« Je suis le Seigneur
ton Dieu, qui t’ai tiré de la terre d’Egypte, de la maison de
servitude ; tu n’auras point de dieux étrangers devant Moi ; tu ne
te feras point d’idoles », etc.
Cette Loi que Dieu
donna aux Juifs sur le mont Sinaï, la nature l’avait imprimée et
gravée longtemps auparavant dans le cœur de tous les hommes, et tous
les hommes pour ce motif étaient obligés de l’accomplir. Dieu
l’avait ainsi voulu. II sera donc très utile d’expliquer avec soin
aux Fidèles les termes mêmes dans lesquels elle fut promulguée par
Moïse, qui en fut le ministre et l’interprète, et de leur faire
connaître l’histoire si pleine de mystères du peuple hébreu.
§ I. — RÉCIT ABRÉGÉ DE L’HISTOIRE SACRÉE.
Les Pasteurs
commenceront par raconter que de toutes les nations qui vivaient sur
la terre, Dieu en choisit une qui descendait d’Abraham. Ce saint
Patriarche, pour obéir à Dieu, avait habité comme étranger la terre
de Chanaan, et Dieu lui avait promis de lui donner cette terre ;
mais ni lui ni ses descendants ne la possédèrent qu’après avoir erré
pendant plus de quatre cents ans. Durant ce long pèlerinage, Dieu ne
les abandonna jamais. Ils allaient de nation en nation, de peuple en
peuple, mais nulle part II ne souffrit qu’on leur fît aucun mal, et
même Il punit les rois qui voulaient leur nuire. Avant qu’ils
descendissent en Egypte, Il envoya dans ce pays un homme dont la
sagesse devait les préserver, eux et les Egyptiens, des suites de la
famine. Il les entoura tellement de sa Bonté protectrice, que malgré
la résistance de Pharaon et son acharnement à les perdre, ils se
multiplièrent prodigieusement. Puis quand Il les vit dans
l’affliction et soumis au plus dur esclavage, Il suscita un chef
dans la personne de Moïse pour les tirer d’Egypte par la puissance
de son bras. C’est de cette délivrance que Dieu fait mention au
commencement de la Loi. quand Il dit: « Je suis le Seigneur ton
Dieu qui t’ai tiré de la terre d’Egypte, de la maison de servitude. »
Ici le Pasteur fera
remarquer avec soin que si Dieu choisit cette nation entre toutes,
pour l’appeler son peuple, et pour être plus spécialement connu et
servi par elle, ce n’est point qu’elle fût plus nombreuse ou plus
juste que les autres, comme Dieu ne manque pas de le lui rappeler ;
mais c’est qu’Il le voulut ainsi pour rendre plus sensible et plus
éclatante aux yeux de tous sa Puissance et sa Bonté, en comblant de
bienfaits et de richesse une nation si peu nombreuse et si pauvre.
Quelque misérable que fût l’état des Hébreux, Dieu s’attacha à
eux, et les aima, au point que le Maître du ciel et de la terre
ne rougit point d’être appelé leur Dieu. Son but était de
provoquer les autres peuples à les imiter, et d’amener tous les
hommes à embrasser son culte, par le bonheur dont Il comblait les
Israélites sous leurs yeux. De même l’Apôtre Saint Paul déclarera
plus tard qu’Il a excité l’émulation de son peuple, en lui
représentant le bonheur des Gentils, et la connaissance du vrai Dieu
qu’Il leur avait donnée.
Ensuite le Pasteur
enseignera aux Fidèles que Dieu laissa longtemps les Patriarches
hébreux errer comme des voyageurs en pays étranger, et leurs
descendants gémir sous l’oppression et l’accablement de la plus dure
servitude, pour nous apprendre qu’on ne peut être ami de Dieu, sans
être ennemi du monde et étranger sur la terre, et par conséquent
qu’il est d’autant plus facile de gagner son amitié qu’on est plus
détaché et séparé du monde. En même temps, Il voulait nous faire
comprendre, à nous qui Lui rendons le culte qu’Il mérite, qu’il y a
infiniment plus de bonheur à Le servir, qu’à servir le monde. C’est
ce que l’Ecriture nous rappelle quand elle dit: « Les enfants de
Judas seront soumis à Sésac, afin qu’ils apprennent quelle
différence il y a entre mon service et le service des rois de fa
terre ».
Il expliquera aussi que
Dieu n’accomplit sa promesse qu’après plus de quatre cents ans, afin
d’entretenir son peuple dans la Foi et l’Espérance. Le Seigneur en
effet veut que ses enfants dépendent continuellement de Lui et
qu’ils mettent tout leur espoir dans sa bonté, comme nous le dirons
en développant le premier Commandement.
Enfin il marquera le
temps et le lieu où le peuple d’Israël reçut de Dieu cette Loi. Ce
fut après sa sortie d’Egypte et dès qu’il fut entré dans le désert,
afin que le souvenir de sa récente délivrance et la vue d’une région
si sauvage le rendît plus propre à recevoir ses Commandements. Les
hommes en effet s’attachent fortement à ceux dont ils viennent
d’éprouver la bonté, et ils se réfugient sous la protection de Dieu,
lorsqu’ils se voient privés de tout secours humain. Et c’est ce qui
nous fait conclure que nous sommes d’autant mieux disposés à
recevoir les Vérités divines, que nous fuyons davantage les attraits
du monde et les plaisirs mauvais. Aussi est-il écrit dans le
Prophète: « A qui le Seigneur enseignera-t-il sa Loi ? A qui
donnera-t-il l’intelligence de sa parole ? Aux enfants sevrés et
arrachés du sein de leurs mères. »
§ II. — APPLICATION DE CETTE HISTOIRE AUX
CHRÉTIENS.
Que le Pasteur
s’efforce donc, autant qu’il le pourra, d’amener les Fidèles à avoir
toujours présentes à l’esprit ces paroles si graves: Je suis le
Seigneur votre Dieu. Elles leur feront comprendre qu’ils ont
pour législateur le Créateur Lui-même, Celui qui leur a donné la vie
et qui la leur conserve, et leur permettront de répéter en toute
vérité : « Oui, il est notre Seigneur et notre Dieu: nous sommes
le peuple de ses pâturages, le troupeau de sa droite. » Ces
paroles souvent répétées, et avec une sainte ardeur, auront la vertu
de les rendre plus prompts à obéir à la Loi, et de les éloigner du
péché.
Quant aux suivantes: « Qui
vous ai tirés de la terre d’Egypte, de la maison de servitude, »
bien qu’elles semblent s’appliquer uniquement aux Hébreux délivrés
de la domination des Egyptiens, néanmoins si l’on considère ce
qu’est en elle-même l’œuvre du salut de tous, il est facile de voir
qu’elles se rapportent infiniment mieux aux Chrétiens qui ont été
arrachés par Dieu Lui-même non pas à la servitude d’Egypte, mais à
la région du péché et à la puissance des ténèbres, pour être
introduits enfin dans le Royaume de son Fils bien-aimé. C’est ce
grand bienfait qu’avait en vue le Prophète Jérémie quand il disait:
« Voici que des jours viennent, dit le Seigneur, oie l’on ne dira
plus: Vive le Seigneur, qui a tiré les enfants d’Israël de la terre
d’Egypte ! mais vive le Seigneur, qui a rappelé les enfants d’Israël
du Septentrion, et de toutes les parties de la terre où ils avaient
été dispersés, pour les réunir dans la terre qui avait été donnée à
leurs pères ! Voilà, dit le Seigneur, que J’enverrai des pêcheurs en
grand nombre, et ils pêcheront les enfants d’Israël. »
En effet, ce Père
infiniment bon a rassemblé, par son Fils,. ses enfants dispersés ,
afin que désormais esclaves de la justice et non plus du péché ,
nous le servions en marchant devant Lui tous les jours de notre vie
dans la sainteté et la justice .
Ainsi à toutes les
tentations sachons opposer, comme un bouclier, ces paroles de
l’Apôtre : « Etant mort au péché, comment pourrions-nous vivre
encore dans le péché ? » nous ne sommes plus à nous, mais à
Celui qui est mort et qui est ressuscité pour nous. C’est le
Seigneur notre Dieu Lui-même qui nous a achetés au prix de son
Sang. Comment pourrions-nous pécher encore contre Lui, et de
nouveau l’attacher à la croix ? puisque nous sommes vraiment
libres, de cette liberté que Jésus-Christ Lui-même nous a rendue ,
faisons servir nos membres à la justice, et à notre propre
sanctification, comme nous les avons fait servir à l’injustice et à
l’iniquité.
§ III. — OBJET DU PREMIER COMMANDEMENT.
« Vous n’aurez point
de dieux étrangers devant Moi. » Le Pasteur fera remarquer que
dans le Décalogue la première place est pour les choses qui
regardent Dieu, et la seconde pour celles qui regardent le prochain.
C’est qu’en effet Dieu est la cause des devoirs que nous
accomplissons envers le prochain. Et ce prochain nous ne l’aimons
conformément à l’ordre de Dieu que si nous l’aimons pour Dieu. — On
sait que la première des deux tables de pierre renfermait les
Commandements qui ont Dieu pour objet. — Le Pasteur montrera ensuite
que les paroles qui expriment le premier Commandement contiennent
deux préceptes, dont l’un a pour but de commander et l’autre de
défendre.
Car en se servant de
ces mots: vous n’aurez point de dieux étrangers devant Moi, Dieu
disait en d’autres termes : vous M’adorerez, Moi le Dieu
véritable, mais vous n’aurez point de culte pour les dieux
étrangers.
Le premier de ces
préceptes embrasse la Foi, l’Espérance et la Charité. Qui dit Dieu,
en effet, dit un être constant, immuable, toujours le même, fidèle,
parfaitement juste. D’où il suit que nous devons nécessairement
accepter ses oracles, et avoir en Lui une Foi et une confiance
entières. Il est Tout-Puissant, clément, infiniment porté à faire du
bien. Qui pourrait ne pas mettre en Lui toutes ses espérances ? et
qui pourrait ne pas l’aimer en contemplant les trésors de bonté et
de tendresse qu’Il a répandus sur nous ? de là cette formule que
Dieu emploie dans la sainte Ecriture soit au commencement, soit à la
fin de ses préceptes: Je suis le Seigneur.
Voici la seconde partie
du précepte: vous n’aurez point de dieux étrangers devant Moi.
Si le Législateur l’a aussi formulée, ce n’est pas que sa volonté
n’eût été assez clairement expliquée dans cette partie impérative et
positive de son Commandement: Vous M’adorerez, Moi le seul Dieu.
Car s’il y a un Dieu, il n’y en a qu’un. Mais c’était pour dissiper
l’aveuglement d’un grand nombre d’hommes, qui, tout en faisant
profession d’adorer le vrai Dieu, avaient cependant des hommages
pour une multitude de divinités ; et il y avait quelques Juifs dans
ce cas ; on le voit par ces reproches que leur faisait le Prophète
Elie : « Jusques à quand boiterez-vous des deux côtés ? » Ce
fut aussi le crime des Samaritains , qui adoraient en même temps et
le Dieu d’Israël et les divinités des nations.
A ces explications il
faudra ajouter que ce Commandement est le premier et le plus grand
de tous, non seulement par le rang qu’il occupe, mais encore par sa
nature, sa dignité, et son excellence. nous devons à Dieu infiniment
plus d’amour, de respect et de soumission qu’à nos supérieurs et à
ceux qui nous gouvernent. C’est Lui qui nous a créés ; c’est Lui qui
nous conserve, qui nous a nourris dès le sein de nos mères, qui
ensuite nous a appelés à la lumière ; c’est Lui enfin qui nous
fournit toutes les choses nécessaires à notre vie et à notre
entretien.
Ceux-là donc pèchent
contre ce premier Commandement, qui n’ont ni la Foi, ni l’Espérance,
ni la Charité. Et leur nombre, hélas ! est extrêmement considérable.
Ce sont ceux qui tombent dans l’hérésie, qui ne croient pas ce que
la sainte Eglise notre mère nous propose à croire ; ceux qui ont foi
aux songes, aux augures et à toutes les vaines superstitions de ce
genre ; ceux qui désespèrent de leur salut, qui manquent de
confiance dans la miséricorde divine ; ceux qui ne s’appuient que
sur les richesses, la santé et les forces du corps. On peut voir,
pour plus de détails, les Auteurs qui ont écrit sur les vices et les
vertus.
§ IV. — DU CULTE ET DE L’INVOCATION DES ANGES
ET DES SAINTS.
En expliquant ce
Commandement, le Pasteur fera soigneusement remarquer aux Fidèles
que le culte et l’invocation des Saints, des Anges et des Ames
bienheureuses qui jouissent de la Gloire du ciel, comme aussi le
respect pour les corps mêmes et les reliques des Saints, tel que l’Eglise
l’a toujours pratiqué, ne sont nullement contraires à l’esprit de ce
premier Commandement. Est-il un homme assez insensé pour s’imaginer
qu’un souverain qui interdirait à ses sujets de prendre la qualité
de roi, et d’exiger les hommages et les honneurs qui ne sont dus
qu’à cette dignité suprême, défendrait par là -même d’honorer les
magistrats ? Quoiqu’il soit dit que les Chrétiens, à l’exemple des
Saints de l’Ancien testament, adorent les Anges, cependant ce culte
qu’ils leur rendent diffère essentiellement de celui qu’ils offrent
à Dieu. Et si quelquefois nous voyons les Anges refuser les honneurs
qui leur étaient rendus par des hommes, cela signifie simplement
qu’ils ne voulaient point prendre pour eux la gloire qui n’est due
qu’à Dieu. Car le même esprit-Saint qui a dit : « A Dieu seul
honneur et gloire », nous ordonne néanmoins d’honorer nos
parents et les vieillards. Les Saints n’adoraient que Dieu seul, et
cependant comme le remarque l’Ecriture, ils avaient pour les rois
une espèce d’adoration, en ce sens qu’ils les honoraient assez pour
se prosterner devant eux. Or si les rois par qui Dieu gouverne le
monde ont droit à de tels honneurs, les esprits angéliques que Dieu
a faits ses ministres, qu’Il emploie non seulement dans le
gouvernement de son Eglise, mais encore dans celui de l’univers
entier, et dont la protection nous délivre tous les jours des plus
grands dangers et de l’âme et du corps, ces esprits bienheureux ne
recevront-ils pas de nous, bien qu’ils ne se montrent point
visiblement à nos yeux, des honneurs d’autant plus grands
qu’eux-mêmes l’emportent en dignité sur tous les rois de la terre ?
Ajoutez à cela la
Charité qu’ils ont pour nous. C’est cette Charité qui les fait
prier, comme nous le voyons dans la sainte Ecriture, pour les
provinces dont ils sont les protecteurs. Et il n’est pas permis de
douter qu’ils n’agissent de même envers ceux dont ils sont les
Gardiens, puisqu’ils présentent à Dieu nos prières et nos larmes.
Voilà pourquoi le Seigneur nous enseigne dans l’Evangile : « Qu’il
ne faut point scandaliser même les plus petits enfants, parce que
leurs Anges qui sont dans le ciel voient sans cesse la face du Père
qui est dans le ciel. »
Il faut donc invoquer
les Anges, et parce qu’ils voient Dieu continuellement, et parce
qu’ils se chargent avec joie du soin qui leur est confié de veiller
à notre salut. L’Ecriture sainte nous rapporte des exemples de ces
invocations. Ainsi Jacob prie l’Ange avec lequel il avait lutté, de
le bénir. Il lui fait même une sorte de violence, car il proteste
qu’il ne le laissera point aller, avant d’avoir reçu sa bénédiction.
Et non seulement il invoqua l’Ange qu’il voyait, mais encore il en
invoqua un autre qu’il ne voyait pas, le jour où il disait : « Que
l’Ange qui m’a délivré de tout mal bénisse mes enfants ! »
D’où l’on peut conclure
aussi que les honneurs rendus aux Saints qui sont morts dans le
Seigneur, les invocations qu’on leur adresse, la vénération dont on
entoure leurs reliques et leurs cendres sacrées, toutes ces pieuses
pratiques, loin de diminuer la Gloire de Dieu, l’augmentent au
contraire, parce qu’elles élèvent et confirment les espérances des
hommes, et qu’elles les excitent à marcher sur les traces des
Saints. Au reste ce culte est approuvé par le second Concile de
Nicée, ceux de Gangres et de Trente, et par l’autorité des Saints
Pères.
Mais afin que le
Pasteur soit en état de mieux réfuter les adversaires de cette
vérité, il devra lire surtout Saint Jérôme contre Vigilance, et
Saint Jean Damascène. Et encore aux raisons qu’ils apportent il faut
joindre une considération qui prime toutes les autres: nous sommes
ici en présence d’une coutume qui remonte aux Apôtres, et qui s’est
maintenue et conservée sans interruption dans l’Eglise de Dieu.
toutefois, aucune autre preuve ne peut être plus évidente ni plus
solide que le témoignage même de la sainte Ecriture, laquelle
célèbre d’une manière admirable les louanges des Saints. Il est des
Saints en effet dont la Parole de Dieu même dans nos Livres sacrés a
publié hautement la gloire. Dés lors pourquoi les hommes ne leur
rendraient-ils pas des honneurs particuliers ? — enfin un autre
motif plus puissant encore d’honorer et d’invoquer les Saints, c’est
qu’ils prient continuellement pour le salut des hommes, et que nous
devons à leurs mérites et à leur crédit un grand nombre des
bienfaits que Dieu nous accorde.
S’il y a dans le
ciel une grande joie pour un pécheur qui fait pénitence,
peut-on douter que les Saints ne viennent en aide aux pénitents qui
les invoquent, qu’ils ne répondent à leurs prières en obtenant le
pardon de leurs péchés et la grâce de la réconciliation avec Dieu ?
Si on prétend, comme
quelques-uns l’ont fait, que la protection des Saints est inutile,
attendu que Dieu n’a pas besoin d’interprète pour recevoir nos
prières, c’est une assertion fausse et impie, réfutée d’ailleurs par
ce mot de Saint Augustin: « Il est beaucoup de choses que Dieu
n’accorderait pas sans le secours et les bons offices d’un médiateur
et d’un intercesseur. » Remarque pleinement justifiée par les
exemples fameux d’Abimélech et des amis de Job. Ce ne fut en effet
que par les prières de ces deux Patriarches qu’ils obtinrent le
pardon de leurs péchés.
Voudrait-on alléguer
encore que c’est l’affaiblissement ou le défaut de Foi qui nous font
recourir au patronage et à l’intercession des Saints ? mais que
répondre alors à l’exemple du Centurion ? nous connaissons l’éloge
admirable que Notre-Seigneur fait de sa Foi. Et pourtant cet homme
lui avait envoyé quelques anciens d’entre les Juifs pour le prier de
guérir son serviteur qui était malade.
Sans doute nous devons
reconnaître « que nous n’avons qu’un seul Médiateur, Notre-Seigneur
Jésus-Christ, qui nous a réconciliés par son Sang avec le Père
céleste, et qui, nous ayant rachetés pour l’éternité, est entré une
seule fois dans le Sanctuaire, où il ne cesse d’intercéder pour
nous. » Mais ceci ne prouve nullement que nous ne devions pas
recourir à l’intercession des Saints. Si nous n’avions pas le droit
d’implorer leur protection, par cela seul que nous avons
Jésus-Christ pour Avocat, l’Apôtre Saint Paul n’eût jamais témoigné
tant d’empressement à se faire recommander et aider auprès de Dieu
par les prières de ses Frères encore vivants. Car il est bien
évident que les prières des Justes qui sont encore en ce monde ne
diminueraient pas moins que celles des Saints du ciel la gloire et
la dignité de notre Médiateur Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Mais quel est celui
qui, au récit des merveilles opérées sur les tombeaux des Saints, ne
voudrait pas reconnaître le culte qu’on leur rend, et n’aurait pas
pleine confiance dans leur protection ? c’est là que les aveugles
ont recouvré la vue, que les infirmes et les paralytiques ont repris
l’usage de leurs membres ; c’est là que la vie a été rendue aux
morts, et que les démons ont été chassés des corps qu’ils
possédaient. Et ces miracles nous sont attestés par des témoins
dignes de foi. Des hommes comme Saint Ambroise et Saint Augustin
nous les racontent dans leurs écrits , non pas, comme un grand
nombre, pour en avoir entendu parler, non pas même, comme un bien
plus grand nombre encore pour les avoir lus, mais pour les avoir vus
de leurs propres yeux.
Enfin, que dirons-nous
de plus ? si les vêtements et les ombres même des Saints
pouvaient, avant leur sortie de ce monde, chasser les maladies et
rendre les forces perdues, qui oserait soutenir que Dieu ne peut
opérer les mêmes prodiges par le moyen de leurs cendres sacrées, de
leurs
ossements et de leurs
autres reliques ? On eut un jour une preuve de ce que nous disons,
lorsque le cadavre jeté par hasard dans le tombeau d’Elisée revint
tout à coup à la vie, au seul contact du corps du Prophète.
§ V. — CHOSES DÉFENDUES PAR LE PREMIER
COMMANDEMENT.
« Vous ne ferez point
d’images taillées, ni de figures des créatures qui sont dans le ciel
et sur la terre, dans les eaux et sous la terre ; vous n’adorerez
point toutes ces choses et vous ne les honorerez point. »
Quelques-uns ont vu
dans ces paroles un second précepte différent du premier, et en même
temps ils ont prétendu que les deux derniers Commandements du
Décalogue n’en faisaient qu’un. Au contraire Saint Augustin
maintient la séparation de ces deux derniers préceptes, et soutient
que notre texte fait partie du premier. nous nous rangeons
volontiers à son sentiment, parce qu’il est consacré dans l’Eglise.
Au surplus, nous avons une excellente raison de penser de la sorte:
c’est qu’il était convenable de joindre au premier Commandement les
récompenses et les punitions qui s’y rapportent.
Mais que personne ne
s’imagine que Dieu défend par ce Commandement la peinture, la
sculpture et la gravure. Car nous lisons dans la Sainte Ecriture que
sur l’ordre de Dieu même les hébreux firent des figures et des
images, par exemple les Chérubins et le serpent d’airain. Les images
étaient défendues uniquement pour empêcher qu’on ne retranchât
quelque chose du culte dû à Dieu, pour le leur attribuer comme à de
vraies divinités.
Or, il y a évidemment,
par rapport à ce précepte, deux manières principales d’outrager la
Majesté de Dieu. La première c’est d’adorer des idoles et des images
comme on adore Dieu Lui-même, de croire qu’il y a en elles une sorte
de divinité et de vertu spéciale qui méritent qu’on leur rende un
culte, ou bien encore de leur adresser nos prières et de mettre en
elles notre confiance, comme autrefois les païens mettaient leurs
espérances dans leurs idoles. La Sainte Ecriture leur en fait
souvent le reproche.
La seconde c’est de
vouloir représenter Dieu sous une forme sensible, comme si la
Divinité pouvait être vue des yeux du corps, ou exprimée avec des
couleurs et par des figures. « Qui pourrait, comme dit Saint
Jean Damascène, représenter Dieu qui ne tombe point sous le sens
de la vue, qui n’a pas de corps, qui ne peut être limité en aucune
manière, ni dépeint par aucune figure ? » Cette pensée est
développée en détail dans le second Concile de Nicée . C’est
pourquoi l’Apôtre a très bien dit des Gentils « qu’ils avaient
transporté la gloire d’un Dieu incorruptible à des figures
d’oiseaux, de quadrupèdes et de serpents. » Car ils adoraient
tous ces animaux comme la Divinité même dans les images qu’ils en
faisaient. C’est pour cela qu’on appelle idolâtres les Israélites
qui s’écriaient devant la statue du veau d’or: « Israël, voilà.
les dieux, voilà ceux qui t’ont tiré de la ferre d’Egypte » car
par là « ils changeaient le Dieu de gloire contre la figure d’un
veau qui mange l’herbe des champs. »
Ainsi donc après avoir
défendu d’adorer des dieux étrangers, Dieu, voulant détruire toute
idolâtrie, défendit aussi de tirer de l’airain ou de toute autre
matière une image de la Divinité. Ce qui a fait dire à Isaïe: « A
qui ferez-vous ressembler Dieu ? quelle forme et quelle image Lui
donnerez-vous ? »
Il est certain que tel
est le sens de ce Commandement. Car outre les Saints Pères qui
l’interprètent de cette manière, comme on peut le voir dans les
actes du septième Concile général, les paroles suivantes que nous
lisons dans le Deutéronome et que Moïse adressa au peuple pour le
détourner de l’idolâtrie, nous en donnent une autre preuve : « Vous
n’avez pas vu que Dieu ait pris aucune forme le jour où, sur la
montagne d’Horeb, Il vous parla au milieu des éclairs. » Ce sage
législateur leur tenait ce langage pour les empêcher de se laisser
tromper et séduire et d’en venir à représenter la Divinité par des
images, et à rendre à la créature l’honneur qui n’est dû qu’à Dieu.
§ VI. — ON PEUT CEPENDANT CHEZ LES CHRÉTIENS
REPRÉSENTER LA DIVINITÉ PAR DES SYMBOLES.
Cependant il ne
faudrait pas croire qu’on pèche contre la Religion et la Loi de
Dieu, lorsqu’on représente quelqu’une des trois Personnes de la
Sainte Trinité par certaines figures sous lesquelles elles
apparurent dans l’Ancien et dans le nouveau testament. nul n’est
assez ignorant pour croire que ces images soient l’expression réelle
de la Divinité. Le Pasteur aura soin de déclarer qu’elles servent
seulement à rappeler certaines propriétés et certaines opérations
qu’on attribue à Dieu. C’est ainsi que le Prophète Daniel le
dépeint « comme un vieillard (l’ancien des jours) assis sur un
trône avec des livres ouverts devant Lui. » Il voulait par là
nous représenter son Eternité et cette Sagesse infinie qui considère
toutes les pensées et toutes les actions des hommes pour les juger.
On donne également aux
Anges la forme humaine à laquelle on ajoute des ailes. C’est pour
nous faire comprendre toute leur bienveillance pour le genre humain,
et toute leur promptitude à exécuter les ordres de Dieu . « Ils
sont tous des esprits au service du Seigneur, envoyés pour remplir
un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut. »
La colombe et les langues de feu qui figurent le Saint-Esprit dans
l’Evangile et les Actes des Apôtres indiquent des attributs qui lui
sont propres, et qui sont trop familiers à tout le monde pour qu’il
soit nécessaire de nous y arrêter plus longtemps.
§ VII. — LES IMAGES DE JÉSUS-CHRIST, DE LA
SAINTE VIERGE ET DES SAINTS SONT PERMISES.
En ce qui regarde
Notre-Seigneur Jésus-Christ, sa très Sainte et très chaste Mère, et
tous les autres Saints, comme ils ont été revêtus de la nature
humaine, non seulement il n’est pas défendu par ce commandement de
représenter et d’honorer leurs images ; mais au contraire ces actes
ont toujours eu un caractère de piété sincère et de vive
reconnaissance. Aussi bien les monuments des temps apostoliques, les
conciles œcuméniques et un grand nombre de Saints Pères et de
Docteurs sont d’accord pour déposer en leur faveur.
Le Pasteur ne se
contentera donc pas d’enseigner qu’il est permis d’avoir des images
dans les églises et de leur rendre des honneurs et un culte, puisque
ce culte se rapporte à la personne même des saints ; mais il
établira encore les grands avantages que cette pratique a procurés
aux Fidèles jusqu’à ce jour, comme on le voit dans le livre de Saint
Jean Damascène qui a pour titre du Culte des images, et comme
l’enseigne le septième Concile général, c’est-à-dire le second
Concile de Nicée.
Toutefois, comme
l’ennemi du genre humain cherche sans cesse à corrompre par ses
ruses et ses tromperies les institutions les plus saintes, si le
Pasteur vient à remarquer qu’il s’est glissé sur ce point quelque
erreur parmi le peuple, il fera tous ses efforts pour le corriger,
conformément au décret du Concile de Trente. Et même si les
circonstances le permettent, il devra expliquer le décret lui-même.
Ainsi il apprendra aux ignorants et à ceux qui ne comprennent pas le
but de l’institution des images, qu’elles ont pour objet de nous
faire connaître l’histoire des deux testaments, et de nous en
renouveler de temps en temps le souvenir, afin que la pensée des
bienfaits de Dieu nous excite à L’honorer davantage et augmente dans
nos cœur s le feu de l’amour que nous avons pour Lui. Le Pasteur
montrera aussi que si l’on place dans nos temples les images des
Saints, c’est afin que nous honorions ceux qu’elles représentent, et
que, avertis par leur exemple, nous soyons capables de former sur
eux notre vie et nos mœurs.
§ VIII. – MOTIFS D’OBSERVER LA LOI :
RECOMPENSES ET CHATIMENTS
« Je suis le Seigneur
votre Dieu, le Dieu fort et jaloux, qui poursuis l’iniquité des
pères dans les enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération
de ceux qui me haïssent ; et qui fais miséricorde jusqu’à mille
générations à ceux qui M’aiment et qui gardent mes préceptes. »
Il y a deux choses,
dans cette dernière partie du premier Commandement. qui demandent à
être expliquées avec grand soin.
La première, c’est que
la menace ici accompagne très justement le précepte, parce que la
violation de ce premier Commandement est le plus grand des crimes,
et que les hommes sont très portés à le commettre. Cependant la
question des peines est l’appendice obligé de tous les préceptes. Il
n’y a pas de loi en effet qui n’ait ses châtiments et ses
récompenses pour amener les hommes à observer ses prescriptions.
Voilà pourquoi on rencontre si souvent dans l’Ecriture Sainte tant
de promesses de la part de Dieu. Et sans nous arrêter aux
témoignages presque innombrables que nous trouverions dans l’Ancien
testament, méditons ceux que l’Evangile nous fait lire: « Si
vous voulez entrer dans la vie, observez les Commandements. » Et
ailleurs: « Celui-là entrera dans le Royaume des Cieux qui fait
la volonté de mon Père qui est dans le ciel. » « Tout arbre
qui ne porte pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu. » « Quiconque
se fâchera contre son frère méritera d’être condamné par le
jugement. » « Si vous ne pardonnez point les péchés
d’autrui, votre Père ne vous pardonnera point les vôtres. »
La seconde chose, c’est
qu’il faut expliquer ces paroles d’une manière bien différente, à
ceux qui sont parfaits. Et à ceux qui sont encore charnels.
Les hommes parfaits,
qui se laissent conduire par l’esprit de Dieu et qui Lui obéissent
avec joie et empressement, reçoivent la menace de ces châtiments
comme une nouvelle très agréable et comme une grande preuve de la
bienveillance divine à leur égard. Ils y voient la sollicitude d’un
Père plein de tendresse, qui oblige en quelque sorte les hommes,
tantôt par des récompenses, tantôt par des châtiments, à L’adorer et
à Le servir. Ils reconnaissent dans ce Commandement qu’Il veut bien
leur faire, un effet de cette bonté infinie du Seigneur qui se sert
de ses créatures pour procurer la gloire de son nom. Et non
seulement ils reconnaissent en cela sa bonté, mais ils ont encore la
ferme espérance qu’en ordonnant ce qu’Il veut, II leur accordera les
forces nécessaires pour exécuter ce qu’Il demande.
Les hommes charnels au
contraire, qui ne sont pas encore délivrés de l’esprit de servitude,
et qui s’abstiennent de faire le mal plutôt par la crainte des
châtiments que par l’amour de la vertu, trouvent l’appendice dont
nous parlons très dur et très sévère. Le Pasteur ne manquera pas
d’élever leurs âmes par de pieuses exhortations, et de les conduire
comme par la main à l’accomplissement de la Loi. Au surplus, toutes
les fois qu’il aura l’occasion d’expliquer quelque précepte, il
devra tenir compte de ces observations.
Remarquons encore qu’il
y a dans ces paroles qui terminent le premier Commandement, ce qu’on
pourrait appeler deux aiguillons, capables d’exciter les hommes
charnels aussi bien que les hommes spirituels à l’observation de la
Loi.
Et d’abord, ces mots,
« le Dieu fort, » doivent être expliqués avec d’autant plus
de soin, que souvent la chair, trop peu effrayée des menaces
divines, invente pour son usage différentes raisons qui la feront
échapper sûrement à la colère de Dieu, et éviter ses châtiments.
Mais quiconque est assuré que Dieu est le Dieu fort, redit avec
David: « Où irai-je pour m’éloigner de votre esprit ? Où
fuirai-je pour me dérober à votre vue ? » D’autres fois la chair
se défie des promesses divines, exagère les forces de l’ennemi, et
s’imagine qu’elle ne pourra jamais résister à ses efforts. Au
contraire, ceux qui ont une Foi vive, ferme et solide, une Foi qui
s’appuie sur la Force même et la Vertu de Dieu, sentent leur courage
se ranimer et se fortifier car ils se disent à eux-mêmes: « Le
Seigneur est ma lumière et mon salut. Qui craindrai-je ? »
Le second aiguillon,
c’est la jalousie divine. très souvent les hommes s’imaginent que
Dieu ne s’occupe point des choses humaines, pas même de notre
fidélité ou de notre négligence à garder sa Loi. De là de graves
désordres dans leur vie. Mais quand on est convaincu que Dieu est
un Dieu jaloux, cette pensée retient facilement dans le devoir.
Toutefois la jalousie
que nous attribuons à Dieu n’est point celle qui agite et trouble
l’esprit. La jalousie de Dieu, c’est cet Amour, cette Charité qu’il
a pour nous, et qui l’empêche de laisser jamais personne s’éloigner
de Lui impunément. En effet, dit le Prophète David, « Il perd
fous ceux qui Le renient »
Ainsi la jalousie dont
nous parlons, n’est rien autre chose que cette justice toujours
calme et sereine. qui répudie l’âme corrompue par l’erreur et les
passions, et qui la repousse parce qu’elle est indigne de rester
l’épouse de son Dieu. A coup sûr, elle doit nous paraître bien douce
et bien agréable, cette jalousie de Dieu, puisqu’elle est une preuve
assurée de l’immense, de l’incroyable Amour qu’Il a pour nous. Et
comme parmi les hommes il n’y a point d’amour plus vif, d’union plus
forte et plus étroite que celle qui est cimentée par le mariage,
Dieu nous montre combien Il nous aime, lorsqu’il se compare si
souvent, vis-à-vis de nos âmes, à un fiancé, ou à un Epoux, et
s’appelle Lui-même un Epoux jaloux. C’est pourquoi le Prêtre ne
manquera pas d’apprendre aux Fidèles qu’ils doivent être tellement
passionnés pour tout ce qui regarde le culte et l’honneur de Dieu,
qu’on puisse dire d’eux avec vérité que non seulement ils Lui sont
attachés, mais même qu’ils L’aiment d’un amour de jalousie, à
l’exemple de celui qui disait de lui-même: « J’ai été rempli de
zèle pour le Seigneur le Dieu des armées, » et comme
Jésus-Christ Lui-même dont il est écrit: « Le zèle de votre
Maison me dévore. »
Quant à la menace qui
termine ce précepte, elle signifie que Dieu ne laissera point les
pécheurs impunis, mais qu’Il les châtiera comme un bon Père, ou
qu’Il les punira sévèrement et sans pitié comme un juge. C’est ce
que nous déclare positivement Moise: « et vous saurez que le
Seigneur votre Dieu est un Dieu fort et fidèle, gardant son alliance
en faisant miséricorde d ceux qui L’aiment et qui gardent ses
préceptes, jusqu’à mille générations, et punissant sur-le-champ ceux
qui le haïssent. » C’est aussi ce que dit Josué: « Vous ne
pourrez servir le Seigneur, car c’est un Dieu saint, un Dieu fort et
jaloux, et Il ne pardonnera point vos crimes, ni vos péchés. Si vous
abandonnez le Seigneur, et si vous servez des dieux étrangers, Il se
tournera contre vous, II vous affligera et Il vous renversera. »
Mais il faut bien
montrer au peuple que si Dieu, à la fin de ce premier précepte,
menace de punir les méchants et les impies jusqu’à la troisième et
quatrième génération, cela ne veut pas dire que tous les descendants
portent toujours la peine des crimes de leurs ancêtres, mais que si
les coupables et leurs enfants pèchent impunément, jamais leur
postérité entière n’échappera à la colère de Dieu. Et n’évitera ses
châtiments. C’est ce qui arriva pour le roi Josias. A cause de sa
piété extraordinaire, Dieu l’avait épargné. Il lui avait accordé de
mourir en paix, d’être enseveli dans le tombeau de ses pères et de
ne pas être témoin des malheurs qui devaient bientôt tomber sur
Jérusalem et la tribu de Juda, à cause des impiétés de Manassès.
Mais à peine fut-il mort que la vengeance de Dieu s’exerça contre sa
postérité et n’épargna pas même ses enfants.
Comment concilier
maintenant ces paroles que nous venons d’expliquer avec ce qui est
dit dans le prophète Ezéchiel: « C’est l’âme qui a péché qui
mourra ? » Saint Grégoire, d’accord sur ce point avec tous les
Pères de l’antiquité, répond admirablement: « Quiconque imite
l’iniquité d’un père corrompu, est enchaîné à son sort ; mais
quiconque n’imite point cette iniquité, n’est point accablé par le
poids des crimes de son père. Ainsi le fils pervers d’un père
pervers comme lui, paie non seulement pour ses fautes, mais encore
pour celles de son père, puisque, aux crimes de celui-ci qu’il
savait avoir provoqué le courroux du Seigneur, il n’a pas craint
d’ajouter sa propre perversité. Et c’est justice que celui qui, en
présence d’un Juge inflexible, ose néanmoins suivre les voies
iniques de son père, soit forcé d’expier les fautes de ce père dans
la vie présente. »
Enfin le Pasteur aura
grand soin de rappeler combien la bonté et la miséricorde de Dieu
l’emportent sur sa justice. Car si sa colère s’étend jusqu’à la
troisième et quatrième génération, sa miséricorde va jusqu’à la
millième.
Ces paroles, « de
ceux qui Me haïssent » nous montrent toute la grandeur du péché
de ceux qui transgressent ce premier Commandement. Qu’y a-t-il en
effet de plus détestable et de plus odieux que de haïr la souveraine
bonté. la souveraine vérité ? Or c’est ce que font tous les
pécheurs. Car de même que « Celui qui a reçu les Commandements
et qui les observe, aime Dieu », de même celui qui méprise la
Loi de Dieu et qui n’observe point ses Commandements doit passer à
bon droit pour un homme qui hait Dieu.
Quant aux mots de la
fin, « à ceux qui M’aiment, » ils nous apprennent de quelle
manière et pour quel motif nous devons garder la Loi. Il est
nécessaire que ce soit le motif de la Charité, c’est-à-dire de
l’amour même que nous avons pour Dieu. C’est ce qu’il faudra
rappeler dans l’explication de chacun des Commandements.
|