Les parents de
Cyprien, très superstitieux, le vouèrent au démon dès son enfance;
ils le firent élever dans le paganisme; il se livra à l'astrologie
judiciaire et à la magie. Avec le secours de ses connaissances, il
s'abandonna à toutes sortes de crimes et se déclara ennemi acharné
de la religion chrétienne.
Il y avait à
Antioche une jeune vierge nommée Justine, non moins distinguée par
ses rares qualités que par sa naissance. Ses parents étaient
idolâtres; mais elle avait eu le bonheur de connaître Jésus-Christ,
et sa conversion fut bientôt suivie de celle de sa famille. Un jeune
homme nommé Agladius, païen, conçût pour elle une violente passion,
et pria Cyprien de l'aider par les secours de son art. Ce magicien
mit tout en œuvre, sans que rien ne pût lui réussir. Il consulta le
démon, qui lui promit de lui servir d'auxiliaire; mais de nouvelles
tentatives ne furent pas plus heureuses; la vierge priait, elle
imprimait sur elle le signe du salut, et le démon s'enfuyait
confondu. Cyprien, désespérant du succès, dit au démon: "Eh bien! Te
voilà vaincu? — Oui, dit l'esprit infernal, j'ai vu un signe, et
j'ai été vaincu. — Quel est ce signe? reprit Cyprien. — J'ai vu le
signe du Crucifié. — Le Crucifié est donc plus grand que toi? Fuis
loin de moi, imposteur! Tu m'as trompé trop longtemps."
Le démon chercha
à étouffer Cyprien, mais il le mit en fuite par l'invocation du Dieu
de Justine et par le signe de la Croix. Le jeune Agladius, plein
d'admiration au récit que lui fit Cyprien, se convertit lui-même à
Jésus-Christ. Emprisonnés par les persécuteurs après avoir été
préservés l'un de l'huile bouillante et l'autre des flammes du
bûcher, ils eurent la tête tranchée.
Abbé L. Jaud,
Vie des Saints pour
tous les jours de l'année, Tours,
Mame, 1950. |