Méditations
préalables
B
Trouver Dieu
Dans le psaume
10 (9 dans la Vulgate), on peut lire, au verset 1:
"Pourquoi, Seigneur, te tiens-tu éloigné, et te caches-tu au
temps de la détresse?" Cette attitude de Dieu est bien
connue et fait partie des épreuves qu'Il envoie à ses saints
et parfois aussi à ses fidèles; c'est normal, nous
n'insisterons pas. Mais quand nous lisons, aux versets 3 et
suivants du même psaume: "Le méchant se glorifie de sa
convoitise; le ravisseur maudit, méprise Yahweh. Dans son
arrogance, le méchant dit: 'Il ne punit pas! Il n'y a pas
de Dieu.' voilà toutes ses pensées... Sa bouche est
pleine de malédictions, de tromperies et de violences; sous
sa langue est la malice et l'iniquité..." là, nous nous
étonnons. Hélas! c'est toujours vrai, même de nos jours, et
que de fois on entend ce genre de réflexion : "Il n'y a
pas de Dieu! Dieu n'existe pas! Etc... Etc..."
La sottise
stupéfiante de nos contemporains, et surtout de nos médias
nous fait de plus en plus mal, à nous tous, les chrétiens.
C'est pourquoi il nous semble nécessaire de nous arrêter
quelques instants sur ce thème de l'existence de Dieu.
Les chimistes connaissent bien cette phrase de Lavoisier:
"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme."
En chimie, c'est une évidence: on ne peut inventer de
nouveaux produits qu'en utilisant ceux qui existent déjà, ou
en manipulant et faisant réagir entre eux les atomes,
composants de base de tout ce qui existe dans le monde
matériel, donc dans l'univers, à partir des 103 atomes cités
dans le tableau de Mendeleïev.
Les physiciens,
chimistes, astronomes et astronautes, et autres
scientifiques, utilisent et étudient tous les matériaux
résultant des compositions chimiques. Ils peuvent
transformer, mais ils ne créent pas. Aujourd'hui, certains
savants détectent dans l'univers des forces inconnues dont
on ne sait encore à peu près rien. Plus on avance dans la
découverte du monde, plus l'esprit humain s'étonne et
s'émerveille. Et plus l'esprit humain, s'il est honnête,
peut découvrir Dieu.
Les "Lumières",
du 18ème siècle, croyaient que la science
expliquerait tout. Nous sommes au 21ème siècle,
et plus la science avance, plus elle détecte des problèmes
nouveaux, plus elle met en évidence des mystères
insoupçonnés il y a moins de dix ans. Plus l'homme croit
avancer dans la connaissance du monde, et plus il recule
dans son effort de comprendre l'origine de tout. Mystère
incroyable! Par sa prétendue science, l'homme croyait
montrer l'inexistence de Dieu; et par cette même science, il
rencontre Dieu. L'homme du 21ème siècle peut
rencontrer Dieu, s'il est honnête, s'il accepte sa
petitesse, son rien dans l'univers, et surtout s'il a le
courage de modifier ses façons de penser et de changer de
vie. Et pourtant, paradoxe incroyable, jamais le monde n'a
jamais été aussi athée, aussi païen que de nos jours...
Comment expliquer un tel refus de Dieu que cependant l'on ne
peut plus nier?
Seigneur, nous
plongeons en Vous, notre milieu vital. Nous nous agitons un
peu dans ce milieu vital qui est Vous, ô Dieu, pour essayer
de Vous "sentir" un peu et de Vous rencontrer afin de Vous
parler. Et voici qu'un jour nous faisons l'expérience de la
présence de Dieu. Jésus, parfois, en regardant une image,
nous plongeons notre regard dans le vôtre pour nous laisser
transpercer par Vous. Nous ne comprenons rien à ce que nous
vivons en ce moment béni. Nous ne voyons pas Dieu, et
pourtant nous Le voyons. Nous n'entendons pas Dieu, et
pourtant nous L'entendons. Nous ne touchons pas Dieu, et
pourtant nous baignons en Lui. Nous ne croyons plus en Dieu
car nous avons une certitude absolue: oui! Dieu existe, nous
L'avons rencontré, nous Le rencontrons en ce moment et c'est
Lui qui nous inspire ce que nous devons faire.
Nous avons la
certitude de la présence de Dieu qui nous habite et dans
laquelle nous nous mouvons. Nous sommes incapables
d'expliquer cette évidence qui nous dépasse infiniment. Dieu
EST. Dieu a tout fait, tout, absolument tout: les esprits,
les univers, les petites vies végétales ou animales, et la
vie des hommes.
Dieu existe. Il
nous a créés comme il crée constamment tous les hommes et
tout ce qui existe. Et Dieu aime sa création, Dieu nous
aime... Dieu est Amour...
Soudain notre
certitude fluctue et nous nous posons des questions:
– Suis-je
vraiment dans le vrai? Et si j'appartenais à une autre
religion, que ferais-je? Aurais-je le courage de me
convertir?
Et voici que
surgit un obstacle énorme: pour se convertir et adopter de
nouvelles croyances, une nouvelle foi, il faut d'abord
devenir un renégat. Ce mot est horrible: comment peut-on
renier ce que l'on vénérait? Comment, au fond, se nier
soi-même, car chaque homme est ce que les traditions de son
peuple et de sa culture ont fait de lui. Est-il possible de
renier, même après de longues réflexions, ce qui est
l'essence même de chaque vie individuelle et qui a souvent
demandé beaucoup d'efforts personnels? Il semble que non,
dans des circonstances normales: comment, en effet, renier
ainsi toutes ses convictions, ses racines, sa foi, pour
d'autres croyances même si nous les jugeons meilleures.
Nous sommes
très perplexes et nous sentons le besoin de creuser cette
question. Contemplons saint Paul. Juif pieux, pharisien
convaincu, se sentant parfaitement au service de Dieu, il
pensait surtout à éliminer une nouvelle foi, la foi en un
homme, Jésus, soi-disant ressuscité, foi qui se répandait
dangereusement et de plus en plus. Paul se fit persécuteur,
s'appuyant sur de justes raisons. Mais Dieu qui avait besoin
de lui pour évangéliser les païens, frappa un grand coup,
sur le chemin de Damas. Paul ne pouvait plus ne pas
comprendre, et sa conversion était devenue obligatoire,
inévitable.
Lorsqu'on
revoit l'histoire de l'Église catholique, force est de
constater qu'à de nombreuses reprises et avec des moyens
différents, Dieu se servit de ses "grands moyens" pour
obliger ceux dont Il voulait avoir besoin, à changer de vie,
du jour au lendemain, et définitivement. Des français
peuvent penser en particulier à Clovis, qui, pour gagner une
bataille apparemment perdue, la bataille de Tolbiac (496)
s'adressa au Dieu de Clotilde, son épouse... Il gagna cette
bataille, et la France devint la Fille Ainée de l'Église.
Nous allons
rapidement passer en revue quelques religions parmi les plus
connues, anciennes ou actuelles. Tout d'abord, le passé:
– Les incas et les aztèques, las de leurs rites criminels
attendaient un Sauveur qui les délivrerait de toutes ces
horreurs; les espagnols
arrivèrent, puis les jésuites et les franciscains: les incas
et les aztèques devinrent chrétiens.
– La victoire de Clovis, un païen violent et sans scrupule,
aboutit, nous l'avons dit plus haut, à la conversion des
Gaulois
et à la formation de ce qui deviendra la France, "Fille
aînée de l'Église"
– les Chinois étaient contraints de se soumettre à leur
empereur, et grâce à Matéo Ricci, ce peuple aurait pu
devenir chrétien car l'empereur était très favorable à ce
grand savant; mais des incompréhensions concernant la langue
liturgique aboutirent à une rupture fatale: la Chine resta
confucianiste.
Et aujourd'hui?
Chacun doit s'examiner:
– Si j'étais chinois, ma conversion au catholicisme
serait-elle facile? Malgré les nombreuses années placées
sous le joug communiste, les chinois sont restés
confucianistes dans leur ensemble. Le confucianisme n'est
pas une religion au sens strict, mais une sagesse, une
philosophie, basée sur le culte rendu aux ancêtres. On
croit aux esprits... mais Dieu???
– Si j'étais japonais et shintoïste, sorte de syncrétisme de
plusieurs religions toutes polythéistes, il me semble que je
me convertirais au catholicisme assez facilement, malgré les
dangers politiques...
– Si j'étais juif, après de longues études, peut-être me
convertirais-je, comme Édith Stein... Mais peut-être me
faudrait-il aussi subir les "grands moyens" de la part du
Seigneur...
– Si j'étais hindouiste? Là je ne sais pas. Cela dépendrait
de la caste à laquelle j'appartiendrais. La religion fait
tellement partie de la vie des hindous que la réponse est
difficile. Si j'appartenais aux classes élevées, j'aurais
certainement beaucoup de mal à quitter ma caste: problèmes
familiaux, politiques, de niveau social. Là aussi, le
Seigneur devrait frapper fort. Par contre, si j'étais un
intouchable, ce serait beaucoup plus facile car devenir
chrétien c'est la chance de pouvoir monter dans l'échelle
sociale. Mais alors, où serait ma conviction profonde, mon
amour de Jésus?
– Il y a aussi les bouddhistes qui croient en un Grand Tout,
un dieu puissant mais impersonnel. Leur but est d'atteindre
le Nirvana dont on ne sait pas grand'chose non plus. Il y a
de nombreux moines qui prient et méditent, des personnes qui
donnent leur vie au service de leur foi, mais, en réalité,
nous ne savons pas vraiment au service de quoi ou de qui.
Alors? pourrions-nous renier notre foi en ce Grand Tout et
en Bouddha?
Il est
préférable de ne pas parler individuellement des nombreuses
petites religions animistes, du vaudou ou des sectes. Ici,
le raisonnement devient plus difficile. Peut-être que si un
vrai chrétien témoignait de sa foi devant nous, adeptes de
l'une de ces religions ou de ces sectes, nous commencerions
par nous poser de nombreuses questions; puis nous
approfondirions le problème sérieusement avant de nous
engager définitivement. Aurions-nous alors l'impression de
renier quelque chose? La réponse est presque impossible.
Pourtant de vrais témoins du Christ, des gens convaincus
prêts à donner leur temps et leur vie pour partager ou
défendre leur foi, pourrait nous ébranler. Seule, en effet,
la rencontre de personnes habitées par Jésus-Christ et
totalement désintéressées pourrait nous faire accepter le
reniement de nos habitudes actuelles pour adopter la foi en
Jésus-Christ. D'où l'importance du témoignage sans faille.
Mais qui, dans le monde occidental d'aujourd'hui, est encore
capable de témoigner ainsi de sa foi en Jésus?
Un nouveau
problème vient nous troubler: comment se fait-il que tant de
gens soient si malheureux à leur travail, même s'il est très
intéressant? Et comment se fait-il que tant de personnes
aspirent tellement à la retraite, même si elles sont encore
jeunes? Il y a une soixantaine d'années, les gens de tous
les milieux, sauf de rares exceptions, étaient tellement
heureux quand ils travaillaient, et tellement passionnés par
ce qu'ils faisaient; certes, il y avait des inconvénients,
des réflexions assez désagréables de certains collègues,
mais c'était vite oublié. Alors, pourquoi aujourd'hui, les
gens sont-ils si malheureux dans leur vie professionnelle,
qu'ils peuvent en arriver au suicide, surtout chez les
jeunes? Une seule réponse vient à l'esprit: ils n'ont pas
Dieu, donc pas d'espérance.
Quand il n'y a
pas Dieu, aucune vie n'a de sens. Et le malheur, ou ce que
tant de gens considèrent aujourd'hui comme le malheur, le
malheur s'installe et conduit au désespoir. Car sans
espérance, la vie devient insupportable. Voici un texte
remarquable de Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées: "Il faut
au cœur une espérance. L’espérance est à portée de main:
sachons la cueillir du fond du cœur. Elle porte en elle la
certitude de la vie qui traverse, transperce et exténue la
mort. L’Espérance chrétienne, nous l’avons dans l’exacte
mesure où nous sentons en nous une vie que rien ne peut
arrêter, pas même la mort. Et cette espérance ne trompe pas
car le Christ est ressuscité d’entre les morts."
L'espérance
chrétienne ne trompe pas car le Christ est ressuscité
d'entre les morts. Et la Résurrection de Jésus,
c'est notre foi, l'intégralité de notre foi, notre seule
joie, notre seule espérance. "Si le Christ n'est pas
ressuscité, notre foi est vaine, et nous sommes les plus
malheureux des hommes... mais le Christ est vraiment
ressuscité!" s'écriait saint Paul qui acceptera le
martyre pour affirmer sa foi en Jésus-Christ et en sa
Résurrection. Oui, Paul a une foi absolue en ce Jésus qui
lui était apparu sur le chemin de Damas, à lui aussi,
l'avorton. Heureusement pour nous, et grâce à Dieu, des
"Pauls" innombrables ont affirmé la Résurrection de Jésus,
et nous ont montré Dieu!
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