222 Canon 1,
Il a été décidé par tous les évêques.,. rassemblé au saint concile
de Carthage : Quiconque dit qu'Adam, premier homme, a été créé
mortel de telle sorte que, qu'il péchât ou non, il devait mourir
corporellement, c'est-à-dire que quitter son corps ne serait pas une
conséquence du péché mais une nécessité de nature, qu'il soit
anathème.
223 Canon 2.
Il a été décidé de même : Quiconque nie que les tout-petits doivent
être baptisés, ou dit que c'est pour la rémission des péchés qu'on
les baptise, mais qu'ils n'ont rien, eux du péché originel d'Adam
que le bain de la régénération aurait à expier, ce qui a pour
conséquence que pour eux la formule du baptême « en rémission des
péchés », n'a pas un sens vrai mais faux, qu'il soit anathème. Car
on ne peut pas comprendre autrement ce que dit l'Apôtre : « Par un
seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la
mort, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant
péché en lui » Rm 5,12, sinon de la manière dont l'Église
catholique répandue par toute la terre l'a toujours compris. C'est
en effet à cause de cette règle de foi que même les tout-petits, qui
n'ont pas pu commettre encore par eux-mêmes quelque péché, sont
cependant vraiment baptisés en rémission des péchés pour que la
régénération purifie en eux ce que la génération leur a apporté.
224 Canon 3.
Il a été décidé de même : Quiconque dit que le Seigneur a dit « Dans
la maison de mon Père il y a plusieurs demeures » Jn 14,2
pour qu'on comprenne qu'il y a dans le Royaume des cieux un certain
lieu, se trouvant au milieu ou ailleurs, où vivent bienheureux les
petits enfants qui ont quitté cette vie sans le baptême sans lequel
ils ne peuvent pas entrer dans le Royaume des cieux qui est la vie
éternelle, qu'il soit anathème. Car puisque le Seigneur dit : « A
moins que quelqu'un soit re-né d'eau et d'Esprit Saint, il n'entre
pas dans le Royaume des cieux » Jn 3,5 : quel catholique
doutera que sera un compagnon du diable celui qui n'a pas mérité
d'être cohéritier du Christ ? Celui en effet qui n'est pas à droite
se trouvera sans nul doute placé à gauche.
225 Canon 3.
Il a été décidé de même : Quiconque dit que la grâce de Dieu, qui
justifie l'homme par notre Seigneur Jésus Christ, vaut uniquement
pour la rémission des péchés déjà commis, mais non pour aider à n'en
plus commettre, qu'il soit anathème.
226 Canon 4.
De même : Quiconque dit que cette même grâce de Dieu par notre
Seigneur Jésus Christ nous aide à ne plus pécher en ce sens
seulement qu'elle nous révèle et nous ouvre l'intelligence des
commandements, en sorte que nous sachions ce que nous devons désirer
et ce que nous devons éviter, mais qu'elle ne nous donne nullement
l'amour et la force de faire aussi ce que nous avons reconnu comme
notre devoir, qu'il soit anathème. Car, puisque l'Apôtre dit : « La
science enfle, mais la charité édifie » 1Co 8,1, il est très
impie de croire que nous avons la grâce du Christ pour la science
qui enfle et que nous ne l'avons pas pour la charité qui édifie,
puisque c'est également un don de Dieu de savoir ce que nous devons
faire et d'avoir l'amour pour le faire. Ainsi, la charité qui édifie
empêche que la science ne nous enfle. Comme il est écrit de Dieu :
« Il enseigne la science à l'homme » Ps 94,10, il est aussi
écrit : « La charité vient de Dieu » 1Jn 4,7.
227 Canon 5.
11 a été décidé de même : Quiconque dit que la grâce de la
justification nous est précisément donnée pour pouvoir accomplir
plus facilement par elle ce que nous devons faire par notre libre
arbitre, en sorte que, si la grâce n'était pas donnée, nous
pourrions pourtant, quoique avec moins de facilité, observer sans
elle les commandement de Dieu, qu'il soit anathème.
Lorsqu'il parle du
fruit des commandements, le Seigneur ne dit pas : « Sans moi, vous
pouvez le faire plus difficilement », mais : « Sans moi, vous ne
pouvez rien faire » Jn 15,5.
228 Canon 6.
Il a été décidé de même : l'apôtre saint Jean dit : « Si nous disons
que nous n'avons pas de péché, nous nous abusons nous-mêmes et la
vérité n'est pas en nous ». 1Jn 1,8 . Quiconque pense qu'il
faut l'entendre ainsi : c'est humilité que l'on doit dire que nous
avons le péché, mais non parce que c'est la vérité, qu'il soit
anathème. Car l'apôtre ajoute immédiatement : « Si nous confessons
nos péchés il est assez fidèle et juste pour remettre nos péchés et
nous purifier de toute injustice » 1Jn 1,9. Ce passage fait
suffisamment voir que cela n'est pas dit seulement par humilité mais
aussi en vérité. Car l'apôtre pouvait dire : « Si disons : nous
n'avons pas de péché, nous nous vantons et l'humilité n'est pas en
nous » Mais en disant : « Nous nous abusons et la vérité n'est pas
en nous », il montre assez que celui qui se déclare sans péché ne
dit pas le vrai, mais le faux.
229 Canon 7.
Il a été décidé de même : Quiconque dit que, dans la prière du
Seigneur, les saints disent : « Remets-nous nos dettes » Mt 6,12
non pour eux-mêmes, puisqu'ils n'ont déjà plus besoin de faire cette
demande, mais pour les autres de leur peuple qui sont pécheurs, et
que c'est la raison pour laquelle chacun des saints ne dit pas :
« Remets-moi mes dettes » mais « Remets-nous nos dettes » ce qui
fait comprendre que le juste demande plus pour autrui que pour
lui-même qu'il soit anathème. Ce saint et ce juste était l'apôtre
saint Jacques, quand il disait : « Tous, nous péchons en bien des
choses » Jc 3,2. Pourquoi ajouter « tous » sinon pour que le
mot soit d'accord avec le Psaume où se lit : « N'entre pas en
jugement avec ton serviteur. car nul vivant n'est justifié devant
toi » Ps 143,2 ; et dans la prière du très sage Salomon :
« Il n'y a aucun homme qui n'ait péché » 1R 8,46 et dans le
livre du saint homme Job : « Il suspend l'activité des hommes, pour
que tout homme reconnaisse sa faiblesse Jb 37,7 ; également
le saint et juste Daniel, lorsqu'il disait au pluriel : « Nous avons
péché et nous avons commis l'iniquité » Jb 9,5-15, et
d'autres paroles qu'il confesse dans la vérité et l'humilité ; pour
qu'on ne pense pas, comme certains le croient, qu'il parle alors non
pas de ses péchés, mais plutôt de ceux de son peuple, il ajoute :
« Quand... je priais et que je confessais mes péchés et les péchés
de mon peuple » Jb 9,20 au Seigneur, mon Dieu, il n'a pas
voulu dire « nos péchés » mais il a dit les « péchés de son peuple »
et les « siens » car, prophète, il voyait par avance qu'il se
trouverait des hommes qui le comprendraient bien mal.
230 Canon 8.
Il a été décidé de même : Ces paroles de la prière du Seigneur où
nous disons : « Remets-nous nos dettes » Mt 6,12, tous ceux
qui veulent que les saints les disent par humilité et non en vérité,
qu'ils soient anathèmes. Qui donc admettrait que quelqu'un qui prie
mente, non seulement aux hommes, mais au Seigneur lui-même, en
déclarant de ses lèvres qu'il veut qu'il lui soit pardonné, et qui
dit en son coeur qu'il n'a pas de dettes à se faire remettre.
231 Le
Seigneur est fidèle dans ses paroles Ps 145,13, et son
baptême, en sa réalité et en ses paroles, c'est-à-dire par ce qui
est fait, par la confession de foi et par la vraie rémission des
péchés, contient la même plénitude pour tout sexe, tout âge et toute
condition de l'homme. Nul en effet ne devient libre s'il n'est
esclave du péché, et ne peut être dit sauvé que celui qui auparavant
était véritablement captif du péché, comme il est écrit : « Si le
Fils vous a libérés, vous serez vraiment libres ». Jn 8,36.
Par lui en effet nous renaissons spirituellement, par lui nous
sommes crucifiés au monde. Par sa mort est déchiré ce décret de mort
(voir Col 2,14) qui a été contracté par propagation, et qui a
été introduit par Adam pour nous tous et transmis à toute âme -
décret auquel tous ceux, sans exception, qui sont nés sont soumis
avant d'être libérés par le baptême. |