Delphine de Sabran
Laïque mariée, Bienheureuse
1284-1360

Delphine de Sabran et son époux, Elzéar de Sabran, constituent un des rares cas d'époux sanctifiés sans avoir accompli de martyre sanglant. Avec lui, elle fut membre du tiers-ordre franciscain. Ils sont ensevelis en Apt. Elle meurt le 26 novembre 1360 après 33 années de veuvage.

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Delphine, de la famille des seigneurs de Signes, naît en 1284 à Puimichel, aujourd’hui commune des Alpes de Haute-Provence. Elle appartient à une importante famille baronniale de la région. Au décès de ses parents, Guillaume de Signe et Delphine de Barras, elle a l’âge de 7 ans. Ses oncles la confient alors aux religieuses du monastère de Sainte-Catherine de Sorbs. Ce monastère, aujourd’hui disparu, était situé sur la commune de Fontaine-l’Evêque). C'est là que Delphine aspire rapidement à prendre le voile.

Mais Delphine est une très riche héritière et les terres qu’elle apporterait en dot sont immenses. À l’âge de 13 ans, ses oncles — devenus ses tuteurs — décident de marier la jeune fille au très jeune comte Elzéar de Sabran, héritier de la baronnie d’Ansouis (aujourd’hui commune du Vaucluse) et du duché d’Ariano, fief du Royaume de Naples en Italie. Il est alors âgé de 11 ans ! Bien que Delphine refusât toujours l’idée du mariage, l’union est célébrée dans le faste deux ans plus tard, le 5 février 1299, au château (aujourd’hui totalement disparu) de Puimichel.

Delphine n’a pas réussi à imposer à sa famille son désir de vie monastique. Elle parviendra en revanche, à convaincre son époux de vivre leur vie conjugale dans la chasteté. En effet, malgré un amour profond qui ne tarde pas à les unir, les époux demeureront vierges pendant 27 ans de mariage. Le Père Borély, théologien du XVIIe siècle, voit dans ce fait un « miracle de la grâce victorieuse de la nature ».

Lorsqu’ils s’installent à Puimichel en 1307, Delphine et Elzéar veulent instaurer sur leurs terres un programme de vie qui s’attache à réduire le mal à sa racine et à lutter contre la misère qui sévit à l’entoure. Ils ont alors respectivement 23 et 21 ans. Ils édictent une règle qui s’impose à tous leurs sujets, sans différence de traitement entre nobles et petites gens. La pratique religieuse est imposée, les jeux d’argent sont proscrits, interdiction est faite aux officiers de faire le moindre tort à qui que ce soit, d’opprimer les pauvres dans leur biens et dans leur honneur, sous prétexte de maintenir les droits du seigneur. Ils visitent les malades, Elzéar soigne les lépreux.

Le couple désire suivre l’appel de Saint François qui prêchait il n’y a pas 100 ans la pauvreté absolue. D’Assise, la spiritualité franciscaine s’était rapidement répandue. Le 22 juillet 1316, Delphine et Elzéar prononcent en secret leurs vœux définitifs de virginité devant Dieu à la chapelle du château d’Ansouis et entrent dans le tiers-ordre franciscain.

Le couple vit un amour profond, pur et fécond spirituellement. Malgré des périodes de séparation, notamment lorsque Elzéar doit se rendre en Italie pour gérer ses affaires tandis que Delphine reste en Provence, leur amour est indéfectible. Un fait peut témoigner de la force de leur union : Delphine sut en son cœur que son mari venait de mourir avant même que la Provence ne l’apprît par un messager accouru de Paris où Elzéar était en ambassade.

À la mort d’Elzéar, le 27 septembre (date à laquelle il est fêté) 1323, Delphine est inconsolable et se retire dans l’isolement au château (aujourd’hui disparu) de Cabrières-d'Aigues, à quelques kilomètres d'Ansouis. Son désir de vivre dans la pauvreté peut enfin se réaliser à partir de 1333. Elle vit alors d’aumônes, allant jusqu’à mendier son pain quotidien.

Malgré les nombreuses moqueries dont elle fait l’objet, son charisme attire autour d’elle une quantité de gens de plus en plus pressants. Elle reçoit des personnes désireuses de l’entendre, de la toucher afin d’obtenir la guérison, car à partir de 1343, elle suscite des phénomènes et guérisons extraordinaires. Les miracles opérés durant son vivant (et parfois à son insu !) puis immédiatement après sa mort sont consignés dans le rapport d’enquête rédigé dans le cadre du procès de canonisation de Delphine. Ce document en recense une soixantaine.

Atteinte d’hydropisie qui la laisse percluse de douleur, elle meurt le 26 novembre 1360 à l’âge de 76 ans. Sa dépouille rejoint celle de son époux à l’église des Frères Mineurs d’Apt (aujourd’hui disparue).

Elzéar a été canonisé le 14 avril 1369. Delphine sera reconnue Bienheureuse le 5 juillet 1368 mais son procès de canonisation sera interrompu par le décès du Pape Urbain V qui l’avait entrepris et qui avait déjà déclaré Elzéar saint pour l’Eglise universelle.

Fêté le 27 novembre

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