Conrad de Trêves
Archevêque nommé, Martyr, Saint
+ 1066

Conrad ou Cuno, descendait d'une famille noble de Souabe. Il naquit à Pouliguen, à quatre lieues de Tübingen, dans le second quart de l’onzième siècle. Son père s'appelait Eylolf et sa mère Azecha ou Hazêque, et ils étaient distingués l'un et l'autre par leurs richesses et leur vertu. Comme ils destinaient leur fils à l'autel, ils mirent tous leurs soins à nourrir supposant que celle de saint Uldaric ou Uiric, évêque d'Augsbourg, faite quarante-sept ans auparavant, a été la première dans son cœur l'innocence du premier âge, et à former son esprit par des maîtres habiles. Ayant atteint l'âge mûr, il vint à Cologne, où l'archevêque Annon, qui était son parent à ce qu'on assure, lui conféra la prêtrise, et le nomma prévôt de sa cathédrale. Le saint prélat, ayant découvert en lui beaucoup de sagesse, le consulta souvent, et eut toujours à se louer de sa prudence et de son amour pour la justice.

« Evrard, archevêque de Trèves, — a dit Lambert d'Aschaffenburg —, après avoir, le samedi-saint, développé au peuple, dans un sermon, le mystère d'un si grand jour, étant rentré dans la sacristie, laissa tomber la tête sur la poitrine de son archidiacre, et rendit l'âme au milieu des frères qui l'entouraient. Sa place fut donnée, par l'entremise de l'archevêque de Cologne, à Cuno, qui était prévôt dans la même ville. Le clergé et le peuple de Trèves, qui n'avaient pas été consultés dans ce choix, n'en conçurent qu'un trop vif ressentiment ; et ils s'exhortèrent l'un l'autre à rendre la vengeance aussi éclatante que l'injure. Le comte Didier, jeune homme d'un caractère emporté, était alors avoué de l'église de Trèves. Le jour même où l'évêque devait faire son entrée dans la ville, Didier va à sa rencontre avec des troupes nombreuses ; il l'attaque au point du jour, avant même qu'il ait quitté son auberge (de Riedbourg) ; il massacre ceux qui résistent, et met en fuite les autres, qu'une terreur panique avait saisis ; il livre au pillage les trésors considérables de l'évêque, le fait prisonnier lui-même (dans le château d'Urzich sur la Moselle), et le livre aux bourreaux, qui le font périr, en le précipitant, par ses ordres, du rocher le plus élevé. Son corps fut inhumé par des hommes pieux au couvent de Tholay, où Dieu honore encore aujourd'hui, dit-on, sa mémoire par de nombreux miracles. »

Ce meurtre fut commis le 1er juin 1066. Plusieurs martyrologes en font mention en ce jour, entre autres Molanus, Canisius, Ferrarius, Ghinius, Saussay, Gelenius. Mais dans l'évêché de Trèves on ne l'honore pas comme saint diocésain ; du moins son nom ne se trouve pas dans le Proprium Treviense.

 

 

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