“CONTACTER” DIEU

1-Le besoin de Dieu

Une chose est sûre : nous tenons tout de Dieu et Il est notre vie. Sans Lui, nous n'existons pas. Chaque homme, dans son extrême petitesse, malgré son état de pécheur vivant au milieu d'autres hommes pécheurs, a un extrême besoin de Dieu, il ne peut pas se passer de Dieu. Alors pourquoi tant de personnes, dans l'Église, affirment-elles souvent que, “l'on n'a pas besoin de ‘sentir’ Dieu”. Ne devrions-nous pas affirmer, au contraire, que nous avons absolument besoin de Dieu, que nous ne pouvons pas nous passer de LUI ? Cela signifie donc clairement que nous avons besoin d'avoir des contacts avec Dieu. Mais quels genres de contacts ?

Beaucoup de nos contemporains ne connaissent plus Dieu, surtout dans nos sociétés ex-chrétiennes. Au passage, il nous faut reconnaître que l'on n'enseigne plus Dieu et que Dieu semble bien loin... En conséquence, notre société, comblée à l'excès de biens matériels, estime qu'elle n'a pas besoin de Dieu, qu'elle se suffit à elle-même, et que les malheurs sont dus au hasard, la nature étant totalement en dehors des problèmes humains. D'ailleurs, si Dieu existait, ces malheurs n'arriveraient pas...

Parfois, on peut se demander si, depuis une cinquantaine d'années,  l'Église n'a pas un peu emboîté le pas à ces affirmations matérialistes et athées. Dieu? On n'a pas besoin de Le sentir. Il faut savoir se passer de l'Eucharistie[1]... Il faut d'abord aller vers les plus pauvres. Et puis, toutes les religions se valent, et Dieu étant le même pour tous, il faut respecter toutes les croyances. Pourtant Jésus avait bien ordonné à ses apôtres: "Allez! Enseignez toutes les nations. Baptisez-les au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit." Pourquoi n'écoute-t-on plus les enseignements de l'Évangile? Et pourquoi certaines vérités concernant par exemple le péché ou l'enfer, sont-elles si souvent édulcorées, voire éliminées?

Dieu est miséricordieux dit-on, et Il nous pardonnera. Oui, bien sûr, mais Il est juste aussi. Aujourd'hui, on est bien obligé de constater que la plupart de nos contemporains, plus ou moins désemparés, vont à droite et à gauche, à la drogue, à l'alcool, ou dans les sectes... et un jour ils s'aperçoivent que leur vie n'a aucun sens. Et c'est l'angoisse, le désespoir, la déprime, parfois jusqu'au suicide. Que faire ? Comment redonner l'espérance à ceux qui se sentent perdus?

Essayons de nous tourner vers le Seigneur. Nous  avons  besoin de Dieu; cela est incontestable parce que c'est Dieu qui nous donne la vie, et nous ne pouvons pas vivre sans Dieu, car cela est vital. Souvent, les chrétiens fervents ont besoin de le dire, de le crier, de le chanter. Parfois aussi, ils ont besoin de dire à Jésus qu'ils L'aiment... Ils le disent et le chantent comme à la personne qu'ils aiment le plus au monde. Et ensuite, tout naturellement ils retournent pleins de joie et d'amour, vers leurs frères et la vie de tous les jours. Et ils sont heureux. Et ils se sentent heureux...

2-“Sentir” ou “contacter” Dieu

Alors, pourquoi tant de gens ont-ils peur de "sentir" Dieu, alors que tant d'autres en éprouvent un intense besoin? Ne nous trouverions-nous pas devant un problème de vocabulaire? Des explications sont ici nécessaires. Tout d'abord, il ne faut pas confondre l'expression "sentir Dieu" avec les sensations. Nos contemporains, croyants ou non, ne parlent plus que de sensations. Pour eux, le verbe "sentir" n'exprime plus que des sensations matérielles, corporelles donc sensuelles au sens large et pas seulement liées au sexe. L'homme, être charnel, n'a que ses sens comme seuls moyens de communication; il ne voit qu'avec ses yeux, n'entend qu'avec ses oreilles, ne goûte qu'avec sa langue, et ne sent qu'avec son nez. On pourrait ajouter: les corps ne peuvent connaître la nature de quelque chose que s'ils la touchent. C'est seulement par contact que les mains connaissent la nature d'un tissu, d'un légume, d'un objet.

Pour connaître quelque chose, l'homme a besoin d'un contact. Alors, pourquoi, lorsqu'il s'agit de Dieu, notre créateur et Père, pourquoi n'aurions-nous pas besoin d'un contact? Les spécialistes qui étudient les vies et les spiritualités des saints sont unanimes: tous les saints, absolument tous, ont eu des contacts avec Dieu. Certains ont "vu" des lumières resplendissantes qui pourtant ne les éblouissaient pas. D'autres ont entendu des voix, intérieures le plus souvent. Certains ont "senti" des parfums. La sainteté de la vie des saints, canonisés ou déclarés bienheureux, est telle qu'elle exclut, de leur part, toute tentation de tromper leur entourage: ils ont vraiment vu, entendu, senti. Mais, on doit constater aussi que, le plus souvent, ces grâces "sensibles" sont comme une force donnée pour accomplir une mission importante désirée par Dieu,  une mission particulière, lourde et difficile charge. Même aujourd'hui, on n'ose pas mettre en doute les paroles des saints... Et on accepte les témoignages des témoins, car c'étaient des saints... Mais les hommes plus ordinaires, les personnes du commun, pourquoi n'auraient-ils pas, eux aussi, le droit d'avoir des contacts avec Dieu?

Les scientifiques sont toujours contraints d'apporter des preuves, par des expériences dûment contrôlées, aux hypothèses qu'ils émettent, afin que l'hypothèse puisse devenir une théorie non contestable. Il y a beaucoup de vérités invisibles, beaucoup de forces cachées dans l'univers, des forces jusqu'ici indétectables que nous découvrons peu à peu, parce que nous commençons à avoir des instruments capables de les mettre en évidence. Pourquoi n'en serait-il pas de même avec Dieu? De plus en plus souvent on entend des gens, des personnes qui ont vécu de vraies conversions, dire: "J'ai fait une rencontre!" Que peuvent bien être ces rencontres, très difficiles à expliquer, sinon un contact avec Dieu?

3-Dieu, notre milieu vital

Réfléchissons... Des contacts avec Dieu, pourquoi n'en aurions-nous pas puisque nous sommes en Dieu et que nous vivons de Lui? Alors pourquoi, ces contacts, ne les sentons-nous plus? Il me semble qu'il y a plusieurs raisons à cela: d'abord, parce que Dieu étant notre milieu vital, nous en avons tellement l'habitude que, si nous ne faisons pas un petit effort pour en prendre conscience, nous ne le sentons plus. Prenons un exemple: comme nous avons l'habitude de respirer, nous ne sentons plus l'air que nous respirons, sauf quand nous prenons une grande respiration. N'en serait-il pas de même avec Dieu? Il y a une autre raison bien plus grave: comme nous estimons que nous n'avons pas besoin de sentir Dieu, nous ne faisons pas l'effort nécessaire pour cela. Enfin, il y a le péché qui nous coupe de Dieu. Certes, Dieu continue à nous donner la vie, mais nous refusons son amour: alors Dieu nous laisse à nous-mêmes, à nos misères, à nos insuffisances, à nos vides.

Nos cœurs et nos esprits ont l'habitude de "respirer" Dieu. Nous ne nous apercevons même plus que nous vivons en Dieu. Nous avons l'impression de ne rien sentir, d'être seuls... Que faire? Quel "sens" agiter pour enfin "sentir" Dieu, car nos sens humains, sauf cas très exceptionnels, ne sont pas prévus pour "sentir" Dieu? Quand nos intelligences se recueillent un peu, lorsqu'elles essaient de tendre vers Dieu, de se rapprocher de Dieu dans lequel elles baignent, alors elles comprennent plus de choses... Quand nos intelligences essaient de se recueillir, les sens corporels se ferment sur l'extérieur pour s'ouvrir sur le cœur. Nous essayons de maîtriser nos imaginations qui pourraient nous induire en erreur. Un silence se fait en nous; c'est  le silence de Dieu...

Faisons une petite expérience: nous baignons en Dieu, alors essayons, comme le font nos mains pour agiter l'air, essayons d'agiter notre milieu vital, la présence de Dieu. Mais comment faire? Nos sens humains ne "sentent" rien, ils ne sont faits que pour les sensations matérielles. Comment agiter notre vrai milieu vital, Dieu? Nous ne savons pas comment faire, pourtant nous savons que Dieu est là, que nous L'aimons et qu'Il nous aime.

Heureusement, parfois des images humaines se forment en nous, sortes de paraboles pour nous faire comprendre l'incompréhensible, car seules quelques comparaisons adaptées à une intelligence humaine peuvent faire "voir" l'invisible, "entendre" l'inaudible, "sentir" l'intouchable. Nous ne "sentons" pas, et pourtant, nous savons que Dieu est là.

Et voici que le "miracle" se produit: des phrases de la Bible nous viennent à l'esprit. Nous "entendons" Jésus nous murmurer ses Béatitudes: "Heureux les pauvres de cœur..." Comme le fit l'apôtre Jean, le Bien-Aimé, nous nous blottissons sur la poitrine de Jésus qui nous caresse doucement en disant: "Venez les bénis de mon Père..." C'est peut-être cela "sentir" Dieu. L'Évangile de saint Jean (15, 9-11) est étonnant; écoutons-le: "À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples: 'Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j'ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie'."

4-Un grand mystère

Les hommes seront comblés de la joie de Dieu... Oh! la! la!... Déjà nous entendons les remarques plus ou moins désobligeantes de certains parmi ceux qui lisent, ou liront ce qui précède:

-tout cela n'est que du rêve né d'un immense désir? Mes amis, revenez sur la terre...

En nous-mêmes également, quelque chose nous gêne. Dieu est toujours dans son éternité, et Il regarde, dans sa "Grande Main", toute sa création. Il voit les univers et admire l'extraordinaire mécanique céleste et les temps qui y sont associés. Il voit la terre et son mouvement, donc le temps terrestre dont la référence est le soleil. Et Dieu voit aussi, ce qui est encore plus merveilleux, Dieu voit aussi les petites créatures qu'Il aime particulièrement: les hommes, à qui Il a donné la liberté de Le choisir ou de Le refuser. Dieu voit chacun de ses petits hommes à qui Il confie, individuellement, une mission spécifique. En effet, chaque homme est unique pour Dieu qui construit, avec tous les autres hommes, son Œuvre grandiose: le Corps mystique de son Verbe, son Fils unique. Incroyable mystère!... Stupéfiante volonté de Dieu-Amour!

Mais voici une terrible objection: si Dieu, dans son éternité, voit ce que nous faisons et voulons à chaque instant de notre temps terrestre qui est aussi dans son éternité; si Dieu sait tout de nous: notre passé, notre présent et notre avenir, lesquels sont pour Lui dans son éternel présent; si Dieu voit comment nous marchons selon ses lois et comment, librement, nous nous égarons, pourquoi Dieu nous laisse-t-Il commettre le mal, bien qu'Il le sache?

Dieu nous aime, cela, c'est certain. En effet, il est difficile à un bon ouvrier de ne pas aimer ses meilleures œuvres. Dieu ne veut que notre bonheur avec Lui. Cela aussi, c'est sûr. Il connaît nos refus. Alors, pourquoi nous laisse-t-il faire? Nous aurait-Il, comme certains l'ont pensé ou le pensent encore, nous aurait-Il prédestinés?

Nous devons affirmer ici que la prédestination concernant notre salut ou notre condamnation n'existe pas, car Dieu tient à notre liberté; et si nous sommes libres, nous ne sommes pas prédestinés. Le mystère est incroyable, inexplicable, incompréhensible pour nos intelligences humaines. Brusquement nous constatons que les hommes ne peuvent pas se mettre à la place de Dieu. Tant qu'ils sont sur la terre, ils doivent accepter les limites que le Seigneur leur a données. Cela est si complexe que même Jésus, le Verbe incarné, a connu durant sa Passion, sinon les défaillances humaines, du moins quelques moments d'atroce incertitude. Jésus devait connaître tout de l'homme pour le sauver de tout ce qui pouvait l'empêcher d'aller à Dieu. Jésus devait connaître toutes les souffrances de nos ténèbres mortelles, mais sans y succomber, pour nous montrer qu'il était possible de les surmonter et que la grâce de Dieu était plus forte que les attaques des ténèbres.

Jésus devait tout connaître de nous pour nous sauver tous. Alors, nous nous trouvons en face de nouvelles réflexions. Jésus nous a dit: "Ne jugez pas, pour n'être pas jugés." Cela signifie-t-il que chaque homme ayant été créé pour remplir une fonction dans le Corps mystique du Christ, Corps qui pour nous est encore en construction mais qui est déjà achevé pour Dieu, cela signifie-t-il que même ceux que nous croyons être, sur la terre, les plus criminels des hommes, auront aussi leur place dans cette grande Œuvre divine?

5-Dieu envoie son Fils

Dieu créa l'univers et les anges... puis Il créa l'homme, et Dieu trouva que l'homme "était très bon". Et Dieu aima l'homme qu'Il destinait à la construction du Corps mystique de son Christ. Mais Lucifer, l'ange révolté trompa l'homme qui, librement, pécha et devint très malheureux. Cependant, Dieu qui voulait l'homme heureux, envoya son Verbe le racheter, le sauver, le rendre à sa vocation.

De plus, Dieu nous aime individuellement malgré notre réelle petitesse; cela, nous le comprenons mal car nous ne connaissons pas l'invisible, et donc nous ne pouvons pas "voir" les yeux de Dieu. Mais poursuivons notre difficile raisonnement: comme l'amour exige la liberté, malgré les dangers que cette liberté présente pour les hommes, Dieu nous l'a conservée pour que notre amour soit authentique. L'homme vivant sur la terre, est dans le temps terrestre, tout en étant déjà dans l'éternité, car Dieu est dans l'éternité et l'homme est en Dieu. Ô, que de mystères pour les pauvres hommes qui sont encore en formation sur la terre! Que de mystères en Dieu!

Dieu voulait que chaque homme soit individuellement libre afin d'être capable de L'aimer et de connaître le bonheur, malgré le péché qui l'affaiblissait. Pour que l'homme connaisse le bonheur, il devait connaître Dieu, mais à cause du péché, cela n'était plus possible... Aussi Dieu vint-Il au secours des hommes en Leur envoyant son Fils. Mais pour que les hommes "voient" l'amour que Dieu a pour lui, le Fils de Dieu s'incarna dans une chair humaine et vécut une authentique vie humaine, avec toutes ses joies, ses petits bonheurs, mais aussi toutes ses peines, toutes ses douleurs et toutes ses détresses. Ainsi, nous pourrions voir, toucher et connaître Dieu. Nous pourrions "contacter" Dieu.

6-Le Fils de Dieu vit avec les hommes

Jésus, le Fils de Dieu a vécu avec les hommes de son peuple, le peuple juif. Il a aimé ses concitoyens et leurs souffrances et leurs difficultés. Et Jésus a vite compris que ce peuple (et pas seulement ce peuple) était un peuple à la nuque raide, et qu'en conséquence, Il devrait poursuivre, pour tous les hommes du monde et de tous les siècles, l'éducation que le Père avait commencée avec les juifs. Jésus voulut aussi montrer aux hommes qu'Il prenait sur Lui toutes leurs souffrances, et tous leurs péchés, car ils étaient irrémédiablement incapables de le faire.

Pourtant, il était indispensable que les hommes participent aussi, au moins un peu, à l'œuvre de leur salut, puisque les pécheurs, c'étaient eux... Et cela tout au long des siècles qui viendraient après Jésus. Mais il y a ici deux grandes difficultés, deux grands mystères: aucun homme n'est capable de se sauver lui-même, tout seul, sans l'aide de Dieu; aucun homme n'est capable de porter le poids de la souffrance rédemptrice assumée par Jésus. Que faire? Et comment exprimer tous ces mystères?

Parfois le Seigneur, "parlant" à ses saints, utilise certaines expressions que nous ne comprenons pas très bien: ainsi, que signifie "partager la souffrance" de Jésus, souffrance qui est si grande pour nous qui sommes si petits. Par ailleurs, Dieu peut-Il encore souffrir, et comment pouvons partager sa peine, alors que Lui est Dieu et, que, dans son éternité, Il ne peut pas souffrir... Que signifie alors cette expression de compassion que l'on trouve assez fréquemment dans les écrits des saints rapportant l'Agonie du Christ: "Je veux consoler Jésus." ?

7-Consoler Jésus à Gethsémani

Nous savons que la souffrance de Jésus-Christ fut infinie durant toute sa Passion, et d'abord à Gethsémani. Mais nous savons aussi que c'est cette souffrance que nous devons partager avec Jésus, car son infinie bonté désire que, nous aussi, nous participions, oh! à notre échelle et à notre taille, à notre propre salut et au salut du monde. Mais cela nous place devant un étrange mystère. Ainsi, nous qui vivons au vingt et unième siècle, comment pouvons-nous être à côté de Jésus, à Gethsémani, et Le consoler, c'est à dire, compatir à ses infinies souffrances, et Le laisser nous en partager une infiniment petite miette, une parcelle à notre taille? Or, Jésus confie parfois à ses saints un atome des souffrances qu'Il vécut sur la terre, un atome seulement, afin qu'ils puissent, avec sa grâce, réussir à la porter... et à participer à la rédemption du monde.

Certaines prières adressées au Sacré-Cœur disent à Jésus: "Je veux vous consoler". Mais comment des hommes, infimes créatures, souillées aussi par le péché, comment des hommes pourraient-ils consoler Jésus, alors que la plupart du temps ce sont ces mêmes hommes qui appellent au secours? Les hommes appellent constamment Dieu à leur secours; ils Le supplie de distribuer ses grâces à tous les hommes qui ne Le connaissent pas, et voici qu'ils veulent Le consoler!!! Nous sommes encore une fois en plein mystère... Et pourtant nous devons penser que Jésus, qui, aujourd'hui, notre aujourd'hui à nous, est "assis à la droite du Père", vit aussi dans l'éternité, dans l'éternel présent de Dieu. Donc, Gethsémani, pour Jésus-Christ, c'est aujourd'hui, c'est en ce moment...

Ainsi, toute la vie terrestre de Jésus, sa vie de Verbe incarné, ses enseignements, ses souffrances et ses joies quotidiennes, sa Passion et sa mort, c'est aujourd'hui, c'est maintenant, c'est en ce moment qu'Il les vit. Et nous qui aimons Jésus, nous sommes avec Lui sur les chemins de Palestine, nous sommes avec Lui à Gethsémani, tout en étant toujours sur la terre... Si donc c'est aujourd'hui que Jésus vit, Il vit avec nous, nous pouvons donc Le contacter... À moins que, en Dieu qui est leur milieu vital, les créatures que nous sommes et qui vivent dans le temps, soient déjà en l'éternité? Elles peuvent alors contacter Dieu.  

8-Quand on agite son milieu vital

Les créatures peuvent contacter Dieu... mais elles doivent d'abord agiter leur milieu vital qui est Dieu. Nous savons que Dieu nous aime, que sa miséricorde est infinie; pourtant quand les nouvelles du monde nous arrivent, elles nous consternent de plus en plus. Le vice, sous des formes effrayantes, se répand de plus en plus, et nous ne pouvons plus regarder les petits enfants sans avoir envie de pleurer. Que vont-ils devenir, quelles saletés va-t-on leur enseigner? Alors, à travers nos larmes, nous implorons notre Seigneur:

-Par pitié, Seigneur! ouvre leurs cœurs! Fais qu'ils Te connaissent! Ces petits, ce sont aussi tes enfants, aie pitié d'eux, de leur pureté qui sera bientôt souillée. Et s'ils deviennent un jour de grands pécheurs, ce ne sera pas de leur faute...

Notre tristesse est grande quand nous voyons tous ces petits. Nous ne cessons de nous répéter: "Il faut espérer." Espérer, oui, mais en agissant et pas en disant qu'on n'y peut rien! C'était annoncé dit-on encore. Le Petit Reste était prévu... Pourtant beaucoup de chrétiens ne peuvent pas s'habituer à ce Petit Reste. Ce qui les intéresse, c'est le Grand Reste... Et ces chrétiens prient:

-Seigneur, fais vite quelque chose pour le Grand Reste. Fais-le vite, car tant d'âmes se perdent! Seigneur, oui, nous espérons, mais notre espérance est dans le noir. Nous ne pouvons plus supporter tous ces pauvres gens qui s'en vont errants car plus personne ne les évangélise. Seigneur, aie pitié d'eux et de nous. Et aide-nous à évangéliser, à annoncer ta Bonne Nouvelle, avec les dons que Tu distribues à chacun de nous. Seigneur aide-nous, viens nous sauver, nous n'en pouvons plus!

Seigneur, nous nous sommes bien agités... Est-ce notre milieu vital que nous avons agité? Jésus, nous "sentons" de plus en plus notre détresse à cause de la tienne à Gethsémani. Or, à Gethsémani, le Père vint Te soutenir. Alors, de temps en temps, viens soutenir tes prêtres affligés, tes enfants aux abois, tes pauvres qui T'espèrent. Seigneur, nous avons tous tellement besoin de Toi, de Toi qu'on a chassé de nos sociétés dites "de progrès", mais qui régressent spirituellement à un rythme diabolique. Nos sociétés ont remplacé le Dieu vivant par des idoles mortes: il nous semble  parfois vivre les temps antiques où l'homme multipliait les dieux sans voix, les dieux inertes et pourtant affamés de sang humain.

Seigneur, notre douleur est immense et notre tristesse aussi. Nous pleurons sur tes petits enfants: vite, Seigneur, viens les sauver!

9-Trouver Dieu

Parfois notre cœur est triste, très triste à cause de nouvelles lois iniques qui se propagent partout, à cause des persécutions dont souffrent tant de chrétiens, à cause des attaques contre l'Église et maintenant, des églises, notamment en France et en Espagne, et même au Brésil... Mais les médias n'en disent pas un mot. La franc-maçonnerie est de plus en plus virulente, et tout le monde se tait... Quant à l'islam, mieux vaut n’en pas parler… Il est parfois bien difficile de comprendre une religion aussi pleine de haine... Cependant, il nous arrive, en lisant des revues ou des livres, de trouver des phrases qui nous comblent de joie. Ainsi, peu de temps avant d’aller vers sa Passion, Jésus dit à ses apôtres qu’Il désirait que « sa joie soit en eux, et qu'ils soient comblés de joie! » Évidemment, cela nous concerne aussi, mais demande réflexion ainsi qu'une relecture de l’Évangile de saint Jean.

Jean, dans son Évangile, ne raconte pas l'institution de l'Eucharistie. Par contre, nous savons que Jésus vient de laver les pieds de ses disciples et qu'Il a commencé son long discours d'adieu appelé "discours après la Cène". Dans peu de temps Il sortira de la salle du Cénacle et se dirigera vers le Jardin des Oliviers où commencera son agonie. Jésus sait ce qui va lui arriver dans moins de deux ou trois heures. Il sait que bientôt Il sera torturé et atrocement et crucifié... et Il parle de la joie qu’Il nous donne et dont Il veut nous combler. Nouveau mystère pour nous...

Jésus vient de s'offrir au Père qu'Il loue. Sa joie, humaine et divine, est immense. Et comme toutes les joies, celle-ci doit être partagée. Jésus partage sa joie, avec abondance, d'abord avec ses disciples présents, puis avec tous ceux qui l'aimeront tout au long des siècles. Ainsi, nous aussi, nous pourrons être comblés de la joie de Jésus. Mais, petite remarque au passage: pour être dans l'amour du Père et être comblés de la joie du Fils, il nous faut être fidèles aux commandements du Père... Car les commandements de Dieu sont la seule véritable source du bonheur.

Jésus, juste avant de partir pour sa Passion, nous comble de sa joie. Étrange! Jésus est comblé de joie alors que dans deux heures à peine, Il croulera sous les horreurs de son Agonie. Comment peut-on être si plein de joie et bientôt faiblir sous le poids d'une agonie sans précédent? Jésus nous sauve, tous; comme Il nous délivre du péché qui broie le monde, Il est infiniment heureux dans sa divinité, et son humanité, à ce moment, est aussi comblée de joie. Il peut aller vers sa Passion.

Mais, dès que Jésus est arrivé à Gethsémani, Il s'éloigne un peu et commence à porter le poids du péché des hommes. Il sait que le péché continuera, au cours des siècles, à envahir le monde. Jésus voit les guerres, les haines, la corruption généralisée. Et une infinie tristesse L'envahit. Jésus implore le Père qui envoie son ange pour consoler son Fils et Lui rendre ses forces, car la Rédemption doit se faire. De nouveau Jésus est heureux car Il va donner sa vie pour nous sauver, mettant en application ce qu'Il avait dit peu de temps auparavant: "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime" Jésus va donner sa vie car Il nous aime infiniment. Comme tout ce qui touche à Dieu est infini, l'amour de Jésus, Dieu et homme, est infini. Mais Jésus-homme devait connaître obligatoirement les limites humaines; c'est pourquoi Jésus avait faibli, non dans sa volonté, mais dans sa chair, dans son humanité. "Père! Que ce calice passe loin de Moi... Mais que ta volonté soit faite!"

La souffrance humaine de Jésus est horrible. Le calice qu'Il doit boire est insupportable. Et voici que celui qui aime vraiment Dieu se dit: "Mais ce calice de Jésus, qui momentanément, brisa son humanité, c'est nous qui le lui avions préparé? C'est moi aussi!!!" Nous sommes désemparés... Certes, il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime; mais il n'y a pas de souffrance pire que celle infligée par ceux que l'on aime et qui, malheureusement, oublient souvent d'aimer en retour. Car l'amour pour être bonheur et joie, doit être partagé. Jésus nous aime, Jésus m'aime... Mais est-ce que nous aimons Jésus? Est-ce que je L'aime?

10-Pleurer dans l'espérance

Seigneur, nous sommes atterrés quand nous regardons ce qui s'est passé tout au long des siècles, et surtout durant les derniers siècles. L'épouvante nous saisit et nous sommes encore plus horrifiés quand nous voyons que ce sont les générations des 20ème et début du 21ème siècles qui ont chassé Dieu. On a chassé Dieu en Allemagne avec Hitler... On a chassé Dieu dans les pays communistes, et cela dure encore en Chine et en Corée. On voit, en France, l'impérialisme de la franc-maçonnerie et de l'athéisme; on voit l'islam qui s'impose partout et de plus en plus; certes, l'islam ne chasse pas Dieu, mais le Dieu de l'islam n'est pas le vrai Dieu, car le vrai Dieu est Dieu d'amour et non de haine...

Nous sommes de plus en plus dans les ténèbres, et les ténèbres du monde nous écrasent. Seigneur, que vont devenir tous ces hommes qui ne Te connaissent pas? Jésus, nous sommes dépassés et nous ne comprenons pas. Comment peut-on mépriser ainsi Celui qui nous aime et ne nous veut que du bien? Comment peut-on martyriser encore et toujours davantage ceux qui écoutent et mettent en pratique le grand commandement de Dieu: "Aimez-vous les uns les autres!... Aimez-vous comme Je vous ai aimés..." Nous regardons notre monde et nous sommes si tristes. Et nous nous sentons coupables de n'avoir rien su faire pour aller à l'encontre des idées néfastes qui ont détruit le 20ème siècle, et qui commencent déjà à blesser cruellement le 21ème siècle.

Mon Seigneur, mon cœur pleure... Comment avoir encore un peu d'espérance et de joie quand tout ce qui fait le bonheur des hommes: la morale et les commandements d'amour de Dieu, s'écroulent partout? Certes, il y a parfois quelques frémissements, quelques raisons d'espérer: on voit des vocations éclore dans les ordres nouveaux et charismatiques qui furent si décriés, ou dans ceux que l'on a tellement cherché à détruire. Des yeux s'ouvrent, mais encore très peu... Seigneur, viens nous sauver, nous Te prions! Seigneur aie pitié de tes enfants, de tous tes enfants. Seigneur, au secours! Nous périssons! Redonne-nous la foi, et donne à tes prêtres, à tes religieux et à tous les chrétiens, la foi qui déplace les montagnes!

Seigneur, ouvre le cœur de tous tes enfants. Ouvre leur intelligence afin qu'ils comprennent et qu'ils 'sentent' que Tu existes et que Tu nous aimes... Oui, Seigneur, il nous semble indispensable, pour Te connaître et croire à ton existence tout près de nous et à ton amour pour nous, il nous paraît indispensable et urgent de cesser de dire: 'Nous n'avons pas besoin de sentir Dieu', mais au contraire de crier: Seigneur nous avons besoin de Vous, un besoin urgent; et comme, étant des hommes nous ne pouvons connaître que par nos sens, Seigneur, révélez-vous à tous vos enfants, faites-nous sentir votre bonté et votre amour! Seigneur, inondez-nous de votre espérance, de votre Esprit de Pentecôte!


[1] Si cela est vrai dans les pays où les prêtres sont très rares et les distances très grandes, cela n'est, heureusement, pas le cas partout.

 

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