Conrad ou Cuno,
descendait d'une famille noble de Souabe. Il naquit à Pouliguen, à
quatre lieues de Tübingen, dans le second quart de l’onzième siècle.
Son père s'appelait Eylolf et sa mère Azecha ou Hazêque, et ils
étaient distingués l'un et l'autre par leurs richesses et leur
vertu. Comme ils destinaient leur fils à l'autel, ils mirent tous
leurs soins à nourrir supposant que celle de saint Uldaric ou Uiric,
évêque d'Augsbourg, faite quarante-sept ans auparavant, a été la
première dans son cœur l'innocence du premier âge, et à former son
esprit par des maîtres habiles. Ayant atteint l'âge mûr, il vint à
Cologne, où l'archevêque Annon, qui était son parent à ce qu'on
assure, lui conféra la prêtrise, et le nomma prévôt de sa
cathédrale. Le saint prélat, ayant découvert en lui beaucoup de
sagesse, le consulta souvent, et eut toujours à se louer de sa
prudence et de son amour pour la justice.
« Evrard,
archevêque de Trèves, — a dit Lambert d'Aschaffenburg —, après
avoir, le samedi-saint, développé au peuple, dans un sermon, le
mystère d'un si grand jour, étant rentré dans la sacristie, laissa
tomber la tête sur la poitrine de son archidiacre, et rendit l'âme
au milieu des frères qui l'entouraient. Sa place fut donnée, par
l'entremise de l'archevêque de Cologne, à Cuno, qui était prévôt
dans la même ville. Le clergé et le peuple de Trèves, qui n'avaient
pas été consultés dans ce choix, n'en conçurent qu'un trop vif
ressentiment ; et ils s'exhortèrent l'un l'autre à rendre la
vengeance aussi éclatante que l'injure. Le comte Didier, jeune homme
d'un caractère emporté, était alors avoué de l'église de Trèves. Le
jour même où l'évêque devait faire son entrée dans la ville, Didier
va à sa rencontre avec des troupes nombreuses ;
il l'attaque au point du jour, avant même qu'il ait quitté son
auberge (de Riedbourg) ; il massacre ceux qui résistent, et met en
fuite les
autres,
qu'une terreur
panique avait saisis ; il livre au pillage les trésors considérables
de l'évêque, le fait prisonnier lui-même (dans le château d'Urzich
sur la Moselle), et le livre aux bourreaux, qui le font périr, en le
précipitant, par ses ordres, du rocher le plus élevé. Son corps fut
inhumé par des hommes pieux au couvent de Tholay, où Dieu honore
encore aujourd'hui, dit-on, sa mémoire par de nombreux miracles. »
Ce meurtre fut
commis le 1er
juin 1066. Plusieurs martyrologes en font mention en ce jour, entre
autres
Molanus,
Canisius, Ferrarius, Ghinius, Saussay, Gelenius. Mais dans l'évêché
de Trèves on ne l'honore pas comme saint diocésain ; du moins son
nom ne se trouve pas dans le Proprium Treviense. |