CHAPITRE
TROISIEME
LES
SACREMENTS DU SERVICE DE LA COMMUNION
1533
Le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie sont les sacrements
de l’initiation chrétienne. Ils fondent la vocation commune de
tous les disciples du Christ, vocation à la sainteté et à la
mission d’évangéliser le monde. Ils confèrent les grâces
nécessaires pour la vie selon l’Esprit en cette vie de pèlerins
en marche vers la patrie.
1534
Deux autres sacrements, l’Ordre et le Mariage, sont ordonnés au
salut d’autrui. S’ils contribuent également au salut personnel,
c’est à travers le service des autres qu’ils le font. Ils
confèrent une mission particulière dans l’Église et servent à
l’édification du peuple de Dieu.
1535
En ces sacrements, ceux qui ont été déjà consacrés par le
Baptême et la Confirmation (cf. LG 10) pour le sacerdoce commun
de tous les fidèles, peuvent recevoir des consécrations
particulières. Ceux qui reçoivent le sacrement de l’Ordre sont
consacrés pour être, au nom du Christ, " par la parole et
la grâce de Dieu les pasteurs de l’Église " (LG 11). De leur
côté, " les époux chrétiens, pour accomplir dignement les
devoirs de leur état, sont fortifiés et comme consacrés
par un sacrement spécial " (GS 48, 2).
Article 6
LE SACREMENT
DE L’ORDRE
1536
L’Ordre est le sacrement grâce auquel la mission confiée par le
Christ à ses Apôtres continue à être exercée dans l’Église
jusqu’à la fin des temps : il est donc le sacrement du ministère
apostolique. Il comporte trois degrés : l’épiscopat, le
presbytérat et le diaconat.
[Sur
l’institution et la mission du ministère apostolique par le
Christ v. N. 871 s. Ici, il n’est question que de la voie
sacramentelle par laquelle est transmis ce ministère]
I. Pourquoi
ce nom de sacrement de l’ordre ?
1537
Le mot Ordre, dans l’antiquité romaine, désignait des
corps constitués au sens civil, surtout le corps de ceux qui
gouvernent. Ordinatio désigne l’intégration dans un
ordo. Dans l’Église, il y a des corps constitués que la
Tradition, non sans fondements dans l’Écriture Sainte (cf. He 5,
6 ; 7, 11 ; Ps 110, 4), appelle dès les temps anciens du nom de
taxeis (en grec), d’ordines : ainsi la liturgie
parle de l’ordo episcoporum, de l’ordo presbyterorum,
de l’ordo diaconorum. D’autres groupes, reçoivent aussi
ce nom d’ordo : les catéchumènes, les vierges, les époux,
les veuves...
1538
L’intégration dans un de ces corps de l’Église se faisait par un
rite appelé ordinatio, acte religieux et liturgique, qui
était une consécration, une bénédiction ou un sacrement.
Aujourd’hui le mot ordinatio est réservé à l’acte
sacramentel qui intègre dans l’ordre des évêques, des presbytres
et des diacres et qui va au delà d’une simple élection,
désignation, délégation ou institution par
la communauté, car elle confère un don du Saint-Esprit
permettant d’exercer un " pouvoir sacré " (sacra potestas :
cf. LG 10) qui ne peut venir que du Christ lui-même, par son
Église. L’ordination est aussi appelée consecratio car
elle est une mise à part et une investiture par le Christ
lui-même, pour son Église. L’imposition des mains de
l’évêque, avec la prière consécratoire, constituentle signe
visible de cette consécration.
II. Le
sacrement de l’Ordre dans l’économie du salut
Le sacerdoce
de l’Ancienne Alliance
1539
Le peuple élu fut constitué par Dieu comme " un royaume de
prêtres et une nation consacrée " (Ex 19, 6 ; cf. Is 61, 6).
Mais au-dedans du peuple d’Israël, Dieu choisit l’une des douze
tribus, celle de Lévi, mise à part pour le service liturgique
(cf. Nb 1, 48-53) ; Dieu lui-même est sa part d’héritage (cf.
Jos 13, 33). Un rite propre a consacré les origines du sacerdoce
de l’Ancienne Alliance (cf. Ex 29, 1-30 ; Lv 8). Les prêtres y
sont " établis pour intervenir en faveur des hommes dans leur
relations avec Dieu, afin d’offrir dons et sacrifices pour les
péchés " (cf. He 5, 1)
1540
Institué pour annoncer la parole de Dieu (cf. Ml 2, 7-9) et pour
rétablir la communion avec Dieu par les sacrifices et la prière,
ce sacerdoce reste pourtant impuissant à opérer le salut, ayant
besoin de répéter sans cesse les sacrifices, et ne pouvant
aboutir à une sanctification définitive (cf. He 5, 3 ; 7, 27 ;
10, 1-4), que seul devait opérer le sacrifice du Christ.
1541
La liturgie de l’Église voit cependant dans le sacerdoce d’Aaron
et le service des lévites, tout comme dans l’institution des
soixante-dix " Anciens " (cf. Nb 11, 24-25), des préfigurations
du ministère ordonné de la Nouvelle Alliance. Ainsi, dans le
rite latin, l’Église prie dans la préface consécratoire de
l’ordination des évêques :
Dieu et Père
de Jésus Christ notre Seigneur, (...) tout au long de l’ancienne
Alliance tu commençais à donner forme à ton Église ; dès
l’origine, tu as destiné le peuple issu d’Abraham à devenir un
peuple saint ; tu as institué des chefs et des prêtres et
toujours pourvu au service de ton sanctuaire ...
(Pontificale
Romanum. De Ordinatione Episcopi, presbyterorum et diaconorum
47 ; ed. typica altera, Polyglotte Vaticane 1990 p. 24)
1542 Lors de
l’ordination des prêtres, l’Église prie :
" Seigneur,
Père très saint, ... déjà dans l’Ancienne Alliance, et comme
pour annoncer les sacrements à venir, tu avais mis à la tête du
peuple des grands prêtres chargés de le conduire, mais tu as
aussi choisi d’autres hommes que tu as associés à leur service
et qui les ont secondés dans leur tâche. C’est ainsi que tu as
communiqué à soixante-dix hommes, pleins de sagesse, l’esprit
que tu avais donné à Moïse, et tu as fait participer les fils
d’Aaron à la consécration que leur père avait reçue " (ibid
n. 159 p. 91-92).
1543
Et dans la prière consécratoire pour l’ordination des diacres,
l’Église confesse :
" Père très
saint ... , pour l’édification de ce temple nouveau (l’Église),
tu as établi des ministres des trois ordres différents, les
évêques, les prêtres et les diacres, chargés, les uns et les
autres, de te servir, comme autrefois, dans l’Ancienne Alliance,
pour le service de ta demeure, tu avais mis à part les fils de
la tribu de Lévi et tu étais leur héritage " (ibid n.
207).
L’unique
sacerdoce du Christ
1544
Toutes les préfigurations du sacerdoce de l’Ancienne Alliance
trouvent leur accomplissement dans le Christ Jésus " unique
médiateur entre Dieu et les hommes " (1 Tm 2, 5). Melchisédech,
" prêtre du Dieu Très Haut " (Gn 14, 18), est considéré par la
Tradition chrétienne comme une préfiguration du sacerdoce du
Christ, unique " Grand prêtre selon l’ordre de Melchisédech "
(He 5, 10 ; 6, 20), " saint, innocent, immaculé " (He 7, 26),
qui, " par une oblation unique a rendu parfaits pour toujours
ceux qu’il sanctifie " (He 10, 14), c’est-à-dire par l’unique
sacrifice de sa Croix.
1545
Le sacrifice rédempteur du Christ est unique, accompli une fois
pour toutes. Et pourtant, il est rendu présent dans le sacrifice
eucharistique de l’Église. Il en est de même de l’unique
sacerdoce du Christ : il est rendu présent par le sacerdoce
ministériel sans que soit diminuée l’unicité du sacerdoce du
Christ : " Aussi le Christ est-Il le seul vrai prêtre, les
autres n’étant que ses ministres " (S. Thomas d’A., Hebr. 7, 4).
Deux
participations à l’unique sacerdoce du Christ
1546
Le Christ, grand prêtre et unique médiateur, a fait de l’Église
" un Royaume de prêtres pour son Dieu et Père " (Ap 1, 6 ; cf.
Ap 5, 9-10 ; 1 P 2, 5. 9). Toute la communauté des croyants est,
comme telle, sacerdotale. Les fidèles exercent leur sacerdoce
baptismal à travers leur participation, chacun selon sa vocation
propre, à la mission du Christ, Prêtre, Prophète et Roi. C’est
par les sacrements du Baptême et de la Confirmation que les
fidèles sont " consacrés pour être ... un sacerdoce saint " (LG
10).
1547
Le sacerdoce ministériel ou hiérarchique des évêques et des
prêtres, et le sacerdoce commun de tous les fidèles, bien que
" l’un et l’autre, chacun selon son mode propre, participent de
l’unique sacerdoce du Christ " (LG 10), diffèrent cependant
essentiellement, tout en étant " ordonnés l’un à l’autre " (LG
10). En quel sens ? Alors que le sacerdoce commun des fidèles se
réalise dans le déploiement de la grâce baptismale, vie de foi,
d’espérance et de charité, vie selon l’Esprit, le sacerdoce
ministériel est au service du sacerdoce commun, il est relatif
au déploiement de la grâce baptismale de tous les chrétiens. Il
est un des moyens par lesquels le Christ ne cesse de
construire et de conduire son Église. C’est pour cela qu’il est
transmis par un sacrement propre, le sacrement de l’Ordre.
En la
personne du Christ-Tête (In persona Christi Capitis)...
1548
Dans le service ecclésial du ministre ordonné, c’est le Christ
lui-même qui est présent à son Église en tant que Tête de son
corps, Pasteur de son troupeau, grand prêtre du sacrifice
rédempteur, Maître de la Vérité. C’est ce que l’Église exprime
en disant que le prêtre, en vertu du sacrement de l’Ordre, agit
in persona Christi Capitis (cf. LG 10 ; 28 ; SC 33 ; CD
11 ; PO 2 ; 6) :
C’est le
même Prêtre, le Christ Jésus, dont en vérité le ministre tient
le rôle. Si, en vérité, celui-ci est assimilé au Souverain
Prêtre, à cause de la consécration sacerdotale qu’il a reçue, il
jouit du pouvoir d’agir par la puissance du Christ lui-même
qu’il représente (virtute ac persona ipsius Christi) (Pie
XII, enc. " Mediator Dei ").
Le Christ
est la source de tout le sacerdoce : car le prêtre de l’ancienne
loi était figure du Christ et le prêtre de la nouvelle agit en
la personne du Christ (S. Thomas d’A., s. th. 3, 22 , 4).
1549
Par le ministère ordonné, spécialement des évêques et des
prêtres, la présence du Christ comme chef de l’Église, est
rendue visible au milieu de la communauté des croyants (cf. LG
21). Selon la belle expression de S. Ignace d’Antioche, l’évêque
est typos tou Patros, il est comme l’image vivante de
Dieu le Père (Trall. 3, 1 ; cf. Magn. 6, 1).
1550
Cette présence du Christ dans le ministre ne doit pas être
comprise comme si celui-ci était prémuni contre toutes les
faiblesses humaines, l’esprit de domination, les erreurs, voire
le péché. La force de l’Esprit Saint ne garantit pas de la même
manière tous les actes des ministres. Tandis que dans les
sacrements cette garantie est donnée, de sorte que même le péché
du ministre ne peut empêcher le fruit de grâce, il existe
beaucoup d’autres actes où l’empreinte humaine du ministre
laisse des traces qui ne sont pas toujours le signe de la
fidélité à l’Evangile, et qui peuvent nuire par conséquent à la
fécondité apostolique de l’Église.
1551
Ce sacerdoce est ministériel. " Cette charge, confiée par
le Seigneur aux pasteurs de son peuple, est un véritable
service " (LG 24). Il est entièrement référé au Christ et
aux hommes. Il dépend entièrement du Christ et de son sacerdoce
unique, et il a été institué en faveur des hommes et de la
communauté de l’Église. Le sacrement de l’Ordre communique " un
pouvoir sacré ", qui n’est autre que celui du Christ. L’exercice
de cette autorité doit donc se mesurer d’après le modèle du
Christ qui par amour s’est fait le dernier et le serviteur de
tous (cf. Mc 10, 43-45 ; 1 P 5, 3). " Le Seigneur a dit
clairement que le soin apporté à son troupeau était une preuve
d’amour pour Lui " (S. Jean Chrysostome, sac. 2, 4 : PG 48, 635
D ; cf. Jn 21, 15-17).
" Au nom de
toute l’Église "
1552
Le sacerdoce ministériel n’a pas seulement pour tâche de
représenter le Christ – Tête de l’Église – face à l’assemblée
des fidèles, il agit aussi au nom de toute l’Église lorsqu’il
présente à Dieu la prière de l’Église (cf. SC 33) et surtout
lorsqu’il offre le sacrifice eucharistique (cf. LG 10).
1553
" Au nom de toute l’Église ", cela ne veut pas dire que
les prêtres soient les délégués de la communauté. La prière et
l’offrande de l’Église sont inséparables de la prière et de
l’offrande du Christ, son Chef. C’est toujours le culte du
Christ dans et par son Église. C’est toute l’Église, corps du
Christ, qui prie et qui s’offre, " per ipsum et cum ipso et in
ipso ", dans l’unité du Saint-Esprit, à Dieu le Père. Tout le
corps, " caput et membra ", prie et s’offre, et c’est pourquoi
ceux qui, dans le corps, en sont spécialement les ministres,
sont appelés ministres non seulement du Christ, mais aussi de
l’Église. C’est parce que le sacerdoce ministériel représente le
Christ qu’il peut représenter l’Église.
III. Les
trois degrés du sacrement de l’ordre
1554
" Le ministère ecclésiastique, institué par Dieu, est exercé
dans la diversité des ordres par ceux que déjà depuis
l’antiquité on appelle évêques, prêtres, diacres " (LG 28). La
doctrine catholique, exprimée dans la liturgie, le magistère et
la pratique constante de l’Église, reconnaît qu’il existe deux
degrés de participation ministérielle au sacerdoce du Christ :
l’épiscopat et le presbytérat. Le diaconat est destiné à les
aider et à les servir. C’est pourquoi le terme sacerdos
désigne, dans l’usage actuel, les évêques et les prêtres, mais
non pas les diacres. Néanmoins, la doctrine catholique enseigne
que les degrés de participation sacerdotale (épiscopat et
presbytérat) et le degré de service (diaconat) sont tous les
trois conférés par un acte sacramentel appelé " ordination ",
c’est-à-dire par le sacrement de l’Ordre :
Que tous
révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi l’évêque,
qui est l’image du Père, et les presbytres comme le sénat de
Dieu et comme l’assemblée des apôtres : sans eux on ne peut
parler d’Église (S. Ignace d’Antioche, Trall. 3, 1).
L’ordination
épiscopale – plénitude du sacrement de l’Ordre
1555
" Parmi les différents ministères qui s’exercent dans l’Église
depuis les premiers temps, la première place, au témoignage de
la Tradition, appartient à la fonction de ceux qui, établis dans
l’épiscopat, dont la ligne se continue depuis les origines, sont
les sarments par lesquels se transmet la semence apostolique "
(LG 20).
1556
Pour remplir leur haute mission, " les apôtres furent enrichis
par le Christ d’une effusion spéciale de l’Esprit Saint
descendant sur eux ; eux-mêmes, par l’imposition des mains,
transmirent à leurs collaborateurs le don spirituel qui s’est
communiqué jusqu’à nous à travers la consécration épiscopale "
(LG 21).
1557
Le deuxième Concile du Vatican " enseigne que, par la
consécration épiscopale, est conférée la plénitude du
sacrement de l’Ordre, que la coutume liturgique de l’Église
et la voix des saints Pères désignent en effet sous le nom de
sacerdoce suprême, de réalité totale (summa) du ministère
sacré " (Ibid.).
1558
" La consécration épiscopale, en même temps que la charge de
sanctifier, confère aussi des charges d’enseigner et de
gouverner ... En effet, ... par l’imposition des mains et par
les paroles de la consécration, la grâce de l’Esprit Saint est
donnée et le caractère sacré imprimé, de telle sorte que les
évêques, d’une façon éminente et visible, tiennent la place du
Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife et jouent son rôle (in
Eius persona agant) " (ibid.). " Aussi, par l’Esprit Saint
qui leur a été donné, les évêques ont-ils été constitués de
vrais et authentiques maîtres de la foi, pontifes et pasteurs "
(CD 2).
1559
" C’est en vertu de la consécration sacramentelle et par la
communion hiérarchique avec le chef du collège et ses membres
que quelqu’un est fait membre du corps épiscopal " (LG 22). Le
caractère et la nature collégiale de l’ordre épiscopal se
manifestent entre autres dans l’antique pratique de l’Église qui
veut que pour la consécration d’un nouvel évêque plusieurs
évêques participent au sacre (cf. ibid). Pour l’ordination
légitime d’un Evêque, une intervention spéciale de l’Evêque de
Rome est requise aujourd’hui, en raison de sa qualité de lien
suprême visible de la communion des Églises particulières dans
l’Église une et de garant de leur liberté.
1560
Chaque évêque a, comme vicaire du Christ, la charge pastorale de
l’Église particulière qui lui a été confiée, mais en même temps
il porte collégialement avec tous ses frères dans l’épiscopat la
sollicitude pour toutes les Églises : " Si chaque évêque
n’est pasteur propre que de la portion du troupeau confiée à ses
soins, sa qualité de légitime successeur des Apôtres par
institution divine le rend solidairement responsable de la
mission apostolique de l’Église " (Pie XII, enc. " Fidei
donum " ; cf. LG 23 ; CD 4 ; 36 ; 37 ; AG 5 ; 6 ; 38).
1561
Tout ce qu’on vient de dire explique pourquoi l’Eucharistie
célébrée par l’évêque a une signification toute spéciale comme
expression de l’Église réunie autour de l’autel sous la
présidence de celui qui représente visiblement le Christ, Bon
Pasteur et Tête de son Église (cf. SC 41 ; LG 26).
L’ordination
des presbytres – coopérateurs des évêques
1562
" Le Christ, que le Père a consacré et envoyé dans le monde, a,
par les apôtres, fait leurs successeurs, c’est-à-dire les
évêques, participants de sa consécration et de sa mission. A
leur tour, les évêques ont légitimement transmis, à divers
membres de l’Église, et suivant des degrés divers, la charge de
leur ministère " (LG 28). " Leur fonction ministérielle a été
transmise aux prêtres à un degré subordonné : ceux-ci sont
établis dans l’Ordre du presbytérat pour être les
coopérateurs de l’Ordre épiscopal dans
l’accomplissement de la mission apostolique confiée par le
Christ " (PO 2).
1563
" La fonction des prêtres, en tant qu’elle est unie à l’Ordre
épiscopal, participe à l’autorité par laquelle le Christ
lui-même construit, sanctifie et gouverne son Corps. C’est
pourquoi le sacerdoce des prêtres, s’il suppose les sacrements
de l’initiation chrétienne, est cependant conféré au moyen du
sacrement particulier qui, par l’onction du Saint-Esprit, les
marque d’un caractère spécial, et les configure ainsi au Christ
Prêtre pour les rendre capables d’agir au nom du Christ Tête en
personne " (PO 2).
1564
" Tout en n’ayant pas charge suprême du pontificat et tout en
dépendant des évêques dans l’exercice de leur pouvoir, les
prêtres leur sont cependant unis dans la dignité sacerdotale ;
et par la vertu du sacrement de l’Ordre, à l’image du Christ
prêtre suprême et éternel (cf. He 5, 1-10 ; 7, 24 ; 9, 11-28)
ils sont consacrés pour prêcher l’Evangile, pour être les
pasteurs des fidèles et pour célébrer le culte divin en vrais
prêtres du Nouveau Testament " (LG 28).
1565
En vertu du sacrement de l’Ordre les prêtres participent aux
dimensions universelles de la mission confiée par le Christ aux
Apôtres. Le don spirituel qu’ils ont reçu dans l’ordination les
prépare, non pas à une mission limitée et restreinte, " mais à
une mission de salut d’ampleur universelle, ‘jusqu’aux
extrémités de la terre’ "(PO 10), " prêts au fond du cœur à
prêcher l’Evangile en quelque lieu que ce soit " (OT 20).
1566
" C’est dans le culte ou synaxe eucharistique que
s’exerce par excellence leur charge sacrée : là, tenant la place
du Christ et proclamant son mystère, ils joignent les demandes
des fidèles au sacrifice de leur chef, rendant présent et
appliquant dans le sacrifice de la messe, jusqu’à ce que le
Seigneur vienne, l’unique sacrifice du Nouveau Testament, celui
du Christ s’offrant une fois pour toutes à son Père en victime
immaculée "(LG 28). De ce sacrifice unique, tout leur ministère
sacerdotal tire sa force (cf. PO 2).
1567
" Coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal dont ils sont l’aide
et l’instrument, appelés à servir le peuple de Dieu, les prêtres
constituent, avec leur évêque, un seul presbyterium aux
fonctions diverses. En chaque lieu où se trouve une communauté
de fidèles, ils rendent d’une certaine façon présent l’évêque
auquel ils sont associés d’un cœur confiant et généreux,
assumant pour leur part ses charges et sa sollicitude, et les
mettant en œuvre dans leur souci quotidien des fidèles " (LG
28). Les prêtres ne peuvent exercer leur ministère qu’en
dépendance de l’évêque et en communion avec lui. La promesse
d’obéissance qu’ils font à l’évêque au moment de l’ordination et
le baiser de paix de l’évêque à la fin de la liturgie de
l’ordination signifient que l’évêque les considère comme ses
collaborateurs, ses fils, ses frères et ses amis, et qu’en
retour ils lui doivent amour et obéissance.
1568
" Du fait de leur ordination, qui les a fait entrer dans l’ordre
du presbytérat, les prêtres sont tous intimement liés entre eux
par la fraternité sacramentelle ; mais, du fait de leur
affectation au service d’un diocèse en dépendance de l’évêque
local, ils forment tout spécialement à ce niveau un presbyterium
unique " (PO 8). L’unité du presbyterium trouve une expression
liturgique dans l’usage qui veut que les presbytres imposent à
leur tour les mains, après l’évêque, pendant le rite de
l’ordination.
L’ordination
des diacres – " en vue du service "
1569
" Au degré inférieur de la hiérarchie, se trouvent les diacres
auxquels on a imposé les mains ‘non pas en vue du sacerdoce,
mais en vue du service’ " (LG 29 ; cf. CD 15). Pour l’ordination
au diaconat, seul l’évêque impose les mains, signifiant ainsi
que le diacre est spécialement rattaché à l’évêque dans les
tâches de sa " diaconie " (cf. S. Hippolyte, trad. ap. 8).
1570
Les diacres participent d’une façon spéciale à la mission et à
la grâce du Christ (cf. LG 41 ; AA 16). Le sacrement de l’Ordre
les marque d’une empreinte (" caractère ") que nul ne
peut faire disparaître et qui les configure au Christ qui s’est
fait le " diacre ", c’est-à-dire le serviteur de tous (cf. Mc
10, 45 ; Lc 22, 27 ; S. Polycarpe, ep. 5, 2). Il appartient
entre autres aux diacres d’assister l’évêque et les prêtres dans
la célébration des divins mystères, surtout de l’Eucharistie, de
la distribuer, d’assister au mariage et de le bénir, de
proclamer l’Evangile et de prêcher, de présider aux funérailles
et de se consacrer aux divers services de la charité (cf. LG
29 ; SC 35, § 4 ; AG 16).
1571
Depuis le deuxième Concile du Vatican, l’Église latine a rétabli
le diaconat " en tant que degré propre et permanent de la
hiérarchie " (LG 29), alors que les Églises d’Orient l’avaient
toujours maintenu. Ce diaconat permanent, qui peut être
conféré à des hommes mariés, constitue un enrichissement
important pour la mission de l’Église. En effet, il est
approprié et utile que des hommes qui accomplissent dans
l’Église un ministère vraiment diaconal, soit dans la vie
liturgique et pastorale, soit dans les œuvres sociales et
caritatives " soient fortifiés par l’imposition des mains
transmise depuis les apôtres et plus étroitement unis à l’autel,
pour qu’ils s’acquittent de leur ministère plus efficacement, au
moyen de la grâce sacramentelle du diaconat " (AG 16).
IV. La
célébration de ce sacrement
1572
La célébration de l’ordination d’un évêque, de prêtres ou de
diacres, de par son importance pour la vie de l’Église
particulière, réclame le concours du plus grand nombre possible
de fidèles. Elle aura lieu de préférence le dimanche et à la
cathédrale, avec une solennité adaptée à la circonstance. Les
trois ordinations, de l’évêque, du prêtre et du diacre, suivent
le même mouvement. Leur place est au sein de la liturgie
eucharistique.
1573
Le rite essentiel du sacrement de l’Ordre est constitué,
pour les trois degrés, de l’imposition des mains par l’évêque
sur la tête de l’ordinand ainsi que de la prière consécratoire
spécifique qui demande à Dieu l’effusion de l’Esprit Saint et de
ses dons appropriés au ministère pour lequel le candidat est
ordonné (cf. Pie XII, const. ap. " Sacramentum Ordinis " : DS
3858).
1574
Comme dans tous les sacrements, des rites annexes entourent la
célébration. Variant fortement dans les différentes traditions
liturgiques, ils ont en commun d’exprimer les multiples aspects
de la grâce sacramentelle. Ainsi, les rites initiaux, dans le
rite latin, – la présentation et l’élection de l’ordinand,
l’allocution de l’évêque, l’interrogatoire de l’ordinand, les
litanies des saints – attestent que le choix du candidat s’est
fait conformément à l’usage de l’Église et préparent l’acte
solennel de la consécration, après laquelle plusieurs rites
viennent exprimer et achever d’une manière symbolique le mystère
qui s’est accompli : pour l’évêque et le prêtre l’onction du
saint chrême, signe de l’onction spéciale du Saint-Esprit qui
rend fécond leur ministère ; remise du livre des Évangiles, de
l’anneau, de la mitre et de la crosse à l’évêque en signe de sa
mission apostolique d’annonce de la Parole de Dieu, de sa
fidélité à l’Église, épouse du Christ, de sa charge de pasteur
du troupeau du Seigneur ; remise au prêtre de la patène et du
calice, " l’offrande du peuple saint " qu’il est appelé à
présenter à Dieu ; remise du livre des Évangiles au diacre qui
vient de recevoir mission d’annoncer l’Evangile du Christ.
V. Qui peut
conférer ce sacrement ?
1575
C’est le Christ qui a choisi les Apôtres et leur a donné part à
sa mission et à son autorité. Élevé à la droite du Père, il
n’abandonne pas son troupeau, mais le garde par les Apôtres sous
sa constante protection et le dirige encore par ces mêmes
pasteurs qui continuent aujourd’hui son œuvre (cf. MR, Préface
des Apôtres). C’est donc le Christ " qui donne " aux uns d’être
apôtres, aux autres, pasteurs (cf. Ep 4, 11). Il continue d’agir
par les évêques (cf. LG 21).
1576
Puisque le sacrement de l’Ordre est le sacrement du ministère
apostolique, il revient aux évêques en tant que successeurs des
Apôtres, de transmettre " le don spirituel " (LG 21), " la
semence apostolique " (LG 20). Les évêques validement ordonnés,
c’est-à-dire qui sont dans la ligne de la succession
apostolique, confèrent validement les trois degrés du sacrement
de l’Ordre (cf. DS 794 et 802 ;
⇒ CIC, can. 1012; CCEO, can. 744 ; 747).
VI. Qui peut
recevoir ce sacrement ?
1577
" Seul un homme (vir) baptisé reçoit validement
l’ordination sacrée " (⇒
CIC, can. 1024). Le Seigneur Jésus a choisi des hommes (viri)
pour former le collège des douze apôtres (cf. Mc 3, 14-19 ; Lc
6, 12-16), et les apôtres ont fait de même lorsqu’ils ont choisi
les collaborateurs (cf. 1 Tm 3, 1-13 ; 2 Tm 1, 6 ; Tt 1, 5-9)
qui leur succèderaient dans leur tâche (S. Clément de Rome, Cor.
42, 4 ; 44, 3). Le collège des évêques, avec qui les prêtres
sont unis dans le sacerdoce, rend présent et actualise jusqu’au
retour du Christ le collège des douze. L’Église se reconnaît
liée par ce choix du Seigneur lui-même. C’est pourquoi
l’ordination des femmes n’est pas possible (cf. MD 26-27 ; CDF,
décl. " Inter insigniores ").
1578
Nul n’a un droit à recevoir le sacrement de l’Ordre. En
effet, nul ne s’arroge à soi-même cette charge. On y est appelé
par Dieu (cf. He 5, 4). Celui qui croit reconnaître les signes
de l’appel de Dieu au ministère ordonné, doit soumettre
humblement son désir à l’autorité de l’Église à laquelle revient
la responsabilité et le droit d’appeler quelqu’un à recevoir les
ordres. Comme toute grâce, ce sacrement ne peut être reçu
que comme un don immérité.
1579
Tous les ministres ordonnés de l’Église latine, à l’exception
des diacres permanents, sont normalement choisis parmi les
hommes croyants qui vivent en célibataires et qui ont la volonté
de garder le célibat " en vue du Royaume des cieux " (Mt
19, 12). Appelés à se consacrer sans partage au Seigneur et à
" ses affaires " (cf. 1 Co 7, 32), ils se donnent tout entier à
Dieu et aux hommes. Le célibat est un signe de cette vie
nouvelle au service de laquelle le ministre de l’Église est
consacré ; accepté d’un cœur joyeux, il annonce de façon
rayonnante le Règne de Dieu (cf. PO 16).
1580
Dans les Églises Orientales, depuis des siècles, une discipline
différente est en vigueur : alors que les évêques sont choisis
uniquement parmi les célibataires, des hommes mariés peuvent
être ordonnés diacres et prêtres. Cette pratique est depuis
longtemps considérée comme légitime ; ces prêtres exercent un
ministère fructueux au sein de leurs communautés (cf. PO 16).
D’ailleurs, le célibat des prêtres est très en honneur dans les
Églises Orientales, et nombreux sont les prêtres qui l’ont
choisi librement, pour le Royaume de Dieu. En Orient comme en
Occident, celui qui a reçu le sacrement de l’Ordre ne peut plus
se marier.
VII. Les
effets du sacrement de l’Ordre
Le caractère
indélébile
1581
Ce sacrement configure au Christ par une grâce spéciale de
l’Esprit Saint, en vue de servir d’instrument du Christ pour son
Église. Par l’ordination l’on est habilité à agir comme
représentant du Christ, Tête de l’Église, dans sa triple
fonction de prêtre, prophète et roi.
1582
Comme dans le cas du Baptême et de la Confirmation, cette
participation à la fonction du Christ est accordée une fois pour
toutes. Le sacrement de l’Ordre confère, lui aussi, un
caractère spirituel indélébile et il ne peut pas être
réitéré ni être conféré temporairement (cf. Cc. Trente : DS
1767 ; LG 21 ; 28 ; 29 ; PO 2).
1583
Un sujet validement ordonné peut, certes, pour de graves motifs,
être déchargé des obligations et des fonctions liées à
l’ordination ou être interdit de les exercer (cf.
⇒ CIC, can. 290-293;
⇒ 1336, § 1, 3. 5;
⇒ 1338, § 2), mais il ne peut plus redevenir laïc au
sens strict (cf. Cc. Trente : DS 1774) car le caractère imprimé
par l’ordination l’est pour toujours. La vocation et la mission
reçues au jour de son ordination le marquent d’une façon
permanente.
1584
Puisque en fin de compte c’est le Christ qui agit et opère le
salut à travers le ministre ordonné, l’indignité de celui-ci
n’empêche pas le Christ d’agir (cf. Cc. Trente : DS 1612 ; DS
1154). S. Augustin le dit avec force :
Quant au
ministre orgueilleux, il est à ranger avec le diable. Le don du
Christ n’en est pas pour autant profané, ce qui s’écoule à
travers lui garde sa pureté, ce qui passe par lui reste limpide
et vient jusqu’à la terre fertile. ... La vertu spirituelle du
sacrement est en effet pareille à la lumière : ceux qui doivent
être éclairés la reçoivent dans sa pureté et, si elle traverse
des êtres souillés, elle ne se souille pas (Augustin, ev. Jo. 5,
15).
La grâce du
Saint-Esprit
1585
La grâce du Saint-Esprit propre à ce sacrement est celle d’une
configuration au Christ Prêtre, Maître et Pasteur dont l’ordonné
est constitué le ministre.
1586
Pour l’évêque, c’est d’abord une grâce de force (" L’Esprit qui
fait chefs " : Prière de consécration de l’évêque du rite latin
– Pontificale Romanum. De Ordinatione Episcopi, presbyterorum
et diaconorum, 47) : celle de guider et de défendre avec
force et prudence son Église comme un père et un pasteur, avec
un amour gratuit pour tous et une prédilection pour les pauvres,
les malades et les nécessiteux (cf. CD 13 et 16). Cette grâce le
pousse à annoncer l’Evangile à tous, à être le modèle de son
troupeau, à le précéder sur le chemin de la sanctification en
s’identifiant dans l’Eucharistie avec le Christ Prêtre et
Victime, sans craindre de donner sa vie pour ses brebis :
Accorde,
Père qui connais les cœurs, à ton serviteur que tu as choisi
pour l’épiscopat, qu’il fasse paître ton saint troupeau et qu’il
exerce à ton égard le souverain sacerdoce sans reproche, en te
servant nuit et jour ; qu’il rende sans cesse ton visage propice
et qu’il offre les dons de ta sainte Église ; qu’il ait en vertu
de l’esprit du souverain sacerdoce le pouvoir de remettre les
péchés suivant ton commandement, qu’il distribue les charges
suivant ton ordre et qu’il délie de tout lien en vertu du
pouvoir que tu as donné aux apôtres ; qu’il te plaise par sa
douceur et son cœur pur, en t’offrant un parfum agréable, par
ton Enfant Jésus-Christ ... (S. Hippolyte, trad. ap. 3).
1587
Le don spirituel que confère l’ordination presbytérale est
exprimé par cette prière propre au rite byzantin. L’évêque, en
imposant la main, dit entre autres :
Seigneur,
remplis du don du Saint-Esprit celui que tu as daigné élever au
degré du sacerdoce afin qu’il soit digne de se tenir sans
reproche devant ton autel, d’annoncer l’Evangile de ton Royaume,
d’accomplir le ministère de ta parole de vérité, de t’offrir des
dons et des sacrifices spirituels, de renouveler ton peuple par
le bain de la régénération ; de sorte que lui-même aille à la
rencontre de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, ton Fils
unique, au jour de son second avènement, et qu’il reçoive de ton
immense bonté la récompense d’une fidèle administration de son
ordre (Liturgia Byzantina. 2 oratio chirotoniae
presbyteralis, Euchologion, [Roma 1873] p. 136).
1588
Quant aux diacres, " la grâce sacramentelle leur donne la force
nécessaire de servir le peuple de Dieu dans la ‘diaconie’ de la
liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec
l’évêque et son presbyterium " (LG 29).
1589
Devant la grandeur de la grâce et de la charge sacerdotales, les
saints docteurs ont ressenti l’urgent appel à la conversion afin
de correspondre par toute leur vie à Celui dont le sacrement les
constitue les ministres. Ainsi, S. Grégoire de Nazianze, tout
jeune prêtre, s’écrie :
Il faut
commencer par se purifier avant de purifier les autres ; il faut
être instruit pour pouvoir instruire ; il faut devenir lumière
pour éclairer, s’approcher de Dieu pour en rapprocher les
autres, être sanctifié pour sanctifier, conduire par la main et
conseiller avec intelligence (Or. 2, 71 : PG 35, 480B ; Or. 2,
74 : PG 46, 481B ; Or. 2, 73 : PG 35, 481A). Je sais de qui nous
sommes les ministres, à quel niveau nous nous trouvons et quel
est celui vers lequel nous nous dirigeons. Je connais la hauteur
de Dieu et la faiblesse de l’homme, mais aussi sa force (ibid.,
74). [Qui est donc le prêtre ? Il est] le défenseur de la
vérité, il se dresse avec les anges, il glorifie avec les
archanges, il fait monter sur l’autel d’en haut les victimes des
sacrifices, il partage le sacerdoce du Christ, il remodèle la
créature, il rétablit [en elle] l’image [de Dieu], il la recrée
pour le monde d’en haut, et, pour dire ce qu’il y a de plus
grand, il est divinisé et il divinise (ibid., 73).
Et le saint
Curé d’Ars : " C’est le prêtre qui continue l’œuvre de
rédemption sur la terre " ... " Si l’on comprenait bien le
prêtre sur la terre, on mourrait non de frayeur, mais d’amour "
... " Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus " (Nodet,
Jean-Marie Vianney 100).
EN BREF
1590
S. Paul dit à son disciple Timothée : " Je t’invite à raviver le
don que Dieu a déposé en toi par l’imposition de mes mains " (2
Tm 1, 6), et " celui qui aspire à la charge d’évêque, désire une
noble fonction " (1 Tm 3, 1). A Tite, il disait : " Si je t’ai
laissé en Crète, c’est pour y achever l’organisation, et pour
établir dans chaque ville des presbytres, conformément à mes
instructions " (Tt 1, 5).
1591
Toute l’Église est un peuple sacerdotal. Grâce au Baptême, tous
les fidèles participent au sacerdoce du Christ. Cette
participation s’appelle " sacerdoce commun des fidèles ". Sur sa
base et à son service existe une autre participation à la
mission du Christ ; celle du ministère conféré par le sacrement
de l’Ordre, dont la tâche est de servir au nom et en la personne
du Christ-Tête au milieu de la communauté.
1592 Le sacerdoce ministériel
diffère essentiellement du sacerdoce commun des fidèles parce
qu’il confère un pouvoir sacré pour le service des fidèles. Les
ministres ordonnés exercent leur service auprès du peuple de
Dieu par l’enseignement (munus docendi), le culte divin
(munus liturgicum) et par le gouvernement pastoral
(munus regendi).
1593
Depuis les origines, le ministère ordonné a été conféré et
exercé à trois degrés : celui des Évêques, celui des presbytres
et celui des diacres. Les ministères conférés par l’ordination
sont irremplaçables pour la structure organique de l’Église :
Sans l’Evêque, les presbytres et les diacres, on ne peut parler
d’Église (cf. S. Ignace d’Antioche, Trall. 3,1).
1594
L’Evêque reçoit la plénitude du sacrement de l’Ordre qui
l’insère dans le Collège épiscopal et fait de lui le chef
visible de l’Église particulière qui lui est confiée. Les
Évêques, en tant que successeurs des Apôtres et membres du
Collège, ont part à la responsabilité apostolique et à la
mission de toute l’Église sous l’autorité du Pape, successeur de
S. Pierre.
1595 Les presbytres sont unis
aux évêques dans la dignité sacerdotale et en même temps
dépendent d’eux dans l’exercice de leur fonctions pastorales ;
ils sont appelés à être les coopérateurs avisés des Évêques ;
ils forment autour de leur Evêque le " presbyterium " qui porte
avec lui la responsabilité de l’Église particulière.
Ils reçoivent de l’évêque la
charge d’une communauté paroissiale ou d’une fonction ecclésiale
déterminée.
1596
Les diacres sont des ministres ordonnés pour les tâches de
service de l’Église ; ils ne reçoivent pas le sacerdoce
ministériel, mais l’ordination leur confère des fonctions
importantes dans le ministère de la Parole, du culte divin, du
gouvernement pastoral et du service de la charité, tâches qu’ils
doivent accomplir sous l’autorité pastorale de leur Evêque.
1597
Le sacrement de l’Ordre est conféré par l’imposition des mains
suivie d’une prière consécratoire solennelle qui demande à Dieu
pour l’ordinand les grâces du Saint Esprit requises pour son
ministère. L’ordination imprime un caractère sacramentel
indélébile.
1598 L’Église confère le
sacrement de l’Ordre seulement à des hommes (viris)
baptisés, dont les aptitudes
pour l’exercice du ministère ont été dûment reconnues. C’est à
l’autorité de l’Église que revient la responsabilité et le droit
d’appeler quelqu’un à recevoir les ordres.
1599
Dans l’Église latine, le sacrement de l’Ordre pour le
presbytérat n’est conféré normalement qu’à des candidats qui
sont prêts à embrasser librement le célibat et qui manifestent
publiquement leur volonté de le garder pour l’amour du Royaume
de Dieu et du service des hommes.
1600
Il revient aux Évêques de conférer le sacrement de l’Ordre dans
les trois degrés.
Article 7
LE SACREMENT
DU MARIAGE
1601
" L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme
constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée
par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la
génération et à l’éducation des enfants, a été élevée entre
baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement " (⇒
CIC, can. 1055, § 1).
I. Le
Mariage dans le dessein de Dieu
1602
L’Écriture Sainte s’ouvre sur la création de l’homme et de la
femme à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27)
et s’achève sur la vision des " noces de l’Agneau " (Ap 19, 7.
9). D’un bout à l’autre l’Écriture parle du mariage et de son
" mystère ", de son institution et du sens que Dieu lui a donné,
de son origine et de sa fin, de ses réalisations diverses tout
au long de l’histoire du salut, de ses difficultés issues du
péché et de son renouvellement " dans le Seigneur " (1 Co 7,
39), dans l’Alliance nouvelle du Christ et de l’Église (cf. Ep
5, 31-32).
Le mariage
dans l’ordre de la création
1603
" La communauté profonde de vie et d’amour que forme le couple a
été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur. Dieu
lui-même est l’auteur du mariage " (GS 48, § 1). La vocation au
mariage est inscrite dans la nature même de l’homme et de la
femme, tels qu’ils sont issus de la main du Créateur. Le mariage
n’est pas une institution purement humaine, malgré les
variations nombreuses qu’il a pu subir au cours des siècles,
dans les différentes cultures, structures sociales et attitudes
spirituelles. Ces diversités ne doivent pas faire oublier les
traits communs et permanents. Bien que la dignité de cette
institution ne transparaisse pas partout avec la même clarté
(cf. GS 47, § 2), il existe cependant dans toutes les cultures
un certain sens pour la grandeur de l’union matrimoniale. " Car
le bien-être de la personne et de la société est étroitement lié
à la prospérité de la communauté conjugale et familiale " (GS
47, § 1).
1604
Dieu qui a créé l’homme par amour, l’a aussi appelé à l’amour,
vocation fondamentale et innée de tout être humain. Car l’homme
est créé à l’image et à la ressemblance du Dieu (cf. Gn 1, 27)
qui est lui-même Amour (cf. 1 Jn 4, 8. 16). Dieu l’ayant créé
homme et femme, leur amour mutuel devient une image de l’amour
absolu et indéfectible dont Dieu aime l’homme. Il est bon, très
bon, aux yeux du Créateur (cf. Gn 1, 31). Et cet amour que Dieu
bénit est destiné à être fécond et à se réaliser dans l’œuvre
commune de la garde de la création : " Et Dieu les bénit et il
leur dit : ‘Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre
et soumettez-la’ " (Gn 1, 28).
1605
Que l’homme et la femme soient créés l’un pour l’autre,
l’Écriture Sainte l’affirme : " Il n’est pas bon que l’homme
soit seul " (Gn 2, 18). La femme, " chair de sa chair " (cf. Gn
2, 23), son égale, toute proche de lui, lui est donnée par Dieu
comme un " secours " (cf. Gn 2, 18), représentant ainsi le
" Dieu en qui est notre secours " (cf. Ps 121, 2). " C’est pour
cela que l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à
sa femme, et les deux deviennent une seule chair " (Gn 2, 24).
Que cela signifie une unité indéfectible de leur deux vies, le
Seigneur lui-même le montre en rappelant quel a été, " à
l’origine ", le dessein du Créateur (cf. Mt 19, 4) : " Ainsi,
ils ne sont plus deux, mais une seule chair " (Mt 19, 6).
Le mariage
sous le régime du péché
1606
Tout homme fait l’expérience du mal, autour de lui et en
lui-même. Cette expérience se fait aussi sentir dans les
relations entre l’homme et la femme. De tout temps, leur union a
été menacée par la discorde, l’esprit de domination,
l’infidélité, la jalousie et par des conflits qui peuvent aller
jusqu’à la haine et la rupture. Ce désordre peut se manifester
de façon plus ou moins aiguë, et il peut être plus ou moins
surmonté, selon les cultures, les époques, les individus, mais
il semble bien avoir un caractère universel.
1607
Selon la foi, ce désordre que nous constatons douloureusement,
ne vient pas de la naturede l’homme et de la femme, ni de
la nature de leurs relations, mais du péché. Rupture avec
Dieu, le premier péché a comme première conséquence la rupture
de la communion originelle de l’homme et de la femme. Leurs
relations sont distordues par des griefs réciproques (cf. Gn 3,
12) ; leur attrait mutuel, don propre du créateur (cf. Gn 2,
22), se change en rapports de domination et de convoitise (cf.
Gn 3, 16 b) ; la belle vocation de l’homme et de la femme d’être
féconds, de se multiplier et de soumettre la terre (cf. Gn 1,
28) est grevée des peines de l’enfantement et du gagne-pain (cf.
Gn 3, 16-19).
1608
Pourtant, l’ordre de la création subsiste, même s’il est
gravement perturbé. Pour guérir les blessures du péché, l’homme
et la femme ont besoin de l’aide de la grâce que Dieu, dans sa
miséricorde infinie, ne leur a jamais refusée (cf. Gn 3, 21).
Sans cette aide, l’homme et la femme ne peuvent parvenir à
réaliser l’union de leurs vies en vue de laquelle Dieu les a
créés " au commencement ".
Le mariage
sous la pédagogie de la Loi
1609
Dans sa miséricorde, Dieu n’a pas abandonné l’homme pécheur. Les
peines qui suivent le péché, les douleurs de l’enfantement (cf.
Gn 3, 16), le travail " à la sueur de ton front " (Gn 3, 19),
constituent aussi des remèdes qui limitent les méfaits du péché.
Après la chute, le mariage aide à vaincre le repliement sur
soi-même, l’égoïsme, la quête du propre plaisir, et à s’ouvrir à
l’autre, à l’aide mutuelle, au don de soi.
1610
La conscience morale concernant l’unité et l’indissolubilité du
mariage s’est développée sous la pédagogie de la Loi ancienne.
La polygamie des patriarches et des rois n’est pas encore
explicitement critiquée. Cependant, la Loi donnée à Moïse vise à
protéger la femme contre l’arbitraire d’une domination par
l’homme, même si elle porte aussi, selon la parole du Seigneur,
les traces de " la dureté du cœur " de l’homme en raison de
laquelle Moïse a permis la répudiation de la femme (cf. Mt 19,
8 ; Dt 24, 1).
1611
En voyant l’Alliance de Dieu avec Israël sous l’image d’un amour
conjugal exclusif et fidèle (cf. Os 1-3 ; Is 54 ; 62 ; Jr 2-3 ;
31 ; Ez 16 ; 23), les prophètes ont préparé la conscience du
Peuple élu à une intelligence approfondie de l’unicité et de
l’indissolubilité du mariage (cf. Ml 2, 13-17). Les livres de
Ruth et de Tobie donnent des témoignages émouvants du sens élevé
du mariage, de la fidélité et de la tendresse des époux. La
Tradition a toujours vu dans le Cantique des Cantiques une
expression unique de l’amour humain en tant qu’il est reflet de
l’amour de Dieu, amour " fort comme la mort " que " les torrents
d’eau ne peuvent éteindre " (Ct 8, 6-7).
Le mariage
dans le Seigneur
1612
L’alliance nuptiale entre Dieu et son peuple Israël avait
préparé l’alliance nouvelle et éternelle dans laquelle le Fils
de Dieu, en s’incarnant et en donnant sa vie, s’est uni d’une
certaine façon toute l’humanité sauvée par lui (cf. GS 22),
préparant ainsi " les noces de l’Agneau " (Ap 19, 7. 9).
1613
Au seuil de sa vie publique, Jésus opère son premier signe – à
la demande de sa Mère – lors d’une fête de mariage (cf. Jn 2,
1-11). L’Église accorde une grande importance à la présence de
Jésus aux noces de Cana. Elle y voit la confirmation de la bonté
du mariage et l’annonce que désormais le mariage sera un signe
efficace de la présence du Christ.
1614
Dans sa prédication, Jésus a enseigné sans équivoque le sens
originel de l’union de l’homme et de la femme, telle que le
Créateur l’a voulue au commencement : la permission, donnée par
Moïse, de répudier sa femme, était une concession à la dureté du
cœur (cf. Mt 19, 8) ; l’union matrimoniale de l’homme et de la
femme est indissoluble : Dieu lui-même l’a conclue : " Que
l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni " (Mt 19, 6).
1615
Cette insistance sans équivoque sur l’indissolubilité du lien
matrimonial a pu laisser perplexe et apparaître comme une
exigence irréalisable (cf. Mt 19, 10). Pourtant Jésus n’a pas
chargé les époux d’un fardeau impossible à porter et trop lourd
(cf. Mt 11, 29-30), plus pesant que la Loi de Moïse. En venant
rétablir l’ordre initial de la création perturbé par le péché,
il donne lui-même la force et la grâce pour vivre le mariage
dans la dimension nouvelle du Règne de Dieu. C’est en suivant le
Christ, en renonçant à eux-mêmes, en prenant leurs croix sur eux
(cf. Mc 8, 34) que les époux pourront " comprendre " (cf. Mt 19,
11) le sens originel du mariage et le vivre avec l’aide du
Christ. Cette grâce du Mariage chrétien est un fruit de la Croix
du Christ, source de toute vie chrétienne.
1616
C’est ce que l’Apôtre Paul fait saisir en disant : " Maris,
aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église ; il s’est
livré pour elle, afin de la sanctifier " (Ep 5, 25-26), en
ajoutant aussitôt : " ’Voici donc que l’homme quittera son père
et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront
qu’une seule chair’ : ce mystère est de grande portée ; je veux
dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église " (Ep 5, 31-32).
1617
Toute la vie chrétienne porte la marque de l’amour sponsal du
Christ et de l’Église. Déjà le Baptême, entrée dans le peuple de
Dieu, est un mystère nuptial : il est, pour ainsi dire, le bain
de noces (cf. Ep 5, 26-27) qui précède le repas de noces,
l’Eucharistie. Le Mariage chrétien devient à son tour signe
efficace, sacrement de l’alliance du Christ et de l’Église.
Puisqu’il en signifie et communique la grâce, le mariage entre
baptisés est un vrai sacrement de la Nouvelle Alliance (cf. DS
1800 ;
⇒ CIC, can. 1055, § 2).
La virginité
pour le Royaume
1618
Le Christ est le centre de toute vie chrétienne. Le lien avec
Lui prend la première place devant tous les autres liens,
familiaux ou sociaux (cf. Lc 14, 26 ; Mc 10, 28-31). Dès le
début de l’Église, il y a eu des hommes et des femmes qui ont
renoncé au grand bien du mariage pour suivre l’Agneau partout où
il va (cf. Ap 14, 4), pour se soucier des choses du Seigneur,
pour chercher à Lui plaire (cf. 1 Co 7, 32), pour aller au
devant de l’Epoux qui vient (cf. Mt 25, 6). Le Christ lui-même a
invité certains à le suivre en ce mode de vie dont Il demeure le
modèle :
Il y a des
eunuques qui le sont de naissance, dès le sein de leur mère ; il
y a aussi des eunuques qui le sont devenus par la main des
hommes ; et il y en a qui se sont faits eunuques eux-mêmes à
cause du Royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre,
comprenne (Mt 19, 12).
1619
La virginité pour le Royaume des Cieux est un déploiement de la
grâce baptismale, un signe puissant de la prééminence du lien au
Christ, de l’attente ardente de son retour, un signe qui
rappelle aussi que le mariage est une réalité de l’éon présent
qui passe (cf. Mc 12, 25 ; 1 Co 7, 31).
1620
Les deux, le sacrement du Mariage et la virginité pour le
Royaume de Dieu, viennent du Seigneur lui-même. C’est Lui qui
leur donne sens et leur accorde la grâce indispensable pour les
vivre conformément à sa volonté (cf. Mt 19, 3-12). L’estime de
la virginité pour le Royaume (cf. LG 42 ; PC 12 ; OT 10) et le
sens chrétien du Mariage sont inséparables et se favorisent
mutuellement :
Dénigrer le
mariage, c’est amoindrir du même coup la gloire de la
virginité ; en faire l’éloge, c’est rehausser l’admiration qui
est due à la virginité ... Car enfin, ce qui ne paraît un bien
que par comparaison avec un mal ne peut être vraiment un bien,
mais ce qui est mieux encore que des biens incontestés est le
bien par excellence (S. Jean Chrysostome, virg. 10, 1 : PG 48,
540A) ; cf. FC 16).
II. La
célébration du mariage
1621
Dans le rite latin, la célébration du mariage entre deux fidèles
catholiques a normalement lieu au cours de la Sainte Messe, en
raison du lien de tous les sacrements avec le Mystère Pascal du
Christ (cf. SC 61). Dans l’Eucharistie se réalise le mémorial de
la Nouvelle Alliance, en laquelle le Christ s’est uni pour
toujours à l’Église, son épouse bien-aimée pour laquelle il
s’est livré (cf. LG 6). Il est donc convenable que les époux
scellent leur consentement à se donner l’un à l’autre par
l’offrande de leurs propres vies, en l’unissant à l’offrande du
Christ pour son Église, rendue présente dans le sacrifice
eucharistique, et en recevant l’Eucharistie, afin que,
communiant au même Corps et au même Sang du Christ, ils " ne
forment qu’un corps " dans le Christ (cf. 1 Co 10, 17).
1622
" En tant que geste sacramentel de sanctification, la
célébration liturgique du mariage ... doit être par elle-même
valide, digne et fructueuse " (FC 67). Il convient donc que les
futurs époux se disposent à la célébration de leur mariage en
recevant le sacrement de pénitence.
1623
Selon la tradition latine, ce sont les époux qui, comme
ministres de la grâce du Christ, se confèrent mutuellement le
sacrement du Mariage en exprimant devant l’Église leur
consentement. Dans la tradition des Eglises orientales, les
prêtres ou évêques qui officient sont les témoins du
consentement mutuel échangé par les époux (cf. CCEO, can. 817),
mais leur bénédiction est nécessaire aussi à la validité du
sacrement (cf. CCEO, can. 828).
1624
Les diverses liturgies sont riches en prières de bénédiction et
d’épiclèse demandant à Dieu sa grâce et la bénédiction sur le
nouveau couple, spécialement sur l’épouse. Dans l’épiclèse de ce
sacrement les époux reçoivent l’Esprit Saint comme Communion
d’amour du Christ et de l’Église (cf. Ep 5, 32). C’est Lui le
sceau de leur alliance, la source toujours offerte de leur
amour, la force où se renouvellera leur fidélité.
III. Le
consentement matrimonial
1625
Les protagonistes de l’alliance matrimoniale sont un homme et
une femme baptisés, libres de contracter le mariage et qui
expriment librement leur consentement. " Etre libre " veut
dire :
– ne pas
subir de contrainte ;
– ne pas
être empêché par une loi naturelle ou ecclésiastique.
1626
L’Église considère l’échange des consentements entre les époux
comme l’élément indispensable " qui fait le mariage " (⇒
CIC, can. 1057, § 1). Si le consentement manque, il n’y a pas de
mariage.
1627
Le consentement consiste en un " acte humain par lequel les
époux se donnent et se reçoivent mutuellement " (GS 48, § 1 ;
cf.
⇒ CIC, can. 1057, § 2) : " Je te prends comme ma
femme " – " Je te prends comme mon mari " (OcM 45). Ce
consentement qui lie les époux entre eux, trouve son
accomplissement en ce que les deux " deviennent une seule
chair " (cf. Gn 2, 24 ; Mc 10, 8 ; Ep 5, 31).
1628
Le consentement doit être un acte de la volonté de chacun des
contractants, libre de violence ou de crainte grave externe (cf.
⇒ CIC, can. 1103). Aucun pouvoir humain ne peut se
substituer à ce consentement (⇒
CIC, can. 1057, § 1). Si cette liberté manque, le mariage est
invalide.
1629
Pour cette raison (ou pour d’autres raisons qui rendent nul et
non avenu le mariage : cf.
⇒ CIC, can. 1095-1107), l’Église peut, après examen
de la situation par le tribunal ecclésiastique compétent,
déclarer " la nullité du mariage ", c’est-à-dire que le mariage
n’a jamais existé. En ce cas, les contractants sont libres de se
marier, quitte à se tenir aux obligations naturelles d’une union
antérieure (cf.
⇒ CIC, can. 1071).
1630
Le prêtre (ou le diacre) qui assiste à la célébration du
mariage, accueille le consentement des époux au nom de l’Église
et donne la bénédiction de l’Église. La présence du ministre de
l’Église (et aussi des témoins) exprime visiblement que le
mariage est une réalité ecclésiale.
1631
C’est pour cette raison que l’Église demande normalement pour
ses fidèles la forme ecclésiastiquede la conclusion du
mariage (cf. Cc. Trente : DS 1813-1816 ;
⇒ CIC, can. 1108). Plusieurs raisons concourent à
expliquer cette détermination :
– Le mariage
sacramentel est un acte liturgique. Il est dès lors
convenable qu’il soit célébré dans la liturgie publique de
l’Église.
– Le mariage
introduit dans un ordo ecclésial, il crée des droits et
des devoirs dans l’Église, entre les époux et envers les
enfants.
– Puisque le
mariage est un état de vie dans l’Église, il faut qu’il y ait
certitude sur le mariage (d’où l’obligation d’avoir des
témoins).
– Le
caractère public du consentement protège le " Oui " une fois
donné et aide à y rester fidèle.
1632
Pour que le " Oui " des époux soit un acte libre et responsable,
et pour que l’alliance matrimoniale ait des assises humaines et
chrétiennes solides et durables, la préparation au mariage
est de première importance :
L’exemple et
l’enseignement donnés par les parents et par les familles
restent le chemin privilégié de cette préparation.
Le rôle des
pasteurs et de la communauté chrétienne comme " famille de
Dieu " est indispensable pour la transmission des valeurs
humaines et chrétiennes du mariage et de la famille (cf.
⇒ CIC, can. 1063), et ceci d’autant plus qu’à notre
époque beaucoup de jeunes connaissent l’expérience des foyers
brisés qui n’assurent plus suffisamment cette initiation :
Il faut
instruire à temps les jeunes, et de manière appropriée, de
préférence au sein de la famille, sur la dignité de l’amour
conjugal, sa fonction, son exercice : ainsi formés à la
chasteté, ils pourront, le moment venu, s’engager dans le
mariage après des fiançailles vécues dans la dignité (GS 49, §
3).
Les mariages
mixtes et la disparité de culte
1633
Dans de nombreux pays, la situation du mariage mixte
(entre catholique et baptisé non-catholique) se présente de
façon assez fréquente. Elle demande une attention particulière
des conjoints et des pasteurs. Le cas des mariages avec
disparité de culte (entre catholique et non-baptisé) une
circonspection plus grande encore.
1634
La différence de confession entre les conjoints ne constitue pas
un obstacle insurmontable pour le mariage, lorsqu’ils
parviennent à mettre en commun ce que chacun d’eux a reçu dans
sa communauté, et à apprendre l’un de l’autre la façon dont
chacun vit sa fidélité au Christ. Mais les difficultés des
mariages mixtes ne doivent pas non plus être sous-estimées.
Elles sont dues au fait que la séparation des chrétiens n’est
pas encore surmontée. Les époux risquent de ressentir le drame
de la désunion des chrétiens au sein même de leur foyer. La
disparité de culte peut encore aggraver ces difficultés. Des
divergences concernant la foi, la conception même du mariage,
mais aussi des mentalités religieuses différentes, peuvent
constituer une source de tensions dans le mariage,
principalement à propos de l’éducation des enfants. Une
tentation peut se présenter alors : l’indifférence religieuse.
1635
D’après le droit en vigueur dans l’Église latine, un mariage
mixte a besoin, pour sa licéité, de la permission expresse
de l’autorité ecclésiastique (cf.
⇒ CIC, can. 1124). En cas de disparité de culte une
dispense expresse de l’empêchement est requise
pour la validité du mariage (cf.
⇒ CIC, can. 1086). Cette permission ou cette dispense
supposent que les deux parties connaissent et n’excluent pas les
fins et les propriétés essentielles du mariage et aussi que la
partie catholique confirme ses engagements, portés aussi à la
connaissance explicite de la partie non catholique, de conserver
sa foi et d’assurer le baptême et l’éducation des enfants dans
l’Église catholique (cf.
⇒ CIC, can. 1125).
1636
Dans beaucoup de régions, grâce au dialogue œcuménique, les
communautés chrétiennes concernées ont pu mettre sur pied une
pastorale commune pour les mariages mixtes. Sa tâche est
d’aider ces couples à vivre leur situation particulière à la
lumière de la foi. Elle doit aussi les aider à surmonter les
tensions entre les obligations des conjoints l’un envers l’autre
et envers leurs communautés ecclésiales. Elle doit encourager
l’épanouissement de ce qui leur est commun dans la foi, et le
respect de ce qui les sépare.
1637
Dans les mariages avec disparité de culte l’époux catholique a
une tâche particulière : " Car le mari non croyant se trouve
sanctifié par sa femme, et la femme non croyante se trouve
sanctifiée par le mari croyant " (1 Co 7, 14). C’est une grande
joie pour le conjoint chrétien et pour l’Église si cette
" sanctification " conduit à la conversion libre de l’autre
conjoint à la foi chrétienne (cf. 1 Co 7, 16). L’amour conjugal
sincère, la pratique humble et patiente des vertus familiales et
la prière persévérante peuvent préparer le conjoint non croyant
à accueillir la grâce de la conversion.
IV. Les
effets du sacrement du Mariage
1638
" Du mariage valide naît entre les conjoints un lien de
par sa nature perpétuel et exclusif ; en outre, dans le mariage
chrétien, les conjoints sont fortifiés et comme consacrés par
un sacrement spécial pour les devoirs et la dignité de leur
état " (⇒
CIC, can. 1134).
Le lien
matrimonial
1639
Le consentement par lequel les époux se donnent et s’accueillent
mutuellement, est scellé par Dieu lui-même (cf. Mc 10, 9). De
leur alliance " une institution, quela loi divine confirme, naît
ainsi, au regard même de la société " (GS 48, § 1). L’alliance
des époux est intégrée dans l’alliance de Dieu avec les hommes :
" L’authentique amour conjugal est assumé dans l’amour divin "
(GS 48, § 2).
1640
Le lien matrimonial est donc établi par Dieu lui-même, de
sorte que le mariage conclu et consommé entre baptisés ne peut
jamais être dissout. Ce lien qui résulte de l’acte humain libre
des époux et de la consommation du mariage, est une réalité
désormais irrévocable et donne origine à une alliance garantie
par la fidélité de Dieu. Il n’est pas au pouvoir de l’Église de
se prononcer contre cette disposition de la sagesse divine (cf.
⇒ CIC, can. 1141).
La grâce du
sacrement du Mariage
1641
" En leur état de vie et dans leur ordre, [les époux chrétiens]
ont dans le peuple de Dieu leurs dons propres " (LG 11). Cette
grâce propre du sacrement du Mariage est destinée à
perfectionner l’amour des conjoints, à fortifier leur unité
indissoluble. Par cette grâce " ils s’aident mutuellement à se
sanctifier dans la vie conjugale, dans l’accueil et l’éducation
des enfants " (LG 11 ; cf. LG 41).
1642 Le
Christ est la source de cette grâce. " De même que Dieu prit
autrefois l’initiative d’une alliance d’amour et de fidélité
avec son peuple, ainsi, maintenant, le Sauveur des hommes, Epoux
de l’Église, vient à la rencontre des époux chrétiens par le
sacrement du Mariage " (GS 48, § 2). Il reste avec eux, il leur
donne la force de le suivre en prenant leur croix sur eux, de se
relever après leurs chutes, de se pardonner mutuellement, de
porter les uns les fardeaux des autres (cf. Ga 6, 2), d’être
" soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ " (Ep 5,
21) et de s’aimer d’un amour surnaturel, délicat et fécond. Dans
les joies de leur amour et de leur vie familiale il leur donne,
dès ici-bas, un avant-goût du festin des noces de l’Agneau :
Où vais-je
puiser la force de décrire de manière satisfaisante le bonheur
du mariage que l’Église ménage, que confirme l’offrande, que
scelle la bénédiction ; les anges le proclament, le Père céleste
le ratifie... Quel couple que celui de deux chrétiens, unis par
une seule espérance, un seul désir, une seule discipline, le
même service ! Tous deux enfants d’un même Père, serviteurs d’un
même Maître ; rien ne les sépare, ni dans l’esprit ni dans la
chair ; au contraire, ils sont vraiment deux en une seule chair.
Là où la chair est une, un aussi est l’esprit (Tertullien, ux.
2, 9 ; cf. FC 13).
V. Les biens
et les exigences de l’amour conjugal
1643
" L’amour conjugal comporte une totalité où entrent toutes les
composantes de la personne – appel du corps et de l’instinct,
force du sentiment et de l’affectivité, aspiration de l’esprit
et de la volonté – ; il vise une unité profondément personnelle,
celle qui, au-delà de l’union en une seule chair, conduit à ne
faire qu’un cœur et qu’une âme ; il exige l’indissolubilité
et la fidélité dans la donation réciproque définitive ;
et il s’ouvre sur la fécondité. Il s’agit bien des
caractéristiques normales de tout amour conjugal naturel, mais
avec une signification nouvelle qui, non seulement les purifie
et les consolide, mais les élève au point d’en faire
l’expression de valeurs proprement chrétiennes " (FC 13).
L’unité et
l’indissolubilité du mariage
1644
L’amour des époux exige, par sa nature même, l’unité et
l’indissolubilité de leur communauté de personnes qui englobe
toute leur vie : " ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule
chair " (Mt 19, 6 ; cf. Gn 2, 24). " Ils sont appelés à grandir
sans cesse dans leur communion à travers la fidélité quotidienne
à la promesse du don mutuel total que comporte le mariage " (FC
19). Cette communion humaine est confirmée, purifiée et
parachevée par la communion en Jésus-Christ donnée par le
sacrement de Mariage. Elle s’approfondit par la vie de la foi
commune et par l’Eucharistie reçue en commun.
1645
" L’égale dignité personnelle qu’il faut reconnaître à la femme
et à l’homme dans l’amour plénier qu’ils se portent l’un à
l’autre fait clairement apparaître l’unité du mariage, confirmée
par le Seigneur " (GS 49, § 2). La polygamie est
contraire à cette égale dignité et à l’amour conjugal qui est
unique et exclusif (cf. FC 19).
La fidélité
de l’amour conjugal
1646
L’amour conjugal exige des époux, de par sa nature même, une
fidélité inviolable. Ceci est la conséquence du don d’eux-mêmes
que se font l’un à l’autre les époux. L’amour veut être
définitif. Il ne peut être " jusqu’à nouvel ordre ". " Cette
union intime, don réciproque de deux personnes, non moins que le
bien des enfants, exigent l’entière fidélité des époux et
requièrent leur indissoluble unité " (GS 48, § 1).
1647
Le motif le plus profond se trouve dans la fidélité de Dieu à
son alliance, du Christ à son Église. Par le sacrement de
mariage les époux sont habilités à représenter cette fidélité et
à en témoigner. Par le sacrement, l’indissolubilité du mariage
reçoit un sens nouveau et plus profond.
1648
Il peut paraître difficile, voire impossible, de se lier pour la
vie à un être humain. Il est d’autant plus important d’annoncer
la bonne nouvelle que Dieu nous aime d’un amour définitif et
irrévocable, que les époux ont part à cet amour, qu’il les porte
et les soutient, et que par leur fidélité ils peuvent être les
témoins de l’amour fidèle de Dieu. Les époux qui, avec la grâce
de Dieu, donnent ce témoignage, souvent dans des conditions bien
difficiles, méritent la gratitude et le soutien de la communauté
ecclésiale (cf. FC 20).
1649
Il existe cependant des situations où la cohabitation
matrimoniale devient pratiquement impossible pour des raisons
très diverses. En de tels cas, l’Église admetla séparation
physique des épouxet la fin de la cohabitation. Les époux ne
cessent pas d’être mari et femme devant Dieu ; ils ne sont pas
libres de contracter une nouvelle union. En cette situation
difficile, la solution la meilleure serait, si possible, la
réconciliation. La communauté chrétienne est appelée à aider ces
personnes à vivre chrétiennement leur situation, dans la
fidélité au lien de leur mariage qui reste indissoluble (cf. FC
83 ;
⇒ CIC, can. 1151-1155).
1650
Nombreux sont aujourd’hui, dans bien des pays, les catholiques
qui ont recoursau divorce selon les lois civileset qui
contractent civilement une nouvelle union. L’Église maintient,
par fidélité à la parole de Jésus Christ (" Quiconque répudie sa
femme et en épouse une autre, commet un adultère à l’égard de la
première ; et si une femme répudie son mari et en épouse un
autre, elle commet un adultère " : Mc 10, 11-12), qu’elle ne
peut reconnaître comme valide une nouvelle union, si le premier
mariage l’était. Si les divorcés sont remariés civilement, ils
se trouvent dans une situation qui contrevient objectivement à
la loi de Dieu. Dès lors ils ne peuvent pas accéder à la
communion eucharistique, aussi longtemps que persiste cette
situation. Pour la même raison ils ne peuvent pas exercer
certaines responsabilités ecclésiales. La réconciliation par le
sacrement de pénitence ne peut être accordée qu’à ceux qui se
sont repentis d’avoir violé le signe de l’Alliance et de la
fidélité au Christ, et se sont engagés à vivre dans une
continence complète.
1651
A l’égard des chrétiens qui vivent en cette situation et qui
souvent gardent la foi et désirent élever chrétiennement leurs
enfants, les prêtres et toute la communauté doivent faire preuve
d’une sollicitude attentive, afin qu’ils ne se considèrent pas
comme séparés de l’Église, à la vie de laquelle ils peuvent et
doivent participer en tant que baptisés :
On les
invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de
la messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur
contribution aux œuvres de charité et aux initiatives de la
communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans
la foi chrétienne, à cultiver l’esprit de pénitence et à en
accomplir les actes, afin d’implorer, jour après jour, la grâce
de Dieu (FC 84).
L’ouverture
à la fécondité
1652
" C’est par sa nature même que l’institution du mariage et
l’amour conjugal sont ordonnés à la procréation et à l’éducation
qui, tel un sommet, en constituent le couronnement " (GS 48, §
1) :
Les enfants
sont le don le plus excellent du mariage et ils contribuent
grandement au bien des parents eux-mêmes. Dieu lui-même qui a
dit : " Il n’est pas bon que l’homme soit seul " (Gn 2, 18) et
qui " dès l’origine a fait l’être humain homme et femme " (Mt
19, 4), a voulu lui donner une participation spéciale dans son
œuvre créatrice ; aussi a-t-il béni l’homme et la femme,
disant : " Soyez féconds et multipliez-vous " (Gn 1, 28). Dès
lors, un amour conjugal vrai et bien compris, comme toute la
structure de la vie familiale qui en découle, tendent, sans
sous-estimer pour autant les autres fins du mariage, à rendre
les époux disponibles pour coopérer courageusement à l’amour du
Créateur et du Sauveur qui, par eux, veut sans cesse agrandir et
enrichir sa propre famille (GS 50, § 1).
1653
La fécondité de l’amour conjugal s’étend aux fruits de la vie
morale, spirituelle et surnaturelle que les parents transmettent
à leurs enfants par l’éducation. Les parents sont les principaux
et premiers éducateurs de leurs enfants (cf. GE 3). En ce sens,
la tâche fondamentale du mariage et de la famille est d’être au
service de la vie (cf. FC 28).
1654
Les époux auxquels Dieu n’a pas donné d’avoir des enfants,
peuvent néanmoins avoir une vie conjugale pleine de sens,
humainement et chrétiennement. Leur mariage peut rayonner d’une
fécondité de charité, d’accueil et de sacrifice.
VI. L’Église
domestique
1655
Le Christ a voulu naître et grandir au sein de la Sainte Famille
de Joseph et de Marie. L’Église n’est autre que la " famille de
Dieu ". Dès ses origines, le noyau de l’Église était souvent
constitué par ceux qui, " avec toute leur maison ", étaient
devenus croyants (cf. Ac 18, 8). Lorsqu’ils se convertissaient,
ils désiraient aussi que " toute leur maison " soit sauvée (cf.
Ac 16, 31 et 11, 14). Ces familles devenues croyantes étaient
des îlots de vie chrétienne dans un monde incroyant.
1656
De nos jours, dans un monde souvent étranger et même hostile à
la foi, les familles croyantes sont de première importance,
comme foyers de foi vivante et rayonnante. C’est pour cela que
le IIe Concile du Vatican appelle la famille, avec une vielle
expression, " Ecclesia domestica " (LG 11 ; cf. FC 21). C’est au
sein de la famille que les parents sont " par la parole et par
l’exemple ... pour leurs enfants les premiers hérauts de la foi,
au service de la vocation propre de chacun et tout spécialement
de la vocation sacrée " (LG 11).
1657
C’est ici que s’exerce de façon privilégiée lesacerdoce
baptismal du père de famille, de la mère, des enfants, de
tous les membres de la famille, " par la réception des
sacrements, la prière et l’action de grâce, le témoignage d’une
vie sainte, et par leur renoncement et leur charité effective "
(LG 10). Le foyer est ainsi la première école de vie chrétienne
et " une école d’enrichissement humain " (GS 52, § 1). C’est ici
que l’on apprend l’endurance et la joie du travail, l’amour
fraternel, le pardon généreux, même réitéré, et surtout le culte
divin par la prière et l’offrande de sa vie.
1658
Il faut encore faire mémoire de certaines personnes qui sont, à
cause des conditions concrètes dans lesquelles elles doivent
vivre – et souvent sans l’avoir voulu, – particulièrement
proches du cœur de Jésus et qui méritent donc affection et
sollicitude empressée de l’Église et notamment des pasteurs : le
grand nombre de personnes célibataires. Beaucoup
d’entre elles restent sans famille humaine, souvent à
cause des conditions de pauvreté. Il y en a qui vivent leur
situation dans l’esprit des Béatitudes, servant Dieu et le
prochain de façon exemplaire. A elles toutes il faut ouvrir les
portes des foyers, " Églises domestiques ", et de la grande
famille qu’est l’Église. " Personne n’est sans famille en ce
monde : l’Église est la maison et la famille de tous, en
particulier de ceux qui ‘peinent et ploient sous le fardeau’ (Mt
11, 28) " (FC 85).
EN BREF
1659
S. Paul dit : " Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé
l’Église... Ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il
s’applique au Christ et à l’Église " (Ep 5, 25. 32).
1660
L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme
constituent entre eux une intime communauté de vie et d’amour, a
été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur. De par
sa nature elle est ordonnée au bien des conjoints ainsi qu’à la
génération et à l’éducation des enfants. Elle a été élevée entre
baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement (cf.
GS 48, § 1 ;
⇒ CIC, can. 1055, § 1).
1661
Le sacrement du mariage signifie l’union du Christ et de
l’Église. Il donne aux époux la grâce de s’aimer de l’amour dont
le Christ a aimé son Église ; la grâce du sacrement perfectionne
ainsi l’amour humain des époux, affermit leur unité indissoluble
et les sanctifie sur le chemin de la vie éternelle (cf. Cc.
Trente : DS 1799).
1662
Le mariage se fonde sur le consentement des contractants, c’est
à dire sur la volonté de se donner mutuellement et
définitivement dans le but de vivre une alliance d’amour fidèle
et fécond.
1663
Puisque le mariage établit les conjoints dans un état public de
vie dans l’Église, il convient que sa célébration soit publique,
dans le cadre d’une célébration liturgique, devant le prêtre (ou
le témoin qualifié de l’Église), les témoins et l’assemblée des
fidèles.
1664
L’unité, l’indissolubilité et l’ouverture à la fécondité sont
essentielles au mariage. La polygamie est incompatible avec
l’unité du mariage ; le divorce sépare ce que Dieu a uni ; le
refus de la fécondité détourne la vie conjugale de son " don le
plus excellent ", l’enfant (GS 50, § 1).
1665
Le remariage des divorcés du vivant du conjoint légitime
contrevient au Dessein et à la Loi de Dieu enseignés par le
Christ. Ils ne sont pas séparés de l’Église, mais ils ne peuvent
accéder à la communion eucharistique. Ils mèneront leur vie
chrétienne notamment en éduquant leurs enfants dans la foi.
1666
Le foyer chrétien est le lieu où les enfants reçoivent la
première annonce de la foi. Voila pourquoi la maison familiale
est appelée à bon droit " l’Église domestique ", communauté de
grâce et de prière, école des vertus humaines et de la charité
chrétienne.
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