamais sur la tristesse de nos péchés, regardons en
avant, vers la conversion.
Paul a la joie
d'être Autre !
Quelle
délicatesse, maintenant, dans l'attitude de Jésus en face de
cette malheureuse femme adultère ! Voici un cas magnifique
où le Maître nous enseigne ce que signifie pardonner, sans
écraser le pécheur sous le poids du péché, tout en restant
dans la Vérité.
Il est vrai que
cette femme était dans un grave péché ; oui, rappelons-le :
l'adultère, c'est-à-dire une liaison qui se fait malgré un
premier lien de mariage d'au moins un des deux partenaires,
est un péché très grave devant Dieu. C'est une trahison,
c'est un mensonge, devant Dieu, devant les hommes, devant le
ou la partenaire, devant soi-même. Le sixième commandement
de Dieu le condamne explicitement : Tu ne commettras pas
d'adultère.
Il est vrai
aussi que, dans l'ancienne Loi, Dieu voulait que ce peuple
d'Israël fût "parfait", qu'il fût aux yeux de tous les
peuples, "exemplaire", qu'on reconnût vraiment en lui le
peuple choisi. Il fallait "faire disparaître le mal du
milieu de (lui)" (Dt 19:19). C'est pourquoi le grave péché
de l'adultère - et quelques autres aussi d'ailleurs,
devaient être punis par une sanction radicale : la
lapidation.
Mais cette Loi
préparait à la Loi plus parfaite encore de Jésus-Christ :
punir le mal, oui, mais selon la Justice. A ceux qui sont là
pour accuser et punir, Jésus rappelle qu'ils sont eux aussi
des hommes, et qu'ils doivent d'abord s'accuser eux-mêmes
avant d'accuser dédaigneusement les autres.
Que celui qui
n'a point de péché, lui jette la première pierre !
Il y a eu des
interrogations et des explications diverses au sujet de
l'attitude de Jésus qui se baisse pour écrire dans le sable.
Une tradition constante et ancienne explique que, quand Il
se baisse la première fois, les Pharisiens croient qu'il
s'amuse comme les petits enfants, et fait semblant de ne pas
les entendre ; puis, après l'invitation de Jésus à jeter la
première pierre, ils se mettent à regarder plus précisément
ce qui est écrit par terre, et ils découvrent alors là tous
les péchés dont ils étaient eux-mêmes coupables, et surtout
les plus anciens. Qui alors se retirent sur la pointe des
pieds, tout gênés et honteux, et n'osant plus accuser cette
femme.
"Enlève d'abord
la poutre qui est dans ton œil, dit Jésus, et après tu
verras plus clair pour enlever la paille de l'œil de ton
frère (Mt 7:5).
On imagine ce
qui peut alors se passer dans le cœur de la pauvre adultère
: si ses accusateurs sont tous partis, elle échappera à leur
lapidation, mais Lui, Jésus, que va-t-Il lui faire ? La
voilà toute timide, toute tremblante devant l'Innocence.
Jésus ne la condamne pas ! Lui-même, qui a accepté d'avoir
dans sa lignée des "accidents", il ne condamne pas non plus
cette femme qui est devant lui.
Mais remarquez
bien ce que Jésus lui dit aussi : Ne pèche plus ! Jésus ne
se contente pas de renvoyer tranquillement chez elle cette
pécheresse ; il ne lui pardonne pas purement et simplement
son péché, comme si rien ne s'était passé. Jésus l'invite à
la conversion : Ne pèche plus ! Encore une fois : ne regarde
pas en arrière ; tourne-toi vers Dieu ; change ta vie ; et
sois en paix.
Il y a des gens
qui n'arrivent pas à retrouver la paix après être tombé,
d'une façon ou d'une autre. Le remords les tenaille. Il faut
leur dire ceci : le principe de leur sentiment est honnête,
mais le remords est une autre tentation pour les faire
désespérer du pardon et leur barrer la route vers la paix.
Or Jésus est là pour donner la paix. Si je n'ai pas la paix,
c'est que je n'ai pas encore vraiment ouvert mon cœur à
Jésus.
Tel est l'appel
de Jésus pour son Royaume : la conversion du cœur. Toujours
se projeter en avant vers le mieux, vers le plus parfait,
sans regarder en arrière.
L'Église nous
invite tous à nous approcher du Sacrement de la
Réconciliation, au moins chaque année à Pâques - et bien sûr
aussi du Sacrement de l'Eucharistie. Dans la Réconciliation,
il ne s'agit pas de nous humilier devant tel ou tel prêtre,
il s'agit d'abord de retrouver la Joie d'être avec Christ
ressuscité. Le prêtre qui est là ne vous "entend" pas : il
vous comprend ; quand vous aurez fini de lui parler, il ne
saura pas ce que vous lui avez dit, mais il vous parlera au
nom de Christ, qui lui suggèrera de vous dire quelque chose
pour votre bien.
Le prêtre vous
invitera, probablement, à prier l'Acte de Contrition.
Beaucoup ne le savent pas, ou plus. Il comporte justement
tout ce que nous avons entendu aujourd'hui : le regret, le
repentir, le ferme désir de ne plus pécher, et aussi bien
sûr d'en éviter les occasions. Il en existe d'ailleurs
plusieurs formules ; on en trouvera une ci-dessous, traduite
du Rituel officiel de la Réconciliation.
Amis ! Frères !
Préparez bien cette rencontre de Réconciliation ! Soyez
heureux de vous y rendre : c'est votre Joie en Christ
ressuscité.
Abbé Charles
Marie de Roussy
Acte de
Contrition.
Mon Dieu, je me
repens de tout mon cœur et avec profonde douleur du mal que
j'ai fait et du bien que j'ai omis de faire, parce qu'en
péchant je t'ai offensé, toi, le Bien suprême et digne
d'être aimé par-dessus tout.
Je fais un
ferme propos, moyennant ta sainte grâce, de faire pénitence,
de ne plus t'offenser et d'en éviter les occasions.
O mon Dieu, par
les mérites de la passion de notre Sauveur Jésus Christ,
fais-moi miséricorde ! Amen. |