COMPENDIUM
DU
CATÉCHISME DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE

Troisième Partie — Section 2 - Chapitre 2-2

 

LE SEPTIÈME COMMANDEMENT :
TU NE VOLERAS PAS

503. Que déclare le septième commandement ?

Il déclare la destination et la distribution universelles des  biens, la propriété privée, le respect des personnes et de leurs biens, et le respect de l'intégrité de la création. Dans ce commandement, l'Église trouve aussi le fondement de sa doctrine sociale, qui comprend la rectitude dans l'action, que ce soit dans le domaine économique, dans la vie sociale et politique, dans le droit et le devoir du travail humain, dans la justice et la solidarité entre les nations, ou dans l'amour pour les pauvres.

504. Quelles sont les conditions du droit à la propriété privée ?

Le droit à la propriété privée existe à condition que la propriété soit acquise ou reçue de manière juste et que demeure primordiale la destination universelle des biens afin de satisfaire les besoins fondamentaux de tous les hommes.

505. Quelle est la finalité de la propriété privée ?

La propriété privée a pour finalité de garantir la liberté et la  dignité des individus, les aidant à satisfaire les besoins fondamentaux de ceux dont ils ont la responsabilité et aussi de ceux qui vivent dans la nécessité.

506. Que prescrit le septième commandement ?

Le septième commandement prescrit le respect des biens d'autrui, par la pratique de la justice et de la charité, de la tempérance et de la solidarité. Il exige en particulier : le respect des promesses et des contrats stipulés, la réparation de toute injustice commise et la restitution des biens volés ; le respect de l'intégrité de la création, grâce à un usage prudent et modéré des ressources minérales, végétales et animales qui existent dans l'univers, avec une attention spéciale aux espèces menacées d'extinction.

507. Quel comportement doit avoir l'homme envers les animaux ?

L'homme doit traiter avec bienveillance les animaux, qui  sont des créatures de Dieu, en évitant à leur égard soit un amour excessif, soit un usage aveugle, surtout pour des expérimentations scientifiques effectuées au-delà des limites raisonnables et avec d'inutiles souffrances pour les animaux eux-mêmes.

508. Qu'interdit le septième commandement ?

Le septième commandement interdit avant tout le vol, qui consiste en l'usurpation du bien d'autrui contre la volonté raisonnable du propriétaire. Il en va de même dans le fait de payer des salaires injustes, de spéculer sur la valeur des biens pour en tirer des avantages au détriment d'autrui, de contrefaire des chèques ou des factures. Il est interdit en outre de commettre des fraudes fiscales ou commerciales, d'infliger volontairement un dommage aux propriétés privées ou publiques, de pratiquer aussi l'usure, la corruption, l'abus privé des biens sociaux, les travaux mal exécutés de manière consciente, le gaspillage.

509. Quel est le contenu la doctrine sociale de l'Église ?

La doctrine sociale de l'Église, en tant que développement organique de la vérité de l'Évangile sur la dignité de la personne humaine et sa dimension sociale, contient des principes de réflexion, formule des critères de jugement, et présente des normes et des orientations pour l'action.

510. Quand l'Église intervient-elle en matière sociale ?

L'Église intervient en portant un jugement moral en matière  économique et sociale, quand cela est exigé par les droits primordiaux de la personne, par le bien commun ou par le salut des âmes.

511. Comment doit s'exercer la vie sociale et économique ?

La vie sociale et économique doit s'exercer selon ses  méthodes propres, dans le cadre de l'ordre moral, pour le service de l'homme dans son intégralité et pour le service de toute la communauté humaine, dans le respect de la justice sociale. Elle doit avoir l'homme comme auteur, centre et fin.

512. Qu'est-ce qui s'oppose à la doctrine sociale de l'Église ?

S'opposent à la doctrine sociale de l'Église les systèmes  économiques et sociaux qui sacrifient les droits primordiaux des personnes ou qui font du profit leur règle exclusive et leur fin ultime. C'est pourquoi l'Église réfute les idéologies associées au cours de la période moderne au « communisme» ou aux autres formes athées et totalitaires de « socialisme ». En outre, dans la pratique du « capitalisme », elle réfute l'individualisme et le primat absolu de la loi du marché sur le travail humain.

513. Quel est le sens du travail pour l'homme ?

Pour l'homme, le travail est un devoir et un droit, grâce  auquel il coopère avec Dieu créateur. En effet, en travaillant  avec soin et compétence, la personne met en œuvre des capacités inscrites dans sa nature, manifeste les dons du Créateur et les talents qu'il a reçus ; elle subvient à ses besoins et à ceux de ses proches ; et elle sert la communauté humaine. En outre, avec la grâce de Dieu, le travail peut être un moyen de sanctification et de collaboration avec le Christ pour le salut d'autrui.

514. À quel type de travail toute personne a-t-elle droit ?

L'accès à un travail sûr et honnête doit être ouvert à tous, , sans discrimination injuste, dans le respect de la libre initiative  économique et d'une rétribution équitable.

515. Quelle est la responsabilité de l'État en ce qui concerne le travail ?

Il revient à l'État d'assurer la sécurité concernant la garantie  des libertés des individus et de la propriété, ainsi qu'une monnaie stable et des services publics efficaces ; de surveiller et de conduire l'application des droits humains dans le secteur économique. En fonction des circonstances, la société doit aider les citoyens à trouver du travail.

516. Quelle est la tâche des dirigeants des entreprises ?

Les dirigeants des entreprises ont la responsabilité économique et écologique de leurs opérations. Ils sont tenus de considérer le bien des personnes et pas seulement l'augmentation des profits ; ceux-ci sont cependant nécessaires pour réaliser les investissements, l'avenir des entreprises, l'emploi et la bonne marche de la vie économique.

517. Quels sont les devoirs des travailleurs ?

Ils doivent s'acquitter de leur travail avec conscience, compétence et dévouement, cherchant à résoudre les conflits éventuels par le dialogue. Le recours à la grève non violente est moralement légitime quand il se présente comme un élément nécessaire en vue d'un bénéfice proportionné, tout en tenant compte du bien commun.

518. Comment s'exercent la justice et la solidarité entre les nations ?

Au niveau international, toutes les nations et toutes les institutions doivent agir dans la solidarité et la subsidiarité, dans le but d'éliminer ou au moins de réduire la misère, l'inégalité des ressources et des moyens économiques, les injustices économiques et sociales, l'exploitation des hommes, l'accroissement de la dette des pays pauvres, les mécanismes pervers qui font obstacle au développement des pays les moins avancés.

519. Comment les chrétiens participent-ils à la vie politique et sociale ?

Les fidèles laïcs interviennent directement dans la vie politique et sociale en animant avec un esprit chrétien les réalités temporelles et en collaborant avec tous, comme authentiques témoins de l'Évangile et artisans de paix et de justice.

520. De quoi s'inspire l'amour pour les pauvres ?

L'amour envers les pauvres s'inspire de l'Évangile des Béatitudes et de l'exemple de Jésus dans son attention constante envers les pauvres. Jésus a dit : « Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25, 40). L'amour envers les pauvres passe par l'engagement contre la pauvreté matérielle et contre les multiples formes de pauvreté culturelle, morale et religieuse. Les œuvres de miséricorde, spirituelles et corporelles, et les nombreuses institutions de bienfaisance nées au long des siècles sont un témoignage concret de l'amour préférentiel pour les pauvres qui caractérise les disciples de Jésus.

LE HUITIÈME COMMANDEMENT :
TU NE FERAS PAS DE FAUX TÉMOIGNAGES

521. Quel est le devoir de l'homme à l'égard de la vérité ?

Toute personne est appelée à la sincérité et à la véracité dans  sa conduite et dans ses paroles. Chacun a l'obligation de chercher la vérité et d'y adhérer, ordonnant toute sa vie selon les exigences de la vérité. En Jésus Christ la vérité de Dieu s'est manifestée tout entière. Il est la Vérité. Qui le suit vit dans l'Esprit de vérité et fuit la duplicité, la simulation et l'hypocrisie.

522. Comment rend-on témoignage à la vérité ?

Le chrétien doit témoigner de la vérité évangélique dans tous les domaines de son activité publique et privée, même au prix du sacrifice de sa vie, si cela est nécessaire. Le martyre est le témoignage suprême rendu à la vérité de la foi.

523. Qu'interdit le huitième commandement ?

Le huitième commandement interdit : le faux témoignage et le parjure, le mensonge, dont la gravité se mesure à la déformation de la vérité réalisée, aux circonstances, aux intentions du menteur et aux dommages subis pas ses victimes ;

le jugement téméraire, la médisance, la diffamation, la calomnie, qui diminuent ou détruisent la bonne réputation et l'honneur auxquels toute personne a droit ;

la flatterie, l'adulation et la complaisance, surtout si elles ont pour but des péchés graves ou le consentement à des avantages illicites.

Toute faute commise contre la vérité oblige à réparation si elle a causé du tort à autrui.

524. Que demande le huitième commandement ?

Le huitième commandement demande le respect de la  vérité, accompagné de la discrétion de la charité : dans la communication et l'information, qui doivent évaluer le bien individuel et commun, la défense de la vie privée, le risque de scandale. Le respect des secrets professionnels doit toujours être sauvegardé, sauf cas exceptionnels, et pour des motifs graves et proportionnés. Est aussi requis le respect des confidences faites sous le sceau du secret.

525. Comment doivent être utilisés les moyens de communication sociale ?

L'information dans les médias doit être au service du bien commun ; dans son contenu, elle doit toujours être vraie et, en sauvegardant la justice et la charité, intégrale. D'autre part, elle doit s'exprimer d'une manière honnête et opportune, respectant scrupuleusement les lois morales, les droits légitimes et la dignité de la personne.

526. Quelle relation y a-t-il entre vérité, beauté et art sacré ?

La vérité est belle en elle-même. Elle comporte la splendeur de la beauté spirituelle. Outre la parole, il existe de nombreuses formes d'expression de la vérité, en particulier les œuvres d'art. Elles sont le fruit d'un talent donné par Dieu et de l'effort de l'homme. L'Art sacré, pour être vrai et beau, doit évoquer et glorifier le mystère du Dieu révélé dans le Christ et conduire à l'adoration et à l'amour du Dieu créateur et sauveur, Beauté suréminente de Vérité et d'Amour.

LE NEUVIÈME COMMANDEMENT :
TU NE DÉSIRERAS PAS LA FEMME DE TON PROCHAIN

527. Que demande le neuvième commandement ?

Le neuvième commandement requiert de vaincre la concupiscence charnelle dans les pensées et les désirs. Le combat contre la concupiscence passe par la purification du cœur et par la pratique de la vertu de tempérance.

528. Qu'interdit le neuvième commandement ?

Le neuvième commandement interdit de cultiver des pensées et les désirs concernant les actes défendus par le sixième commandement.

529. Comment parvient-on à la pureté du cœur ?

 Avec la grâce de Dieu et en luttant contres les désirs désordonnés, le baptisé parvient à la pureté du cœur par la vertu et le don de chasteté, la pureté d'intention, la transparence du regard, extérieur et intérieur, la discipline des sentiments et de l'imagination, la prière.

530. Quelles sont les autres exigences de la pureté ?

 La pureté exige la pudeur ; elle protège l'intimité de la personne, exprime la délicatesse de la chasteté, règle les regards  et les gestes pour qu'ils soient conformes à la dignité des personnes et de leur union. Elle libère de l'érotisme ambiant et tient à l'écart de tout ce qui favorise la curiosité malsaine. Elle requiert encore une purification du climat social, par un combat soutenu contre la permissivité des mœurs, qui repose sur une conception erronée de la liberté humaine.

LE DIXIÈME COMMANDEMENT :
TU NE CONVOITERAS PAS LE BIEN DU PROCHAIN

531. Que commande et que défend le dixième commandement ?

Ce commandement complète le précédent. Il demande une  attitude intérieure de respect dans les rapports avec la propriété  d'autrui. Il interdit l'avidité, la convoitise effrénée des biens d'autrui, l'envie, qui traduit la tristesse éprouvée devant les biens d'autrui et le désir immodéré de se les approprier.

532. Que demande Jésus par la pauvreté du cœur ?

Jésus demande à ses disciples de le préférer, Lui, à tout et à  tous. Le détachement des richesses dans un esprit de pauvreté  évangélique et l'abandon à la providence de Dieu, qui nous libère de l'inquiétude du lendemain, disposent à la béatitude des « pauvres en esprit, parce que le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 3).

533. Quel est le plus grand désir de l'homme ?

Le plus grand désir de l'homme, c'est de voir Dieu. C'est le  cri de tout son être : « Je veux voir Dieu ». En effet, l'homme  réalise son bonheur vrai et total dans la vision et la béatitude de celui qui l'a créé par amour et qui l'attire à lui dans son amour infini.

« Celui qui voit Dieu a obtenu tous les biens que l'on peut concevoir » (saint Grégoire de Nysse).

pour toute suggestion ou demande d'informations