index
I
Une
âme, avide de la gloire de Dieu et du prochain, s'applique humblement à la
prière ; elle adresse quatre demandes à Dieu, lorsqu'elle lui est unie par
la charité.
II
Dieu
augmente le désir de l'âme en lui montrant la misère du monde.
III
Les
œuvres de l'homme sont insuffisantes pour expier et mériter dès qu'elles
sont séparées de la charité.
IV
Le
désir et la contrition du cœur satisfont à la faute et à la peine pour soi
et pour les autres, quelquefois à la faute seulement et non à la peine.
V
Combien
plaît à Dieu le désir de souffrir pour lui.
VI
Toute
vertu et tout défaut se développent par le moyen du prochain.
VII
Les
vertus s'accomplissent par le moyen du prochain. Pourquoi elles sont si
différentes dans les créatures.
VIII
Les
vertus s'éprouvent et se fortifient par leurs contraires.
IX
On doit
s'attacher plus aux vertus qu'à la pénitence. - La discrétion tire sa vie de
l'humilité ; elle rend à chacun ce qui lui est dû.
X
La
charité, l'humilité et la discrétion sont inséparables, et l'âme doit les
posséder.
|
PREMIERE PARTIE
AU NOM
DE JÉSUS CRUCIFIÉ, DE LA DOUCE VIERGE MARIE,
DU GLORIEUX PATRIARCHE DOMINIQUE.
1. Une âme qui désire ardemment l'honneur de Dieu et
le salut du prochain s'applique d'abord aux exercices ordinaires et se
renferme dans l'étude de sa propre fragilité, afin de mieux connaître la
bonté de Dieu à son égard. Cette connaissance fait naître l'amour, et
l'amour cherche à suivre et à revêtir la vérité.
2. Rien ne donne plus la douceur et la lumière de la
vérité qu'une prière humble et continuelle, qui a pour fondement la
connaissance de Dieu et de soi-même. Cette prière unit l'âme à en lui
faisant suivre les traces de Jésus crucifié, et en la rendant un autre
lui-même par la tendresse du désir et par l'intimité de l'amour.
Notre-Seigneur n'a-t-il pas dit : “Si quelqu'un m'aime, il gardera mes
commandements” ; et ailleurs : “Celui qui m'aime est aimé de mon Père : je
l'aimerai et je me manifesterai à lui ; il sera une même chose avec moi, et
moi avec lui” (S. Jean, XIV, 21).
3. Nous trouvons dans l'Écriture plusieurs paroles
semblables, qui nous prouvent que l'âme, par l'effet de l'amour de Dieu,
devient un autre lui-même ; et pour nous en convaincre, voici ce qu'une
servante de Dieu, étroitement unie à lui dans la prière, avait appris de son
bon Maître au sujet de l'amour infini qu'il porte à ceux qui le servent :
4. “Ouvre l’œil de ton intelligence, lui disait-il,
regarde en moi, et tu verras la dignité et la beauté de ma créature
raisonnable. Entre toutes les grâces dont j'ai embelli l'âme en la créant à
mon image et ressemblance, admire le vêtement nuptial de la charité et
l'ornement des vertus que portent ceux qui me sont continuellement unis par
l'amour. Si tu me demandes qui sont ceux-là, je te répondrai, ajoutait le
très doux et très aimable Verbe de Dieu, ceux-là sont d'autres moi-même qui
ont voulu perdre et détruire leur volonté pour se conformer à la mienne, et
l'âme s'unit à moi en toute choses”. Il est donc bien vrai que l'âme s'unit
à Dieu par l'amour.
5. Lorsque cette âme voulut connaître plus clairement
la vérité, afin de pouvoir la suivre davantage, elle fit à Dieu le Père
quatre demandes humbles et ferventes : la première était pour elle, parce
qu'elle comprenait qu'on ne peut être utile au prochain par son
enseignement, ses exemples et ses prières, si l'on n'acquiert pas la vertu
soi-même ; la seconde demande était pour la réforme de la sainte Église ; la
troisième demande était pour l'univers entier, afin d'obtenir surtout le
salut et la paix de ces chrétiens qui insultent et persécutent l'Église avec
tant d'acharnement ; par la quatrième demande, elle implorait le secours de
la divine Providence pour tous les hommes et pour un cas particulier.
1. Ce désir de l'honneur de Dieu et du salut des
hommes était grand et continuel ; mais il s'accrut bien davantage lorsque la
Vérité suprême lui eut montré la misère du monde, les périls et les vices où
il est plongé ; elle le comprit aussi en recevant une lettre dans laquelle
son père spirituel lui expliquait la peine et la douleur immense que doivent
causer l'outrage fait à Dieu, la perte des âmes et les persécutions contre
la sainte Église.
2. L'ardeur de son désir augmentait alors ; elle
pleurait l'offense de Dieu, mais elle se réjouissait aussi dans l'espérance
que la miséricorde infinie voudrait bien arrêter de semblables malheurs. Et
parce que, dans la sainte communion, l'âme s'unit plus doucement à Dieu et
connaît davantage la. vérité, puisque alors elle est en Dieu, et Dieu est en
elle, comme les poissons qui sont dans la mer en sont eux-mêmes pénétrés,
cette âme avait hâte d'arriver au lendemain matin, afin de pouvoir entendre
la messe.
3. C'était une fête de la Sainte Vierge : dès que le
jour eut paru et que la messe fut sonnée, elle y courut avec tous les désirs
qui l'agitaient ; elle avait une telle connaissance de sa faiblesse et de
ses imperfections, qu'elle croyait être la principale cause de tout le mal
qui se faisait dans le monde, et cette connaissance lui inspirait une
horreur d'elle-même et une soif de la justice qui la purifiaient de toutes
les taches qu'elle apercevait en elle. Elle disait : O Père éternel, je
m'accuse moi-même devant vous, punissez-moi de mes offenses ; et puisque je
suis la cause principale des peines que supporte mon prochain, faites-les
moi souffrir, je vous en conjure.
1. L'éternelle Vérité acceptait le désir de cette âme
et l'attirait en haut comme l'offrande des sacrifices de l'Ancien Testament,
lorsque le feu du ciel descendait et prenait ce qui était agréable à Dieu.
La douce Vérité faisait de même en cette âme ; elle lui envoyait le feu de
l'Esprit Saint qui consumait le sacrifice du désir qu'elle lui avait offert,
et elle lui disait : Ne sais-tu pas, ma fille, que toutes les peines que
souffre et que peut souffrir une âme dans cette vie, sont incapables
d'expier la faute la plus légère ? L'offense faite à moi, qui suis le Bien
infini, demande une satisfaction infinie.
2. Je veux que tu saches que toutes les peines ne
sont pas données en cette vie pour expier, mais pour corriger. Ce sont les
moyens que prend un père pour changer un enfant qui l'offense. La
satisfaction est dans l'ardeur d'une âme qui se repent véritablement, et qui
hait le péché. La contrition parfaite satisfait à la faute et à la peiné,
non par la douleur qu'on éprouve, mais par le désir infini qu'on ressent.
3. Celui qui est infini veut un amour et une douleur
infinis. Il veut la douleur infinie de l'âme, d'abord pour les offenses
qu'elle a faites à son Créateur, et ensuite pour celles qu'elle voit
commettre par le prochain. Ceux qui ont ce désir infini, et qui me sont par
conséquent unis par l'amour, gémissent amèrement : lorsqu'ils m'offensent ou
qu'ils me voient offenser, Leurs peines, spirituelles ou corporelles, de
quelque côté qu'elles viennent, acquièrent un mérite infini et satisfont à
la faute qui méritait une peine infinie, quoique ces œuvres elles-mêmes
soient finies et accomplies dans le temps qui est fini. Ils ont agi avec un
désir infini et leurs peines ont été supportées avec une contrition, un
regret de l'offense infinis, et c'est pour cela que la satisfaction est
parfaite.
4. C'est ce qu'explique saint Paul lorsqu'il dit
“J'aurais beau parler la langue des anges et des hommes, prophétiser, donner
tout mon bien aux pauvres, et livrer mon corps aux flammes, si je n'ai pas
la charité, tout cela ne me servira de rien” (I Co., XIII, 1-3).
L'Apôtre prouve par là que les œuvres finies sont incapables d'expier et de
mériter sans le concours de la charité.
1. Je t'ai montré, ma fille bien-aimée, que la faute
n'est pas punie par la seule peine qu'on souffre dans le temps comme
expiation, mais par la peine qui vient de l'amour et de la contrition du
cœur. Ainsi l'efficacité n'est pas dans la peine, mais dans le désir de
l'âme ; et ce désir, comme toutes les autres vertus, n'a de valeur et de
force qu'en Jésus-Christ, mon Fils unique ; sa mesure est l'amour que l'âme
a pour lui et sa fidélité à suivre ses traces. C'est là le seul et véritable
moyen.
2. Les peines ne satisfont à la faute que par ce
doux et intime amour qui naît de la connaissance de ma bonté, et par cette
amère et profonde contrition du cœur qui vient de la connaissance de
soi-même et de ses fautes. Cette connaissance produit la haine et la fuite
du péché et de la sensualité. Elle fait comprendre qu'on est digne de toutes
sortes de châtiments et qu'on ne mérite aucune consolation.
3. La très douce Vérité disait encore : Oui, la
contrition du cœur et les sentiments d'une patience sincère et d'une
humilité véritable, font que l'âme se trouve digne de peines et indigne de
récompenses ; l'humilité porte à tout souffrir avec patience, et c'est en
cela que consiste la satisfaction.
4. Tu me demandes des peines pour satisfaire aux
offenses que commettent contre moi les créatures, et tu désires me connaître
et m'aimer, moi qui suis la Vérité suprême et la Source de la vie. Le moyen
d'acquérir ma connaissance et de goûter ma vérité éternelle, c'est de ne
jamais sortir de la connaissance de toi-même. En t'abaissant dans la vallée
de l'humilité, tu me connaîtras en toi, et tu trouveras dans cette
connaissance tout ce qui te sera nécessaire.
5. Aucune vertu ne peut exister sans la charité et
sans l'humilité, qui est la gouvernante et la nourrice de la charité. La
connaissance de toi-même te donnera l'humilité, parce que tu verras que tu
n'as pas l'être par toi-même, mais par moi, qui vous aimais jusque dans les
profondeurs du néant ; et cet amour ineffable que j'ai eu pour vous a voulu
vous renouveler dans la grâce en vous lavant et vous recréant par ce sang
que mon Fils unique a répandu avec tant d'ardeur. C'est ce sang qui enseigne
la vérité à celui qui a dissipé le nuage de l'amour-propre par la
connaissance de soi-même ; et ce sang est l'unique maître.
6. L'âme, en recevant ces leçons, éprouve un amour
immense, et cet amour lui cause une peine continuelle, non pas une peine qui
l'afflige et la dessèche, mais qui l'engraisse au contraire. Elle a connu ma
vertu, et ses fautes, l'ingratitude et l'aveuglement des hommes ; elle en
ressent une peine inexprimable, mais elle souffre parce qu'elle aime ; sans
l'amour elle ne souffrirait pas ainsi. Dès que vous aurez connu ma vérité,
il faudra supporter jusqu'à la mort les tribulations, les injures et les
affronts de toutes sortes, en l'honneur et à la gloire de mon nom.
7. Souffrez ces épreuves avec une vraie patience,
avec une douleur sincère de tout ce qui m'offense, avec un amour ardent de
tout ce qui peut glorifier mon nom. Vous satisferez ainsi à vos fautes et à
celles de mes autres serviteurs. Vos peines, rendues efficaces par la
puissance de la charité, pourront. expier et mériter pour vous et. pour les
autres. Pour vous, vous recevrez le fruit de la vie ; les fautes qui vous
sont échappées seront effacées, et je ne me rappellerai pas que vous les
avez commises pour les autres, je prendrai votre charité en considération,
et je leur donnerai selon les dispositions avec lesquelles ils les
recevront. A ceux qui écouteront avec respect et humilité mes serviteurs, je
remettrai la faute et la peine, parce qu'ils parviendront à la connaissance
et à la contrition de leurs péchés.
8. Les prières et les ardents désirs de mes
serviteurs seront pour eux des semences de grâces ; en les recevant
humblement ils en profiteront à des degrés différents, selon les efforts de
leur volonté. Oui, ils seront pardonnés à cause de vos saints désirs, à
moins que leur obstination soit telle, qu'ils veuillent être séparés de moi
par le désespoir et qu'ils méprisent le sang de mon Fils, qui les a rachetés
avec tant d'amour.
9. Quel fruit en retireront-ils ? Le fruit qu'ils en
retireront, c'est que, contraint par les prières de mes serviteurs, je les
éclairerai ; j'exciterai les aboiements de leur conscience, et je leur ferai
sentir la bonne odeur de la vertu, en leur rendant douce et profitable la
société de mes amis.
10. Quelquefois je permettrai que le monde leur laisse
entrevoir ses misères, les passions qui l'agitent et le peu de stabilité
qu'il présente, afin que leurs désirs s'élèvent aux choses supérieures et
qu'ils se dirigent vers le ciel, leur patrie. J'emploierai mille moyens ;
l’œil ne saurait voir, la langue raconter, et le cœur imaginer toutes les
ruses qu'invente mon amour pour leur donner ma grâce et les remplir de ma
vérité. J'y suis poussé par cette inépuisable charité qui me les a fait
créer, et aussi par les prières, les désirs et les angoisses de mes
serviteurs. Je ne puis rester insensible à leurs larmes, à leurs sueurs et à
leurs humbles demandes ; car c'est moi-même qui leur fais aimer ainsi leur
prochain et qui leur inspire cette douleur de la perte des âmes.
11. Je ne puis cependant pas remettre la peine, mais
seulement la faute, à ceux qui, de leur côté, ne sont pas disposés à
partager mon amour et l'amour de mes serviteurs. Leur contrition est
parfaite comme leur amour, et ils n'obtiennent pas comme les autres la
satisfaction de la peine, mais seulement le pardon de la faute ; car il faut
qu'il y ait rapport entre celui qui donne et celui qui reçoit. Ils sont
imparfaits, et ils reçoivent imparfaitement la perfection des désirs et des
peines qui me sont offerts pour eux.
12. Je t'ai dit qu'ils recevaient avec le pardon
encore d'autres grâces, et c'est la vérité ; car, lorsque la lumière de la
conscience et les autres moyens que je viens d'indiquer leur ont fait
remettre leur faute, ils commencent à connaître leur intérieur et à vomir la
corruption de leur péché ; ils se purifient et obtiennent de moi des grâces
particulières.
13. Ceux-là sont dans la charité commune, qui acceptent
en expiation les peines que je leur envoie ; et s'ils ne font point
résistance à la clémence du Saint-Esprit, ils quittent le péché et reçoivent
la vie de la grâce. Mais par ignorance et par ingratitude, ils méconnaissent
ma bonté et les fatigues de mes serviteurs ; tout ce qu'ils ont reçu de ma
miséricorde leur tourne en ruine et en condamnation. Ce n'est pas la
miséricorde qui leur fait défaut, ni le secours de ceux qui l'ont humblement
obtenue pour eux, mais c'est leur libre arbitre qui a malheureusement rendu
leur cœur dur comme le diamant. Cette dureté, ils peuvent la vaincre tant
qu'ils sont maîtres de leur libre arbitre, ils peuvent réclamer le sang de
mon Fils et l'appliquer sur leur cœur pour l'attendrir, et ils recevront le
bénéfice de ce sang qui a payé pour eux.
14. Mais s'ils laissent passer le délai du temps, il
n'y aura plus de remède, parce qu'ils n'auront point fait fructifier le
trésor que je leur avais confié en leur donnant la mémoire pour se rappeler
mes bienfaits, l'intelligence pour voir et connaître la vérité, et l'amour
pour les attacher à moi, qui suis cette Vérité éternelle que l'intelligence
leur avait fait connaître ! C'est là le trésor que je vous ai donné et qui
doit me rapporter ; ils le vendent et l'aliènent au démon, qui devient leur
maître et le propriétaire de tout ce qu'ils ont acquis pendant la vie. Ils
ont rempli leur mémoire de plaisirs et de souvenirs déshonnêtes ; ils sont
souillés par l'orgueil, l'avarice, l'amour-propre et la haine du prochain,
qui leur devient insupportable ; ils ont même persécuté mes serviteurs, et
toutes ces fautes ont égaré leur intelligence dans le désordre de la
volonté. Ils tomberont avec le démon dans les peines de l'enfer, parce
qu'ils n'auront pas satisfait à leurs fautes par la contrition et la haine
du péché.
15. Ainsi tu vois que l'expiation de la faute est dans
la parfaite contrition du cœur, et non dans les souffrances temporelles ;
non seulement la faute, mais la peine qui en est la suite, est remise à ceux
qui ont cette contrition parfaite, et en général, comme je te l'ai dit, ceux
qui sont purifiés de la faute, c'est-à-dire qui sont exempts de péchés
mortels, reçoivent la grâce ; mais s'ils n'ont pas une contrition suffisante
et un amour capable de satisfaire la peine, ils vont souffrir dans le
purgatoire.
16. Tu vois que la satisfaction est dans le désir de
l'âme unie à moi, le Bien Infini, et qu'elle est petite ou grande selon la
mesure de l'amour de celui qui fait la prière et du désir de celui qui
reçoit. C'est cette mesure de celui qui m'offre et de celui qui reçoit qui
est la mesure de ma bonté. Ainsi, travaille à augmenter les flammes de ton
désir, et ne te lasse pas un instant de crier humblement vers moi et de
m'offrir pour ton prochain d'infatigables prières. Je le dis pur toi et pour
le père spirituel que je t'ai donné sur terre, afin que vous agissiez avec
courage et que vous mouriez à toutes sortes de sensualités.
1. Rien ne m'est plus agréable que le désir de
souffrir jusqu'à la mort des peines et des épreuves pour le salut des âmes ;
plus on souffre, plus on prouve qu'on m'aime ; l'amour fait connaître
davantage ma vérité ; et plus on la connaît, plus on ressent de douleur des
fautes qui m'offensait. Ainsi, en me demandant de punir sur toi les péchés
des autres, tu me demandes l'amour, la lumière, la connaissance de la
vérité ; car l'amour se proportionne à la douleur, et augmente avec elle.
2. Je vous ai dit : Demandez, et vous recevrez ; je
ne refuserai jamais celui qui me demandera dans la vérité. L'ardeur de la
divine charité est si unie dans l'âme avec la patience parfaite, que l'une,
ne peut y subsister sans l'autre. Dès que l'âme veut m'aimer, elle doit
vouloir aussi supporter, par amour pour moi, toutes les peines que je lui
accorderai, quelles que soient leur mesure et leur forme. La patience ne vit
que de peines et la patience est la compagne inséparable de la charité.
Ainsi donc supportez tout avec courage ; sans cela vous ne sauriez être les
époux de ma vérité, les amis de mon Fils, et vous ne pourriez montrer le
désir que vous avez de mon honneur et du salut des âmes.
1. Je veux que tu saches que toute vertu et tout
défaut se développent par le moyen du prochain. Celui qui est dans ma
disgrâce fait tort au prochain et à lui-même, qui est son principal
prochain. Ce tort est général et particulier ; il est général parce que vous
êtes obligé d'aimer votre prochain comme vous-même, et qu'en l'aimant, vous
devez lui être utile spirituellement par vos prières et vos paroles ; vous
devez le Conseiller et l'aider dans son âme et dans son corps, selon ses
nécessités, au moins de désir, si vous ne pouvez le faire autrement.
2. Celui qui ne m'aime pas, n'aime pas son prochain,
et ne l'aimant pas il ne peut lui être utile. II se fait tort, puisqu'il se
prive de la grâce ; il fait tort au prochain, puisqu'il le prive des prières
et des saints désirs qu'il devait m'offrir pour lui, et dont la source est
mon amour et l'honneur de mon nom.
3. Ainsi tout mal vient à l'occasion du, prochain
qu'on n'aime pas, dès qu'on ne m'aime pas ; et quand on n'a plus cette
double charité, on fait le mal puisqu'on n'accomplit plus le bien. A qui
fait, ou le mal, si ce n'est à soi-même ou au prochain ? Ce n'est pas à moi,
car le mal ne saurait m'atteindre, et je ne regarde fait à moi que celui qui
est fait aux autres.
4. On fait le mal contre soi-même, puisqu'on se
prive de ma grâce, et qu'on ne peut par conséquent se nuire davantage. On
fait le mal contre le prochain, puisqu'on ne lui donne pas ce qui lui est dû
au nom de l'amour, et qu'on ne m'offre pas pour lui les prières et les
saints désirs de la charité.
5. C'est là une dette générale envers toute créature
raisonnable ; mais elle est plus sacrée à l'égard de tous ceux qui vous
entourent parce que vous êtes obligés de vous soutenir les uns les autres
par vos paroles et vos bons, exemples, recherchant en toutes choses
l'utilité de votre prochain, comme celle de votre âme, sans passion et sans
intérêt. Celui qui n'agit pas ainsi manque de charité fraternelle, et fait
par conséquent tort à son prochain ; non seulement il lui fait tort en ne
lui faisant pas le bien qu'il pourrait lui faire, mais encore en le portant
au mal.
6. Le péché est actuel ou mental dans l'homme : il
se commet mentalement lorsqu'on se délecte dans la pensée du péché, et
lorsqu'on déteste la vertu par un effet de l'amour sensitif, qui détruit la
charité qu'on doit avoir pour moi et pour le prochain. Dès qu'on a conçu
ainsi le péché, on l'enfante contre le prochain de diverses manières, selon
la perversité de la volonté sensitive. C'est quelquefois une cruauté
spirituelle et corporelle : elle est spirituelle, lorsqu'on se voit ou qu'on
voit les créatures en danger de mort et de damnation par la perte de la
grâce, et qu'on est assez cruel pour ne pas recourir à l'amour de la vertu
et à la haine du vice.
7. Quelquefois on pousse cette cruauté jusqu'à
vouloir la communiquer aux autres : non seulement on ne lui donne pas
l'exemple de la vertu, mais on fait l'office du démon, en retirant les
autres de la vertu autant qu'on le peut, et en les conduisant au vice.
Quelle cruauté plus grande peut-on exercer envers l'âme que de lui ôter
ainsi la vie de la grâce et de lui donner la mort éternelle ? La cruauté
envers le corps a sa Source dans la cupidité. Non seulement on néglige
d'assister son prochain, mais encore on le dépouille jusque dans sa
pauvreté, soit par force, soit par fraude, en lui faisant racheter son bien
et sa vie.
8. O cruauté impitoyable, pour laquelle je serai
sans miséricorde, si elle n'est pas rachetée par la compassion et la
bienveillance envers le prochain ! Elle enfante des paroles que suivent
souvent la violence et le meurtre, ou bien des impuretés qui souillent et
changent. les autres cri animaux immondes ; et ce n'est pas une personne ou
deux qui sont infectées, ce sont tous ceux qui fréquentent et approchent
seulement ce cruel corrupteur.
9. Que n'enfante pas aussi l'orgueil, si avide de
réputation et d'honneur! On méprise le prochain, on s'élève au dessus de lui
et on lui fait injure. Si l'on est dans une position supérieure, on commet
l'injustice, et on devient le bourreau des autres.
10. O ma fille bien-aimée, gémis sur toutes ces
offenses et pleure sur tous ces morts, afin que tes prières les
ressuscitent. Tu vois quand et comment les hommes commettent le péché contre
le prochain et par son moyen. Sans le prochain, il n'y aurait pas de péchés
secrets ou publics. Le péché secret, c'est de ne pas l'assister comme on
doit le faire ; le péché public, c'est cette génération de vices dont je
viens de parler. Il est donc vrai que toutes les offenses me sont faites par
le moyen du prochain.
1. Je t'ai dit que tous les péchés se font par le
moyen du prochain ; leur cause est dans le défaut de la charité, qui seule
fait naître, vivifie et développe toute vertu. L'amour-propre qui détruit la
charité et l'amour du prochain, est le principe et le fondement de tout mal.
Le scandale, la haine, les cruautés, toutes les fautes viennent de cette
racine mauvaise, qui empoisonne le monde entier, et qui trouble le corps de
la sainte Église et toute la chrétienté.
2. Je t'ai dit que les vertus avaient leur fondement
dans l'amour du prochain, parce que c'est la charité qui donne la vie à
toutes les vertus ; il est impossible d'acquérir aucune vertu sans la
charité, c'est-à-dire sans mon amour.
3. Dès que l'âme se connaît, elle trouve l'humilité
et la haine de la passion sensitive, parce qu'elle connaît la loi mauvaise,
qui captive la chair et combat sans cesse l'esprit. Elle conçoit alors de la
haine et de l'horreur contre la sensualité, et elle s'applique avec zèle à
la soumettre à la raison.
4. Tous les bienfaits qu'elle a reçus de moi lui
font comprendre la grandeur de ma bonté, et l'intelligence qu'elle en a lui
donne l'humilité, parce qu'elle sait que c'est ma grâce seule qui l'a tirée
des ténèbres et lui procure la clarté de cette lumière. Dès qu'elle a
reconnu ma bonté, elle aime d'une manière désintéressée, et d'une manière
intéressée d'une manière désintéressée, quant à son utilité particulière ;
d'une manière intéressée quant à la vertu qu'elle a embrassée pour moi,
parce qu'elle sait qu'elle ne me serait point agréable Si elle n'avait pas
la haine du péché et l'amour de la vertu.
5. Dès qu'elle m'aime, elle aime le prochain, sans
cela son amour ne serait pas véritable ; car mon amour et l'amour du
prochain ne font qu'un. Plus une âme m'aime, plus elle aime le prochain,
parce que l'amour qu'on a pour lui procède de mon amour.
6. C'est là le moyen que je vous ai donné pour que
vous exerciez et cultiviez en vous la vertu. Votre vertu ne peut m'être
utile, mais elle, doit profiter au prochain. Vous montrez que vous avez ma
grâce en m'offrant pour lui de saintes prières et les désirs ardents que
vous avez de mon bonheur et du salut des âmes.
7. L'âme qui est amoureuse de ma vérité ne cesse
jamais d'être utile aux autres en général et en particulier, peu ou
beaucoup, selon la disposition de celui qui reçoit, et selon l'ardent désir
de celui qui demande et me force de donner. Je te l'ai dit, en t'expliquant
que, sans l'ardent désir, la peine ne pouvait suffire, à expier la faute.
8. Lorsque l'âme possède cet amour qu'elle puise en
moi et qu'elle étend au prochain et au salut du monde entier, elle cherche à
faire partager aux autres les avantages et la vie de la grâce qu’elle en
retire. Elle s'applique à satisfaire aux besoins particuliers de ceux qui
l’entourent. Elle montre la charité générale pour toutes les créatures. Elle
veut servir ses proches en leur communiquant, selon leur nombre et leur
mesure, les grâces dont je l'ai faite dépositaire et ministre Car j'ai
charge les uns de faire le bien dans l'enseignement de la doctrine, sans
avoir égard à leurs intérêts, et j'ai chargé les autres de le faire par les
saints exemples que vous étés tous obliges de leur donner pour l'édification
du prochain.
9. Ces vertus et bien d'autres, qu'il serait trop
long de nommer, sont les fruits de l'amour véritable du prochain, je les
donne à chacun d'une manière différente, afin qu'étant partagées entre tous,
la vertu et la charité naissent de leur harmonieux ensemble.
10. J'ai donné une vertu à celui-ci, et une autre
vertu à celui-là ; mais aucune vertu ne peut être parfaite sans qu'on ait à
un certain degré les autres ; car toutes les vertus sont liées ensemble, et
chaque vertu est le commencement et le principe des autres. A l'un je donne
la charité, à l'autre la justice, l'humilité ou une foi vive, la prudence,
la tempérance, la patience ou la force. Je diversifie ainsi mes dons dans
les âmes, distribuant à toutes des grâces spéciales. Mais dès que l'âme
possède une vertu qu'elle pratique et qu'elle développe de préférence, cette
vertu entraîne naturellement les autres ; car, comme je l'ai dit, toutes les
vertus sont liées par les liens de la charité.
11. Mes dons sont temporels ou spirituels. J'appelle
temporels toutes les choses nécessaires à la vie de l'homme, et ces choses
je les dispense avec une grande inégalité. Je ne les donne pas toutes à un
seul, afin que des besoins réciproques deviennent une occasion de vertu et
un moyen d'exercer la charité. II m'était très facile de donner à chacun ce
qui est utile à son corps et à son âme ; mais j'ai voulu que tous les hommes
eussent besoin les uns des autres pour devenir ainsi les ministres et les
dispensateurs des dons qu'ils ont reçus de moi. Que l'homme le veuille ou
non, il est forcé d'exercer la charité envers son prochain : seulement, si
cette charité ne s'exerce pas par amour pour moi, elle ne sert de rien dans
l'ordre de la grâce.
12. Ainsi tu vois que c'est pour organiser la charité
que j'ai rendu les hommes mes ministres, et que je les ai placés dans des
états et des rapports si différents. Il y a bien des manières d'être dans ma
maison, et l'amour est la seule chose que je vous demande ; car c'est en
m'aimant qu'on aime le prochain, et celui qui aime le prochain accomplit la
loi ; quiconque possède l'amour rend avec bonheur à son prochain tous les
services qu'il peut lui rendre.
1. Je t'ai dit que l'homme, en servant son prochain,
prouve l'amour qu'il a pour moi. J'ajoute que c'est par le prochain qu'on
pratique les vertus et surtout la patience, quand il en reçoit des injures.
II exerce son humilité avec le superbe, sa foi avec l'incrédule, son
espérance avec celui qui désespère, sa justice avec l'injuste, sa bonté avec
le méchant, sa douceur avec celui qui est en colère.
2. Le prochain est l'occasion de toutes les vertus,
comme il est aussi celle de tous les vices. L'humilité brille par l'orgueil,
car l'humilité détruit l'orgueil et en triomphe. Le superbe ne peut nuire à
celui qui est humble, et l'infidélité de celui qui ne m'aime pas et n'espère
pas en moi ne peut nuire à celui qui m'est fidèle, ni affaiblir la foi et
l'espérance que lui donne mon amour. Elle les fortifie au contraire et les
montre dans la charité qu'il a pour le prochain ; car, lorsque mon serviteur
fidèle voit quelqu'un qui n'espère plus en lui et en moi, il ne cesse pas
pour cela de l'aimer, et il demande au contraire son salut avec plus
d'ardeur. Celui qui ne m'aime pas ne peut avoir foi en moi ; son espérance
est dans la sensualité qui captive son cœur. Tu vois donc que c'est par
l'infidélité et par le défaut d'espérance des autres que la foi s'exerce ;
c'est là qu'elle trouve les occasions d'agir et de se développer.
3. La justice aussi n'est pas détruite par
l'injustice ; la patience de celui qui souffre montre au contraire la
justice, comme la douceur et la résignation brillent d'un plus grand éclat
dans les orages de la colère : l'envie, le mépris et la haine sont aussi
vaincus par la charité par le désir et la faim du salut des âmes.
4. Non seulement ceux qui rendent le bien pour le
mal montrent leur vertu, mais ils la communiquent souvent. Ils mettent les
charbons ardents de la charité sur la tête de leur prochain ; ils chassent
la haine qui s'était emparée de son cœur, et la colère se charge tout à coup
en bienveillance c'est un miracle que produit l'affectueuse patience de
celui qui supporte la colère du méchant et qui lui pardon ne. La force et la
persévérance ont leurs aliments dans l'injure et dans la calomnie des hommes
qui, par la violence ou la séduction, veulent détourner mes serviteurs du
chemin de la vérité. Celui qui est fort et persévérant le montre, dans sa
conduite envers le prochain ; celui qui succombe alors prouve que sa vertu
n'est rien.
1. Les œuvres douces et saintes que je réclame de mes
serviteurs sont les vertus intérieures d'une âme éprouvée, plutôt que les
vertus qui s'accomplissent au moyen du corps, par les abstinences et les
mortifications : ce sont là les instruments de la vertu plutôt que la vertu.
Celui qui les emploie sans la vertu me sera peu agréable, et même, s'il les
emploie sans discrétion en s'attachant d'une manière exagérée à la
pénitence, il nuira véritablement à la perfection.
2. Le fondement de la perfection est l'ardeur de mon
amour, une sainte haine de soi-même, une humilité vraie, une patience
parfaite, et toutes ces vertus intérieures de l'âme qui s'unissent à un
désir insatiable de ma gloire et du salut des âmes. Ces vertus prouvent que
la volonté est morte, et que la sensualité est vaincue par l'amour. C'est
avec cette discrétion qu'on doit faire pénitence : la vertu est le but
principal ; la pénitence n'est qu'un moyen pour l'atteindre, et il faut
toujours l'employer dans la seule mesure du possible.
3. En s'appuyant trop sur la pénitence, on nuit à sa
perfection, parce qu'on ne suit pas la lumière de la connaissance de
soi-même et de ma souveraine bonté, et qu'on n'obéit pas à la vérité en
dépassant les bornes de ma haine ou de mon amour.
4. La discrétion n'est autre chose qu'une
connaissance vraie que l'âme doit avoir d'elle-même et de moi, et c'est dans
cette connaissance qu'elle prend racine ; elle a un rejeton qui est lié et
uni à la charité. Elle en a beaucoup d'autres, comme un arbre a beaucoup de
rameaux, mais ce qui donne la vie à l'arbre et aux rameaux, c'est la
racine ; cette racine doit être plantée dans la terre de l'humilité, qui
porte et nourrit la charité, où est enté le rejeton et l'arbre de la
discrétion.
5. La discrétion ne serait plus une vertu et ne
produirait pas de fruits de vie si elle n'était plantée dans l'humilité,
parce que l'humilité vient de la connaissance que l'âme a d'elle-même. Aussi
t'ai-je dit que la racine de la discrétion était une connaissance vraie de
soi-même et de ma bonté, qui fait rendre à chacun ce qui lui est du le plus
justement possible.
6. L'âme me rend ce qui m'est dû en rendant gloire
et louange à mon nom, en m'attribuant les grâces et les dons qu'elle sait
avoir reçus de moi ; elle se rend à elle-même ce qui lui est dû en
reconnaissant qu'elle n'est pas, que son être lui vient uniquement de ma
grâce, et tout ce qu'elle a de plus vient de moi et non pas d'elle. Il lui
semble qu'elle est ingrate pour tant de bienfaits, qu'elle est coupable
d'avoir si peu profité du temps et des grâces reçues, et qu'elle mérite d'en
être sévèrement punie. Elle conçoit alors un regret violent et une profonde
haine de ses défauts.
7. Voici ce que fait la discrétion fondée sur la
connaissance de soi-même et sur une humilité vraie. Sans l'humilité l'âme ne
serait pas juste, et son défaut de discrétion aurait sa source dans
l'orgueil, comme la discrétion a la sienne clans l'humilité. Elle me
déroberait mon honneur en se l'attribuant à elle-même, et elle
m'attribuerait ce qui lui appartient en se plaignant et en murmurant
injustement de ce que j'ai fait pour elle et pour mes autres créatures. Elle
se scandaliserait également de moi et du prochain.
8. Ceux qui ont la discrétion n'agissent point
ainsi. Lorsqu'ils m'ont rendu et qu'ils se sont rendu justice, ils
accomplissent aussi leur devoir envers le prochain en l'aimant d'une charité
sincère, en priant pour lui avec une humble persévérance, comme il faut le
faire les uns pour les autres ; en lui donnant tous les enseignements et les
bons exemples, les conseils et les secours qui sont nécessaires à son salut.
Quelle que soit la position de l'homme, qu'il commande ou qu'il obéisse,
s'il a cette vertu, tout ce qu'il fera pour le prochain sera fait avec
discrétion et charité, car ces deux choses sont inséparables : elles
reposent sur une humilité sincère, qui vient de la connaissance de soi-même.
1. Sais-tu dans quel rapport sont ces trois vertus ?
Suppose un cercle tracé sur la terre, et au milieu un arbre avec un rejeton
qui lui serait uni ; l'arbre se nourrit de la terre contenue dans la largeur
du cercle ; s'il en était arraché, il mourrait et ne pourrait donner de
fruits tant qu'il n'y serait pas replanté. L'âme aussi est un arbre fait
pour l'amour et qui ne peut vivre que d'amour. Si l'âme n'a pas l'amour
divin d'une parfaite charité, elle ne donnera pas de fruits de vie, mails
des fruits de mort. Il faut que sa racine se nourrisse dans le cercle d'une
véritable connaissance d'elle-même, et cette connaissance la fixe en moi,
qui n'ai ni commencement ni fin. Quand tu tournes dans un cercle, tu n'en
trouves ni le commencement ni la fin, et cependant tu t'y vois renfermée.
2. Cette connaissance que l'âme a de moi et
d'elle-même repose sur la terre d'une véritable humilité, dont l'étendue est
proportionnée à celle du cercle de cette connaissance qu'elle a de moi en
elle. Sans cela, le cercle ne serait pas sans commencement et sans fin ; il
aurait un commencement, puisqu'il commencerait à la connaissance
d'elle-même, et finirait dans la confusion, parce que cette connaissance
serait séparée de moi.
3. L'arbre de la charité se nourrit de l'humilité et
produit le rejeton d'une véritable discrétion, ainsi que je te l'ai montré.
La moelle de l'arbre, c'est-à-dire de la charité dans l'âme, est la patience
qui prouve que je suis dans l'âme et que l'âme est en moi. Quand cet arbre
est ainsi planté, il porte des fleurs d'une éclatante vertu et les parfums
les plus délicieux ; il donne des fruits excellents à tous ceux qui désirent
suivre et imiter mes serviteurs ; il rend ainsi honneur et gloire à mon nom
et il accomplit le but de la création. Il arrive à son terme, à moi qui suis
la vie véritable, et rien ne peut le dépouiller s'il n'y consent pas. Tous
les fruits de cet arbre sont inséparables, et ils viennent de la discrétion.
|