(19e Œcuménique)
13
Décembre 1545-4 décembre 1563
1)
1ère période de
Trente : 1ère – 8e session – décembre 1545 – 1547
2)
Période de
Bologne : 9e et 10e session : Mars 1547 (février 1548) – septembre
1549
3)
2e de Trente :
11e à 16e session : mai 1551 – avril 1552
4)
3e de Trente :
17e à 25e session : janvier 1562 – décembre 1563
1500 Ce saint
concile œcuménique et général de Trente, réuni légitimement dans
l'Esprit Saint, sous la présidence des trois légats du Siège
apostolique, a considéré l'importance des choses à traiter,
particulièrement celles qui sont comprises sous les titres de
l'éradication des hérésies et de la réforme des mœurs, raisons
principales de la réunion, a estimé qu'il fallait exprimer le
Symbole de foi qu'utilise la sainte Église romaine comme étant le
principe dans lequel se retrouvent nécessairement tous ceux qui
professent la foi du Christ, et l'unique fondement contre lequel les
portes de l'enfer ne prévaudront jamais Mt 16,18, en
reprenant les mots avec lesquels il est dit dans toutes les églises.
(suit le symbole de
Nicée-Constantinople 150)
1501 Le saint
concile œcuménique et général de Trente, légitimement réuni dans
l'Esprit Saint, garde toujours devant les yeux le propos, en
supprimant les erreurs, de conserver dans l'Église la pureté même de
l'Évangile, lequel, promis auparavant par les prophètes dans les
saintes Écritures, a été promulgué d'abord par la bouche même de
notre Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu qui ordonna ensuite qu'il
soit prêché à toute créature paf ses apôtres comme source de toute
vérité salutaire et de toute règle morale Mt 16,15.
Il voit clairement
aussi que cette vérité et cette règles sont contenues dans les
livres écrits et dans les traditions non écrites qui, reçues par les
apôtres de la bouche du Christ lui-même ou transmises comme de main
en main par les apôtres sous la dictée de l'Esprit Saint, sont
parvenues jusqu'à nous.
C'est pourquoi, suivant
l'exemple des pères orthodoxes, le même saint concile reçoit et
vénère avec le même sentiment de piété et le même respect tous les
livres tant de l'Ancien Testament que du Nouveau Testament, puisque
Dieu est l'auteur unique de l'un et de l'autre, ainsi que les
traditions elles-mêmes concernant aussi bien la foi que les mœurs,
comme ou bien venant de la bouche du Christ ou dictées par l'Esprit
Saint et conservées dans l'Église catholique par une succession
continue.
Il a jugé bon de
joindre à ce décret une liste des livres saints, afin qu'aucun doute
ne s'élève pour quiconque sur les livres qui sont reçus par le
concile. Ces livres sont mentionnés ci-dessous.
1502 De l'Ancien
Testament cinq livres de Moïse, c'est-à-dire la Genèse, l'Exode, le
Lévitique, les Nombres, le Deutéronome ; les livres de Josué, des
Juges, de Ruth, les quatre livres des Rois, les deux livres des
Paralipomènes, le premier livre d'Esdras et le second, dit Néhémie,
Tobie, Judith, Esther, Job, le psautier de David comprenant cent
cinquante psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des
Cantiques, la Sagesse, l'Ecclésiastique, Isaïe, Jérémie avec Baruch,
Ezéchiel, Daniel, les douze petits prophètes, c'est-à-dire Osée,
Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée,
Zacharie, Malachie, les deux livres des Maccabées, le premier et le
second.
1503 Du nouveau
Testament : les quatre évangiles, selon Matthieu, Marc, Luc et Jean
; les Actes des Apôtres écrits par l'évangéliste Luc ; les quatorze
épîtres de l'apôtre Paul, aux Romains, deux aux Corinthiens, aux
Galates, aux Éphèsiens, aux Philippiens, aux Colossiens deux aux
Thessaloniciens, deux à Timothée, à Tite, à Philémon, aux Hébreux,
deux de l'apôtre Pierre, trois de l'apôtre Jean, une de l'apôtre
Jacques, une de l'apôtre Jude et l'Apocalypse de l'apôtre Jean.
1504 Si
quelqu'un ne reçoit pas ces livres pour sacrés et canoniques dans
leur totalité, avec toutes leurs parties, tels qu'on a coutume de
les lire dans l'Église catholique et qu'on les trouve dans la
vieille édition de la Vulgate latine ; s'il méprise en connaissance
de cause et de propos délibéré les traditions susdites : qu'il soit
anathème.
1505 Que tous
comprennent ainsi l'ordre et la voie que le concile suivra, après
avoir posé les fondements de la confession de la foi, et
particulièrement les témoignages et les appuis dont il usera pour
confirmer les dogmes et restaurer les mœurs dans l'Église.
1506 De plus le
même saint concile a considéré qu'il pourrait être d'une grande
utilité pour l’Église de Dieu de savoir, parmi toutes les éditions
latines des livres saints qui sont en circulation, celle que l'on
doit tenir pour authentique : aussi statue-t-il et déclare-t-il que
la vieille édition de la Vulgate, approuvée dans l’Église même par
un long usage de tant de siècles, doit être tenue pour authentique
dans les leçons publiques, les discussions, les prédications et les
explications, et que personne n'ait l'audace ou la présomption de la
rejeter sous quelque prétexte que ce soit 3825 .
1507 En outre.
pour contenir les esprits indociles. il décrète que personne, dans
les choses de la foi ou des mœurs concernant l'édifice de la foi
chrétienne, ne doit, en s'appuyant sur un seul jugement, oser
interpréter l’Écriture sainte en détournant celle-ci vers son sens
personnel allant contre le sens qu'a tenu et que tient notre sainte
Mère l’Église, elle à qui il revient de juger du sens et de
l'interprétation véritables des saintes Écritures, ou allant encore
contre le consentement unanime des Pères, même si des
interprétations de ce genre ne devaient jamais être publiées. (...)
1508 Mais le
saint concile veut aussi, comme il est juste, imposer une règle en
ce domaine aux imprimeurs... aussi décrète-t-il et statue-t-il que
désormais la sainte Écriture, particulièrement cette édition
ancienne de la Vulgate, soit imprimée le plus correctement possible
; qu'il ne soit permis à personne d'imprimer ou de faire imprimer
tout livre traitant des choses sacrées sans nom d'auteur, ni de le
vendre à l'avenir ou de le garder chez soi, si auparavant ces livres
n'ont pas été examinés et approuvés par l'Ordinaire...
1510 Pour que
notre foi catholique, “sans laquelle il est impossible de plaire à
Dieu” He 11,6, une fois débarrassée des erreurs, demeure
intègre et sans tache dans sa pureté, et pour que le peuple chrétien
ne soit pas "emporté à tout vent de doctrine" Ep 4,14 –
puisque l'antique serpent Ap 12,9; Ap 20,2, ennemi perpétuel
du genre humain, parmi les nombreux maux qui troublent de nos jours
l’Église de Dieu, a suscité au sujet du péché originel et de son
remède non seulement de nouvelles, mais même d'anciennes querelles
-, le saint concile œcuménique et général de Trente... veut
entreprendre de ramener ceux qui errent et d'affermir ceux qui
vacillent.
Aussi, suivant le
témoignage des saintes Écritures, des saints Pères et des conciles
les plus approuvés, ainsi que le jugement et l'accord de l’Église
elle-même, il statue, confesse et déclare ce qui suit au sujet du
péché originel.
1511 1. Si
quelqu'un ne confesse pas que le premier homme, Adam, après avoir
transgressé le commandement de Dieu dans le paradis, a immédiatement
perdu la sainteté et la justice dans lesquelles il avait été établi
et a encouru, par l'offense que constituait cette prévarication, la
colère et l'indignation de Dieu et, par la suite, la mort dont il
avait été auparavant menacé par Dieu, et avec la mort la captivité
sous le pouvoir de celui qui ensuite "a eu l'empire de la mort,
c'est-à-dire le diable" He 2,14 ; et que par l'offense que
constituait cette prévarication Adam tout entier, dans son corps et
dans son âme a été changé en un état pire 371 : qu'il soit
anathème.
1512 2. “Si
quelqu'un affirme que la prévarication d'Adam n'a nui qu'à lui seul
et non à sa descendance”, et qu'il a perdu la sainteté et la justice
reçues de Dieu pour lui seul et non aussi pour nous, ou que, souillé
par le péché de désobéissance, “il n'a transmis que la mort” et les
punitions “du corps à tout le genre humain, mais non pas le péché,
qui est la mort de l'âme” : qu'il soit anathème, " puisqu'il est en
contradiction avec l'Apôtre qui dit : “Par un seul homme, le péché
est entré dans le monde, et par le péché, la mort et ainsi la mort a
passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui” Rm 5,12
372.
1513 3. Si
quelqu'un affirme que ce péché d'Adam – qui est un par son origine
et. transmis par propagation héréditaire et non par imitation, est
propre à chacun –, est enlevé par les forces de la nature humaine ou
par un autre remède que le mérite de l'unique médiateur notre
Seigneur Jésus Christ 1347 qui nous a réconciliés avec Dieu
dans son sang Rm 5,9 s, “devenu pour nous justice,
sanctification et Rédemption” 1Co 1,30 ou s'il nie que ce
mérite de Jésus Christ soit appliqué aussi bien aux adultes qu'aux
enfants par le sacrement conféré selon la forme et l'usage de
l'Église : qu'il soit anathème.
Car “il n'est pas
d'autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel
nous devons être sauvés” Ac 4,12. D'où cette parole : “Voici
l'Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde” Jn 1,19,
et celle-ci “Vous tous qui avez été baptisés. vous avez revêtu le
Christ” Ga 3,27.
1514 4. “Si
quelqu'un nie que les tout-petits, qui viennent de naître de leur
mère, doivent être baptisés”, même s'ils viennent de parents
baptisés, “ou bien dit qu'ils sont certes baptisés pour la rémission
des péchés, mais qu'ils ne portent rien du péché originel venant
d'Adam qu'il est nécessaire d'expier par le bain de régénération”
pour obtenir la vie éternelle, “d'où il suit que pour eux la forme
du baptême pour la rémission des péchés n'a pas un sens vrai, mais
faux” : qu'il soit anathème.
Car on ne peut pas
comprendre autrement ce que dit l'Apôtre : “Par un seul homme le
péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort, et ainsi la
mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui”
Rm 5,12, si ce n'est comme l'a toujours compris l’Église
catholique répandue en tous lieux. C'est en effet à cause de cette
règle de foi venant de la tradition des apôtres “que même les
tout-petits, qui n ont pas encore pu commettre aucun péché par
eux-mêmes, sont pourtant vraiment baptisés pour la rémission des
péchés, afin que soit purifié en eux par la régénération ce qu'il
ont contracté par la génération” 223 . En effet “nul, s'il ne
renaît de l'eau et de l'Esprit Saint, ne peut entrer dans le Royaume
de Dieu” Jn 3,5.
1515 5. Si
quelqu'un nie que, par la grâce de notre Seigneur Jésus Christ
conférée au baptême, la culpabilité du péché originel soit remise,
ou même s'il affirme que tout ce qui a vraiment et proprement
caractère de péché n'est pas totalement enlevé, mais est seulement
rasé ou non imputé : qu'il soit anathème.
En effet en ceux qui
sont nés de nouveau rien n'est objet de la haine de Dieu, car “il
n'y a pas de condamnation” Rm 8,1 pour ceux qui sont vraiment
“ensevelis dans la mort avec le Christ par le baptême” Rm 6,4,
“qui ne marchent pas selon la chair” Rm 8,1, mais qui
dépouillant le vieil homme et revêtant l'homme nouveau, qui a été
créé selon Dieu Ep 4,22-24 ; Col 3,9 s, sont devenus
innocents, sans souillure, purs, irréprochables et fils aimés de
Dieu, “héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ Rm 8,17, en
sorte que rien ne fasse obstacle à leur entrée au ciel.
Que la concupiscence ou
le foyer du péché demeure chez les baptisés, ce saint concile le
confesse et le pense ; cette concupiscence étant laissée pour être
combattue, elle ne peut nuire à ceux qui n'y consentent pas et y
résistent courageusement par la grâce du Christ. Bien plus, “celui
qui aura lutté selon les règles sera couronné” 2Tm 2,5. Cette
concupiscence, que l'Apôtre appelle parfois “péché” Rm 6,12-15 ;
Rm 7,7 ; Rm 7,14-20, le saint concile déclare que l’Église
catholique n'a jamais compris qu'elle fût appelée péché parce
qu'elle serait vraiment et proprement péché chez ceux qui sont nés
de nouveau, mais parce qu'elle vient du péché et incline au péché.
Si quelqu'un pense le contraire : qu'il soit anathème.
1516 6.
Cependant ce même saint concile déclare qu'il n'est pas dans son
intention de comprendre dans ce décret, où il est traité du péché
originel, la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu,
mais que l'on doit observer les constitutions du pape Sixte IV,
d'heureuse mémoire, sous la menace des peines qui y sont contenues
et il les renouvelle [?] s,.
1520 Ce n'est
pas sans la perte de nombreuses âmes et un grave détriment pour
l'unité de l’Église que s'est répandue en notre temps une doctrine
erronée concernant la justification. Aussi, pour la louange et la
gloire du Dieu tout-puissant, pour la paix de l’Église et le salut
des âmes, le saint concile œcuménique et général de Trente... se
propose d'exposer à tous les chrétiens la véritable et sainte
doctrine de la justification qu'a enseignée le Christ Jésus, soleil
de justice Ml 4,2, auteur de notre foi, qui la mène à sa
perfection He 12,2, que les apôtres nous ont transmise et que
l’Église catholique, sous l'inspiration de l'Esprit Saint, a
toujours conservée, en interdisant sévèrement que personne n'ose à
l'avenir croire, prêcher ou enseigner autrement que ce qui est
statué et déclaré par le présent décret.
1521 En premier
lieu. le saint concile déclare que. pour avoir une intelligence
exacte et authentique de la doctrine de la justification, il faut
que chacun reconnaisse et confesse que, tous les hommes ayant perdu
l'innocence dans la prévarication d'Adam Rm 5,12 ; 1Co 15,22
239, “devenus impurs” (Is 64,6) et (comme le dit
l'Apôtre) “enfants de colère par nature” Ep 2,3 comme cela a
été exposé dans le décret sur le péché originel, ils étaient à ce
point “esclaves du péché” Rm 6,20 et sous le pouvoir du
diable et de la mort, que non seulement les païens, par la force de
la nature 1551, mais aussi les juifs, par la lettre même de
la Loi de Moïse, ne pouvaient se libérer ou se relever de cet état,
même si le libre arbitre n'était aucunement éteint en eux 1555,
bien qu'affaibli et dévié en sa force 378.
1522 D'où il
arriva que le Père céleste, “Père des miséricordes et Dieu de toute
consolation” 2Co 1,3, envoya aux hommes le Christ Jésus. son
Fils 1551, annoncé et promis aussi bien avant la Loi qu'au
temps de la Loi à de nombreux saints Pères Gn 49,10 ; Gn 49,18,
lorsque vint cette bienheureuse “plénitude des temps” Ep 1,10 ;
Ga 4,4, afin que, d'une part, “il rachète les juifs sujets de la
Loi” Ga 4,5 et que, de l'autre, “les païens qui ne
poursuivaient pas de justice, atteignent la justice” Rm 9,30,
et que tous reçoivent l'adoption filiale Ga 4,5. C'est lui
que “Dieu a établi victime propitiatoire par son sang moyennant la
foi” Rm 3,25 “pour nos péchés, non seulement pour les nôtres,
mais aussi pour ceux du monde entier” 1Jn 2,2.
1523 Mais, bien
que lui soit “mort pour tous” 2Co 5,15, tous cependant ne
reçoivent pas le bienfait de sa mort. mais ceux-là seulement
auxquels le mérite de sa Passion est communiqué. En effet, de même
qu'en toute vérité les hommes ne naîtraient pas injustes s'ils ne
naissaient de la descendance issue corporellement d'Adam, puisque,
quand ils sont conçus, ils contractent une injustice personnelle par
le fait qu'ils descendent corporellement de lui, de même ils ne
seraient jamais justifiés s'ils ne renaissaient pas dans le Christ
[?] , puisque, grâce à cette renaissance, leur est accordé
par le mérite de sa Passion la grâce par laquelle ils deviennent
justes. Pour ce bienfait l'Apôtre nous exhorte à toujours “rendre
grâce au Père qui nous a rendus dignes d'avoir part à l'héritage des
saints dans la lumière et nous a arrachés à la puissance des
ténèbres et transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui
nous avons la Rédemption et la rémission des péchés” Col 1,12-14.
1524 Ces mots
esquissent une description de la justification de l'impie, comme
étant un transfert de l'état dans lequel l'homme naît du premier
Adam à l'état de grâce et d'adoption des fils de Dieu Rm 8,15,
par le second Adam, Jésus Christ, notre Sauveur. Après la
promulgation de l’Évangile, ce transfert ne peut se faire sans le
bain de la régénération 1618 ou le désir de celui-ci, selon
ce qui est écrit “Nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il
ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit Saint” Jn 3,5.
1525 Le concile
déclare, en outre, que la justification elle-même chez les adultes a
son origine dans la grâce prévenante de Dieu par Jésus Christ
1553 , c'est-à-dire dans un appel de Dieu par lequel ils sont
appelés sans aucun mérite en eux. De la sorte, ceux qui s'étaient
détournés de Dieu par leurs péchés, poussés et aidés par la grâce,
se disposent à se tourner vers la justification que Dieu leur
accorde, en acquiesçant et coopérant librement à cette même grâce
1554-1555 . De cette manière, Dieu touchant le cœur de l'homme
par l'illumination de l'Esprit Saint, d'une part l'homme lui-même
n'est pas totalement sans rien faire, lui qui accueille cette
inspiration qu'il lui est possible de rejeter, d'autre part,
pourtant, sans la grâce de Dieu, il ne lui est pas possible, par sa
propre volonté, d'aller vers la justice en présence de Dieu 1553
. Aussi, lorsqu'il est dit dans la sainte Écriture : “Tournez-vous
vers moi et moi je me tournerai vers vous” (Za 1,3), notre
liberté nous est rappelée ; lorsque nous répondons “Tourne-nous vers
toi, Seigneur, et nous nous convertirons” Lm 5,21, nous
reconnaissons que la grâce de Dieu nous prévient.
1526 Les hommes
sont disposés à la justice elle-même 1557-1559 lorsque,
poussés et aidés par la grâce divine, concevant en eux la foi qu'ils
entendent prêcher Rm 10,17, ils vont librement vers Dieu,
croyant qu'est vrai tout ce qui a été divinement révélé et promis
1562-1564 et, avant tout que Dieu justifie l'impie “par sa
grâce, au moyen de la Rédemption qui est dans le Christ Jésus”
Rm 3,24 ; lorsque, aussi, comprenant qu'ils sont pécheurs et
passant de la crainte de la justice divine, qui les frappe fort
utilement 1558 , à la considération de la miséricorde de
Dieu, ils s'élèvent à l'espérance, confiants que Dieu, à cause du
Christ, leur sera favorable, commencent à l'aimer comme source de
toute justice, et, pour cette raison, se dressent contre les péchés,
animés par une sorte de haine et de détestation 1559 ,
c'est-à-dire par cette pénitence que l'on doit faire avant le
baptême Ac 2,38 ; lorsque, enfin, ils se proposent de
recevoir le baptême, de commencer une vie nouvelle et d'observer les
commandements divins.
1527 De cette
disposition il est écrit : “Celui qui approche de Dieu doit croire
qu'il est et qu'il récompense ceux qui le cherchent” He 11,6,
et : “Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis” Mt 9,2,
et “La crainte du Seigneur chasse les péchés” Si 1,27, et :
“Faites pénitence et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus
Christ, pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez le don de
l'Esprit Saint” Ac 2,38, et “Allez donc, enseignez toutes les
nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé”
Mt 28,19-20, et : “Préparez vos cœurs pour le Seigneur”
1S 7,3.
1528 Cette
disposition ou préparation est suivie par la justification
elle-même, qui n'est pas seulement rémission des péchés 1561
, mais à la fois sanctification et rénovation de l'homme intérieur
par la réception volontaire de la grâce et des dons. Par là,
d'injuste l'homme devient juste, d'ennemi ami, en sorte qu'il est
“Héritier, en espérance, de la vie éternelle” Tt 3,7.
1529 Les causes
de cette justification sont celles-ci : cause finale, la gloire de
Dieu et du Christ, et la vie éternelle ; cause efficiente : Dieu
qui, dans sa miséricorde, lave et sanctifie gratuitement 1Co 6,11
par le sceau et l'onction 2Co 1,21-22 de l'Esprit Saint
promis “qui est le gage de notre héritage” Ep 1,13-14 ; cause
méritoire : le Fils unique bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus
Christ qui, “alors que nous étions ennemis” Rm 5,10, “à cause
du grand amour dont il nous a aimés” Ep 2,4, par sa très
sainte Passion sur le bois de la croix nous a mérité la
justification 1560 et a satisfait pour nous à Dieu son Père ;
cause instrumentale, le sacrement du baptême, “sacrement de la foi”
sans laquelle il n'y a jamais eu de justification pour personne.
Enfin l'unique cause
formelle est la justice de Dieu, “non pas celle par laquelle il est
juste lui-même, mais celle par laquelle elle nous fait justes”
1560-1561 , c'est-à-dire celle par laquelle, l'ayant reçue en
don de lui, nous sommes “renouvelés par une transformation
spirituelle de notre esprit” Ep 4,23, nous ne sommes pas
seulement réputés justes, mais nous sommes dits et nous sommes
vraiment justes 1Jn 3,1, recevant chacun en nous la justice,
selon la mesure que l'Esprit Saint partage à chacun comme il le veut
1Co 12,11 et selon la disposition et la coopération propres à
chacun.
1530 En effet,
bien que personne ne puisse être juste que si les mérites de la
Passion de notre Seigneur Jésus Christ lui sont communiqués, c'est
cependant ce qui se fait dans la justification de l'impie, alors
que, par le mérite de cette très sainte Passion, la charité de Dieu
est répandue par l'Esprit Saint dans les cœurs Rm 5,5 de
ceux qui sont justifiés et habite en eux 1561 . Aussi, avec
la rémission des péchés, l'homme reçoit-il dans la justification
même par Jésus Christ, en qui il est inséré, tous les dons suivants
infus en même temps la foi, l'espérance et la charité.
1531 Car la foi
à laquelle ne se joignent ni l'espérance ni la charité n'unit pas
parfaitement au Christ et ne rend pas membre vivant de son corps.
Pour cette raison, l'on dit en toute vérité que la foi sans les
œuvres est morte et inutile Jc 2,17-20 1569 , et que
dans le Christ Jésus ni la circoncision, ni l'incirconcision n'ont
de valeur, mais la foi “qui opère par la charité” Ga 5,6 ;
Ga 6,15.
C'est elle que, selon
la tradition des apôtres, les catéchumènes demandent à l’Église
avant le sacrement du baptême, quand ils demandent “la foi qui
procure la vie éternelle” que, sans l'espérance et la charité, la
foi ne peut procurer. Aussi entendent-ils immédiatement la parole du
Christ : “Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements”
Mt 19,17 1568-1570 . C'est pourquoi lorsqu'ils
reçoivent la justice véritable et chrétienne, cette première robe
Lc 15,22 qui leur est donnée par le Christ à la place de celle
que, par sa désobéissance, Adam a perdue pour lui et pour nous, il
est ordonné aussitôt à ceux qui viennent de renaître de la conserver
blanche et sans tache, pour l'apporter devant le tribunal de notre
Seigneur Jésus Christ et avoir la vie éternelle.
1532 Lorsque
l'Apôtre dit que l'homme est “justifié par la foi” 1559 et
gratuitement Rm 3,22-24, il faut comprendre ces mots dans le
sens où l'a toujours et unanimement tenu et exprimé l’Église
catholique, à savoir que si nous sommes dits être justifiés par la
foi, c'est parce que “la foi est le commencement du salut de
l'homme”, le fondement et la racine de toute justification, que sans
elle “il est impossible de plaire à Dieu” He 11,6 et de
parvenir à partager le sort de ses enfants 2P 1,4 ; et nous
sommes dits être justifiés gratuitement parce que rien de ce qui
précède la justification, que ce soit la foi ou les œuvres, ne
mérite cette grâce de la justification. En effet “si c'est une
grâce, elle ne vient pas des œuvres ; autrement (comme le dit le
même Apôtre) la grâce n'est plus la grâce” Rm 11,6.
1533 Bien qu'il
soit indispensable de croire que les péchés ne sont et n'ont jamais
été remis que gratuitement par miséricorde divine à cause du Christ,
cependant personne ne doit, en se targuant de la confiance et de la
certitude que ses péchés sont remis et en se reposant sur cela, dire
que ses péchés sont ou ont été remis, alors que cette confiance
vaine et éloignée de toute piété peut exister chez des hérétiques et
des schismatiques, bien plus que de notre temps elle existe et est
prêchée à grand bruit contre l’Église catholique 1562 .
1534 Mais il ne
faut pas non plus affirmer que tous ceux qui ont été vraiment
justifiés doivent être sans aucune hésitation convaincus en
eux-mêmes qu'ils ont été justifiés, ni que personne n'est absous de
ses péchés et justifié, sauf celui qui croit avec certitude qu'il a
été absous et justifié, et que c'est par cette seule foi que se
réalise l'absolution et la justification 1564 , comme si
celui qui ne croit pas cela mettait en doute les promesses de Dieu
et l'efficacité de la mort et de la Résurrection du Christ. En
effet, de même qu'aucun homme pieux ne doit mettre en doute la
miséricorde de Dieu, les mérites du Christ, la vertu et l'efficacité
des sacrements, de même quiconque se considère lui-même, ainsi que
sa propre faiblesse et ses mauvaises dispositions, peut être rempli
d'effroi et de crainte au sujet de sa grâce 1563 , puisque
personne ne peut savoir, d'une certitude de foi excluant toute
erreur, qu'il a obtenu la grâce de Dieu.
1535 Ainsi donc,
ceux qui ont été justifiés et sont devenus “amis de Dieu” et
“membres de sa famille” Jn 15,15 ; Ep 2,19 marchant “de vertu
en vertu” Ps 83,8 , se renouvellent (comme dit l'Apôtre) de
jour en jour 2Co 4,16, c'est-à-dire en mortifiant les membres
de leur chair Col 3,5 et en les présentant comme des armes à
la justice pour la sanctification Rm 6,13-19, par
l'observation des commandements de Dieu et de l’Église ; ils
croissent dans cette justice reçue par la grâce du Christ, la foi
coopérant aux bonnes œuvres Jc 2,22 et ils sont davantage
justifiés 1574 ; 1582 , selon ce qui est écrit :
“Celui qui est juste, sera encore justifié” Ap 22,11 et aussi
: “Ne crains pas d'être justifié jusqu'à la mort” Si 18,22 et
encore “Vous voyez que l'homme est justifié par les œuvres et non
par la foi seule” Jc 2,24. Cet accroissement de justice, la
sainte Église le demande quand elle dit dans la prière : “Seigneur,
augmente en nous la foi, l'espérance et la charité.”
1536 Personne,
si justifié soit-il, ne doit penser qu'il est libéré de
l'observation des commandements 1570 . Personne ne doit user
de cette expression téméraire et interdite sous peine d'anathèmes
par les Pères, à savoir que pour l'homme justifié les commandements
de Dieu sont impossibles à observer 1568 ; 1572 ;
397 . “Car Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais en
commandant il t'invite à faire ce que tu peux et à demander ce que
tu ne peux pas”, et il t'aide pour que tu le puisses ; ses
commandements ne sont pas pesants 1Jn 5,3, son joug est doux
et son fardeau léger Mt 11,30. En effet, ceux qui sont
enfants de Dieu aiment le Christ ; ceux qui l'aiment (comme il en
témoigne lui-même) gardent ses paroles Jn 14,23, ce qui leur
est toujours possible avec l'aide de Dieu.
1537 Bien qu'en
cette vie mortelle, aussi saints et justes qu'ils soient, ils
tombent parfois au moins dans les péchés légers et quotidiens, qu'on
appelle aussi véniels 1573 , ils ne cessent pas pour autant
d'être justes. En effet l'expression humble et authentique des
justes est celle-ci : “Remets-nous nos dettes” Mt 6,12 229
ss. .
C'est pourquoi les
justes eux-mêmes doivent se sentir d'autant plus obligés à marcher
dans la voie de la justice que, désormais “libérés du péché, devenus
serviteurs de Dieu” Rm 6,22, vivant “dans la tempérance, la
justice et la piété” Tt 2,12, ils peuvent progresser par le
Christ Jésus qui leur a ouvert l'accès à cette grâce Rm 5,2.
Car ceux qu'il a justifiés une fois, “Dieu ne les abandonne pas, à
moins qu'il ne soit d'abord abandonné par eux”.
1538 C'est
pourquoi personne ne doit se rassurer dans la foi seule 1559 ;
1569 ; 1570 , pensant que par la foi seule il a été
constitué héritier et obtiendra l'héritage, même s'il ne souffre pas
avec le Christ pour être glorifié avec lui Rm 8,17. Car le
Christ lui-même (comme le dit l'Apôtre), “tout Fils de Dieu qu'il
fût, a appris par ses souffrances à obéir, et, ayant tout accompli,
est devenu cause de salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent”
He 5,8-9.
C'est pourquoi l'Apôtre
lui-même avertit ceux qui ont été justifiés en ces termes : “Ne
savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un
seul obtient le prix ? Courez de manière à le remporter. Pour moi,
donc, c'est ainsi que je cours, non à l'aventure ; c'est ainsi que
je combats, non comme en frappant dans le vide. Mais je châtie mon
corps et je le réduis en esclavage, de peur qu'après avoir prêché
aux autres je ne sois moi-même éliminé” 1Co 9,24 ss. Et
Pierre, le prince des Apôtres “Appliquez-vous à rendre certaine
votre vocation et votre élection par vos bonnes œuvres ; en agissant
ainsi vous ne pécherez jamais” 2P 1,10.
1539 Il est par
là évident qu'ils s'opposent à la doctrine orthodoxe de la religion
ceux qui disent que, dans toute bonne action, le juste pèche au
moins véniellement 1575 ; 1481 ss. ou (ce qui est plus
intolérable) mérite les peines éternelles ; de même aussi ceux qui
déclarent que les justes pèchent dans toutes leurs actions, si,
voulant secouer en eux l'indolence et s'encourager à courir dans le
stade, ils considèrent, en même temps que la glorification mise en
premier lieu, la récompense éternelle 1576 ; 1581 ,
alors qu'il est écrit : “J'ai disposé mon cœur à la pratique de tes
prescriptions à cause de la récompense” Ps 118,112, et que
l'Apôtre dit de Moïse qu'il “avait les yeux fixés sur la récompense”
He 11,26.
1540 Personne
non plus, aussi longtemps qu'il vit dans la condition mortelle, ne
doit présumer du mystère caché de la prédestination divine qu'il
déclare avec certitude qu'il est absolument du nombre des
prédestinés 1565 , comme s'il était vrai qu'une fois justifié
ou bien il ne puisse plus pécher 1573 ou bien, s'il venait à
pécher, il doive se promettre une repentance certaine. Car, à moins
d'une révélation spéciale, on ne peut savoir ceux que Dieu s'est
choisis 1566 .
1541 Il en est
de même du don de la persévérance 1566 . Il est écrit à son
sujet : “Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé”
Mt 10,22 ; Mt 24,13 : cela ne peut se faire que par celui qui “a
le pouvoir de maintenir celui qui est debout pour qu'il continue de
l'être” Rm 14,4 et de relever celui qui tombe. Que personne
donc ne se promette rien de sûr avec une certitude absolue, bien que
tous doivent placer et faire reposer dans le secours de Dieu la plus
ferme espérance. Car Dieu, s'ils ne sont pas infidèles à sa grâce,
mènera à son terme la bonne œuvre, comme il l'a déjà commencée
Ph 1,6, opérant en eux le vouloir et le faire Ph 2,13
1572 .
Pourtant, que ceux qui
se croient être debout, veillent à ne pas tomber 1Co 10,12 et
travaillent à leur salut avec crainte et tremblement Ph 2,12
dans les fatigues, les veilles, les aumônes, les prières et les
offrandes, dans le jeûne et la chasteté 2Co 6,5-6. Sachant,
en effet, qu'ils sont nés de nouveau dans l'espérance de la gloire
1P 1,3 mais pas encore dans la gloire, ils doivent avoir des
craintes concernant le combat qui leur reste contre la chair, contre
le monde, contre le diable, combat dans lequel ils ne peuvent être
vainqueurs que si, avec la grâce de Dieu, ils obéissent aux paroles
de l'Apôtre : “Nous ne sommes plus tenu, vis-à-vis de la chair, de
vivre selon la chair. Si vous vivez, en effet, selon la chair, vous
mourrez. Mais si par l'Esprit vous faites mourir les œuvres de la
chair, vous vivrez” Rm 8,12-13.
1542 Ceux qui,
après avoir reçu la grâce de la justification, en sont déchus par le
péché pourront être de nouveau justifiés 1579 lorsque,
poussés par Dieu, ils feront en sorte de retrouver la grâce perdue
au moyen du sacrement de la pénitence, grâce aux mérites du Christ.
Ce mode de justification est le relèvement du pécheur, que les
saints Pères ont fort bien appelé “la seconde planche après le
naufrage qu'est la perte de la grâce”. En effet pour ceux qui
tombent dans le péché après le baptême, le Christ Jésus a institué
le sacrement de la pénitence, lorsqu'il dit “Recevez le
Saint-Esprit, à ceux à qui vous remettrez les péchés, ils seront
remis, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez” Jn 20,22-23.
1543 Aussi
faut-il enseigner que la pénitence du chrétien après une chute est
très différente de la pénitence baptismale. Elle comprend non
seulement l'abandon des péchés et leur détestation, ou “un cœur
contrit et humilié” Ps 50,19, mais aussi la confession
sacramentelle de ceux-ci, ou du moins le désir de la faire en temps
opportun, l'absolution par un prêtre, et, de plus, la satisfaction
par le jeûne, les aumônes, les prières et autres pieux exercices de
la vie spirituelle, non pour remettre la peine éternelle — laquelle
est remise en même temps que la faute par le sacrement ou le désir
du sacrement —, mais pour remettre la faute temporelle 1580
qui (comme l'enseigne l’Écriture sainte) n'est pas toujours
totalement remise, comme elle l'est au baptême, à ceux qui, ingrats
envers la grâce de Dieu qu'ils ont reçue, ont contristé l'Esprit
Saint Ep 4,30 et n'ont pas craint de violer le Temple de Dieu
1Co 3,17.
Il est écrit de cette
pénitence : “Souviens-toi d'où tu es tombé, fais pénitence et
reviens à tes premières œuvres” Ap 2,51 et aussi : “La
tristesse selon Dieu produit une pénitence pour un salut durable”
2Co 7,10, et encore “Faites pénitence” Mt 3,2 ; Mt 4,17,
et “Faites de dignes fruits de pénitence” Mt 3,8 ; Lc 3,8.
1544 Contre les
esprits rusés de certains hommes qui, "par de doux discours et des
bénédictions, séduisent les cœurs simples" Rm 16,18 , il faut
affirmer que la grâce de la justification, qui a été reçue, se perd
non seulement par l'infidélité 1577 , par laquelle se perd
aussi la foi elle-même, mais aussi par n'importe quel péché mortel,
bien qu'alors ne se perde pas la foi 1578 . On défend ainsi
la doctrine de la Loi divine qui exclut du Royaume de Dieu non
seulement les infidèles, mais aussi les fidèles fornicateurs,
adultères, efféminés, sodomites, voleurs, avares, ivrognes,
médisants, rapaces 1Co 6,9-10 et tous les autres qui
commettent des péchés mortels dont, avec l'aide de la grâce divine,
ils peuvent s'abstenir et à cause desquels ils sont séparés de la
grâce du Christ 1577 .
1545 C'est donc
dans cette perspective qu'il faut proposer aux hommes justifiés,
qu'ils aient sans cesse gardé la grâce reçue ou qu'ils l'aient
recouvrée après l'avoir perdue, les mots de l'Apôtre : “Soyez riches
de toute œuvre bonne, sachant que votre labeur n'est pas vain dans
le Seigneur” 1Co 15,58, car “Dieu n'est pas injuste au point
d'oublier ce que vous avez fait et la charité dont vous avez fait
preuve en son nom” He 6,10, et : “Ne perdez pas votre
confiance ; elle aura une grande récompense” He 10,35. Et
c'est pourquoi, à ceux qui agissent bien “jusqu'à la fin”
Mt 10,22 ; Mt 24,13 et qui espèrent en Dieu, il faut proposer la
vie éternelle à la fois comme la grâce miséricordieusement promise
par le Christ Jésus aux fils de Dieu et “comme la récompense”, que
Dieu, selon la promesse qu'il a faite lui-même, accordera à leurs
œuvres bonnes et à leurs mérites 1576 ; 1582 . Telle
est, en effet, “la couronne de justice” dont l'Apôtre disait qu'elle
lui était “réservée après son combat et sa course et lui serait
donnée par le juste juge, non seulement à lui, mais aussi à tous
ceux qui attendent avec amour son avènement” 2Tm 4,7-8.
1546 Le Christ
Jésus lui-même communique constamment sa force à ceux qui ont été
justifiés, comme la tête aux membres Ep 4,15, comme le cep
aux sarments Jn 15,5, force qui toujours précède, accompagne
et suit leurs bonnes œuvres et sans laquelle celles-ci ne pourraient
en aucune manière être agréables à Dieu et méritoires 1552 .
Aussi faut-il croire qu'il ne manque rien d'autre aux justifiés
eux-mêmes pour qu'ils soient estimés avoir pleinement satisfait à la
Loi de Dieu, dans les conditions de cette vie, par ces œuvres qui
ont été faites en Dieu Jn 3,21, et avoir vraiment mérité
d'obtenir, en son temps, la vie éternelle 1582 , si toutefois
ils meurent dans la grâce Ap 14,13. Le Christ notre Sauveur
ne dit-il pas : “Si quelqu'un boit de l'eau que je lui donnerai, il
n'aura jamais soif ; elle deviendra en lui une source d'eau
jaillissant pour la vie éternelle” Jn 4,14 ?
1547 Ainsi notre
justice personnelle n'est pas établie comme venant personnellement
de nous 2Co 3,5 et la justice de Dieu n'est ni méconnue ni
rejetée Rm 10,3. En effet cette justice est dite nôtre, parce
que nous sommes justifiés par cette justice qui habite en nous
1560 ; 1561 ; et cette même justice est celle de Dieu,
parce qu'elle est répandue en nous par Dieu et par les mérites du
Christ.
1548 Il ne faut
pas omettre ceci : la sainte Écriture attribue, certes, une telle
valeur aux bonnes œuvres que le Christ promet que même celui qui
donne à l'un de ses plus petits un verre d'eau fraîche ne perdra pas
sa récompense Mt 10,42 ; Mc 9,40 ; et l'Apôtre atteste que
notre “légère tribulation d'un instant nous prépare au-delà de toute
mesure un poids éternel de gloire dans les cieux” 2Co 4,17.
Cependant, loin de nous de penser que le chrétien se confie ou se
glorifie en lui-même et non pas dans le Seigneur 1Co 1,31 ;
2Co 10,17, dont la bonté envers les hommes est si grande qu'il
veut que ses dons soient leurs mérites 1582 ; 248.
1549 Et parce
que “nous péchons tous en bien des choses” Jc 3,2 1573
, chacun doit avoir devant les yeux non seulement la miséricorde et
la bonté, mais aussi la sévérité et le jugement, et l'on ne doit pas
se juger soi-même, même si on n'est conscient d'aucune faute. Car
toute la vie des hommes doit être examinée et jugée non pas par un
jugement d'homme, mais par celui de Dieu “qui éclairera les secrets
des ténèbres et rendra manifestes les secrets des cœurs ; et alors
chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient” 1Co 4,4
s., lui qui, comme il est écrit, “rendra à chacun selon ses œuvres”
Rm 2,6.
1550 Après avoir
exposé la doctrine catholique concernant la justification 1583,
que chacun recevra fidèlement et fermement pour être justifié, le
saint concile a jugé bon d'y joindre les canons suivants, pour que
tous sachent non seulement ce qu'ils doivent tenir et suivre, mais
aussi ce qu'ils doivent éviter et fuir.
1551 1. Si
quelqu'un dit que l'homme peut être justifié devant Dieu par ses
œuvres — que celles-ci soient accomplies par les forces de la nature
humaine ou par l'enseignement de la loi — sans la grâce divine
venant par Jésus Christ : qu'il soit anathème 1521 .
1552 2. Si
quelqu'un dit que la grâce divine venant par Jésus Christ n'est
donnée que pour que l'homme puisse plus facilement vivre dans la
justice et mériter la vie éternelle, comme si, par le libre arbitre
et sans la grâce, il pouvait parvenir à l'une et à l'autre chose,
toutefois péniblement et difficilement : qu'il soit anathème 1524
ss .
1553 3. Si
quelqu'un dit que, sans l'inspiration prévenante du Saint-Esprit et
sans son aide, l'homme peut croire, espérer et aimer, ou se
repentir, comme il le faut, pour que lui soit accordée la grâce de
la justification : qu'il soit anathème 1525.
1554 4. Si
quelqu'un dit que le libre arbitre de l'homme, mû et poussé par
Dieu, ne coopère en rien quand il acquiesce à Dieu, qui le pousse et
l'appelle à se disposer et préparer à obtenir la grâce de la
justification, et qu'il ne peut refuser d'acquiescer, s'il le veut,
mais que tel un être inanimé il ne fait absolument rien et se
comporte purement passivement : qu'il soit anathème 1525.
1555 5. Si
quelqu'un dit que, après le péché d'Adam, le libre arbitre de
l'homme a été perdu et éteint, ou qu'il est une réalité qui n'en
porte que le nom, bien plus un nom sans réalité, une fiction enfin
introduite par Satan dans l’Église : qu'il soit anathème 1521 ;
1525 ; 1486.
1556 6. Si
quelqu'un dit qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de s'engager
dans les voies du mal, mais que ses mauvaises comme ses bonnes
actions sont l’œuvre de Dieu, non seulement parce qu'il les permet,
mais encore proprement et par lui-même, tellement que la trahison de
Judas ne serait pas moins son œuvre propre que la vocation de Paul :
qu'il soit anathème.
1557 7. Si
quelqu'un dit que toutes les œuvres accomplies avant la
justification, de quelque façon qu'elles le soient, sont vraiment
des péchés et méritent la haine de Dieu, ou que plus on fait
d'efforts pour se disposer à la grâce, plus on pèche gravement :
qu'il soit anathème 1526.
1558 8. Si
quelqu'un dit que la crainte de l'enfer, par laquelle, en nous
affligeant de nos péchés, nous nous réfugions dans la miséricorde de
Dieu ou nous nous abstenons de pécher, est un péché ou rend les
hommes encore pires : qu'il soit anathème 1526 ; 1456.
1559 9. Si
quelqu'un dit que l'impie est justifié par la seule foi, entendant
par là que rien d'autre n'est requis pour coopérer à l'obtention de
la grâce, et qu'il ne lui est en aucune manière nécessaire de se
préparer et disposer par un mouvement de sa volonté : qu'il soit
anathème 1532 ; 1538 ; 1465 ; 1460 ss .
1560 10. Si
quelqu'un dit que les hommes sont justifiés sans la justice du
Christ, par laquelle il a mérité pour nous, ou qu'ils sont
formellement justes par cette justice : qu'il soit anathème 1523 ;
1529.
1561 11. Si
quelqu'un dit que les hommes sont justifiés ou bien par la seule
imputation de la justice du Christ, ou bien par la seule rémission
des péchés, à l'exclusion de la grâce et de la charité qui est
répandue dans leurs cœurs par l'Esprit Saint Rm 5,5 et habite
en eux, ou encore que la grâce par laquelle nous sommes justifiés
est seulement la faveur de Dieu : qu'il soit anathème 1528-1531
1545 ss.
1562 12. Si
quelqu'un dit que la foi qui justifie n'est rien d'autre que la
confiance en la miséricorde divine, qui remet les péchés à cause du
Christ, ou que c'est par cette seule confiance que nous sommes
justifiés : qu'il soit anathème. 1533.
1563 13. Si
quelqu'un dit qu'il est indispensable à tout homme, pour obtenir la
rémission des péchés, de croire avec certitude et sans aucune
hésitation venant de sa faiblesse personne1le ou de son manque de
disposition que ses péchés lui sont remis : qu'il soit anathème
1533 s ; 1460-1464 .
1564 14. Si
quelqu'un dit que l'homme est absous de ses péchés et justifié parce
qu'il croit avec une certitude qu'il est absous et justifié, ou que
n'est vraiment justifié que celui qui croit qu'il est justifié, et
que cette seule foi réalise l'absolution et la justification : qu'il
soit anathème. 1533 s ; 1460-1464 .
1565 15. Si
quelqu'un dit que l'homme né de nouveau et justifié est tenu par la
foi de croire qu'il est certainement au nombre des prédestinés :
qu'il soit anathème 1540 .
1566 16. Si
quelqu'un dit avec une certitude absolue et infaillible qu'il aura
certainement le grand don de la persévérance jusqu'à la fin
Mt 10,22 ; Mt 24,13, à moins qu'il ne l'ait appris par une
révélation spéciale : qu'il soit anathème 1540 s.
1567 17. Si
quelqu'un dit que la grâce de la justification n'échoit qu'à ceux
qui sont prédestinés à la vie et que tous les autres qui sont
appelés, le sont assurément, mais ne reçoivent pas la grâce, parce
que prédestinés au mal par la puissance divine : qu'il soit
anathème.
1568 8. Si
quelqu'un dit que les commandements de Dieu sont impossibles à
observer même pour l'homme justifié et établi dans la grâce : qu'il
soit anathème 1536s .
1569 19. Si
quelqu'un dit que rien n'est commandé dans l’Évangile en dehors de
la foi, que les autres choses sont indifférentes, ni commandées, ni
défendues, mais libres, ou que les dix commandements ne concernent
pas les chrétiens : qu'il soit anathème 1536s .
1570 20. Si
quelqu'un dit que l'homme justifié, aussi parfait qu'il soit, n'est
pas tenu d'observer les commandements de Dieu et de l’Église, mais
seulement de croire, comme si l’Évangile était une pure et simple
promesse de la vie éternelle sans la condition d'observer les
commandements : qu'il soit anathème 1536s .
1571 21. Si
quelqu'un dit que le Christ Jésus a été donné par Dieu aux hommes
comme rédempteur, en qui se confier, et non pas aussi comme
législateur à qui obéir : qu'il soit anathème.
1572 22. Si
quelqu'un dit que le justifié soit peut persévérer dans la justice
sans un secours spécial de Dieu, soit ne le peut pas avec ce secours
: qu'il soit anathème 1541 .
1573 23. Si
quelqu'un dit que l'homme une fois justifié ne peut plus pécher ni
perdre la grâce, et que donc celui qui tombe et pèche n'a jamais été
vraiment justifié : ou, au contraire, qu'il peut dans toute sa vie
éviter tous les péchés, même véniels, à moins que ce soit par un
privilège spécial de Dieu, comme l’Église le tient au sujet de la
bienheureuse Vierge : qu'il soit anathème 1537 ; 1549
.
1574 24. Si
quelqu'un dit que la justice reçue ne se conserve pas et même ne
s'accroît pas devant Dieu par les bonnes œuvres, mais que ces œuvres
ne sont que le fruit et le signe de la justification obtenue et non
pas aussi la cause de son accroissement : qu'il soit anathème
1535 .
1575 25. Si
quelqu'un dit qu'en toute bonne œuvre le juste pèche au moins
véniellement ou (ce qui est plus intolérable) mortellement, et qu'il
mérite pour cela les peines éternelles ; qu'il n'est pas damné à
cause de cela seulement, parce que Dieu n'impute pas ses œuvres pour
la damnation : qu'il soit anathème 1539 ; 1481s .
1576 26. Si
quelqu'un dit que, pour les bonnes œuvres qu'ils ont faites en Dieu
Jn 3,21, les justes ne doivent pas attendre et espérer de
rétribution éternelle de la part de Dieu, en raison de sa
miséricorde et des mérites de Jésus Christ, s'ils persévèrent
jusqu'à la fin à faire le bien et à garder les commandements divins
Mt 10,22 ; Mt 24,13 : qu'il soit anathème 1538 .
1577 27. Si
quelqu'un dit qu'il n'y a aucun péché mortel, sauf celui
d'infidélité, ou que la grâce une fois reçue ne peut être perdue par
aucun autre péché, aussi grave et énorme soit-il, sauf par celui de
l'infidélité : qu'il soit anathème 1544 .
1578 28. Si
quelqu'un dit qu'une fois la grâce perdue par le péché, en même
temps la foi est pour toujours perdue ou que la foi qui reste n'est
pas une vraie foi, puisqu'elle n'est pas vivante Jc 2,26, ou
bien que celui qui a la foi sans la charité n'est pas un chrétien :
qu'il soit anathème 1544 .
1579 29. Si
quelqu'un dit que celui qui est tombé après le baptême ne peut pas
se relever avec la grâce de Dieu, ou qu'il peut certes recouvrer la
justice perdue, mais par la seule foi, sans le sacrement de la
pénitence, comme l'a jusqu'ici professé, gardé et enseigné la sainte
Église romaine universelle, instruite par notre Seigneur et les
apôtres : qu'il soit anathème 1542 .
1580 30. Si
quelqu'un dit que, après avoir reçu la grâce de la justification,
tout pécheur pénitent voit sa faute remise et sa condamnation à la
peine éternelle annulée, en sorte que ne reste aucune condamnation à
une peine temporelle à expier, ou dans ce monde ou dans le monde à
venir au purgatoire, avant que ne puisse s'ouvrir l'entrée au
royaume des cieux qu'il soit anathème 1543 .
1581 31. Si
quelqu'un dit que le justifié pèche en faisant le bien en vue d'une
récompense éternelle : qu'il soit anathème 1539 .
1582 32. Si
quelqu'un dit que les bonnes œuvres de l'homme justifié sont les
dons de Dieu, en telle sorte qu'elles ne soient pas aussi de bons
mérites de justifié ; ou que, par les bonnes œuvres qu'il fait par
la grâce de Dieu et les mérites du Christ (dont il est un membre
vivant), le justifié ne mérite pas vraiment un accroissement de la
grâce, la vie éternelle et (s'il meurt dans la grâce) l'entrée dans
la vie éternelle, ainsi que l'accroissement de gloire : qu'il soit
anathème 1548 ; 1545-1550 .
1583 33. Si
quelqu'un dit que, par cette doctrine catholique sur la
justification exposée par le saint concile dans le présent décret,
il fait tort en partie à la gloire de Dieu ou aux mérites de Jésus
Christ notre Seigneur et non plutôt que sont ainsi mises en lumière
la vérité de notre foi et la gloire de Dieu et du Christ Jésus :
qu'il soit anathème.
Préambule
1600 Pour
compléter cette doctrine salutaire sur la justification, promulguée
lors de la précédente session avec le consentement unanime de tous
les pères, il a paru à propos de traiter des sacrements très saints
de l'Église. C'est par eux que toute véritable justice ou commence,
ou, une fois commencée, s'accroît, ou, perdue, est réparée.
C'est pourquoi le saint
concile œcuménique et général de Trente, veut éliminer les erreurs
et extirper les hérésies qui, apparues de notre temps, concernant
les très saints sacrements, sont nées d'hérésies autrefois
condamnées par nos Pères ou bien même ont été découvertes, nuisant
grandement à la pureté de l'Église catholique et ,au salut des âmes,
attaché à l'enseignement des saintes Écritures, aux traditions
apostoliques et à l'accord unanime des Pères des autres conciles, ce
saint concile a décidé de statuer et de décréter les canons
suivants. Ceux qui restent encore pour porter à son terme l’œuvre
commencée seront, avec l'aide de l'Esprit Saint, publiés plus tard.
1601 1. Si
quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle n'ont pas été
tous institués par Jésus Christ notre Seigneur ou bien qu'il y en a
plus ou moins que sept, à savoir : le baptême, la confirmation,
l'eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre et le
mariage, ou encore que l'un de ces sept n'est pas vraiment et
proprement un sacrement : qu'il soit anathème.
1602 2. Si
quelqu'un dit que ces sacrements de la Loi nouvelle ne diffèrent des
sacrements de la Loi ancienne que parce que les cérémonies sont
autres et que sont autres les rites extérieurs : qu'il soit
anathème.
1603 3. Si
quelqu'un dit que ces sept sacrements sont si égaux entre eux que
d'aucune façon l'un n'est plus digne que l'autre : qu'il soit
anathème.
1604 4. Si
quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle ne sont pas
nécessaires au salut, mais superflus, et que, sans eux ou sans le
désir de ceux-ci, les hommes obtiennent de Dieu la grâce de la
justification 1559 , étant admis que tous ne sont pas
nécessaires à chacun : qu'il soit anathème.
1605 5. Si
quelqu'un dit que ces sacrements n'ont été institués que pour
nourrir la foi : qu'il soit anathème.
1606 6. Si
quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle ne contiennent
pas la grâce qu'ils signifient ou qu'ils ne confèrent pas cette
grâce elle-même à ceux qui n'y mettent pas d'obstacle 1451 ,
comme s'ils n'étaient que les signes extérieurs de la grâce et de la
justice reçus par la foi, et des marques de profession chrétienne
par lesquelles les fidèles sont distingués des infidèles parmi les
hommes : qu'il soit anathème.
1607 7. Si
quelqu'un dit que par de tels sacrements la grâce n'est pas donnée
toujours et à tous, pour ce qui est de Dieu, même s'ils sont reçus
comme il convient, mais seulement parfois et à quelques-uns : qu'il
soit anathème.
1608 8. Si
quelqu'un dit que la grâce n'est pas conférée ex opere operato
par ces sacrements de la Loi nouvelle, mais que seule la foi en la
promesse divine suffit pour obtenir la grâce : qu'il soit anathème.
1609 9. Si
quelqu'un dit que dans les trois sacrements du baptême, de la
confirmation et de l'ordre n'est pas imprimé dans l'âme un
caractère, c'est-à-dire une marque spirituelle et indélébile telle
qu'on ne peut les réitérer : qu'il soit anathème.
1610 10. Si
quelqu'un dit que tous les chrétiens ont pouvoir sur la parole et
sur l'administration des sacrements : qu'il soit anathème.
1611 11. Si
quelqu'un dit que chez les ministres, alors qu'ils réalisent et
confèrent les sacrements, l'intention n'est pas requise de faire au
moins ce que fait l'Église : qu'il soit anathème. 1262 .
1612 12. Si
quelqu'un dit qu'un ministre en état de péché mortel, du moment
qu'il observe tout ce qui est essentiel concernant la réalisation ou
la collation du sacrement, en réalise ou ne confère par un sacrement
: qu'il soit anathème 1154 .
1613 13. Si
quelqu'un dit que les rites reçus et approuvés de l’Église
catholique, en usage dans l'administration solennelle des
sacrements, peuvent être ou méprisés ou omis sans péché, au gré des
ministres, ou encore être changés en d'autres nouveaux par tout
pasteur des églises : qu'il soit anathème.
1614 1. Si
quelqu'un dit que le baptême de Jean a eu la même force que le
baptême du Christ : qu'il soit anathème.
1615 2. Si
quelqu'un dit que l'eau vraie et naturelle n'est pas chose
nécessaire pour le baptême et si, en conséquence, il détourne au
sens d'une métaphore les paroles de notre Seigneur Jésus Christ :
“Si l'on ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit Saint” Jn 3,5 ;
qu'il soit anathème.
1616 3. Si
quelqu'un dit que dans l'Église romaine, qui est Mère et maîtresse
de toutes les Églises, ne se trouve pas la vraie doctrine sur le
sacrement de baptême : qu'il soit anathème.
1617 4. Si
quelqu'un dit que le baptême, même donné par des hérétiques au nom
du Père et du Fils et du Saint-Esprit, avec l'intention de faire ce
que fait l'Église, n'est pas un vrai baptême : qu'il soit anathème.
1618 5. Si
quelqu'un dit que le baptême est libre, c'est-à-dire n'est pas
nécessaire pour le salut : qu'il soit anathème 1524 .
1619 6. Si
quelqu'un dit que le baptisé ne peut pas, même s'il le voulait,
perdre la grâce, quelque nombreux que soient ses péchés, sauf s'il
ne veut pas croire : qu'il soit anathème 1544 .
1620 7. Si
quelqu'un dit que les baptisés, par leur baptême, ne sont pas
obligés qu'à la foi, mais non à l'observation de toute la Loi du
Christ : qu'il soit anathème.
1621 8. Si
quelqu'un dit que les baptisés sont libres par rapport à tous les
commandements de la sainte Église, aussi bien ceux qui sont écrits
que ceux qui sont transmis, en sorte qu'ils ne soient tenus de les
observer que s'ils veulent spontanément s'y soumettre : qu'il soit
anathème.
1622 9. Si
quelqu'un dit que l'on doit rappeler aux hommes le souvenir du
baptême, de telle manière qu'ils comprennent que tous les vœux faits
après le baptême sont nuls, en vertu de la promesse déjà faite lors
du baptême lui-même, comme si ces vœux portaient atteinte et à la
foi qu'ils ont alors professée et au baptême lui-même : qu'il soit
anathème.
1623 10. Si
quelqu'un dit que tous les péchés commis après le baptême sont remis
ou rendus véniels par le seul souvenir et par la foi du baptême qui
a été reçu : qu'il soit anathème.
1624 11. Si
quelqu'un dit que le vrai baptême, conféré selon les rites, doit
être réitéré pour celui qui a renié la foi du Christ parmi les
infidèles, lorsqu'il s'est converti et a fait pénitence: qu'il soit
anathème.
1625 12. Si
quelqu'un dit que personne ne doit être baptisé qu'à l'âge où le
Christ a été baptisé ou bien à l'article de la mort : qu'il soit
anathème.
1626 13. Si
quelqu'un dit que les petits enfants, par le fait qu'ils ne font pas
acte de foi, ne doivent pas être comptés parmi les fidèles, après
qu'ils ont reçu le baptême, et que, pour cette raison, ils doivent
être rebaptisés quand ils sont arrivés à l'âge de discrétion, ou
qu'il est préférable d'omettre leur baptême plutôt que de les
baptiser dans la seule foi de l'Église, eux qui ne croient pas par
un acte personnel de foi : qu'il soit anathème.
1627 14. Si
quelqu'un dit que l'on doit demander à ces petits enfants ainsi
baptisés, lorsqu'ils ont grandi, s'ils veulent ratifier ce que les
parrains ont promis en leur nom quand ils ont été baptisés et que
ceux qui répondent qu'ils ne le veulent pas, on doit les laisser à
leur libre arbitre et ne les contraindre par aucune peine à une vie
chrétienne, sauf en les écartant de la réception de l'eucharistie et
des autres sacrements jusqu'à ce qu'ils s'amendent : qu'il soit
anathème.
1628 1. Si
quelqu'un dit que la confirmation des baptisés est une cérémonie
vaine et non pas plutôt un sacrement véritable et proprement dit, ou
qu'elle ne fut autrefois rien d'autre qu'une catéchèse, par laquelle
ceux qui approchaient de l'adolescence rendaient compte de leur foi
en présence de l'Église : qu'il soit anathème.
1629 2. Si
quelqu'un dit que font injure à l'Esprit Saint ceux qui attribuent
quelque vertu au saint chrême de la confirmation : qu'il soit
anathème.
1630 3. Si
quelqu'un dit que le ministre ordinaire de la confirmation n'est pas
l'évêque seul, mais n'importe quel simple prêtre : qu'il soit
anathème 1318 .
1635 Le saint
concile œcuménique et général de Trente... s'est réuni, non sans
être particulièrement conduit et gouverné par l'Esprit Saint, dans
le but d'exposer la véritable et antique doctrine sur la foi et les
sacrements et pour porter remède à toutes les hérésies et à tous les
autres très graves dommages qui, aujourd'hui, troublent
malheureusement l'Église de Dieu et la divisent en de nombreuses et
diverses parties. Il a cependant, dès le début, eu spécialement à
cœur d'arracher jusqu'à la racine l'ivraie des erreurs et schismes
exécrables que l'ennemi, en ces temps malheureux qui sont les
nôtres, a semé Mt 13,15 dans la doctrine de la foi, dans
l'usage et le culte de la sainte eucharistie, elle que notre
Seigneur a pourtant laissée dans son Église comme le symbole de
cette unité et de cet amour par lesquels il a voulu que tous les
chrétiens soient unis et reliés entre eux.
C'est pourquoi ce même
saint concile, transmettant la saine et authentique doctrine
concernant ce vénérable et divin sacrement de l'eucharistie, que
l'Église catholique, instruite par Jésus Christ notre Seigneur
lui-même et par les apôtres, enseignées par l'Esprit Saint lui
rappelant de jour en jour la vérité tout entière Jn 14,26, a
toujours gardée et conservera jusqu'à la fin du monde, interdit à
tous les chrétiens d'oser croire, enseigner ou prêcher désormais sur
la très sainte eucharistie autre chose que ce qui est expliqué et
défini par le présent décret.
1636 En premier
lieu, le saint concile enseigne et professe ouvertement et sans
détour que, dans le vénérable sacrement de la sainte eucharistie,
après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus
Christ, vrai Dieu et vrai homme, est vraiment, réellement et
substantiellement 1651 contenu sous l'apparence de ces
réalités sensibles. Il n'y a en effet aucune opposition à ce que
notre Sauveur lui-même siège toujours dans les cieux à la droite du
Père, selon un mode d'existence qui est surnaturel, et à ce que
néanmoins il soit pour nous sacramentellement présent en de nombreux
autres lieux en sa substance, par un mode d'existence que nous
pouvons à peine exprimer par des mots, et que nous pouvons cependant
reconnaître et constamment croire comme possible à Dieu
Mt 19,26 ; Lc 18,27, par notre pensée éclairée par la foi.
1637 C'est ainsi
en effet que tous nos ancêtres, qui ont tous été dans la véritable
Église du Christ et ont traité de ce très saint sacrement, ont
professé très ouvertement que notre Rédempteur a institué ce
sacrement si admirable lors de la dernière Cène, lorsque, après
avoir béni le pain et le vin, il attesta en termes clairs et précis
qu'il leur donnait son propre Corps et son propre Sang. Ces paroles,
rappelées par les saints évangélistes Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ;
Lc 22,19-20 et répétées ensuite par saint Paul 1Co 11,24-25,
se présentent en un sens propre et très clair, selon ce que les
Pères ont compris. Aussi est-ce le scandale le plus indigne de voir
certains hommes querelleurs et pervers les ramener à des figures de
style sans consistance et imaginaires, par lesquels est niée la
vérité de la Chair et du Sang du Christ, contre le sentiment
universel de l'Église, elle qui en tant que “colonne et fondement de
la vérité” 1Tm 3,15 déteste comme sataniques ces inventions
imaginées par des hommes impies, elle qui reconnaît, d'un esprit qui
sait toujours rendre grâces et se souvenir, cet insigne bienfait du
Christ.
1638 Donc, notre
Sauveur, allant quitter ce monde pour le Père, a institué ce
sacrement dans lequel il a en quelque sorte répandu les richesses de
son amour divin pour les hommes, “laissant un mémorial de ses
merveilles” Ps 110,4, et il nous a donné dans la réception de
ce sacrement de célébrer sa mémoire Lc 22,19 ; 1Co 11,24 et
d'annoncer sa mort jusqu'à ce qu'il vienne 1Co 11,26 pour
juger lui-même le monde.
Il a voulu ce sacrement
comme aliment spirituel des âmes Mt 26,26 qui nourrit et
fortifie ceux qui vivent de sa vie 1655 , lui qui a dit “qui
me mange vivra lui-même par moi” Jn 6,57, et comme antidote
nous libérant des fautes quotidiennes et nous préservant des péchés
mortels.
Il a voulu, en outre,
que ce soit le gage de notre gloire à venir et de notre félicité
éternelle, en même temps qu'un symbole de cet unique corps dont il
est lui-même la tête 1Co 11,3 ; Ep 5,23 et auquel Il a voulu
que nous, en tant que ses membres, nous soyons attachés par les
liens les plus étroits de la foi, de l'espérance et de la charité,
en sorte que nous disions tous la même chose et qu'il n'y ait pas de
divisions parmi nous 1Co 1,10.
1639 La très
sainte eucharistie a, certes, ceci de commun avec les autres
sacrements qu'elle est “le symbole d'une réalité sainte et la forme
visible d'une grâce invisible”. Mais ce que l'on trouve en elle
d'excellent et de particulier est que les autres sacrements ont la
vertu de sanctifier lorsque quelqu'un y a recours, alors que dans
l'eucharistie se trouve l'auteur même de la sainteté avant qu'on ne
la reçoive 1654 .
1640 En effet,
les apôtres n'avaient pas encore reçu l'eucharistie de la main du
Seigneur Mt 26,26 ; Mc 14,22 qu'il affirmait pourtant que
c'était vraiment son Corps qu'il présentait ; et ce fut toujours la
foi dans l'Église de Dieu que, immédiatement après la consécration,
le véritable Corps et le véritable Sang de notre Seigneur se
trouvaient sous les espèces du pain et du vin en même temps que son
âme et sa divinité. Certes, si le Corps se trouve sous l'espèce du
pain, et le Sang sous l'espèce du vin par la vertu des paroles, le
Corps lui-même est aussi sous l'espèce du vin, et le Sang sous
l'espèce du pain, et l'âme sous les deux espèces, en vertu de cette
connexion naturelle et de cette concomitance qui unissent entre
elles les parties du Christ Seigneur qui, ressuscité des morts, ne
meurt plus Rm 6,9. La divinité est unie, à cause de cette
admirable union hypostatique avec son corps et son âme 1651 ;
1653 .
1641 C'est
pourquoi il est tout à fait vrai que le Christ est contenu sous
l'une ou l'autre espèce et sous les deux espèces ensemble. En effet,
le Christ est totalement et intégralement sous l'espèce du pain et
sous n'importe quelle partie de cette espèce ; il est de même
totalement sous l'espèce du vin et sous les parties de celle-ci
1653 .
1642 Parce que
le Christ notre Rédempteur a dit qu'était vraiment son corps ce
qu'il offrait sous l'espèce du pain Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ;
Lc 22,19 ; 1Co 11,24-26, on a toujours été persuadé dans
l'Église de Dieu — et c'est ce que déclare de nouveau aujourd'hui ce
saint concile — que par la consécration du pain et du vin se fait un
changement de toute la substance du pain en la substance du corps du
Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la
substance de son sang. Ce changement a été justement et proprement
appelé, par la sainte Église catholique, transsubstantiation 1652
.
1643 C'est
pourquoi il ne reste aucune raison de douter que tous les chrétiens
selon la coutume reçue depuis toujours dans l'Église catholique,
rendent avec vénération le culte de latrie, qui est dû au vrai Dieu,
à ce très saint sacrement 1656 .
En effet, celui-ci ne
doit pas être moins adoré parce qu'il a été institué par le Christ
Seigneur pour nous nourrir Mt 26,26-29. Car nous croyons
qu'en lui est présent ce même Dieu que le Père éternel a introduit
dans le monde en disant “Et que tous les anges de Dieu l'adorent”
He 1,6 ; Ps 96,7, lui que les mages ont adoré en se prosternant
Mt 2,11 , lui enfin dont toute l'Écriture témoigne qu'il fut
adoré en Galilée par les apôtres Mt 28,17 ; Lc 24,52.
1644 En outre,
le saint concile déclare que la coutume a été pieusement et
religieusement introduite dans l'Église de Dieu de célébrer chaque
année, en un jour de fête particulier, ce sacrement éminent et
vénérable dans une vénération et une solennité spéciales, et de
porter celui-ci avec respect et honneur dans des processions à
travers les rues et les places publiques. 846
Il est, en effet, très
juste qu'il y ait des jours saints fixés où tous les chrétiens, par
des manifestations singulières et extraordinaires, attestent de leur
reconnaissance et de leur mémoire envers leur commun Seigneur et
Rédempteur pour un bienfait si ineffable et vraiment divin, par
lequel sont représentés sa victoire et son triomphe sur la mort. Et
ainsi a-t-il fallu que la vérité victorieuse du mensonge et de
l'hérésie triomphe, pour que ses adversaires, placés face à une si
grande splendeur et à la joie si grande de l’Église universelle, ou
bien affaiblis et brisés dépérissent, ou bien, pris de honte et de
confusion, viennent un jour à résipiscence.
1645 La coutume
de conserver la sainte eucharistie en un lieu sacré est si ancienne
que le siècle du concile de Nicée la connaissait déjà. En outre,
porter cette sainte eucharistie aux malades et, pour ce faire, la
conserver soigneusement dans les églises non seulement est chose
très équitable en même temps que conforme à la raison, mais est
aussi prescrit par de nombreux conciles et observé par une très
ancienne coutume de l'Église catholique. C'est pourquoi ce saint
concile a statué qu'il fallait garder absolument cette coutume
salutaire et nécessaire 1657 .
1646 S'il ne
convient pas que qui que ce soit s'approche d'une fonction sacrée si
ce n'est saintement, à coup sûr plus un chrétien découvre la
sainteté et le caractère divin de ce sacrement céleste, plus il doit
diligemment veiller à ne s'en approcher pour le recevoir qu'avec
grand respect et sainteté 1661 , d'autant plus que nous
lisons dans l'Apôtre ces mots pleins de crainte : “Qui mange et boit
indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant pas le
corps du Christ” 1Co 11,29. C'est pourquoi il faut rappeler à
qui veut communier le commandement : “Que l'homme s'éprouve
lui-même” 1Co 11,28.
1647 La coutume
de l'Église montre clairement que cette épreuve est nécessaire pour
que personne en ayant conscience d'un péché mortel, quelque contrit
qu'il s'estime, ne s'approche de la sainte eucharistie sans une
confession sacramentelle préalable.
Ce saint concile a
décrété que cela devait être observé toujours par tous les
chrétiens, même par les prêtres qui sont tenus par office de
célébrer, du moment qu'ils peuvent avoir recours à un confesseur.
Que si, en raison d'une nécessité urgente, un prêtre a dû célébrer
sans confession préalable qu'il se confesse le plus tôt possible
2058 .
1648 Pour ce qui
est de l'usage, nos pères ont justement et sagement distingué trois
manières de recevoir ce saint sacrement. Ils ont enseigné que
certains ne le reçoivent que sacramentellement en tant que pécheurs.
D'autres ne le reçoivent que spirituellement : ce sont ceux qui,
mangeant par le désir le pain céleste qui leur est offert avec cette
“foi” vive “qui opère par la charité” Ga 5,6, en ressentent
le fruit et l'utilité. D'autres, enfin, le reçoivent à la fois
sacramentellement et spirituellement 1658 : ce sont ceux qui
s'éprouvent et se préparent de telle sorte qu'ils s'approchent de
cette table divine après avoir revêtu la robe nuptiale
Mt 22,11-14.
Dans la réception
sacramentelle, l'usage a toujours été dans l'Église de Dieu que les
laïcs reçoivent la communion des prêtres et que les prêtres qui
célèbrent se communient eux-mêmes 1560 ; cette coutume, en
tant que venant de la tradition apostolique, doit être maintenue à
juste titre et à bon droit.
1649 Enfin, avec
une affection paternelle, le saint concile avertit, exhorte, demande
et conjure, “par les entrailles de la miséricorde de Dieu”
Lc 1,78, tous et chacun de ceux qui portent le nom de chrétiens
de se retrouver enfin désormais ne formant qu'un seul cœur, dans ce
“signe”, dans ce "lien de la charité ", dans ce symbole de l'accord
des cœurs ; se souvenant de la majesté si grande et de l'amour si
admirable de notre Seigneur Jésus Christ, qui a donné sa chère vie
pour prix de notre salut et sa chair pour que nous la mangions Jn 6,48-58,
qu'ils croient et vénèrent les saints mystères de son Corps et de
son Sang avec une foi si constante et ferme, avec un cœur si dévot,
avec une piété et un respect tels qu'ils puissent recevoir
fréquemment ce pain supersubstantiel Mt 6,11. Qu'il soit
vraiment la vie de leur âme et la santé perpétuelle de leur esprit ;
que, fortifiés par sa vigueur 1R 19,8, ils soient à même de
terminer le chemin de leur malheureux pèlerinage pour entrer dans la
patrie céleste, où ils seront nourris sans aucun voile par ce pain
des anges Ps 77,25 qu'ils mangent seulement sous des voiles
sacrés.
1650 Puisqu'il
ne suffit pas de dire la vérité si l'on ne fait apparaître et si
l'on ne réfute pas les erreurs, le saint concile a décidé d'ajouter
les canons suivants pour que tous, une fois bien connue la doctrine
catholique, comprennent aussi quelles hérésies doivent être écartées
et évitées.
1651 1. Si
quelqu'un dit que dans le très saint sacrement de l'eucharistie ne
sont pas contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps
et le Sang en même temps que l'âme et la divinité de notre Seigneur
Jésus Christ et, en conséquence, le Christ tout entier, mais dit
qu'ils n'y sont qu'en tant que dans un signe ou en figure ou
virtuellement qu'il soit anathème 1636 ; 1640 .
1652 2. Si
quelqu'un dit que, dans le très saint sacrement de l'eucharistie, la
substance du pain et du vin demeure avec le Corps et le Sang de
notre Seigneur Jésus Christ, et s'il nie ce changement admirable et
unique de toute la substance du pain en son Corps et de toute la
substance du vin en son Sang, alors que demeurent les espèces du
pain et du vin, changement que l'Église catholique appelle d'une
manière très appropriée transsubstantiation : qu'il soit anathème
1642 .
1653 3. Si
quelqu'un nie que, dans le vénérable sacrement de l'eucharistie, le
Christ tout entier soit contenu sous chaque espèce et sous chacune
des parties de l'une ou l'autre espèce, après leur séparation :
qu'il soit anathème 1641 .
1654 4. Si
quelqu'un dit que, une fois achevée la consécration, le Corps et le
Sang de notre Seigneur Jésus Christ ne sont pas dans l'admirable
sacrement de l'eucharistie, mais seulement quand on en use en le
recevant, ni avant, ni après, et que le vrai Corps du Seigneur ne
demeure pas dans les hosties ou les parcelles consacrées qui sont
gardées ou restent après la communion : qu'il soit anathème 1639s
.
1655 5. Si
quelqu'un dit ou bien que le fruit principal de la très sainte
eucharistie est la rémission des péchés ou bien qu'elle ne produit
pas d'autres effets : qu'il soit anathème 1638 .
1656 6. Si
quelqu'un dit que, dans le saint sacrement de l'eucharistie, le
Christ, Fils unique de Dieu, ne doit pas être adoré d'un culte de
latrie, même extérieur et que, en conséquence, il ne doit pas être
vénéré par une célébration festive particulière, ni être porté
solennellement en procession selon le rite ou la coutume louables et
universels de la sainte Église, ni être proposé publiquement à
l'adoration du peuple, ceux qui l'adorent étant des idolâtres :
qu'il soit anathème 1643s .
1657 7. Si
quelqu'un dit qu'il n'est pas permis de garder la sainte eucharistie
dans le tabernacle, mais qu'elle doit nécessairement être distribuée
aux assistants immédiatement après la consécration, ou qu'il n'est
pas permis de la porter avec honneur aux malades : qu'il soit
anathème 1645 .
1658 8. Si
quelqu'un dit que le Christ présenté dans l'eucharistie est mangé
seulement spirituellement et non pas aussi sacramentellement et
réellement : qu'il soit anathème 1648 .
1659 9. Si
quelqu'un nie que, une fois qu'ils ont atteint l'âge de discrétion,
tous et chacun des chrétiens de l'un et l'autre sexe sont tenus de
communier chaque année au moins à Pâques, conformément au
commandement de notre sainte mère l'Église : qu'il soit anathème
812 .
1660 10. Si
quelqu'un dit qu'il n'est pas permis au prêtre qui célèbre de se
communier lui-même : qu'il soit anathème 1648 .
1661 11. Si
quelqu'un dit que la foi seule est une préparation suffisante pour
recevoir le sacrement de la très sainte eucharistie : qu'il soit
anathème 1646 .
Et pour qu'un si grand
sacrement ne soit pas reçu indignement et donc pour la mort et la
condamnation, ce saint concile statue et déclare que ceux dont la
conscience est chargée d'un péché mortel, quelque contrits qu'ils se
jugent, doivent nécessairement au préalable se confesser
sacramentellement, s'il se trouve un confesseur.
Si quelqu'un a l'audace
d'enseigner, prêcher ou affirmer opiniâtrement le contraire ou même
le défendre dans des disputes publiques, qu'il soit par le fait
même, excommunié 1647 .
1667 Le saint
concile œcuménique et général de Trente... a largement parlé, à
l'occasion du décret sur la justification 1542s ; 1579
, du sacrement de pénitence, une certaine nécessité l'exigeant à
cause de la relation entre les sujets. Néanmoins la multitude
d'erreurs diverses sur ce sacrement est si grande qu'il a jugé d'une
utilité publique d'en donner une définition plus exacte et plus
complète. Par là, une fois démasquées et repoussées toutes les
erreurs, sous la protection de l'Esprit Saint, la vérité catholique
deviendra claire et nette. C'est elle que ce saint concile expose à
tous les chrétiens pour qu'ils la gardent toujours.
1668 S'il y
avait dans tous les régénérés une telle reconnaissance envers Dieu
qu'ils gardent constamment la justice, reçue dans le baptême de sa
bonté et de sa grâce, il n'aurait pas été besoin d'instituer un
autre sacrement que celui du baptême pour la rémission des péchés
1702 . Mais parce que “Dieu, riche en miséricorde” Ep 2,4,
“sait de quoi nous sommes faits” Ps 102,14, il a aussi donné
un remède rendant la vie à ceux qui se sont ensuite livrés à
l'esclavage du péché et au pouvoir du démon : le sacrement de la
pénitence 1701 , par lequel le bienfait de la mort du Christ
est appliqué à ceux qui sont tombés après le baptême.
1669 Pour tous
les hommes qui se sont souillés de quelque péché mortel, la
pénitence fut certes nécessaire en tout temps pour obtenir la grâce
et la justice, même pour ceux qui avaient demandé à être lavés par
le sacrement du baptême, pour que, ayant rejeté et amendé toute
perversité, ils détestent une si grande offense faite à Dieu en
ressentant en même temps la haine du péché et une sainte douleur
dans leur âme. Aussi le prophète dit-il : “Convertissez-vous et
faites pénitence de toutes vos iniquités, et votre iniquité ne sera
pas pour votre ruine” Ez 18,30 . Le Seigneur dit aussi : "Si
vous ne faites pénitence, vous périrez tous de la même manière"
Lc 13,3 . Et le chef des apôtres, Pierre, disait, en
recommandant la pénitence aux pécheurs qui allaient recevoir le
baptême : " Faites pénitence, et que chacun de vous soit baptisé "
Ac 2,38 .
1670 Mais, avant
la venue du Christ, la pénitence n'était pas un sacrement ; et après
sa venue, elle n'en est un pour personne avant le baptême. Or le
Seigneur a principalement institué ce sacrement de pénitence
lorsque, ressuscité des morts, il souffla sur les disciples en
disant : “Recevez l'Esprit Saint ; les péchés seront remis à ceux à
qui vous les remettrez ; ils seront retenus à ceux à qui vous les
retiendrez” Jn 10,22-23 .
Que, par un fait hors
du commun et des paroles si claires, le pouvoir de remettre et de
retenir les péchés, afin de réconcilier les fidèles tombés après le
baptême, ait été communiqué aux apôtres et à leurs successeurs
légitimes, les Pères l'ont toujours compris unanimement 1703 ;
et l'Église a eu grandement raison de rejeter et de condamner comme
hérétiques les novatiens qui, autrefois, niaient avec obstination le
pouvoir de remettre les péchés.
C'est pourquoi ce saint
concile, approuvant et faisant sienne cette signification très
authentique des paroles du Seigneur, condamne les interprétations
mensongères de ceux qui détournent faussement ces paroles pour les
appliquer au pouvoir de prêcher la Parole de Dieu et l'Évangile du
Christ et pour s'opposer à l'institution de ce sacrement.
1671 D'ailleurs
on discerne que, par bien des aspects, ce sacrement diffère du
baptême 1702 . En effet, outre le fait que la matière et la
forme, qui constituent l'essence du sacrement, sont très
différentes, il est absolument évident qu'il ne faut pas que le
ministre du baptême soit un juge, puisque l'Église n'exerce de
jugement sur personne qui ne soit d'abord entré dans l'Église par la
porte du baptême. “Qu'ai-je à faire en effet (dit l'Apôtre) de juger
ceux du dehors ?” 1Co 5,12.
Il en va autrement de
ceux qui sont de la famille de la foi Ga 6,10, que le
Seigneur Christ a faits une fois pour toutes membres de son corps
par le bain du baptême 1Co 12,12-13. En effet il a voulu pour
ceux-là que, s'ils se souillent ensuite de quelque faute, ils ne
soient pas lavés par un baptême qu'on répéterait, puisque cela n'est
en aucune façon permis dans l'Église catholique, mais qu'ils se
présentent en coupables devant ce tribunal pour que, par la sentence
des prêtres, ils puissent être libérés, non pas une seule fois, mais
toutes les fois que, se repentant des péchés commis, ils cherchent
refuge en lui.
1672 En outre,
autre est le fruit du baptême et autre celui de la pénitence. En
effet, revêtant le Christ par le baptême Ga 3,27, nous
devenons en lui une créature nouvelle, alors que nous obtenons une
rémission pleine et entière de tous les péchés. Nous ne pouvons
nullement parvenir à cette nouveauté et à cette intégrité par le
sacrement de la pénitence, sans de grandes larmes et peines de notre
part, ce qu'exige la justice divine. Aussi la pénitence a-t-elle été
dite à juste titre par les Pères “un baptême laborieux”. Ce
sacrement de la pénitence est nécessaire au salut pour ceux qui sont
tombés après le baptême, comme l'est le baptême lui-même pour ceux
qui n'ont pas encore été régénérés 1706 .
1673 Le saint
concile enseigne en outre que la forme du sacrement de la pénitence,
dans laquelle réside principalement sa vertu, est placée dans ces
paroles du ministre : “Je t'absous, etc.”, paroles auxquelles, selon
la coutume de la sainte Église, sont ajoutées de manière louable
certaines prières qui, cependant, ne concernent nullement l'essence
de cette forme et ne sont pas nécessaires pour l'administration de
ce sacrement.
Sont quasi matière de
ce sacrement les actes du pénitent lui-même : la contrition, la
confession et la satisfaction 1704. Dans la mesure où ces
actes sont requis, parce que d'institution divine, chez le pénitent
pour l'intégrité du sacrement, pour une pleine et parfaite rémission
des péchés, ils sont dits pour cette raison parties de la
pénitence.
1674 Pour ce qui
concerne la vertu et l'efficacité du sacrement, la réconciliation
avec Dieu en est la réalité et l'effet ; chez les hommes pieux et
qui reçoivent ce sacrement avec dévotion, elle produit
habituellement paix et sérénité en même temps que grande consolation
spirituelle.
1675 En disant
tout cela sur les parties et l'effet de ce sacrement, le saint
concile condamne en même temps les affirmations de ceux qui
prétendent que les terreurs qui s'emparent de la conscience et la
foi sont des parties de la pénitence 1704 .
1676 La
contrition, qui tient la première place parmi les actes du pénitent
dont il a été parlé, est une douleur de l'âme et une détestation du
péché commis, avec le propos de ne pas pécher à l'avenir. En tout
temps ce mouvement de contrition a été nécessaire pour obtenir le
pardon des péchés ; dans celui qui est tombé après le baptême, il
prépare encore à la rémission des péchés s'il est joint à la
confiance en la miséricorde divine et au désir de faire tout le
reste requis pour recevoir ce sacrement comme il convient.
Le saint concile
déclare donc que cette contrition comprend non seulement l'abandon
du péché, le propos et le début d'une vie nouvelle, mais aussi la
haine de la vie ancienne, conformément à ces paroles : “Rejetez loin
de vous toutes les iniquités par lesquelles vous avez prévariqué, et
faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau” Ez 18,31.
Et assurément celui qui
aura considéré ces cris des saints : “Contre toi seul j'ai péché et
en ta présence j'ai fait le mal” Ps 50,6 ; “j'ai peiné en
gémissant, chaque nuit, je baigne ma couche” Ps 6,7 ; “je me
rappellerai pour toi toutes mes années dans l'amertume de mon âme”
Is 38,15, et d'autres de ce genre, comprendra aisément
qu'elles provenaient d'une violente haine de la vie passée et d'une
très grande détestation des péchés.
1677 Le saint
concile enseigne en outre que, même s'il arrive parfois que cette
contrition soit rendue parfaite par la charité et réconcilie l'homme
avec Dieu avant que ce sacrement ne soit effectivement reçu, il ne
faut néanmoins pas attribuer cette réconciliation à cette seule
contrition sans le désir du sacrement, désir qui est inclus en elle.
1678 La
contrition imparfaite 1705 , qu'on appelle attrition, parce
qu'on la conçoit en général ou bien en considérant la laideur du
péché ou bien par crainte de l'enfer et des châtiments, si elle
exclut la volonté de pécher jointe à l'espoir du pardon, le saint
concile déclare que non seulement elle ne fait pas de l'homme un
hypocrite et un plus grand pécheur 1456 , mais qu'elle est
aussi un don de Dieu, une impulsion de l'Esprit Saint qui,
n'habitant pas encore le pénitent, mais le mouvant seulement, lui
vient en aide, pour qu'il prépare pour lui-même le chemin vers la
justice. Et bien que sans le sacrement de la pénitence elle ne
puisse pas par elle-même conduire le pécheur jusqu'à la
justification, cependant elle le dispose à obtenir la grâce de Dieu
dans le sacrement de la pénitence. C'est fort utilement frappés par
cette crainte que les gens de Ninive firent une pénitence complète à
la prédication terrifiante de Jonas et obtinrent miséricorde du
Seigneur Jon 3.
C'est pourquoi on
calomnie faussement des écrivains catholiques, comme s'ils avaient
enseigné que le sacrement de la pénitence conférait la grâce sans
aucun bon mouvement de la part de ceux qui le reçoivent ; jamais
l'Église de Dieu n'a enseigné ni pensé cela. Mais fausse est la
doctrine qui enseigne que la contrition est extorquée et forcée, et
non pas libre et volontaire 1705 .
1679 De
l'institution du sacrement de la pénitence qu'on a déjà expliquée,
l'Église universelle a toujours compris que l'entière confession des
péchés avait été aussi instituée par le Seigneur Jc 5,16 ;
1Jn 1,9 ; Lc 5,14 ; Lc 7,14, et qu'elle était de droit divin
nécessaire pour tous ceux qui sont tombés après le baptême 1707
. Alors qu'il allait monter de la terre au ciel, notre Seigneur
Jésus Christ a laissé les prêtres pour tenir sa place Mt 16,19 ;
Mt 18,18 ; Jn 20,23 en tant que présidents et juges auxquels
seraient déférées toutes les fautes mortelles dans lesquelles
tomberaient les chrétiens, afin que, en vertu du pouvoir des clés,
ils prononcent la sentence qui remet ou retient les péchés. Il est,
en effet, évident que les prêtres ne pourraient exercer ce jugement
si la cause ne leur était pas connue, et qu'ils ne pourraient agir
équitablement dans l'injonction des peines si les pénitents
déclaraient leurs péchés d'une manière générale et non pas plutôt en
les spécifiant et en les précisant.
1680 Il ressort
de cela que doivent être énumérés par les pénitents, dans la
confession, tous les péchés mortels dont ils ont conscience à la
suite d'un sérieux examen d'eux-mêmes, même si ces péchés sont très
cachés et commis seulement contre les deux derniers commandements du
Décalogue Ex 20,17 ; Dt 5,21 ; Mt 5,28 : parfois ceux-ci
blessent plus gravement l'âme et sont plus dangereux que ceux qui
sont faits à la vue des autres. Quant aux péchés véniels, qui ne
nous excluent pas de la grâce de Dieu et dans lesquels nous tombons
assez fréquemment, bien qu'il soit juste, utile et nullement
présomptueux de les dire en confession 1707 , comme le montre
la pratique des hommes pieux, ils peuvent cependant être tus sans
qu'il y ait faute et être expiés par de nombreux autres remèdes.
Mais comme tous les autres péchés mortels, même commis en pensée,
rendent les hommes “enfants de colère” Ep 2,4 et ennemis de
Dieu, il est indispensable d'en chercher le pardon de la part de
Dieu par une confession franche et pleine de confusion.
C'est pourquoi, en
s'efforçant de confesser tous les péchés qui leur viennent en
mémoire, les chrétiens les proposent tous, sans qu'on puisse en
douter, au pardon de la miséricorde divine 1707 . Ceux qui
font autrement et en cachent quelques-uns sciemment, ne proposent à
la bonté divine rien qui soit remis par l'intermédiaire du prêtre.
“En effet, si le malade rougit de découvrir au médecin une plaie que
celui-ci ignore, le médicament ne guérit pas”.
1681 Il
s'ensuit, en outre, que doivent aussi être expliquées en confession
les circonstances qui changent l'espèce du péché 1707 , parce
que sans elles ces péchés ne sont pas entièrement exposés par les
pénitents ni connus des juges ; il ne peut se faire que ceux-ci
soient à même de juger de la gravité des fautes et d'imposer aux
pénitents la peine qu'il faut pour ces fautes. C'est donc sans
raison que l'on enseigne que ces circonstances ont été inventées par
des hommes désœuvrés ou qu'il ne faut confesser qu'une seule
circonstance, par exemple qu'on a péché contre son frère.
1682 Il est
aussi impie de dire que la confession que l'on prescrit de faire de
cette manière est chose impossible 1708 ou de l'appeler
torture des consciences ; il est, en effet, évident que, dans
l'Église, il n'est rien exigé d'autre de la part des pénitents que,
après s'être sérieusement examinés et après avoir exploré les replis
et les coins secrets de la conscience, de confesser les péchés par
lesquels on se souvient avoir mortellement offensé son Seigneur et
son Dieu. Quant aux autres péchés qui ne se présentent pas à
l'esprit de qui réfléchit sérieusement, il est entendu qu'ils sont
compris dans l'ensemble de cette confession ; pour eux, nous disons
avec foi les paroles du prophète : “Seigneur, purifie-moi de mes
péchés cachés” Ps 9,13. La difficulté d'une telle confession
et la honte de devoir découvrir ses péchés pourraient paraître
lourdes si elles n'étaient pas allégées par le nombre et
l'importance des avantages et des consolations que l'absolution
apporte très certainement à tous ceux qui s'approchent dignement de
ce sacrement.
1683 D'autre
part, pour la manière de se confesser en secret à un prêtre seul,
sans doute le Christ n'a-t-il pas défendu que l'on confesse
publiquement ses fautes comme châtiment de ses fautes et acte
d'humilité personnelle, aussi bien pour donner l'exemple aux autres,
que pour édifier l'Église qui a été offensée. Cependant, ce précepte
ne vient pas d'un commandement divin, et il serait peu prudent
qu'une loi humaine commande qu'on doive révéler par une confession
publique des fautes, surtout des fautes secrètes 1706.
Aussi, les Pères les
plus saints et les plus anciens, par un consentement général et
unanime, ayant toujours recommandé la confession secrète
sacramentelle, dont la sainte Église a usé depuis le commencement et
use encore maintenant, est manifestement réfutée la vaine calomnie
de ceux qui ne craignent pas d'enseigner qu'elle est étrangère au
commandement divin, que c'est une invention humaine et qu'elle a
commencé avec les Pères rassemblés lors du (IVe)
concile du Latran 1708 . En effet, par le concile du Latran,
l'Église n'a pas statué que les chrétiens se confesseraient — elle
avait compris que cela était nécessaire et institué de droit divin
—, mais que le précepte de la confession serait accompli au moins
une fois par an par tous et chacun de ceux qui auraient atteint
l'âge de raison. D'où il vient que, dans l'Église universelle et
avec un grand fruit pour les âmes, est observée cette coutume
salutaire de se confesser au temps saint et très propice du carême,
coutume que ce saint concile approuve grandement et embrasse comme
pieuse et à garder à juste titre 1708 ; 812 .
1684 Au sujet du
ministre de ce sacrement, le saint concile déclare que sont fausses
et entièrement étrangères à la vérité de l'Évangile toutes les
doctrines qui étendent pernicieusement le ministère des clés à
toutes sortes d'hommes en dehors des évêques et des prêtres 1710
. Leurs auteurs pensent que ces paroles du Seigneur : “Tout ce que
vous aurez lié sur la terre sera lié au ciel, ce que vous aurez
délié sur la terre sera délié dans le ciel” Mt 18,18, et : “A
ceux à qui vous remettrez les péchés, ceux-ci seront remis ; à ceux
à qui vous les aurez retenus, ceux-ci seront retenus” Jn 20,23,
ont été dites à tous les chrétiens indifféremment et
indistinctement, en contradiction avec l'institution du sacrement,
en sorte que n'importe qui ait le pouvoir de remettre les péchés,
les péchés publics par la correction, avec l'accord de celui qui est
corrigé, les péchés secrets par une confession spontanée faite à
n'importe qui.
Le saint concile
enseigne aussi que même les prêtre en état de péché mortel exercent,
en tant que ministres du Christ la fonction de remettre les péchés
par la vertu de l'Esprit Saint qu'ils ont reçue par l'ordination, et
que c'est une opinion erronée de prétendre que ce pouvoir n'existe
pas chez les mauvais prêtres.
1685 Bien que
l'absolution du prêtre soit la dispensation d'un bienfait qui ne lui
appartient pas, elle n'est pourtant pas le seul et simple ministère
ou d'annoncer l'Évangile ou de déclarer que les péchés sont remis,
mais elle est à l'image d'un acte judiciaire par où une sentence est
prononcée par le prêtre comme par un juge 1709.
C'est pourquoi le
pénitent ne doit pas tellement s'appuyer sur sa propre foi qu'il
pense que, même s'il n'y a en lui aucune contrition ou si le prêtre
n'a pas l'intention d'agir sérieusement et de l'absoudre vraiment,
il soit pourtant vraiment absous devant Dieu à cause de sa seule
foi. En effet, la foi ne procurerait aucune rémission des péchés
sans la pénitence, et il aurait une très grande négligence de son
salut, celui qui saurait qu'un prêtre l'absout par plaisanterie et
n'en rechercherait soigneusement un autre qui agisse avec sérieux
1462 .
1686 Donc, parce
que la nature et la constitution d'un jugement demandent que la
sentence soit portée sur des sujets, on a toujours été persuadé dans
l'Église de Dieu — et ce concile confirme que cela est très vrai -
que ne doit avoir aucune valeur l'absolution prononcée par un prêtre
sur quelqu'un sur lequel il n'a pas de juridiction ordinaire ou
déléguée.
1687 Mais un
point a paru à nos très saints Pères concerner spécialement la
discipline du peuple chrétien que certains péchés, des plus atroces
et des plus graves, ne puissent être absous par n'importe quel
prêtre, mais seulement par ceux du plus haut rang. Aussi est-ce à
juste titre que les souverains pontifes, en vertu du pouvoir suprême
qui leur a été donné dans l'Église universelle, ont pu réserver à
leur jugement particulier certaines causes délictueuses plus graves.
Et l'on ne doit pas
douter, puisque tout ce qui vient de Dieu a été disposé par ordre
Rm 13,1, que cela soit permis à chaque évêque dans son propre
diocèse, “pour l'édification, non pour la destruction” 2Co 10,8 ;
2Co 13,10, en vertu de l'autorité qui leur a été donnée sur
leurs sujets et qui dépasse celle des autres prêtres inférieurs,
surtout pour les fautes auxquelles est attachée une censure
d'excommunication. C'est en plein accord avec l'autorité divine que
cette réservation des fautes a valeur non seulement dans la
discipline extérieure, mais aussi devant Dieu 1711.
1688 Néanmoins
pour que personne ne vienne à périr à cause de cela, il a toujours
été très pieusement maintenu dans l'Église de Dieu qu'il n'y a plus
aucune réservation à l'heure de la mort et que, par suite, tous les
prêtres peuvent absoudre tous les pénitents de tous les péchés et
censures possibles. Hors l'article de la mort, les prêtres,
puisqu'ils ne peuvent rien dans les cas réservés, s'efforceront
uniquement de persuader les pénitents de recourir aux juges
supérieurs et légitimes pour bénéficier de l'absolution.
1689 Enfin pour
ce qui est de la satisfaction : parmi toutes les parties de la
pénitence, autant elle a été de tout temps recommandée au peuple
chrétien par nos Pères, autant, à notre époque, elle est extrêmement
attaquée, sous couvert essentiellement de piété, par ceux qui ont
les apparences de la piété, mais renient ce qui en est la force
2Tm 3,5. Le saint concile déclare donc qu'il est totalement faux
et contraire à la Parole de Dieu de dire que la faute n'est jamais
remise par le Seigneur sans que la peine entière soit aussi
gracieusement remise. On trouve, en effet, dans la sainte Écriture
des exemples évidents et bien connus qui, en dehors de la tradition
divine, réfutent très manifestement cette erreur (voir Gn 3,16-19 ;
Nb 12,14 ; 2S 12,13-14.)
1690 Assurément
le caractère de la justice divine semble exiger que ceux qui ont
péché par ignorance avant le baptême rentrent en grâce autrement que
ceux qui, une fois délivrés de l'esclavage du péché et du démon,
après avoir reçu le don du Saint-Esprit, n'ont pas craint de violer
sciemment le Temple de Dieu 1Co 3,17 et de contrister
l'Esprit Saint Ep 4,30.
Il convient que la
clémence divine ne nous remette pas nos péchés sans aucune
satisfaction si bien que, saisissant l'occasion et estimant nos
péchés assez légers, nous tomberions dans de plus graves, faisant
outrage et injure à l'Esprit Saint He 10,29, et amassant
contre nous des trésors de colère pour le jour de la colère
Rm 2,5 ; Jc 5,3. Sans aucun doute, en effet, ces peines
expiatoires écartent grandement du péché, retiennent comme un frein,
et rendent les pénitents plus prudents et plus vigilants pour
l'avenir ; elles sont aussi un remède pour les séquelles du péché et
enlèvent les habitudes vicieuses prises par une mauvaise vie en
faisant accomplir des actions vertueuses opposées à ces habitudes.
Et aucune voie n'a
jamais été estimée plus sûre dans l'Église de Dieu pour écarter la
peine dont menace le Seigneur Mt 3,2 ; Mt 3,8 ; Mt 4,17 ;
Mt 11,21 que de se consacrer assidûment à ces œuvres de
pénitence avec une vraie douleur de cœur.
À cela s'ajoute que, en
souffrant lorsque nous satisfaisons pour nos péchés, nous devenons
conformes au Christ Jésus qui a satisfait pour nos péchés
Rm 5,10 ; Jn 2,1-2, lui de qui vient notre capacité 2Co 3,5,
ayant aussi l'assurance très certaine que si nous souffrons avec
lui, avec lui nous serons glorifiés Rm 8,17.
1691 Mais cette
satisfaction, que nous acquittons pour nos péchés, n'est pas nôtre
de telle sorte qu'elle ne soit pas par Jésus Christ ; en effet nous
qui, de nous-mêmes, ne pouvons rien qui vienne de nous, avec l'aide
de celui qui nous rend forts, nous pouvons tout Ph 4,13.
Ainsi l'homme n'a rien dont il se glorifie, mais toute notre
glorification est dans le Christ 1Co 1,31 ; 2Co 10,17 ; Ga 6,14
en qui nous vivons Ac 17,28, en qui nous méritons, en qui
nous satisfaisons, faisant de dignes fruits de pénitence Lc 3,8;
Mt 3,8, qui tirent de lui leur force, sont offerts par lui au
Père et sont acceptés grâce à lui par le Père 1713ss.
1692 Les prêtres
du Seigneur doivent donc, autant que l'esprit et la prudence le
suggéreront, imposer les satisfactions salutaires et qui
conviennent, en rapport avec la nature des péchés et les
possibilités des pénitents. S'ils venaient à fermer les yeux sur les
péchés et à se montrer trop indulgents avec les pénitents en
imposant des œuvres très légères pour des fautes très graves, ils
participeraient aux péchés des autres 1Tm 5,22. Qu'ils aient
devant les yeux la pensée que la satisfaction qu'ils imposent ne
vise pas seulement à sauvegarder la vie nouvelle et à guérir la
faiblesse, mais aussi à venger et châtier les péchés passés. En
effet, les anciens Pères eux aussi croient et enseignent que le
pouvoir des clés a été accordé aux prêtres non pas seulement pour
délier, mais aussi pour lier Mt 16,19 ; Mt 18,18 ; Jn 20,23
1705 .
Et ils n'ont pas, à
cause de cela, estimé que le sacrement de la pénitence était un
tribunal de colères et de peines — ce qu'aucun catholique n'a jamais
pensé — ni que, par de telles satisfactions de notre part, était ou
obscurcie ou diminuée en partie la force du mérite de notre Seigneur
Jésus Christ. En ne voulant pas comprendre cela, les novateurs
enseignent de telle manière que la meilleure pénitence est une vie
nouvelle 1457 , qu'ils suppriment toute force propre à la
satisfaction et tout recours à celle-ci 1713 .
1693 Le concile
enseigne encore que si étendue est la munificence divine, que non
seulement les peines que nous nous infligeons spontanément en
châtiment du péché ou qui sont imposées par la volonté du prêtre
selon la mesure de la faute, mais aussi (ce qui est la plus grande
marque d'amour) que les épreuves temporelles infligées par Dieu et
supportées par nous dans la patience, peuvent satisfaire auprès de
Dieu le Père par le Christ Jésus 1713 .
1694 Il a semblé
bon au saint concile d'ajouter a la doctrine précédente sur la
pénitence ce qui suit sur le sacrement de l'extrême-onction, dont
les Pères ont estimé qu'il était la consommation non seulement du
sacrement de la pénitence, mais aussi de toute la vie chrétienne,
qui doit être une pénitence perpétuelle.
C'est pourquoi voici
d'abord ce qu'il déclare et enseigne au sujet de son institution.
Notre très clément Rédempteur a voulu que ses serviteurs soient en
tout temps pourvus de remèdes salutaires contre tous les traits de
tous les ennemis. De même qu'il a préparé dans les autres sacrements
les plus grands secours par lesquels les chrétiens pourraient se
garder, tant qu'ils vivraient, indemnes de tout grave dommage
spirituel, de même, par le sacrement de l'extrême-onction il a
fortifié la fin de leur vie comme d'une très solide protection
1716 . En effet bien que notre adversaire cherche et saisisse
pendant toute notre vie des occasions lui permettant par tous les
moyens de dévorer nos âmes 1P 5,8, il n'est cependant aucun
temps où il tende avec plus de violence toutes les cordes de sa ruse
pour nous perdre totalement et, s'il le pouvait, nous détourner
aussi de la confiance en la miséricorde divine, que lorsqu'il voit
que s'approche pour nous la fin de la vie.
1695 Cette
onction sainte des malades a été instituée par le Christ notre
Seigneur comme étant véritablement un sacrement de la Nouvelle
Alliance ; ce sacrement a été indiqué dans Marc Mc 6,13,
recommandé et promulgué par Jacques, apôtre et frère du Seigneur
1716 . “Quelqu'un parmi vous est-il malade ?, dit-il, qu'il
appelle les presbytres de l’Église, et que ceux-ci prient sur lui
après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi
sauvera le malade et le Seigneur le soulagera ; et, s'il est dans
les péchés, ceux-ci lui seront remis” Jc 5,14-15.
Par ces mots, comme
l'Église l'a appris, transmis de main en main par la tradition
apostolique, il enseigne quels sont la matière, la forme, le
ministre propre et l'effet de ce sacrement salutaire. L'Église a, en
effet, compris que la matière était l'huile bénie par l'évêque ; car
l'onction représente très adéquatement la grâce de l'Esprit Saint,
dont l'âme du malade est ointe invisiblement. Et la forme, ce sont
ces mots : “Par cette onction, etc.”
1696 La réalité
et l'effet de ce sacrement sont expliqués par ces mots : “La prière
de la foi sauvera le malade et le Seigneur le soulagera ; et, s'il
est dans les péchés, ceux-ci lui seront remis” Jc 5,15. La
réalité est, en effet, cette grâce du Saint-Esprit dont l'onction
nettoie les fautes, si certaines sont encore à expier, et les
séquelles du péché ; elle soulage et fortifie l'âme du malade
1717 , suscitant en lui une grande confiance en la miséricorde
divine. Allégé par cette grâce, le malade d'une part supporte plus
aisément les difficultés et les peines de la maladie, d'autre part
résiste plus facilement aux tentations du démon qui cherche à le
mordre au talon Gn 3,15, parfois enfin, obtient la santé du
corps, quand cela est utile au salut de l'âme.
1697 Ce qui est
prescrit concernant ceux qui doivent recevoir et administrer ce
sacrement nous a été aussi transmis sans ambiguïté dans les paroles
citées plus haut. Il nous y est en effet montré que les ministres de
ce sacrement sont les presbytres de l'Église 1719 . Par ce
nom il faut ici entendre non pas ceux qui sont plus âgés ou plus
dignes dans le peuple, mais ou bien les évêques ou bien les prêtres
régulièrement ordonnés par ceux-ci par “l'imposition des mains du
presbyterium” 1Tm 4,14 1719 .
1698 Il y est
aussi déclaré que cette onction doit être faite aux malades, surtout
à ceux qui sont en si grand danger qu'ils semblent arrivés au terme
de la vie ; aussi est-il également appelé sacrement des mourants. Si
les malades retrouvent la santé après cette onction, ils pourront de
nouveau être aidés et soutenus par ce sacrement, au cas où leur vie
se trouverait une autre fois en un danger semblable.
1699 C'est
pourquoi il ne faut pour aucune raison écouter ceux qui enseignent,
contrairement à l'affirmation si évidente et si claire de l'apôtre
Jacques Jc 5,14 s., que cette onction ou bien est une
invention humaine ou bien est un rite reçu des Pères, qui ne
s'appuie ni sur un commandement de Dieu ni sur une promesse de la
grâce 1716 ; ni ceux qui affirment que cette onction est
maintenant finie, comme si elle ne se rapportait qu'à la grâce des
guérisons dans l'Église primitive ; ni ceux qui disent que le rite
et l'usage observés par la sainte Église romaine dans
l'administration de ce sacrement sont a l'opposé de ce que dit
l'apôtre Jacques et doivent être changés ; ni, enfin, ceux qui
affirment que les fidèles peuvent sans péché mépriser cette
extrême-onction 1718 .
En effet toutes ces
propositions vont très manifestement à l'encontre des paroles
claires d'un si grand apôtre. L'Église romaine, mère et maîtresse de
toutes les autres, en administrant cette onction, ne fait assurément
rien d'autre, pour ce qui touche à la substance du sacrement, que ce
qu'a prescrit saint Jacques. On ne pourrait mépriser un si grand
sacrement sans commettre un grand crime et sans faire injure à
l'Esprit Saint lui-même.
1700 Tel est
donc ce que ce saint concile œcuménique professe et enseigne sur les
sacrements de pénitence et d'extrême-onction, et qu'il propose de
croire et de tenir à tous les chrétiens. Il donne les canons
suivants pour qu'ils soient inviolablement observés ; il condamne et
anathématise à jamais ceux qui affirment le contraire.
1701 1. Si
quelqu'un dit que, dans l'Église catholique, la pénitence n'est pas
vraiment et proprement un sacrement institué par le Christ notre
Seigneur pour réconcilier avec Dieu les fidèles toutes les fois
qu'ils tombent dans le péché après le baptême : qu'il soit anathème
1668-1670 .
1702 2. Si
quelqu'un, confondant les sacrements, dit que le baptême lui-même
est le sacrement de la pénitence, comme si ces deux sacrements
n'étaient pas distincts, et qu'il n'est donc pas juste d'appeler la
pénitence la “seconde planche du salut” : qu'il soit anathème
1542 ; 1671 .
1703 3. Si
quelqu'un dit que ces paroles du Seigneur et Sauveur : “Recevez le
Saint-Esprit : à ceux à qui vous remettrez les péchés, ceux-ci sont
remis ; et à ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus”
Jn 20,22-23, ne doivent pas être comprises du pouvoir de
remettre et de retenir les péchés dans le sacrement de la pénitence,
comme l'Église catholique l'a toujours compris dès le début, et,
s'opposant à l'institution de ce sacrement, en détourne le sens pour
qu'elles signifient le pouvoir de prêcher l'Évangile : qu'il soit
anathème 1670 .
1704 4. Si
quelqu'un nie que, pour une entière et parfaite rémission des
péchés, trois actes sont requis chez le pénitent comme matière du
sacrement de la pénitence, à savoir la contrition, la confession et
la satisfaction, qui sont dites les trois parties de la pénitence ;
ou s'il dit qu'il n'y a que deux parties de la pénitence : les
terreurs qui frappent la conscience en reconnaissant son péché et la
foi née de l'Évangile ou l'absolution par laquelle on croit les
péchés remis par le Christ: qu'il soit anathème 1673 ;
1675 .
1705 5. Si
quelqu'un dit que la contrition que préparent l'examen, le rappel et
la détestation des péchés, et par laquelle on pense à ses années
dans l'amertume de son cœur Is 38,15, en pesant la gravité,
l'abondance et la laideur de ses péchés, ainsi que la perte du
bonheur éternel et la damnation éternelle encourue, avec le ferme
propos d'une vie meilleure, que cette contrition n'est pas une
douleur véritable et utile et ne prépare pas à la grâce, mais
qu'elle rend l'homme hypocrite et davantage pécheur ; que, enfin,
elle est une douleur contrainte et non pas libre et volontaire :
qu'il soit anathème 1456 ; 1676 .
1706 6. Si
quelqu'un nie que la confession sacramentelle a été instituée ou est
nécessaire pour le salut de droit divin ; ou s'il dit que se
confesser secrètement à un prêtre seul — ce que l'Église catholique
a toujours observé et observe depuis le début -, est contraire à
l'institution et au commandement du Christ et que c'est une
institution humaine : qu'il soit anathème 1679-1684 .
1707 7. Si
quelqu'un dit que, dans le sacrement de la pénitence, pour la
rémission des péchés, il n'est pas nécessaire, de droit divin, que
l'on confesse tous et chacun des péchés mortels dont on se souvient
après avoir réfléchi comme il se doit et sérieusement, même les
péchés cachés et ceux qui sont contre les deux derniers
commandements du Décalogue, ni les circonstances, qui changent
l'espèce du péché, mais que cette confession ne sert seulement qu'à
instruire et à conso1er le pénitent, et qu'elle n'a jadis été
utilisée que pour imposer une satisfaction canonique ; ou s'il dit
que ceux qui s'efforcent de confesser tous leurs péchés ne veulent
rien laisser au pardon de la miséricorde divine ; ou qu'enfin il
n'est pas permis de confesser les péchés véniels : qu'il soit
anathème 1679-1684.
1708 8. Si
quelqu'un dit que la confession de tous les péchés, telle que
l'observe l'Église, est impossible et est une tradition humaine que
les âmes pieuses doivent abolir ; ou que tous et chacun des
chrétiens des deux sexes n'y sont pas tenus une fois par an,
conformément à la constitution du grand concile du Latran, et que,
pour cela, on doit persuader les chrétiens de ne pas se confesser au
moment du carême : qu'il soit anathème 1682s .
1709 9. Si
quelqu'un dit que l'absolution sacramentelle. du prêtre n'est pas un
acte judiciaire, mais un simple ministère qui prononce et déclare
que les péchés sont remis à celui qui les confesse, pourvu seulement
qu'il croie qu'il est absous, ou si le prêtre ne l'absout pas
sérieusement, mais par plaisanterie ; ou s'il dit que la confession
du pénitent n'est pas requise pour que le prêtre puisse l'absoudre :
qu'il soit anathème 1462 ; 1685 .
1710 10. Si
quelqu'un dit que les prêtres en état de péché mortel n'ont pas le
pouvoir de lier et de délier, ou que les prêtres ne sont pas seuls à
être ministres de l'absolution, mais que c'est à tous et à chacun
des chrétiens qu'il a été dit : “Tout ce que vous lierez sur la
terre sera lié dans le ciel” Mt 18,18 et : “à ceux à qui vous
remettrez les péchés, ceux-ci seront remis, à ceux à qui vous les
retiendrez, ils seront retenus” Jn 20,23 ; qu'en vertu de ces
paroles n'importe qui peut absoudre les péchés, les péchés publics
au moins par la correction, avec l'accord de celui qui est corrigé,
les péchés secrets par une confession spontanée : qu'il soit
anathème 1684 .
1711 11. Si
quelqu'un dit que les évêques n'ont pas le droit de réserver des
cas, sauf pour ce qui relève de la discipline extérieure et que, par
suite, la réservation des cas n'empêche pas un prêtre d'absoudre
vraiment des cas réservés : qu'il soit anathème 1687 .
1712 12. Si
quelqu'un dit que toute la peine est toujours remise par Dieu en
même temps que la faute, et que la satisfaction des pénitents n'est
pas autre chose que la foi par laquelle ils saisissent que le Christ
a satisfait pour eux : qu'il soit anathème 1689 .
1713 13. Si
quelqu'un dit que, pour ce qui est de la peine temporelle, on ne
satisfait nullement à Dieu pour les pêchés par les mérites du Christ
ni par le moyen de peines infligées par Dieu et supportées avec
patience, ni par le moyen de celles imposées par le prêtre, les
prières, les aumônes ou les autres œuvres de piété, et que, en
conséquence, la meilleure pénitence est seulement une vie nouvelle :
qu'il soit anathème 1690-1692 .
1714 14. Si
quelqu'un dit que les satisfactions, par lesquelles les pénitents
rachètent leurs pêchés par Jésus Christ, ne sont pas un culte rendu
à Dieu, mais des traditions humaines qui obscurcissent la doctrine
de la grâce, le vrai culte rendu à Dieu et le bienfait même de la
mort du Christ : qu'il soit anathème 1692.
1715 15. Si
quelqu'un dit que le pouvoir des clés n'a été donné à l'Église que
pour délier et non aussi pour lier et que, à cause de cela, les
prêtres, en imposant des peines à ceux qui se confessent, agissent à
l'encontre de ce pouvoir et de l'institution du Christ ; et que
c'est une invention de penser que, une fois la peine éternelle
enlevée par le pouvoir des clés, il reste la plupart du temps une
peine temporelle à expier : qu'il soit anathème 1692 .
1716 1. Si
quelqu'un dit que l'extrême-onction n'est pas vraiment et proprement
un sacrement institué par le Christ notre Seigneur Mc 6,13 et
promulgué par l'apôtre saint Jacques Jc 5,14-15, mais
seulement un rite reçu par les Pères ou un invention humaine qu'il
soit anathème 1695 ; 1699 .
1717 2. Si
quelqu'un dit que la sainte onction des malades ne confère pas la
grâce, ne remet pas les péchés, ne soulage pas les malades, mais
qu'elle n'existe plus, comme si elle avait été autrefois seulement
une grâce de guérison : qu'il soit anathème 1696 ; 1699
.
1718 3. Si
quelqu'un dit que le rite et l'usage de l'extrême-onction, observés
par la sainte Église romaine, sont à l'opposé des paroles du saint
apôtre Jacques et, par suite, doivent être changés ; qu'ils peuvent
être méprisés sans péché par les chrétiens : qu'il soit anathème
1699 .
1719 4. Si
quelqu'un dit que les presbytres de l'Église, que saint Jacques
recommande de faire venir pour oindre un malade, ne sont pas des
prêtres ordonnés par l'évêque, mais les plus âgés dans toute
communauté et que, pour cette raison, le ministre propre de
l'extrême-onction n'est pas le prêtre seul qu'il soit anathème
1697 .
1725 Le saint
concile œcuménique et général de Trente... a pensé que, puisque, par
les artifices du très pervers démon, se sont répandus en divers
lieux différentes erreurs monstrueuses concernant le redoutable et
très saint sacrement de l'eucharistie, erreurs qui semblent avoir
écarté un grand nombre de la foi et de l'obéissance de l'Église
catholique en certaines provinces, il fallait exposer ici ce qui
concerne la communion sous les deux espèces et la communion des
enfants. C'est pourquoi il est interdit à tous les chrétiens d'oser
à l'avenir croire, enseigner ou prêcher à ce sujet autre chose que
ce qui est expliqué et défini par les décrets suivants.
1726 C'est
pourquoi ce même saint concile, instruit par l'Esprit Saint, qui est
“Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de piété”
Is 11,2, et suivant le jugement et la coutume de l'Église
elle-même, déclare et enseigne qu'aucun commandement divin n'oblige
les laïcs et les clercs qui ne célèbrent pas à recevoir le sacrement
de l'eucharistie sous les deux espèces ; et que l'on ne peut en
aucune façon douter, sans léser la foi, que la communion sous l'une
des deux espèces leur suffise pour leur salut.
1727 En effet,
sans doute, le Seigneur Christ, lors de la dernière Cène, a-t-il
institué et donné aux apôtres ce vénérable sacrement sous les
espèces du pain et du vin Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ; Lc 22,19 ;
1Co 11,24. Cependant cette institution et ce don n'ont pas pour
objet d'astreindre tous les chrétiens, par un décret du Seigneur, à
recevoir les deux espèces 1731 ; 1732 .
Et l'on ne conclut pas
avec raison, des paroles que l'on trouve au chapitre 6 de Jean, que
la communion sous les deux espèces a été commandée par le Seigneur
1733 , de quelque manière qu'on les comprenne en suivant les
diverses interprétations des saints et des docteurs. En effet, celui
qui a dit : “Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et si
vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous” Jn 6,53,
a dit aussi : “Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra
éternellement” Jn 6,58. Et celui qui a dit : “Qui mange ma
chair et boit mon sang a la vie éternelle”, Jn 6,54 et dit
aussi “Le pain que je vous donnerai est ma chair pour la vie
éternelle” Jn 6,51. Enfin celui qui a dit : “Qui mange ma
chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui” Jn 6,56,
a dit néanmoins : “Qui mange ce pain vivra éternellement” Jn 6,58.
1728 Le concile
déclare, en outre, que dans l'administration des sacrements il y eut
toujours dans l'Église le pouvoir de décider ou de modifier, la
substance de ces sacrements étant sauve, ce qu'elle jugerait mieux
convenir à l'utilité de ceux qui les reçoivent et au respect des
sacrements eux-mêmes, selon la diversité des choses, des temps et
des lieux. Ce que l'Apôtre a semblé indiquer assez nettement en
disant : “Que l'on nous considère comme des ministres du Christ et
les dispensateurs des mystères de Dieu” 1Co 4,1. Et il est
assez évident qu'il a lui-même usé de ce pouvoir aussi bien pour de
nombreuses autres choses que pour ce sacrement lui-même, lorsqu'il
dit, après avoir pris quelques ordonnances sur son usage : “Je
réglerai le reste quand je viendrai” 1Co 11,34.
C'est pourquoi, bien
qu'au début de la religion chrétienne l'usage des deux espèces n'ait
pas été rare, cette coutume ayant très généralement changé avec le
cours du temps, notre sainte Mère l'Église, sachant quelle autorité
est la sienne dans l'administration des sacrements, fut amenée par
des graves et justes causes à approuver cette coutume de communier
sous l'une des deux espèces et à décréter que ce serait une loi
qu'il n'est pas permis de blâmer ou de changer à son gré sans
l'autorité de l'Église elle-même 1732 .
1729 Il déclare
en outre que, bien que notre Rédempteur, comme il a été dit plus
haut, lors de la dernière Cène, ait institué et donné aux apôtres ce
sacrement sous les deux espèces il faut pourtant reconnaître que
même sous l'une des deux espèces seulement on reçoit le Christ
totalement et entièrement ainsi que le sacrement en toute vérité, et
qu'en conséquence, en ce qui concerne le fruit du sacrement, ceux
qui reçoivent une seule espèce ne sont privés d'aucune grâce
nécessaire au salut 1733 .
1730 Enfin le
même saint concile enseigne qu'aucune nécessité n'oblige les
enfants, qui n'ont pas l'âge de raison, à la communion sacramentelle
de l'eucharistie 1734 , puisque régénérés par le bain du
baptême Tt 3,5 et incorporés au Christ, ils ne peuvent pas à
cet âge perdre la grâce des enfants de Dieu qu'ils ont reçue.
Et pourtant il ne faut
pas pour cela condamner l'Antiquité, si on y a parfois observé cette
habitude en certains lieux. En effet, de même que ces très saints
Pères ont eu un motif louable d'agir en raison de leur temps, de
même faut-il très certainement croire sans contestations qu'ils ont
agi ainsi sans qu'il y ait aucune nécessité pour le salut.
1731 1. Si
quelqu'un dit que, en raison d'un commandement de Dieu ou par
nécessité pour le salut, tous et chacun des chrétiens doivent
recevoir les deux espèces du très saint sacrement de l'eucharistie :
qu'il soit anathème 1726s .
1732 2. Si
quelqu'un dit que la sainte Église catholique n'a pas été amenée par
de justes causes et raisons à ce que les laïcs, ainsi que les clercs
qui ne célèbrent pas, ne communient que sous la seule espèce du
pain, ou qu'elle a erré en cela qu'il soit anathème 1728 .
1733 3. Si
quelqu'un nie que le Christ, source et auteur de toutes les grâces
soit reçu totalement et entièrement sous la seule espèce du pain,
parce que - comme certains l'affirment faussement - il n'est pas
reçu sous les deux espèces conformément à l'institution du Christ
lui-même : qu'il soit anathème 1726s .
1734 4. Si
quelqu'un dit que la communion eucharistique est nécessaire aux
enfants avant qu'ils aient l'âge de raison : qu'il soit anathème
1730 .
a)
Doctrines et
canons sur le sacrifice de la messe.
1738 Pour que
l'on garde dans la sainte Église catholique la foi et la doctrine
anciennes, absolues et en tout point parfaites sur le grand mystère
de l'eucharistie, et qu'on les conserve dans leur pureté, après
avoir repoussé erreurs et hérésies, le saint concile œcuménique et
général de Trente... instruit par la lumière de l'Esprit Saint,
enseigne, déclare et décrète ce qui suit, qui doit être prêché aux
peuples fidèles, concernant l'eucharistie en tant que véritable et
unique sacrifice.
1739 Parce que
la perfection n'avait pas été réalisée sous la première Alliance, au
témoignage de l'apôtre Paul, en raison de la faiblesse du sacerdoce
lévitique, il a fallu, Dieu le Père des miséricordes l'ordonnant
ainsi, que se lève un autre prêtre “selon l'ordre de Melchisédech”
Ps 110,4 ; He 5,6 ; He 5,10 ; He 7,11 ; He 7,17 ; Gn 14,18
notre Seigneur Jésus Christ, qui pourrait amener à la plénitude
He 10,14 et conduire à la perfection tous ceux qui devaient être
sanctifiés.
1740 Sans doute,
lui, notre Dieu et Seigneur, allait-il s'offrir lui-même une fois
pour toutes à Dieu le Père sur l'autel de la croix par sa mort
He 7,27, afin de réaliser pour eux (là même) une Rédemption
éternelle. Cependant, parce qu'il ne fallait pas que son sacerdoce
fût éteint par la mort He 7,24 lors de la dernière Cène, “la
nuit où il fut livré” 1Co 11,23, il voulut laisser à
l'Église, son épouse bien-aimée, un sacrifice qui soit visible
(comme l'exige la nature humaine). Par là serait représenté le
sacrifice sanglant qui devait s'accomplir une fois pour toutes sur
la croix, le souvenir en demeurerait jusqu'à la fin du monde, et sa
vertu salutaire serait appliquée à la rémission de ces péchés que
nous commentons chaque jour.
Se déclarant établi
prêtre pour toujours selon l'ordre de Melchisédech Ps 110,4 ;
He 5,6 ; He 7,17, il offrit à Dieu le Père son Corps et son Sang
sous les espèces du pain et du vin ; sous le symbole de celles-ci,
il les donna aux apôtres (qu'il constituait alors prêtres de la
Nouvelle Alliance) pour qu'ils les prennent ; et à ceux-ci ainsi
qu'à leurs successeurs dans le sacerdoce, il ordonna de les offrir
en prononçant ces paroles : “Faites ceci en mémoire de moi”
Lc 22,19 ; 1Co 11,24, etc., comme l'a toujours compris et
enseigné l'Église catholique 1752 .
1741 En effet,
ayant célébré la Pâque ancienne, que la multitude des enfants
d'Israël immolait en souvenir de la sortie d'Égypte Ex 12, il
institua la Pâque nouvelle où lui-même doit être immolé par l'Église
par le ministère des prêtres, sous des signes visibles en mémoire de
son passage de ce monde à son Père, lorsque, par l'effusion de son
sang il nous racheta et “nous arracha à la puissance des ténèbres et
nous fit passer dans son Royaume” Col 1,13.
1742 Et c'est là
l'oblation pure, qui ne peut être souillée par aucune indignité ou
malice de ceux qui l'offrent, dont le Seigneur a prédit par Malachie
qu'elle devrait être offerte pure en tout lieu en son nom, qui
serait grand parmi les nations Ml 1,11, que l'apôtre Paul a
désigné sans ambiguïté lorsque, écrivant aux Corinthiens, il dit :
ceux qui se sont souillés en participant à la table des démons ne
peuvent participer à la table du Seigneur 1Co 10,21,
entendant par le mot “table”, dans l'un et l'autre cas, l'autel.
C'est elle enfin, qui, au temps de la nature et de la Loi, était
figurée par les diverses images des sacrifices Gn 4,4 ; Gn 8,20 ;
Gn 12,8 ; Gn 22,1-19 (Ex : passim), en tant que renfermant en
elle tous les biens que ceux-ci signifiaient, en étant la
consommation et la perfection de tous.
1743 Parce que,
dans ce divin sacrifice qui s'accomplit à la messe, ce même Christ
est contenu et immolé de manière non sanglante, lui qui s'est offert
une fois pour toutes de manière sanglante sur l'autel de la croix
He 9,14 ; He 9,27, le saint concile enseigne que ce sacrifice
est vraiment propitiatoire 1753 , et que par lui il se fait
que, si nous nous approchons de Dieu avec un cœur sincère et une foi
droite, avec crainte et respect, contrits et pénitents, “nous
obtenons miséricorde, et nous trouvons la grâce d'un secours
opportun” He 4,16. Apaisé par l'oblation de ce sacrifice, le
Seigneur, en accordant la grâce et le don de la pénitence, remet les
crimes et les péchés, même ceux qui sont énormes. C'est, en effet,
une seule et même victime, c'est le même qui, s'offrant maintenant
par le ministère des prêtres, s'est offert alors lui-même sur la
croix, la manière de s'offrir étant seule différente.
Les fruits de cette
oblation — celle qui est sanglante — sont reçus abondamment par le
moyen de cette oblation non sanglante ; tant il s'en faut que
celle-ci ne fasse en aucune façon tort à celle-là 1754 .
C'est pourquoi, conformément à la tradition des apôtres, elle est
légitimement offerte, non seulement pour les péchés, les peines, les
satisfactions et les autres besoins des fidèles vivants, mais aussi
pour ceux qui sont morts dans le Christ et ne sont pas encore
pleinement purifiés 1753 .
1744 Bien que
l'Église ait coutume de célébrer parfois quelques messes en
l'honneur et en mémoire des saints, elle enseigne que ce n'est
pourtant pas à eux que le sacrifice est offert, mais à Dieu seul qui
les a couronnés 1755 . Aussi le prêtre n'a-t-il pas
l'habitude de dire : "Je vous offre le sacrifice, Pierre et Paul ",
mais, en rendant grâces à Dieu de leurs victoires, il implore leur
protection, “pour que daignent intercéder pour nous dans les cieux
ceux mêmes dont nous faisons mémoire sur la terre”.
1745 Comme il
convient que les choses saintes soient saintement administrées et
comme la plus sainte de toutes est ce sacrifice, pour qu'il soit
offert et reçu avec dignité et respect, l'Église catholique a
institué, il y a de nombreux siècles, le saint canon si pur de toute
erreur 1756 , qu'il n'est rien en lui qui ne respire
grandement la sainteté et la piété et n'élève vers Dieu l'esprit de
ceux qui l'offrent. Il apparaît clairement, en effet, qu'il est fait
soit des paroles mêmes du Seigneur, soit des traditions des apôtres
et des pieuses instructions des saints pontifes.
1746 La nature
humaine est telle qu'elle ne peut facilement s'élever à la
méditation des choses divines sans les aides extérieures. C'est
pourquoi notre pieuse Mère l'Église a institué certains rites, pour
que l'on prononce à la messe certaines choses à voix basse 1759
et d'autres à voix plus haute. Elle a aussi introduit des cérémonies
1757 , telles que les bénédictions mystiques, les lumières,
les encensements, les vêtements et de nombreuses autres choses de ce
genre, reçues de l'autorité et de la tradition des apôtres. Par là
serait soulignée la majesté d'un si grand sacrifice, et les esprits
des fidèles seraient stimulés, par le moyen de ces signes visibles
de religion et de piété, à la contemplation des choses les plus
hautes qui sont cachées dans ce sacrifice.
1747 Le saint
concile souhaiterait, certes, que les fidèles assistant à chaque
messe ne communient pas seulement par un désir spirituel, mais aussi
par la réception sacramentelle de l'eucharistie, par quoi ils
recueilleraient un fruit plus abondant de ce très saint sacrifice.
Cependant, s'il n'en est pas toujours ainsi, il ne condamne pas pour
cela, comme privées et illicites 1758 , les messes où seul le
prêtre communie sacramentellement ; mais il les approuve et les
recommande, puisque ces messes doivent elles aussi être regardées
comme vraiment publiques, en partie parce que le peuple y communie
spirituellement, en partie parce qu'elles sont célébrées par un
ministre public de l'Église, non pas pour lui seulement, mais pour
tous les fidèles qui appartiennent au corps du Christ.
1748 Le saint
concile avertit ensuite que l'Église a prescrit aux prêtres de mêler
de l'eau au vin que l'on doit offrir dans le calice 1759 ,
aussi bien parce que l'on croit que le Seigneur Christ a fait ainsi
que, aussi, parce que de son côté a coulé de l'eau en même temps que
du sang Jn 19,34, ce que le sacrement rappelle par ce
mélange. Et puisque, dans l'Apocalypse de saint Jean, les eaux sont
dites être les peuples Ap 17,15, ainsi est représentée
l'union du peuple fidèle avec le Christ, sa tête.
1749 Bien que la
messe contienne un grand enseignement pour le peuple fidèle, il n'a
pas cependant paru bon aux pères qu'elle soit célébrée çà et là en
langue vulgaire 1759 . C'est pourquoi, tout en gardant
partout le rite antique propre à chaque Église et approuvé par la
sainte Église romaine, Mère et maîtresse de toutes les Églises, pour
que les brebis du Christ ne meurent pas de faim et que les petits ne
demandent pas du pain et que personne ne leur en donne Lm 4,4,
le saint concile ordonne aux pasteurs et à tous ceux qui ont charge
d'âme de donner quelques explications fréquemment, pendant la
célébration des messes, par eux-mêmes ou par d'autres, à partir des
textes lus à la messe, et, entre autres, d'éclairer le mystère de ce
sacrifice, surtout les dimanches et les jours de fête.
1750 Mais parce
que, aujourd'hui, contre cette foi ancienne fondée sur le saint
Évangile, sur les traditions des apôtres et sur l'enseignement des
saints Pères, de nombreuses erreurs se sont répandues, et quantité
de choses ont été enseignées et discutées par quantité de gens, le
saint concile, après avoir abondamment, sérieusement et mûrement
traité de ces choses, a l'unanimité de tous les pères, a décidé de
condamner et d'éliminer de la sainte Église ce qui va à l'encontre
de cette foi très pure et de cette sainte doctrine, par les canons
ci-dessous.
1751 1. Si
quelqu'un dit que, dans la messe, n'est pas offert à Dieu un
véritable et authentique sacrifice ou qu’“être offert” ne signifie
pas autre chose que le fait que le Christ nous est donné en
nourriture : qu'il soit anathème.
1752 2. Si
quelqu'un dit que par ces mots : “Faites ceci en mémoire de moi”
1Co 11,25 ; 1Co 11,24 le Christ n'a pas institué les apôtres
prêtres, ou qu'il n'a pas ordonné qu'eux et les autres prêtres
offrent son Corps et son Sang qu'il soit anathème 1470 .
1753 3. Si
quelqu'un dit que le sacrifice de la messe n'est qu'un sacrifice de
louange et d'action de grâces, ou simple commémoration du sacrifice
accompli sur la croix, mais n'est pas un sacrifice propitiatoire ;
ou qu'il n'est profitable qu'à celui-là seul qui reçoit le Christ et
qu'il ne doit pas être offert pour les vivants et les morts, ni pour
les péchés, les peines, les satisfactions et les autres nécessités :
qu'il soit anathème 1743 .
1754 4. Si
quelqu'un dit que, par le sacrifice de la messe, on commet un
blasphème contre le très saint sacrifice du Christ accompli sur la
croix ou qu'il en constitue un amoindrissement : qu'il soit anathème
1743 .
1755 5. Si
quelqu'un dit que c'est une imposture de célébrer la messe en
l'honneur des saints et pour obtenir leur intercession auprès de
Dieu, comme l'entend l'Église : qu'il soit anathème 1744 .
1756 6. Si
quelqu'un dit que le canon de la messe contient des erreurs et qu'il
doit être abrogé : qu'il soit anathème 1745 .
1757 7. Si
quelqu'un dit que les cérémonies, les vêtements et les signes
extérieurs dont l'Église se sert dans la célébration de la messe
sont plutôt des dérisions de l'impiété que des marques de piété :
qu'il soit anathème 1746 .
1758 8. Si
quelqu'un dit que les messes où seul le prêtre communie
sacramentellement sont illicites et doivent donc être abrogées :
qu'il soit anathème 1747 .
1759 9. Si
quelqu'un dit que le rite de l'Église romaine, selon lequel une
partie du canon et les paroles de la consécration sont prononcées à
voix basse, doit être condamné ; ou que la messe ne doit être
célébrée qu'en langue vulgaire ; ou que l'eau ne doit pas être
mêlée, dans le calice, au vin que l'on doit offrir, parce que cela
est contraire à l'institution du Christ : qu'il soit anathème
1746 ; 1748 .
1760 De plus, le
même saint concile, dans sa dernière session, s'était réservé
d'examiner et de définir en un autre temps, quand l'occasion s'en
présenterait, deux articles qui lui avaient été proposés par
ailleurs et n'avaient pas encore été discutés : Les raisons pour
lesquelles la sainte Église catholique a été amenée à donner la
communion aux laïcs et aussi aux prêtres qui ne célèbrent pas sous
la seule espèce du pain doivent-elles être retenues en sorte que
l'usage du calice ne soit permis à personne pour aucune raison ? —
et : Si l'usage du calice, pour des raisons honnêtes et conformes à
la charité chrétienne, doit être accordé à un pays ou à un royaume,
sous quelles conditions cela doit-il être concédé? et quelles sont
ces conditions?
Voulant maintenant
pourvoir au mieux au salut de ceux pour qui la demande a été faite,
le concile a décrété que toute l'affaire devrait être déférée à
notre très Saint-Père, comme il le défère par le présent décret ;
selon sa singulière prudence, celui-ci fera ce qu'il jugera devoir
être utile pour les États chrétiens et salutaire pour ceux qui
demandent l'usage du calice.
1763 Doctrine
véritable et catholique sur le sacrement de l'ordre pour condamner
les erreurs de notre temps, décrétée par le concile de Trente et
publiée dans la septième session (sous Pie IV).
1764 Sacrifice
et sacerdoce ont été si unis par une disposition de Dieu que l'un et
l'autre ont existé dans toute loi. C'est pourquoi, comme l'Église
catholique a reçu dans le Nouveau Testament, par une institution du
Seigneur, le saint sacrifice visible de l'eucharistie, il faut aussi
reconnaître qu'il y a en elle un nouveau sacerdoce visible et
extérieur 1771 , dans lequel est passé l'ancien sacerdoce
He 7,12. Ce sacerdoce a été institué par ce même Seigneur, notre
Sauveur 1773 ; aux apôtres et à leurs successeurs dans le
sacerdoce a été donné le pouvoir de consacrer, d'offrir et
d'administrer son Corps et son Sang, ainsi que celui de remettre et
de retenir les péchés : voilà ce que montre l'Écriture sainte et ce
qu'a toujours enseigné la tradition de l'Église catholique 1771
.
1765 Comme le
ministère d'un si saint sacerdoce est une chose divine, il
convenait, pour qu'il puisse être exercé plus dignement et avec un
plus grand respect, qu'il y eût, dans la structure parfaitement
ordonnée de l'Église, plusieurs ordres différents de ministères, qui
seraient, par leur fonction, au service du sacerdoce, répartis de
telle sorte que ceux qui auraient reçu la tonsure cléricale
s'élèvent des ordres mineurs aux ordres majeurs 1772 .
En effet, la sainte
Écriture ne fait pas clairement mention seulement des prêtres, mais
aussi des diacres ; elle enseigne, par les expressions les plus
graves, ce à quoi il faut être très attentif en ordonnant ceux-ci
Ac 6,5 ; Ac 21,8 ; 1Tm 3,8-13 ; Ph 1,1. Dès le début de l'Église
on sait qu'ont été en usage, bien qu'à des degrés divers, les noms
des ordres suivants et les ministères propres à chacun d'eux :
sous-diacres, acolytes, exorcistes, lecteurs et portiers. En effet
le sous-diaconat est rattaché aux ordres majeurs par les Pères et
les saints conciles, dans lesquels nous lisons très fréquemment des
mentions concernant les autres ordres inférieurs.
1766 Comme le
témoignage de l'Écriture, la tradition apostolique et l'accord des
Pères montrent clairement que la sainte ordination, qui est donnée
par des paroles et des signes extérieurs, confère la grâce, personne
ne doit douter que l'ordre est vraiment et proprement l'un des sept
sacrements de la sainte Église 1773 . L'Apôtre dit en effet :
“Je t'exhorte à raviver la grâce de Dieu qui est en toi par
l'imposition de mes mains. Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de
crainte, mais de force, d'amour et de modération” 2Tm 1,6 ;
1Tm 4,14.
1767 Parce que,
dans le sacrement de l'ordre, comme dans le baptême et la
confirmation, est imprimé un caractère 1774 qui ne peut être
ni détruit ni enlevé, le saint concile condamne à juste titre la
pensée de ceux qui affirment que les prêtres du Nouveau Testament
ont seulement un pouvoir temporaire, et qu'une fois ordonnés selon
les règles, ils peuvent redevenir laïcs, s'ils n'exercent pas le
ministère de la Parole de Dieu 1771 .
Si quelqu'un affirme
que tous les chrétiens, sans distinction, sont les prêtres du
Nouveau Testament, ou que tous sont dotés d'un même pouvoir
spirituel entre eux, il semble ne rien faire d'autre que d'effacer
la hiérarchie ecclésiastique 1776 , laquelle est comme “une
armée rangée en bataille” Ct 6,3 ; Ct 6,9 ; comme si, à
l'encontre de l'enseignement de saint Paul 1Co 12,28-29 ; Ep 4,11
tous étaient apôtres et tous prophètes, tous évangélistes, tous
pasteurs, tous docteurs.
1768 Aussi le
saint concile déclare-t-il que, outre les autres degrés
ecclésiastiques, les évêques, qui ont succédé aux apôtres,
appartiennent à titre principal à cet ordre hiérarchique ; qu'ils
ont été placés (comme dit le même apôtre) par l'Esprit Saint “pour
gouverner l'Église de Dieu” Ac 20,28 ; qu'ils sont supérieurs
aux presbytres ; qu'ils confèrent le sacrement de la confirmation ;
qu'ils ordonnent les ministres de l'Église ; qu'ils peuvent
accomplir plusieurs autres choses pour lesquelles les autres d'un
ordre inférieur n'ont aucun pouvoir 1777 .
1769 En outre,
le saint concile enseigne que, dans l'ordination des évêques, des
prêtres et des autres ordres, ne sont requis ni le consentement, ni
l'appel, ni l'autorité du peuple ou de quelque puissance ou
magistrature civile, comme si, sans cela, l'ordination était nulle.
Bien plutôt, il décrète que ceux qui appelés et institués par le
peuple ou par une puissance ou par une magistrature, s'élèvent à
l'exercice de ce ministère, et ceux qui les prennent pour eux, dans
leur témérité doivent être tenus, non pour des ministres de
l'Église, mais pour des voleurs et des brigands qui ne sont pas
entrés par la porte Jn 10,1 ; 1778 .
1770 Tel est ce
qu'il a semblé bon au saint concile d'enseigner d'une manière
générale aux chrétiens sur le sacrement de l'ordre. Il a décidé de
condamner de la manière suivante ce qui est contraire à des canons
précis et propres, pour que, avec l'aide du Christ, tous, utilisant
la règle de la foi, au milieu des ténèbres de tant d'erreurs,
puissent connaître et tenir plus facilement la foi catholique.
1771 1. Si
quelqu'un dit qu'il n'y a pas dans le Nouveau Testament de sacerdoce
visible et extérieur, ou qu'il n'y pas un pouvoir de consacrer et
d'offrir le vrai Corps et le vrai Sang du Seigneur et de remettre ou
de retenir les péchés, mais seulement une fonction et un simple
ministère de la prédication de l'Évangile ; ou que ceux qui ne
prêchent pas ne sont pas prêtres qu'il soit anathème 1764 ;
1767 .
1772 2. Si
quelqu'un dit qu'en plus du sacerdoce il n'y a pas dans l’Église
catholique d'autres ordres majeurs et mineurs, par lesquels, comme
par degrés, on s'avance jusqu'au sacerdoce : qu'il soit anathème
1765 .
1773 3. Si
quelqu'un dit que l'ordre ou la sainte ordination n'est pas vraiment
et proprement un sacrement institué par le Christ Seigneur ; ou que
c'est une invention humaine, imaginée par des hommes qui n'entendent
rien aux choses de l'Église ; ou que c'est seulement un rite par
lequel on choisit les ministres de la Parole de Dieu et des
sacrements : qu'il soit anathème 1766 .
1774 4. Si
quelqu'un dit que l'Esprit Saint n'est pas donné par la sainte
ordination et que c'est donc en vain que les évêques disent :
“Reçois l'Esprit Saint” ; ou que l'ordination n'imprime pas un
caractère ; ou que celui qui est devenu prêtre une fois pour toutes
peut redevenir laïc : qu'il soit anathème 1767 .
1775 5. Si
quelqu'un dit que la sainte onction dont l'Église use au cours de
l'ordination, non seulement n'est pas requise, mais doit être
méprisée et est pernicieuse, et qu'il en est de même pour les autres
cérémonies de l'ordre : qu'il soit anathème.
1776 6. Si
quelqu'un dit qu'il n'y a pas dans l'Église catholique une
hiérarchie instituée par une disposition divine, composée d'évêques,
de prêtres et de ministres : qu'il soit anathème 1768 .
1777 7. Si
quelqu'un dit que les évêques ne sont pas supérieurs aux prêtres ;
ou qu'ils n'ont pas le pouvoir de confirmer et d'ordonner ; ou que
le pouvoir qu'ils ont leur est commun avec les prêtres ; ou que les
ordres conférés par eux sans l'accord ou l'appel du peuple ou de
quelque puissance civile sont nuls ; ou que ceux qui n'ont pas été
légitimement ordonnés ni envoyés par une autorité ecclésiastique et
canonique, mais viennent d'ailleurs, sont des ministres légitimes de
la Parole et des sacrements : qu'il soit anathème 1768s .
1778 8. Si
quelqu'un dit que les évêques qui sont choisis par l'autorité du
pontife romain ne sont pas de légitimes et véritables évêques, mais
une invention humaine : qu'il soit anathème.
1797 Sous
l'inspiration du Saint-Esprit, le premier Père du genre humain a
proclamé le lien perpétuel et indissoluble du mariage quand il a dit
“Voilà maintenant l'os de mes os, la chair de ma chair. C'est
pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa
femme, et ils seront deux en une seule chair” Gn 2,23 ; Mt 19,5 ;
Ep 5,31.
1798 Que par ce
lien ne sont unis que deux êtres, le Christ notre Seigneur l'a assez
clairement enseigné lorsque, rappelant ces paroles comme prononcées
par Dieu, il a dit : “C'est pourquoi ils ne sont plus deux, mais une
seule chair” Mt 19,6, et il confirma immédiatement après ces
paroles, la solidité de ce lien proclamé si longtemps auparavant par
Adam “Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas”
Mt 19,6 ; Mc 10,9.
1799 La grâce
qui porterait cet amour naturel à sa perfection affirmerait cette
unité indissoluble et sanctifierait les époux, le Christ lui-même,
qui a institué et porté à leur perfection les vénérables sacrements,
nous l'a méritée par sa Passion. C'est ce que l'apôtre Paul nous
suggère quand il dit : “Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a
aimé l'Église et s'est livré lui-même pour elle” Ep 5,25, en
ajoutant aussitôt “Ce sacrement est grand, je le dis : dans le
Christ et dans l'Église” Ep 5,32.
1800 Comme le
mariage dans la Loi évangélique l'emporte en grâce, par le Christ,
sur les noces de l'ancienne Loi, c'est à juste titre que nos saints
Pères, les conciles et la tradition de l'Église universelle ont
toujours enseigné qu'il fallait le compter parmi les sacrements de
la Loi nouvelle. Allant contre cette tradition, des hommes impies de
ce siècle, déraisonnant, non seulement ont eu des opinions fausses
sur ce vénérable sacrement, mais à leur habitude, introduisant la
liberté de la chair sous le couvert de l'Évangile, par écrit et
oralement, ont répandu nombre d'éléments étrangers au sentiment de
l'Église catholique et aux coutumes approuvées depuis le temps des
apôtres, et cela non sans grand dommage pour les fidèles.
Désirant faire face à
la témérité de ces hommes, le saint concile universel a jugé qu'il
fallait exterminer les hérésies et erreurs notables des
schismatiques susdits, pour que leur pernicieuse contagion n'en
attire pas un grand nombre à eux aussi décrète-t-il contre ces
hérétiques et leurs erreurs les anathématismes suivants.
1801 1. Si
quelqu'un dit que le mariage n'est pas vraiment et proprement l'un
des sept sacrements de la Loi évangélique que le Christ notre
Seigneur a institués, mais qu'il a été inventé dans l'Église par les
hommes et qu'il ne confère pas la grâce : qu'il soit anathème
1800 .
1802 2. Si
quelqu'un dit qu'il est permis aux chrétiens d'avoir en même temps
plusieurs épouses, et que cela n'a été défendu par aucune Loi divine
Mt 19,9 : qu'il soit anathème 1798 .
1803 3. Si
quelqu'un dit que seuls les degrés de consanguinité et d'affinité
exprimés dans le Lévitique Lv 18,6-18 peuvent empêcher de
contracter mariage et rendent nul celui qui a été contracté, que
l’Église ne peut dispenser d'aucun d'entre eux ni décider qu'un plus
grand nombre soit cause d'empêchement et de nullité : qu'il soit
anathème 2659 .
1804 4. Si
quelqu'un dit que l'Église n'a pas pu établir des empêchements
dirimant le mariage, ou qu'elle s'est trompée en les établissant :
qu'il soit anathème.
1805 5. Si
quelqu'un dit que le lien du mariage peut être rompu en raison de
l'hérésie, ou bien d'une vie en commun insupportable, ou bien en
l'absence voulue d'un conjoint : qu'il soit anathème.
1806 6. Si
quelqu'un dit qu'un mariage contracté et non consommé n'est pas
annulé par la profession religieuse solennelle de l'un des conjoints
: qu'il soit anathème.
1807 7. Si
quelqu'un dit que l'Église se trompe quand elle a enseigné et
enseigne, conformément à l'enseignement de l'Évangile et de l'Apôtre
Mt 5,32 ; Mt 19,9 ; Mc 10,11-12 ; Lc 16,18 ; 1Co 7,11, que le
lien du mariage ne peut pas être rompu par l'adultère de l'un des
époux, et que ni l'un ni l'autre, même l'innocent qui n'a pas donné
motif à l'adultère, ne peut, du vivant de l'autre conjoint,
contracter un autre mariage ; qu'est adultère celui qui épouse une
autre femme après avoir renvoyé l'adultère et celle qui épouse un
autre homme après avoir renvoyé l'adultère : qu'il soit anathème.
1808 8. Si
quelqu'un dit que l'Église se trompe lorsqu'elle décrète que, pour
de nombreuses raisons, les époux peuvent vivre séparés, sans vie
conjugale ou sans vie en commun, pour un temps indéterminé ou
déterminé : qu'il soit anathème.
1809 9. Si
quelqu'un dit que les clercs qui ont reçu les ordres sacrés ou les
réguliers qui ont fait profession solennelle de chasteté peuvent
contracter mariage, qu'un tel mariage est valide, malgré la Loi de
l'Église ou leur vœu, et qu'affirmer le contraire n'est rien d'autre
que condamner le mariage ; que peuvent contracter mariage tous ceux
qui n'ont pas le sentiment d'avoir le don de chasteté (même s'ils en
ont fait vœu) : qu'il soit anathème. Puisque Dieu ne refuse pas ce
don à ceux qui le demandent comme il faut, et qu'il ne permet pas
que nous soyons tentés au-dessus de nos forces 1Co 10,13.
1810 10. Si
quelqu'un dit que l'état du mariage doit être placé au-dessus de
l'état de virginité ou de célibat, et qu'il n'est ni mieux ni plus
heureux de rester dans la virginité ou le célibat que de contracter
mariage Mt 19,11 ; 1Co 7,25 ; 1Co 7,38-40.
1811 11. Si
quelqu'un dit que l'interdiction de la solennité des noces à des
temps déterminés de l'année est une superstition tyrannique issue
d'une superstition des païens, Ou s'il condamne les bénédictions et
autres cérémonies dont use l'Église : qu'il soit anathème.
1812 12. Si
quelqu'un dit que les causes matrimoniales ne relèvent pas des juges
ecclésiastiques : qu'il soit anathème 2598 ; 2659 .
1813 Chap. 1
(Motif et teneur de la loi) On ne doit certes pas douter que les
mariages clandestins, qui se sont faits avec le libre consentement
des contractants, sont des mariages valides et véritables, tant que
l'Église ne les a pas rendus invalides ; aussi est-ce à bon droit
que doivent être condamnés, comme le saint concile les condamne par
anathème, ceux qui nient que ces mariages sont véritables et valides
et affirment faussement que les mariages contractés par les fils de
famille, sans le consentement de leurs parents, sont invalides et
que les parents peuvent les faire valides ou invalides. La sainte
Église néanmoins, pour de très justes raisons, a toujours eu ces
mariages en horreur et les a défendus.
1814 Mais le
saint synode s'aperçoit que ces défenses ne servent plus à rien en
raison de la désobéissance des hommes ; il pèse la gravité des
péchés venant de ces mariages clandestins, particulièrement pour
ceux qui demeurent dans l'état de damnation lorsque, après avoir
abandonné la première épouse avec laquelle ils avaient secrètement
contracté mariage, ils contractent publiquement un mariage avec une
autre et vivent avec elle en un perpétuel adultère ; l'Église qui ne
porte pas de jugement sur les choses secrètes, ne peut apporter
remède à ce mal qu'en recourant à un remède plus efficace. C'est
pourquoi, mettant ses pas dans les pas du saint concile du Latran
(IV) tenu sous Innocent III 817 , le concile ordonne ce qui
suit. A l'avenir, avant que soit contracté un mariage, trois fois,
trois jours de fête consécutifs, le curé des parties contractantes
annoncera publiquement dans l'église, pendant la célébration des
messes, entre qui le mariage doit être contracté. Ces annonces
faites, si ne s'y oppose aucun empêchement légitime, on procédera à
la célébration du mariage devant l'Église, après avoir interrogé
l'homme et la femme ; une fois bien compris qu'il y a consentement
mutuel de leur part, le curé dira : “Je vous unis par le mariage, au
nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit” ; ou bien il se servira
d'une autre formule, conformément au rite reçu de chaque province.
1815
(Restriction de la loi) S'il y avait un soupçon plausible que le
mariage peut être empêché par la mauvaise foi, s'il est précédé de
tant d'annonces ; soit on ne fera qu'une seule annonce, soit même le
mariage sera célébré en présence du curé et de deux ou trois témoins
; ensuite, avant la consommation du mariage, les annonces seront
faites dans l'église afin que, s'il demeure quelques empêchements,
ceux-ci soient plus facilement découverts, à moins que l'Ordinaire
lui-même ne juge expédient d'omettre les susdites annonces, ce que
le saint concile laisse à sa prudence et à son jugement.
1816 (Sanction)
Quant à ceux qui entreprendront de contracter mariage autrement
qu'en présence du curé ou d'un autre prêtre autorisé par le curé ou
l'Ordinaire, et devant deux ou trois témoins, le saint concile les
rend absolument inhabiles à contracter de la sorte et décrète que de
tels contrats sont invalides et nuls, comme par le présent décret il
les rend invalides et les annule.
1820 L'Église
catholique, instruite par l'Esprit Saint, à partir de la sainte
Écriture et de la tradition ancienne des Pères, a enseigné dans les
saints conciles et tout dernièrement dans ce concile œcuménique
qu'il y a un purgatoire 1580 et que les âmes qui y sont
retenues sont aidées par les suffrages des fidèles, et surtout par
le sacrifice de l'autel si agréable à Dieu 1743 ; 1753
. Aussi le saint concile prescrit-il aux évêques de tout faire pour
que la saine doctrine du purgatoire, transmise par les saints Pères
et les saints conciles, soit l'objet de la foi des fidèles, que
ceux-ci la gardent, et qu'elle soit enseignée et proclamée en tous
lieux.
On exclura des
prédications populaires auprès des gens sans instruction les
questions plus difficiles et subtiles, qui ne sont d'aucune utilité
pour l'édification, et desquelles la plupart du temps la piété ne
tire aucun profit. On ne permettra pas que soient divulgués et
abordés des points incertains ou qui sont apparemment faux. On
interdira, comme scandaleux et offensant pour les fidèles, tout ce
qui relève d'une certaine curiosité ou de la superstition ou tout ce
qui a indécemment un goût de lucre. ...
1821 Le saint
concile enjoint à tous les évêques et à tous les autres ayant la
charge et le devoir d'enseigner que, conformément à l'usage de
l'Église catholique et apostolique, reçu dès les premiers temps de
la religion chrétienne, et conformément au sentiment unanime des
saints Pères et aux décrets des saints conciles, ils instruisent
diligemment les fidèles, particulièrement sur l'intercession des
saints et leur invocation, les honneurs dus aux reliques et le
légitime usage des images. Aussi leur enseigneront-ils que les
saints qui règnent avec le Christ offrent à Dieu leurs prières pour
les hommes qu'il est bon et utile de les invoquer humblement et,
pour obtenir de Dieu des bienfaits par son Fils Jésus Christ notre
Seigneur, qui est notre seule Rédempteur et Sauveur, de recourir à
leurs prières, à leur aide et à leur assistance. Ceux qui nient que
l'on doit invoquer les saints qui jouissent dans le ciel d'un
bonheur éternel ; ou bien ceux qui affirment que ceux-ci ne prient
pas pour les hommes ou que les invoquer pour qu'ils prient pour
chacun de nous est de l'idolâtrie, ou que cela va à l'encontre de la
Parole de Dieu et s'oppose à l'honneur de Jésus Christ, seul
médiateur entre Dieu et les hommes 1Tm 2,5 ; ou bien encore
qu'il est stupide de supplier vocalement ou mentalement ceux qui
règnent dans les cieux : tous ceux-là pensent d'une manière impie.
1822 Les fidèles
doivent aussi vénérer les saints corps des martyrs et des autres
saints qui vivent avec le Christ, eux qui ont été des membres
vivants du Christ et le Temple du Saint-Esprit 1Co 3,16 ;
1Co 6,15 ; 1Co 6,19 ; 2Co 6,16 et qui seront ressuscités et
glorifiés par lui pour la vie éternelle ; par eux Dieu accorde de
nombreux bienfaits aux hommes. Aussi, ceux qui affirment qu'on ne
doit ni honneur ni vénération aux reliques des saints, ou bien que
c'est inutilement que les fidèles les honorent ainsi que les autres
souvenirs sacrés, et qu'il est vain de visiter les lieux de leur
martyre pour obtenir leur soutien, tous ceux-là doivent être
totalement condamnés, comme l'Église les a déjà condamnés autrefois
et les condamne encore aujourd'hui.
1823 De plus, on
doit avoir et garder, surtout dans les églises, les images du
Christ, de la Vierge Marie Mère de Dieu et des autres saints, et
leur rendre l'honneur et la vénération qui leur sont dus. Non pas
parce que l'on croit qu'il y a en elles quelque divinité ou quelque
vertu justifiant leur culte, ou parce qu'on doit leur demander
quelque chose ou mettre sa confiance dans des images, comme le
faisaient autrefois les païens qui plaçaient leur espérance dans des
idoles Ps 135,15-17 , mais parce que l'honneur qui leur est
rendu renvoie aux modèles originaux que ces images représentent.
Aussi, à travers les images que nous baisons, devant lesquelles nous
nous découvrons et nous prosternons, c'est le Christ que nous
adorons et les saints, dont elles portent la ressemblance, que nous
vénérons. C'est ce qui a été défini par les décrets des conciles,
spécialement du deuxième concile de Nicée, contre les adversaires
des images 600-603.
1824 Les évêques
enseigneront avec soin que, par le moyen de l'histoire des mystères
de notre Rédemption représentés par des peintures ou par d'autres
moyens semblables, le peuple est instruit et affermi dans les
articles de foi, qu'il doit se rappeler et vénérer assidûment. Et
l'on retire aussi grand fruit de toutes les images saintes, non
seulement parce que sont enseignés au peuple les bienfaits et les
dons que lui confère le Christ, mais parce que, aussi, sont mis sous
les yeux des fidèles les miracles de Dieu accomplis par les saints
et les exemples salutaires donnés par ceux-ci de la sorte, ils en
rendent grâces à Dieu, ils conforment leur vie et leurs mœurs à
l'imitation des saints et sont poussés à adorer et aimer Dieu et à
cultiver la piété. Si quelqu'un enseigne ou pense des choses
contraires à ces décrets : qu'il soit anathème.
1825 Si certains
abus s'étaient glissés dans ces saintes et salutaires pratiques, le
saint concile désire vivement qu'ils soient entièrement abolis, en
sorte qu'on expose aucune image porteuse d'une fausse doctrine et
pouvant être l'occasion d'une erreur dangereuse pour les gens
simples.
S'il arrive parfois que
l'on exprime par des images les histoires et les récits de la sainte
Écriture, parce que cela sera utile pour des gens sans instruction,
on enseignera au peuple qu'elles ne représentent pas pour autant la
divinité, comme si celle-ci pouvait être vue avec les yeux du corps
ou exprimée par des couleurs et par des formes.
On supprimera donc
toute superstition dans l'invocation des saints, dans la vénération
des reliques ou dans un usage sacré des images ; toute recherche de
gains honteux sera éliminée ; enfin toute indécence sera évitée, en
sorte que les images ne soient ni peintes ni ornées d'une beauté
provocante...
Pour que cela soit plus
fidèlement observé, le saint concile statue qu'il n'est permis à
personne, dans aucun lieu... de placer ou faire placer une image
inhabituelle, à moins que celle-ci n'ait été approuvée par l'évêque.
On ne reconnaîtra pas de nouveaux miracles, on ne recevra pas de
nouvelles reliques sans l'examen et l'approbation de l'évêque. |