Chapitre II
JE
CROIS EN JÉSUS CHRIST, LE FILS UNIQUE DE DIEU
79.
Quelle est la Bonne Nouvelle pourl'homme ?
C'est l'annonce de Jésus
Christ, « le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16), mort et ressuscité. Au
temps du roi Hérode et de l'empereur César Auguste, Dieu a accompli la
promesse faite à Abraham et à sa descendance en envoyant « son Fils, né
d'une femme, né sujet de la loi, afin de racheter ceux qui sont nés sous
la loi, afin de faire de nous des fils » (Ga 4, 45).
80.
Comment s'est répandue la Bonne Nouvelle?
Dès le début, les premiers
disciples ont eu l'ardent désir d'annoncer Jésus Christ dans le but de
conduire tous les hommes à la foi en lui. Aujourd'hui encore, de la
connaissance aimante du Christ naît le désir d'évangéliser et de
catéchiser, c'est-à-dire de révéler en sa personne tout le dessein de
Dieu et de mettre l'humanité en communion avec lui.
«ET
EN JÉSUS CHRIST, SON FILS UNIQUE,
NOTRE SEIGNEUR »
81. Que
signifie le nom de «Jésus » ?
Donné par l'Ange à
l'Annonciation, le nom de « Jésus » signifie « Dieu sauve ». Il exprime
son identité et sa mission, car « c'est Lui qui sauvera son peuple de
ses péchés » (Mt 1, 21). Pierre affirme qu'«il n'y a pas sous le ciel
d'autre nom par lequel nous puissions être sauvés» (Ac 4, 12).
82.
Pourquoi Jésus est-il appelé « Christ » ?
« Christ » en grec, «
Messie » en hébreu, signifie « oint ». Jésus est le Christ parce qu'il a
été consacré par Dieu, oint par l'Esprit Saint pour sa mission
rédemptrice. Il est le Messie attendu par Israël, envoyé dans le monde
par le Père. Jésus a accepté le titre de Messie en en précisant
toutefois le sens : « Descendu du Ciel » (Jn 3, 13), crucifié puis
ressuscité, il est le Serviteur souffrant, qui « donne sa vie pour
racheter la multitude » (Mt 20, 28). Du nom Christ dérive notre nom de
chrétiens.
83. En
quel sens Jésus est-il le «Fils unique de Dieu » ?
Il l'est dans un sens
unique et parfait. À son Baptême et à la Transfiguration, la voix du
Père désigne Jésus comme son « Fils bien-aimé ». Se présentant lui-même
comme le Fils qui « connaît le Père » (Mt 11, 27), Jésus affirme sa
relation unique et éternelle avec Dieu son Père. « Il est le Fils unique
de Dieu » (1Jn 4, 9), la deuxième Personne de la Trinité. Il est le
centre de la prédication apostolique : les Apôtres ont vu « sa gloire,
la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique » (Jn 1,14).
84. Que
signifie le titre de « Seigneur » ?
Dans la Bible, ce titre
désigne d'ordinaire le Dieu souverain. Jésus se l'attribue et révèle sa
souveraineté divine par son pouvoir sur la nature, sur les démons, sur
le péché et sur la mort, et surtout par sa résurrection. Les premières
confessions chrétiennes proclament que la puissance, l'honneur et la
gloire rendus à Dieu le Père le sont aussi à Jésus, à qui Dieu « a donné
un nom au-dessus de tout autre nom » (Ph 2, 9). Il est le Seigneur du
monde et de l'histoire, le seul auquel l'homme doit soumettre totalement
sa liberté personnelle.
«
JÉSUS CHRIST A ÉTÉ CONÇU DU SAINT-ESPRIT,
EST NÉ DE LA VIERGE MARIE »
85.
Pourquoi le Fils de Dieu s'est-il fait homme ?
Le Fils de Dieu s'est
incarné dans le sein de la Vierge Marie par l'opération du Saint-Esprit,
pour nous les hommes et pour notre salut, c'est-à-dire pour nous
réconcilier, nous pécheurs, avec Dieu, pour nous faire connaître son
amour infini, pour être notre modèle de sainteté et pour nous rendre «
participants de la nature divine » (2P 1, 4).
86. Que
signifie le mot «Incarnation » ?
L'Église appelle «
Incarnation » le mystère de l'admirable union de la nature divine et de
la nature humaine en l'unique Personne divine du Verbe. Pour accomplir
notre salut, le Fils de Dieu s'est fait « chair » (Jn 1, 14), devenant
vraiment homme. La foi en l'Incarnation est le signe distinctif de la
foi chrétienne.
87.
Comment Jésus Christ est-il vrai Dieu et vrai homme?
Jésus Christ est de manière
indissociable vrai Dieu et vrai homme dans l'unité de sa Personne
divine. Lui, le Fils de Dieu, qui est « engendré, non pas créé, de même
substance que le Père », il s'est vraiment fait homme, notre frère, sans
pour autant cesser d'être Dieu, notre Seigneur.
88.
Qu'enseigne à ce sujet le Concile de Chalcédoine (en 451) ?
Le Concile de Chalcédoine
enseigne à confesser « un seul et même Fils, Notre Seigneur Jésus
Christ, parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment
Dieu et vraiment homme, composé d'une âme rationnelle et d'un corps,
consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon
l'humanité, 'semblable à nous en tout, à l'exception du péché' (He 4,
15) ; engendré du Père avant tous les siècles selon la divinité et, en
ces derniers jours, pour nous et notre salut, né de la Vierge Marie,
Mère de Dieu, selon l'humanité ».
89.
Comment l'Église exprime-t-elle le mystère de l'Incarnation ?
Elle l'exprime en affirmant
que Jésus Christ est vrai Dieu et vrai homme, avec deux natures, divine
et humaine, non pas confondues, mais unies dans la Personne du Verbe.
Néanmoins, dans l'humanité de Jésus, tout - les miracles, la souffrance
et la mort - doit être attribué à sa Personne divine, qui agit par la
nature humaine qu'elle assume.
« Ô Fils unique et Verbe
de Dieu, étant immortel, tu as daigné pour notre salut t'incarner de la
Sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie… Toi qui es Un de la Sainte
Trinité, glorifié avec le Père et le Saint-Esprit, sauve-nous ! » (Liturgie
byzantine de saint Jean Chrysostome).
90. Le
Fils de Dieu fait homme avait-il une âme avec une connaissance humaine ?
Le Fils de Dieu a assumé un
corps animé par une âme humaine raisonnable. Avec son intelligence
humaine, Jésus a appris beaucoup par l'expérience. Mais aussi comme
homme, le Fils de Dieu avait une connaissance intime et immédiate de
Dieu son Père. Il pénétrait également les pensées secrètes des hommes et
connaissait pleinement les desseins éternels qu'il est venu révéler.
91.
Comment s'accordent les deux volontés du Verbe incarné ?
Jésus a une volonté divine
et une volonté humaine. Dans sa vie terrestre, le Fils de Dieu a
humainement voulu ce qu'il avait divinement décidé pour notre salut avec
le Père et l'Esprit Saint. Sans résistance ni opposition, la volonté
humaine du Christ suit la volonté divine ; mieux encore, elle lui est
soumise.
92. Le
Christ avait-il un vrai corps humain?
Le Christ a assumé un vrai
corps humain, par lequel Dieu invisible s'est rendu visible. Pour cette
raison, le Christ peut être représenté et vénéré au moyen d'images
saintes.
93. Que
représente le cœur de Jésus ?
Jésus nous a connus et
aimés avec un cœur d'homme. Son cœur transpercé pour notre salut est le
symbole de l'amour infini avec lequel il aime son Père et tous les
hommes.
94.
«Conçu par l'opération du Saint-Esprit… ». Que signifie cette expression
?
Elle signifie que la Vierge
Marie a conçu dans son sein le Fils éternel par l'action de l'Esprit
Saint et sans le concours d'un homme : « L'Esprit Saint viendra sur toi
» (Lc 1, 35), lui a dit l'ange à l'Annonciation.
95. « Né
de la Vierge Marie ». Pourquoi Marie est-elle vraiment la Mère de Dieu ?
Marie est vraiment Mère de
Dieu parce qu'elle est la Mère de Jésus (cf. Jn 2, 1 ; 19, 25). En
effet, celui qui a été conçu par l'opération du Saint-Esprit et qui est
devenu vraiment son Fils est le Fils éternel du Père. Il est lui-même
Dieu.
96. Que
signifie l'«Immaculée Conception » ?
De toute éternité et de
façon toute gratuite, Dieu a choisi Marie pour être la Mère de son Fils.
Pour accomplir cette mission, elle a été immaculée dès sa conception.
Cela signifie que, par la grâce de Dieu et en vue des mérites de Jésus
Christ, Marie a été préservée du péché originel dès sa conception.
97. Comment Marie
collabore-t-elle au dessein divin du salut ?
Par la grâce de Dieu, Marie
est restée préservée de tout péché personnel durant toute son existence.
Elle est « pleine de grâce » (Lc 1, 28), la « Toute Sainte ». Quand
l'ange lui annonça qu'elle mettrait au monde « le Fils du Très-Haut »
(Lc 1, 32), elle donna librement son consentement dans « l'obéissance de
la foi » (Rm 1, 5). Marie s'est livrée totalement à la Personne et à
l'œuvre de son Fils Jésus, acceptant de toute son âme la volonté divine
du salut.
98. Que
signifie la conception virginale de Jésus?
Elle signifie que Jésus a
été conçu dans le sein de la Vierge par la seule puissance de l'Esprit
Saint, sans intervention de l'homme. Il est Fils du Père céleste selon
sa nature divine, Fils de Marie selon sa nature humaine, mais vraiment
Fils de Dieu dans ses deux natures, étant en lui-même une seule
Personne, qui est divine.
99. En
quel sens Marie est-elle «toujours vierge » ?
Dans le sens qu'elle est «
restée vierge en concevant son Fils, vierge en l'enfantant, vierge en le
portant, vierge en le nourrissant de son sein, vierge mère, vierge
toujours » (saint Augustin). Cependant, quand les Évangiles parlent de «
frères et sœurs de Jésus », il s'agit de parents proches de Jésus, selon
une expression utilisée dans la Sainte Écriture.
100. De
quelle manière la maternité spirituelle de Marie est-elle universelle ?
Marie a un Fils unique,
Jésus, mais, en lui, sa maternité spirituelle s'étend à tous les hommes,
qu'il est venu sauver. Obéissante aux côtés du nouvel Adam, qui est
Jésus Christ, la Vierge est la nouvelle Ève, la véritable mère des
vivants, qui coopère avec son amour maternel à leur naissance et à leur
croissance dans l'ordre de la grâce. Vierge et Mère, Marie est la figure
de l'Église, sa plus parfaite réalisation.
101. En
quel sens toute la vie du Christ est-elle Mystère ?
Toute la vie du Christ est
un événement de révélation. Ce qui est visible dans la vie terrestre du
Christ conduit à son Mystère invisible, surtout au Mystère de sa
filiation divine : « Qui me voit, voit le Père » (Jn 14, 9). D'autre
part, bien que le salut soit pleinement accompli par la croix et la
résurrection, la vie entière du Christ est Mystère de salut, car tout ce
que Jésus a fait, a dit et a souffert avait pour but de sauver l'homme
déchu et de le rétablir dans sa vocation de fils de Dieu.
102.
Quelles ont été les préparations des Mystères de Jésus ?
Avant tout, il y eut durant
de nombreux siècles une longue espérance, que nous revivons pendant la
célébration liturgique du temps de l'Avent. Outre l'attente obscure
qu'il a établie dans le cœur des païens, Dieu a préparé la venue de son
Fils à travers l'Ancienne Alliance, jusqu'à Jean-Baptiste, qui est le
dernier et le plus grand des prophètes.
103.
Qu'enseigne l'Évangile sur les mystères de la naissance et de l'enfance
de Jésus ?
À Noël, la gloire du Ciel
se manifeste dans la faiblesse d'un nouveau-né. La circoncision de Jésus
est le signe de son appartenance au peuple juif et la préfiguration de
notre Baptême. L'Épiphanie est la manifestation du Roi-Messie d'Israël à
toutes les nations. Dans la Présentation au Temple, en Syméon et Anne,
c'est toute l'attente d'Israël qui vient à la rencontre de son Sauveur.
La fuite en Égypte et le massacre des innocents annoncent que la vie
entière du Christ sera sous le signe de la persécution. Son retour
d'Égypte rappelle l'exode et présente Jésus comme le nouveau Moïse: il
est le libérateur véritable et définitif.
104. Quel
enseignement nous offre la vie cachée de Jésus à Nazareth ?
Durant la vie cachée à
Nazareth, Jésus reste dans le silence d'une existence ordinaire. Il nous
permet ainsi d'être en communion avec lui dans la sainteté d'une vie
quotidienne faite de prière, de simplicité, de labeur, d'amour familial.
Sa soumission à Marie et à Joseph, son père putatif, est une image de
son obéissance filiale à son Père. Avec leur foi, Marie et Joseph
accueillent le mystère de Jésus, bien qu'ils ne le comprennent pas
toujours.
105.
Pourquoi Jésus reçoit-il de Jean le « baptême de conversion pour le
pardon des péchés » (Lc 3 , 3 ) ?
Pour commencer sa vie
publique et pour anticiper le Baptême de sa mort, il accepte ainsi, bien
que sans péché, d'être compté parmi les pécheurs, lui, « l'Agneau de
Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). Le Père le déclare «
son Fils bien-aimé » (Mt 3, 17), et l'Esprit descend sur lui. Le baptême
de Jésus est la préfiguration de notre Baptême.
106. Que
nous révèlent les tentations de Jésus au désert ?
Les tentations de Jésus au
désert récapitulent celle d'Adam au paradis et celles d'Israël dans le
désert. Satan tente Jésus dans son obéissance à la mission confiée par
son Père. Le Christ, nouvel Adam, résiste et sa victoire annonce celle
de la passion, obéissance suprême de son amour filial. L'Église s'unit à
ce Mystère tout particulièrement dans le temps liturgique du Carême.
107. Qui
est invité à faire partie du Royaume de Dieu, annoncé et accompli par
Jésus ?
Jésus invite tous les
hommes à faire partie du Royaume de Dieu. Même le pire des pécheurs est
appelé à se convertir et à accepter l'infinie miséricorde du Père. Déjà,
sur la terre, le Royaume appartient à ceux qui l'accueillent d'un cœur
humble. C'est à eux que sont révélés ses mystères.
108.
Pourquoi le Christ manifeste-t-il le Royaume par des signes et des
miracles ?
Jésus accompagne sa parole
de signes et de miracles pour attester que le Royaume est présent en
lui, le Messie. Bien qu'il guérisse certaines personnes, il n'est pas
venu pour éliminer ici-bas tous les maux, mais avant tout pour libérer
les hommes de l'esclavage du péché. La lutte contre les démons annonce
que sa croix l'emportera sur « le prince de ce monde « (Jn 12, 31).
109. Dans
le Royaume, quelle autorité confère le Christ à ses Apôtres ?
Jésus choisit les Douze,
futurs témoins de sa Résurrection. Il les fait participer à sa mission
et à son autorité pour enseigner, pour pardonner les péchés, pour
édifier et pour gouverner l'Église. Dans ce collège, Pierre reçoit « les
clefs du Royaume » (Mt 16, 19) et occupe la première place, avec la
mission de garder la foi dans son intégrité et de confirmer ses frères.
110.
Quelle est la signification de la Transfiguration ?
À la transfiguration
apparaît avant tout la Trinité : « Le Père en sa parole, le Fils dans
son humanité, l'Esprit dans la nuée de lumière » (saint Thomas d'Aquin).
En évoquant avec Moïse et Élie « son départ » (Lc 9, 31), Jésus montre
que sa gloire passe par la croix ; et il anticipe sa résurrection et son
retour dans la gloire, « qui transfigurera notre corps mortel à l'image
de son corps glorieux » (Ph 3, 21).
Tu t'es transfiguré sur
la montagne, et, autant qu'ils en étaient capables, tes disciples ont
contemplé ta Gloire, Christ Dieu, afin que, lorsqu'ils Te verraient
crucifié, ils comprennent que ta passion était volontaire et qu'ils
annoncent au monde que Tu es vraiment le rayonnement du Père (Liturgie
byzantine).
111.
Comment advient l'entrée messianique à Jérusalem ?
Au temps fixé, Jésus décide
de monter à Jérusalem pour souffrir sa passion, mourir et ressusciter.
Comme Roi-Messie qui manifeste la venue du Royaume, il entre dans sa
ville sur le dos d'un petit âne. Il est accueilli par des enfants, dont
l'acclamation est reprise dans le Sanctus de la Messe : « Béni soit
celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna » (sauve-nous) (Mt 21, 9).
La liturgie de l'Église commence la Semaine sainte par la célébration de
cette entrée à Jérusalem.
«JÉSUS CHRIST A SOUFFERT SOUS PONCE PILATE
A ÉTÉ CRUCIFIÉ, EST MORT ET A ÉTÉ ENSEVELI »
112.
Quelle est l'importance du mystère pascal de Jésus ?
Le mystère pascal de Jésus,
qui comprend sa passion, sa mort, sa résurrection et sa glorification,
est au centre de la foi chrétienne. Car le dessein sauveur de Dieu s'est
accompli une fois pour toutes par la mort rédemptrice de son Fils Jésus
Christ.
113. Pour
quelles accusations Jésus a-t-il été condamné ?
Certains chefs d'Israël ont
accusé Jésus d'agir contre la Loi, contre le temple de Jérusalem et en
particulier contre la foi au Dieu unique, parce qu'il se proclamait Fils
de Dieu.
C'est pourquoi ils le
livrèrent à Pilate afin qu'il fût condamné à mort.
114.
Quelle a été l'attitude de Jésus envers la Loi d'Israël ?
Jésus n'a pas aboli la Loi
donnée par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï, mais il l'a portée à son
achèvement en lui donnant son interprétation définitive. Il est le
Législateur divin qui exécute intégralement cette Loi. D'autre part, par
sa mort expiatrice, en Serviteur fidèle, il offre le seul sacrifice
capable de racheter toutes « les fautes commises par les hommes sous la
première Alliance » (He 9, 15).
115.
Quelle a été l'attitude de Jésus à l'égard du temple de Jérusalem ?
Jésus a été accusé
d'hostilité envers le Temple. Pourtant, il l'a vénéré comme « la maison
de son Père » (Jn 2, 16). Il lui a consacré une part importante de son
enseignement. Mais il a aussi prédit sa destruction en relation avec sa
propre mort. Il s'est présenté lui-même comme la demeure définitive de
Dieu parmi les hommes.
116.
Jésus a-t-il contredit la foi d'Israël au Dieu unique et sauveur ?
Jésus n'a jamais contredit
la foi au Dieu unique, pas même quand il accomplissait l'œuvre divine
par excellence qui achevait les promesses messianiques et qui le
révélait égal à Dieu : le pardon des péchés. La demande de Jésus de
croire en lui et de se convertir permet de saisir la tragique
incompréhension du Sanhédrin, qui a jugé qu'il méritait la mort pour
cause de blasphème.
117. Qui
est responsable de la mort de Jésus ?
La passion et la mort de
Jésus ne peuvent être imputées indistinctement ni à tous les Juifs alors
vivants, ni aux Juifs venus ensuite dans le temps et dans l'espace. Tout
pécheur individuel, c'est-à-dire tout homme, est réellement la cause et
l'instrument des souffrances du Rédempteur. Sont plus gravement
coupables ceux qui, surtout s'ils sont chrétiens, retombent souvent dans
le péché et se complaisent dans les vices.
118.
Pourquoi la mort du Christ fait-elle partie du dessein de Dieu ?
Pour réconcilier en lui
tous les hommes, voués à la mort à cause du péché, Dieu a pris
l'initiative pleine d'amour d'envoyer son Fils afin qu'il se soumette à
la mort pour les pécheurs. Annoncée dans l'Ancien Testament, en
particulier comme sacrifice du Serviteur souffrant, la mort du Christ
est arrivée « selon les Écritures ».
119.
Comment le Christ s'est-il offert lui-même au Père ?
Toute la vie du Christ est
offerte librement au Père pour accomplir son dessein de salut. Il a
donné sa vie « en rançon pour la multitude » (Mc 10, 45). Par là, il
réconcilie toute l'humanité avec Dieu. Sa souffrance et sa mort
manifestent que sa propre humanité a été l'instrument libre et parfait
de l'Amour divin qui veut le salut de tous les hommes.
120.
Comment s'exprime l'offrande de Jésus lors la dernière Cène ?
Au cours de la dernière
Cène avec ses Apôtres, la veille de sa passion, Jésus anticipe,
c'est-à-dire signifie et réalise par avance, l'offrande volontaire de
lui-même : « Ceci est mon corps livré pour vous » (Lc 22, 19), « Ceci
est mon sang répandu…» (Mt 26, 28). Ainsi, il a institué en même temps
l'Eucharistie comme « mémorial » (cf. 1Co 11, 25) de son sacrifice et
ses Apôtres comme prêtres de la nouvelle Alliance.
121. Que
s'est-il produit lors de l'agonie au jardin de Gethsémani ?
Malgré l'horreur que cause
la mort dans l'humanité toute sainte de celui qui est l'« Auteur de la
Vie » (Ac 3, 15), la volonté humaine du Fils de Dieu adhère à la volonté
du Père : pour nous sauver, Jésus accepte de porter nos péchés dans son
corps, « en devenant obéissant jusqu'à la mort » (Ph 2, 8).
122.
Quels sont les effets du sacrifice du Christ sur la croix ?
Jésus a librement offert sa
vie en sacrifice d'expiation, c'est-à-dire qu'il a réparé nos fautes
par la pleine obéissance de son amour jusqu'à la mort. Cet « amour
jusqu'au bout » (Jn 13, 1) du Fils de Dieu réconcilie toute l'humanité
avec le Père. Le sacrifice pascal du Christ rachète donc tous les hommes
d'une façon unique, parfaite et définitive, et leur ouvre la communion
avec Dieu.
123.
Pourquoi Jésus appelle-t-il ses disciples à prendre leur croix ?
En demandant à ses
disciples de prendre leur croix et de le suivre, Jésus veut associer à
son sacrifice rédempteur ceux-là mêmes qui en sont les premiers
bénéficiaires.
124. En
quelles conditions était le corps de Jésus lorsqu'il se trouvait au
tombeau ?
Le Christ a connu une vraie
mort et une vraie sépulture. Mais la vertu divine a préservé son corps
de la corruption.
« JÉSUS CHRIST EST DESCENDU AUX ENFERS,
EST RESSUSCITÉ LE TROISIÈME JOUR »
125. Que
sont « les enfers », où Jésus est descendu ?
Les « enfers » - qui sont
différents de l'enfer de la damnation - constituaient la situation de
tous ceux qui, justes ou méchants, étaient morts avant le Christ. Avec
son âme unie à sa Personne divine, Jésus a rejoint dans les enfers les
justes, qui attendaient leur Rédempteur pour pouvoir enfin accéder à la
vision de Dieu. Après avoir vaincu, par sa mort, la mort et le diable
qui a « le pouvoir de la mort » (He 2,14), il a libéré les justes en
attente du Rédempteur et il leur a ouvert les portes du Ciel.
126.
Quelle est la place de la résurrection du Christ dans notre foi ?
La résurrection est la
vérité la plus haute de notre foi dans le Christ. Avec la croix, elle
représente une part essentielle du Mystère pascal.
127.
Quels « signes » attestent la Résurrection de Jésus ?
Hormis le signe essentiel
que constitue le tombeau vide, la Résurrection de Jésus est attestée par
les femmes qui, les premières, l'ont rencontré et l'ont annoncé aux
Apôtres. Jésus est « apparu ensuite à Céphas » (Pierre), puis aux Douze.
Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois » (1Co 15,
56) et à d'autres encore. Les Apôtres n'ont pu inventer la résurrection,
car elle leur apparaissait impossible. En effet, Jésus leur a aussi
reproché leur incrédulité.
128.
Pourquoi la Résurrection est-elle en même temps un événement
transcendant ?
Tout en étant un événement
historique, que l'on peut constater et qui est attesté par des signes et
des témoignages, la Résurrection, parce qu'elle est l'entrée de
l'humanité du Christ dans la gloire de Dieu, transcende et dépasse
l'histoire, comme mystère de la foi. C'est pour cette raison que le
Christ ressuscité ne se manifeste pas au monde, mais à ses disciples,
faisant d'eux ses témoins devant le peuple.
129. Quel est l'état du
corps ressuscité de Jésus ?
La Résurrection du Christ
n'est pas un retour à la vie terrestre. Son corps ressuscité est celui
qui a été crucifié et qui porte les signes de sa Passion, mais il
participe désormais de la vie divine avec les propriétés d'un corps
glorieux. C'est la raison pour laquelle Jésus ressuscité est
souverainement libre d'apparaître à ses disciples comme il veut, où il
veut et sous des aspects variés.
130. De quelle manière
la Résurrection est-elle l'œuvre de la Sainte Trinité ?
La Résurrection du Christ
est une action transcendante de Dieu. Les trois Personnes agissent
ensemble selon le mode qui leur est propre. Le Père manifeste sa
puissance, le Fils « reprend » la vie qu'il a librement offerte (Jn 10,
17), réunissant son âme et son corps que l'Esprit Saint vivifie et
glorifie
131. Quels sont le sens et la portée de la
Résurrection pour le salut ?
La Résurrection est le
point culminant de l'Incarnation. Elle confirme la divinité du Christ,
ainsi que tout ce qu'il a fait et enseigné. Elle réalise toutes les
promesses divines en notre faveur. De plus, le Ressuscité, vainqueur du
péché et de la mort, est le principe de notre justification et de notre
résurrection. Dès à présent, elle nous procure la grâce de l'adoption
filiale qui est une participation réelle à la vie du Fils unique,
lequel, à la fin des temps, ressuscitera notre corps.
«JÉSUS EST
MONTÉ AU CIEL
IL SIÈGE À LA DROITE DU PÈRE TOUT-PUISSANT »
132. Que
représente l'Ascension ?
Après quarante jours
pendant lesquels il s'est manifesté à ses Apôtres sous les traits d'une
humanité ordinaire qui voilaient sa gloire de Ressuscité, le Christ est
monté au ciel et s'est assis à la droite du Père. Il est le Seigneur qui
règne désormais avec son humanité dans la gloire éternelle de Fils de
Dieu et qui sans cesse intercède en notre faveur auprès du Père. Il
envoie son Esprit et nous donne l'espérance de le rejoindre un jour, là
où il nous a préparé une place.
«D'OÙ IL
VIENDRA JUGER LES VIVANTS ET LES MORTS »
133. Comment le
Seigneur Jésus règne-t-il aujourd'hui ?
Seigneur du monde et
de l'histoire, Chef de son Église, le Christ glorieux demeure
mystérieusement sur la terre, où son Royaume est déjà présent en germe
et en commencement dans l'Église. Un jour, il reviendra dans la gloire,
mais nous n'en connaissons pas l'heure. C'est pourquoi nous vivons en
veillant dans la prière : « Viens, Seigneur » (Ap 22, 20).
134. Comment
s'accomplira la venue du Seigneur dans la gloire ?
Après le dernier
bouleversement cosmique de ce monde qui passe, la venue glorieuse du
Christ arrivera avec le triomphe définitif de Dieu dans la Parousie du
Christ et avec le jugement dernier. Ainsi s'accomplira le Royaume de
Dieu.
135. Comment le
Christ jugera-t-il les vivants et les morts ?
Le Christ jugera avec
la puissance qu'il s'est acquise comme Rédempteur du monde, venu pour
sauver les hommes. Les secrets des cœurs seront dévoilés, ainsi que la
conduite de chacun envers Dieu et envers son prochain. Tout homme
recevra la vie ou sera condamné pour l'éternité selon ses œuvres. Ainsi
s'accomplira « la plénitude du Christ » (Ep 4, 13), dans laquelle « Dieu
sera tout en tous » (1Co 15, 28).
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