1-Le besoin de Dieu
Une chose est sûre :
nous tenons tout de Dieu et Il est notre vie. Sans Lui, nous
n'existons pas. Chaque homme, dans son extrême petitesse, malgré son
état de pécheur vivant au milieu d'autres hommes pécheurs,
a
un extrême besoin de Dieu, il ne peut pas se passer de Dieu. Alors
pourquoi tant de personnes, dans l'Église, affirment-elles souvent
que, “l'on n'a pas besoin de ‘sentir’ Dieu”. Ne devrions-nous pas
affirmer, au contraire, que nous avons absolument besoin de Dieu,
que nous ne pouvons pas nous passer de LUI ? Cela signifie donc
clairement que nous avons besoin d'avoir des contacts avec Dieu.
Mais quels genres de contacts ?
Beaucoup de nos
contemporains ne connaissent plus Dieu, surtout dans nos sociétés
ex-chrétiennes. Au passage, il nous faut reconnaître que l'on
n'enseigne plus Dieu et que Dieu semble bien loin... En conséquence,
notre société, comblée à l'excès de biens matériels, estime qu'elle
n'a pas besoin de Dieu, qu'elle se suffit à elle-même, et que les
malheurs sont dus au hasard, la nature étant totalement en dehors
des problèmes humains. D'ailleurs, si Dieu existait, ces malheurs
n'arriveraient pas...
Parfois, on peut se
demander si, depuis une cinquantaine d'années, l'Église n'a pas un
peu emboîté le pas à ces affirmations matérialistes et athées. Dieu?
On n'a pas besoin de Le sentir. Il faut savoir se passer de
l'Eucharistie...
Il faut d'abord aller vers les plus pauvres. Et puis, toutes les
religions se valent, et Dieu étant le même pour tous, il faut
respecter toutes les croyances. Pourtant Jésus avait bien ordonné à
ses apôtres: "Allez! Enseignez toutes les nations. Baptisez-les
au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit." Pourquoi
n'écoute-t-on plus les enseignements de l'Évangile? Et pourquoi
certaines vérités concernant par exemple le péché ou l'enfer,
sont-elles si souvent édulcorées, voire éliminées?
Dieu est miséricordieux
dit-on, et Il nous pardonnera. Oui, bien sûr, mais Il est juste
aussi. Aujourd'hui, on est bien obligé de constater que la plupart
de nos contemporains, plus ou moins désemparés, vont à droite et à
gauche, à la drogue, à l'alcool, ou dans les sectes... et un jour
ils s'aperçoivent que leur vie n'a aucun sens. Et c'est l'angoisse,
le désespoir, la déprime, parfois jusqu'au suicide. Que faire ?
Comment redonner l'espérance à ceux qui se sentent perdus?
Essayons de nous
tourner vers le Seigneur. Nous avons besoin de Dieu; cela est
incontestable parce que c'est Dieu qui nous donne la vie, et nous ne
pouvons pas vivre sans Dieu, car cela est vital. Souvent, les
chrétiens fervents ont besoin de le dire, de le crier, de le
chanter. Parfois aussi, ils ont besoin de dire à Jésus qu'ils
L'aiment... Ils le disent et le chantent comme à la personne qu'ils
aiment le plus au monde. Et ensuite, tout naturellement ils
retournent pleins de joie et d'amour, vers leurs frères et la vie de
tous les jours. Et ils sont heureux. Et ils se sentent heureux...
2-“Sentir” ou “contacter” Dieu
Alors, pourquoi tant de
gens ont-ils peur de "sentir" Dieu, alors que tant d'autres en
éprouvent un intense besoin? Ne nous trouverions-nous pas devant un
problème de vocabulaire? Des explications sont ici nécessaires. Tout
d'abord, il ne faut pas confondre l'expression "sentir Dieu" avec
les sensations. Nos contemporains, croyants ou non, ne parlent plus
que de sensations. Pour eux, le verbe "sentir" n'exprime plus que
des sensations matérielles, corporelles donc sensuelles au sens
large et pas seulement liées au sexe. L'homme, être charnel, n'a que
ses sens comme seuls moyens de communication; il ne voit qu'avec ses
yeux, n'entend qu'avec ses oreilles, ne goûte qu'avec sa langue, et
ne sent qu'avec son nez. On pourrait ajouter: les corps ne peuvent
connaître la nature de quelque chose que s'ils la touchent. C'est
seulement par contact que les mains connaissent la nature d'un
tissu, d'un légume, d'un objet.
Pour connaître quelque
chose, l'homme a besoin d'un contact. Alors, pourquoi, lorsqu'il
s'agit de Dieu, notre créateur et Père, pourquoi n'aurions-nous pas
besoin d'un contact? Les spécialistes qui étudient les vies et les
spiritualités des saints sont unanimes: tous les saints, absolument
tous, ont eu des contacts avec Dieu. Certains ont "vu" des lumières
resplendissantes qui pourtant ne les éblouissaient pas. D'autres ont
entendu des voix, intérieures le plus souvent. Certains ont "senti"
des parfums. La sainteté de la vie des saints, canonisés ou déclarés
bienheureux, est telle qu'elle exclut, de leur part, toute tentation
de tromper leur entourage: ils ont vraiment vu, entendu, senti.
Mais, on doit constater aussi que, le plus souvent, ces grâces
"sensibles" sont comme une force donnée pour accomplir une mission
importante désirée par Dieu, une mission particulière, lourde et
difficile charge. Même aujourd'hui, on n'ose pas mettre en doute les
paroles des saints... Et on accepte les témoignages des témoins, car
c'étaient des saints... Mais les hommes plus ordinaires, les
personnes du commun, pourquoi n'auraient-ils pas, eux aussi, le
droit d'avoir des contacts avec Dieu?
Les scientifiques sont
toujours contraints d'apporter des preuves, par des expériences
dûment contrôlées, aux hypothèses qu'ils émettent, afin que
l'hypothèse puisse devenir une théorie non contestable. Il y a
beaucoup de vérités invisibles, beaucoup de forces cachées dans
l'univers, des forces jusqu'ici indétectables que nous découvrons
peu à peu, parce que nous commençons à avoir des instruments
capables de les mettre en évidence. Pourquoi n'en serait-il pas de
même avec Dieu? De plus en plus souvent on entend des gens, des
personnes qui ont vécu de vraies conversions, dire: "J'ai fait une
rencontre!" Que peuvent bien être ces rencontres, très difficiles à
expliquer, sinon un contact avec Dieu?
3-Dieu, notre milieu vital
Réfléchissons... Des
contacts avec Dieu, pourquoi n'en aurions-nous pas puisque nous
sommes en Dieu et que nous vivons de Lui? Alors pourquoi, ces
contacts, ne les sentons-nous plus? Il me semble qu'il y a plusieurs
raisons à cela: d'abord, parce que Dieu étant notre milieu vital,
nous en avons tellement l'habitude que, si nous ne faisons pas un
petit effort pour en prendre conscience, nous ne le sentons plus.
Prenons un exemple: comme nous avons l'habitude de respirer, nous ne
sentons plus l'air que nous respirons, sauf quand nous prenons une
grande respiration. N'en serait-il pas de même avec Dieu? Il y a une
autre raison bien plus grave: comme nous estimons que nous n'avons
pas besoin de sentir Dieu, nous ne faisons pas l'effort nécessaire
pour cela. Enfin, il y a le péché qui nous coupe de Dieu. Certes,
Dieu continue à nous donner la vie, mais nous refusons son amour:
alors Dieu nous laisse à nous-mêmes, à nos misères, à nos
insuffisances, à nos vides.
Nos cœurs et nos
esprits ont l'habitude de "respirer" Dieu. Nous ne nous apercevons
même plus que nous vivons en Dieu. Nous avons l'impression de ne
rien sentir, d'être seuls... Que faire? Quel "sens" agiter pour
enfin "sentir" Dieu, car nos sens humains, sauf cas très
exceptionnels, ne sont pas prévus pour "sentir" Dieu? Quand nos
intelligences se recueillent un peu, lorsqu'elles essaient de tendre
vers Dieu, de se rapprocher de Dieu dans lequel elles baignent,
alors elles comprennent plus de choses... Quand nos intelligences
essaient de se recueillir, les sens corporels se ferment sur
l'extérieur pour s'ouvrir sur le cœur. Nous essayons de maîtriser
nos imaginations qui pourraient nous induire en erreur. Un silence
se fait en nous; c'est le silence de Dieu...
Faisons une petite
expérience: nous baignons en Dieu, alors essayons, comme le font nos
mains pour agiter l'air, essayons d'agiter notre milieu vital, la
présence de Dieu. Mais comment faire? Nos sens humains ne "sentent"
rien, ils ne sont faits que pour les sensations matérielles. Comment
agiter notre vrai milieu vital, Dieu? Nous ne savons pas comment
faire, pourtant nous savons que Dieu est là, que nous L'aimons et
qu'Il nous aime.
Heureusement, parfois
des images humaines se forment en nous, sortes de paraboles pour
nous faire comprendre l'incompréhensible, car seules quelques
comparaisons adaptées à une intelligence humaine peuvent faire
"voir" l'invisible, "entendre" l'inaudible, "sentir" l'intouchable.
Nous ne "sentons" pas, et pourtant, nous savons que Dieu est là.
Et voici que le
"miracle" se produit: des phrases de la Bible nous viennent à
l'esprit. Nous "entendons" Jésus nous murmurer ses Béatitudes:
"Heureux les pauvres de cœur..." Comme le fit l'apôtre Jean, le
Bien-Aimé, nous nous blottissons sur la poitrine de Jésus qui nous
caresse doucement en disant: "Venez les bénis de mon Père..."
C'est peut-être cela "sentir" Dieu.
L'Évangile de saint Jean (15, 9-11) est étonnant; écoutons-le: "À
l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses
disciples: 'Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour. Si vous êtes fidèles à mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j'ai gardé fidèlement les
commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous
ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés
de joie'."
4-Un grand mystère
Les hommes seront comblés de la joie de
Dieu... Oh! la! la!... Déjà nous entendons les remarques plus ou
moins désobligeantes de certains parmi ceux qui lisent, ou liront ce
qui précède:
-tout cela n'est que du rêve né d'un
immense désir? Mes amis, revenez sur la terre...
En nous-mêmes également, quelque chose
nous gêne. Dieu est toujours dans son éternité, et Il
regarde, dans sa "Grande Main", toute sa création. Il voit les
univers et admire l'extraordinaire mécanique céleste et les temps
qui y sont associés. Il voit la terre et son mouvement, donc le
temps terrestre dont la référence est le soleil. Et Dieu voit aussi,
ce qui est encore plus merveilleux, Dieu voit aussi les petites
créatures qu'Il aime particulièrement: les hommes, à qui Il a donné
la liberté de Le choisir ou de Le refuser. Dieu voit chacun de ses
petits hommes à qui Il confie, individuellement, une mission
spécifique. En effet, chaque homme est unique pour Dieu qui
construit, avec tous les autres hommes, son Œuvre grandiose: le
Corps mystique de son Verbe, son Fils unique. Incroyable mystère!...
Stupéfiante volonté de Dieu-Amour!
Mais voici une terrible
objection: si Dieu, dans son éternité, voit ce que nous faisons et
voulons à chaque instant de notre temps terrestre qui est aussi dans
son éternité; si Dieu sait tout de nous: notre passé, notre présent
et notre avenir, lesquels sont pour Lui dans son éternel présent; si
Dieu voit comment nous marchons selon ses lois et comment,
librement, nous nous égarons, pourquoi Dieu nous laisse-t-Il
commettre le mal, bien qu'Il le sache?
Dieu nous aime, cela,
c'est certain. En effet, il est difficile à un bon ouvrier de ne pas
aimer ses meilleures œuvres. Dieu ne veut que notre bonheur avec
Lui. Cela aussi, c'est sûr. Il connaît nos refus. Alors, pourquoi
nous laisse-t-il faire? Nous aurait-Il, comme certains l'ont pensé
ou le pensent encore, nous aurait-Il prédestinés?
Nous devons affirmer
ici que la prédestination concernant notre salut ou notre
condamnation n'existe pas, car Dieu tient à notre liberté; et si
nous sommes libres, nous ne sommes pas prédestinés. Le mystère est
incroyable, inexplicable, incompréhensible pour nos intelligences
humaines. Brusquement nous constatons que les hommes ne peuvent pas
se mettre à la place de Dieu. Tant qu'ils sont sur la terre, ils
doivent accepter les limites que le Seigneur leur a données. Cela
est si complexe que même Jésus, le Verbe incarné, a connu durant sa
Passion, sinon les défaillances humaines, du moins quelques moments
d'atroce incertitude. Jésus devait connaître tout de l'homme pour le
sauver de tout ce qui pouvait l'empêcher d'aller à Dieu. Jésus
devait connaître toutes les souffrances de nos ténèbres mortelles,
mais sans y succomber, pour nous montrer qu'il était possible de les
surmonter et que la grâce de Dieu était plus forte que les attaques
des ténèbres.
Jésus devait tout
connaître de nous pour nous sauver tous. Alors, nous nous trouvons
en face de nouvelles réflexions. Jésus nous a dit: "Ne jugez pas,
pour n'être pas jugés." Cela signifie-t-il que chaque homme
ayant été créé pour remplir une fonction dans le Corps mystique du
Christ, Corps qui pour nous est encore en construction mais qui est
déjà achevé pour Dieu, cela signifie-t-il que même ceux que nous
croyons être, sur la terre, les plus criminels des hommes, auront
aussi leur place dans cette grande Œuvre divine?
5-Dieu envoie son Fils
Dieu créa l'univers et
les anges... puis Il créa l'homme, et Dieu trouva que l'homme
"était très bon". Et Dieu aima l'homme qu'Il destinait à la
construction du Corps mystique de son Christ. Mais Lucifer, l'ange
révolté trompa l'homme qui, librement, pécha et devint très
malheureux. Cependant, Dieu qui voulait l'homme heureux, envoya son
Verbe le racheter, le sauver, le rendre à sa vocation.
De plus, Dieu nous aime
individuellement malgré notre réelle petitesse; cela, nous le
comprenons mal car nous ne connaissons pas l'invisible, et donc nous
ne pouvons pas "voir" les yeux de Dieu. Mais poursuivons notre
difficile raisonnement: comme l'amour exige la liberté, malgré les
dangers que cette liberté présente pour les hommes, Dieu nous l'a
conservée pour que notre amour soit authentique. L'homme vivant sur
la terre, est dans le temps terrestre, tout en étant déjà dans
l'éternité, car Dieu est dans l'éternité et l'homme est en Dieu. Ô,
que de mystères pour les pauvres hommes qui sont encore en formation
sur la terre! Que de mystères en Dieu!
Dieu voulait que chaque
homme soit individuellement libre afin d'être capable de L'aimer et
de connaître le bonheur, malgré le péché qui l'affaiblissait. Pour
que l'homme connaisse le bonheur, il devait connaître Dieu, mais à
cause du péché, cela n'était plus possible... Aussi Dieu vint-Il au
secours des hommes en Leur envoyant son Fils. Mais pour que les
hommes "voient" l'amour que Dieu a pour lui, le Fils de Dieu
s'incarna dans une chair humaine et vécut une authentique vie
humaine, avec toutes ses joies, ses petits bonheurs, mais aussi
toutes ses peines, toutes ses douleurs et toutes ses détresses.
Ainsi, nous pourrions voir, toucher et connaître Dieu. Nous
pourrions "contacter" Dieu.
6-Le Fils de Dieu vit avec les hommes
Jésus, le Fils de Dieu
a vécu avec les hommes de son peuple, le peuple juif. Il a aimé ses
concitoyens et leurs souffrances et leurs difficultés. Et Jésus a
vite compris que ce peuple (et pas seulement ce peuple) était un
peuple à la nuque raide, et qu'en conséquence, Il devrait
poursuivre, pour tous les hommes du monde et de tous les siècles,
l'éducation que le Père avait commencée avec les juifs. Jésus voulut
aussi montrer aux hommes qu'Il prenait sur Lui toutes leurs
souffrances, et tous leurs péchés, car ils étaient irrémédiablement
incapables de le faire.
Pourtant, il était
indispensable que les hommes participent aussi, au moins un peu, à
l'œuvre de leur salut, puisque les pécheurs, c'étaient eux... Et
cela tout au long des siècles qui viendraient après Jésus. Mais il y
a ici deux grandes difficultés, deux grands mystères: aucun homme
n'est capable de se sauver lui-même, tout seul, sans l'aide de Dieu;
aucun homme n'est capable de porter le poids de la souffrance
rédemptrice assumée par Jésus. Que faire? Et comment exprimer tous
ces mystères?
Parfois le Seigneur,
"parlant" à ses saints, utilise certaines expressions que nous ne
comprenons pas très bien: ainsi, que signifie "partager la
souffrance" de Jésus, souffrance qui est si grande pour nous qui
sommes si petits. Par ailleurs, Dieu peut-Il encore souffrir, et
comment pouvons partager sa peine, alors que Lui est Dieu et, que,
dans son éternité, Il ne peut pas souffrir... Que signifie alors
cette expression de compassion que l'on trouve assez fréquemment
dans les écrits des saints rapportant l'Agonie du Christ: "Je
veux consoler Jésus." ?
7-Consoler Jésus à Gethsémani
Nous savons que la
souffrance de Jésus-Christ fut infinie durant toute sa Passion, et
d'abord à Gethsémani. Mais nous savons aussi que c'est cette
souffrance que nous devons partager avec Jésus, car son infinie
bonté désire que, nous aussi, nous participions, oh! à notre échelle
et à notre taille, à notre propre salut et au salut du monde. Mais
cela nous place devant un étrange mystère. Ainsi, nous qui vivons au
vingt et unième siècle, comment pouvons-nous être à côté de Jésus, à
Gethsémani, et Le consoler, c'est à dire, compatir à ses infinies
souffrances, et Le laisser nous en partager une infiniment petite
miette, une parcelle à notre taille? Or, Jésus confie parfois à ses
saints un atome des souffrances qu'Il vécut sur la terre, un atome
seulement, afin qu'ils puissent, avec sa grâce, réussir à la
porter... et à participer à la rédemption du monde.
Certaines prières
adressées au Sacré-Cœur disent à Jésus: "Je veux vous consoler".
Mais comment des hommes, infimes créatures, souillées aussi par le
péché, comment des hommes pourraient-ils consoler Jésus, alors que
la plupart du temps ce sont ces mêmes hommes qui appellent au
secours? Les hommes appellent constamment Dieu à leur secours; ils
Le supplie de distribuer ses grâces à tous les hommes qui ne Le
connaissent pas, et voici qu'ils veulent Le consoler!!! Nous sommes
encore une fois en plein mystère... Et pourtant nous devons penser
que Jésus, qui, aujourd'hui, notre aujourd'hui à nous, est "assis
à la droite du Père", vit aussi dans l'éternité, dans l'éternel
présent de Dieu. Donc, Gethsémani, pour Jésus-Christ, c'est
aujourd'hui, c'est en ce moment...
Ainsi, toute la vie
terrestre de Jésus, sa vie de Verbe incarné, ses enseignements, ses
souffrances et ses joies quotidiennes, sa Passion et sa mort, c'est
aujourd'hui, c'est maintenant, c'est en ce moment qu'Il les vit. Et
nous qui aimons Jésus, nous sommes avec Lui sur les chemins de
Palestine, nous sommes avec Lui à Gethsémani, tout en étant toujours
sur la terre... Si donc c'est aujourd'hui que Jésus vit, Il vit avec
nous, nous pouvons donc Le contacter... À moins que, en Dieu qui est
leur milieu vital, les créatures que nous sommes et qui vivent dans
le temps, soient déjà en l'éternité? Elles peuvent alors contacter
Dieu.
8-Quand on agite son milieu vital
Les créatures peuvent
contacter Dieu... mais elles doivent d'abord agiter leur milieu
vital qui est Dieu. Nous savons que Dieu nous aime, que sa
miséricorde est infinie; pourtant quand les nouvelles du monde nous
arrivent, elles nous consternent de plus en plus. Le vice, sous des
formes effrayantes, se répand de plus en plus, et nous ne pouvons
plus regarder les petits enfants sans avoir envie de pleurer. Que
vont-ils devenir, quelles saletés va-t-on leur enseigner? Alors, à
travers nos larmes, nous implorons notre Seigneur:
-Par pitié, Seigneur!
ouvre leurs cœurs! Fais qu'ils Te connaissent! Ces petits, ce sont
aussi tes enfants, aie pitié d'eux, de leur pureté qui sera bientôt
souillée. Et s'ils deviennent un jour de grands pécheurs, ce ne sera
pas de leur faute...
Notre tristesse est
grande quand nous voyons tous ces petits. Nous ne cessons de nous
répéter: "Il faut espérer." Espérer, oui, mais en agissant et pas en
disant qu'on n'y peut rien! C'était annoncé dit-on encore. Le Petit
Reste était prévu... Pourtant beaucoup de chrétiens ne peuvent pas
s'habituer à ce Petit Reste. Ce qui les intéresse, c'est le Grand
Reste... Et ces chrétiens prient:
-Seigneur, fais vite
quelque chose pour le Grand Reste. Fais-le vite, car tant d'âmes se
perdent! Seigneur, oui, nous espérons, mais notre espérance est dans
le noir. Nous ne pouvons plus supporter tous ces pauvres gens qui
s'en vont errants car plus personne ne les évangélise. Seigneur, aie
pitié d'eux et de nous. Et aide-nous à évangéliser, à annoncer ta
Bonne Nouvelle, avec les dons que Tu distribues à chacun de nous.
Seigneur aide-nous, viens nous sauver, nous n'en pouvons plus!
Seigneur, nous nous
sommes bien agités... Est-ce notre milieu vital que nous avons
agité? Jésus, nous "sentons" de plus en plus notre détresse à cause
de la tienne à Gethsémani. Or, à Gethsémani, le Père vint Te
soutenir. Alors, de temps en temps, viens soutenir tes prêtres
affligés, tes enfants aux abois, tes pauvres qui T'espèrent.
Seigneur, nous avons tous tellement besoin de Toi, de Toi qu'on a
chassé de nos sociétés dites "de progrès", mais qui régressent
spirituellement à un rythme diabolique. Nos sociétés ont remplacé le
Dieu vivant par des idoles mortes: il nous semble parfois vivre les
temps antiques où l'homme multipliait les dieux sans voix, les dieux
inertes et pourtant affamés de sang humain.
Seigneur, notre douleur
est immense et notre tristesse aussi. Nous pleurons sur tes petits
enfants: vite, Seigneur, viens les sauver!
9-Trouver Dieu
Parfois notre cœur est
triste, très triste à cause de nouvelles lois iniques qui se
propagent partout, à cause des persécutions dont souffrent tant de
chrétiens, à cause des attaques contre l'Église et maintenant, des
églises, notamment en France et en Espagne, et même au Brésil...
Mais les médias n'en disent pas un mot. La franc-maçonnerie est de
plus en plus virulente, et tout le monde se tait... Quant à l'islam,
mieux vaut n’en pas parler… Il est parfois bien difficile de
comprendre une religion aussi pleine de haine... Cependant, il nous
arrive, en lisant des revues ou des livres, de trouver des phrases
qui nous comblent de joie. Ainsi, peu de temps avant d’aller vers sa
Passion, Jésus dit à ses apôtres qu’Il désirait que « sa joie
soit en eux, et qu'ils soient comblés de joie! » Évidemment,
cela nous concerne aussi, mais demande réflexion ainsi qu'une
relecture de l’Évangile de saint Jean.
Jean, dans son
Évangile, ne raconte pas l'institution de l'Eucharistie. Par contre,
nous savons que Jésus vient de laver les pieds de ses disciples et
qu'Il a commencé son long discours d'adieu appelé "discours après
la Cène". Dans peu de temps Il sortira de la salle du Cénacle et
se dirigera vers le Jardin des Oliviers où commencera son agonie.
Jésus sait ce qui va lui arriver dans moins de deux ou trois heures.
Il sait que bientôt Il sera torturé et atrocement et crucifié... et
Il parle de la joie qu’Il nous donne et dont Il veut nous combler.
Nouveau mystère pour nous...
Jésus vient de s'offrir
au Père qu'Il loue. Sa joie, humaine et divine, est immense. Et
comme toutes les joies, celle-ci doit être partagée. Jésus partage
sa joie, avec abondance, d'abord avec ses disciples présents, puis
avec tous ceux qui l'aimeront tout au long des siècles. Ainsi, nous
aussi, nous pourrons être comblés de la joie de Jésus. Mais, petite
remarque au passage: pour être dans l'amour du Père et être comblés
de la joie du Fils, il nous faut être fidèles aux commandements du
Père... Car les commandements de Dieu sont la seule véritable source
du bonheur.
Jésus, juste avant de
partir pour sa Passion, nous comble de sa joie. Étrange! Jésus est
comblé de joie alors que dans deux heures à peine, Il croulera sous
les horreurs de son Agonie. Comment peut-on être si plein de joie et
bientôt faiblir sous le poids d'une agonie sans précédent? Jésus
nous sauve, tous; comme Il nous délivre du péché qui broie le monde,
Il est infiniment heureux dans sa divinité, et son humanité, à ce
moment, est aussi comblée de joie. Il peut aller vers sa Passion.
Mais, dès que Jésus est
arrivé à Gethsémani, Il s'éloigne un peu et commence à porter le
poids du péché des hommes. Il sait que le péché continuera, au cours
des siècles, à envahir le monde. Jésus voit les guerres, les haines,
la corruption généralisée. Et une infinie tristesse L'envahit. Jésus
implore le Père qui envoie son ange pour consoler son Fils et Lui
rendre ses forces, car la Rédemption doit se faire. De nouveau Jésus
est heureux car Il va donner sa vie pour nous sauver, mettant en
application ce qu'Il avait dit peu de temps auparavant: "Il n'y a
pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime"
Jésus va donner sa vie car Il nous aime infiniment. Comme tout
ce qui touche à Dieu est infini, l'amour de Jésus, Dieu et homme,
est infini. Mais Jésus-homme devait connaître obligatoirement les
limites humaines; c'est pourquoi Jésus avait faibli, non dans sa
volonté, mais dans sa chair, dans son humanité. "Père! Que ce
calice passe loin de Moi... Mais que ta volonté soit faite!"
La souffrance humaine
de Jésus est horrible. Le calice qu'Il doit boire est insupportable.
Et voici que celui qui aime vraiment Dieu se dit: "Mais ce calice de
Jésus, qui momentanément, brisa son humanité, c'est nous qui le lui
avions préparé? C'est moi aussi!!!" Nous sommes désemparés...
Certes, il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour
ceux qu'on aime; mais il n'y a pas de souffrance pire que celle
infligée par ceux que l'on aime et qui, malheureusement, oublient
souvent d'aimer en retour. Car l'amour pour être bonheur et joie,
doit être partagé. Jésus nous aime, Jésus m'aime... Mais est-ce que
nous aimons Jésus? Est-ce que je L'aime?
10-Pleurer dans l'espérance
Seigneur, nous sommes
atterrés quand nous regardons ce qui s'est passé tout au long des
siècles, et surtout durant les derniers siècles. L'épouvante nous
saisit et nous sommes encore plus horrifiés quand nous voyons que ce
sont les générations des 20ème et début du 21ème
siècles qui ont chassé Dieu. On a chassé Dieu en Allemagne avec
Hitler... On a chassé Dieu dans les pays communistes, et cela dure
encore en Chine et en Corée. On voit, en France, l'impérialisme de
la franc-maçonnerie et de l'athéisme; on voit l'islam qui s'impose
partout et de plus en plus; certes, l'islam ne chasse pas Dieu, mais
le Dieu de l'islam n'est pas le vrai Dieu, car le vrai Dieu est Dieu
d'amour et non de haine...
Nous sommes de plus en
plus dans les ténèbres, et les ténèbres du monde nous écrasent.
Seigneur, que vont devenir tous ces hommes qui ne Te connaissent
pas? Jésus, nous sommes dépassés et nous ne comprenons pas. Comment
peut-on mépriser ainsi Celui qui nous aime et ne nous veut que du
bien? Comment peut-on martyriser encore et toujours davantage ceux
qui écoutent et mettent en pratique le grand commandement de Dieu:
"Aimez-vous les uns les autres!... Aimez-vous comme Je vous ai
aimés..." Nous regardons notre monde et nous sommes si tristes.
Et nous nous sentons coupables de n'avoir rien su faire pour aller à
l'encontre des idées néfastes qui ont détruit le 20ème
siècle, et qui commencent déjà à blesser cruellement le 21ème
siècle.
Mon Seigneur, mon cœur
pleure... Comment avoir encore un peu d'espérance et de joie quand
tout ce qui fait le bonheur des hommes: la morale et les
commandements d'amour de Dieu, s'écroulent partout? Certes, il y a
parfois quelques frémissements, quelques raisons d'espérer: on voit
des vocations éclore dans les ordres nouveaux et charismatiques qui
furent si décriés, ou dans ceux que l'on a tellement cherché à
détruire. Des yeux s'ouvrent, mais encore très peu... Seigneur,
viens nous sauver, nous Te prions! Seigneur aie pitié de tes
enfants, de tous tes enfants. Seigneur, au secours! Nous périssons!
Redonne-nous la foi, et donne à tes prêtres, à tes religieux et à
tous les chrétiens, la foi qui déplace les montagnes!
Seigneur, ouvre le cœur
de tous tes enfants. Ouvre leur intelligence afin qu'ils comprennent
et qu'ils 'sentent' que Tu existes et que Tu nous aimes... Oui,
Seigneur, il nous semble indispensable, pour Te connaître et croire
à ton existence tout près de nous et à ton amour pour nous, il nous
paraît indispensable et urgent de cesser de dire: 'Nous n'avons pas
besoin de sentir Dieu', mais au contraire de crier: Seigneur nous
avons besoin de Vous, un besoin urgent; et comme, étant des hommes
nous ne pouvons connaître que par nos sens, Seigneur, révélez-vous à
tous vos enfants, faites-nous sentir votre bonté et votre amour!
Seigneur, inondez-nous de votre espérance, de votre Esprit de
Pentecôte!
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