Paulette Leblanc



DES CRIS VERS DIEU
UN CRI DU CŒUR

Réflexions d'un chrétien de la base

Méditations préalables

B
Trouver Dieu

Dans le psaume 10 (9 dans la Vulgate), on peut lire, au verset 1:  "Pourquoi, Seigneur, te tiens-tu éloigné, et te caches-tu au temps de la détresse?" Cette attitude de Dieu est bien connue et fait partie des épreuves qu'Il envoie à ses saints et parfois aussi à ses fidèles; c'est normal, nous n'insisterons pas. Mais quand nous lisons, aux versets 3 et suivants du même psaume: "Le méchant se glorifie de sa convoitise; le ravisseur maudit, méprise Yahweh. Dans son arrogance, le méchant dit: 'Il ne punit pas! Il n'y a pas de Dieu.' voilà toutes ses pensées... Sa bouche est pleine de malédictions, de tromperies et de violences; sous sa langue est la malice et l'iniquité..." là, nous nous étonnons. Hélas! c'est toujours vrai, même de nos jours, et que de fois on entend ce genre de réflexion : "Il n'y a pas de Dieu! Dieu n'existe pas! Etc... Etc..."

La sottise stupéfiante de nos contemporains, et surtout de nos médias nous fait de plus en plus mal, à nous tous, les chrétiens. C'est pourquoi il nous semble nécessaire de nous arrêter quelques instants sur ce thème de l'existence de Dieu. Les chimistes connaissent bien cette phrase de Lavoisier: "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme." En chimie, c'est une évidence: on ne peut inventer de nouveaux produits qu'en utilisant ceux qui existent déjà, ou en manipulant et faisant réagir entre eux les atomes, composants de base de tout ce qui existe dans le monde matériel, donc dans l'univers, à partir des 103 atomes cités dans le tableau de Mendeleïev.

Les physiciens, chimistes, astronomes et astronautes, et autres scientifiques, utilisent et étudient tous les matériaux résultant des compositions chimiques. Ils peuvent transformer, mais ils ne créent pas. Aujourd'hui, certains savants détectent dans l'univers des forces inconnues dont on ne sait encore à peu près rien. Plus on avance dans la découverte du monde, plus l'esprit humain s'étonne et s'émerveille. Et plus l'esprit humain, s'il est honnête, peut découvrir Dieu.

Les "Lumières", du 18ème siècle, croyaient que la science expliquerait tout. Nous sommes au 21ème siècle, et plus la science avance, plus elle détecte des problèmes nouveaux, plus elle met en évidence des mystères insoupçonnés il y a moins de dix ans. Plus l'homme croit avancer dans la connaissance du monde, et plus il recule dans son effort de comprendre l'origine de tout. Mystère incroyable! Par sa prétendue science, l'homme croyait montrer l'inexistence de Dieu; et par cette même science, il rencontre Dieu. L'homme du 21ème siècle peut rencontrer Dieu, s'il est honnête, s'il accepte sa petitesse, son rien dans l'univers, et surtout s'il a le courage de modifier ses façons de penser et de changer de vie. Et pourtant, paradoxe incroyable, jamais le monde n'a jamais été aussi athée, aussi païen que de nos jours... Comment expliquer un tel refus de Dieu que cependant l'on ne peut plus nier?

Le plongeon en Dieu

Seigneur, nous plongeons en Vous, notre milieu vital. Nous nous agitons un peu dans ce milieu vital qui est Vous, ô Dieu, pour essayer de Vous "sentir" un peu et de Vous rencontrer afin de Vous parler. Et voici qu'un jour nous faisons l'expérience de la présence de Dieu. Jésus, parfois, en regardant une image, nous plongeons notre regard dans le vôtre pour nous laisser transpercer par Vous. Nous ne comprenons rien à ce que nous vivons en ce moment béni. Nous ne voyons pas Dieu, et pourtant nous Le voyons. Nous n'entendons pas Dieu, et pourtant nous L'entendons. Nous ne touchons pas Dieu, et pourtant nous baignons en Lui. Nous ne croyons plus en Dieu car nous avons une certitude absolue: oui! Dieu existe, nous L'avons rencontré, nous Le rencontrons en ce moment et c'est Lui qui nous inspire ce que nous devons faire.

Nous avons la certitude de la présence de Dieu qui nous habite et dans laquelle nous nous mouvons. Nous sommes incapables d'expliquer cette évidence qui nous dépasse infiniment. Dieu EST. Dieu a tout fait, tout, absolument tout: les esprits, les univers, les petites vies végétales ou  animales, et la vie des hommes.

Dieu existe. Il nous a créés comme il crée constamment tous les hommes et tout ce qui existe. Et Dieu aime sa création, Dieu nous aime... Dieu est Amour...

Mais voici les doutes

Soudain notre certitude fluctue et nous nous posons des questions:

– Suis-je vraiment dans le vrai? Et si j'appartenais à une autre religion, que ferais-je? Aurais-je le courage de me convertir?

Et voici que surgit un obstacle énorme: pour se convertir et adopter de nouvelles croyances, une nouvelle foi, il faut d'abord devenir un renégat. Ce mot est horrible: comment peut-on renier ce que l'on vénérait? Comment, au fond, se nier soi-même, car chaque homme est ce que les traditions de son peuple et de sa culture ont fait de lui. Est-il possible de renier, même après de longues réflexions, ce qui est l'essence même de chaque vie individuelle et qui a souvent demandé beaucoup d'efforts personnels? Il semble que non, dans des circonstances normales: comment, en effet, renier ainsi toutes ses convictions, ses racines, sa foi, pour d'autres croyances même si nous les jugeons meilleures.

Nous sommes très perplexes et nous sentons le besoin de creuser cette question. Contemplons saint Paul. Juif pieux, pharisien convaincu, se sentant parfaitement au service de Dieu, il pensait surtout à éliminer une nouvelle foi, la foi en un homme, Jésus, soi-disant ressuscité, foi qui se répandait dangereusement et de plus en plus. Paul se fit persécuteur, s'appuyant sur de justes raisons. Mais Dieu qui avait besoin de lui pour évangéliser les païens, frappa un grand coup, sur le chemin de Damas. Paul ne pouvait plus ne pas comprendre, et sa conversion était devenue obligatoire, inévitable.

Lorsqu'on revoit l'histoire de l'Église catholique, force est de constater qu'à de nombreuses reprises et avec des moyens différents, Dieu se servit de ses "grands moyens" pour obliger ceux dont Il voulait avoir besoin, à changer de vie, du jour au lendemain, et définitivement. Des français peuvent penser en particulier à Clovis, qui, pour gagner une bataille apparemment perdue, la bataille de Tolbiac (496) s'adressa au Dieu de Clotilde, son épouse... Il gagna cette bataille, et la France devint la Fille Ainée de l'Église.

Nous allons rapidement passer en revue quelques religions parmi les plus connues, anciennes ou actuelles. Tout d'abord, le passé:

            – Les incas et les aztèques, las de leurs rites criminels attendaient un Sauveur qui les délivrerait de toutes ces horreurs; les espagnols[1] arrivèrent, puis les jésuites et les franciscains: les incas et les aztèques devinrent chrétiens.

            – La victoire de Clovis, un païen violent et sans scrupule, aboutit, nous l'avons dit plus haut, à la conversion des Gaulois[2] et à la formation de ce qui deviendra la France, "Fille aînée de l'Église"

            – les Chinois étaient contraints de se soumettre à leur empereur, et grâce à Matéo Ricci, ce peuple aurait pu devenir chrétien car l'empereur était très favorable à ce grand savant; mais des incompréhensions concernant la langue liturgique aboutirent à une rupture fatale: la Chine resta confucianiste.

Et aujourd'hui? Chacun doit s'examiner:

            – Si j'étais chinois, ma conversion au catholicisme serait-elle facile? Malgré les nombreuses années placées sous le joug communiste, les chinois sont restés confucianistes dans leur ensemble. Le confucianisme n'est pas une religion au sens strict, mais une sagesse, une philosophie,  basée sur le culte rendu aux ancêtres. On croit aux esprits... mais Dieu???

            – Si j'étais japonais et shintoïste, sorte de syncrétisme de plusieurs religions toutes polythéistes, il me semble que je me convertirais au catholicisme assez facilement, malgré les dangers politiques...

            – Si j'étais juif, après de longues études, peut-être me convertirais-je, comme Édith Stein... Mais peut-être me faudrait-il aussi subir les "grands moyens" de la part du Seigneur...

            – Si j'étais hindouiste? Là je ne sais pas. Cela dépendrait de la caste à laquelle j'appartiendrais. La religion fait tellement partie de la vie des hindous que la réponse est difficile. Si j'appartenais aux classes élevées, j'aurais certainement beaucoup de mal à quitter ma caste: problèmes familiaux, politiques, de niveau social. Là aussi, le Seigneur devrait frapper fort. Par contre, si j'étais un intouchable, ce serait beaucoup plus facile car devenir chrétien c'est la chance de pouvoir monter dans l'échelle sociale. Mais alors, où serait ma conviction profonde, mon amour de Jésus?

            – Il y a aussi les bouddhistes qui croient en un Grand Tout, un dieu puissant mais impersonnel. Leur but est d'atteindre le Nirvana dont on ne sait pas grand'chose non plus. Il y a de nombreux moines qui prient et méditent, des personnes qui donnent leur vie au service de leur foi, mais, en réalité, nous ne savons pas vraiment au service de quoi ou de qui. Alors? pourrions-nous renier notre foi en ce Grand Tout et en Bouddha?  

Il est préférable de ne pas parler individuellement des nombreuses petites religions animistes, du vaudou ou des sectes. Ici, le raisonnement devient plus difficile. Peut-être que si un vrai chrétien témoignait de sa foi devant nous, adeptes de l'une de ces religions ou de ces sectes, nous commencerions par nous poser de nombreuses questions; puis nous approfondirions le problème sérieusement avant de nous engager définitivement. Aurions-nous alors l'impression de renier quelque chose? La réponse est presque impossible. Pourtant de vrais témoins du Christ, des gens convaincus prêts à donner leur temps et leur vie pour partager ou défendre leur foi, pourrait nous ébranler. Seule, en effet, la rencontre de personnes habitées par Jésus-Christ et totalement désintéressées pourrait nous faire accepter le reniement de nos habitudes actuelles pour adopter la foi en Jésus-Christ. D'où l'importance du témoignage sans faille. Mais qui, dans le monde occidental d'aujourd'hui, est encore capable de témoigner ainsi de sa foi en Jésus?

Un nouveau problème vient nous troubler: comment se fait-il que tant de gens soient si malheureux à leur travail, même s'il est très intéressant? Et comment se fait-il que tant de personnes aspirent tellement à la retraite, même si elles sont encore jeunes? Il y a une soixantaine d'années, les gens de tous les milieux, sauf de rares exceptions, étaient tellement heureux quand ils travaillaient, et tellement passionnés par ce qu'ils  faisaient; certes, il y avait des inconvénients, des réflexions assez désagréables de certains collègues, mais c'était vite oublié. Alors, pourquoi aujourd'hui, les gens sont-ils si malheureux dans leur vie professionnelle, qu'ils peuvent en arriver au suicide, surtout chez les jeunes? Une seule réponse vient à l'esprit: ils n'ont pas Dieu, donc pas d'espérance.

L'espérance

Quand il n'y a pas Dieu, aucune vie n'a de sens. Et le malheur, ou ce que tant de gens considèrent aujourd'hui comme le malheur, le malheur s'installe et conduit au désespoir. Car sans espérance, la vie devient insupportable. Voici un texte remarquable de Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées: "Il faut au cœur une espérance. L’espérance est à portée de main: sachons la cueillir du fond du cœur. Elle porte en elle la certitude de la vie qui traverse, transperce et exténue la mort. L’Espérance chrétienne, nous l’avons dans l’exacte mesure où nous sentons en nous une vie que rien ne peut arrêter, pas même la mort. Et cette espérance ne trompe pas car le Christ est ressuscité d’entre les morts[3]."

L'espérance chrétienne ne trompe pas car le Christ est ressuscité d'entre les morts. Et la Résurrection de Jésus[4], c'est notre foi, l'intégralité de notre foi, notre seule joie, notre seule espérance. "Si le Christ n'est pas ressuscité, notre foi est vaine, et nous sommes les plus malheureux des hommes... mais le Christ est vraiment ressuscité!" s'écriait saint Paul qui acceptera le martyre pour affirmer sa foi en Jésus-Christ et en sa Résurrection. Oui, Paul a une foi absolue en ce Jésus qui lui était apparu sur le chemin de Damas, à lui aussi, l'avorton. Heureusement pour nous, et grâce à Dieu, des "Pauls" innombrables ont affirmé la Résurrection de Jésus, et nous ont montré Dieu!


[1] Les Espagnols ne se conduisirent pas toujours très bien, et cela est regrettable, mais ce n'est pas notre sujet ici.
[2] Conversion forcée, mais nous n'entrons pas dans ces polémiques.
[3] De Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées, à l’occasion de l’hommage national rendu, le Lundi 25 juillet 2011, aux Invalides, aux 7 soldats français morts en Afghanistan.
[4] Voir Annexe 1 sur la Transfiguration.

   

 

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