Céadde de Lichfield
Abbé, Évêque, Saint
? - 672

Ceadda, que l’on traduit en général par Céadde (ou Chad), était né en Northumbrie, ancien royaume angle, dont la capitale était York.

Il avait trois frères : s. Cedde qui fut évêque (fêté le 26 octobre), Celin et Cymbel qui furent prêtres.

Céadde eut pour maître saint Aidan (fêté le 31 août), évêque à Lindisfarne, mais il alla aussi passer une partie de sa jeunesse en Irlande à l’abbaye de Melfont, en compagnie d’Egbert. Il en fut rappelé par son frère Cedde qui demandait son aide pour gouverner le monastère de Lestingay fondé par lui dans le comté d’York. Mais comme Cedde devint bientôt évêque de Londres, c’est-à-dire “des Saxons de l’Est”, il abandonna à Céadde tout le gouvernement du monastère.

C’était l’époque où, dans le concile de Whitby, l’influence de Wilfrid avait fait adopter la pratique romaine pour la célébration de la Pâque. Cette décision fut justement à l’origine d’une petite “intrigue” concernant le siège épiscopal de Lindisfarne. Son titulaire et successeur de s. Aidan, avait démissionné parce qu’il préférait l’habitude irlandaise (ou écossaise) pour la célébration de Pâques. Son successeur, Tuda, mourut de la peste peu de temps après. On désigna alors Wilfrid pour occuper ce siège, lequel fut transféré de Lindisfarne à York. Or Wilfrid alla en Gaule pour se faire consacrer, et ce voyage apparut un peu trop long aux yeux du roi de Northumbrie, Oswy, qui décida simplement de “créer” Céadde évêque à la place de Wilfrid.

C’est ainsi que Céadde fut sacré évêque en 666, par l’évêque de Winchester, Wini, assisté de deux prélats bretons. Chad rentra aussitôt en Northumbrie et, d’après le témoignage du vénérable Bède, il remplit avec zèle tous les devoirs de sa charge, visitant les paroisses à pied, prêchant l’Evangile, à la manière des apôtres, recherchant les plus pauvres et les plus délaissés pour les instruire et leur venir en aide.

On peut à juste titre se demander quelle devait être l’attitude de Wilfrid à son retour. Il se comporta en véritable saint, se retirant simplement dans son abbaye de Ripon. Mais c’est alors qu’intervint le nouvel archevêque de Canterbury, Théodore, qui entreprenait la visite générale de l’Eglise d’Angleterre. Parvenu en Northumbrie, il lui arriva des bruits de contestations, selon lesquelles Céadde aurait été consacré irrégulièrement, soit parce que c’était Wilfrid qui avait été nommé au siège de Lindisfarne, soit parce que les prélats assistants au sacre de Céadde appartenaient à cette portion de l’Eglise d’Angleterre qui n’observait pas les règles romaines de la célébration de la Pâque. Il est intéressant de noter la conversation entre Théodore et Céadde :

Théodore : Tu n’as pas été sacré canoniquement.

Céadde : Si tu en juges ainsi, j’abandonne volontiers une charge dont je ne me suis jamais estimé digne et que j’ai acceptée par obéissance.

Frappé de cette douceur et de cette humilité, Théodore lui répliqua qu’il n’était pas obligé de renoncer à la charge épiscopale et suppléa seulement à quelques rites qu’il trouvait défectueux dans l’ordination. Tandis que Wilfrid prenait possession du siège de York, Céadde se retirait dans son monastère de Lastingay.

Il dut bientôt en sortir à nouveau, désigné par Théodore pour succéder à Jaruman, évêque des Merciens récemment décédé. C’est ainsi que Céadde fut évêque de Lichfield, avec l’approbation du roi Oswy, celui-là qui l’avait fait nommer pour le diocèse de York. Là Céadde bâtit une église qu’i dédia à sainte Marie, fit construire à une faible distance, une résidence pour lui-même et huit de ses moines avec lesquels il partagea son temps entre la prière, l’étude, la prédication. Le roi Wulfhere donna encore un terrain à l’évêque pour y établir un monastère, qui est peut-être celui de Barrow.

Comme à Lindisfarne, Céadde montra à Lichfield le même zèle apostolique et la même simplicité. Contre les observations de Théodore qui aurait préféré le voir à cheval, il reprit ses visites pastorales à pied. De nouveau saint Bède nous décrit la simplicité de cet évêque, d’après des récits que lui avait fait un disciple de Céadde à Lastingay. Ainsi quand le saint homme entendait le vent souffler en tempête, il interrompait sa lecture ou ses autres occupations pour demander à Dieu miséricorde en faveur de l’humanité ; si le vent se déchaînait avec plus de violence, il tombait la face contre terre et continuait de prier ; si la tempête était accompagnée de tonnerre et d’éclairs, il allait à l’église et y récitait des psaumes jusqu’à ce que le calme fût rétabli.

Après deux ans et demi de cette activité pastorale exemplaire, voici comment Céadde se prépara à la mort. Un de ses disciples était occupé aux travaux des champs quand il entendit une très douce harmonie et comme des chants de joie qui partaient du ciel. Cette belle musique se rapprocha peu à peu pour entourer la chambre où Céadde se trouvait seul, pour repartir ensuite vers le ciel. Céadde ouvrit alors sa fenêtre et fit signe à son disciple et à ses compagnons d’approcher, pour leur dire : “L’hôte aimable, qui a déjà visité tant de nos frères, a daigné venir vers moi et m’a invité à quitter ce monde. Allez à l’église et recommandez aux frères qui s’y trouvent de prier pour mon heureux trépas.” Pendant que ses compagnons exécutaient ce message, le disciple demeura près de Céadde et lui demanda ce que pouvaient signifier ces chants qu’il venait d’entendre. Et Céadde de répondre : “C’est le chant des anges ; dans sept jours, ils vont revenir pour emporter mon âme.” En effet, Céadde tomba malade aussitôt de la peste, qui avait déjà tant frappé le clergé de son diocèse, et mourut sept jours après, comme il l’avait annoncé, le 2 mars 672.

Dans un premier temps, le corps de Céadde fut enseveli à Lichfield, puis transféré dans l’église Saint-Pierre. La châsse était de bois, en forme de maisonnette, avec sur le côté une ouverture pour permettre aux fidèles de passer la main et recueillir un peu de poussière ; mêlée à de l’eau qu’on buvait, cette poussière guérissait diverses maladies. Au XIIe siècle, on construisit une grande église dédiée à Sainte Marie et Saint Céadde, laquelle devint la cathédrale de Lichfield, où l’on transféra les reliques de saint Céadde. Actuellement, ces reliques se trouvent à Birmingham.

Saint Céadde est très vénéré en Irlande. Ce fut un des saints les plus populaires de l’Angleterre. Le Martyrologe Romain le mentionne au 2 mars.

 

 

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