DEUXIÈME
SECTION
LES SEPT
SACREMENTS DE ÉGLISE
1210 Les
sacrements de la Loi Nouvelle sont institués par le Christ et
ils sont au nombre de sept, à savoir le Baptême, la
Confirmation, l’Eucharistie, la Pénitence, l’Onction des
malades, l’Ordre et le Mariage. Les sept sacrements touchent
toutes les étapes et tous les moments importants de la vie du
chrétien : ils donnent naissance et croissance, guérison et
mission à la vie de foi des chrétiens. En cela il existe une
certaine ressemblance entre les étapes de la vie naturelle et
les étapes de la vie spirituelle (cf. S. Thomas d’A., s. th. 3,
65, 1).
1211
En suivant cette analogie on exposera d’abord les trois
sacrements de l’initiation chrétienne (chapitre premier),
ensuite les sacrements de guérison (chapitre deuxième), enfin
les sacrements qui sont au service de la communion et de la
mission des fidèles (chapitre troisième). Cet ordre n’est,
certes, pas le seul possible, mais il permet de voir que les
sacrements forment un organisme en lequel chaque sacrement
particulier a sa place vitale. Dans cet organisme, l’Eucharistie
tient une place unique en tant que " sacrement des
sacrements " : " tous les autres sacrements sont ordonnés à
celui-ci comme à leur fin " (S. Thomas d’A., s. th. 3, 65, 3).
CHAPITRE
PREMIER
LES
SACREMENTS DE L’INITIATION CHRETIENNE
1212
Par les sacrements de l’initiation chrétienne, le Baptême, la
Confirmation et l’Eucharistie, sont posés les fondements
de toute vie chrétienne. " La participation à la nature divine,
donnée aux hommes par la grâce du Christ, comporte une certaine
analogie avec l’origine, la croissance et le soutien de la vie
naturelle. Nés à une vie nouvelle par le Baptême, les fidèles
sont en effet fortifiés par le sacrement de Confirmation et
reçoivent dans l’Eucharistie le pain de la vie éternelle. Ainsi,
par ces sacrements de l’initiation chrétienne, ils reçoivent
toujours davantage les richesses de la vie divine et s’avancent
vers la perfection de la charité " (Paul VI, const. ap. " Divinæ
consortium naturæ " ; cf. OICA prænotanda 1-2).
Article 1
LE SACREMENT
DU BAPTEME
1213
Le saint Baptême est le fondement de toute la vie chrétienne le
porche de la vie dans l’Esprit (vitæ spiritualis ianua)
et la porte qui ouvre l’accès aux autres sacrements. Par le
Baptême nous sommes libérés du péché et régénérés comme fils de
Dieu, nous devenons membres du Christ et nous sommes incorporés
à l’Église et faits participants à sa mission (cf. Cc.
Florence : DS 1314 ;
⇒ CIC, can. 204, § 1;
⇒ 849; CCEO, can. 675, § 1) : " Le Baptême est le
sacrement de la régénération par l’eau et dans la parole " (Catech.
R. 2, 2, 5).
I. Comment
est appelé ce sacrement ?
1214
On l’appelle Baptême selon le rite central par lequel il
est réalisé : baptiser (en grec baptizein) signifie
" plonger ", " immerger " ; la " plongée " dans l’eau symbolise
l’ensevelissement du catéchumène dans la mort du Christ d’où il
sort par la résurrection avec lui (cf. Rm 6, 3-4 ; Col 2, 12),
comme " nouvelle créature " (2 Co 5, 17 ; Ga 6, 15).
1215
Ce sacrement est aussi appelé " le bain de la régénération et
de la rénovation en l’Esprit Saint " (Tt 3, 5), car il
signifie et réalise cette naissance de l’eau et de l’Esprit sans
laquelle " nul ne peut entrer au Royaume de Dieu " (Jn 3, 5).
1216
" Ce bain est appelé illumination, parce que ceux qui
reçoivent cet enseignement [catéchétique] ont l’esprit illuminé
... " (S. Justin, apol. 1, 61, 12). Ayant reçu dans le Baptême
le Verbe, " la lumière véritable qui illumine tout homme " (Jn
1, 9), le baptisé, " après avoir été illuminé " (He 10, 32) est
devenu " fils de lumière " (1 Th 5, 5), et " lumière " lui-même
(Ep 5, 8) :
Le Baptême
est le plus beau et le plus magnifique des dons de Dieu... Nous
l’appelons don, grâce, onction, illumination, vêtement
d’incorruptibilité, bain de régénération, sceau, et tout ce
qu’il y a de plus précieux. Don, parce qu’il est conféré
à ceux qui n’apportent rien ; grâce, parce qu’il est
donné même à des coupables ; Baptême, parce que le péché
est enseveli dans l’eau ; onction, parce qu’il est sacré
et royal (tels sont ceux qui sont oints) ; illumination,
parce qu’il est lumière éclatante ; vêtement, parce qu’il
voile notre honte ; bain, parce qu’il lave ; sceau,
parce qu’il nous garde et qu’il est le signe de la seigneurie de
Dieu (S. Grégoire de Naz., or. 40, 3-4 : PG 36, 361C).
II. Le
Baptême dans l’économie du salut
Les
préfigurations du Baptême dans l’Ancienne Alliance
1217
Dans la liturgie de la Nuit Pascale, lors de la bénédiction
de l’eau baptismale, l’Église fait solennellement mémoire
des grands événements de l’histoire du salut qui préfiguraient
déjà le mystère du Baptême :
Par ta
puissance, Seigneur, tu accomplis des merveilles dans tes
sacrements, et au cours de l’histoire du salut tu t’es servi de
l’eau, ta créature, pour nous faire connaître la grâce du
Baptême (MR, Vigile pascale 42 : bénédiction de l’eau
baptismale).
1218
Depuis l’origine du monde, l’eau, cette créature humble et
admirable, est la source de la vie et de la fécondité.
L’Écriture Sainte la voit comme " couvée " par l’Esprit de Dieu
(cf. Gn 1, 2) :
Dès le
commencement du monde, c’est ton Esprit qui planait sur les eaux
pour qu’elles reçoivent en germe la force qui sanctifie (MR,
Vigile pascale 42 : bénédiction de l’eau baptismale).
1219
L’Église a vu dans l’Arche de Noé une préfiguration du salut par
le Baptême. En effet, par elle " un petit nombre, en tout huit
personnes, furent sauvés par l’eau " (1 P 3, 20) :
Par les
flots du déluge, tu annonçais le Baptême qui fait revivre,
puisque l’eau y préfigurait également la mort du péché et la
naissance de toute justice (MR, Vigile pascale 42 : bénédiction
de l’eau baptismale).
1220
Si l’eau de source symbolise la vie, l’eau de la mer est un
symbole de la mort. C’est pourquoi il pouvait figurer le mystère
de la Croix. De par ce symbolisme le baptême signifie la
communion avec la mort du Christ.
1221
C’est surtout la traversée de la Mer Rouge, véritable libération
d’Israël de l’esclavage d’Égypte, qui annonce la libération
opérée par le Baptême :
Aux enfants
d’Abraham, tu as fait passer la mer Rouge à pied sec pour que la
race libérée de la servitude préfigure le peuple des baptisés
(ibid.).
1222
Enfin, le Baptême est préfiguré dans la traversée du Jourdain,
par laquelle le peuple de Dieu reçoit le don de la terre promise
à la descendance d’Abraham, image de la vie éternelle. La
promesse de cet héritage bienheureux s’accomplit dans la
nouvelle Alliance.
Le Baptême
du Christ
1223
Toutes les préfigurations de l’Ancienne Alliance trouvent leur
achèvement dans le Christ Jésus. Il commence sa vie publique
après s’être fait baptiser par S. Jean le Baptiste dans le
Jourdain (cf. Mt 3, 13), et, après sa résurrection, il donne
cette mission aux apôtres : " Allez donc, de toutes les nations
faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et
du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je
vous ai prescrit " (Mt 28, 19-20 ; cf. Mc 16, 15-16).
1224
Notre Seigneur s’est volontairement soumis au Baptême de S.
Jean, destiné aux pécheurs, pour " accomplir toute justice " (Mt
3, 15). Ce geste de Jésus est une manifestation de son
" anéantissement " (Ph 2, 7). L’Esprit qui planait sur les eaux
de la première création, descend alors sur le Christ, en prélude
de la nouvelle création, et le Père manifeste Jésus comme son
" Fils bien-aimé " (Mt 3, 16-17).
1225
C’est dans sa Pâque que le Christ a ouvert à tous les hommes les
sources du Baptême. En effet, il avait déjà parlé de sa passion
qu’il allait souffrir à Jérusalem comme d’un " Baptême " dont il
devait être baptisé (Mc 10, 38 ; cf. Lc 12, 50). Le Sang et eau
qui ont coulé du côté transpercé de Jésus crucifié (Jn 19, 34)
sont des types du Baptême et de l’Eucharistie, sacrements de la
vie nouvelle (cf. 1 Jn 5, 6-8) : dès lors, il est possible " de
naître de l’eau et de l’Esprit " pour entrer dans le Royaume de
Dieu (Jn 3, 5).
Vois où tu
es baptisé, d’où vient le Baptême, sinon de la croix du Christ,
de la mort du Christ. Là est tout le mystère : il a souffert
pour toi. C’est en lui que tu es racheté, c’est en lui que tu es
sauvé, et, à ton tour tu deviens sauveur (S. Ambroise, sacr. 2,
6 : PL 16, 425C).
Le Baptême
dans l’Église
1226
Dès le jour de la Pentecôte, l’Église a célébré et administré le
saint Baptême. En effet, S. Pierre déclare à la foule
bouleversée par sa prédication : " Convertissez-vous, et que
chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour
obtenir le pardon de ses péchés. Vous recevrez alors le don du
Saint-Esprit " (Ac 2, 38). Les Apôtres et leurs collaborateurs
offrent le Baptême à quiconque croit en Jésus : juifs,
craignants-Dieu, païens (cf. Ac 2, 41 ; 8, 12-13 ; 10, 48 ; 16,
15). Toujours le Baptême apparaît comme lié à la foi : " Crois
au Seigneur Jésus ; alors tu seras sauvé, toi et toute ta
maison ", déclare S. Paul à son geôlier de Philippes. Le récit
continue : " Le geôlier reçut le Baptême sur-le-champ, lui et
tous les siens " (Ac 16, 31-33).
1227
Selon l’apôtre S. Paul, par le Baptême le croyant communie à la
mort du Christ ; il est enseveli et il ressuscite avec lui :
Baptisés
dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été
baptisés. Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême
dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts
par la gloire du Père nous vivions nous aussi dans une vie
nouvelle (Rm 6, 3-4 ; cf. Col 2, 12).
Les baptisés
ont " revêtu le Christ " (Ga 3, 27). Par l’Esprit Saint, le
Baptême est un bain qui purifie, sanctifie et justifie (cf. 1 Co
6, 11 ; 12, 13).
1228
Le Baptême est donc un bain d’eau en lequel " la semence
incorruptible " de la Parole de Dieu produit son effet
vivificateur (cf. 1 P 1, 23 ; Ep 5, 26). S. Augustin dira du
Baptême : " La parole rejoint l’élément matériel et cela devient
un sacrement " (ev. Jo. 80, 3).
III. Comment
est célébré le sacrement du baptême ?
L’initiation
chrétienne
1229
Devenir chrétien, cela se réalise dès les temps des apôtres par
un cheminement et une initiation à plusieurs étapes. Ce chemin
peut être parcouru rapidement ou lentement. Il devra toujours
comporter quelques éléments essentiels : l’annonce de la Parole,
l’accueil de l’Évangile entraînant une conversion, la profession
de foi, le Baptême, l’effusion de l’Esprit Saint, l’accès à la
communion eucharistique.
1230
Cette initiation a beaucoup varié au cours des siècles et selon
les circonstances. Aux premiers siècles de l’Église,
l’initiation chrétienne a connu un grand déploiement, avec une
longue période de catéchuménat et une suite de rites
préparatoires qui jalonnaient liturgiquement le chemin de la
préparation catéchuménale et qui aboutissaient à la célébration
des sacrements de l’initiation chrétienne.
1231 Là où le Baptême des
enfants est devenu largement la forme habituelle de la
célébration de ce sacrement, celle-ci est devenue un acte unique
qui intègre de façon très abrégée les étapes préalables à
l’initiation chrétienne. De par sa nature même le Baptême des
enfants exige un catéchuménat postbaptismal. Il ne s’agit
pas seulement du besoin d’une instruction postérieure au
baptême, mais de l’épanouissement nécessaire de la grâce
baptismale dans la croissance de la personne. C’est le lieu
propre du catéchisme.
1232
Le deuxième Concile du Vatican a restauré, pour l’Église latine,
" le catéchuménat des adultes, distribué en plusieurs étapes "
(SC 64). On en trouve les rites dans l’Ordo initiationis
christianæ adultorum (1972). Le Concile a par ailleurs
permis que, " outre les éléments d’initiation fournis par la
tradition chrétienne ", on admette, en terre de mission, " ces
autres éléments d’initiation dont on constate la pratique dans
chaque peuple, pour autant qu’on peut les adapter au rite
chrétien " (SC 65 ; cf. SC 37-40).
1233
Aujourd’hui, donc, dans tous les rites latins et orientaux,
l’initiation chrétienne des adultes commence dès leur entrée en
catéchuménat, pour atteindre son point culminant dans une seule
célébration des trois sacrements du Baptême, de la Confirmation
et de l’Eucharistie (cf. AG 14 ;
⇒ CIC, can. 851;
⇒ 865;
⇒ 866). Dans les rites orientaux l’initiation
chrétienne des enfants commence au Baptême suivi immédiatement
par la Confirmation et l’Eucharistie, tandis que dans le rite
romain elle se poursuit durant des années de catéchèse, pour
s’achever plus tard avec la Confirmation et l’Eucharistie,
sommet de leur initiation chrétienne (cf.
⇒ CIC, can. 851, 2;
⇒ 868).
La
mystagogie de la célébration
1234
Le sens et la grâce du sacrement du Baptême apparaissent
clairement dans les rites de sa célébration. C’est en suivant,
avec une participation attentive, les gestes et les paroles de
cette célébration que les fidèles sont initiés aux richesses que
ce sacrement signifie et réalise en chaque nouveau baptisé.
1235
Le signe de la croix, au seuil de la célébration, marque
l’empreinte du Christ sur celui qui va lui appartenir et
signifie la grâce de la rédemption que le Christ nous a acquis
par sa croix.
1236
L’annonce de la Parole de Dieu illumine de la vérité
révélée les candidats et l’assemblée, et suscite la réponse de
la foi, inséparable du Baptême. En effet, le Baptême est d’une
façon particulière " le sacrement de la foi " puisqu’il est
l’entrée sacramentelle dans la vie de foi.
1237
Puisque le Baptême signifie la libération du péché et de son
instigateur, le diable, on prononce un (ou plusieurs)
exorcisme(s) sur le candidat. Il est oint de l’huile des
catéchumènes ou bien le célébrant lui impose la main, et il
renonce explicitement à Satan. Ainsi préparé, il peut
confesser la foi de l’Église à laquelle il sera " confié "
par le Baptême (cf. Rm 6, 17).
1238
L’eau baptismale est alors consacrée par une prière
d’épiclèse (soit au moment même, soit dans la nuit pascale).
L’Église demande à Dieu que, par son Fils, la puissance du
Saint-Esprit descende dans cette eau, afin que ceux qui y seront
baptisés " naissent de l’eau et de l’Esprit " (Jn 3, 5).
1239
Suit alors le rite essentiel du sacrement : le Baptême
proprement dit, qui signifie et réalise la mort au péché et
l’entrée dans la vie de la Très Sainte Trinité à travers la
configuration au Mystère pascal du Christ. Le Baptême est
accompli de la façon la plus significative par la triple
immersion dans l’eau baptismale. Mais depuis l’antiquité il peut
aussi être conféré en versant par trois fois l’eau sur la tête
du candidat.
1240
Dans l’Église latine, cette triple infusion est accompagnée par
les paroles du ministre : " N., je te baptise au nom du Père, et
du Fils, et du Saint-Esprit ". Dans les liturgies orientales, le
catéchumène étant tourné vers l’Orient, le prêtre dit : " Le
serviteur de Dieu, N., est baptisé au nom du Père, et du Fils,
et du Saint-Esprit ". Et à l’invocation de chaque personne de la
Très Sainte Trinité, il le plonge dans l’eau et le relève.
1241
L’onction du saint chrême, huile parfumée consacrée par
l’évêque, signifie le don de l’Esprit Saint au nouveau baptisé.
Il est devenu un chrétien, c’est-à-dire " oint " de l’Esprit
Saint, incorporé au Christ, qui est oint prêtre, prophète et roi
(cf. OBP 62).
1242
Dans la liturgie des Églises d’Orient, l’onction postbaptismale
est le sacrement de la Chrismation (Confirmation). Dans la
liturgie romaine, elle annonce une seconde onction de saint
chrême que donnera l’évêque : le sacrement de la Confirmation
qui, pour ainsi dire, " confirme " et achève l’onction
baptismale.
1243
Le vêtement blanc symbolise que le baptisé a " revêtu le
Christ " (Ga 3, 27) : est ressuscité avec le Christ. Le
cierge, allumé au cierge pascal, signifie que le Christ a
illuminé le néophyte. Dans le Christ, les baptisés sont " la
lumière du monde " (Mt 5, 14 ; cf. Ph 2, 15).
Le nouveau baptisé est maintenant
enfant de Dieu dans le Fils Unique. Il peut dire la prière des
enfants de Dieu : le
Notre Père.
1244
La première communion eucharistique. Devenu enfant de
Dieu, revêtu de la robe nuptiale, le néophyte est admis " au
festin des noces de l’Agneau " et reçoit la nourriture de la vie
nouvelle, le Corps et le Sang du Christ. Les Églises orientales
gardent une conscience vive de l’unité de l’initiation
chrétienne en donnant la sainte Communion à tous les nouveaux
baptisés et confirmés, même aux petits enfants, se souvenant de
la parole du Seigneur : " Laissez venir à moi les petits
enfants, ne les empêchez pas " (Mc 10, 14). L’Église latine, qui
réserve l’accès à la sainte Communion à ceux qui ont atteint
l’âge de raison, exprime l’ouverture du Baptême sur
l’Eucharistie en approchant de l’autel l’enfant nouveau baptisé
pour la prière du Notre Père.
1245
La bénédiction solennelle conclut la célébration du
Baptême. Lors du Baptême de nouveau-nés la bénédiction de la
mère tient une place spéciale.
IV. Qui peut
recevoir le baptême ?
1246
" Tout être humain non encore baptisé, et lui seul, est capable
de recevoir le Baptême " (⇒
CIC, can. 864; CCEO, can. 679).
Le Baptême
des adultes
1247
Depuis les origines de l’Église, le Baptême des adultes est la
situation la plus courante là où l’annonce de l’Évangile est
encore récente. Le catéchuménat (préparation au Baptême) tient
alors une place importante. Initiation à la foi et à la vie
chrétienne, il doit disposer à l’accueil du don de Dieu dans le
Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie.
1248
Le catéchuménat, ou formation des catéchumènes, a pour but de
permettre à ces derniers, en réponse à l’initiative divine et en
union avec une communauté ecclésiale, de mener leur conversion
et leur foi à maturité. Il s’agit d’une " formation à la vie
chrétienne intégrale... par laquelle les disciples sont unis au
Christ leur Maître. Les catéchumènes doivent donc être initiés
... aux mystères du salut et à la pratique d’une vie
évangélique, et introduits, par des rites sacrés, célébrés à des
époques successives, dans la vie de la foi, de la liturgie et de
la charité du Peuple de Dieu " (AG 14 ; cf. OICA 19 et 98).
1249
Les catéchumènes " sont déjà unis à l’Église, ils sont déjà de
la maison du Christ, et il n’est pas rare qu’ils mènent une vie
de foi, espérance et charité " (AG 14). " La Mère Église les
enveloppe déjà comme siens dans son amour en prenant soin
d’eux " (LG 14 ; cf.
⇒ CIC, can. 206;
⇒ 788, § 3).
Le Baptême
des enfants
1250
Naissant avec une nature humaine déchue et entachée par le péché
originel, les enfants eux aussi ont besoin de la nouvelle
naissance dans le Baptême (cf. DS 1514) afin d’être libérés du
pouvoir des ténèbres et d’être transférés dans le domaine de la
liberté des enfants de Dieu (cf. Col 1, 12-14), à laquelle tous
les hommes sont appelés. La pure gratuité de la grâce du salut
est particulièrement manifeste dans le Baptême des enfants.
L’Église et les parents priveraient dès lors l’enfant de la
grâce inestimable de devenir enfant de Dieu s’ils ne lui
conféraient le Baptême peu après la naissance (cf.
⇒ CIC, can. 867; CCEO, can. 681 ; 686, 1).
1251
Les parents chrétiens reconnaîtront que cette pratique
correspond aussi à leur rôle de nourricier de la vie que Dieu
leur a confiés (cf. LG 11 ; 41 ; GS 48 ;
⇒ CIC, can. 868).
1252
La pratique de baptiser les petits enfants est une tradition
immémoriale de l’Église. Elleestattestée explicitement depuis le
deuxième siècle. Il est cependant bien possible que, dès le
début de la prédication apostolique, lorsque des " maisons "
entières ont reçu le Baptême (cf. Ac 16, 15. 33 ; 18, 8 ; 1 Co
1, 16), on ait aussi baptisé les enfants (cf. CDF, instr.
" Pastoralis actio ").
Foi et
Baptême
1253
Le Baptême est le sacrement de la foi (cf. Mc 16, 16). Mais la
foi a besoin de la communauté des croyants. Ce n’est que dans la
foi de l’Église que chacun des fidèles peut croire. La foi qui
est requise pour le Baptême n’est pas une foi parfaite et mûre,
mais un début qui est appelé à se développer. Au catéchumène ou
à son parrain on demande : " Que demandez-vous à l’Église de
Dieu ? " Et il répond : " La foi ! ".
1254
Chez tous les baptisés, enfants ou adultes, la foi doit croître
après le Baptême. C’est pour cela que l’Église célèbre
chaque année, dans la nuit pascale, le renouvellement des
promesses du Baptême. La préparation au Baptême ne mène qu’au
seuil de la vie nouvelle. Le Baptême est la source de la vie
nouvelle dans le Christ de laquelle jaillit toute la vie
chrétienne.
1255
Pour que la grâce baptismale puisse se déployer, l’aide des
parents est importante. C’est là aussi le rôle du parrain
ou de la marraine, qui doivent être des croyants solides,
capables et prêts à aider le nouveau baptisé, enfant ou adulte,
sur son chemin dans la vie chrétienne (cf.
⇒ CIC, can. 872-874). Leur tâche est une véritable
fonction ecclésiale (" officium " ; cf. SC 67) Toute la
communauté ecclésiale porte une part de responsabilité dans le
déploiement et la garde de la grâce reçue au Baptême.
V. Qui peut
baptiser ?
1256
Sont ministres ordinaires du Baptême l’évêque et le prêtre, et,
dans l’Église latine, aussi le diacre (cf.
⇒ CIC, can. 861, § 1; CCEO, can. 677, § 1). En cas de
nécessité, toute personne, même non baptisée, ayant l’intention
requise, peut baptiser, en appliquant la formule baptismale
trinitaire (cf.
⇒ CIC 861, § 2). L’intention requise, c’est de
vouloir faire ce que fait l’Église en baptisant. L’Église voit
la raison de cette possibilité dans la volonté salvifique
universelle de Dieu (cf. 1 Tm 2, 4) et dans la nécessité du
Baptême pour le salut (cf. Mc 16, 16) (cf. DS 1315 ; 646 ;
⇒ CIC, can. 861, § 2).
VI. La
nécessité du baptême
1257 Le Seigneur lui-même
affirme que le Baptême est nécessaire pour le salut (cf. Jn 3,
5). Aussi a-t-il commandé à ses disciples d’annoncer l’Évangile
et de baptiser toutes les nations (cf. Mt 28, 20) (cf. DS 1618 ;
LG 14 ; AG 5). Le Baptême est nécessaire au salut pour ceux
auxquels l’Évangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité
de demander ce sacrement (cf. Mc 16, 16). L’Église ne connaît
pas d’autre moyen que le baptême pour assurer l’entrée dans la
béatitude éternelle ; c’est pourquoi elle se garde de négliger
la mission qu’elle a reçu du Seigneur de faire " renaître de
l’eau et de l’Esprit " tous ceux qui peuvent être baptisés.
Dieu a lié le salut au
sacrement du Baptême, mais il n’est pas lui-même lié à ses
sacrements.
1258
Depuis toujours, l’Église garde la ferme conviction que ceux qui
subissent la mort en raison de la foi, sans avoir reçu le
Baptême, sont baptisés par leur mort pour et avec le Christ. Ce
Baptême du sang, comme le désir du Baptême, porte
les fruits du Baptême, sans être sacrement.
1259
Pour les catéchumènes qui meurent avant leur Baptême,
leur désir explicite de le recevoir uni à la repentance de leurs
péchés et à la charité, leur assure le salut qu’ils n’ont pas pu
recevoir par le sacrement.
1260
" Puisque le Christ est mort pour tous, et que la vocation
dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous
devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que
Dieu connaît, la possibilité d’être associé(s) au mystère
pascal " (GS 22 ; cf. LG 16 ; AG 7). Tout homme qui, ignorant
l’Évangile du Christ et son Église, cherche la vérité et fait la
volonté de Dieu selon qu’il la connaît, peut être sauvé. On peut
supposer que de telles personnes auraient désiré
explicitement le Baptême si elles en avaient connu la
nécessité.
1261
Quant aux enfants morts sans Baptême, l’Église ne peut
que les confier à la miséricorde de Dieu, comme elle le fait
dans le rite des funérailles pour eux. En effet, la grande
miséricorde de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés
(cf. 1 Tm 2, 4), et la tendresse de Jésus envers les enfants,
qui lui a fait dire : " Laissez les enfants venir à moi, ne les
empêchez pas " (Mc 10, 14), nous permettent d’espérer qu’il y
ait un chemin de salut pour les enfants morts sans baptême.
D’autant plus pressant est aussi l’appel de l’Église à ne pas
empêcher les petits enfants de venir au Christ par le don du
saint Baptême.
VII. La
grâce du baptême
1262
Les différents effets du Baptême sont signifiés par les éléments
sensibles du rite sacramentel. La plongée dans l’eau fait appel
aux symbolismes de la mort et de la purification, mais aussi de
la régénération et du renouvellement. Les deux effets principaux
sont donc la purification des péchés et la nouvelle naissance
dans l’Esprit Saint (cf. Ac 2, 38 ; Jn 3, 5).
Pour la
rémission des péchés ...
1263
Par le Baptême, tous les péchés sont remis, le péché
originel et tous les péchés personnels ainsi que toutes les
peines du péché (cf. DS 1316). En effet, en ceux qui ont été
régénérés il ne demeure rien qui les empêcherait d’entrer dans
le Royaume de Dieu, ni le péché d’Adam, ni le péché personnel,
ni les suites du péché, dont la plus grave est la séparation de
Dieu.
1264
Dans le baptisé, certaines conséquences temporelles du péché
demeurent cependant, tels les souffrances, la maladie, la mort,
ou les fragilités inhérentes à la vie comme les faiblesses de
caractère, etc., ainsi qu’une inclination au péché que la
Tradition appelle la concupiscence, ou, métaphoriquement,
" le foyer du péché " (fomes peccati) : " Laissée pour
nos combats, la concupiscence n’est pas capable de nuire à ceux
qui, n’y consentant pas, résistent avec courage par la grâce du
Christ. Bien plus, ‘celui qui aura combattu selon les règles
sera couronné’ (2 Tm 2, 5) " (Cc. Trente : DS 1515).
" Une
créature nouvelle "
1265
Le Baptême ne purifie pas seulement de tous les péchés, il fait
aussi du néophyte " une création nouvelle " (2 Co 5, 17), un
fils adoptif de Dieu (cf. Ga 4, 5-7) qui est devenu
" participant de la nature divine " (2 P 1, 4), membre du Christ
(cf. 1 Co 6, 15 ; 12, 27) et cohéritier avec Lui (Rm 8, 17),
temple de l’Esprit Saint (cf. 1 Co 6, 19).
1266
La Très Sainte Trinité donne au baptisé la grâce sanctifiante,
la grâce de la justification qui
– le rend
capable de croire en Dieu, d’espérer en Lui et de L’aimer par
les vertus théologales ;
– lui donne
de pouvoir vivre et agir sous la motion de l’Esprit Saint par
les dons du Saint-Esprit ;
– lui permet
de croître dans le bien par les vertus morales.
Ainsi, tout
l’organisme de la vie surnaturelle du chrétien a sa racine dans
le saint Baptême.
Incorporés à
l’Église, Corps du Christ
1267
Le Baptême fait de nous des membres du Corps du Christ. " Dès
lors, ... ne sommes-nous pas membres les uns des autres ? " (Ep
4, 25). Le Baptême incorpore à l’Église. Des fonts
baptismaux naît l’unique peuple de Dieu de la Nouvelle Alliance
qui dépasse toutes les limites naturelles ou humaines des
nations, des cultures, des races et des sexes : " Aussi bien
est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés pour
ne former qu’un seul corps " (1 Co 12, 13).
1268 Les baptisés sont
devenus des " pierres vivantes " pour " l’édification d’un
édifice spirituel, pour un sacerdoce saint " (1 P 2, 5). Par le
Baptême ils participent au sacerdoce du Christ, à sa mission
prophétique et royale, ils sont " une race élue, un sacerdoce
royal, une nation sainte, un peuple acquis pour annoncer les
louanges de Celui qui (les) a appelés des ténèbres à son
admirable lumière " (1 P 2, 9).
Le Baptême donne part au sacerdoce
commun des fidèles.
1269
Devenu membre de l’Église, le baptisé n’appartient plus à
lui-même (1 Co 6, 19), mais à Celui qui est mort et ressuscité
pour nous (cf. 2 Co 5, 15). Dès lors il est appelé à se
soumettre aux autres (cf. Ep 5, 21 ; 1 Co 16, 15-16), à les
servir (cf. Jn 13, 12-15) dans la communion de l’Église, et à
être " obéissant et docile " aux chefs de l’Église (He 13, 17)
et à les considérer avec respect et affection (cf. 1 Th 5,
12-13). De même que le Baptême est la source de responsabilités
et de devoirs, le baptisé jouit aussi de droits au sein de
l’Église : à recevoir les sacrements, à être nourri avec la
parole de Dieu et à être soutenu par les autres aides
spirituelles de l’Église. (cf. LG 37 ;
⇒ CIC, can. 208-223; CCEO, can. 675, 2).
1270
" Devenus fils de Dieu par la régénération [baptismale], (les
baptisés) sont tenus de professer devant les hommes la foi que
par l’Église ils ont reçue de Dieu " (LG 11) et de participer à
l’activité apostolique et missionnaire du Peuple de Dieu (cf. LG
17 ; AG 7, 23).
Le lien
sacramentel de l’unité des chrétiens
1271
Le Baptême constitue le fondement de la communion entre tous les
chrétiens, aussi avec ceux qui ne sont pas encore en pleine
communion avec l’Église catholique : " En effet, ceux qui
croient au Christ et qui ont reçu validement le Baptême, se
trouvent dans une certaine communion, bien qu’imparfaite, avec
l’Église catholique ... Justifiés par la foi reçue au Baptême,
incorporés au Christ, ils portent à juste titre le nom de
chrétiens, et les fils de l’Église catholique les reconnaissent
à bon droit comme des frères dans le Seigneur " (UR 3). " Le
Baptême est donc le lien sacramentel d’unité existant
entre ceux qui ont été régénérés par lui " (UR 22).
Une marque
spirituelle indélébile...
1272
Incorporé au Christ par le Baptême, le baptisé est configuré au
Christ (cf. Rm 8, 29). Le Baptême scelle le chrétien d’une
marque spirituelle indélébile (" character ") de son
appartenance au Christ. Cette marque n’est effacée par aucun
péché, même si le péché empêche le Baptême de porter des fruits
de salut (cf. DS 1609-1619). Donné une fois pour toutes, le
Baptême ne peut pas être réitéré.
1273
Incorporés à l’Église par le Baptême, les fidèles ont reçu le
caractère sacramentel qui les consacre pour le culte religieux
chrétien (cf. LG 11). Le sceau baptismal rend capable et engage
les chrétiens à servir Dieu dans une participation vivante à la
sainte Liturgie de l’Église et à exercer leur sacerdoce
baptismal par le témoignage d’une vie sainte et d’une charité
efficace (cf. LG 10).
1274
Le " sceau du Seigneur " (" Dominicus character " :
S. Augustin, ep. 98, 5: PL 33, 362) est le sceau dont l’Esprit
Saint nous a marqués " pour le jour de la rédemption " (Ep 4,
30 ; cf. Ep 1, 13-14 ; 2 Co 1, 21-22). " Le Baptême, en effet,
est le sceau de la vie éternelle " (S. Irénée, dem. 3). Le
fidèle qui aura " gardé le sceau " jusqu’au bout, c’est-à-dire
qui sera resté fidèle aux exigences de son Baptême, pourra s’en
aller " marqué du signe de la foi " (MR, Canon Romain 97), avec
la foi de son Baptême, dans l’attente de la vision bienheureuse
de Dieu – consommation de la foi – et dans l’espérance de la
résurrection.
EN BREF
1275
L’initiation chrétienne s’accomplit par l’ensemble de trois
sacrements : le Baptême qui est le début de la vie nouvelle ; la
Confirmation qui en est l’affermissement ; et l’Eucharistie qui
nourrit le disciple avec le Corps et le Sang du Christ en vue de
sa transformation en Lui.
1276
" Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les
baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur
apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit " (Mt 28,
19-20).
1277
Le Baptême constitue la naissance à la vie nouvelle dans le
Christ. Selon la volonté du Seigneur il est nécessaire pour le
salut, comme l’Église elle-même, à laquelle introduit le
Baptême.
1278
Le rite essentiel du Baptême consiste à plonger dans l’eau le
candidat ou à verser de l’eau sur sa tête, en prononçant
l’invocation de la Très Sainte Trinité, c’est à dire du Père, du
Fils et du Saint-Esprit.
1279
Le fruit du Baptême ou grâce baptismale est une réalité riche
qui comporte : la rémission du péché originel et de tous les
péchés personnels ; la naissance à la vie nouvelle par laquelle
l’homme devient fils adoptif du Père, membre du Christ, temple
du Saint-Esprit Par le fait même, le baptisé est incorporé à
l’Église, Corps du Christ, et rendu participant du sacerdoce du
Christ.
1280
Le Baptême imprime dans l’âme un signe spirituel indélébile, le
caractère, qui consacre le baptisé au culte de la religion
chrétienne. En raison du caractère le Baptême ne peut pas être
réitéré (cf. DS 1609 et 1624).
1281
Ceux qui subissent la mort à cause de la foi, les catéchumènes
et tous les hommes qui, sous l’impulsion de la grâce, sans
connaître l’Église, cherchent sincèrement Dieu et s’efforcent
d’accomplir sa volonté, peuvent être sauvés même s’ils n’ont pas
reçu le Baptême (cf. LG 16).
1282
Depuis les temps les plus anciens, le Baptême est administré aux
enfants, car il est une grâce et un don de Dieu qui ne supposent
pas des mérites humains ; les enfants sont baptisés dans la foi
de l’Église. L’entrée dans la vie chrétienne donne accès à la
vraie liberté.
1283
Quant aux enfants morts sans Baptême, la liturgie de l’Église
nous invite à avoir confiance en la miséricorde divine, et à
prier pour leur salut.
1284
En cas de nécessité, toute personne peut baptiser, pourvu
qu’elle ait l’intention de faire ce que fait l’Église, et
qu’elle verse de l’eau sur la tête du candidat en disant : " Je
te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ".
Article 2
LE SACREMENT
DE LA CONFIRMATION
1285
Avec le Baptême et l’Eucharistie, le sacrement de la
Confirmation constitue l’ensemble des " sacrements de
l’initiation chrétienne ", dont l’unité doit être sauvegardée.
Il faut donc expliquer aux fidèles que la réception de ce
sacrement est nécessaire à l’accomplissement de la grâce
baptismale (cf. OCf prænotanda 1). En effet, " par le sacrement
de Confirmation, le lien des baptisés avec l’Église est rendu
plus parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit
Saint et obligés ainsi plus strictement à répandre et à défendre
la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du
Christ " (LG 11 ; cf. OCf prænotanda 2).
I. La
confirmation dans l’économie du salut
1286
Dans l’Ancien Testament, les prophètes ont annoncé que
l’Esprit du Seigneur reposerait sur le Messie espéré (cf. Is 11,
2) en vue de sa mission salvifique (cf. Lc 4, 16-22 ; Is 61, 1).
La descente de l’Esprit Saint sur Jésus lors de son baptême par
Jean fut le signe que c’était Lui qui devait venir, qu’il était
le Messie, le Fils de Dieu (cf. Mt 3, 13-17 ; Jn 1, 33-34).
Conçu de l’Esprit Saint, toute sa vie et toute sa mission se
réalisent en une communion totale avec l’Esprit Saint que le
Père lui donne " sans mesure " (Jn 3, 34).
1287
Or, cette plénitude de l’Esprit ne devait pas rester uniquement
celle du Messie, elle devait être communiquée à tout le
peuple messianique (cf. Ez 36, 25-27 ; Jl 3, 1-2). A
plusieurs reprises le Christ a promis cette effusion de l’Esprit
(cf. Lc 12, 12 ; Jn 3, 5-8 ; 7, 37-39 ; 16, 7-15 ; Ac 1, 8),
promesse qu’il a réalisée d’abord le jour de Pâques (Jn 20, 22)
et ensuite, de manière plus éclatante le jour de la Pentecôte
(cf. Ac 2, 1-4). Remplis de l’Esprit Saint, les apôtres
commencent à proclamer " les merveilles de Dieu " (Ac 2, 11) et
Pierre de déclarer que cette effusion de l’Esprit est le signe
des temps messianiques (cf. Ac 2, 17-18). Ceux qui ont alors cru
à la prédication apostolique et qui se sont fait baptiser, ont à
leur tour reçu le don du Saint-Esprit (cf. Ac 2, 38).
1288
" Depuis ce temps, les apôtres, pour accomplir la volonté du
Christ, communiquèrent aux néophytes, par l’imposition des
mains, le don de l’Esprit qui porte à son achèvement la grâce du
Baptême (cf. Ac 8, 15-17 ; 19, 5-6). C’est pourquoi dans
l’Épître aux Hébreux, prend place, parmi les éléments de la
première instruction chrétienne, la doctrine sur les Baptêmes et
aussi sur l’imposition des mains (cf. He 6, 2). L’imposition des
mains est à bon droit reconnue par la tradition catholique comme
l’origine du sacrement de la Confirmation qui perpétue, en
quelque sorte, dans l’Église, la grâce de la Pentecôte " (Paul
VI, const. ap. " Divinæ consortium naturæ ").
1289
Très tôt, pour mieux signifier le don du Saint-Esprit, s’est
ajoutée à l’imposition des mains une onction d’huile parfumée
(chrême). Cette onction illustre le nom de " chrétien " qui
signifie " oint " et qui tire son origine de celui du Christ lui
même, lui que " Dieu a oint de l’Esprit Saint " (Ac 10, 38). Et
ce rite d’onction existe jusqu’à nos jours, tant en Orient qu’en
Occident. C’est pourquoi, en Orient, on appelle ce sacrement
chrismation, onction de chrême, ou myron, ce qui
signifie " chrême ". En Occident le nom de Confirmation
suggère que ce sacrement à la fois confirme le baptême et
affermit la grâce baptismale.
Deux
traditions : l’Orient et l’Occident
1290
Aux premiers siècles, la Confirmation constitue généralement une
unique célébration avec le Baptême, formant avec celui-ci, selon
l’expression de S. Cyprien, un " sacrement double ". Parmi
d’autres raisons, la multiplication des Baptêmes d’enfants, et
ce en tout temps de l’année, et la multiplication des paroisses
(rurales), agrandissant les diocèses, ne permettent plus la
présence de l’évêque à toutes les célébrations baptismales. En
Occident, parce que l’on désire réserver à l’évêque l’achèvement
du Baptême s’instaure la séparation temporelle des deux
sacrements. L’Orient a gardé unis les deux sacrements, si bien
que la confirmation est donnée par le prêtre qui baptise.
Celui-ci cependant ne peut le faire qu’avec le " myron "
consacré par un évêque (cf. CCEO, can. 695, 1 ; 696, 1).
1291
Une coutume de l’Église de Rome a facilité le développement de
la pratique occidentale : grâce à une double onction au saint
chrême après le Baptême : accomplie déjà par le prêtre sur le
néophyte, au sortir du bain baptismal, elle est achevée par une
deuxième onction faite par l’évêque sur le front de chacun des
nouveaux baptisés (cf. S. Hippolyte, trad. ap. 21). La première
onction au saint chrême, celle que donne le prêtre, est restée
rattachée au rite baptismal ; elle signifie la participation du
baptisé aux fonctions prophétique, sacerdotale et royale du
Christ. Si le Baptême est conféré à un adulte, il n’y a qu’une
onction postbaptismale : celle de la Confirmation.
1292
La pratique des Églises d’Orient souligne davantage l’unité de
l’initiation chrétienne. Celle de l’Église latine exprime plus
nettement la communion du nouveau chrétien avec son évêque,
garant et serviteur de l’unité de son Église, de sa catholicité
et de son apostolicité, et par là, le lien avec les origines
apostoliques de l’Église du Christ.
II. Les
signes et le rite de la Confirmation
1293
Dans le rite de ce sacrement, il convient de considérer le signe
de l’onction et ce que l’onction désigne et imprime :
le sceau spirituel.
L’onction,
dans la symbolique biblique et antique, est riche de nombreuses
significations : l’huile est signe d’abondance (cf. Dt 11, 14
etc.) et de joie (cf. Ps 23, 5 ; 104, 15), elle purifie (onction
avant et après le bain) et elle rend souple (l’onction des
athlètes et des lutteurs) ; elle est signe de guérison,
puisqu’elle adoucit les contusions et les plaies (cf. Is 1, 6 ;
Lc 10, 34) et elle rend rayonnant de beauté, de santé et de
force.
1294
Toutes ces significations de l’onction d’huile se retrouvent
dans la vie sacramentelle. L’onction avant le Baptême avec
l’huile des catéchumènes signifie purification et
fortification ; l’onction des malades exprime la guérison et le
réconfort. L’onction du saint chrême après le Baptême, dans la
Confirmation et dans l’Ordination, est le signe d’une
consécration. Par la Confirmation, les chrétiens, c’est-à-dire
ceux qui sont oints, participent davantage à la mission de
Jésus-Christ et à la plénitude de l’Esprit Saint dont Il est
comblé, afin que toute leur vie dégage " la bonne odeur du
Christ " (cf. 2 Co 2, 15).
1295
Par cette onction, le confirmand reçoit " la marque ", le
sceau de l’Esprit Saint. Le sceau est le symbole de la
personne (cf. Gn 38, 18 ; Ct 8, 6), signe de son autorité (cf.
Gn 41, 42), de sa propriété sur un objet (cf. Dt 32, 34) – c’est
ainsi que l’on marquait les soldats du sceau de leur chef et
aussi les esclaves de celui de leur maître – ; il authentifie un
acte juridique (cf. 1 R 21, 8) ou un document (cf. Jr 32, 10) et
le rend éventuellement secret (cf. Is 29, 11).
1296
Le Christ lui-même se déclare marqué du sceau de son Père (cf.
Jn 6, 27). Le chrétien, lui aussi, est marqué d’un sceau :
" Celui qui nous affermit avec vous dans le Christ et qui nous a
donné l’onction, c’est Dieu, Lui qui nous a marqués de son sceau
et a mis dans nos cœurs les arrhes de l’Esprit " (2 Co 1, 22 ;
cf. Ep 1, 13 ; 4,30). Ce sceau de l’Esprit Saint, marque
l’appartenance totale au Christ, la mise à son service pour
toujours, mais aussi la promesse de la protection divine dans la
grande épreuve eschatologique (cf. Ap 7, 2-3 ; 9, 4 ; Ez 9,
4-6).
La
célébration de la Confirmation
1297
Un moment important qui précède la célébration de la
Confirmation, mais qui, d’une certaine façon, en fait partie,
est la consécration du saint chrême. C’est
l’évêque qui, le Jeudi Saint, au cours de la Messe chrismale,
consacre le saint chrême pour tout son diocèse. Dans les Églises
d’Orient, cette consécration est même réservée au Patriarche :
La liturgie
d’Antioche exprime ainsi l’épiclèse de la consécration du saint
chrême (myron) : " [Père .... envoie ton Esprit Saint] sur nous
et sur cette huile qui est devant nous et consacre-la, afin
qu’elle soit pour tous ceux qui en seront oints et marqués :
myron saint, myron sacerdotal, myron royal, onction
d’allégresse, le vêtement de la lumière, le manteau du salut, le
don spirituel, la sanctification des âmes et des corps, le
bonheur impérissable, le sceau indélébile, le bouclier de la foi
et le casque terrible contre toutes les œuvres de l’Adversaire "
(Pontificale iuxta ritum Ecclesiae Syrorum Occidentalium id
est Antiochiae, Pars I, Versio latina, polyglotte Vaticane
1941 p. 36-37).
1298
Lorsque la Confirmation est célébrée séparément du Baptême,
comme c’est le cas dans le rite romain, la liturgie du sacrement
commence par le renouvellement des promesses du Baptême et par
la profession de foi des confirmands. Ainsi il apparaît
clairement que la Confirmation se situe dans la suite du Baptême
(cf. SC 71). Lorsqu’un adulte est baptisé, il reçoit
immédiatement la Confirmation et participe à l’Eucharistie (cf.
⇒ CIC, can. 866).
1299
Dans le rite romain, l’évêque étend les mains sur l’ensemble des
confirmands, geste qui, depuis le temps des apôtres, est le
signe du don de l’Esprit. Et l’évêque d’invoquer l’effusion de
l’Esprit :
" Dieu très
bon, Père de Jésus, le Christ, notre Seigneur, regarde ces
baptisés sur qui nous imposons les mains : par le Baptême, tu
les as libérés du péché, tu les as fait renaître de l’eau et de
l’Esprit. Comme tu l’as promis, répands maintenant sur eux ton
Esprit Saint ; donne-leur en plénitude l’Esprit qui reposait sur
ton Fils Jésus : esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de
conseil et de force, esprit de connaissance et d’affection
filiale ; remplis-les de l’esprit de la crainte de Dieu. Par le
Christ, notre Seigneur " (Ordo confirmationis, 25,
polyglotte Vaticane 1973, p. 26).
1300
Suit le rite essentiel du sacrement. Dans le rite latin,
" le sacrement de Confirmation est conféré par l’onction du
saint chrême sur le front, faite en imposant la main, et par ces
paroles : ‘Accipe signaculum doni Spiritus Sancti’ (‘Sois marqué
de l’Esprit Saint, le don de Dieu’) " (Paul VI, const. ap.
Divinæ consortium naturæ). Dans les Églises orientales de
rite byzantin, l’onction du myron se fait, après une prière
d’Epiclèse, sur les parties les plus significatives du corps :
le front, les yeux, les narines, les oreilles, les lèvres, la
poitrine, le dos, les mains et les pieds ; chaque onction étant
accompagnée de la formule : " Sfragiz dwreaz Pneumatoz Agiou "
(" Signaculum doni Spiritus Sancti ", " Sceau du don de
l’Esprit-Saint " [Rituale per le Chiese orientali di rito
bizantino in lingua greca, Pars 1, Vatican 1954 p. 36]).
1301
Le baiser de paix qui achève le rite du sacrement signifie et
manifeste la communion ecclésiale avec l’évêque et avec tous les
fidèles (cf. S. Hippolyte, trad. ap. 21).
III. Les
effets de la Confirmation
1302
Il ressort de la célébration que l’effet du sacrement de
Confirmation est l’effusion spéciale de l’Esprit Saint, comme
elle fut accordée jadis aux Apôtres au jour de la Pentecôte.
1303
De ce fait, la Confirmation apporte croissance et
approfondissement de la grâce baptismale :
– elle nous
enracine plus profondément dans la filiation divine qui nous
fait dire " Abba, Père " (Rm 8, 15) ;
– elle nous
unit plus fermement au Christ ;
– elle
augmente en nous les dons de l’Esprit Saint ;
– elle rend
notre lien avec l’Église plus parfait (cf. LG 11) ;
– elle nous
accorde une force spéciale de l’Esprit Saint pour répandre et
défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins
du Christ, pour confesser vaillamment le nom du Christ et pour
ne jamais éprouver de la honte à l’égard de la croix (cf. DS
1319 ; LG 11 ; 12) :
Rappelle
donc que tu as reçu le signe spirituel, l’Esprit de sagesse et
d’intelligence, l’Esprit de conseil et de force, l’Esprit de
connaissance et de piété, l’Esprit de la sainte crainte, et
garde ce que tu as reçu. Dieu le Père t’a marqué de son signe,
le Christ Seigneur t’a confirmé et il a mis en ton cœur le gage
de l’Esprit (S. Ambroise, myst. 7, 42 : PL 16, 402-403).
1304
Comme le Baptême dont elle est l’achèvement, la Confirmation est
donnée une seule fois. La Confirmation imprime en effet dans
l’âme une marque spirituelle indélébile, le " caractère "
(cf. DS 1609), qui est le signe de ce que Jésus-Christ a marqué
un chrétien du sceau de son Esprit en le revêtant de la force
d’en haut pour qu’il soit son témoin (cf. Lc 24, 48-49).
1305
Le " caractère " perfectionne le sacerdoce commun des fidèles,
reçu dans le Baptême, et " le confirmé reçoit la puissance de
confesser la foi du Christ publiquement, et comme en vertu d’une
charge (quasi ex officio) " (S. Thomas d’A., s. th. 3,
72, 5, ad 2).
IV. Qui peut
recevoir ce sacrement ?
1306
Tout baptisé non encore confirmé peut et doit recevoir le
sacrement de la Confirmation (cf.
⇒ CIC, can. 889, § 1). Puisque Baptême, Confirmation
et Eucharistie forment une unité, il s’en suit que " les fidèles
sont tenus par l’obligation de recevoir ce sacrement en temps
opportun " (⇒
CIC, can. 890), car sans la Confirmation et l’Eucharistie, le
sacrement du Baptême est, certes, valide et efficace, mais
l’initiation chrétienne reste inachevée.
1307
La coutume latine, depuis des siècles, indique " l’âge de la
discrétion " comme point de référence pour recevoir la
Confirmation. En danger de mort, on doit cependant confirmer les
enfants même s’ils n’ont pas encore atteint l’âge de la
discrétion (cf.
⇒ CIC, can. 891;
⇒ 883, 3).
1308
Si l’on parle parfois de la Confirmation comme du " sacrement de
la maturité chrétienne ", il ne faudrait pas pour autant
confondre l’âge adulte de la foi avec l’âge adulte de la
croissance naturelle, ni oublier que la grâce baptismale est une
grâce d’élection gratuite et imméritée qui n’a pas besoin d’une
" ratification " pour devenir effective. S. Thomas le rappelle :
L’âge du
corps ne constitue pas un préjudice pour l’âme. Ainsi, même dans
l’enfance, l’homme peut recevoir la perfection de l’âge
spirituel dont parle la Sagesse (4, 8) : ‘La vieillesse
honorable n’est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se
mesure pas au nombre des années’. C’est ainsi que de nombreux
enfants, grâce à la force du Saint-Esprit qu’ils avaient reçue,
ont lutté courageusement et jusqu’au sang pour le Christ (Thomas
d’A., s. th. 3, 72, 8, ad 2).
1309
La préparation à la Confirmation doit viser à conduire le
chrétien vers une union plus intime au Christ, vers une
familiarité plus vive avec l’Esprit Saint, son action, ses dons
et ses appels, afin de pouvoir mieux assumer les responsabilités
apostoliques de la vie chrétienne. Par là, la catéchèse de la
confirmation s’efforcera d’éveiller le sens de l’appartenance à
l’Église de Jésus-Christ, tant à l’Église universelle qu’à la
communauté paroissiale. Cette dernière porte une responsabilité
particulière dans la préparation des confirmands (cf. OCf
prænotanda 3).
1310
Pour recevoir la Confirmation il faut être en état de grâce. Il
convient de recourir au sacrement de Pénitence pour être purifié
en vue du don du Saint-Esprit. Une prière plus intense doit
préparer à recevoir avec docilité et disponibilité la force et
les grâces du Saint-Esprit (cf. Ac 1, 14).
1311
Pour la Confirmation, comme pour le Baptême, il convient que les
candidats cherchent l’aide spirituelle d’un parrain ou
d’une marraine. Il convient qu’il soit le même que pour
le Baptême pour bien marquer l’unité des deux sacrements (cf.
OCf prænotanda 5 ; 6 ;
⇒ CIC, can. 893, § 1. 2).
V. Le
ministre de la Confirmation
1312
Le ministre originaire de la Confirmation est l’évêque
(LG 26).
En Orient,
c’est ordinairement le prêtre qui baptise qui donne aussi
immédiatement la Confirmation dans une seule et même
célébration. Il le fait cependant avec le saint chrême consacré
par le patriarche ou l’évêque, ce qui exprime l’unité
apostolique de l’Église dont les liens sont renforcés par le
sacrement de Confirmation. Dans l’Église latine on applique la
même discipline dans les baptêmes d’adultes ou lorsqu’est admis
à la pleine communion avec l’Église un baptisé d’une autre
communauté chrétienne qui n’a pas validement le sacrement de
confirmation (cf.
⇒ CIC, can. 883, § 2).
1313 Dans
le rite latin, le ministre ordinaire de la Confirmation est
l’évêque (cf.
⇒ CIC, can. 882). Même si l’évêque peut, en cas de
nécessité, concéder la faculté à des prêtres d’administrer la
Confirmation (⇒
CIC, can. 884, § 2), il convient qu’il la confère lui-même,
n’oubliant pas que c’est pour cette raison que la célébration de
la Confirmation a été temporellement séparée du Baptême. Les
évêques sont les successeurs des apôtres, ils ont reçu la
plénitude du sacrement de l’ordre. L’administration de ce
sacrement par eux marque bien qu’il a pour effet d’unir ceux qui
le reçoivent plus étroitement à l’Église, à ses origines
apostoliques et à sa mission de témoigner du Christ.
1314
Si un chrétien est en danger de mort, tout prêtre peut lui
donner la Confirmation (cf.
⇒ CIC, can. 883, § 3). En effet, l’Église veut
qu’aucun de ses enfants, même tout petit, ne sorte de ce monde
sans avoir été parfait par l’Esprit Saint avec le don de la
plénitude du Christ.
EN BREF
1315
" Apprenant que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu,
les Apôtres qui étaient à Jérusalem y envoyèrent Pierre et Jean.
Ceux-ci descendirent donc chez les Samaritains et prièrent pour
eux, afin que l’Esprit Saint leur fût donné. Car il n’était
encore tombé sur aucun d’eux ; ils avaient seulement été
baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean se
mirent à leur imposer les mains et ils recevaient l’Esprit
Saint " (Ac 8, 14-17).
1316
La Confirmation parfait la grâce baptismale ; elle est le
sacrement qui donne l’Esprit Saint pour nous enraciner plus
profondément dans la filiation divine, nous incorporer plus
fermement au Christ, rendre plus solide notre lien avec
l’Église, nous associer davantage à sa mission et nous aider à
rendre témoignage de la foi chrétienne par la parole accompagnée
des œuvres.
1317
La Confirmation, comme le Baptême, imprime dans l’âme du
chrétien un signe spirituel ou caractère indélébile ; c’est
pourquoi on ne peut recevoir ce sacrement qu’une seule fois dans
la vie .
1318
En Orient, ce sacrement est administré immédiatement après le
Baptême ; il est suivi de la participation à l’Eucharistie,
tradition qui met en relief l’unité des trois sacrements de
l’initiation chrétienne. Dans l’Église latine on administre ce
sacrement lorsque l’âge de raison est atteint, et on en réserve
ordinairement la célébration à l’évêque, signifiant ainsi que ce
sacrement affermit le lien ecclésial.
1319
Un candidat pour la Confirmation qui a atteint l’âge de raison
doit professer la foi, être en état de grâce, avoir l’intention
de recevoir le sacrement et être préparé à assumer son rôle de
disciple et de témoin du Christ, dans la communauté ecclésiale
et dans les affaires temporelles.
1320
Le rite essentiel de la Confirmation est l’onction avec le saint
chrême sur le front du baptisé (en Orient également sur d’autres
organes des sens), avec l’imposition de la main du ministre et
les paroles : " Accipe signaculum doni Spiritus Sancti "
(" Reçois la marque du don de l’Esprit Saint "), dans le rite
romain, " Signaculum doni Spiritus Sancti " (" Sceau du don de
l’Esprit Saint "), dans le rite byzantin.
1321
Lorsque la Confirmation est célébrée séparément du Baptême, son
lien avec le Baptême est exprimé entre autres par le
renouvellement des engagements baptismaux. La célébration de la
Confirmation au cours de l’Eucharistie contribue à souligner
l’unité des sacrements de l’initiation chrétienne.
Article 3
LE SACREMENT
DE L’EUCHARISTIE
1322
La Sainte Eucharistie achève l’initiation chrétienne. Ceux qui
ont été élevés à la dignité du sacerdoce royal par le baptême et
configurés plus profondément au Christ par la confirmation,
ceux-là, par le moyen de l’Eucharistie, participent avec toute
la communauté au sacrifice même du Seigneur.
1323
" Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il était livré,
institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang
pour perpétuer le sacrifice de la croix au long des siècles,
jusqu’à ce qu’il vienne, et pour confier à l’Église, son Épouse
bien-aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection :
sacrement de l’amour, signe de l’unité, lien de la charité,
banquet pascal dans lequel le Christ est reçu en nourriture,
l’âme est comblée de grâce et le gage de la gloire future nous
est donné " (SC 47).
I.
L’Eucharistie – source et sommet de la vie ecclésiale
1324
L’Eucharistie est " source et sommet de toute la vie
chrétienne " (LG 11). " Les autres sacrements ainsi que tous les
ministères ecclésiaux et les tâches apostoliques sont tous liés
à l’Eucharistie et ordonnés à elle. Car la sainte Eucharistie
contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le
Christ lui-même, notre Pâque " (PO 5).
1325
" La communion de vie avec Dieu et l’unité du peuple de Dieu,
par lesquelles l’Église est elle-même, l’Eucharistie les
signifie et les réalise. En elle se trouve le sommet à la fois
de l’action par laquelle, dans le Christ, Dieu sanctifie le
monde, et du culte qu’en l’Esprit Saint les hommes rendent au
Christ et, par lui, au Père " (CdR, instr. " Eucharisticum
mysterium " 6).
1326
Enfin, par la célébration eucharistique nous nous unissons déjà
à la liturgie du ciel et nous anticipons la vie éternelle quand
Dieu sera tout en tous (cf. 1 Co 15, 28).
1327
Bref, l’Eucharistie est le résumé et la somme de notre foi :
" Notre manière de penser s’accorde avec l’Eucharistie, et
l’Eucharistie en retour confirme notre manière de penser " (S.
Irénée, hær. 4, 18, 5).
II. Comment
est appelé ce sacrement ?
1328
La richesse inépuisable de ce sacrement s’exprime dans les
différents noms qu’on lui donne. Chacun de ces noms en évoque
certains aspects. On l’appelle :
Eucharistie
parce qu’il est action de grâces à Dieu. Les mots
eucharistein (Lc 22, 19 ; 1 Co 11, 24) et eulogein
(Mt 26, 26 ; Mc 14, 22) rappellent les bénédictions juives qui
proclament – surtout pendant le repas – les œuvres de Dieu : la
création, la rédemption et la sanctification.
1329
Repas du Seigneur (cf. 1 Co 11, 20) parce qu’il s’agit de la
Cène que le Seigneur a pris avec ses disciples la veille de
sa passion et de l’anticipation du repas des noces de
l’Agneau (cf. Ap 19, 9) dans la Jérusalem céleste.
Fraction du
Pain
parce que ce rite, propre au repas juif, a été utilisé par Jésus
lorsqu’il bénissait et distribuait le pain en maître de table
(cf. Mt 14, 19 ; 15, 36 ; Mc 8, 6. 19), surtout lors de la
dernière Cène (cf. Mt 26, 26 ; 1 Co 11, 24). C’est à ce geste
que les disciples le reconnaîtront après sa résurrection (cf. Lc
24, 13-35), et c’est de cette expression que les premiers
chrétiens désigneront leurs assemblées eucharistiques (cf. Ac 2,
42. 46 ; 20, 7. 11). Ils signifient par là que tous ceux qui
mangent à l’unique pain rompu, le Christ, entrent en communion
avec Lui et ne forment plus qu’un seul corps en Lui (cf. 1 Co
10, 16-17).
Assemblée
eucharistique
(synaxis) parce que l’Eucharistie est célébrée en
l’assemblée des fidèles, expression visible de l’Église (cf. 1
Co 11, 17-34).
1330
Mémorial de la passion et de la résurrection du Seigneur.
Saint
Sacrifice,
parce qu’il actualise l’unique sacrifice du Christ Sauveur et
qu’il inclut l’offrande de l’Église ; ou encore saint
sacrifice de la messe, " sacrifice de louange " (He
13, 15 ; cf. Ps 116, 13. 17), sacrifice spirituel (cf. 1
P 2, 5), sacrifice pur (cf. Ml 1, 11) et saint,
puisqu’il achève et dépasse tous les sacrifices de l’Ancienne
Alliance.
Sainte et
divine Liturgie,
parce que
toute la liturgie de l’Église trouve son centre et son
expression la plus dense dans la célébration de ce sacrement ;
c’est dans le même sens qu’on l’appelle aussi célébration des
Saints Mystères. On parle aussi du Très Saint Sacrement
parce qu’il est le sacrement des sacrements. On désigne de ce
nom les espèces eucharistiques gardées dans le tabernacle.
1331
Communion, parce que c’est par ce sacrement que nous nous
unissons au Christ qui nous rend participants de son Corps et de
son Sang pour former un seul corps (cf. 1 Co 10, 16-17) ; on
l’appelle encore les choses saintes : ta hagia ; sancta (Const.
Ap. 8, 13, 12 ; Didaché 9, 5 ; 10, 6) – c’est le sens premier de
la " communion des saints " dont parle le Symbole des Apôtres -,
pain des anges, pain du ciel, médicament d’immortalité
(S. Ignace d’Antioche, Eph. 20, 2), viatique...
1332
Sainte Messe parce que la liturgie dans laquelle s’est
accompli le mystère du salut, se termine par l’envoi des fidèles
(" missio ") afin qu’ils accomplissent la volonté de Dieu dans
leur vie quotidienne.
III.
L’eucharistie dans l’économie du salut
Les signes
du pain et du vin
1333
Au cœur de la célébration de l’Eucharistie il y a le pain et le
vin qui, par les paroles du Christ et par l’invocation de
l’Esprit Saint, deviennent le Corps et le Sang du Christ. Fidèle
à l’ordre du Seigneur l’Église continue de faire, en mémoire de
Lui, jusqu’à son retour glorieux, ce qu’il a fait la veille de
sa passion : " Il prit du pain... ", " Il prit la coupe remplie
de vin... ". En devenant mystérieusement le Corps et le Sang du
Christ, les signes du pain et du vin continuent à signifier
aussi la bonté de la création. Ainsi, dans l’Offertoire, nous
rendons grâce au Créateur pour le pain et le vin (cf. Ps 104,
13-15), fruit " du travail de l’homme ", mais d’abord " fruit de
la terre " et " de la vigne ", dons du Créateur. L’Église voit
dans le geste de Melchisédech, roi et prêtre, qui " apporta du
pain et du vin " (Gn 14, 18) une préfiguration de sa propre
offrande (cf. MR, Canon Romain 95 : " Supra quæ ").
1334
Dans l’Ancienne Alliance, le pain et le vin sont offerts en
sacrifice parmi les prémices de la terre, en signe de
reconnaissance au Créateur. Mais ils reçoivent aussi une
nouvelle signification dans le contexte de l’Exode : Les pains
azymes qu’Israël mange chaque année à la Pâque, commémorent la
hâte du départ libérateur d’Égypte ; le souvenir de la manne du
désert rappellera toujours à Israël qu’il vit du pain de la
Parole de Dieu (cf. Dt 8, 3). Enfin, le pain de tous les jours
est le fruit de la Terre promise, gage de la fidélité de Dieu à
ses promesses. La " coupe de bénédiction " (1 Co 10, 16), à la
fin du repas pascal des juifs, ajoute à la joie festive du vin
une dimension eschatologique, celle de l’attente messianique du
rétablissement de Jérusalem. Jésus a institué son Eucharistie en
donnant un sens nouveau et définitif à la bénédiction du pain et
de la coupe.
1335
Les miracles de la multiplication des pains, lorsque le Seigneur
dit la bénédiction, rompit et distribua les pains par ses
disciples pour nourrir la multitude, préfigurent la surabondance
de cet unique pain de son Eucharistie (cf. Mt 14, 13-21 ; 15,
32-39). Le signe de l’eau changé en vin à Cana (cf. Jn 2, 11)
annonce déjà l’Heure de la glorification de Jésus. Il manifeste
l’accomplissement du repas des noces dans le Royaume du Père, où
les fidèles boiront le vin nouveau (cf. Mc 14, 25) devenu le
Sang du Christ.
1336
La première annonce de l’Eucharistie a divisé les disciples,
tout comme l’annonce de la Passion les a scandalisés : " Ce
langage-là est trop fort ! Qui peut l’écouter ? " (Jn 6, 60).
L’Eucharistie et la croix sont des pierres d’achoppement. C’est
le même mystère, et il ne cesse d’être occasion de division.
" Voulez-vous partir, vous aussi ? " (Jn 6, 67) : Cette question
du Seigneur retentit à travers les âges, invitation de son amour
à découvrir que c’est Lui seul qui a " les paroles de la vie
éternelle " (Jn 6, 68) et qu’accueillir dans la foi le don de
son Eucharistie, c’est l’accueillir Lui-même.
L’institution de l’Eucharistie
1337
Le Seigneur, ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin.
Sachant que l’heure était venue de partir de ce monde pour
retourner à son Père, au cours d’un repas, il leur lava les
pieds et leur donna le commandement de l’amour (cf. Jn 13,
1-17). Pour leur laisser un gage de cet amour, pour ne jamais
s’éloigner des siens et pour les rendre participants de sa
Pâque, il institua l’Eucharistie comme mémorial de sa mort et de
sa résurrection, et il ordonna à ses apôtres de le célébrer
jusqu’à son retour, " les établissant alors prêtres du Nouveau
Testament " (Cc. Trente : DS 1740).
1338
Les trois évangiles synoptiques et S. Paul nous ont transmis le
récit de l’institution de l’Eucharistie ; de son côté, S. Jean
rapporte les paroles de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm,
paroles qui préparent l’institution de l’Eucharistie : Le Christ
se désigne comme le pain de vie, descendu du ciel (cf. Jn 6).
1339
Jésus a choisi le temps de la Pâque pour accomplir ce qu’il
avait annoncé à Capharnaüm : donner à ses disciples son Corps et
son Sang :
Vint le jour
des Azymes, où l’on devait immoler la pâque. [Jésus] envoya
alors Pierre et Jean : ‘Allez dit-il, nous préparer la Pâque,
que nous la mangions’... Ils s’en allèrent donc ... et
préparèrent la Pâque. L’heure venue, il se mit à table avec ses
apôtres et leur dit : ‘J’ai désiré avec ardeur manger cette
pâque avec vous avant de souffrir ; car je vous le dis, je ne la
mangerai jamais plus jusqu’à ce qu’elle s’accomplisse dans le
Royaume de Dieu’ ... Puis, prenant du pain et rendant grâces, il
le rompit et le leur donna, en disant : ‘Ceci est mon Corps, qui
va être donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi’. Il fit
de même pour la coupe après le repas, disant : ‘’Cette coupe est
la nouvelle Alliance en mon Sang, qui va être versé pour vous’
(Lc 22, 7-20 ; cf. Mt 26, 17-29 ; Mc 14, 12-25 ; 1 Co 11,
23-26).
1340
En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas
pascal, Jésus a donné son sens définitif à la pâque juive. En
effet, le passage de Jésus à son Père par sa mort et sa
résurrection, la Pâque nouvelle, est anticipée dans la Cène et
célébrée dans l’Eucharistie qui accomplit la pâque juive et
anticipe la pâque finale de l’Église dans la gloire du Royaume.
" Faites
ceci en mémoire de moi "
1341
Le commandement de Jésus de répéter ses gestes et ses paroles
" jusqu’à ce qu’il vienne ", ne demande pas seulement de se
souvenir de Jésus et de ce qu’il a fait. Il vise la célébration
liturgique, par les apôtres et leurs successeurs, du mémorial
du Christ,de sa vie, de sa mort, de sa résurrection et de
son intercession auprès du Père.
1342
Dès le commencement l’Église a été fidèle à l’ordre du Seigneur.
De l’Église de Jérusalem il est dit :
Ils se
montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la
communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières...
Jour après jour, d’un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le
Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur
nourriture avec joie et simplicité de cœur (Ac 2, 42. 46).
1343 C’était
surtout " le premier jour de la semaine ", c’est-à-dire le jour
du dimanche, le jour de la résurrection de Jésus, que les
chrétiens se réunissaient " pour rompre le pain " (Ac 20, 7).
Depuis ces temps-là jusqu’à nos jours la célébration de
l’Eucharistie s’est perpétuée, de sorte qu’aujourd’hui nous la
rencontrons partout dans l’Église, avec la même structure
fondamentale. Elle demeure le centre de la vie de l’Église.
1344
Ainsi, de célébration en célébration, annonçant le mystère
pascal de Jésus " jusqu’à ce qu’Il vienne " (1 Co 11, 26), le
peuple de Dieu en pèlerinage " s’avance par la porte étroite de
la Croix " (AG 1) vers le banquet céleste, quand tous les élus
s’assiéront à la table du Royaume.
IV. La
célébration liturgique de l’eucharistie
La messe de
tous les siècles
1345
Dès le deuxième siècle, nous avons le témoignage de S. Justin le
Martyr sur les grandes lignes du déroulement de la célébration
eucharistique. Elles sont restées les mêmes jusqu’à nos jours
pour toutes les grandes familles liturgiques. Voici ce qu’il
écrit, vers 155, pour expliquer à l’empereur païen Antonin le
Pieux (138-161) ce que font les chrétiens :
[Le jour
qu’on appelle jour du soleil, a lieu le rassemblement en un même
endroit de tous ceux qui habitent la ville ou la campagne.
On lit les
mémoires des Apôtres et les écrits des Prophètes, autant que le
temps le permet.
Quand le
lecteur a fini, celui qui préside prend la parole pour inciter
et exhorter à l’imitation de ces belles choses.
Ensuite,
nous nous levons tous ensemble et nous faisons des prières] pour
nous-mêmes ... et pour tous les autres, où qu’ils soient, afin
que nous soyons trouvés justes par notre vie et nos actions et
fidèles aux commandements, pour obtenir ainsi le salut éternel.
Quand les
prières sont terminées, nous nous donnons un baiser les uns aux
autres.
Ensuite, on
apporte à celui qui préside les frères du pain et une coupe
d’eau et de vin mélangés.
Il les prend
et fait monter louange et gloire vers le Père de l’univers, par
le nom du Fils et du Saint-Esprit et il rend grâce (en grec :
eucharistian) longuement de ce que nous avons été jugés
dignes de ces dons.
Quand il a
terminé les prières et les actions de grâce, tout le peuple
présent pousse une acclamation en disant : Amen.
Lorsque
celui qui préside a fait l’action de grâce et que le peuple a
répondu, ceux que chez nous on appelle diacres distribuent à
tous ceux qui sont présents du pain, du vin et de l’eau " eucharistiés "
et ils en apportent aux absents (S. Justin, apol. 1, 65 [le
texte entre crochets est du chapitre 67]).
1346
La liturgie de l’Eucharistie se déroule selon une structure
fondamentale qui s’est conservée à travers les siècles jusqu’à
nous. Elle se déploie en deux grands moments qui forment une
unité foncière :
– le
rassemblement, la liturgie de la Parole, avec les
lectures, l’homélie et la prière universelle ;
– la
liturgie eucharistique, avec la présentation du pain et du
vin, l’action de grâce consécratoire et la communion.
Liturgie de
la Parole et liturgie eucharistique constituent ensemble " un
seul et même acte du culte " (SC 56) ; en effet, la table
dressée pour nous dans l’Eucharistie est à la fois celle de la
Parole de Dieu et celle du Corps du Seigneur (cf. DV 21).
1347
N’est-ce pas là le mouvement même du repas pascal de Jésus
ressuscité avec ses disciples : chemin faisant, il leur
expliquait les Écritures, puis, se mettant à table avec eux,
" il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur
donna " (cf. Lc 24, 13-35) ?
Le mouvement
de la célébration
1348 Tous
se rassemblent. Les chrétiens accourent dans un même lieu
pour l’assemblée eucharistique. A sa tête le Christ lui-même qui
est l’acteur principal de l’Eucharistie. Il est le grand prêtre
de la Nouvelle Alliance. C’est Lui-même qui préside
invisiblement toute célébration eucharistique. C’est en Le
représentant que l’évêque ou le prêtre (agissant " in persona
Christi capitis ") préside l’assemblée, prend la parole après
les lectures, reçoit les offrandes et dit la prière
eucharistique. Tous ont leur part active dans la
célébration, chacun à sa manière : les lecteurs, ceux qui
apportent les offrandes, ceux qui donnent la communion, et le
peuple tout entier dont l’Amen manifeste la participation.
1349
La liturgie de la Parole comporte " les écrits des
prophètes ", c’est-à-dire l’Ancien Testament, et " les mémoires
des apôtres ", c’est-à-dire leurs épîtres et les Évangiles ;
après l’homélie qui exhorte à accueillir cette Parole comme ce
qu’elle est vraiment, Parole de Dieu (cf. 1 Th 2, 13), et à la
mettre en pratique, viennent les intercessions pour tous les
hommes, selon la parole de l’Apôtre : " Je recommande donc,
avant tout, qu’on fasse des demandes, des prières, des
supplications, des actions de grâces pour tous les hommes, pour
les rois et tous les dépositaires de l’autorité " (1 Tm 2, 1-2).
1350
La présentation des oblats (l’offertoire) :on
apporte alors, parfois en procession, le pain et le vin à
l’autel qui seront offerts par le prêtre au nom du Christ dans
le sacrifice eucharistique où ils deviendront le corps et le
sang de Celui-ci. C’est le geste même du Christ à la Dernière
Cène, " prenant du pain et une coupe ". " Cette oblation,
l’Église seule l’offre, pure, au Créateur, en lui offrant avec
action de grâce ce qui provient de sa création " (S. Irénée, hær.
4, 18, 4 ; cf. Ml 1, 11). La présentation des oblats à l’autel
assume le geste de Melchisédech et confie les dons du créateur
entre les mains du Christ. C’est Lui qui, dans Son sacrifice,
mène à la perfection toutes les tentatives humaines d’offrir des
sacrifices.
1351
Dès le début, les chrétiens apportent, avec le pain et le vin
pour l’Eucharistie, leurs dons pour le partage avec ceux qui
sont dans le besoin. Cette coutume de la collecte (cf. 1
Co 16, 1), toujours actuelle, s’inspire de l’exemple du Christ
qui s’est fait pauvre pour nous enrichir (cf. 2 Co 8, 9) :
Ceux qui
sont riches et qui veulent, donnent, chacun selon ce qu’il s’est
lui-même imposé ; ce qui est recueilli est remis à celui qui
préside et lui, il assiste les orphelins et les veuves, ceux que
la maladie ou toute autre cause prive de ressources, les
prisonniers, les immigrés et, en un mot, il secourt tous ceux
qui sont dans le besoin (S. Justin, apol. 1, 67, 6).
1352
L’anaphore : Avec la prière eucharistique, prière
d’action de grâce et de consécration, nous arrivons au cœur et
au sommet de la célébration :
Dans la
préface l’Église rend grâce au Père, par le Christ, dans
l’Esprit Saint, pour toutes ses œuvres, pour la création, la
rédemption et la sanctification. Toute la communauté rejoint
alors cette louange incessante que l’Église céleste, les anges
et tous les saints, chantent au Dieu trois fois Saint.
1353
Dans l’épiclèse elle demande au Père d’envoyer son Esprit
Saint (ou la puissance de sa bénédiction : cf. MR, Canon Romain
90) sur le pain et le vin, afin qu’ils deviennent, par sa
puissance, le Corps et le Sang de Jésus-Christ, et que ceux qui
prennent part à l’Eucharistie soient un seul corps et un seul
esprit (certaines traditions liturgiques placent l’épiclèse
après l’anamnèse).
Dans le
récit de l’institution la force des paroles et de l’action
du Christ, et la puissance de l’Esprit Saint, rendent
sacramentellement présents sous les espèces du pain et du vin
son Corps et son Sang, son sacrifice offert sur la croix une
fois pour toutes.
1354
Dans l’anamnèse qui suit, l’Église fait mémoire de la
passion, de la résurrection et du retour glorieux du Christ
Jésus ; elle présente au Père l’offrande de son Fils qui nous
réconcilie avec Lui.
Dans les
intercessions, l’Église exprime que l’Eucharistie est
célébrée en communion avec toute l’Église du ciel et de la
terre, des vivants et des défunts, et dans la communion avec les
pasteurs de l’Église, le Pape, l’évêque du diocèse, son
presbyterium et ses diacres, et tous les évêques du monde entier
avec leurs églises.
1355
Dans la communion, précédée de la prière du Seigneur et
de la fraction du pain, les fidèles reçoivent " le pain du
ciel " et " la coupe du salut ", le Corps et le Sang du Christ
qui s’est livré " pour la vie du monde " (Jn 6, 51) :
Parce que ce
pain et ce vin ont été, selon l’expression ancienne,
" eucharistiés ", " nous appelons cette nourriture
Eucharistie et personne ne peut y prendre part s’il ne croit
pas à la vérité de ce qu’on enseigne chez nous, s’il n’a reçu le
bain pour la rémission des péchés et la nouvelle naissance et
s’il ne vit selon les préceptes du Christ " (S. Justin, apol. 1,
66, 1-2).
V. Le sacrifice sacramentel : action de grâce, mémorial,
présence
1356 Si les chrétiens célèbrent l’Eucharistie depuis les
origines, et sous une forme qui, dans sa substance, n’a pas
changé à travers la grande diversité des âges et des liturgies,
c’est parce que nous nous savons liés par l’ordre du Seigneur,
donné la veille de sa passion : " faites ceci en mémoire de
moi " (1 Co 11, 24-25).
1357 Cet ordre du Seigneur, nous l’accomplissons en
célébrant le mémorial de son sacrifice. Ce faisant,
nous offrons au Père ce qu’il nous a Lui-même donné :
les dons de sa création, le pain et le vin, devenus, par la
puissance de l’Esprit Saint et par les paroles du Christ, le
Corps et le Sang du Christ : le Christ est ainsi rendu
réellement et mystérieusement présent.
1358 Il nous faut donc considérer l’Eucharistie
– comme action de grâce et louange au Père,
– comme mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps,
– comme présence du Christ par la puissance de sa Parole et de
son Esprit.
L’action de grâce et la louange au Père
1359 L’Eucharistie, sacrement de notre salut accompli par
le Christ sur la croix, est aussi un sacrifice de louange en
action de grâce pour l’œuvre de la création. Dans le sacrifice
eucharistique, toute la création aimée par Dieu est présentée au
Père à travers la mort et la résurrection du Christ. Par le
Christ, l’Église peut offrir le sacrifice de louange en action
de grâce pour tout ce que Dieu a fait de bon, de beau et de
juste dans la création et dans l’humanité.
1360 L’Eucharistie est un sacrifice d’action de grâce au
Père, une bénédiction par laquelle l’Église exprime sa
reconnaissance à Dieu pour tous ses bienfaits, pour tout ce
qu’il a accompli par la création, la rédemption et la
sanctification. Eucharistie signifie d’abord : action de grâce.
1361 L’Eucharistie est aussi le sacrifice de louange, par
lequel l’Église chante la gloire de Dieu au nom de toute la
création. Ce sacrifice de louange n’est possible qu’à travers le
Christ : Il unit les fidèles à sa personne, à sa louange et à
son intercession, en sorte que le sacrifice de louange au Père
est offert par le Christ et avec lui pour être
accepté en lui.
Le mémorial sacrificiel du Christ et de son Corps, l’Église
1362 L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ,
l’actualisation et l’offrande sacramentelle de son unique
sacrifice, dans la liturgie de l’Église qui est son Corps. Dans
toutes les prières eucharistiques nous trouvons, après les
paroles de l’institution, une prière appelée anamnèse ou
mémorial.
1363 Dans le sens de l’Écriture Sainte le mémorial
n’est pas seulement le souvenir des événements du passé, mais la
proclamation des merveilles que Dieu a accomplies pour les
hommes (cf. Ex 13, 3). Dans la célébration liturgique de ces
événements, ils deviennent d’une certaine façon présents et
actuels. C’est de cette manière qu’Israël comprend sa libération
d’Égypte : chaque fois qu’est célébrée la pâque, les événements
de l’Exode sont rendus présents à la mémoire des croyants afin
qu’ils y conforment leur vie.
1364 Le mémorial reçoit un sens nouveau dans le Nouveau
Testament. Quand l’Église célèbre l’Eucharistie, elle fait
mémoire de la Pâque du Christ, et celle-ci devient présente : le
sacrifice que le Christ a offert une fois pour toutes sur la
Croix demeure toujours actuel (cf. He 7, 25-27) : " Toutes les
fois que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre
pâque a été immolé se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre
rédemption s’opère " (LG 3).
1365 Parce qu’elle est mémorial de la Pâque du Christ,
l’Eucharistie est aussi un sacrifice. Le caractère
sacrificiel de l’Eucharistie est manifesté dans les paroles
mêmes de l’institution : " Ceci est mon Corps qui va être donné
pour vous " et " Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon
Sang, qui va être versé pour vous " (Lc 22, 19-20). Dans
l’Eucharistie le Christ donne ce corps même qu’il a livré pour
nous sur la croix, le sang même qu’il a " répandu pour une
multitude en rémission des péchés " (Mt 26, 28).
1366 L’Eucharistie est donc un sacrifice parce qu’elle
représente (rend présent) le sacrifice de la croix, parce
qu’elle en est le mémorial et parce qu’elle en
applique le fruit :
[Le Christ] notre Dieu et Seigneur, s’offrit lui-même à Dieu le
Père une fois pour toutes, mourant en intercesseur sur l’autel
de la Croix, afin de réaliser pour eux (les hommes) une
rédemption éternelle. Cependant, comme sa mort ne devait pas
mettre fin à son sacerdoce (He 7, 24. 27), à la dernière Cène,
" la nuit où il fut livré " (1 Co 11, 13), il voulait laisser à
l’Église, son épouse bien-aimée, un sacrifice visible (comme le
réclame la nature humaine), où serait représenté le sacrifice
sanglant qui allait s’accomplir une unique fois sur la croix,
dont la mémoire se perpétuerait jusqu’à la fin des siècles (1 Co
11, 23) et dont la vertu salutaire s’appliquerait à la
rédemption des péchés que nous commettons chaque jour (Cc.
Trente : DS 1740).
1367 Le sacrifice du Christ et le sacrifice de
l’Eucharistie sont un unique sacrifice : " C’est une
seule et même victime, c’est le même qui offre maintenant par le
ministère des prêtres, qui s’est offert lui-même alors sur la
Croix. Seule la manière d’offrir diffère " (Cc. Trente, sess.
22a, Doctrina de ss. Missae sacrificio, c. 2 : DS 1743).
" Et puisque dans ce divin sacrifice qui s’accomplit à la messe,
ce même Christ, qui s’est offert lui-même une fois de manière
sanglante sur l’autel de la Croix, est contenu et immolé de
manière non sanglante, ce sacrifice est vraiment propitiatoire "
(ibid.).
1368 L’Eucharistie est également le sacrifice de
l’Église. L’Église, qui est le Corps du Christ, participe à
l’offrande de son Chef. Avec Lui, elle est offerte elle-même
tout entière. Elle s’unit à son intercession auprès du Père pour
tous les hommes. Dans l’Eucharistie, le sacrifice du Christ
devient aussi le sacrifice des membres de son Corps. La vie des
fidèles, leur louange, leur souffrance, leur prière, leur
travail, sont unis à ceux du Christ et à sa totale offrande, et
acquièrent ainsi une valeur nouvelle. Le sacrifice du Christ
présent sur l’autel donne à toutes les générations de chrétiens
la possibilité d’être unis à son offrande.
Dans les catacombes, l’Église est souvent représentée comme une
femme en prière, les bras largement ouverts en attitude
d’orante. Comme le Christ qui a étendu les bras sur la croix,
par lui, avec lui et en lui, elle s’offre et intercède pour tous
les hommes.
1369 Toute l’Église est unie à l’offrande et à l’intercession
du Christ. Chargé du ministère de Pierre dans l’Église, le
Pape est associé à toute célébration de l’Eucharistie où il
est nommé comme signe et serviteur de l’unité de l’Église
Universelle. L’évêque du lieu est toujours responsable de
l’eucharistie, même lorsqu’elle est présidée par un prêtre ;
son nom y est prononcé pour signifier sa présidence de l’Église
particulière, au milieu du presbyterium et avec l’assistance des
diacres. La communauté intercède aussi pour tous les
ministres qui, pour elle et avec elle, offrent le sacrifice
eucharistique :
Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se
fait sous la présidence de l’évêque ou de celui qu’il en a
chargé (S. Ignace d’Antioche, Smyrn. 8, 1).
C’est par le ministère des prêtres que se consomme le sacrifice
spirituel des chrétiens, en union avec le sacrifice du Christ,
unique Médiateur, offert au nom de toute l’Église dans
l’Eucharistie par les mains des prêtres, de manière non
sanglante et sacramentelle, jusqu’à ce que vienne le Seigneur
lui-même (PO 2).
1370 A l’offrande du Christ s’unissent non seulement les
membres qui sont encore ici-bas, mais aussi ceux qui sont déjà
dans la gloire du ciel : C’est en communion avec la très
Sainte Vierge Marie et en faisant mémoire d’elle, ainsi que de
tous les saints et toutes les saintes, que l’Église offre le
sacrifice eucharistique. Dans l’Eucharistie l’Église, avec
Marie, est comme au pied de la Croix, unie à l’offrande et à
l’intercession du Christ.
1371 Le sacrifice eucharistique est aussi offert pour
les fidèles défunts " qui sont morts dans le Christ et ne
sont pas encore pleinement purifiés " (Cc. Trente : DS 1743),
pour qu’ils puissent entrer dans la lumière et la paix du
Christ :
Enterrez ce corps n’importe où ! Ne vous troublez pas pour lui
d’aucun souci ! Tout ce que je vous demande, c’est de vous
souvenir de moi à l’autel du Seigneur où que vous soyez " (S.
Monique, avant sa mort, à S. Augustin et son frère ; conf. 9,
11, 27).
Ensuite, nous prions [dans l’anaphore] pour les saints pères et
évêques endormis, et en général pour tous ceux qui se sont
endormis avant nous, en croyant qu’il y aura très grand profit
pour les âmes, en faveur desquelles la supplication est offerte,
tandis que se trouve présente la sainte et si redoutable
victime... En présentant à Dieu nos supplications pour ceux qui
se sont endormis, fussent-ils pécheurs, nous ... présentons le
Christ immolé pour nos péchés, rendant propice, pour eux et pour
nous, le Dieu ami des hommes (S. Cyrille de Jérusalem, catech.
myst. 5, 9. 10 : PG 33, 1116B-1117A).
1372 S. Augustin a admirablement résumé cette doctrine
qui nous incite à une participation de plus en plus complète au
sacrifice de notre Rédempteur que nous célébrons dans
l’Eucharistie :
Cette cité rachetée tout entière, c’est-à-dire l’assemblée et la
société des saints, est offerte à Dieu comme un sacrifice
universel par le Grand Prêtre qui, sous la forme d’esclave, est
allé jusqu’à s’offrir pour nous dans sa passion, pour faire de
nous le corps d’un si grand Chef ... Tel est le sacrifice des
chrétiens : " à plusieurs, n’être qu’un seul corps dans le
Christ " (Rm 12, 5). Et ce sacrifice, l’Église ne cesse de le
reproduire dans le Sacrement de l’autel bien connu des fidèles,
où il lui est montré que dans ce qu’elle offre, elle est
elle-même offerte (S. Augustin, civ. 10, 6).
La présence du Christ par la puissance de sa Parole et de
l’Esprit Saint
1373 " Le Christ Jésus qui est mort, qui est ressuscité,
qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous " (Rm 8,
34), est présent de multiples manières à son Église (cf. LG
48) : dans sa Parole, dans la prière de son Église, " là où deux
ou trois sont rassemblés en mon nom " (Mt 18, 20), dans les
pauvres, les malades, les prisonniers (Mt 25, 31-46), dans ses
sacrements dont il est l’auteur, dans le sacrifice de la messe
et en la personne du ministre. Mais " au plus haut
point (il est présent) sous les espèces eucharistiques "
(SC 7).
1374 Le mode de présence du Christ sous les espèces
eucharistiques est unique. Il élève l’Eucharistie au-dessus de
tous les sacrements et en fait " comme la perfection de la vie
spirituelle et la fin à laquelle tendent tous les sacrements "
(S. Thomas d’A., s. th. 3, 73, 3). Dans le très saint sacrement
de l’Eucharistie sont " contenus vraiment, réellement
et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec
l’âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, et, par
conséquent, le Christ tout entier " (Cc Trente : DS
1651). " Cette présence, on la nomme ‘réelle’, non à titre
exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas ‘réelles’,
mais par excellence parce qu’elle est substantielle, et
que par elle le Christ, Dieu et homme, se rend présent tout
entier " (MF 39).
1375 C’est par la conversion du pain et du vin au
le Corps et au Sang du Christ que le Christ devient présent en
ce sacrement. Les Pères de l’Église ont fermement affirmé la foi
de l’Église en l’efficacité de la Parole du Christ et de
l’action de l’Esprit Saint pour opérer cette conversion. Ainsi,
S. Jean Chrysostome déclare :
Ce n’est pas l’homme qui fait que les choses offertes deviennent
Corps et Sang du Christ, mais le Christ lui-même qui a été
crucifié pour nous. Le prêtre, figure du Christ, prononce ces
paroles, mais leur efficacité et la grâce sont de Dieu. Ceci
est mon Corps, dit-il. Cette parole transforme les choses
offertes (prod. Jud. 1, 6 : PG 49, 380C).
Et saint Ambroise dit au sujet de cette conversion :
Soyons bien persuadés que ceci n’est pas ce que la nature a
formé, mais ce que la bénédiction a consacré, et que la force de
la bénédiction l’emporte sur celle de la nature, parce que par
la bénédiction la nature elle-même se trouve changée ... La
parole du Christ, qui a pu faire de rien ce qui n’existait pas,
ne pourrait donc changer les choses existantes en ce qu’elles
n’étaient pas encore ? Car ce n’est pas moins de donner aux
choses leur nature première que de la leur changer (myst. 9, 50.
52 : PL 16, 405-406).
1376 Le Concile de Trente résume la foi catholique en
déclarant : " Parce que le Christ, notre Rédempteur, a dit que
ce qu’il offrait sous l’espèce du pain était vraiment son Corps,
on a toujours eu dans l’Église cette conviction, que déclare le
saint Concile de nouveau : par la consécration du pain et du vin
s’opère le changement de toute la substance du pain en la
substance du Corps du Christ notre Seigneur et de toute la
substance du vin en la substance de son Sang ; ce changement,
l’Église catholique l’a justement et exactement appelé
transsubstantiation " (DS 1642).
1377 La présence eucharistique du Christ commence au
moment de la consécration et dure aussi longtemps que les
espèces eucharistiques subsistent. Le Christ est tout entier
présent dans chacune des espèces et tout entier dans chacune de
leurs parties, de sorte que la fraction du pain ne divise pas le
Christ (cf. Cc. Trente : DS 1641).
1378 Le culte de l’Eucharistie. Dans la liturgie de la
messe, nous exprimons notre foi en la présence réelle du Christ
sous les espèces du pain et du vin, entre autres, en fléchissant
les genoux, ou en nous inclinant profondément en signe
d’adoration du Seigneur. " L’Église catholique a rendu et
continue de rendre ce culte d’adoration qui est dû au sacrement
de l’Eucharistie non seulement durant la messe, mais aussi en
dehors de sa célébration : en conservant avec le plus grand soin
les hosties consacrées, en les présentant aux fidèles pour
qu’ils les vénèrent avec solennité, en les portant en
procession " (MF 56).
1379 La sainte réserve (tabernacle) était d’abord
destinée à garder dignement l’Eucharistie pour qu’elle puisse
être portée aux malades et aux absents en dehors de la messe.
Par l’approfondissement de la foi en la présence réelle du
Christ dans son Eucharistie, l’Église a pris conscience du sens
de l’adoration silencieuse du Seigneur présent sous les espèces
eucharistiques. C’est pour cela que le tabernacle doit être
placé à un endroit particulièrement digne de l’église ; il doit
être construit de telle façon qu’il souligne et manifeste la
vérité de la présence réelle du Christ dans le saint sacrement.
1380 Il est hautement convenable que le Christ ait voulu
rester présent à son Église de cette façon unique. Puisque le
Christ allait quitter les siens sous sa forme visible, il
voulait nous donner sa présence sacramentelle ; puisqu’il allait
s’offrir sur la Croix pour nous sauver, il voulait que nous
ayons le mémorial de l’amour dont il nous a aimés " jusqu’à la
fin " (Jn 13, 1), jusqu’au don de sa vie. En effet, dans sa
présence eucharistique il reste mystérieusement au milieu de
nous comme celui qui nous a aimés et qui s’est livré pour nous
(cf. Ga 2, 20), et il le reste sous les signes qui expriment et
communiquent cet amour :
L’Église et le monde ont un grand besoin du culte eucharistique.
Jésus nous attend dans ce sacrement de l’amour. Ne refusons pas
le temps pour aller Le rencontrer dans l’adoration, dans la
contemplation pleine de foi et ouverte à réparer les fautes
graves et les délits du monde. Que ne cesse jamais notre
adoration (Jean Paul II, l. " Dominicæ cenæ " 3).
1381 " La présence du véritable Corps du Christ et du
véritable Sang du Christ dans ce sacrement, ‘on ne l’apprend
point par les sens, dit S. Thomas, mais par la foi seule,
laquelle s’appuie sur l’autorité de Dieu’. C’est pourquoi,
commentant le texte de S. Luc, 22, 19 : ‘Ceci est mon Corps qui
sera livré pour vous’, saint Cyrille d’Alexandrie (Lc. 22, 19 :
PG 72, 921B) déclare : ‘Ne va pas te demander si c’est vrai,
mais accueille plutôt avec foi les paroles du Seigneur, parce
que lui, qui est la Vérité, ne ment pas’ " (Thomas d’A., s. th.
3, 75, 1 cité par Paul VI, MF 18) :
Adoro te devote, latens Deitas,
Quæ sub his figuris vere latitas :
Tibi se cor meum totum subjicit,
Quia te contemplans totum deficit. |
Je T’adore profondément, divinité cachée,
vraiment présente sous ces apparences ;
à Toi mon cœur se soumet tout entier
parce qu’à Te contempler, tout entier il défaille |
Visus, gustus, tactus in te fallitur,
Sed auditu solo tuto creditur :
Credo quidquid dixit Dei Filius :
Nil hoc Veritatis verbo verius. |
La vue, le goût, le toucher ne T’atteignent pas :
à ce qu’on entend dire seulement il faut se fier ;
je crois tout ce qu’a dit le Fils de Dieu ;
rien de plus vrai que cette parole de la Vérité. |
VI. Le banquet pascal
1382 La messe est à la fois et inséparablement le
mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la
croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sang
du Seigneur. Mais la célébration du sacrifice eucharistique est
toute orientée vers l’union intime des fidèles au Christ par la
communion. Communier, c’est recevoir le Christ lui-même qui
s’est offert pour nous.
1383 L’autel, autour duquel l’Église est
rassemblée dans la célébration de l’Eucharistie, représente les
deux aspects d’un même mystère : l’autel du sacrifice et la
table du Seigneur, et ceci d’autant plus que l’autel chrétien
est le symbole du Christ lui-même, présent au milieu de
l’assemblée de ses fidèles, à la fois comme la victime offerte
pour notre réconciliation et comme aliment céleste qui se donne
à nous. " Qu’est-ce en effet l’autel du Christ sinon l’image du
Corps du Christ ? " – dit S. Ambroise (sacr. 5, 7 : PL 16,
447C), et ailleurs : " L’autel représente le Corps [du Christ],
et le Corps du Christ est sur l’autel " (sacr. 4, 7 : PL 16,
437D). La liturgie exprime cette unité du sacrifice et de la
communion dans de nombreuses prières. Ainsi, l’Église de Rome
prie dans son anaphore :
Supplices te rogamus, omnipotens Deus, jube hæc perferri
per manus sancti Angeli tui in sublime altare tuum, in
conspectu divinæ majestatis : ut quotquot ex hac altaris
participatione sacrosanctum Filii tui Corpus et
Sanguinem sumpserimus, omni benedictione cælesti et
gratia repleamur. |
Nous T’en supplions, Dieu Tout-Puissant : que [cette
offrande] soit portée par ton ange en présence de ta
gloire, sur ton autel céleste, afin qu’en recevant ici,
par notre communion à cet autel, le corps et le sang de
ton Fils, nous soyons comblés de ta grâce et de tes
bénédictions. |
" Prenez et mangez en tous " : la communion
1384 Le Seigneur nous adresse une invitation pressante à
le recevoir dans le sacrement de l’Eucharistie : " En vérité, en
vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la Chair du Fils de
l’homme et ne buvez son Sang, vous n’aurez pas la vie en vous "
(Jn 6, 53).
1385 Pour répondre à cette invitation, nous devons
nous préparer à ce moment si grand et si saint. S. Paul
exhorte à un examen de conscience : " Quiconque mange ce pain ou
boit cette coupe du Seigneur indignement aura à répondre du
Corps et du Sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même
et qu’il mange alors de ce pain et boive de cette coupe ; car
celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation,
s’il n’y discerne le Corps " (1 Co 11, 27-29). Celui qui est
conscient d’un péché grave doit recevoir le sacrement de la
Réconciliation avant d’accéder à la communion.
1386 Devant la grandeur de ce sacrement, le fidèle ne
peut que reprendre humblement et avec une foi ardente la parole
du Centurion (cf. Mt 8, 8) : " Domine, non sum dignus, ut
intres sub tectum meum, sed tantum dic verbum, et sanabitur
anima mea " (" Seigneur, je ne suis pas digne de te
recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri "). Et
dans la Divine Liturgie de S. Jean Chrysostome, les fidèles
prient dans le même esprit :
A ta cène mystique fais-moi communier aujourd’hui, ô Fils de
Dieu. Car je ne dirai pas le Secret à tes ennemis, ni ne te
donnerai le baiser de Judas. Mais, comme le larron, je te crie :
Souviens-toi de moi, Seigneur, dans ton royaume.
1387 Pour se préparer convenablement à recevoir ce
sacrement, les fidèles observeront le jeûne prescrit dans leur
Église (cf.
⇒ CIC, can. 919). L’attitude corporelle (gestes,
vêtement) traduira le respect, la solennité, la joie de ce
moment où le Christ devient notre hôte.
1388 Il est conforme au sens même de l’Eucharistie que
les fidèles, s’ils ont les dispositions requises (cf.
⇒ CIC 916), communient quand ils participent à
la messe (Dans la même journée, les fidèles peuvent recevoir la
très Sainte Communion deux fois, et seulement deux fois [cf.
Pontificia Commissio Codicis Iuris Canonici authentice
interpretando, Responsa ad proposita dubia, 1 : AAS 76 (1984),
p. 746]) : " Il est vivement recommandé aux fidèles de
participer à la Messe de façon plus parfaite en recevant aussi,
après la communion du prêtre, le corps du Seigneur du même
sacrifice " (SC 55).
1389 L’Église fait obligation aux fidèles de participer
les dimanches et les jours de fête à la divine liturgie (cf. OE
15) et de recevoir au moins une fois par an l’Eucharistie, si
possible au temps pascal (cf.
⇒ CIC, can. 920), préparés par le sacrement de la
Réconciliation. Mais l’Église recommande vivement aux fidèles de
recevoir la sainte Eucharistie les dimanches et les jours de
fête, ou plus souvent encore, même tous les jours.
1390 Grâce à la présence sacramentelle du Christ sous
chacune des espèces, la communion à la seule espèce du pain
permet de recevoir tout le fruit de grâce de l’Eucharistie. Pour
des raisons pastorales, cette manière de communier s’est
légitimement établie comme la plus habituelle dans le rite
latin. " La sainte communion réalise plus pleinement sa forme de
signe lorsqu’elle se fait sous les deux espèces. Car, sous cette
forme, le signe du banquet eucharistique est mis plus pleinement
en lumière " (IGMR 240). C’est la forme habituelle de communier
dans les rites orientaux.
Les fruits de la communion
1391 La communion accroît notre union au Christ. Recevoir
l’Eucharistie dans la communion porte comme fruit principal
l’union intime au Christ Jésus. Le Seigneur dit en effet : " Qui
mange ma Chair et boit mon Sang demeure en moi et moi en lui "
(Jn 6, 56). La vie en Christ trouve son fondement dans le
banquet eucharistique : " De même qu’envoyé par le Père, qui est
vivant, moi, je vis par le Père, de même, celui qui me mange,
vivra, lui aussi, par moi " (Jn 6, 57) :
Lorsque dans les fêtes du Seigneur les fidèles reçoivent le
Corps du Fils, ils proclament les uns aux autres la Bonne
Nouvelle que les arrhes de la vie sont donnés, comme lorsque
l’ange dit à Marie de Magdala : " Le Christ est ressuscité ! "
Voici que maintenant aussi la vie et la résurrection sont
conférées à celui qui reçoit le Christ (Fanqîth, Office syriaque
d’Antioche, volume 1, Commun, 237a-b).
1392 Ce que l’aliment matériel produit dans notre vie
corporelle, la communion le réalise de façon admirable dans
notre vie spirituelle. La communion à la Chair du Christ
ressuscité, " vivifiée par l’Esprit Saint et vivifiante " (PO
5), conserve, accroît et renouvelle la vie de grâce reçue au
Baptême. Cette croissance de la vie chrétienne a besoin d’être
nourrie par la communion eucharistique, pain de notre
pèlerinage, jusqu’au moment de la mort, où il nous sera donné
comme viatique.
1393 La communion nous sépare du péché. Le Corps du
Christ que nous recevons dans la communion est " livré pour
nous ", et le Sang que nous buvons, est " versé pour la
multitude en rémission des péchés ". C’est pourquoi
l’Eucharistie ne peut pas nous unir au Christ sans nous purifier
en même temps des péchés commis et nous préserver des péchés
futurs :
" Chaque fois que nous le recevons, nous annonçons la mort du
Seigneur " (1 Co 11, 26). Si nous annonçons la mort du Seigneur,
nous annonçons la rémission des péchés. Si, chaque fois que son
Sang est répandu, il est répandu pour la rémission des péchés,
je dois toujours le recevoir, pour que toujours il remette mes
péchés. Moi qui pèche toujours, je dois avoir toujours un remède
(S. Ambroise, sacr. 4, 28 : PL 16, 446A).
1394 Comme la nourriture corporelle sert à restaurer la
perte des forces, l’Eucharistie fortifie la charité qui, dans la
vie quotidienne, tend à s’affaiblir ; et cette charité vivifiée
efface les péchés véniels (cf. Cc. Trente : DS 1638). En
se donnant à nous, le Christ ravive notre amour et nous rend
capables de rompre les attachements désordonnés aux créatures et
de nous enraciner en Lui :
Puisque le Christ est mort pour nous par amour, lorsque nous
faisons mémoire de sa mort au moment du sacrifice, nous
demandons que l’amour nous soit accordé par la venue du
Saint-Esprit ; nous prions humblement qu’en vertu de cet amour,
par lequel le Christ a voulu mourir pour nous, nous aussi, en
recevant la grâce du Saint-Esprit, nous puissions considérer le
monde comme crucifié pour nous, et être nous-mêmes crucifiés
pour le monde... Ayant reçu le don de l’amour, mourons au péché
et vivons pour Dieu (S. Fulgence de Ruspe, Fab. 28, 16-19 : CCL
19A, 813-814 : LH, sem. 28, lundi, off. lect.).
1395 Par la même charité qu’elle allume en nous,
l’Eucharistie nous préserve des péchés mortels futurs.
Plus nous participons à la vie du Christ et plus nous
progressons dans son amitié, plus il nous est difficile de
rompre avec Lui par le péché mortel. L’Eucharistie n’est pas
ordonnée au pardon des péchés mortels. Ceci est propre au
sacrement de la Réconciliation. Le propre de l’Eucharistie est
d’être le sacrement de ceux qui sont dans la pleine communion de
l’Église.
1396 L’unité du Corps mystique : l’Eucharistie fait l’Église.
Ceux qui reçoivent l’Eucharistie sont unis plus étroitement au
Christ. Par là même, le Christ les unit à tous les fidèles en un
seul corps : l’Église. La communion renouvelle, fortifie,
approfondit cette incorporation à l’Église déjà réalisée par le
Baptême. Dans le Baptême nous avons été appelés à ne faire qu’un
seul corps (cf. 1 Co 12, 13). L’Eucharistie réalise cet appel :
" La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas
communion au Sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il
pas communion au Corps du Christ ? Puisqu’il n’y a qu’un pain, à
nous tous nous ne formons qu’un corps, car tous nous avons part
à ce pain unique " (1 Co 10, 16-17) :
Si vous êtes le corps du Christ et ses membres, c’est votre
sacrement qui est placé sur la table du Seigneur, vous recevez
votre sacrement. Vous répondez " Amen " (" oui, c’est vrai ! ")
à ce que vous recevez, et vous y souscrivez en répondant. Tu
entends ce mot : " le Corps du Christ " et tu réponds :
" Amen ". Sois donc un membre du Christ pour que soit vrai ton
Amen (S. Augustin, serm. 272 : PL 38, 1247).
1397 L’Eucharistie engage envers les pauvres : Pour
recevoir dans la vérité le Corps et le Sang du Christ livrés
pour nous, nous devons reconnaître le Christ dans les plus
pauvres, Ses frères (cf. Mt 25, 40) :
Tu as goûté au sang du Seigneur et tu ne reconnais pas même ton
frère. Tu déshonores cette table même, en ne jugeant pas digne
de partager ta nourriture celui qui a été jugé digne de prendre
part à cette table. Dieu t’a libéré de tous tes péchés et t’y a
invité. Et toi, pas même alors, tu n’es devenu plus
miséricordieux (S. Jean Chrysostome, hom. in 1 Cor. 27, 4 : PG
61, 229-230).
1398 L’Eucharistie et l’unité des chrétiens. Devant la
grandeur de ce mystère, S. Augustin s’écrie : " O sacrement
de la piété ! O signe de l’unité ! O lien de la charité ! "
(ev. Jo. 26, 6, 13 ; cf. SC 47). D’autant plus douloureuses se
font ressentir les divisions de l’Église qui rompent la commune
participation à la table du Seigneur, d’autant plus pressantes
sont les prières au Seigneur pour que reviennent les jours de
l’unité complète de tous ceux qui croient en Lui.
1399 Les Églises orientales qui ne sont pas en pleine
communion avec l’Église catholique célèbrent l’Eucharistie avec
un grand amour. " Ces Églises, bien que séparées, ont de vrais
sacrements, – principalement, en vertu de la succession
apostolique : le Sacerdoce et l’Eucharistie, – qui les unissent
intimement à nous " (UR 15). Une certaine communion in sacris,
donc dans l’Eucharistie, est " non seulement possible, mais même
recommandée, lors de circonstances favorables et avec
l’approbation de l’autorité ecclésiastique " (UR 15 ; cf.
⇒ CIC, can. 844, § 3).
1400 Les communautés ecclésiales issues de la Réforme,
séparées de l’Église catholique, " en raison surtout de
l’absence du sacrement de l’Ordre, n’ont pas conservé la
substance propre et intégrale du mystère eucharistique " (UR
22). C’est pour cette raison que, pour l’Église catholique,
l’intercommunion eucharistique avec ces communautés n’est pas
possible. Cependant, ces communautés ecclésiales, " lorsqu’elles
font mémoire dans la sainte Cène de la mort et de la
résurrection du Seigneur, professent que la vie consiste dans la
communion au Christ et attendent son retour glorieux " (UR 22).
1401 Lorsqu’une nécessité grave se fait pressente, selon
le jugement de l’ordinaire, les ministres catholiques peuvent
donner les sacrements (Eucharistie, pénitence, onction des
malades) aux autres chrétiens qui ne sont pas en pleine
communion avec l’Église catholique, mais qui les demandent de
leur plein gré : il faut alors qu’ils manifestent la foi
catholique concernant ces sacrements et qu’ils se trouvent dans
les dispositions requises (cf.
⇒ CIC, can. 844, § 4).
VII.
L’eucharistie – " pignus futurae gloriae "
1402
Dans une antique prière, l’Église acclame le mystère de
l’Eucharistie : " O sacrum convivium in quo Christus sumitur.
Recolitur memoria passionis eius ; mens impletur gratia et
futuræ gloriæ nobis pignus datur " (O banquet sacré où le
Christ est notre aliment, où est ravivé le souvenir de sa
passion, où la grâce emplit notre âme, où nous est donné le gage
de la vie à venir). Si l’Eucharistie est le mémorial de la Pâque
du Seigneur, si par notre communion à l’autel, nous sommes
comblés " de toute bénédiction céleste et grâce " (MR, Canon
Romain 96 : " Supplices te rogamus "), l’Eucharistie est aussi
l’anticipation de la gloire céleste.
1403
Lors de la dernière cène, le Seigneur a lui-même tourné le
regard de ses disciples vers l’accomplissement de la Pâque dans
le royaume de Dieu : " Je vous le dis, je ne boirai plus
désormais de ce produit de la vigne jusqu’au jour où je boirai
avec vous le vin nouveau dans le Royaume de mon Père " (Mt 26,
29 ; cf. Lc 22, 18 ; Mc 14, 25). Chaque fois que l’Église
célèbre l’Eucharistie, elle se souvient de cette promesse et son
regard se tourne vers " Celui qui vient " (Ap 1, 4). Dans sa
prière, elle appelle sa venue : " Marana tha " (1 Co 16,
22), " Viens, Seigneur Jésus " (Ap 22, 20), " Que ta grâce
vienne et que ce monde passe ! " (Didaché 10, 6).
1404
L’Église sait que, dès maintenant, le Seigneur vient dans son
Eucharistie, et qu’il est là, au milieu de nous. Cependant,
cette présence est voilée. C’est pour cela que nous célébrons
l’Eucharistie " expectantes beatam spem et adventum
Salvatoris nostri Jesu Christi " (en attendant la
bienheureuse espérance et l’avénement de notre Sauveur
Jésus-Christ – Embolisme après le Notre Père ; cf. Tt 2, 13), en
demandant " d’être comblés de ta gloire, dans ton Royaume, tous
ensemble et pour l’éternité, quand Tu essuieras toute larme de
nos yeux ; en Te voyant, Toi notre Dieu, tel que Tu es, nous Te
serons semblables éternellement, et sans fin nous chanterons ta
louange, par le Christ, notre Seigneur " (MR, prière
eucharistique III, 116 : prière pour les défunts).
1405
De cette grande espérance, celle des cieux nouveaux et de la
terre nouvelle en lesquels habitera la justice (cf. 2 P 3, 13),
nous n’avons pas de gage plus sûr, de signe plus manifeste que
l’Eucharistie. En effet, chaque fois qu’est célébré ce mystère,
" l’œuvre de notre rédemption s’opère " (LG 3) et nous " rompons
un même pain qui est remède d’immortalité, antidote pour ne pas
mourir, mais pour vivre en Jésus-Christ pour toujours " (S.
Ignace d’Antioche, Eph. 20, 2).
EN BREF
1406
Jésus dit : " Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui
mangera ce pain vivra à jamais... Qui mange ma Chair et boit mon
Sang a la vie éternelle ... il demeure en moi et moi en lui "
(Jn 6, 51. 54. 56).
1407
L’eucharistie est le cœur et le sommet de la vie de l’Église car
en elle le Christ associe son Église et tous ses membres à son
sacrifice de louange et d’action de grâces offert une fois pour
toutes sur la Croix à son Père ; par ce sacrifice il répand les
grâces du salut sur son Corps, qui est l’Église.
1408
La célébration eucharistique comporte toujours : la proclamation
de la Parole de Dieu, l’action de grâce à Dieu le Père pour tous
ses bienfaits, surtout pour le don de son Fils, la consécration
du pain et du vin et la participation au banquet liturgique par
la réception du Corps et du Sang du Seigneur. Ces éléments
constituent un seul et même acte de culte.
1409
L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ :
c’est-à-dire de l’œuvre du salut accomplie par la vie, la mort
et la résurrection du Christ, œuvre rendue présente par l’action
liturgique.
1410
C’est le Christ lui-même, grand prêtre éternel de la nouvelle
Alliance, qui, agissant par le ministère des prêtres, offre le
sacrifice eucharistique. Et c’est encore le même Christ,
réellement présent sous les espèces du pain et du vin, qui est
l’offrande du sacrifice eucharistique.
1411
Seuls les prêtres validement ordonnés peuvent présider
l’Eucharistie et consacrer le pain et le vin pour qu’ils
deviennent le Corps et le Sang du Seigneur.
1412
Les signes essentiels du sacrement eucharistique sont le pain de
blé et le vin du vignoble, sur lesquels est invoquée la
bénédiction de l’Esprit Saint et le prêtre prononce les paroles
de la consécration dites par Jésus pendant la dernière cène :
" Ceci est mon corps livré pour vous ... Ceci est la coupe de
mon sang ... "
1413
Par la consécration s’opère la transsubstantiation du pain et du
vin dans le Corps et le Sang du Christ. Sous les espèces
consacrées du pain et du vin, le Christ lui-même, vivant et
glorieux, est présent de manière vraie, réelle et substantielle,
son Corps et son Sang, avec son âme et sa divinité (cf. Cc.
Trente : DS 1640 ; 1651).
1414
En tant que sacrifice, l’Eucharistie est aussi offerte en
réparation des péchés des vivants et des défunts, et pour
obtenir de Dieu des bienfaits spirituels ou temporels.
1415
Celui qui veut recevoir le Christ dans la Communion
eucharistique doit se trouver en état de grâce. Si quelqu’un a
conscience d’avoir péché mortellement, il ne doit pas accéder à
l’Eucharistie sans avoir reçu préalablement l’absolution dans le
sacrement de Pénitence.
1416
La sainte Communion au Corps et au Sang du Christ accroît
l’union du communiant avec le Seigneur, lui remet les péchés
véniels et le préserve des péchés graves. Puisque les liens de
charité entre le communiant et le Christ sont renforcés, la
réception de ce sacrement renforce l’unité de l’Église, Corps
mystique du Christ.
1417
L’Église recommande vivement aux fidèles de recevoir la sainte
communion quand ils participent à la célébration de
l’Eucharistie ; elle leur en fait obligation au moins une fois
par an.
1418
Puisque le Christ lui-même est présent dans le Sacrement de
l’Autel, il faut l’honorer d’un culte d’adoration. " La visite
au Très Saint Sacrement est une preuve de gratitude, un signe
d’amour et un devoir d’adoration envers le Christ, notre
Seigneur " (MF).
1419 Le
Christ ayant passé de ce monde au Père, nous donne dans
l’Eucharistie le gage de la gloire auprès de Lui : la
participation au Saint Sacrifice nous identifie avec son Cœur,
soutient nos forces au long du pèlerinage de cette vie, nous
fait souhaiter la Vie éternelle et nous unit déjà à l’Église du
Ciel, à la Sainte Vierge Marie et à tous les Saints.
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