1 (œuvre apocryphe, écrite
vers 160-170)
au Père, souverain de l'Univers, et
en Jésus Christ (notre Sauveur), et au Saint-Esprit (Paraclet), et
en la sainte Église, et en la rémission des péchés.
2 (Fragment du VIe
siècle découvert en Haute Égypte, contient la liturgie du milieu du
IVe siècle. Le symbole semble plus ancien).
Je crois en Dieu Père tout-puissant,
et en son Fils, unique engendré, notre Seigneur Jésus Christ et en
l'Esprit Saint, et en la résurrection de la chair, dans la sainte
Église catholique.
3 (remontent à la traditio
apostolica d'Hippolyte de Rome voir Canon 10)
Je crois en un seul Dieu vrai, Père
tout-puissant, et en son Fils, unique engendré, Jésus Christ, notre
Seigneur et sauveur, et en son Saint-Esprit qui donne vie à toute
chose, Trinité consubstantielle, une seule divinité, une seule
puissance, un seul règne, une seule foi, un seul baptême (cf. Ep 4,5
) dans la sainte Église catholique et apostolique, en une vie
éternelle. Amen.
4 Crois-tu en un seul Dieu, le
Père tout-puissant, et en son Fils unique Jésus Christ, notre
Seigneur et sauveur et en l'Esprit Saint qui donne vie à toute la
création, la Trinité égale en divinité, et un seul Seigneur, un seul
règne, une seule foi, un seul baptême (cf. Ep 4,5 ) dans la
sainte Eglise catholique et une vie éternelle ?
5 Je crois en un seul Dieu, le
Père, souverain de toutes choses, et en un seul Fils, le Seigneur
Jésus Christ, et au Saint-Esprit, et en la résurrection de la chair,
et en la sainte Église une, catholique.
6 Nous croyons en la très sainte
Trinité, au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, en l'Annonciation
par Gabriel, (en la conception de Marie,) en la naissance du Christ,
au baptême, (en la fête) en la Passion (volontaire), en la
crucifixion, la sépulture durant trois jours, la Résurrection (bienheureuse),en
l'Ascension divine, en la session à la droite du Père, en la venue
terrible (et glorieuse) — nous professons et croyons (nous croyons
et professons).
10 (Crois-tu en Dieu, le Père
tout-puissant ?) Crois-tu au Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui est
né par le Saint-Esprit de Marie, la Vierge, et a été crucifié sous
Ponce Pilate, et est mort, et a été enseveli, et est ressuscité le
troisième jour vivant d'entre les morts, et est monté aux cieux, et
siège à la droite du Père, et qui viendra juger les vivants et les
morts ? Crois-tu en l'Esprit-Saint, et la Sainte Eglise et la
résurrection de la chair ?
11 Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, et en Christ Jésus, son Fils, l'unique engendré,
notre Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint et de Marie la Vierge,
qui a été crucifié sous Ponce Pilate et a été enseveli, et qui le
troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est monté aux
cieux, et siège à la droite du Père d'où il vient juger les vivants
et les morts ; et en l'Esprit Saint, la sainte Église, la rémission
des péchés, la résurrection de la chair (la vie éternelle).
12 Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, et en Christ Jésus Christ), son Fils unique, notre
Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint et de Marie, la Vierge, qui
sous Ponce Pilate a été crucifié et enseveli, le troisième jour est
ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite
du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts ; et en
l'Esprit Saint, la sainte Église (catholique), la rémission des
péchés, la résurrection de la chair.
13 Je crois en Dieu, le Père tout
puissant et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui
est né du Saint-Esprit, de Marie la Vierge, a souffert sous Ponce
Pilate, est mort, a été enseveli, le troisième jour est ressuscité
d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite du Père,
d'où il viendra juger les vivants et les morts ; et en l'esprit
Saint, la sainte Église, la rémission des péchés, la résurrection de
la chair.
14 Je crois en Dieu, le père
tout-puissant, et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur,
qui est né de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie (a souffert) sous
Ponce Pilate a été crucifié et enseveli, le troisième jour est
ressuscité d'entre les morts, est monté au ciel, siège à la droite
du Père, d'où il viendra pour juger les vivants et les morts ; et en
l'Esprit Saint, en la sainte Église, la rémission des péchés, la
résurrection de la chair.
15 Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, et en Christ Jésus, son Fils unique, notre Seigneur,
qui est né de l'Esprit Saint, de Marie la Vierge, qui sous Ponce
Pilate a été crucifié et enseveli, le troisième jour est ressuscité
d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite du Père,
d'où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois (60 : nous croyons) en l'Esprit Saint,
la sainte Église (62 : catholique), la rémission des péchés, la
résurrection de la chair, la vie éternelle.
16 Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, invisible et impassible, et en Jésus Christ, son Fils
unique, notre Seigneur, qui est né par l'Esprit Saint de Marie la
Vierge, qui a été crucifié sous Ponce Pilate et enseveli, est
descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts, est
monté aux cieux, siège à la droite du Père, d'où il viendra juger
les vivants et les morts ; et en l'Esprit Saint, la sainte Église,
la rémission des péchés, la résurrection de cette chair.
17 Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur,
né du Saint-Esprit et de Marie la Vierge, qui a été crucifié sous
Ponce Pilate et a été enseveli, le troisième jour est ressuscité
d'entre les morts, est monté au ciel, siège à la droite du Père,
d'où il viendra juger les vivants et les morts ; et en l'Esprit
Saint, en la sainte Eglise, en la rémission des péchés, la
résurrection de la chair.
19 Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, le créateur du ciel et de la terre, et en son Fils
Jésus Christ, notre Seigneur né de l'Esprit Saint et de la Vierge
Marie, qui a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort le
troisième jour est ressuscité vivant d'entre les morts, est monté
aux cieux, siège à la droite du Père, d'où il viendra juger les
vivants et les morts, et en l'Esprit Saint, la sainte Église
catholique, la communion des saints, la rémission des péchés, la
résurrection de la chair et la vie éternelle.
21 Nous croyons en Dieu, le Père
tout-puissant, le créateur de toutes choses, le roi des siècles,
immortel et invisible.
Nous croyons également en son Fils, notre
Seigneur Jésus Christ, né par l'Esprit Saint de la Vierge Marie, qui
a été crucifié sous Ponce Pilate, est mort et a été enseveli, est
ressuscité le troisième jour d'entre les morts, siège à la droite de
Dieu, le Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts.
Nous croyons également en l'Esprit Saint, la
rémission des péchés, la vie éternelle par la sainte Église
catholique.
22 Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, créateur de tout ce qui est, roi des siècles,
immortel et invisible. Je crois également en son Fils Jésus Christ,
(son Fils unique, notre Seigneur,) qui est né par l'Esprit Saint de
la Vierge Marie, (qui) a été crucifié sous Ponce Pilate et a été
enseveli, est ressuscité le troisième jour d'entre les morts, a été
emporté aux cieux (est monté au ciel) et siège à la droite du Père
(de Dieu), d'où il viendra juger les vivants et les morts. Je crois
également en l'Esprit Saint, la rémission des péchés, la
résurrection de la chair en vue de (et la) vie éternelle par la
sainte Église.
23 Je crois (Crois-tu... ?) en
Dieu, le Père tout-puissant, et en Jésus Christ, son Fils unique,
notre Dieu et Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint et (de) Marie
la Vierge, qui a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié et
enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité
vivant d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite de
Dieu le Père tout-puissant (du Père), d'où il viendra juger les
vivants et les morts. Je crois (Crois-tu... ?) en l'Esprit saint, la
sainte Église catholique, la rémission de tous les péchés, la
résurrection de la (de cette) chair et la vie éternelle.
25 Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant. Je crois également en Jésus Christ, son Fils unique
engendré, notre Seigneur, qui, conçu de l'Esprit Saint, est né de
Marie la Vierge a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié et
enseveli, le troisième jour est ressuscité d'entre les morts, est
monté aux cieux, siège à la droite du Père, d'où il viendra juger
les vivants et les morts.
26 Je crois également en l'Esprit
Saint, la sainte Église, la communion des saints, la rémission des
péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle.
27 Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. Je crois également
en Jésus Christ, son Fils, unique engendré, éternel, qui a été conçu
de l'Esprit Saint, est né de Marie la Vierge, a souffert sous Ponce
Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux
enfers ; le troisième jour il est ressuscité d'entre les morts, est
monté aux cieux, siège à la droite de Dieu le Père tout-puissant,
d'où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois au Saint-Esprit, la sainte Église
catholique, la communion des saints, la rémission des péchés, la vie
éternelle.
28 Crois-tu en Dieu, le Père
tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ?
Crois-tu également en Jésus Christ, son Fils
unique, notre Seigneur, qui a été conçu de l'Esprit Saint, est né de
Marie la Vierge, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est
mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est
ressuscité d'entre les morts, est monté aux cieux, siège à la droite
de Dieu le Père tout-puissant, d'où il viendra juger les vivants et
les morts ?
Crois-tu en l'Esprit Saint, la sainte Eglise
catholique, la communion des saints, la rémission des péchés, la
résurrection de la chair, la vie éternelle ?
29 Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, invisible, le créateur de toutes les créatures
visibles et invisibles.
Je crois également en Jésus Christ, son Fils
unique, notre Seigneur, le Dieu tout-puissant, conçu de l'Esprit
Saint, né de Marie la Vierge, qui a souffert sous Ponce Pilate, qui,
crucifié et enseveli, le troisième jour est ressuscité d'entre les
morts, est monté aux cieux et siège à la droite de Dieu le Père tout
puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois également en l'Esprit Saint, Dieu
tout-puissant, qui a une unique substance avec le Père et le Fils,
que l'Église catholique est sainte, la rémission des péchés, la
communion des saints, la résurrection de la chair.
Je crois en une vie éternelle après la mort et
en la vie éternelle dans la gloire du Christ.
Tout cela est ma foi en Dieu.
30 (1) Je crois en Dieu, le Père
tout-puissant, créateur du ciel et de la terre,
(2) et en Jésus Christ, son Fils
unique, notre Seigneur
(3) qui a été conçu de l'Esprit
Saint, est né de Marie la Vierge,
(4) a souffert sous Ponce Pilate, a
été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers,
(5) le troisième jour est ressuscité
d'entre les morts,
(6) est monté aux cieux, siège à la
droite de Dieu le Père tout-puissant,
(7) d'où il viendra juger les vivants
et les morts.
(8) Je crois en l'Esprit Saint,
(9) (je crois) la sainte Église
catholique, la communion des saints,
(10) la rémission des péchés,
(11) la résurrection de la chair,
(12) (et) la vie éternelle.
36 Crois-tu en Dieu, le Père
tout-puissant (le créateur du ciel et de la terre) ?
Crois-tu également (et) en Jésus Christ, son
Fils unique, notre Seigneur, qui est né et qui a souffert ?
Crois-tu également en l'Esprit Saint, la Sainte
Église (catholique), la rémission des péchés, la résurrection de la
chair (la vie éternelle) ?
40 Nous croyons en un seul Dieu,
Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et
invisibles.
Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Verbe
de Dieu, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vie de vie, Fils, unique
engendré, premier-né de toutes les créatures, engendré du Père avant
tous les siècles, par qui également tout a été fait, qui, pour notre
salut s'est incarné et a demeuré parmi les hommes, a souffert, le
troisième jour est ressuscité monté vers le Père, et viendra à
nouveau dans la gloire juger les vivants et les morts. Nous croyons
également en un seul Esprit Saint.
41 Nous croyons en un seul Dieu,
Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les
choses visibles et invisibles. (Et) en un seul Seigneur Jésus
Christ, le Fils de Dieu, l'unique engendré, qui a été engendré du
Père vrai Dieu avant tous les siècles, par qui tout a été fait, qui
(est descendu, est devenu chair et) s'est fait homme, a été crucifié
(et a été enseveli et) est ressuscité (d'entre les morts) le
troisième jour, est monté aux cieux, siège à la droite du Père, et
viendra dans la gloire juger les vivants et les morts ; son règne
n'aura pas de fin.
(Et) en un seul Saint-Esprit, le Paraclet, qui
a parlé dans les prophètes, et en un seul baptême de conversion pour
la rémission des péchés, et en une seule Église sainte et
catholique, et en une résurrection de la chair, et en une vie
éternelle.
42 Nous croyons en un seul Dieu,
Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les
choses visibles et invisibles.
Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de
Dieu, l'unique engendré qui a été engendré du Père avant tous les
siècles, c'est-à-dire de la substance du père, lumière de lumière,
vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au
Père, par qui tout a été fait, aux cieux et sur la terre, qui pour
nous les hommes et pour notre salut est descendu des cieux, s'est
incarné de l'Esprit Saint et de Marie la Vierge, et s'est fait
homme, a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a
été enseveli, est ressuscité le troisième jour selon les Écritures
et est monté aux cieux, siège à la droite du Père et reviendra en
gloire juger les vivants et les morts, et son Règne n'aura pas de
fin.
Et en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et donne
la vie, qui procède du Père, qui avec le Père et le Fils est coadoré
et coglorifié, qui a parlé par les prophètes ; en une seule Église
sainte, catholique et apostolique ; nous confessons un seul baptême
pour la rémission des péchés, nous attendons la résurrection des
morts et la vie du monde à venir. Amen.
43 Quant à ceux qui affirment :
« il fut un temps où il n'était pas », et « avant d'être engendré il
n'était pas », ou qu'il a été créé à partir du néant, ou qui disent
que le Fils de Dieu est d'une autre substance ou essence, ou qu'il
est soumis au changement ou à l'altération, ceux-là l'Église
catholique les frappe d'anathème.
44 Nous croyons en un seul Dieu,
Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et
invisibles ; et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu,
engendré de Dieu le Père, unique engendré, c'est-à-dire de la
substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de
vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui
tout a été fait aux cieux et sur la terre, les choses visibles et
invisibles, qui pour les hommes et pour notre salut, est descendu et
s'est incarné, c'est-à-dire a été engendré parfaitement de Marie la
sainte toujours vierge par l'Esprit Saint ; il s'est fait homme,
c'est-à-dire a pris l'homme complet, l'âme, le corps et l'esprit et
tout ce qu'est l'homme, à l'exception du péché, sans venir d'une
semence d'homme ni dans un homme, mais il s'est formé pour lui-même
une chair, réalisant une unique unité sainte ; non à la manière dont
il respirait, parlait et agissait dans les prophètes mais en se
faisant parfaitement homme (« car le Verbe s'est fait chair », sans
subir aucun changement, ni transformer sa nature divine en nature
humaine) ; il l'a unie à sa perfection sainte et à sa divinité
unique (car un seul est le Seigneur Jésus Christ, et non pas deux,
le même est Dieu, le même, Seigneur, le même, roi) ; mais le même a
souffert dans la chair, est ressuscité, est monté aux cieux dans ce
même corps, siège dans la gloire à la droite du Père, viendra dans
ce même corps, en gloire, pour juger les vivants et les morts ; et
son Règne n'aura pas de fin ; et nous croyons au Saint-Esprit, qui a
parlé dans la Loi et a prêché par les prophètes, qui est descendu au
Jourdain, parle dans les apôtres et habite dans les saints ; et nous
croyons en lui en ce sens qu'il est Esprit Saint, Esprit de Dieu,
Esprit parfait, Esprit Paraclet, incréé, qui procède du Père, qui
est reçu du Fils et en qui il est cru ; nous croyons en une seule
Église catholique et apostolique, et en un seul baptême de
conversion, en une résurrection des morts et en un juste jugement
des âmes et des corps, et en un Royaume des cieux et en une vie
éternelle.
45 Mais ceux qui affirment qu'il
fut un temps où le Fils ou le Saint-Esprit n'étaient pas, ou qu'ils
ont été créés à partir du néant, ou qu'ils sont d'une autre
substance ou essence, ou qui disent que le Fils de Dieu ou le
Saint-Esprit sont soumis au changement ou à l'altération, ceux-là
l'Église catholique et apostolique, votre mère et la nôtre, les
frappe d'anathème ; et nous anathématisons aussi ceux qui ne
confessent pas la résurrection des morts, ainsi que toutes les
hérésies qui ne relèvent pas de cette foi droite.
46 Nous croyons en un seul Dieu,
Père tout-puissant, créateur des choses visibles et invisibles.
Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de
Dieu, engendré du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu
de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui
tout a été fait au ciel et sur la terre, les choses visibles et
invisibles ; qui pour nous les hommes et pour notre salut est
descendu, s'est incarné et s'est fait homme, c'est-à-dire a été
engendré parfaitement de Marie toujours vierge par l'Esprit Saint ;
le corps, l'âme, l'esprit et tout ce qu'ont les hommes, à
l'exception du péché, il l'a possédé en vérité non selon
l'apparence ; il a souffert, c'est-à-dire a été crucifié, a été
enseveli, est ressuscité le troisième jour et est monté aux cieux
dans ce même corps ; il siège en gloire à la droite du Père et il
vient en gloire dans ce même corps pour juger les vivants et les
morts ; son Règne n'aura pas de fin.
Nous croyons également en l'Esprit Saint, qui
n'est pas d'une autre nature que le Père et le Fils, mais qui est
consubtantiel au Père et au Fils, qui est incréé, parfait et
Paraclet, qui a parlé dans la Loi, dans les prophètes et dans (les
apôtres et) les évangiles ; qui est descendu au Jourdain, qui
parlera (a parlé) aux apôtres et qui habite dans les saints. Et nous
croyons en cette seule et unique Église catholique et apostolique,
en un seul baptême de conversion et de rémission des péchés, en une
résurrection des morts, en un jugement éternel des corps et des
âmes, en un Royaume des cieux et en une vie éternelle.
47 Mais ceux qui affirment qu'il
fut un temps où le Fils n'était pas, ou qu'il fut un temps où le
Saint-Esprit n'était pas, ou qu'il a été créé de rien, ou qui disent
que le Fils de Dieu ou l'Esprit Saint est d'une autre substance ou
essence, qu'il est soumis au changement ou à l'altération, ceux-là
nous les frappons d'anathème, parce que notre mère catholique
l'Église apostolique, les frappe d'anathème ; nous anathématisons
également ceux qui ne confessent pas la résurrection de la chair
(des morts) et toute hérésie, c'est-à-dire ce qui ne tiennent pas
cette loi de la sainte et unique Église catholique.
48 Nous croyons en un seul Dieu,
Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, des choses
visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils
de Dieu, engendré du Père, unique engendré (c'est-à-dire de la
substance du Père) avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de
lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé,
consubstantiel au Père, par qui tout a été fait. ce qui est au ciel
(dans les cieux) et ce qui est sur la terre, le visible et
l'invisible ; qui pour nous les hommes et pour notre salut est
descendu des cieux, s'est incarné et s'est fait homme (est né)
parfaitement de Marie la Vierge sainte par l'Esprit Saint ; d'elle
(de celle-ci) il a pris chair, esprit, âme (chair, âme, esprit) et
tout ce qui est en l'homme (qu'est l'homme il l'a possédé) en vérité
et non selon l'apparence ; il a souffert, a été crucifié et
enseveli, est ressuscité le troisième jour, est monté au ciel (aux
cieux) dans ce même corps ; il siège à la droite du Père et vient
dans ce même corps, dans la gloire du Père, pour juger les vivants
et les morts ; et son Règne n'aura pas de fin.
Nous croyons (également) en l'Esprit Saint, qui
est incréé, parfait, qui a parlé à travers la Loi, les prophètes et
les évangélistes (dans la Loi, les prophètes et les évangiles), qui
est descendu au Jourdain, qui a annoncé à l'apôtre (aux apôtres) et
a habité (habite) dans les saints. Nous croyons (également) en la
seule et unique Église catholique et apostolique, au seul baptême en
vue de la conversion en la rémission (l'expiation) et le pardon des
péchés, en une résurrection des morts, en un jugement éternel des
âmes et des corps, en un Règne et en une vie éternelle.
49 Mais ceux qui affirment : « il
fut un temps où le Fils de Dieu n'était pas », ou « il fut un temps
où l'Esprit Saint n'était pas », ou qu'ils ont (il a) été créé(s) de
rien, ou qui disent que le Fils de Dieu ou aussi l'Esprit Saint sont
(il est) d'une autre substance ou essence, ou qu'ils sont (il est)
soumis au changement et à l'altération, ceux-là l'Église catholique
apostolique les frappe d'anathème.
50 (d'après le texte grec)
Nous croyons en un seul et unique vrai Dieu, le
Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et
invisibles. Et en notre Seigneur Jésus Christ, son Fils, unique
engendré et premier-né de toute la création, qui a été engendré de
lui avant tous les siècles, et non pas créé vrai Dieu de vrai Dieu,
consubstantiel au Père, par qui les temps ont été ordonnés et tout a
été fait, qui à cause de nous est descendu et est né de Marie la
sainte (toujours) vierge et qui a été crucifié sous Ponce Pilate, a
été enseveli, et est ressuscité le troisième jour selon les
Écritures ; et il est monté aux cieux, et viendra à nouveau pour
juger les vivants et les morts, et en la rémission des péchés, et
(en) une résurrection des morts, et en une vie éternelle.
(d'après le texte latin — dans
Cassien)
Je crois en un seul et unique vrai Dieu, le
Père tout-puissant, créateur de toutes les créatures visibles et
invisibles. Et en notre Seigneur Jésus Christ, son Fils, unique
engendré et premier-né toute la création, qui est né de lui avant
tous les siècles et non pas créé, vrai Dieu de vrai Dieu,
consubstantiel au Père, par qui les temps ont été ordonnés et tout a
été fait, qui à cause de nous est venu et est né de Marie la Vierge,
et qui a été crucifié sous Ponce Pilate, a été enseveli, et est
ressuscité le troisième jour selon les Écritures ; et il est monté
aux cieux, et viendra à nouveau pour juger les vivants et les
morts...
51 Nous croyons en un seul Dieu,
Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et
invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus Christ le Fils de Dieu,
l'unique engendré, le premier-né de toute la création, qui a été
engendré du Père avant tous les siècles, non pas créé, vrai Dieu de
vrai Dieu, consubstantiel à son Père, par qui les temps ont été
ordonnés et tout a été fait, qui pour nous les hommes et pour notre
salut est descendu des cieux, s'est incarné et s'est fait homme ; il
est né de Marie la Vierge, et a été crucifié sous Ponce Pilate, a
été enseveli, est ressuscité le troisième jour selon les Écritures,
est monté aux cieux, siège à la droite du Père, et reviendra juger
les vivants et les morts. Et en un seul Esprit Saint, qui procède du
Père, Esprit qui donne la vie ; nous confessons un seul baptême, une
seule Église sainte catholique, la rémission des péchés, la
résurrection de la chair et une vie éternelle.
55 Je crois en un seul Dieu, Père
tout-puissant. Et en son Verbe consubstantiel, par lequel il a créé
les siècles qui, lorsque les temps furent accomplis, pour enlever le
péché, est demeuré dans la chair qu'il s'est préparée de la Vierge
sainte Marie (et s'est incarné de la Vierge sainte), qui a été
crucifié pour nous, est mort, a été enseveli est ressuscité le
troisième jour, (est monté aux cieux) siège à la droite du Père (de
Dieu le Père), et reviendra dans le temps à venir pour juger les
vivants et morts.
Et en l'Esprit Saint, qui est consubstantiel au
Père et à son Verbe (au Verbe de Dieu). Mais nous voulons croire
également (Et) en une résurrection de l'âme et du corps, (des
morts), comme le dit l'apôtre : « (semé corruptible, il ressuscite
dans la gloire,) semé corps psychique il ressuscite corps
spirituel ». Voir 1Co 15,42-44
60 Je crois et je suis baptisé en
l'unique inengendré, seul vrai Dieu, tout-puissant, Père du Christ,
créateur et auteur de toutes choses, de qui sont toutes choses.
Et au Seigneur Jésus, le Christ, son Fils
monogène, le premier-né de toute créature, engendré avant les
siècles par la prédilection du Père, non pas créé, par qui tout a
été fait, au ciel et sur la terre, le visible et l'invisible ; dans
les derniers jours il est descendu des cieux et a pris chair,
engendré de la sainte Vierge Marie, il a vécu saintement selon les
lois de Dieu son Père, il a été crucifié sous Ponce Pilate, et il
est mort pour nous, et il est ressuscité des morts après sa Passion
le troisième jour, et il est monté aux cieux et s'est assis à la
droite du Père, et il reviendra dans la gloire lors de
l'accomplissement des temps pour juger les vivants et les morts ;
son Règne n'aura pas de fin.
Je suis baptisé aussi en l'Esprit Saint,
c'est-à-dire le Paraclet, qui a agi en tous les saints depuis le
commencement et qui ensuite a été envoyé également aux apôtres
d'auprès du Père selon la promesse de notre Sauveur et Seigneur
Jésus Christ, et après les autres à tous ceux qui croient dans la
sainte Église catholique et apostolique, en la résurrection de la
chair, en la rémission des péchés, en un Royaume des cieux et en la
vie du siècle à venir.
61 Crois-tu en Dieu, le Père
tout-puissant ?
Crois-tu également en Jésus Christ, le Fils de
Dieu, qui vient du Père, qui depuis le commencement est avec Dieu,
qui est né de Marie la Vierge par l'Esprit Saint, qui a été crucifié
sous Ponce Pilate, est mort, est ressuscité le troisième jour, à
nouveau vivant, d'entre les morts, est monté au ciel, siège à la
droite du Père, et qui viendra juger les vivants et les morts ?
Crois-tu également en l'Esprit Saint, en la
Sainte Église ?
62 Tu crois en notre Seigneur Jésus
Christ, le Fils unique de Dieu le Père, qui, d'une manière
admirable, est devenu homme à cause de nous en une unité
inconcevable par son Esprit Saint de Marie la Vierge sainte, sans la
semence de l'homme, et qu'il a été crucifié pour nous sous Ponce
Pilate, est mort en même temps pour notre salut selon sa volonté,
est ressuscité le troisième jour, a libéré ceux qui étaient
enchaînés, est monté aux cieux, siège à la droite de son Père bon
dans les hauteurs, et vient à nouveau juger les vivants et les morts
selon sa révélation et son Règne.
Et tu crois en l'Esprit Saint, bon et qui donne
la vie, qui purifie tout, dans la sainte Église.
63 Crois-tu au nom de Jésus Christ,
notre Seigneur, le Fils Unique de Dieu le Père, qu'il est devenu
homme par un miracle inconcevable du Saint-Esprit et de la Vierge
Marie, sans la semence de l'homme, et qu'il a été crucifié aux jours
de Ponce Pilate, est mort en même temps pour notre salut selon sa
volonté, est ressuscité le troisième jour d'entre les morts, a
libéré ceux qui étaient enchaînés, est monté aux cieux, siège à la
droite du Père et viendra juger les vivants et les morts selon sa
révélation et son Règne ?
Crois-tu en l'Esprit Saint, bon et qui purifie,
et en la sainte Église ? Et crois-tu en la résurrection de la chair
qui attend tous les hommes en un Règne et en un jugement éternel ?
64 Crois-tu en Dieu, le Père
tout-puissant ?
Crois-tu en Jésus Christ, le Fils de Dieu, que
Marie, la Vierge, a engendré du Saint-Esprit (qui est venu pour
sauver le genre humain,) qui a été crucifié (pour nous) sous Ponce
Pilate, est mort et qui est ressuscité d'entre les morts le
troisième jour, et qui est monté aux cieux, qui siège à la droite du
Père et viendra juger les vivants et les morts ?
Crois-tu en l'Esprit Saint (paraclet qui
procède du Père et du Fils) ?
71 Nous croyons en un seul Dieu,
Père tout-puissant, et en notre unique Seigneur Jésus Christ, le
Fils de Dieu, et en un (seul) Dieu Esprit Saint. Ce ne sont pas
trois dieux, mais le Père, le Fils et l'Esprit Saint que nous
vénérons et confessons comme un seul Dieu : nous ne confessons pas
le Dieu unique comme s'il était solitaire, ni comme si le même était
le Père pour lui-même et était lui-même également le Fils, mais nous
confessons que le Père est celui qui a engendré, et que le Fils est
celui qui a été engendré ; quand au Saint-Esprit il n'est ni
engendré, ni non engendré, ni créé, ni fait, mais procède du Père et
du Fils, coéternel, coégal et coopérateur du Père et du Fils,
puisqu'il est écrit : « Par la parole du Seigneur les cieux ont été
affermis’, c'est-à-dire par le Fils de Dieu, « et toute leur
solidité par le souffle de sa bouche » Ps 33,6 , et dans un
autre passage : Envoie ton Esprit, et ils seront créés, et tu
renouvelleras la face de la terre (voir Ps 104,30 ). C'est
pourquoi dans le nom du Père, du Fils et de l'Esprit Saint nous
confessons un seul Dieu, parce que « Dieu » est le nom de la
puissance, non de la propriété. Le nom propre pour le Père est
« Père », le nom propre pour le Fils est « Fils », et le nom propre
pour l'Esprit Saint est « Esprit Saint ». Et dans cette Trinité nous
croyons un seul Dieu, parce qu'est d'un unique Père ce qui, avec le
Père, est d'une même nature, d'une même substance, d'une même
puissance. Le Père a engendré le Fils non pas selon la volonté, ni
selon la nécessité, mais selon la nature.
72 Aux derniers temps le Fils est
descendu du Père pour nous sauver et accomplir les Écritures, lui
qui n'a jamais cessé d'être avec le Père, et il a été conçu du
Saint-Esprit et est né de Marie la Vierge, a pris chair, âme et
esprit, c'est-à-dire l'homme complet ; et il n'a pas perdu ce qu'il
était mais a commencé à être ce qu'il n'était pas ; mais en sorte
que s'il est parfait en ce qui est sien, il est également véritable
en ce qui est nôtre.
En effet, lui qui était Dieu est né homme , et
celui qui est né homme a opéré comme Dieu ; et celui qui a opéré
comme Dieu, meurt comme un homme ; et celui qui est mort comme un
homme ressuscite comme Dieu. Après avoir vaincu l'empire de la mort,
il est ressuscité le troisième jour avec la chair avec laquelle il
était né, avait souffert et est mort ; il est monté vers le Père, et
siège à sa droite dans la gloire qu'il possédait et possède
toujours. Nous croyons que nous avons été purifiés dans sa mort et
dans son sang pour être ressuscités par lui au dernier jour dans
cette chair dans laquelle nous vivons maintenant ; et nous sommes
dans l'attente que nous obtiendrons de lui, soit la vie éternelle en
récompense de notre bon mérite, soit la peine du supplice éternel
pour nos péchés. Lis cela, tiens-le fermement, soumets ton âme à
cette foi. Ainsi tu obtiendras du Christ Seigneur la vie et la
récompense.
73 La Trinité clémente est une
seule divinité. C'est pourquoi le Père et le Fils et l'Esprit Saint
sont une seule source, une seule substance, une seule force, une
seule puissance. Nous ne disons pas que Dieu Père et Dieu Fils et
Dieu Esprit Saint sont trois dieux, mais nous les confessons avec
une grande piété comme un seul. Car tout en nommant trois personnes,
nous confessons d'une voix catholique et apostolique qu'il y a une
seule substance. C'est pourquoi : Père, Fils et Esprit Saint, et
« les trois sont un » (voir 1Jn 5,7 ). Trois, ni confondus,
ni divisés, mais à la fois conjoints de façon distincte et distincts
dans la conjonction ; unis dans la substance, mais distincts par
leurs noms ; conjoints dans la nature mais distincts dans les
personnes ; égaux en divinité, pleinement semblables dans la
majesté, concordant dans la Trinité, participant à la gloire. Ils
sont un d'une manière telle que nous ne doutons pas qu'ils sont
également trois ; ils sont trois d'une manière telle que nous
confessons qu'ils ne peuvent pas être séparés l'un de l'autre. C'est
pourquoi il n'est pas douteux que l'offense faite à l'un est un
outrage fait à tous, parce que la louange de l'un se rapporte à la
gloire de tous.
74 « Ceci en effet est selon la
doctrine des évangiles et des apôtres un point principal de notre
foi, à savoir que notre Seigneur Jésus Christ et Fils de Dieu n'est
séparé du Père ni par la confession de l'honneur, ni par la vertu de
la puissance, ni par la divinité de la substance, ni par un
intervalle temporel ». Et c'est pourquoi si quelqu'un dit du Fils de
Dieu, qui était aussi bien vrai Dieu que vrai homme, à l'exception
seulement du péché, qu'il lui a manqué quelque chose, soit en son
humanité, soit en sa divinité, il doit être considéré comme impie et
comme étranger à l'Église catholique et apostolique.
75 (1) Quiconque veut être sauvé,
doit avant tout tenir la foi catholique :
(2) celui qui ne la garde pas intègre
et inviolée ira, sans aucun doute, à sa perte éternelle.
(3) Or la foi catholique consiste en
ceci : nous vénérons un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans
l'unité,
(4) sans confondre les personnes ni
diviser la substance :
(5) autre en effet est la personne du
Père, autre celle (la personne) du Fils, autre celle (la personne)
de l'Esprit Saint ;
(6) mais le Père, le Fils et l'Esprit
Saint ont une même divinité, une gloire égale, une même éternelle
majesté.
(7) Comme est le Père, tel est le
Fils, tel (aussi) l'Esprit Saint :
(8) incréé est le Père, incréé le
Fils, incréé l'Esprit Saint ;
(9) immense est le Père, immense le
Fils, immense l'Esprit Saint :
(10) éternel est le Père, éternel le
Fils, éternel l'Esprit Saint ;
(11) et cependant ils ne sont pas
trois éternels, mais un seul éternel ;
(12) ni non plus trois incréés, ni
trois immenses, mais un seul incréé (immense) et un seul immense
(incréé).
(13) De même tout-puissant est le
Père, tout-puissant le Fils, tout puissant l'Esprit Saint ;
(14) et cependant ils ne sont pas
trois tout-puissants, mais un seul tout-puissant.
(15) Ainsi le Père est Dieu, le Fils
est Dieu, l'Esprit Saint est Dieu ;
(16) et cependant ils ne sont pas
trois dieux, mais un seul Dieu.
(17). Ainsi le Père est Seigneur, le
Fils est Seigneur, l'Esprit Saint est Seigneur ;
(18) et cependant ils ne sont pas
trois Seigneurs, mais il y a un seul Seigneur :
(19) car de même que la vérité
chrétienne nous commande de confesser chacune des personnes en
particulier comme Dieu et Seigneur,
(20) de même la religion catholique
nous interdit de dire qu'il ya trois dieux ou trois seigneurs.
(21) Le père n'a été fait par
personne, ni créé, ni engendré ;
(22) le Fils est du Père seul, non
pas fait, ni créé, mais engendré ;
(23) l'Esprit Saint est du Père et du
Fils, non pas fait, ni créé, ni engendré, mais il procède.
(24) Donc un seul Père, non pas trois
Pères ; un seul Fils, non pas trois Fils, un seul Esprit Saint, non
pas trois Esprits Saints.
(25) Et dans cette Trinité rien n'est
antérieur ou postérieur, rien n'est plus grand ou moins grand,
(26) mais toutes les trois personnes
sont coétemelles et coégales,
(27) si bien qu'en tout, comme il a
déjà été dit plus haut, on doit vénérer aussi bien l'unité dans la
Trinité que la Trinité dans l'unité
(28) Celui donc qui veut être sauvé
doit penser cela de la Trinité.
76 (29) Mais il est nécessaire au
salut éternel de croire fidèlement aussi en l'incarnation de notre
Seigneur Jésus Christ.
(30) C'est donc la foi droite que de
croire et de confesser que notre Seigneur Jésus Christ, Fils de
Dieu, est Dieu et homme (aussi bien Dieu qu'il est également
homme) :
(31) il est Dieu, engendré de la
substance du Père avant les siècles, et homme né de la substance de
la mère dans le temps ;
(32) Dieu parfait, homme parfait,
composé d'une âme raisonnable et d'une chair humaine ;
(33) égal au Père selon la divinité,
inférieur au Père selon l'humanité ;
(34) bien qu'il soit Dieu et homme,
il n'y a pas cependant deux Christ, mais un seul Christ ;
(35) un, non pas parce que la
divinité s'est changée en chair (dans la chair), mais parce que
l'humanité a été assumée en Dieu ;
(36) un absolument, non par un
mélange de substance, mais par l'unité de personne.
(37) En effet de même que l'âme
raisonnable et le corps font un homme un, de même Dieu et l'homme
font un seul Christ.
(38) Il a souffert pour notre salut,
il est descendu aux enfers, le troisième jour il est ressuscité des
morts,
(39) il est monté aux cieux, il siège
à la droite du Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts.
(40) A sa venue tous les hommes
ressusciteront avec (dans) leurs corps et rendront compte chacun de
leurs actes ;
(41) ceux qui ont bien agi iront dans
la vie éternelle, mais ceux qui auront mal agi, au feu éternel.
(42) Telle est la foi catholique : si
quelqu'un ne la croit pas fidèlement et fermement, il ne pourra être
sauvé.

PIERRE : 30 ? – 67 ?
LIN : 67 – 76 (79 ?)
ANACLET : 76 (80 ,) – 90 (88 ?)
CLEMENT
1er de Rome : 92 (88 ?) – 101 (97 ?)
Lettre aux Corinthiens, vers
96.
(lettre occasionnée par des troubles dans la
communauté ; des presbytres avaient été privés injustement de leur
ministère)
L'ordre parmi les membres de
l'Église
101
(Chap.40, n.1)...
après nous être penchés sur les profondeurs de la connaissance
divine, nous devons faire avec ordre tout ce que le Maître a ordonné
d'accomplir selon les temps fixés. (2) Il a ordonné que les
offrandes et les fonctions liturgiques s'accomplissent non pas au
hasard ou sans ordre, mais à des temps et des moments déterminés.
(3) Où et par qui il veut qu'elles soient accomplies, lui-même l'a
déterminé par sa décision souveraine, afin que toutes choses se
passent dans l sainteté selon son bon plaisir et soient agréables à
sa volonté. (4) Donc ceux qui présentent leurs offrandes aux temps
marqués sont agréés et heureux, car en suivant les préceptes du
Maître ils ne se trompent pas. (5) Car au grand prêtre ont été
dévolues des fonctions qui lui sont particulières, aux lévites sont
imposés des services particuliers. Celui qui est laïque est lié par
les préceptes propres aux laïques.
(Chap. 41,
n.1) Que chacun de nous, frères, plaise (rende grâce) à Dieu " à son
rang particulier ". 1Co 15,23 selon une conscience droite,
avec dignité, sans enfreindre les règles qui ont été déterminées
pour sa fonction...
(Chap. 42,
n.1) Les apôtres ont reçu pour nous la bonne nouvelle par le
Seigneur Jésus Christ ; Jésus, le Christ, a été envoyé par Dieu. (2)
Donc le Christ vient de Dieu, les apôtres viennent du Christ ; les
deux choses sont sorties en bel ordre de la volonté de Dieu. (3) Ils
ont reçu des instructions et, remplis de certitude par la
résurrection de notre Seigneur Jésus Christ, affermis par la Parole
de Dieu, avec la pleine certitude de l'Esprit Saint, ils sont partis
annoncer la bonne nouvelle que le Royaume de Dieu allait venir. (4)
Ils prêchaient dans les campagnes et dans les villes et ils
établissaient les prémices, ils les éprouvaient par l'Esprit, afin
d'en faire les épiscopes et les diacres des futurs croyants.
L'autorité de l'Église romaine
102
(Chap. 7,n.1) Pour
vous avertir, nous vous écrivons...
(Chap. 58,
n.2) Recevez nos recommandations et vous ne vous en repentirez pas.
(Chap. 59,
n.1) Mais si quelques-uns désobéissent à ce que nous leur avons dit
de sa part (du Christ), qu'ils sachent qu'ils s'engagent dans une
faute et des dangers considérables. (2) Quant à nous, nous serons
innocents de ce péché.
(Chap. 63,
n.2) Vous nous procurerez en effet joie et allégresse si vous
obéissez à ce que nous avons écrit par le Saint Esprit, si vous
coupez court aux colères coupables que vous inspire la jalousie,
selon l'invitation à la paix et à la concorde que nous vous
adressons dans cette lettre.
EVARISTE :
101 (97 ?) – 105 ?
ALEXANDRE Ier : 105 (107 ?) – 115 (116
?)
XYSTE (SIXTE) Ier : 115 (116s) – 125
?
TELESPHORE : 125 ? – 136 ?
HYGIN : 136 ? – 140 ?
PIE Ier : 140 ? – 155 ?
ANICET :
155 ? – 166
SOTER : 166 ? - 174 (175 ?)
ELEUTHERE : 174 (175 ?) – 189 ?
VICTOR Ier : 189 – 198 (199 ?)
ZEPHIRIN : 198 (199 ?) – 217
Déclarations dogmatiques de
Zéphirin et de Calixte.
Le Verbe fait chair
(authenticité douteuse)
105
Mais il (Calixte)
amena Zéphirin lui-même à affirmer publiquement : « Je ne connais
qu'un seul Dieu, le Christ Jésus, et en dehors de lui nul autre qui
fût engendré et qui ait souffert ». Mais en disant alors : « Ce
n'est pas le Père qui est mort, mais le Fils », il (Calixte)
maintint indéfiniment la querelle au sein du peuple.
CALIXTE Ier : 217 (218 ?) – 222(223)
URBAIN Ier : 222 ? – 230
PONTIEN : Juillet août 230 – 28 septembre 235
ANTERUS : 21 (22 ?) novembre 235 – 3 janvier 236
FABIEN : 10 janvier 236 – 20 janvier 250
CORNEILLE : mars 251 – juin (septembre ?) 253
Lettre . « Quantam
sollicitudinem ». à l'évêque Cyprien de Carthage, 251.
108 « Nous
savons... que Corneille a été élu évêque de la très sainte Église
catholique par Dieu le tout-puissant et par le Christ notre
Seigneur ; nous confessons notre erreur ; nous avons été victimes
d'une imposture ; nous avons été circonvenus par la perfidie et des
bavardages trompeurs ; car même si nous paraissions être comme dans
une certaine communion avec un homme schismatique et hérétique,
notre cœur fut toujours dans l'Église ; nous n'ignorons pas en effet
qu'il n'y a qu'un seul Dieu, et qu'un seul Christ Seigneur que nous
avons confessé, un seul Esprit Saint, et qu'il ne doit y avoir qu'un
seul évêque (préposé) dans l'Église catholique ».
Lettre (de Corneille) à
l'évêque Fabien d'Antioche, 251.
Les ministères et les états
dans l'Église
109
Le vengeur de
l'Évangile (Novatien) ne savait-il donc pas qu'il doit y avoir un
seul évêque dans une Église catholique ? Dans celle-ci, il ne
l'ignorait pas — comment l'aurait-il fait — il y a quarante-six
presbytres, sept diacres, sept sous-diacres, quarante deux acolytes,
cinquante deux exorcistes, lecteurs et portiers, plus de quinze
cents veuves et indigents, que la grâce et la philanthropie du
Maître nourrissent tous.
LUCIUS : 25 (26 ?) juin 253 – 5 mars 254
ÉTIENNE Ier : 12 (28 ?) mai 254 – 2 août 257
Lettre (fragment) à Cyprien de
Carthage. 256.
Baptême des hérétiques
110
(Chap. 1)... « S'il
en est donc qui viennent à vous de quelque hérésie, qu'on n'innove
pas sinon selon ce qui a été transmis, qu'on leur impose la main
pour la pénitence, puisque les hérétiques eux-mêmes, lorsque l'un
des leurs vient à un autre groupe ne baptisent pas, mais l'admettent
simplement à leur communion ».
(Ces
paroles du pape Étienne, Cyprien les rejette et poursuit :)
(Chap. 2)
(Étienne) a défendu de baptiser dans l'Église quelqu'un qui vient de
quelque hérésie, c'est-à-dire qu'il tient tous les baptêmes des
hérétiques pour authentiques et légitimes.
Lettre (fragment) aux évêques
d'Asie Mineure, 256.
Baptême des hérétiques.
111
(Chap. 18) « Mais...
le nom du Christ a grand avantage pour la foi et pour la
sanctification par le baptême, de sorte que quiconque, et où que ce
soit, a été baptisé au nom du Christ, reçoit aussitôt la grâce du
Christ ».
(Firmilien
écrit dans la même lettre ce qui suit au sujet de la décision
d'Etienne 1er :)
(Chap.
5)... Étienne disait cela, comme si les apôtres avaient interdit que
soient baptisés ceux qui viennent de l'hérésie, et avaient transmis
cela pour que cela soit gardé par ceux qui suivraient...
(Chap.8)... Étienne et ceux qui partagent son sentiment prétendent
que la rémission des péchés et la seconde naissance peuvent avoir
lieu dans le baptême des hérétiques chez qui, comme ils le
confessent eux-mêmes, l'Esprit Saint n'est pas...
(Chap.
9)... ils pensent qu'il ne faut pas demander quel est celui qui a
baptisé, parce que celui qui a été baptisé a pu recevoir la grâce
par l'invocation de la Trinité des noms du Père et du Fils et de
l'Esprit Saint... Ils disent que celui qui a été baptisé au-dehors
peut obtenir la grâce du baptême par sa disposition d'esprit et par
sa foi.
(Chap.
17)... Étienne, qui se vante de détenir par succession la chaire de
Pierre, n'est animé d'aucun zèle contre les hérétiques, puisqu'il
leur accorde un pouvoir de grâce non pas petit mais grand, de sorte
qu'il dit et qu'il assure que par le sacrement du baptême ils
effacent les souillures du vieil homme, qu'ils pardonnent les
anciens péchés de mort, qu'ils font des fils de Dieu par la
régénération céleste, et qu'ils renouvellent par la sanctification
du bain divin en vue de la vie éternelle.
XYSTE (SIXTE) II : 30 ? août 257 - 6 août 258
DENYS : 22 juillet 259 (260 ?)-27 (26 ?) décembre 268
Lettre (fragment) à Denys,
l'évêque d'Alexandrie, 262.
Trinité et Incarnation
112
(Chap. 1) Ensuite je
dois m'adresser à ceux qui divisent, séparent et détruisent la
monarchie, l'enseignement le plus vénérable de l'Église de Dieu, en
trois puissances et hypostases séparées et en trois divinités. J'ai
appris en effet que certains, qui prêchent et enseignent chez vous
la Parole divine, professent cette opinion. Ils s'opposent
diamétralement, dirais-je, à la pensée de Sabellius. Lui blasphème
en disant que le Fils est le Père, et réciproquement. Eux prêchent
en quelque manière trois dieux, en divisant la sainte unité en trois
hypostases étrangères l'une à l'autre et totalement séparées. Il
est, en effet, nécessaire que le Verbe divin soit uni au Dieu de
l'univers, et il faut que l'Esprit Saint demeure et habite en Dieu ;
il est nécessaire, d'ailleurs, que la Trinité divine soit
récapitulée et ramenée à un seul, comme à un sommet, c'est-à-dire le
Dieu tout-puissant de l'univers. La doctrine de l'insensé Marcion,
qui coupe et divise la monarchie en trois principes, est un
enseignement diabolique et non celui des vrais disciples du Christ,
ni de ceux qui se plaisent aux enseignements du Sauveur. Car ceux-ci
savent bien que la Trinité était prêchée dans la divine Écriture,
mais que ni l'Ancien Testament ni le Nouveau ne prêchent trois
dieux.
113
(Chap. 2) On ne
blâmera pas moins ceux qui soutiennent que le Fils est une créature
et qui pensent que le Seigneur a été fait comme l'une des choses qui
ont été faites, alors que les paroles divines attestent à son sujet
une génération adaptée et appropriée, mais non une fabrication et
une création. Ce n'est donc pas n'importe quel blasphème, mais le
plus grand, de dire que le Seigneur est en quelque sorte une chose
façonnée. Car si le Fils est devenu, c'est donc qu'il y eut un temps
où il n'était pas ; mais il est de toujours s'il est dans le Père,
comme il le dit lui-même Jn 14,10 s, si le Christ est le
Verbe, la Sagesse et la Puissance — car que le Christ le soit, les
saintes Écritures le disent Jn 1,14; 1Co 1,24 , comme vous le
savez ; or ce sont là des puissances de Dieu. Si donc le Fils a été
fait, il y eut un temps où cela n'était pas ; et il y eut donc un
moment où Dieu était sans cela ; ce qui est totalement insensé.
114
Et dois-je disserter
davantage à ce sujet devant vous, face à des hommes remplis de
l'Esprit et qui savent bien les incohérences qui surgissent
lorsqu'il est dit que le Fils est une créature ? Ceux qui promeuvent
cette opinion ne me semblent pas les avoir eues à l'esprit, et donc
avoir manqué totalement la vérité, puisque ce passage : « Le
Seigneur m'a créé comme le commencement de ses voies », Pr 8,22
(LXX.) : ils l'ont compris autrement que ne le veut l'Écriture
divine et prophétique. Car il n'existe pas, comme vous le savez une
seule signification de « il a créé ». En effet, « il a créé » doit
être entendu au sens de « il a établi à la tête des œuvres faites
par lui », mais faites par le Fils lui-même…
Mais « il
a créé » n'est pas dit ici au sens de « il a fait ». Il y a en effet
une différence entre « créer » et « faire ». Ce père qui est le
tien, ne t'a-t-il pas acquis, fait et créé ? Dt 32,6 (LXX.)
dit Moïse dans le grand cantique du Deutéronome. A ceux là,
quelqu'un pourrait dire aussi : O hommes insensés, il est donc
quelque chose de fait, « le premier-né de toute la création »
Col 1,15 , « celui qui est né du sein avant l'étoile du matin »
Ps 110,3 (LXX.), celui qui a dit, comme la Sagesse, « avant
toutes les collines il m'a engendré », Pr 8,25 (LXX.) ? On
peut trouver aussi beaucoup de passages de paroles divines dans
lesquels il est dit que le Fils a été engendré, mais non qu'il a été
fait. Pour ces raisons, ceux qui osent lire que son engendrement
divin et ineffable est une création, sont clairement convaincus de
proférer des mensonges au sujet de l'engendrement du Seigneur.
115
(Chap. 3) Il ne faut
donc pas partager en trois divinités l'admirable et divine unité, ni
porter atteinte à la dignité et à la souveraine grandeur de Dieu en
parlant de « faire » mais il faut croire en Dieu le Père
tout-puissant et en son Fils Jésus Christ et au Saint-Esprit : le
Verbe est uni au Dieu de l'univers. Car il dit : « Moi et le Père,
nous sommes un » Jn 10,30 et « Je suis dans le Père et le
Père est en moi » Jn 14,10 . C'est ainsi que la Trinité
divine et la sainte prédication de la monarchie seront sauvegardées.
FELIX Ier : 5 (3 ?) janvier 269 – 30 décembre
274
EUTYCHIEN : 4 (3 ?) janvier 275 – 8 (7 ?) décembre 283
CAIUS : 17 (16 ?) décembre 283 – 22 avril 295 (296 ?)
MARCELLIN : 30 juin 295 (296 ?)-25 octobre (15 janvier ?)
304
·
Concile d'Elvire (Espagne), 300-303
117 Canon 9. De même une femme
croyante, qui a quitté son mari croyant adultère et qui épouse un
autre, il sera interdit qu'elle l'épouse ; si elle l'épouse
néanmoins, elle ne recevra pas la communion avant que celui qu'elle
a abandonné ait quitté d'abord le monde ; à moins que peut-être la
contrainte de la maladie ne pousse à la lui donner.
118 Canon 27. Un évêque, ainsi que
tout autre clerc, n'aura avec lui que sa sœur ou sa fille si elle
est consacrée à Dieu ; il a été décidé qu'en aucune manière il
n'aura avec lui une étrangère.
119 Canon 33. Il a été décidé
d'imposer l'interdiction absolue suivante aux évêques, aux
presbytres et aux diacres, ainsi qu'aux clercs qui assurent le
ministère : ils s'abstiendront de leurs épouses et n'engendreront
pas d'enfants ; quiconque le fera, sera chassé du rang des clercs.
120 Canon 38. Lorsqu'on navigue au
loin ou s'il n'est pas d'église à proximité, un fidèle qui a gardé
intact son baptême et qui n'est pas bigame, peut baptiser un
catéchumène qui se trouve dans la contrainte d'une maladie, mais de
telle sorte que s'il survit, il le conduise auprès de l'évêque afin
qu'il puisse être parfait par l'imposition des mains.
121 Canon 77. Si un diacre dirigeant
le peuple en a baptisé quelques-uns sans l'évêque ou le presbytre,
l'évêque devra les parfaire par la bénédiction ; mais s'ils ont
quitté le monde avant cela, quelqu'un pourra être juste en vertu de
la foi avec laquelle il aura cru.
MARCEL Ier : mai/juin 308 (307 ?)-16 janvier
309 (308 ?)
EUSEBE : 18 avril 309 (310 ?) - 17 août 309 (310 ?)
MILTIADE (MELCHIADE) : 2 juin 310 (311 ?) - 11
janvier 314
SILVESTRE Ier : 31 janvier 314 - 31 décembre
335
123 Canon 9 (8). A propos des
Africains qui pratiquent une règle qui leur est propre, celle de
rebaptiser, il a été décidé que si quelqu'un vient de l'hérésie à
l'Église, on l'interroge sur le symbole, et que si on voit avec
certitude qu'il a été baptisé dans le Père et le Fils et l'Esprit
Saint, on lui impose seulement les mains pour qu'il reçoive l'Esprit
Saint. Mais si, interrogé, il ne répond pas en proclamant cette
Trinité qu'on le rebaptise.
125 Version grecque
Nous croyons en un seul Dieu, Père
tout-puissant, créateur de tous les êtres visibles et invisibles, et
en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, engendré du père,
unique engendré, c'est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu,
lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé,
consubstantiel au Père, par qui tout a été fait, ce qui est dans le
ciel et ce qui est sur la terre, qui à cause de nous les hommes et à
cause de notre salut est descendu et s'est incarné, s'est fait
homme, a souffert et est ressuscité le troisième jour, est monté aux
cieux, viendra juger les vivants et les morts, et en l'Esprit Saint.
Version latine
Nous croyons en un seul Dieu, Père
tout-puissant, créateur de tous les êtres visibles et invisibles.
Et en notre seul Seigneur, Jésus Christ le Fils
de Dieu, né du Père, unique engendré, c'est-à-dire de la substance
du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu,
né, non pas créé, d'une unique substance avec le Père (ce qu'en grec
on appelle homoousios ), par qui tout a été fait, ce qui est dans le
ciel et ce qui est sur la terre, qui à cause de notre salut est
descendu et s'est incarné, s'est fait homme, a souffert et est
ressuscité le troisième jour, est monté au cieux, viendra juger le
vivants et les morts. Et en l'Esprit Saint.
126 Version grecque
Ceux qui disent : « Il était un temps où il
n'était pas » et « Avant d'avoir été engendré, il n'était pas » et
« il est devenu à partir de ce qui n'était pas » ou d'une autre
hypostase ou substance, ou qui affirment que le Fils de Dieu est
créé ou susceptible de changement ou d'altération, ceux-là l'Église
catholique et apostolique les anathématise.
Version latine
Ceux qui disent : « Il était un temps où il
n'était pas » et « Avant d'être né il n'était pas » et « il est
devenu à partir de ce qui n'était pas », ou qui disent que Dieu est
d'un autre substance ou essence ou qu'il est susceptible de
changement ou d'altération, ceux-là l'Église catholique et
apostolique les anathématise.
127 8. Au sujet de ceux qui
s'appellent eux-mêmes les purs, mais qui voudraient entrer ensemble
dans l'Église catholique et apostolique, il a paru bon au saint et
grand concile qu'on leur impose les mains et qu'ainsi ils demeurent
dans le clergé ; mais avant tout ils promettront par écrit de se
conformer aux décrets de l'Église catholique et de les suivre,
c'est-à-dire de garder la communion avec ceux qui se sont mariés en
deuxièmes noces et avec ceux qui ont failli dans la persécution ...
(...) mais qui font pénitence de leurs fautes.
Ils seront donc tenus de suivre en tout l'enseignement de l'Église
catholique. Par conséquent, lorsque, dans les villages ou dans les
villes, il ne se trouve que des clercs de leur parti, ils doivent
rester dans le clergé et dans leur charge ; mais si un prêtre ou un
évêque catholique se trouvait parmi eux, il est évident que l'évêque
de l'Église catholique devra conserver la dignité épiscopale, tandis
que celui qui a été décoré du titre d'évêque par les cathares n'aura
droit qu'aux honneurs réservés aux prêtres, à moins que l'évêque ne
trouve bon de le laisser jouir de l'honneur du titre (épiscopal).
S'il ne le veut pas, qu'il lui donne une place de chorévêque ou de
prêtre, afin qu'il paraisse faire réellement partie du clergé, et
qu'il n'y ait pas deux évêques dans une ville.
9. Si quelques-uns ont été, sans enquête,
élevés à la prêtrise ou si, au cours de l'enquête, ils ont avoué
leurs crimes, l'imposition des mains faites contrairement à ce que
le canon ordonne, n'est pas admise, car l'Église catholique veut des
hommes d'une réputation intacte.
10. Les “lapsi” qui auront été ordonnés soit
que ceux qui les ordonnaient ne connussent pas leur chute, soit
qu'ils la connussent, ne font pas exception aux lois de l'Église ;
ils seront exclus dès que l'on aura connaissance de cette
illégalité.
11. Quant à ceux qui ont faibli pendant la
persécution de Licinius, sans y être poussés par nécessité ou par la
confiscation de leurs biens ou par un danger quelconque, le Concile
décide qu'on les traitera avec ménagement, quoique, à la vérité ils
ne s'en soient pas montrés dignes. Ceux d'entre eux qui sont
véritablement repentants et qui sont déjà baptisés, doivent faire
pénitence pendant trois ans avec les “audientes” et sept ans avec
les “substrati” ; ils pourront pendant les deux années suivantes
assister avec le peuple au saint sacrifice, mais sans prendre part à
l'offrande.
12. Ceux qui, appelés par la grâce ont d'abord
proclamé leur foi abandonnant le ceinturon, mais qui ensuite,
semblables à des chiens retournant à leurs vomissements, vont
jusqu'à donner de l'argent et des présents pour être réintégrés dans
le service public, ceux-là devront rester trois ans parmi les
“audientes” et dix ans parmi les “substrati”. Mais pour ces
pénitents, il faut avoir soin d'étudier leurs sentiments et leur
genre de contrition. En effet, ceux d'entre eux qui, avec crainte,
larmes, patience et bonnes oeuvres, montrent ainsi par des faits la
sincérité d'un retour réel, après avoir accompli le temps de leur
pénitence parmi les “audientes” pourront être admis avec ceux qui
prient, et il dépend même de l'évêque de les traiter avec encore
plus d'indulgence. Quant à ceux qui supportent avec indifférence
(leur exclusion de l'Église) et qui pensent que cette pénitence est
suffisante pour expier leurs fautes, ceux-là seront tenus à faire
tout le temps prescrit.
128 19. A l'égard des paulianistes
qui font retraite ensuite vers l'Église catholique, la décision a
été prise de les rebaptiser en toute hypothèse. Dans le cas où
certains d'entre eux étaient auparavant membres du clergé, s'ils
apparaissent irréprochables et au-dessus de tout soupçon, qu'une
fois rebaptisés, ils soient ordonnés par l'évêque de l'Église
catholique.
20. Comme quelques-uns plient le genou le
dimanche et au jour de la Pentecôte, le saint Concile a décidé que,
pour observer une règle uniforme, tous devraient adresser leurs
prières à Dieu en restant debout.
1. Si quelqu'un a subi de la part de médecins
une opération qu'il reste dans le clergé ; mais si quelqu'un s'est
châtré lui-même, alors qu'il était en bonne santé, il convient qu'il
cesse d'être rangé dans le clergé, et à l'avenir on ne devra
admettre aucun de ceux qui auront agi ainsi. Mais, de même que ce
qui vient d'être dit ne regarde évidemment que ceux qui font la
chose de propos délibéré et qui osent se châtrer eux-mêmes, de même,
si certains ont été rendus eunuques par des barbares ou par leurs
maîtres et que par ailleurs ils se trouvent dignes, ceux-là, la
règle ecclésiastique les admet dans le clergé.
2. Soit par nécessité, soit à cause des
instances de quelques personnes, plusieurs choses contraires à la
règle ecclésiastique se sont produites ; ainsi, on a accordé le bain
spirituel et avec le baptême, la dignité épiscopale ou sacerdotale à
des hommes qui avaient à peine passé de la vie païenne à la foi, et
qui n'avaient été instruits que pendant très peu de temps ; il est
juste qu'à l'avenir on n'agisse plus ainsi, car il faut du temps au
catéchumène (en vue du baptême) et après le baptême une plus longue
épreuve (en vue des ordres). Elle est sage la parole de l'Apôtre
disant 1Tm 3,6 que l'évêque ne soit pas néophyte, de peur que
par orgueil il ne tombe dans le jugement et dans le piège du démon.
Si dans la suite un clerc se rend coupable d'une faute grave,
constatée par deux ou trois témoins, il doit cesser d'appartenir au
clergé. Celui qui agit contre cette ordonnance et qui se montre
désobéissant à l'égard de ce grand concile est en danger de perdre
sa cléricature.
3. Le grand Concile défend absolument aux
évêques, aux prêtres, aux diacres, en un mot à tous les membres du
clergé d'avoir (avec eux) une personne du sexe, à moins que ce soit
une mère, une soeur, une tante, ou enfin les seules personnes qui
échappent à tout soupçon.
4. L'évêque doit être établi par tous ceux (les
évêques) de l'éparchie (province), si une nécessité urgente, ou la
longueur du chemin s'y oppose, trois (évêques) au moins doivent se
réunir et procéder à la cheirotonie (sacre), munis de la permission
écrite des absents. La confirmation de ce qui s'est fait revient de
droit dans chaque éparchie, au métropolitain.
5. Pour ce qui est des excommuniés clercs ou
laïques, la sentence portée par les évêques de chaque province doit
avoir force de loi, conformément à la règle prescrivant que celui
qui a été excommunié par l'un ne doit pas être admis par les autres.
Il faut cependant s'assurer que l'évêque n'a pas porté cette
sentence d'excommunication par étroitesse d'esprit, par esprit de
contradiction ou par quelque sentiment de haine. Afin que cet examen
puisse avoir lieu, il a paru bon d'ordonner que dans chaque
province, on tînt deux fois par an un concile, qui se composera de
tous les évêques de la province ; ils feront toutes les enquêtes
nécessaires pour que chacun voie que la sentence d'excommunication a
été justement portée pour une désobéissance constatée et jusqu'à ce
qu'il plaise à l'assemblée des évêques d'adoucir ce jugement. Ces
conciles devront se tenir l'un avant le carême, pour que, ayant
éloigné tout sentiment peu élevé, nous puissions présenter à Dieu
une offrande agréable; et le second dans l'automne.
129 13. A l'égard de ceux qui
achèvent leur route ici-bas, la loi ancienne et canonique sera
encore observée maintenant, de sorte que celui qui achève sa route
ne soit pas privé du dernier et du plus nécessaire viatique. Si,
dans un état désespéré, il obtient la communion avec l'Église et
participe à l'offrande, et qu'ensuite il soit à nouveau compté au
nombre des vivants, il se tiendra parmi ceux qui ont communion la
prière seule. En général, pour n'importe quel mourant demandant de
participer à l'eucharistie, que l'évêque après vérification lui
donne part (à l'offrande).
14. Le saint et grand Concile ordonne que les
catéchumènes qui ont failli soient seulement “audientes” pendant
trois ans ; ils pourront ensuite prier avec les autres catéchumènes.
15. Les troubles nombreux et les divisions ont
fait trouver bon d'abolir la coutume qui, contrairement à la règle,
s'est établie dans certains pays, c'est-à-dire de défendre aux
évêques, aux prêtres et aux diacres de passer d'une ville dans une
autre. Si quelqu'un osait agir contre la présente ordonnance et
suivre l'ancien errement, la translation serait frappée de nullité,
et il devrait revenir dans l'Eglise pour laquelle il avait été
ordonné évêque ou prêtre.
16. Les prêtres, les diacres, ou en général les
clercs qui, par légèreté, et n'ayant plus sous les yeux la crainte
de Dieu, abandonnent au mépris des lois ecclésiastiques, leur
Église, ne doivent, en aucune façon, être reçus dans une autre ; on
doit les forcer de toutes manières à revenir dans leur diocèse, et
s'ils s'y refusent, on doit les excommunier. Si quelqu'un ose, pour
ainsi dire, voler un sujet qui appartient à un autre (évêque) et
s'il ose ordonner ce clerc pour sa propre Église sans la permission
de l'évêque auquel appartient ce clerc, l'ordination sera non
avenue.
17. Comme plusieurs clercs, remplis d'avarice
et d'un esprit d'usure et oubliant la parole sacrée : « Il n'a pas
donné son argent à intérêt » Ps 15,5, exigent en véritables
usuriers un taux d'intérêt par mois, le saint et grand Concile
décide que si quelqu'un, après la publication de cette ordonnance,
prend des intérêts pour n'importe quel motif, ou fait ce métier
d'usurier de n'importe quelle autre manière, ou s'il réclame la
moitié et plus, ou s'il se livre à quelque autre manière de gain
scandaleux, celui-là doit être chassé du clergé et son nom rayé de
la liste.
18. Il est venu à la connaissance du saint et
grand Concile que, dans certains endroits et dans certaines villes,
des diacres distribuaient l'Eucharistie aux prêtres, quoiqu'il soit
contraire aux canons et à la coutume de faire distribuer le Corps du
Christ à ceux qui offrent le sacrifice par ceux qui ne peuvent
l'offrir; le Concile a appris également que quelques diacres
recevaient l'Eucharistie, même avant des évêques. Tout cela doit
cesser ; les diacres doivent se tenir dans les limites de leurs
attributions, se souvenir qu'ils sont les serviteurs des évêques, et
ne viennent qu'après les prêtres. Ils ne doivent recevoir la
communion qu'après les prêtres, ainsi que l'ordre l'exige, que ce
soit un évêque ou un prêtre qui la leur distribue. Les diacres ne
doivent pas non plus s'asseoir parmi les prêtres, cela est contre la
règle et contre l'ordre. Si quelqu'un refuse d'obéir aux présentes
prescriptions, il sera suspendu du diaconat.
130 (Chap. 1, n 2) Avant toutes
choses, on examina ce qui concerne l'impiété et l'iniquité d'Arius
et de ses partisans et à l'unanimité il a été jugé bon de frapper
d'anathème son opinion impie, les paroles et les expressions
blasphématoires dont il se servait pour blasphémer le Fils de Dieu,
en disant qu’« il vient du néant », qu’« avant d'avoir été engendré
il n'était pas » qu’« il était un temps où il n'était pas » et en
disant que le Fils de Dieu était de par sa libre volonté capable du
mal comme de la vertu et en l'appelant un et créé et un être fait.
Tout cela, le saint concile l'a frappé d'anathème, ne supportant
même pas d'entendre l'énormité de cette opinion impie, de cette
déraison et de ces paroles de blasphème.
131 6. Que l'ancienne coutume en
usage en Égypte, dans la Lybie et la Pentapole soit maintenue,
c'est-à-dire que l'évêque d'Alexandrie conserve juridiction sur
toutes (ces provinces), car il y a le même rapport que pour l'évêque
de Rome. On doit de même conserver aux Églises d'Antioche et des
autres éparchies (provinces) leurs anciens droits. Il est bien
évident que, si quelqu'un est devenu évêque sans l'approbation du
métropolitain, le Concile lui ordonne de renoncer à son épiscopat.
Mais l'élection ayant été faite par tous avec discernement et d'une
manière conforme aux règles de l'Église, si deux ou trois font
opposition par pur esprit de contradiction, ce sera la majorité qui
l'emportera.
7. Comme la coutume et l'ancienne tradition
portent que l'évêque d'Aelia doit être honoré, qu'il obtienne la
préséance d'honneur sans préjudice cependant de la dignité qui
revient à la métropole.
MARC : 18 janvier – 7 octobre 336
JULES Ier : 6 février 337 – 12 avril 352
132 (22).Car s'il y a eu, comme vous
le dites, faute de leur part, il fallait juger l'affaire selon les
canons de l'Église et non pas comme il a été fait. Vous deviez nous
écrire à tous, afin que soit décrété par tous ce qui était juste. Il
s'agissait d'évêques ; et d'Églises qui ne sont pas n'importe
lesquelles, mais des Églises qui ont été gouvernées par les apôtres
eux-mêmes. Au sujet de l'Église d'Alexandrie, pourquoi ne nous
a-t-on pas écrit ? Ignorez-vous donc que la coutume était qu'on nous
écrive d'abord, et que de là soit proclamé ensuite ce qui était
juste. Si une suspicion pesait sur l'évêque d'Alexandrie, il aurait
fallu en prévenir l'Église d'ici.
133 (Recension latine)
Canon 3a. L'évêque Ossius dit : cela
aussi (doit être ajouté) : qu'aucun évêque ne voyage d'une province
à une autre province dans laquelle se trouvent des évêques, à moins
qu'il n'y soit invité par ses frères, de manière que nous n'ayons
pas l'air d'avoir fermé la porte de la charité.
A cela aussi il faut pourvoir : si dans une
province un évêque devait avoir un litige avec un autre évêque, son
frère, qu'aucun des deux n'appelle à l'aide des évêques d'une autre
province. Mais si un évêque a été condamné dans une cause et s'il
pense que sa cause est bonne pour être jugée à nouveau, honorons
s'il vous plaît la mémoire du très saint apôtre Pierre : que ceux
qui ont examiné la cause, ou bien les évêques qui résident dans la
province voisine, écrivent à l'évêque de Rome ; et si celui-ci juge
qu'il faut réviser le procès, qu'il soit révisé et qu'il : donne des
juges. Si par contre il estime la cause telle qu'on ne doive pas
reprendre ce qui a été fait, ce qu'il aura décidé sera confirmé.
Cela plaît-il à tous ? Le synode répondit : oui.
(Recension grecque)
3. L'évêque Ossius dit : cela aussi doit être
ajouté, qu'aucun évêque ne voyage de sa province à une autre
province dans laquelle se trouvent des évêques, à moins qu'il y soit
invité par ses frères, de manière que nous n'ayons pas l'air de
fermer les portes de la charité.
Il faut pourvoir de même à ce que si dans une
province un évêque devait avoir un litige avec son frère et coévêque,
aucun des deux n'appelle à l'aide des évêques d'une autre province
pour arbitrer. Mais s'il apparaît qu'un des évêques a été condamné
dans une cause et s'il pense que sa cause n'est pas une cause
mauvaise mais bonne pour être jugée à nouveau, honorons s'il plaît à
Votre Charité la mémoire de l'apôtre Pierre : que ceux qui ont
prononcé le jugement écrivent à (Jules) l'évêque de Rome, pour que
les évêque voisins de la province, si nécessaire, renouvellent le
jugement, et il doit nommer des arbitres. Mais s'il ne peut pas être
montré que la cause est telle qu'elle requiert une reprise de la
procédure, le jugement prononcé ne doit pas être suspendu, mais
celui qui l'a été doit demeurer en l'état.
134 (Recension latine)
(Isid. 5) L'évêque Gaudentius dit : s'il vous
en convient il faut ajouter à cette décision que vous avez prise et
qui est pleine de sainteté : si un évêque a été déposé par le
jugement évêques qui résident dans le voisinage et qu'il a déclaré
qu'il devait traiter l'affaire qui dans la ville de Rome, alors
après l'appel de celui qui a été considéré comme déposé, un autre
évêque ne doit absolument pas être ordonné à sa place dans la même
cathèdre tant que la cause n'aura pas été arrêtée par un jugement de
l'évêque de Rome.
(Recension grecque)
L'Évêque Gaudentius dit : s'il semble bon, il
est nécessaire d'ajouter à cette décision que tu as prise et qui est
pleine de pure charité : si un évêque a été déposé par le jugement
des évêques qui résident dans le voisinage et qu'il déclare qu'il
lui revient encore une fois de se défendre, aucun autre ne doit être
établi dans la cathèdre avant que l'évêque des Romains en décidé et
arrêté une disposition.
135 (Recension latine) ( Canon
3b ) (Isid.)
L'évêque Ossius dit : or il a plu que, si un
évêque a été accusé et si les évêques de la région assemblés l'ont
jugé et déchu de son rang, et s'il apparaît qu'il a fait appel et
s'est réfugié auprès du bienheureux évêque de l'Église romaine, et
si ce dernier a voulu qu'il soit entendu et qu'il a pensé qu'il
était juste de renouveler l'examen, qu'il daigne écrire à ces
évêques qui sont dans la province voisine de sa frontière pour
qu'ils examinent tout soigneusement et qu'ils décident selon ce qui
leur semblera véridique, à leur foi.
Mais si quelqu'un, demande que la cause soi
entendue à nouveau et décide par sa supplique l'évêque de Rome à
envoyer un presbytre a latere, il sera dans le pouvoir de l'évêque
de décider ce qu'il veut ou ce qu'il estime nécessaire : s'il décide
qu'il fallait envoyer des presbytres qui jugeraient en même temps
que les évêques avec l'autorité de celui qui les aura envoyés, ce
sera laissé à sa convenance. Mais s'il croit que les évêques
suffisaient pour mettre un terme à et l'affaire, il fera selon ce
qu'il aura jugé en son très sage conseil.
(Recension grecque)
5. L'évêque Ossius dit : il a plu que si un
évêque a été dénoncé et si les évêques de la région assemblés l'ont
déchu de son rang et si comme accusé il s'est réfugié auprès du
bienheureux évêque de l'Église des Romains, et si celui-ci veut
l'entendre et pense qu'il est juste de renouveler l'examen de
l'affaire, qu'il daigne écrire à ces évêques qui sont voisins de la
province pour qu'ils examinent tout consciencieusement et avec soin,
et qu'ils prononcent un jugement selon ce qui leur semblera
véridique, à leur foi.
Mais si quelqu'un demande que sa cause soit
entendue à nouveau et qu'il apparaît qu'il décide par sa supplique
l'évêque des romains à envoyer des presbytres a latere, ce sera dans
le pouvoir de l'évêque si cela lui semble juste ; et s'il décide
qu'il est nécessaire d'en envoyer pour juger en même temps que les
évêques avec l'autorité de celui qui les aura envoyés, qu'il décide
aussi cela. Mais s'il croit que les évêques suffisent pour examiner
l'affaire et pour juger l'évêque, il doit faire selon ce qui
semblera juste en son très sage conseil. Les évêques répondirent :
oui à ce qui fut dit.
136 Ce qui apparaîtra le meilleur et
comme convenant le mieux, c'est ceci : que de toutes les diverses
provinces les prêtres du Seigneur fassent rapport à la tête,
c'est-à-dire au Siège de l'apôtre Pierre.
LIBERE : 17 mai 352-24 septembre 366
138 Dans le souci de la paix et de la
concorde entre les Églises, après avoir reçu la lettre écrite par
Votre Charité à l'évêque Jules de bienheureuse mémoire au sujet de
la personne d'Athanase et des autres, et suivant la tradition des
prédécesseurs, j'ai envoyé en députation les presbytres de la ville
de Rome, Lucius, Paul et Helianus à Alexandrie, auprès d'Athanase
susnommé, pour qu'il vienne à Rome afin que soit établi en sa
présence à son encontre ce qui correspond à la discipline de
l'Église. Je lui ai fait transmettre également par les presbytres
susdits une lettre dans laquelle il était dit que, s'il ne venait
pas, il devait savoir qu'il serait exclu de la communion avec
l'Église romaine. A leur retour, les presbytres rapportèrent qu'il
refusait de venir. Finalement je me suis conformé à la lettre de
Votre Charité, que vous nous avez adressée au sujet dudit Athanase,
et cette lettre que j'ai composée dans le souci de l'unanimité avec
vous, doit vous faire savoir que je suis en paix avec vous tous et
avec tous les évêques de l'Église catholique, mais que ledit
Athanase est exclu de la communion avec moi, c'est-à-dire de la
communion avec l'Église romaine, et de l'échange des lettres
ecclésiastiques.
139 Nous croyons en un seul Dieu, le
Père tout-puissant, celui qui a créé et fait toute chose, de qui
toute paternité tient son nom, au ciel et sur la terre (voir Ep 3,15
) ; et en son Fils unique, notre Seigneur Jésus Christ, engendré du
Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de lumière, par
qui tout a été fait, au ciel et sur la terre, les choses visibles et
invisibles ; il est Verbe et Sagesse, lumière véritable et vie ;
devenu homme à cause de nous dans les derniers jours, et né de la
sainte Vierge, et crucifié, et mort et enseveli ; et ressuscité
d'entre les morts le troisième jour enlevé au ciel, assis à la
droite du Père ; et qui viendra à la consommation du temps pour
juger les vivants et les morts et donner à chacun selon ses œuvres ;
son Règne est sans fin et continue pour l'éternité des siècles ; car
il demeurera assis à ta droite du Père, non seulement dans ce
siècle, mais aussi dans le siècle à venir ; et en l'Esprit Saint,
c'est-à-dire au Paraclet qu'il avait promis aux apôtres d'envoyer
après sa montée aux cieux, et qu'il envoya pour les enseigner et les
exhorter en toutes choses ; et par lui sont sanctifiées aussi les
âmes de ceux qui croient sincèrement en lui.
140 1. Mais ceux qui disent que le
Fils vient du néant, ou d'une autre hypostase, et non de Dieu, qu'il
fut un temps ou une durée où il n'était pas, la sainte Église
catholique les tient pour étrangers à elle.
2. A nouveau nous disons, si quelqu'un dit que
le Père et le Fils sont deux dieux, qu'il soit anathème.
3. Et si quelqu'un dit que le Christ, comme
Fils de Dieu, est Dieu avant tous les temps, mais ne confesse pas
qu'il a aidé Dieu dans la création de toutes choses, qu'il soit
anathème.
4. Si quelqu'un ose dire que le non-engendré ou
une partie de lui est né de Marie, qu'il soit anathème.
5. Si quelqu'un dit que le Fils est avant Marie
selon la prescience, et non qu'engendré du Père avant les siècles il
est auprès de Dieu, et que par lui toutes choses ont été faites,
qu'il soit anathème.
6. Si quelqu'un dit que la substance de Dieu se
dilate ou se contracte, qu'il soit anathème.
7. Si quelqu'un dit que la substance de Dieu
dilatée fait le Fils, ou appelle Fils la dilatation de sa substance,
qu'il soit anathème.
8. Si quelqu'un appelle le Fils de Dieu Verbe
intérieur ou proféré, qu'il soit anathème.
9. Si quelqu'un dit que le fils de Marie est
seulement un homme, qu'il soit anathème.
10. Si quelqu'un, nommant celui qui est de
Marie Dieu et homme, entend par là le Dieu non engendré, qu'il soit
anathème.
11. Si la parole « Je suis Dieu, le premier, et
je suis après tout cela, et en dehors de moi il n'est pas de Dieu »
Is 44,6 qui a été dite pour l'anéantissement des idoles et de
ceux qui ne sont pas des dieux, quelqu'un la conçoit à la manière
des juifs en excluant l'unique engendré de Dieu avant les siècles,
qu'il soit anathème.
12. Si quelqu'un entend « le Verbe est devenu
chair » Jn 1,14 et pense que le Verbe a été changé en chair,
ou dit qu'il a pris chair en se soumettant à un changement, qu'il
soit anathème.
13. Si quelqu'un entend que le Fils unique de
Dieu a été crucifié et dit que la divinité a subi une corruption, ou
une souffrance, ou un changement, ou une diminution, ou un
anéantissement, qu'il soit anathème.
14. Si quelqu'un dit que la parole « Faisons
l'homme » Gn 1,26 n'a pas été dite par le Père au Fils, mais
que Dieu a parlé lui-même à lui-même, qu'il soit anathème.
15. Si quelqu'un dit que ce n'est pas le Fils
qui a été vu par Abraham Gn 18,1-22, mais le Dieu non
engendré ou une partie de celui-ci, qu'il soit anathème.
16. Si quelqu'un dit que ce n'est pas le Fils
qui a lutté avec Jacob comme un homme Gn 32,25-31, mais le
Dieu non engendré ou une partie de celui-ci, qu'il soit anathème.
17. Si quelqu'un ne comprend pas la parole « Le
Seigneur fit pleuvoir du feu du Seigneur » Gn 19,24 du Père
et du Fils, mais dit que lui-même a fait pleuvoir de lui-même, qu'il
soit anathème.
18. Si quelqu'un entend que le Père est
Seigneur et que le Fils est Seigneur et que le Père et le Fils sont
Seigneur, et, parce que le Seigneur fit (pleuvoir) du Seigneur,
parle de deux dieux, qu'il soit anathème. Car nous ne plaçons pas le
Fils au même rang que le Père, mais disons qu'il est subordonné au
Père. Car le Fils n'est pas descendu sur Sodome sans la volonté du
Père, et il n'a pas fait pleuvoir de lui-même, mais du Seigneur,
c'est-à-dire sous l'instigation du Père ; et il n'est pas assis à la
droite de lui même, mais il entend le Père qui dit : « Assieds-toi à
ma droite » Ps 110,1.
19. Si quelqu'un dit que le Père et le Fils et
le Saint-Esprit sont une seule personne, qu'il soit anathème.
20. Si quelqu'un qui appelle l'Esprit Saint
Paraclet dit qu'il est le Dieu non engendré, qu'il soit anathème.
21. Si quelqu'un ne dit pas, comme le Seigneur
nous l'a enseigné, que le Paraclet est un autre que le Fils, car il
dit : « Et le Père vous enverra un autre Paraclet que je
demanderai » Jn 14,16, qu'il soit anathème.
22. Si quelqu'un dit que l'Esprit Saint est une
partie du Père et du Fils, qu'il soit anathème.
23. Si quelqu'un appelle le Père et le Fils et
le Saint-Esprit trois dieux, qu'il soit anathème.
24. Si quelqu'un dit que le Fils de Dieu a été
fait selon la volonté de Dieu comme l'une des créatures, qu'il soit
anathème.
25. Si quelqu'un dit que le Fils a été engendré
contre la volonté du Père, qu'il soit anathème. Car ce n'est pas
forcé, par une nécessité de la nature, sans le vouloir, que le Père
a engendré le Fils ; mais aussitôt qu'il l'a voulu, il l'a montré
engendré de lui-même, en dehors des temps et impassible.
26. Si quelqu'un appelle le Fils non engendré
et sans commencement, en parlant ainsi de deux êtres non engendrés,
et en faisant deux dieux, qu'il soit anathème. Car la tête, qui est
le principe de tout, est le Fils ; et la tête qui est le principe du
Christ, est Dieu ; de cette manière nous ramenons tout avec piété
par le Fils à l'unique principe de tout qui est sans commencement.
27. Et à nouveau nous exprimons ensemble avec
soin le sens de la doctrine chrétienne, et nous disons : si
quelqu'un ne dit pas que le Christ Dieu, Fils de Dieu, était avant
tous les temps, coopérateur du Père pour la création de toutes
choses, mais qu'il dit que c'est au moment où il est né de Marie
qu'il a été appelé Christ et Fils et qu'il a reçu commencement de
l'être divin, qu'il soit anathème.
141 (Lettre de Libère)
(1) En raison de la crainte qui est l'œuvre de
Dieu : votre foi sainte est connue de Dieu et des hommes de bonne
volonté (Lc 2,14). Comme le dit la Loi : jugez de façon
juste, fils des hommes (Ps 58,2), je n'ai pas défendu
Athanase, mais parce que l'évêque Jules, mon prédécesseur d'heureuse
mémoire l'avait accueilli, j'ai craint d'être considéré comme ayant
manqué à mes devoirs en quelque façon. Mais dès que j'ai reconnu,
lorsqu'il a plu à Dieu que vous l'avez condamné à juste titre, j'en
suis venu rapidement à être en accord avec vos jugements. De même
j'ai fait porter par notre frère Fortunatien à l'empereur Constance
une lettre à son sujet, c'est-à-dire au sujet de sa condamnation.
Athanase se trouvant donc exclu de la communion avec nous tous et
ses lettres ne devant plus être reçues par moi, je dis que je suis
dans la paix et l'unanimité avec vous tous et avec tous les évêques
d'Orient, c'est-à-dire de toutes les provinces.
(2) Pour que vous sachiez mieux encore que dans
ma lettre j'exprime la vraie foi : parce que mon seigneur et frère
Démophile a daigné dans sa bienveillance exposer votre foi
catholique qui a été discutée, exposée et acceptée à Sirmium par de
nombreux frères et coévêques (c'est par là l'hérésie arienne, j'ai
noté cela, non l'apostat, Libère ce qui suit :) par tous ceux qui
étaient présents, je l'ai acceptée volontiers (saint Hilaire
l'anathématise : que je t'anathématise aussi, Libère et tes
consorts), je ne l'ai contredite en rien, et j'y ai donné mon
assentiment ; je la suis et je la tiens (une deuxième fois anathème,
et une troisième fois, traître Libère). J'ai donc cru devoir prier
votre sainteté, puisque vous me voyez à présent être en accord avec
vous en tout, de daigner œuvrer d'un commun effort à ce que je sois
libéré de l'exil, et que je revienne au siège qui m'a été confié par
Dieu.
142 (1) Puisque je sais que vous êtes
des fils de la paix et que vous aimez la concorde et l'unanimité,
pour cette raison, non pas sous l'effet d'une contrainte — Dieu m'en
est témoin — mais pour le bien de la paix et de la concorde que l'on
préfère au martyre, je me tourne vers vous par cette lettre, très
chers frères dans le Seigneur. Que votre prudence sache qu'Athanase
qui était évêque de l'Église d'Alexandrie (a été condamné par moi)
avant que, selon la lettre des évêques d'Orient (j'écrive) à la cour
du saint empereur (qu')il a été exclu également de la communion avec
l'Église romaine, comme en est témoin tout le presbyterium de
l'Église romaine. C'est là la seule raison pour laquelle j'ai paru
envoyer de façon tardive seulement une lettre à son sujet à nos
frères et coévêques orientaux, afin que mes légats, que j'avais
envoyés de la ville de Rome à la cour, et les évêques qui furent
déportés, et nous-mêmes avec eux, soient rappelés si possible de
l'exil.
(2) Mais je veux aussi que vous sachiez que
j'ai demandé au frère Fortunatien (de transmettre) au très clément
empereur la lettre (que j'ai faite aux évêques d'Orient, pour qu'ils
sachent eux-mêmes aussi qu'avec eux je suis séparé de la communion
avec Athanase. Je crois que pour le bien de la paix sa piété la
recevra avec gratitude... Que Votre Charité reconnaisse que j'ai
fait cela d'un cœur bienveillant et innocent. C'est pourquoi je me
tourne vers vous par cette lettre et je vous adjure par le Dieu
tout-puissant et par le Christ Jésus son Fils, notre Dieu et
Seigneur, de daigner) vous présenter (auprès du très clément
empereur) Constance Auguste et de le prier que, pour le bien de la
paix et de la concorde dans lesquelles sa piété trouve toujours sa
joie, il veuille me faire revenir à l'Église qui m'a été confiée par
Dieu, pour que durant le temps de sa vie l'Église romaine ne souffre
d'aucun tourment.
143 (2)J'ai cru devoir faire savoir à
ta Sainteté qu'au sujet de ce conflit je me suis éloigné de la
personne d'Athanase, et que j'ai envoyé à nos frères et coévêques
d'Orient une lettre à son sujet. C'est pourquoi, puisque nous aussi,
selon la volonté de Dieu, nous sommes en paix avec tous, tu voudras
bien rendre visite à tous les évêques de Campanie et le leur faire
savoir. Avec une lettre de vous, faites parvenir un écrit de leur
part à l'empereur très clément au sujet de l'unanimité et de la paix
avec nous, de sorte que je puisse moi aussi être libéré de la
tristesse. ... Nous sommes en paix avec tous les évêques d'Orient et
avec vous...
DAMASE Ier : 1er octobre 366 – 11
décembre 384
144 Pour cette raison, frères, cette
Jéricho qui est la figure des voluptés du siècle, s'écroule sous les
clameurs et ne se relève plus, parce que tous, d'une seule bouche,
nous disons que la Trinité est d'une unique puissance, d'une unique
majesté, d'une unique divinité, d'une unique ousie, si bien que nous
disons qu'il est une puissance inséparable et cependant trois
personnes, qui ne reviennent pas à elles-mêmes et ne sont pas
diminuées,... mais qui demeurent toujours ; et aussi qu'il n'est pas
de degrés de puissance, ni de temps de provenance différents, que le
Verbe n'est pas proféré en sorte que nous écarterions la génération,
ni imparfait en sorte qu'il manquerait à sa personne la nature du
Père ou la plénitude de la divinité ; et aussi que le Fils n'est pas
dissemblable par l'œuvre, ni dissemblable par la puissance ou
dissemblable en tout point, ni non plus qu'il tient son existence
d'ailleurs, mais qu'il est né de Dieu non pas comme un faux Dieu,
mais qu'il a été engendré vrai Dieu du vrai Dieu, vraie lumière de
la vraie lumière, si bien qu'on ne le considère ni comme diminué, ni
comme dissemblable, car l'unique engendré a la splendeur de la
lumière éternelle Sg 7,26 , parce que dans l'ordonnance de la
nature la lumière ne peut pas être sans l'éclat, ni l'éclat sans la
lumière ; il est aussi l'image du Père, car qui l'a vu a vu aussi le
Père Jn 14,9 ; le même, pour notre Rédemption, est sorti de
la Vierge pour naître homme complet pour l'homme complet qui avait
péché. C'est pourquoi nous affirmons que le Fils de Dieu a pris
aussi l'homme complet.
145 Nous professons également que
l'Esprit Saint est incréé et d'une unique majesté, d'une unique
ousie, d'une unique puissance avec Dieu Père et notre Seigneur Jésus
Christ. Et il ne mérite pas l'injure d'être une créature, lui qui a
été envoyé pour créer, comme l'assurait le saint prophète en
disant : « Envoie ton Esprit, et elles seront créées » Ps 103,30.
Ensuite un autre affirma de même : « L'Esprit divin qui m'a fait »
(voir Jb 33,4). Car on ne doit pas séparer quant à la
divinité celui qui est uni dans l'opération et dans la rémission des
péchés.
146 Nous nous étonnons certes de ce
qu'on dise de certains des nôtres que bien qu'ils semblent avoir une
intelligence orthodoxe de la Trinité, ils ne pensent pas juste
cependant... au sujet du sacrement de notre salut. On affirme en
effet qu'ils disent que notre Seigneur et Sauveur a pris de la
Vierge Marie un homme incomplet, c'est-à-dire sans esprit. Hélas,
quel voisinage, dans cette conception, avec les ariens ! Ces
derniers disent que la divinité est incomplète dans le Fils de Dieu,
les premiers affirment de façon mensongère que l'humanité est
incomplète dans le Fils de l'homme. Mais si un homme incomplet a été
pris, incomplet est notre salut, parce que ce n'est pas l'homme tout
entier qui a été sauvé. Et pourquoi aura été dite cette parole du
Seigneur : « Le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu »
Mt 18,11 ? Tout entier, c'est-à-dire dans l'âme et dans le
corps, dans l'esprit et dans toute la nature de sa substance. Si
donc l'homme tout entier était perdu, il était nécessaire que ce qui
était perdu fût sauvé ; mais s'il a été sauvé sans l'esprit, alors
il apparaîtra, contre la foi de l'Évangile, que ce n'est pas tout ce
qui était perdu qui a été sauvé ; or à un autre endroit le Sauveur
lui-même dit : vous vous irritez contre moi parce que j'ai guéri
tout l'homme (voir Jn 7,23). Du reste c'est bien dans
l'esprit de l'homme que la faute originelle et la totalité de la
perdition ont leur lieu. Car si le sens qui fait choisir le bien et
le mal n'avait pas péri d'abord, il ne mourrait pas : comment donc
admettre que n'aurait pas dû être sauvé entièrement ce dont on
reconnaît qu'il a péché en tout premier ? Quant à nous, qui savons
que nous avons été sauvés complètement et parfaitement, conformément
à la profession de foi de l'Église catholique, nous professons que
Dieu parfait a assumé un homme complet.
147 De même qu'en toutes choses nous
tenons inviolable la foi de Nicée, sans en détourner les mots ou en
fausser le sens, que nous croyons en la Trinité d'une essence
coéternelle et unique, et que nous ne séparons en rien l'Esprit
Saint mais le vénérons avec le Père et le Fils, parfait en tout, en
pouvoir, en honneur, en majesté et en divinité, de même nous avons
confiance que la plénitude du Verbe de Dieu, non pas proféré mais
né, non pas qui demeure dans le Père en sorte qu'il n'est pas, mais
qui est parfait et subsiste d'éternité en éternité, a pris et sauvé
le pécheur complet, c'est-à-dire en sa totalité.
148 Il faut confesser que la Sagesse
elle-même, le Verbe, le Fils de Dieu, a pris le corps, l'âme et
l'esprit, c'est-à-dire l'Adam tout entier, et, pour parler plus
expressément, tout notre vieil homme à l'exception du péché. De même
qu'en confessant qu'il a pris un corps humain nous ne lui ajoutons
pas par là les passions vicieuses des hommes, de même en disant
qu'il a pris l'âme et l'esprit de l'homme nous ne disons pas par là
qu'il a été soumis au péché des pensées humaines. Mais si quelqu'un
affirme que le Verbe a pris la place de l'esprit humain dans la
chair du Seigneur, l'Église catholique l'anathématise, comme aussi
ceux qui confessent deux fils dans le Sauveur, l'un avant
l'Incarnation, et l'autre après avoir pris chair de la Vierge, et
qui ne confessent pas le même Fils de Dieu avant et après.
149 Vous devez donc savoir que depuis
longtemps nous avons condamné l'infâme Timothée, le disciple
d'Apollinaire l'Hérétique, en même temps que sa doctrine impie, et
nous ne croyons aucunement que ce qu'il a laissé ait une influence
quelconque à l'avenir. ... Le Christ en effet, le Fils de Dieu notre
Seigneur, a donné par sa propre Passion au genre humain le salut en
toute sa plénitude, afin de libérer de tout péché tout l'homme pris
dans les péchés. Si donc quelqu'un dit qu'il avait une part moindre
à la divinité ou à l'humanité, il se montre lui-même rempli de
l'esprit du diable, comme le fils de la géhenne. Pourquoi donc me
demandez-vous à nouveau la condamnation de Timothée ? Il a été
condamné ici également par jugement du Siège apostolique... en même
temps que son maître Apollinaire...
·
1er
CONCILE DE CONSTANTINOPLE (2e
concile œcuménique) mai-30 juillet 381
150 (Version grecque)
Nous croyons en un seul, Dieu Père
tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses
visibles et invisibles, et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils
de Dieu, l'unique engendré, qui a été engendré du Père avant tous
les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré
non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait ; qui
à cause de nous les hommes et à cause de notre salut est descendu
des cieux, s'est incarné de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie et
s'est fait homme ; a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a
souffert et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour selon
les Écritures et est monté aux cieux, siège à la droite du Père et
reviendra en gloire juger les vivants et les morts : et son Règne
n'aura pas de fin ; et en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et donne
la vie, qui procède du Père, qui avec le Père et le Fils est coadoré
et coglorifié, qui a parlé par les prophètes : en une seule sainte
Église, catholique et apostolique. Nous confessons un seul baptême
pour la rémission des péchés ; nous attendons la résurrection des
morts et la vie du monde à venir. Amen.
(Version latine)
Je crois en un seul Dieu Père tout-puissant
créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et
invisibles.
Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils
unique de Dieu, et né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu,
lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé,
consubstantiel au Père, par qui tout a été fait ; qui à cause de
nous les hommes et à cause de notre salut est descendu des cieux,
s'est incarné de l'Esprit Saint de la Vierge Marie et s'est fait
homme ; il a même été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a
souffert et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour selon
les Écritures et est monté au ciel ; il siège à la droite du Père et
reviendra en gloire juger les vivants et les morts ; et son Règne
n'aura pas de fin.
Et en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et donne
la vie, qui procède du Père et du Fils, qui avec le Père et le Fils
est également coadoré et coglorifié, qui a parlé par les prophètes.
Et en une seule sainte Église catholique et apostolique. Je confesse
un seul baptême pour la rémission des péchés. Nous attendons la
résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen
151 1. Ne pas abroger la foi des 318
Pères réunis à Nicée en Bithynie, mais que celle-ci demeure en
vigueur : et anathématiser toute hérésie : particulièrement celle
des Eunomiens, c'est à dire des Anoméens, celle des Ariens ou
Eudoxiens, celle des Semi-Ariens ou Pneumatomaques, celle des
Sabelliens, celle des Marcelliens, celle des Photiniens et celle des
Apollinaristes.
2. Que les évêques d'un diocèse n'interviennent
pas dans les Églises qui leur sont étrangères ni ne mettent de
désordre dans les Églises, mais que, conformément aux canons,
l'évêque d'Alexandrie administre seulement les affaires de l'Égypte,
les évêques de l'Orient, seulement celles du diocèse oriental, en
maintenant les prérogatives reconnues par les canons de Nicée à
l'Église d'Antioche ; que les évêques du diocèse d'Asie administrent
seulement les affaires de l' Asie, ceux du Pont, seulement celles du
Pont, et ceux de la Thrace, seulement celles de la Thrace. S'ils ne
sont pas appelés, les évêques ne sortiront pas de leur diocèse pour
imposer les mains ou pour d'autres fonctions ecclésiastiques. Si on
observe ce canon, il est clair que le synode de l'éparchie est
compétent dans son éparchie, selon les déterminations de Nicée.
Quant aux Églises de Dieu qui sont parmi les peuples barbares, il
convient qu'elles soient administrées selon la coutume mise en
vigueur par les Pères.
3. L'Évêque de Constantinople doit avoir la
primauté d'honneur après l'évêque de Rome, car cette ville est la
nouvelle Rome.
4. A propos de Maxime le Cynique et des
désordres qui, à cause de lui, se sont produits à Constantinople,
(nous déclarons) que Maxime n'a jamais été et qu'il n'est pas
évêque, ni que ceux qu'il a ordonnés à quelque degré du clergé ne
l'ont été ; tout ce qui a été fait à son égard ou qu'il a fait
lui-même est sans valeur.
152 Parce que après le concile de
Nicée a surgi cette erreur, et que certains osèrent dire d'une
bouche sacrilège que l'Esprit Saint a été fait par le Fils :
153 (1) Nous anathématisons ceux qui
ne proclament pas en toute liberté qu'il possède une seule
puissance, une seule substance avec le Père et le Fils.
154 (2) Nous anathématisons aussi
ceux qui suivent l'erreur de Sabellius, en disant que le Père est le
même que le Fils.
155 (3) Nous anathématisons Arius et
Eunomius qui, égaux en impiété quoique différents dans leurs
paroles, affirment que le Fils et le Saint-Esprit sont des
créatures.
156 (4) Nous anathématisons les
macédoniens qui, issus de la racine d'Arius, n'ont pas modifié la
perfidie mais seulement le nom.
157 (5) Nous anathématisons Photin
qui renouvelle l'hérésie d'Ebion et qui professe que le Seigneur
Jésus Christ est seulement de Marie.
158 (6) Nous anathématisons ceux qui
affirment deux Fils, existant l'un avant les siècles, et l'autre
après l'assomption de la chair de la Vierge.
159 (7) Nous anathématisons ceux qui
disent que le Verbe de Dieu a habité dans une chair humaine à la
place d'une âme raisonnable spirituelle, parce que le Fils et Verbe
de Dieu n'a pas été dans son corps à la place d'une âme raisonnable
et spirituelle, mais c'est notre âme (raisonnable et spirituelle)
que, sans péché, il a prise et sauvée.
160 (8) Nous anathématisons ceux qui
affirment que le Verbe, le Fils de Dieu, est une extension ou une
contraction, et séparé du Père, sans substance, et qu'il aura une
fin.
161 (9) Ceux aussi qui sont allés
d'Église en Église, nous les tenons pour exclus de la communion avec
nous jusqu'à ce qu'ils soient retournés dans les cités où ils ont
été établis d'abord. Et si quelqu'un, lorsqu'un autre a émigré, a
été ordonné à sa place de son vivant, celui qui a quitté sa cité
sera sans dignité sacerdotale jusqu'au moment où son successeur
reposera dans le Seigneur.
162 (10) Si quelqu'un ne dit pas que
le Père est toujours, que le Fils est toujours, que le Saint-Esprit
est toujours, il est hérétique.
163 (11) Si quelqu'un ne dit pas que
le Fils est né du Père, c'est-à-dire de sa substance divine, il est
hérétique.
164 (12) Si quelqu'un ne dit pas que
le Fils de Dieu est vrai Dieu, comme son Père est vrai Dieu, qu'il
peut tout, qu'il sait tout et qu'il est égal au Père, il est
hérétique.
165 (13) Si quelqu'un dit que le
Fils, quand il était sur la terre dans la chair, n'était pas avec le
Père aux cieux, il est hérétique.
166 (14) Si quelqu'un dit que dans la
souffrance de la croix c'est Dieu qui ressentait la douleur, et non
la chair et l'âme dont le Christ, Fils de Dieu, s'était revêtu - la
forme d'esclave qu'il avait prise, comme dit l'Écriture (voir
Ph 2,7) il est dans l'erreur.
167 (15) Si quelqu'un ne dit pas
qu'il siège à la droite du Père dans la chair dans laquelle il
viendra juger les vivants et les morts, il est hérétique.
168 (16) Si quelqu'un ne dit pas que
l'Esprit Saint est vraiment et proprement du Père comme le Fils,
qu'il est de la substance divine et qu'il est vrai Dieu, il est
hérétique.
169 (17) Si quelqu'un ne dit pas que
le Saint-Esprit peut tout qu'il sait tout, qu'il est partout, comme
le Fils et le Père il est hérétique.
170 (18) Si quelqu'un dit que le
Saint-Esprit est une créature ou qu'il a été fait par le Fils, il
est hérétique.
171 (19) Si quelqu'un ne dit pas que
le Père a fait toutes choses, c'est-à-dire, les visibles et les
invisibles, par le Fils et le Saint-Esprit, il est hérétique.
172 (20) Si quelqu'un ne dit pas que
le Père, le Fils et le Saint Esprit ont une seule divinité, un seul
pouvoir, une seule majesté, une seule puissance, une seule gloire et
souveraineté, un seul Royaume, une seule volonté et une seule vérité
il est hérétique.
173 (21) Si quelqu'un ne dit pas que
sont vraies les trois Personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
qu'elles sont égales, toujours vivantes, contenant toutes les choses
visibles et invisibles, puissantes sur tout, jugeant tout, vivifiant
tout créant tout, conservant tout, il est hérétique.
174 (22) Si quelqu'un ne dit pas que
le Saint-Esprit doit être adoré par toute créature, comme le Fils et
le Père, il est hérétique.
175 (23) Si quelqu'un pense de façon
juste à propos du Père et du Fils, mais ne pense pas de façon juste
à propos de l'Esprit, il est hérétique, parce que tous les
hérétiques qui pensent mal au sujet du Fils de Dieu et de l'Esprit
Saint se trouvent dans l'impiété des juifs et des païens,
176 (24) Si quelqu'un, en disant que
le Père est Dieu, que son Fils est Dieu et que le Saint-Esprit est
Dieu, partage, et veut dire ainsi des dieux et non pas Dieu, à cause
de l'unique divinité et puissance, que nous croyons et savons
appartenir au Père, au Fils et au Saint-Esprit ; s'il excepte le
Fils ou l'Esprit Saint, en estimant que seul le Père doit être dit
Dieu, et que c'est ainsi qu'il croit en un seul Dieu, il est
hérétique en tous ces points ; il est même juif. Car le nom de dieux
a été disposé et donné par Dieu à tous les anges et à tous les
saints.
Mais pour le Père, le Fils et l'Esprit Saint,
leur unique et égale divinité fait que ce n'est pas l'appellation de
dieux, mais de Dieu, qui nous est montrée et indiquée pour que nous
y croyions. Car nous sommes baptisés uniquement dans le Père, le
Fils et l'Esprit Saint et non pas au nom des archanges ou des anges,
comme les hérétiques ou les juifs ou même les païens insensés.
177 Tel est le salut des chrétiens :
croyant à la Trinité, c'est-à-dire au Père et au Fils et au
Saint-Esprit, baptisés en elle, nous devons croire fermement qu'elle
est une seule et vraie divinité et puissance, majesté et substance.
178 Tout d'abord il faut traiter de
l'Esprit septiforme qui repose sur le Christ. L'Esprit de sagesse :
le Christ est la force de Dieu et la sagesse de Dieu 1Co 1,24.
L'Esprit d'intelligence : Je te donnerai l'intelligence et je
t'instruirai dans la voie dans laquelle tu marcheras Ps 31,8.
L'Esprit de conseil : Et son nom sera appelé messager du grand
conseil Is 9,6 LXX. L'Esprit de force : comme plus haut,
force de Dieu et sagesse de Dieu 1Co 1,24. L'Esprit de
science : en raison de l'éminence de la science du Christ Jésus
Ep 3,19 ; Ph 3,8, l'envoyé. L'Esprit de vérité : Moi je suis la
voie, la vie et la vérité Jn 14,6. L'Esprit de crainte (de
Dieu) : Le commencement de la sagesse est la crainte de Dieu
Ps 110,10 ; Pr 9,10.
Multiforme cependant est la distribution des
noms du Christ : Seigneur, parce que Esprit ; Verbe, parce que
Dieu ; Fils, parce que unique né du Père ; (...) prophète, parce
qu'il a révélé les choses futures ; « l'Esprit Saint en effet n'est
pas l'Esprit du Père seulement, ou du Fils seulement, mais l'Esprit
du Père et du Fils ; il est écrit en effet : si quelqu'un aime le
monde, l'Esprit du Père n'est pas en lui (voir 1Jn 2,15 ; Rm 8,9) ;
de même il est écrit : quiconque “n'a pas l'Esprit du Christ,
celui-là ne lui appartient pas” Rm 8,9 c'est par cette
nomination du Père et du Fils qu'est reconnu l'Esprit Saint » dont
le Fils lui-même dit dans l'Évangile : l'Esprit Saint procède du
Père Jn 15,26, et : il recevra de ce qui est à moi et il vous
l'annoncera Jn 16,14.
179 Il nous faut maintenant parler
des divines Écritures, de ce que reçoit l'Église catholique
universelle et de ce qu'elle doit éviter.
On commence par l'ordre de l'Ancien Testament.
Genèse, un livre ; Exode, un livre ; Lévitique, un livre ; Nombres,
un livre ; Deutéronome, un livre ; Josué, un livre ; Juge un livre ;
Ruth, un livre ; Rois, quatre livres ; Paralipomènes, deux livres ;
150 Psaumes (psautier), un livre ; Salomon, trois livres ;
Proverbes, un livre ; Ecclésiaste, un livre ; Cantique des
Cantiques, un livre ; encore Sagesse, un livre ; Ecclésiastique, un
livre.
Puis l'ordre des prophètes. Isaïe, un livre ;
Jérémie, un livre, avec Cinoth, c'est-à-dire ses Lamentations ;
Ezéchiel un livre ; Daniel, un livre ; Osée, un livre ; Amos, un
livre ; Michée, un livre ; Joël, un livre ; Abdias, un livre ;
Jonas, un livre ; Nahum, un livre ; Habacuc, un livre ; Sophonie, un
livre ; Aggée, un livre ; Zacharie, un livre ; Malachie, un livre.
Puis l'ordre des histoires. Job, un livre ;
Tobie, un livre ; Esdras, deux livres ; Esther, un livre ; Judith,
un livre ; Maccabées, deux livres.
Puis l'ordre des Écritures du Nouveau et
éternel Testament, que l'Église sainte et catholique (romaine)
reçoit (et vénère). Évangiles (quatre livres) : un livre selon
Matthieu ; un livre selon Marc ; un livre selon Luc ; un livre selon
Jean.
(De même les Actes des Apôtres, un livre.)
Les épîtres de (l'apôtre) Paul, au nombre de
quatorze : une aux Romains ; deux aux Corinthiens ; une aux
Éphèsiens ; deux aux Thessaloniciens ; une aux Galates ; une aux
Philippiens ; une aux Colossiens ; deux à Timothée ; une à Tite ;
une à Philémon ; une aux Hébreux.
De même l'Apocalypse, livre un.
Et les Actes des Apôtres, un livre (voir plus
haut).
Puis les épîtres canoniques, au nombre de
sept : deux de l'apôtre Pierre ; une épître de l'apôtre Jacques ;
une épître de l'apôtre Jean ; deux épîtres de l'autre Jean, le
presbytre ; une épître de l'apôtre Jude, le zélote. Fin du canon du
Nouveau Testament.
SIRICE : décembre 384 (12 janvier 385 ?)-26 novembre 399
181 (Introduction, Par. 1) (...) Nous
ne refusons pas à ta demande la réponse qui convient, puisque eu
égard à Notre charge, Nous n'avons pas la liberté de pouvoir
dissimuler ou taire quelque chose, puisque plus qu'à tous Nous
incombe le zèle pour la religion chrétienne. Nous portons les
charges de tous ceux qui peinent, et plus encore : les porte en Nous
le bienheureux apôtre Pierre dont Nous croyons avec confiance qu'il
Nous protège et Nous garde en toutes choses comme l'héritier de son
ministère...
182 (Chap. 15, Par 20) Maintenant
Nous encourageons encore et encore le propos de ta fraternité
d'observer les canons et de garder les décrets édictés, pour que ce
que Nous avons écrit en réponse à ta demande, tu fasses en sorte que
cela soit porté à la connaissance de tous nos coévêques, et non pas
de ceux-là seulement qui se trouvent dans ta province ; mais ce qui
a été déterminé par Nous selon une ordonnance salutaire doit être
envoyé aussi, accompagné de ta lettre, à tous les évêques de
Carthage, de la Bétie, de Lusitanie et de Galice. Et bien qu'aucun
prêtre du Seigneur n'ait la liberté d'ignorer les décisions du Siège
apostolique ou les déterminations vénérables des canons, il pourra
être néanmoins très utile et — compte tenu de l'ancienneté de ton
sacerdoce — très glorieux pour ta Charité, que ce qui t'a été écrit
à titre spécial en termes généraux soit porté, par ton souci de
l'unanimité, à la connaissance de tous nos frères : afin que qui a
été édicté par Nous, non pas de façon inconsidérée mais de façon
circonspecte, avec une grande prudence et longue réflexion, demeure
inviolé, et qu'à l'avenir soit fermée la voie des excuses, laquelle
ne pourra plus être ouverte à personne auprès de Nous.
183 (Chap. 1,Par 2) (Tu as fait
savoir)...que beaucoup de ceux qui ont été baptisés par les ariens
impies se hâtent vers l'Église catholique, et que certains parmi nos
frères veulent les baptiser à nouveau : cela n'est pas permis ; car
que cela se fasse, l'Apôtre l'interdit (voir Ep 4,5 ; He 6,4),
les canons s'y opposent, et les décrets généraux envoyés aux
provinces par mon prédécesseur Libère d'heureuse mémoire après
l'annulation du concile de Rimini l'interdisent aussi. Nous les
recevons dans la communauté des catholiques avec les novatiens et
d'autres hérétiques, comme cela été décidé au synode, par la seule
invocation de l'Esprit septiforme et moyennant l'imposition des
mains de l'évêque — ce qui est observé également par tout l'Orient
et l'Occident ; vous aussi vous ne devez pas désormais vous écarter
de ce chemin, si vous ne voulez pas être séparés de la communauté
avec nous par une sentence synodale.
184 (Chap. 2, Par 3) Sans vouloir
cependant amoindrir le respect sacré qui s'attache à Pâques, Nous
prescrivons d'administrer sans délai le baptême aux enfants qui, du
fait de leur âge, ne peuvent pas encore parler, ou aux personnes qui
se trouvent dans une nécessité quelconque de recevoir le saint
baptême, de peur qu'il ne s'ensuive un détriment pour nos âmes si,
par suite de notre refus de la fontaine du salut à ceux qui le
désiraient, certains mourants venaient à perdre le Royaume et la
vie. Quiconque de même se trouve menacé d'un naufrage, d'une
invasion ennemie, ou de quelque maladie mortelle, qu'il soit admis,
aussitôt qu'il le demande, au bénéfice de la régénération
sollicitée. L'erreur jusqu'ici dans ce domaine doit suffire ; à
présent que tous les prêtres s'en tiennent à la règle susdite, s'ils
ne veulent pas être arrachés à la solidité du roc apostolique sur
lequel le Christ a construit toute l'Église.
185 (Chap. 7, Par 8). Nous avons
appris en effet que beaucoup de prêtres du Christ et de lévites,
longtemps après leur consécration, ont procréé une descendance aussi
bien de leur propre mariage que d'un commerce honteux, et qu'ils
défendent leur méfait en prétextant qu'on lit dans l'Ancien
Testament que la permission d'engendrer est accordée aux prêtres et
aux ministres.
(Contre cet argument le pontife romain
objecte :) (Par 9) Pourquoi a-t-il même été enjoint aux prêtres
d'habiter loin de leur maison, au temple, l'année de leur tour de
service ? Pour la raison qu'ils ne devaient avoir de commerce
charnel pas même avec leurs femmes, de manière à briller par la
pureté de leur conscience et à offrir ainsi un sacrifice agréable à
Dieu.
(Par 10) C'est pourquoi après nous avoir
illuminé par sa venue, le Seigneur Jésus atteste à son tour dans
l'Évangile qu'il est venu accomplir la Loi et non l'abolir
Mt 5,17. Et pour cette raison il a voulu que la forme de
l'Église dont il est l'Époux, brille de la splendeur de la chasteté,
de manière qu'il puisse la trouver... « sans tache ni ride » (Ep
5,27) au jour du jugement, lorsqu'il viendra à nouveau. Par la loi
indissoluble de ces dispositions nous sommes tous liés, prêtres et
lévites, pour que du jour de notre ordination nous consacrions nos
coeurs et nos corps à la sobriété et à la chasteté, de sorte que
nous plaisions au Seigneur notre Dieu dans les sacrifices que nous
offrons quotidiennement.
·
3e
concile de Carthage, 28 août 397.
186 (Il a été décidé).qu'en dehors
des Écritures canoniques rien ne doit être lu dans l’Église sous le
nom de divines Écritures. Or sont écritures canoniques : Genèse,
Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Jésus Nave, Juges, Ruth,
quatre livres des Rois, deux livres des Chroniques, Job, le Psautier
de David, cinq livres de Salomon, douze livres des Prophètes, Isaïe,
Jérémie, Daniel, Ezéchiel, Tobie, Judith, Esther, deux livres
d'Esdras, deux livres des Maccabées.
Quant au Nouveau Testament : quatre livres des
évangiles, un livre des Actes des Apôtres, treize épîtres de
l'apôtre Paul, du même une aux Hébreux, deux de Pierre, trois de
Jean (voir [?] (est ajouté dans un manuscrit :) (...)
l’Église d'outre-mer doit être consultée pour la confirmation de ce
canon.
ANASTASE Ier : 27 novembre 399-402 (19
décembre 401 ?)
187 Canon 20.
(1) Bien qu'on observe presque partout qu'en
dehors de l'évêque personne ne consacre le chrême, parce qu'on dit
qu'en certains lieux ou certaines provinces des presbytres
consacrent le chrême, il a été décidé néanmoins qu'à partir de ce
jour aucun autre en dehors de l'évêque ne consacre le chrême et le
distribue aux diocèses, et cela de la manière suivante : de chaque
église des diacres ou des sous-diacres seront envoyés à l'évêque
avant le jour de Pâques, pour qu'on puisse disposer le jour de
Pâques du chrême consacré et distribué par l'évêque.
(2) L'évêque a le droit sans nul doute de
consacrer le chrême à tout moment, mais absolument rien ne doit être
fait sans que l'évêque le sache ; or il a été décrété que le diacre
ne fait pas la chrismation, mais que le presbytre la fait en
l'absence de l'évêque, et en sa présence si celui-ci l'en a chargé.
188 Nous croyons en l'unique vrai
Dieu, le Père et le Fils et l'Esprit Saint, le créateur des choses
visibles et invisibles, par qui tout a été fait au ciel et sur la
terre. Celui-ci est l'unique Dieu et celle-ci est l'unique Trinité
du nom divin (de la substance divine). (Mais) le Père n'est pas le
Fils lui-même, mais il a un Fils qui n'est pas le Père. Le Fils
n'est pas le Père, mais il est le Fils de Dieu de (la) nature (du
Père). Et l'Esprit est le Paraclet, qui n'est ni le Père lui-même ni
le Fils, mais qui procède du Père (et du Fils). Le Père est donc non
engendré, le Fils est engendré, le Paraclet n'est pas engendré mais
procède du Père (et du Fils). C'est le Père dont on a entendu la
voix du haut des cieux : celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui
j'ai mis ma complaisance ; écoutez-le Mt 17,5 ; 2P 1,17 voir
Mt 3,17. C'est le Fils qui dit : je suis sorti du Père, et je
suis venu de Dieu dans ce monde (voir Jn 16,28). C'est le
Paraclet lui-même (l'Esprit Paraclet) dont le Fils dit : si je ne
pars pas vers le Père le Paraclet ne viendra pas à vous Jn 16,7.
Cette Trinité distincte dans les personnes est une seule substance,
vertu, puissance, majesté (unie par sa vertu et sa puissance et sa
majesté), indivisible et sans différence ; en dehors d'elle (nous le
croyons) il n'est pas de nature divine, soit d'un ange, soit d'un
esprit, soit d'une puissance dont on puisse croire qu'elle est Dieu.
189 Ce Fils de Dieu par conséquent,
Dieu, né du Père avant tout commencement, a été sanctifié dans le
sein de la bienheureuse Vierge Marie (le sein de la Vierge Marie),
et d'elle, engendré sans la semence d'un homme, il a pris une
humanité véritable (c'est-à-dire que deux natures, à savoir de la
divinité et de la chair, se sont unies totalement en une seule
personne) à savoir le (notre) Seigneur Jésus Christ (Et) il n'avait
pas un corps imaginaire ou fait d'une simple forme (d'un fantôme),
mais entier (et vrai) : Et il a eu faim et a eu soif, et a ressenti
la douleur et a pleuré, et a ressenti toutes les blessures du corps
(a supporté toutes les injures du corps). A la fin il a été crucifié
(par les juifs), est mort et a été enseveli, (et) le troisième jour
il est ressuscité ; après cela il a conversé avec les (ses)
disciples et le quarantième jour (après la résurrection) il est
monté aux cieux (au ciel). Ce Fils de l'homme est appelé également
« Fils de Dieu », « mais le Fils de Dieu est appelé » Dieu, « non
Fils de l'homme » (Mais le Fils de Dieu, Dieu, est appelé Fils de
l'homme).
190 Mais nous croyons en la
résurrection de la chair humaine (qu'il y aura une résurrection pour
la chair humaine). Mais l'âme de l'homme n'est pas une substance
divine ou une part de Dieu, mais une créature qui n'est pas tombée
de par la volonté divine (nous l'appelons une créature qui a été
créée par la volonté divine).
191 1. Mais (donc) si quelqu'un dit
et (ou) croit que ce n'est pas par le Dieu tout-puissant que ce
monde et tous ses agencements ont été faits, qu'il soit anathème.
192 2. Si quelqu'un dit et (ou) croit
que Dieu le père est même que le Fils ou le Paraclet, qu'il soit
anathème.
193 3. Si quelqu'un... croit que le
Dieu Fils (Fils de Dieu) est le même que le Père ou le Paraclet,
qu'il soit anathème.
194 4. Si quelqu'un... croit que le
Paraclet Esprit est le Père ou le Fils, qu'il soit anathème.
195 5. Si quelqu'un... croit que
l'homme Jésus Christ n'a pas été assumé par le Fils de Dieu (que
seule la chair, sans une âme, a été prise par le Fils de Dieu),
qu'il soit anathème.
196 6 Si quelqu'un... croit que le
Fils de Dieu a souffert comme Dieu (le Christ ne peut pas être né),
qu'il soit anathème.
197 7. Si quelqu'un... croit que
l'homme Jésus Christ était un homme impassible (la divinité du
Christ était sujette au changement et à la souffrance), qu'il soit
anathème.
198 8. Si quelqu'un... croit qu'autre
est le Dieu de la Loi ancienne, autre celui des évangiles, qu'il
soit anathème.
199 9. Si quelqu'un... croit que le
monde a été fait par un autre Dieu que (et non pas par) celui dont
il est écrit : au commencement Dieu a fait le ciel et la terre (voir
Gn 1,1)qu'il soit anathème.
200 10. Si quelqu'un... croit que les
corps humains ne ressusciteront pas après la mort, qu'il soit
anathème.
201 11. Si quelqu'un.., croit que
l'âme humaine est une portion de Dieu ou de la substance de Dieu,
qu'il soit anathème.
202 12. Si quelqu'un croit qu'en
dehors des Écritures que l'Église catholique a reçues, d'autres
doivent être tenues comme ayant autorité ou s'il les vénère (si
quelqu'un... croit qu'en dehors des Écritures que l'Église
catholique reçoit, d'autres doivent être considérées comme ayant
autorité ou être vénérées), qu'il soit anathème.
203 (13. Si quelqu'un... croit qu'il
y a dans le Christ une seule nature de la divinité et de la chair,
qu'il soit anathème.).
204 (14. Si quelqu'un... croit qu'il
existe quelque chose qui peut s'étendre au-dehors de la Trinité
divine, qu'il soit anathème.)
205 (15. Si quelqu'un estime qu'on
doit croire à l'astrologie ou aux mathématiques (sic !), qu'il soit
anathème.(voir Canon 460 ).
206 (16. Si quelqu'un... croit que
les mariages qui sont tenus pour licites selon la Loi divine, sont
abominables, qu'il soit anathème.)
207 (17. Si quelqu'un... croit que ce
n'est pas seulement pour mortifier le corps qu'il faut s'abstenir de
la chair des oiseaux ou des bêtes qui sont donnés pour qu'on s'en
nourrisse, qu'il soit anathème.)
208 (18. Si quelqu'un adhère aux
erreurs de la secte de Priscillien ou qu'il les professe, de sorte
que dans le baptême salutaire il fait autre chose, contre le siège
de saint Pierre, qu'il soit anathème.)
209 Une très grande joie m'est donnée
par le fait, qui est l'oeuvre du Christ, que l'Italie victorieuse
dans tout l'univers, enflammée d'un zèle et d'un empressement
divins, a gardé intègre la foi transmise par les apôtres et établie
par les anciens, et cela au moment, il est vrai, où Constance de
divine mémoire a régné victorieux sur l'univers, et que la faction
arienne n'a pu insinuer aucune hérésie et introduire ainsi ses
souillures, parce que notre Dieu, nous le croyons, a veillé à ce que
cette foi sainte et immaculée ne soit pas altérée par le blasphème
d'hommes infâmes : cette foi qui avait été examinée et définie lors
de la rencontre du synode de Nicée par de Saints hommes et par des
évêques déjà réunis dans le repos des saints. Pour elle ils ont
volontiers accepté l'exil, ceux qui alors se sont montrés de saints
évêques, à savoir Denys, à cause de cela serviteur de Dieu, un homme
instruit par l'enseignement divin, et ceux de sainte mémoire qui ont
suivi son exemple, Libère, l'évêque de l'Eglise romaine, de même
Eusèbe de Verceil, Hilaire de Gaule, pour ne pas parler de ceux,
nombreux, qui ont pu préférer être fixés sur la croix plutôt que de
blasphémer Dieu le Christ comme y poussait l'hérésie arienne, ou
d'appeler le Fils de Dieu, Dieu le Christ, une créature du Seigneur.
INNOCENT Ier : 21 (22 ?) décembre 402 -12 mars
417
211 (Chap. 8, Par 11) (Il est bon de
veiller)... à ce que ceux qui viennent des novatiens ou des
montanistes soient reçus seulement par l'imposition des mains ; car
bien que l'ayant été par des hérétiques, ils ont cependant été
baptisés au nom du Christ.
212 (...)
(Chap. 2)... Il a été demandé comment il faut
se comporter à l'égard de ceux qui, après le baptême, se sont livrés
sans relâche à la volupté charnelle et qui, à la fin de leur vie
demandent à la fois la pénitence et la réconciliation dans la
communion.
A leur endroit la prescription ancienne est
plus sévère ; l'autre, récente, plus douce, par mesure de
miséricorde. En effet suivant l'ancienne coutume on tenait à ce que
leur soit accordée la pénitence, mais que la communion soit refusée.
En effet, en ces temps lointains où les persécutions étaient
fréquentes l'on refusait à bon droit la communion, de peur qu'en
raison d'une paix obtenue trop facilement, les fidèles sûrs de leur
réconciliation ne se laissent aller plus encore à l'apostasie ; mais
la pénitence leur était accordée pour ne pas tout leur refuser, et
la dureté des temps rendait le pardon plus difficile.
Mais après que notre Seigneur eut rendu la paix
à ses Églises et que la terreur fut passée, l'on décida d'accorder
la communion aux mourants — laquelle sera comme un viatique, grâce à
la miséricorde divine, pour ceux qui vont trépasser, pour ne pas
donner l'impression de suivre la dureté et la rigueur de l'hérétique
Novatien qui niait la possibilité du pardon. On accordera donc la
communion avec la pénitence in extremis : ainsi les hommes dont nous
avons parlé, au moins à leurs derniers instants, et avec le
consentement de notre Seigneur, seront défendus contre la damnation
éternelle.
213 (Chap. 7) Les livres qui ont été
reçus dans le canon sont indiqués dans un bref appendice. C'est là
(ce) que tu as désiré te voir indiquer :
Cinq livres de Moïse, c'est-à-dire Genèse,
Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, et un de Josué, un des
Juges, quatre livres des Rois, en même temps Ruth, seize livres des
Prophètes, cinq livres de Salomon, le Psautier.
De même les livres des histoires : un livre de
Job, un de Tobie, un d'Esther, un de Judith, deux des Maccabées,
deux d'Esdras, deux des Chroniques.
De même ceux du Nouveau Testament : quatre des
évangiles, 13 (14) épîtres de l'apôtre Paul, trois épîtres de Jean,
deux épîtres de Pierre, (une épître de Jude), une épître de Jacques,
les Actes des Apôtres, l'Apocalypse de Jean.
Quant au reste, qui figure soit sous le nom de
Matthieu ou sous celui de Jacques le Mineur, soit sous celui de
Pierre et de Jean, ce qui a été écrit par un certain Leukios, (ou
sous le nom d'André, ce qui l'a été par les philosophes Xenocharides
et Léonidas,) ou sous le nom de Thomas, et s'il existe d'autres
écrits, non seulement il faut le rejeter, mais comme tu le sais, le
condamner.
214 (On explique pourquoi selon
les canons 8 et 19 de Nicée Canon 127-128 il faut rebaptiser
les paulianistes qui reviennent à l'Eglise mais non les novatiens :)
(Chap. 5, Par 10) Qu'il existe une distinction
entre ces deux hérésies, la raison le fait apparaître, car les
paulianistes ne baptisent pas du tout au nom du Père et du Fils et
de l'Esprit Saint, et les novatiens baptisent dans ces mêmes noms
redoutables et vénérables, et chez eux jamais n'a été mise en cause
l'unité de la puissance divine, c'est-à-dire du Père et du Fils et
de l'Esprit Saint.
215 (Chap. 3, Par 6) Pour ce qui est
de la confirmation des enfants, on sait qu'elle ne doit pas être
faite par un autre que l'évêque. Les presbytres en effet, bien que
prêtres du second rang, n'ont pas le degré suprême du pontificat.
Que ce pontificat revienne seulement aux évêques, pour qu'ils
Consignent ou transmettent l'Esprit Paraclet, non seulement la
coutume de l'Église l'atteste, mais également ce passage des Actes
des Apôtres qui rapporte que Pierre et Jean furent envoyés pour
transmettre l'Esprit Saint à ceux qui étaient déjà baptisés (voir
Ac 8,14-17). Aux presbytres en effet il est permis, lorsqu'ils
baptisent soit sans l'évêque, soit en présence de l'évêque, d'oindre
les baptisés de chrême, mais qui aura été consacré par l'évêque ;
mais non de signer le front avec cette même huile, ce qui revient
aux seuls évêques lorsqu'ils transmettent l'Esprit Paraclet. Les
paroles cependant je ne puis les dire, pour ne pas sembler révéler
(le mystère) plutôt que de répondre à une demande.
216 (Chap. 8, Par. II) Puisque ta
charité a voulu consulter au sujet de ceci comme du reste, mon fils,
le diacre Célestin, a ajouté dans sa lettre que ta charité
mentionnait ce qui est écrit dans l'épître de saint Jacques :
« Quelqu'un parmi vous est-il malade ? Qu'il appelle les presbytres
de l'Église et qu'ils prient sur lui, après l'avoir oint d'huile au
nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le
Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront
remis » Jc 5,14-15. Il n'y a pas de doute qu'il faille
l'entendre et le comprendre des fidèles malades qui peuvent être
oints de l'huile sainte du chrême, laquelle étant confectionnée par
l'évêque, il est permis non seulement aux prêtres, mais aussi à tous
les chrétiens d'en user pour faire l'onction, dans leurs nécessités
personnelles, ou celles des leurs.
Par ailleurs, cette addition nous semble
superflue : on se demande si l'évêque peut faire ce qui est
certainement permis aux presbytres. Car la raison pour laquelle on
parle des presbytres est que les évêques, empêchés par d'autres
occupations, ne peuvent se rendre chez tous les malades. Mais si un
évêque en a la possibilité, et s'il juge que quelqu'un mérite d'être
visité par lui, il peut le bénir et lui faire l'onction du chrême
sans difficulté, puisque c'est lui qui fait le chrême. On ne peut en
faire l'onction sur les pénitents, parce qu'elle est de l'ordre du
sacrement. Car ceux auxquels on refuse les autres sacrements,
comment penser qu'on puisse leur en concéder un de cette espèce ?
217 (Chap. 1) En Nous consultant sur
les choses divines ... fidèles aux exemples de la tradition
ancienne, ... vous avez affirmé la vigueur de votre esprit religieux
de la vraie façon, pas moins maintenant où vous demandez conseil
qu'auparavant lorsque vous vous êtes prononcés, vous qui avez
approuvé de vous en rapporter à notre jugement, sachant ce qui est
dû au Siège apostolique, puisque Nous tous qui sommes établis en
cette place désirons suivre l'Apôtre de qui est issu l'épiscopat et
toute l'autorité de ce nom. C'est en le suivant que Nous avons
appris à condamner le mal comme à approuver ce qui est louable,
comme ce que vous avez estimé dans la vigilance de votre office
sacerdotal, à savoir qu'on ne doit pas fouler aux pieds les
ordonnances des Pères ; car ceux-ci, dans une pensée plus divine
qu'humaine, avaient décrété que n'importe quelle affaire à traiter,
fût-ce des provinces les plus éloignées et les plus retirées, ne
serait pas considérée comme finie avant d'avoir été portée à la
connaissance de ce Siège, pour qu'il confirmât de toute son autorité
les justes sentences et que les autres Églises — comme les eaux qui
jaillissent de leur source originelle et qui s'écoulent dans toutes
les régions du monde par de purs ruisseaux venus de la source non
corrompue — reçoivent de lui ce qu'elles prescriront et sachent qui
elles doivent purifier et qui, souillé d'une fange ineffaçable, ne
recevra pas l'eau digne des corps purs.
218 (Chap. 2) Avec diligence donc, et
comme il convient, vous avez consulté les arcanes de la charge
apostolique — de la charge, dis-je, de celui à qui appartient « en
dehors des choses extérieures, la sollicitude de toutes les
Églises » 2Co 11,28 — au sujet de la position à tenir dans
des questions douteuses, et vous vous êtes conformé en cela à ce qui
est la règle ancienne, laquelle, vous le savez, a toujours été
observée avec moi par l'univers entier... Pourquoi avez-vous aussi
confirmé cela par votre agir, si ce n'est parce que vous savez que
des réponses coulent toujours de la source apostolique dans toutes
les provinces, pour ceux qui en font la requête ? Surtout chaque
fois qu'est débattue une affaire de foi, je pense que tous nos
frères et coévêques ne doivent en référer Pierre, c'est-à-dire au
garant de son nom et de sa charge, comme l'a fait maintenant Votre
Charité pour demander ce qui peut être profitable à toutes les
Églises ensemble dans le monde entier. Elles doivent en effet
devenir plus prudentes, lorsqu'elles voient que, selon la relation
du double synode, les inventeurs du mal sont séparés de la communion
de par les déterminations de notre jugement.
219 (Chap. 5) ... que les petits
enfants peuvent, même sans la grâce du baptême, jouir des
récompenses de la vie éternelle, cela est stupide au plus haut
point. Si, en effet, ils ne mangent pas la chair du Fils de l'homme
et ne boivent pas son sang, ils n'auront pas la vie en eux (voir
Jn 6,53). Ceux qui soutiennent que ces enfants l'auront sans
être renés, me paraissent vouloir rendre vain le baptême lui-même,
en prêchant qu'ils ont ce que la foi professe ne pouvoir leur être
conféré que par le baptême.
Si donc, comme ils le veulent, il n'y a aucune
fâcheuse conséquence à ne pas renaître, il leur faut aussi professer
que les saintes eaux de la nouvelle naissance ne servent à rien.
Mais, la vérité peut avoir rapidement raison de la doctrine erronée
de ces hommes vains avec les paroles que le Seigneur dit dans
l'Évangile : « Laissez venir à moi les petits enfants et ne les
empêchez pas ; car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume
des cieux ». (voir Mt 19,14 ; Mc 10,14 ; Lc 18,16).
ZOSIME : 18 mars 417-26 décembre 418
221 (N. 1) Bien que la tradition des
pères ait reconnu au Siège apostolique une telle autorité que
personne n'a osé mettre en cause son jugement, et qu'elle ait
toujours observé cela par des canons et des règles, et que, par ses
lois, la discipline ecclésiastique en vigueur jusqu'ici manifeste au
nom de Pierre, dont elle descend elle-même, la révérence qui
convient : ... (3) Bien que donc Pierre soit l'origine d'une telle
autorité et que les décrets suivants de tous les anciens confirment
que l'Église romaine est affermie par toutes les lois et coutumes
aussi bien humaines que divines — et vous ne l'ignorez pas, mais
vous l'avez appris, frères très chers, et comme prêtres vous devez
savoir que Nous en dirigeons la région et que nous détenons aussi le
pouvoir de son nom — : (4) et alors que Nous aurions une telle
autorité que personne ne pourrait débattre encore une fois de notre
décision, Nous n'avons rien fait cependant que Nous n'aurions pas,
de notre propre mouvement, porté à votre connaissance par notre
lettre ; concédant cela à la fraternité et consultant ensemble, non
pas parce que Nous n'aurions pas su ce qui doit être fait, ou que
Nous aurions fait quelque chose qui déplairait parce que cela irait
contre l'utilité de l'Église, mais Nous voulions avoir traité
ensemble avec vous à son sujet (de Célestin qui est accusé).

·
15e
(ou 16e)
concile de Carthage, commencé le
1er Mai 418.
222 Canon 1, Il a été décidé par tous
les évêques.,. rassemblé au saint concile de Carthage : Quiconque
dit qu'Adam, premier homme, a été créé mortel de telle sorte que,
qu'il péchât ou non, il devait mourir corporellement, c'est-à-dire
que quitter son corps ne serait pas une conséquence du péché mais
une nécessité de nature, qu'il soit anathème.
223 Canon 2. Il a été décidé de
même : Quiconque nie que les tout-petits doivent être baptisés, ou
dit que c'est pour la rémission des péchés qu'on les baptise, mais
qu'ils n'ont rien, eux du péché originel d'Adam que le bain de la
régénération aurait à expier, ce qui a pour conséquence que pour eux
la formule du baptême « en rémission des péchés », n'a pas un sens
vrai mais faux, qu'il soit anathème. Car on ne peut pas comprendre
autrement ce que dit l'Apôtre : « Par un seul homme, le péché est
entré dans le monde, et par le péché, la mort, et ainsi la mort a
passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui » Rm 5,12,
sinon de la manière dont l'Église catholique répandue par toute la
terre l'a toujours compris. C'est en effet à cause de cette règle de
foi que même les tout-petits, qui n'ont pas pu commettre encore par
eux-mêmes quelque péché, sont cependant vraiment baptisés en
rémission des péchés pour que la régénération purifie en eux ce que
la génération leur a apporté.
224 Canon 3. Il a été décidé de
même : Quiconque dit que le Seigneur a dit « Dans la maison de mon
Père il y a plusieurs demeures » Jn 14,2 pour qu'on comprenne
qu'il y a dans le Royaume des cieux un certain lieu, se trouvant au
milieu ou ailleurs, où vivent bienheureux les petits enfants qui ont
quitté cette vie sans le baptême sans lequel ils ne peuvent pas
entrer dans le Royaume des cieux qui est la vie éternelle, qu'il
soit anathème. Car puisque le Seigneur dit : « A moins que quelqu'un
soit rené d'eau et d'Esprit Saint, il n'entre pas dans le Royaume
des cieux » Jn 3,5 : quel catholique doutera que sera un
compagnon du diable celui qui n'a pas mérité d'être cohéritier du
Christ ? Celui en effet qui n'est pas à droite se trouvera sans nul
doute placé à gauche.
225 Canon 3. Il a été décidé de
même : Quiconque dit que la grâce de Dieu, qui justifie l'homme par
notre Seigneur Jésus Christ, vaut uniquement pour la rémission des
péchés déjà commis, mais non pour aider à n'en plus commettre, qu'il
soit anathème.
226 Canon 4. De même : Quiconque dit
que cette même grâce de Dieu par notre Seigneur Jésus Christ nous
aide à ne plus pécher en ce sens seulement qu'elle nous révèle et
nous ouvre l'intelligence des commandements, en sorte que nous
sachions ce que nous devons désirer et ce que nous devons éviter,
mais qu'elle ne nous donne nullement l'amour et la force de faire
aussi ce que nous avons reconnu comme notre devoir, qu'il soit
anathème. Car, puisque l'Apôtre dit : « La science enfle, mais la
charité édifie » 1Co 8,1, il est très impie de croire que
nous avons la grâce du Christ pour la science qui enfle et que nous
ne l'avons pas pour la charité qui édifie, puisque c'est également
un don de Dieu de savoir ce que nous devons faire et d'avoir l'amour
pour le faire. Ainsi, la charité qui édifie empêche que la science
ne nous enfle. Comme il est écrit de Dieu : « Il enseigne la science
à l'homme » Ps 94,10, il est aussi écrit : « La charité vient
de Dieu » 1Jn 4,7.
227 Canon 5. 11 a été décidé de même
: Quiconque dit que la grâce de la justification nous est
précisément donnée pour pouvoir accomplir plus facilement par elle
ce que nous devons faire par notre libre arbitre, en sorte que, si
la grâce n'était pas donnée, nous pourrions pourtant, quoique avec
moins de facilité, observer sans elle les commandement de Dieu,
qu'il soit anathème.
Lorsqu'il parle du fruit des commandements, le
Seigneur ne dit pas : « Sans moi, vous pouvez le faire plus
difficilement », mais : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire »
Jn 15,5.
228 Canon 6. Il a été décidé de
même : l'apôtre saint Jean dit : « Si nous disons que nous n'avons
pas de péché, nous nous abusons nous-mêmes et la vérité n'est pas en
nous ». 1Jn 1,8 . Quiconque pense qu'il faut l'entendre
ainsi : c'est humilité que l'on doit dire que nous avons le péché,
mais non parce que c'est la vérité, qu'il soit anathème. Car
l'apôtre ajoute immédiatement : « Si nous confessons nos péchés il
est assez fidèle et juste pour remettre nos péchés et nous purifier
de toute injustice » 1Jn 1,9. Ce passage fait suffisamment
voir que cela n'est pas dit seulement par humilité mais aussi en
vérité. Car l'apôtre pouvait dire : « Si disons : nous n'avons pas
de péché, nous nous vantons et l'humilité n'est pas en nous » Mais
en disant : « Nous nous abusons et la vérité n'est pas en nous », il
montre assez que celui qui se déclare sans péché ne dit pas le vrai,
mais le faux.
229 Canon 7. Il a été décidé de
même : Quiconque dit que, dans la prière du Seigneur, les saints
disent : « Remets-nous nos dettes » Mt 6,12 non pour
eux-mêmes, puisqu'ils n'ont déjà plus besoin de faire cette demande,
mais pour les autres de leur peuple qui sont pécheurs, et que c'est
la raison pour laquelle chacun des saints ne dit pas : « Remets-moi
mes dettes » mais « Remets-nous nos dettes » ce qui fait comprendre
que le juste demande plus pour autrui que pour lui-même qu'il soit
anathème. Ce saint et ce juste était l'apôtre saint Jacques, quand
il disait : « Tous, nous péchons en bien des choses » Jc 3,2.
Pourquoi ajouter « tous » sinon pour que le mot soit d'accord avec
le Psaume où se lit : « N'entre pas en jugement avec ton serviteur.
car nul vivant n'est justifié devant toi » Ps 143,2 ; et dans
la prière du très sage Salomon : « Il n'y a aucun homme qui n'ait
péché » 1R 8,46 et dans le livre du saint homme Job : « Il
suspend l'activité des hommes, pour que tout homme reconnaisse sa
faiblesse Jb 37,7 ; également le saint et juste Daniel,
lorsqu'il disait au pluriel : « Nous avons péché et nous avons
commis l'iniquité » Jb 9,5-15, et d'autres paroles qu'il
confesse dans la vérité et l'humilité ; pour qu'on ne pense pas,
comme certains le croient, qu'il parle alors non pas de ses péchés,
mais plutôt de ceux de son peuple, il ajoute : « Quand... je priais
et que je confessais mes péchés et les péchés de mon peuple »
Jb 9,20 au Seigneur, mon Dieu, il n'a pas voulu dire « nos
péchés » mais il a dit les « péchés de son peuple » et les « siens »
car, prophète, il voyait par avance qu'il se trouverait des hommes
qui le comprendraient bien mal.
230 Canon 8. Il a été décidé de
même : Ces paroles de la prière du Seigneur où nous disons :
« Remets-nous nos dettes » Mt 6,12, tous ceux qui veulent que
les saints les disent par humilité et non en vérité, qu'ils soient
anathèmes. Qui donc admettrait que quelqu'un qui prie mente, non
seulement aux hommes, mais au Seigneur lui-même, en déclarant de ses
lèvres qu'il veut qu'il lui soit pardonné, et qui dit en son coeur
qu'il n'a pas de dettes à se faire remettre.
231 Le Seigneur est fidèle dans ses
paroles Ps 145,13, et son baptême, en sa réalité et en ses
paroles, c'est-à-dire par ce qui est fait, par la confession de foi
et par la vraie rémission des péchés, contient la même plénitude
pour tout sexe, tout âge et toute condition de l'homme. Nul en effet
ne devient libre s'il n'est esclave du péché, et ne peut être dit
sauvé que celui qui auparavant était véritablement captif du péché,
comme il est écrit : « Si le Fils vous a libérés, vous serez
vraiment libres ». Jn 8,36. Par lui en effet nous renaissons
spirituellement, par lui nous sommes crucifiés au monde. Par sa mort
est déchiré ce décret de mort (voir Col 2,14) qui a été
contracté par propagation, et qui a été introduit par Adam pour nous
tous et transmis à toute âme - décret auquel tous ceux, sans
exception, qui sont nés sont soumis avant d'être libérés par le
baptême.
BONIFACE Ier : 29 décembre 418-4 septembre 422
232 (Chap. 2).. Nous avons envoyé au
synode (de Corinthe)... des directives écrites pour que tous les
frères comprennent qu'on ne doit pas débattre à nouveau de ce que
nous avons jugé. Jamais en effet il n'a été permis de traiter à
nouveau de ce qui a été décidé une fois par le Siège apostolique.
233 (Chap. 1). L'institution de
l'Église universelle naissante prit son départ dans le titre
d'honneur du bienheureux Pierre en qui consiste son gouvernement et
son couronnement. C'est de sa source en effet qu'a coulé la
discipline dans toutes les Églises, lorsque la vénération de la
religion croissait déjà. Les préceptes du concile de Nicée
n'attestent rien d'autre ; il n'a pas osé en effet établir quelque
chose au-dessus de lui, car il voyait que rien ne pouvait être placé
au-dessus de son rang, et enfin il savait que tout lui était accordé
par la parole du Seigneur. Cette (Église romaine) est donc avec
certitude pour toutes les Églises répandues par le monde entier
comme la tête de ses membres ; si quelqu'un se sépare d'elle, qu'il
soit éloigné de la religion chrétienne, puisqu'il a cessé de se
trouver dans ce même assemblage.
234 Demeure au bienheureux apôtre
Pierre, de par la parole du Seigneur, la sollicitude reçue de lui
pour l'ensemble de l'Église, laquelle, comme il le sait, a été
fondée sur lui selon le témoignage de l'Évangile. Et jamais une
position d'honneur ne peut être exempte de soucis, puisqu'il est sûr
que toutes choses dépendent de sa réflexion. ... Qu'il n'arrive pas
aux prêtres du Seigneur que l'un d'entre eux tombe dans la faute de
tenter quelque chose par une usurpation nouvelle, et qu'il devienne
l'ennemi des décisions des anciens, alors qu'il sait qu'il a pour
rival en particulier celui auprès de qui notre Christ a placé le
souverain sacerdoce ; et quiconque se dresse pour l'outrager ne
pourra être un habitant du Royaume des cieux. « A toi, dit-il, je
donnerai les clés du Royaume des cieux » Mt 16,19 dans lequel
nul n'entrera sans la faveur du portier.
235 Puisque le lieu l'exige, recensez
s'il vous plaît les déterminations des canons, et vous trouverez
quel est après l'Église romaine le deuxième siège, et quel est le
troisième. ... Jamais personne n'a levé la main avec audace contre
l'éminence apostolique dont il n'est pas permis de réviser le
jugement, personne ne s'est dressé contre elle s'il ne voulait pas
être jugé. Les dites grandes Églises observent les dignités par les
canons : celles d'Alexandrie et d'Antioche (voir le 1er
concile de Nicée, canon 6 ) ; car elles ont connaissance du
droit de l'Église. Elles observent, dis-je, les décisions des
anciens, en accordant leur bonne grâce en toutes choses comme ils
reçoivent cette grâce en retour : celle dont ils savent qu'ils Nous
la doivent dans le Seigneur qui est notre paix.
Mais puisque la chose le demande, on montrera
par des documents que les Églises des Orientaux surtout, dans les
grandes affaires qui rendaient nécessaire un débat de plus grande
ampleur, ont toujours consulté le Siège romain et lui ont demandé
aide chaque fois que cela était nécessaire.
(Suivent des exemples d'appels et de requêtes
dans l'affaire d'Athanase et de Pierre d'Alexandrie, de l'Église
d'Antioche, de Nectaire de Constantinople et des Orientaux séparés
au temps d'Innocent Ier.)
CELESTIN Ier : 10 septembre 422 – 27 juillet
432
236 2) Nous avons appris que la
pénitence était refusée aux mourants, et que l'on ne répondait pas
aux désirs de ceux qui, au moment de leur mort, désiraient qu'on
vienne en aide à leur âme par ce remède. Nous restons horrifiés,
nous l'avouons, devant l'impiété de ceux qui osent mettre en doute
la bonté de Dieu. Comme si Dieu ne pouvait pas secourir tous les
pécheurs qui se tournent vers lui, à n'importe quel moment, et comme
s'il ne pouvait pas délivrer l'homme, chancelant sous le poids de
ses péchés, du fardeau dont il souhaite être débarrassé. Je vous le
demande : que signifie ceci , sinon apporter une nouvelle mort à
celui qui va mourir et tuer son âme, en se comportant de telle sorte
qu'elle ne puisse plus être purifiée ? Or Dieu est toujours disposé
au pardon ; il invite à la pénitence et déclare : « Le pécheur, quel
que soit le jour où il se sera converti, son péché ne lui sera plus
imputé » Ez 33,16. ... Puisque c'est Dieu qui sonde les
coeurs, il ne faut refuser à aucun moment la pénitence à qui la
demande. ...
237 Chap. 2. Augustin, homme de
sainte mémoire par sa vie et ses mérites, nous l'avons toujours eu
en communion avec nous et jamais ne fût-ce que la rumeur d'une
suspicion ne l'a atteint ; et nous nous souvenons qu'il avait en son
temps un si grand savoir, qu'auparavant déjà mes prédécesseurs l'ont
toujours considéré comme faisant partie des maîtres les meilleurs.
238 Puisque certains, qui tirent
gloire du nom de catholiques, en demeurant par méchanceté ou par
ignorance, dans les idées condamnées des hérétiques, osent s'opposer
aux pieux argumentateurs, et que, tout en condamnant sans hésitation
Pélage et Célestius, ils accusent faussement nos maîtres d'avoir
dépassé la mesure nécessaire et qu'ils déclarent vouloir uniquement
suivre et reconnaître ce que le très saint Siège du bienheureux
apôtre Pierre a, par le ministère de ses évêques, sanctionné et
enseigné contre les ennemis de la grâce de Dieu, il a fallu
rechercher exactement le jugement des chefs de l'Eglise romaine sur
l'hérésie qui avait surgi de leur temps, et les idées qu'ils ont
estimé nécessaire d'avoir sur la grâce de Dieu contre les très
néfastes défenseurs du libre arbitre. Nous y avons joint aussi
quelques sentences des conciles africains : celles que les évêques
Apostoliques ont certainement faites leurs en les approuvant. Pour
que donc ceux qui doutent en quelque point puissent s'instruire plus
complètement, nous publions, en un bref résumé (Indiculus), les
constitutions des saints pères. Celui qui n'est pas trop porté à la
dispute pourra reconnaître que le résultat de toutes ces discussions
est inclus dans les phrases brèves des autorités alléguées et qu'il
ne lui reste plus motif à contredire, s'il croit et dit avec les
catholiques.
239 Chap. 1. Dans la prévarication
d'Adam, tous les hommes ont perdu leur pouvoir naturel et leur
innocence, et aucun ne peut, par son libre arbitre, remonter de
l'abîme de cette ruine si la grâce du Dieu qui fait miséricorde ne
le relève, comme le déclare le pape Innocent, d'heureuse mémoire,
dans son épître au concile de Carthage : « Victime un jour de son
libre arbitre, en usant de ses biens inconsidérément, l'homme tombe
dans les profondeurs de la prévarication, où il s'enfonce, et il ne
trouve rien qui puisse lui permettre d'en sortir. Trompé pour
toujours par sa liberté, il demeurerait écrasé sous le poids de
cette ruine si ensuite ne le relevait, par sa grâce, la venue du
Christ, qui a lavé tout péché passé dans le bain du baptême par la
purification d'une nouvelle naissance ».
240 Chap. 2. Personne n'est bon par
soi-même, si celui qui seul est bon ne le fait participer à
lui-même. C'est ce que nous déclare dans la même lettre la sentence
du même pape : « Pourrons-nous désormais attendre quelque chose de
bon d'esprits qui pensent qu'ils doivent leur bonté à eux-mêmes,
sans regarder celui dont ils reçoivent chaque jour la grâce, dans la
confiance où ils sont de pouvoir l'obtenir sans lui ? »
241 Chap. 3. Personne, même renouvelé
par la grâce du baptême, n'est capable de surmonter les embûches du
diable, ni de vaincre les concupiscences de la chair, s'il ne reçoit
de l'aide quotidienne de Dieu la persévérance dans une bonne vie.
C'est ce que confirme la doctrine du même pasteur dans ces mêmes
pages où il dit : « Bien que Dieu ait racheté l'homme de ses péchés
passés, parce qu'il sait qu'il y aura des moyens de le redresser,
même après ces fautes, en donnant chaque jour ces remèdes sans
lesquels, si nous ne nous appuyons pas avec confiance sur eux, nous
ne pourrons en aucune façon vaincre nos erreurs humaines. Il est en
effet nécessaire que, comme nous sommes vainqueurs avec son aide,
sans son aide, nous soyons vaincus ».
242 Chap. 4. Que personne n'use de
son libre arbitre, sinon grâce au Christ, le même maître l'a déclaré
dans la lettre envoyée au concile de Milève 219 : « Prends
garde enfin, perverse doctrine d'esprits très pervertis, que sa
liberté même a si bien trompé le premier homme que, tandis qu'il
s'est servi plus mollement de son frein, sa présomption l'a fait
tomber dans la prévarication. Il n'eût pu en être délivré si, dans
le dessein de le régénérer, la venue du Christ n'avait restauré
l'état de la liberté première ».
243 Chap. 5. Tous les efforts, toutes
les oeuvres et tous les mérites des saints doivent être rapportés à
la gloire et à la louange de Dieu. Personne ne lui plaît sinon grâce
à ce qu'il a donné lui-même. C'est vers cette idée que nous dirige
l'autorité décisive du pape Zosime, d'heureuse mémoire, lorsque,
écrivant aux évêques de l'univers entier, il dit : « Pour nous,
c'est par une motion divine (tous les biens doivent être en effet
rapportés à leur auteur, de qui ils proviennent) que nous avons tout
remis à la conscience de nos frères et collègues les évêques ». Les
évêques d'Afrique vénérèrent avec tant d'honneur cette parole, où
rayonnait la lumière d'une très sincère vérité, qu'ils écrivirent
ainsi à leur auteur : « Cette phrase des lettres que vous avez pris
soin d'envoyer à toutes les provinces, en disant : “Pour nous, c'est
par une motion divine, etc.”, nous avons considéré que vous la
disiez pour pourfendre rapidement, comme en passant, avec le glaive
dégainé de la vérité, ceux qui exaltent la liberté du libre arbitre
contre l'aide de Dieu. Qu'avez-vous fait avec un si libre arbitre
sinon tout rapporter à notre humble conscience ? Et cependant, vous
avez vu avec sincérité et sagesse que vous faisiez cela par une
motion divine, et vous l'avez dit avec véracité et courage. C'est
pourquoi, puisque “la volonté est préparée par le Seigneur” »
Pr 8,35 LXX ; voir Canon 374 , lui-même touche les coeurs
de ses fils par ses inspirations paternelles, pour qu'ils fassent
quelque bien. « Car tous ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils de
Dieu » Rm 8,14 ; ainsi, nous ne pensons pas que notre libre
arbitre nous manque et nous ne doutons pas que, dans chacun des bons
mouvements de la volonté humaine, l'aide du Saint-Esprit ne soit
prévalente ».
244 Chap. 6. Dieu agit dans le coeur
des hommes et dans le libre arbitre lui-même, de sorte qu'une sainte
pensée, un pieux dessein et tout mouvement de volonté bonne viennent
de Dieu : nous pouvons quelque bien grâce à celui sans lequel nous
ne pouvons rien Jn 15,5. Le même docteur, Zosime, nous a
formés à le dire, lorsqu'il parlait aux évêques de l'univers entier
du secours de la grâce divine : « Y a-t-il donc un temps, dit-il, où
nous n'ayons pas besoin de son secours ? En tout acte, toute
situation, toute pensée, tout mouvement, notre aide et protecteur
doit être invoqué ». C'est orgueil, pour la nature humaine, de se
targuer de quelque chose, alors que l'Apôtre proclame : « Ce n'est
pas contre des adversaires de chair et de sang que nous avons à
lutter, mais contre les principautés et les puissances de l'air,
contre les esprits du mal des espaces célestes » Ep 6,12. Et
comme il dit encore : « Malheureux homme que je suis ! Qui me
délivrera de ce corps qui me voue à la mort ? La grâce de Dieu par
notre Seigneur Jésus Christ » Rm 7,24. Et encore : « C'est
par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce envers
moi n'a pas été stérile ; mais j'ai travaillé plus qu'eux tous : pas
moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » 1Co 15,10.
245 Chap. 7. Nous acceptons aussi
comme un bien propre, pour ainsi dire, du Siège apostolique, ce qui
a été décidé dans les décrets du concile de Carthage (418) dans son
troisième chapitre : « Quiconque dit que la grâce de Dieu, qui
justifie l'homme par notre Seigneur Jésus-Christ, vaut uniquement
pour la rémission des péchés déjà commis, mais non pour aider à n'en
plus commettre, qu'il soit anathème ».
Et de nouveau dans le quatrième chapitre :
« Quiconque dit que la grâce de Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ
nous aide à ne plus pécher en ce sens seulement qu'elle nous révèle
et nous ouvre l'intelligence des commandements, en sorte que nous
sachions ce que nous devons désirer et ce que nous devons éviter,
mais qu'elle ne nous donne nullement l'amour et la force de faire
aussi ce que nous avons reconnu comme notre devoir, qu'il soit
anathème. Car, puisque l'Apôtre dit « La science enfle, mais la
charité édifie » 1 Co 8,1, il est très impie de croire
que nous avons la grâce du Christ pour la science qui enfle et que
nous ne l'avons pas pour la charité qui édifie, puisque c'est
également un don de Dieu de savoir ce que nous devons faire et
d'avoir l'amour pour le faire. Ainsi la charité qui édifie empêche
que la science nous enfle. Comme il est écrit de Dieu : « Il
enseigne la science à l'homme » Ps 94,10, il est aussi
écrit : « La Charité vient de Dieu » 1 Jn 4,7.
Et de même au cinquième chapitre : « Quiconque
dit que la grâce de la justification nous est précisément donnée
pour pouvoir accomplir plus facilement par elle ce que nous devons
faire par notre libre arbitre, en sorte que, si la grâce n'était pas
donnée, nous pourrions pourtant, quoique avec moins de facilité,
observer sans elle les commandements de Dieu, qu'il soit anathème.
Lorsqu'il parle du fruit des commandements, le Seigneur ne dit pas
“Sans moi vous pouvez le faire plus difficilement”, mais : “Sans
moi, vous ne pouvez rien faire” 1Jn 15,5.
246 Chap. 8. Outre ces décisions
inviolables du très saint Siège apostolique par lesquelles nos
saints pères, en rejetant l'orgueil de cette néfaste nouveauté, ont
enseigné que les commandements de la bonne volonté, l'accroissement
des efforts louables et la persévérance en eux jusqu'à la fin sont à
attribuer à la grâce du Christ, considérons aussi les mystères des
prières dites par les prêtres. Transmis par les apôtres, ils sont
célébrés uniformément dans le monde entier et dans toute l'Église
catholique, pour que la loi de la prière constitue la loi de la foi.
Lorsque ceux qui président aux saintes
assemblées accomplissent la mission qui leur a été confiée, ils
présentent à la clémence divine la cause du genre humain et, toute
l'Église gémissant avec eux, ils demandent et ils prient pour que la
foi soit donnée aux infidèles, pour que les idolâtres soient
délivrés des erreurs qui les laissent sans Dieu, pour que le voile
qui couvre le cœur des Juifs disparaisse, et que la lumière de la
vérité luise sur eux, pour que les hérétiques se repentent et
acceptent la foi catholique, pour que les schismatiques reçoivent
l'esprit d'une charité ranimée, pour qu'à ceux qui sont tombés
soient donnés les remèdes de la pénitence, pour qu'enfin aux
catéchumènes conduits aux sacrements de la régénération soit ouvert
le palais de la miséricorde céleste.
Ces demandes ne sont pas adressées à Dieu
formellement ni vainement : les faits le montrent effectivement. Car
Dieu daigne attirer nombre de victimes de toutes sortes d'erreurs ;
« arrachés à la puissance des ténèbres, il les fait passer dans le
Royaume de son Fils bien-aimé » Col 1,13 et, « de vases de
colère », il en fait « des vases de miséricorde » Rm 9,22-23.
Tout cela est si fortement ressenti comme l'œuvre de Dieu que
l'action de grâces continuelle et la louange de sa gloire sont
adressées à Dieu qui fait ces choses, pour avoir illuminé et corrigé
ces hommes.
247 Chap. 9. Contemplons aussi d'un
regard diligent ce que la sainte Église fait uniformément pour les
baptisés dans le monde entier. Quand des enfants ou des adolescents
viennent au sacrement de la régénération, ils n'accèdent pas à la
fontaine de vie avant que l'esprit immonde n'ait été expulsé d'eux
par les exorcismes et les exsufflations des prêtres ; afin que soit
vraiment mis en lumière comment « le prince de ce monde est jeté
dehors » Jn 12,31, comment « d'abord l'homme fort est
ligoté » Mt 12,29, comment ensuite « on lui prend ses biens »
Mc 3,27 passés en possession du vainqueur qui « a emmené
captive la captivité » Ep 4,8 et qui « fait des dons aux
hommes » Ps 68,19.
248 Ces règles de l'Église et ces
preuves fondées sur l'autorité divine nous ont tellement confirmés,
avec l'aide du Seigneur, que nous professons que Dieu est l'auteur
de tous les bons mouvements et des bonnes actions, de tous les
efforts et de toutes les vertus qui, depuis les commencements de la
foi, nous font tendre vers Dieu. Nous ne doutons pas que sa grâce
prévienne tous les mérites de l'homme. Par lui, nous commençons à
« vouloir » et à « faire » quelque bien Ph 2,13.
Cette aide et ce secours de Dieu n'enlèvent
certes pas le libre arbitre, mais ils le libèrent, pour que d'obscur
il soit lumineux, de pervers il soit droit, de languissant il soit
sain, d'imprudent il soit sage. Si grande est en effet la bonté de
Dieu pour tous les hommes qu'il veut que nos mérites soient ses
propres dons, et qu'il nous donnera une récompense éternelle pour ce
qu'il nous a prodigué. Il agit en nous pour que nous voulions et
fassions ce qu'il veut, et il ne souffre pas que demeure en nous
inactif ce qu'il nous a donné pour nous en servir. non pas pour le
négliger. afin que nous soyons aussi les coopérateurs de la grâce de
Dieu. Si nous voyons quelque chose s'alanguir en nous par suite de
notre lâcheté, recourons instamment à celui qui guérit toutes nos
langueurs et rachète notre vie de la mort Ps 103,3-4, lui à
qui nous disons chaque jour : « Ne nous induis pas en tentation,
mais délivre-nous du mal » Mt 6,13.
249 Chap. 10. Pour les points plus
profonds et plus difficiles des questions qui se posent, et qu'ont
traitées au plus large ceux qui ont résisté aux hérétiques, nous
n'osons pas les mépriser, pas plus que nous ne jugeons nécessaire de
les alléguer, car pour confesser la grâce de Dieu, à l'oeuvre
miséricordieuse de qui rien absolument ne saurait échapper, nous
croyons suffisant ce que ces écrits nous ont enseigné, en accord
avec les règles du Siège apostolique déjà mentionnées, si bien que
nous ne considérons plus comme catholique ce qui se présenterait
comme contraire aux sentences déterminées ci-avant.
250 Nous ne disons pas en effet que
la nature du Verbe par suite d'une transformation est devenue chair,
ni non plus qu'elle a été changée en un homme complet, composé d'une
âme et d'un corps, mais plutôt ceci : le Verbe, s'étant uni selon
l'hypostase une chair animée d'une âme raisonnable, est devenu homme
d'une manière indicible et incompréhensible et a reçu le titre de
Fils d'homme, non par simple vouloir ou bon plaisir, ni non plus
parce qu'il en aurait pris seulement le personnage ; et nous disons
que différentes sont les natures rassemblées en une véritable unité,
et que des deux il est résulté un seul Christ et un seul Fils, non
que la différence des natures ait été supprimée par l'union, mais
plutôt parce que la divinité et l'humanité ont formé pour nous
l'unique Seigneur Christ et Fils par leur ineffable et indicible
concours dans l'unité.
Ainsi, bien qu'il subsiste avant les siècles et
qu'il ait été engendré par le Père, il est dit aussi avoir été
engendré selon la chair par une femme, non point que sa nature
divine ait commencé à être en la sainte Vierge, ni qu'elle ait eu
nécessairement besoin d'une seconde naissance par elle après celle
qu'il avait reçue du Père, car c'est légèreté et ignorance de dire
que celui qui existe avant les siècles et est coéternel au Père a
besoin d'une seconde génération pour exister, mais puisque c'est
pour nous et pour notre salut qu'il s'est uni selon l'hypostase
l'humanité, et qu'il est né de la femme, on dit qu'il a été engendré
d'elle selon la chair.
251 (Ce numéro est subdivisé en
sous-chapitres : 251a ; 251b ; 251c ; 251d ; 251e)
Car ce n'est pas un homme ordinaire qui a
d'abord été engendré de la sainte Vierge et sur lequel ensuite le
Verbe serait descendu, mais c'est pour avoir été uni à son humanité
dès le sein même qu'il est dit avoir subi la génération charnelle,
en tant qu'il s'est approprié la génération de sa propre chair.
C'est ainsi que nous disons qu'il a souffert et qu'il est
ressuscité, non pas que le Dieu Verbe ait souffert en sa propre
nature les coups, les trous des clous et les autres blessures (car
la divinité est impassible, puisqu'elle est incorporelle) ; mais
puisque le corps qui est devenu le sien propre, a souffert tout
cela, on dit encore une fois que c'est lui (le Verbe) qui a souffert
pour nous : l'Impassible était dans le corps qui souffrait Et c'est
de la même façon que nous pensons au sujet de sa mort. Car le Verbe
de Dieu est par nature immortel, incorruptible, vie et vivifiant.
Mais encore une fois puisque son propre corps a, par la grâce de
Dieu, goûté la mort pour tout homme, comme dit Paul He 2,9,
on dit qu'il a souffert la mort pour nous : non qu'il ait fait
l'expérience de la mort en ce qui regarde sa propre nature (ce
serait folie de dire cela ou de le penser), mais parce que, comme je
l'ai dit à l'instant, sa chair a goûté la mort. Ainsi, sa chair
étant ressuscitée, on parle de la résurrection du Verbe, non point
que le Verbe soit tombé dans la corruption, non certes, mais encore
une fois parce que son corps est ressuscité. (...)
C'est ainsi qu'ils (les saints pères) se sont
enhardis à nommer la sainte Vierge Mère de Dieu, non que la nature
du Verbe ou sa divinité ait reçu le début de son existence à partir
de la sainte Vierge, mais parce qu'a été engendré d'elle son saint
corps animé d'une âme raisonnable, corps auquel le Verbe s'est uni
selon l'hypostase et pour cette raison est dit avoir été engendré
selon la chair.
251a
(Chap. 3) Je crois (nous croyons) donc,
disent-ils (les saints pères) en notre Seigneur Jésus Christ, son
Fils, son unique. Observe comment ils ont posé d'abord comme des
fondements « Seigneur », « Jésus », « Christ », « unique engendré »,
« Fils », ces noms communs à la divinité et à l'humanité, et
édifient ensuite la tradition de l'Incarnation, de la Résurrection
et de la Passion ; leur but était, une fois posés certains noms
significatifs communs à l'une et à l'autre nature, qu'on ne divise
pas ce qui se rapporte à la filiation et à la seigneurie, et que
dans l'unicité de la filiation ce qui se rapporte aux natures ne
soit pas non plus en péril de disparaître par confusion.
251b
(Chap. 4) Cela, Paul le leur avait en effet
enseigné qui, faisant mention de la divine Incarnation et sur le
point d'ajouter la Passion, commence par poser ce nom de Christ
commun aux natures, comme je l'ai dit un peu plus haut, puis ajoute
le discours relatif aux deux natures. Que dit-il en effet : « Ayez
entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus.
Lui, qui existant en forme de Dieu ne retint pas jalousement le rang
qui l'égalait à Dieu, Mais (pour ne pas tout citer en détail) il
devint obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix »
Ph 2,5 ; Ph 8).Ainsi, comme il allait faire mention de la mort,
pour qu'on n'en tirât pas la conclusion que le Dieu Verbe est
passible, il pose ce nom de Christ, comme une appellation signifiant
la substance impassible et passible dans une personne unique,
impassible par la divinité, passible par la nature corporelle.
251c
(Chap. 5) Bien que je puisse en dire long sur
ce sujet et tout d'abord qu'à propos de l'économie ces saints pères
n'ont même pas fait mention de génération mais d'Incarnation, je
sens que ma promesse de brièveté dans mon préambule refrène mon
discours et qu'elle m'amène au second point de Ta Charité. J'y
louais la division des natures selon la raison de l'humanité et de
la divinité et leur conjonction en une seule personne ; et aussi que
tu dis que le Dieu Verbe n'a pas eu besoin d'une seconde génération
à partir de la femme et que tu confesses que la divinité n'est pas
susceptible de pâtir. Tout cela est orthodoxe parce que vrai et
contraire aux fausses opinions de toutes les hérésies touchant les
natures du Seigneur. Si le reste contient une sagesse cachée,
incompréhensible aux oreilles des lecteurs, il appartient à ta
pénétration de le savoir : pour moi en tout cas, cela m'a paru
renverser ce qui précède. Celui en effet qui avait été précédemment
proclamé impassible et non susceptible d'une seconde génération,
était présenté de nouveau, je ne sais comment, comme passible et
nouvellement créé, comme si les qualités par nature inhérentes au
Dieu Verbe avaient été détruites par la conjonction avec le Temple,
ou que ce fût peu de chose aux yeux des hommes que le Temple sans
péché et inséparable de la nature divine eût subi génération et mort
pour les pécheurs, ou qu'il ne fallût pas croire à la voix du
Seigneur criant aux juifs : « Détruisez ce Temple et je le relèverai
en trois jours » Jn 2,19 et non pas : « Détruisez ma
divinité, et elle se relèvera en trois jours ».
251d
(Chap. 6)... En tout lieu de la divine
Écriture, quand elle fait mention de l'économie du Seigneur, la
génération et la Passion qui sont présentées ne sont pas celles de
la divinité, mais de l'humanité du Christ, en sorte que la sainte
Vierge doive être appelée d'une dénomination plus exacte mère du
Christ et non Mère de Dieu. Écoute aussi ces paroles de l'Évangile
qui proclament : « Livre de la génération de Jésus Christ, est-il
dit, fils de David, fils d'Abraham » Mt 1,1. Il est donc
clair que le Dieu Verbe n'était pas fils de David. Apprends, s'il te
plaît, un autre témoignage : « Jacob a engendré Joseph l'époux de
Marie, de laquelle a été engendré Jésus qu'on appelle le Christ »
Mt 1,16. Examine encore une autre voix qui nous atteste :
« Voici quelle fut la génération de Jésus Christ. Comme Marie sa
mère avait été fiancée à Joseph, elle se trouva enceinte par
l'opération de l'Esprit Saint » Mt 1,18. Qui supposerait que
la divinité du Fils unique fût une créature de l'Esprit ? Et que
dire de ce mot : « La mère de Jésus était là » Jn 2,1. Et
encore : « Avec Marie la mère de Jésus » Ac 1,14, et « Ce qui
a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint » Mt 1,20,
et : « Prends l'enfant et sa mère et fuis vers l'Égypte » Mt 2,13,
et : « Au sujet de son Fils qui est né de la race de David selon la
chair » Rm 1,3 ; et au sujet de la Passion de nouveau :
« Dieu, ayant envoyé son Fils dans une ressemblance à la chair de
péché et en raison du péché, a condamné le Péché dans la chair »
Rm 8,3 ; et encore : « Le Christ est mort pour nos péchés »
1Co 15,3 ; et : « Le Christ a souffert en sa chair » 1P 4,1,
et : « Ceci est “non ma divinité, mais mon corps” rompu pour vous »1Co 11,24.
251e
(Chap. 7) Et comme une infinité d'autres voix
témoignent au genre humain qu'il ne faut pas regarder la divinité du
Fils comme récente ou comme susceptible de souffrance corporelle,
mais bien la chair unie à la nature de la divinité (d'où vient que
le Christ se nomme lui-même Seigneur de David et son fils : « Quel
est votre sentiment, dit-il, sur le Christ ? De qui est-il fils ? »
Ils lui disent : “de David”. Jésus leur répondit : “Comment donc
David, sous l'action de l'Esprit le nomme-t-il Seigneur, disant :
‘le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite’ »
Mt 22,42-44, dans la pensée qu'il est totalement fils de David
selon la chair, mais Seigneur de David selon la divinité), il est
bon et conforme à la tradition évangélique de confesser que le corps
est le Temple de la divinité du Fils et un Temple uni selon une
suprême et divine conjonction, en sorte que la nature de la divinité
s'approprie ce qui appartient à ce Temple ; mais au nom de cette
appropriation, attribuer au Verbe jusqu'aux propriétés de la chair
conjointe, je veux dire la génération, la souffrance et la
mortalité, c'est le fait, frère, d'une pensée ou égarée par les
Grecs, ou malade de la folie d'Apollinaire, d'Arius et des autres
hérésies, ou plutôt c'est quelque chose de plus grave que celles-ci.
Car de toute nécessité ceux qui se laissent entraîner par le mot
“appropriation” devront faire communier le Dieu Verbe à
l'allaitement, à cause de l'appropriation, le faire participer à la
croissance progressive et à la crainte au moment de la Passion et le
mettre dans le besoin de l'assistance d'un ange. Et je passe sous
silence la circoncision, le sacrifice, la sueur, la faim, toutes
choses qui, attachées à la chair, sont adorables comme étant
survenues à cause de nous, mais qui, si elles sont attribuées à la
divinité, sont mensongères et cause pour nous, en tant que
calomniateurs, d'une juste condamnation.
c) Anathèmes de Cyrille d'Alexandrie, joints à
la lettre du concile d'Alexandrie, à Nestorius (3e lettre
de Cyrille à Nestorius).
252 1. Si quelqu'un ne confesse pas
que l'Emmanuel est Dieu en vérité et que pour cette raison la sainte
Vierge est Mère de Dieu (car elle a engendré charnellement le Verbe
de Dieu fait chair), qu'il soit anathème.
253 2. Si quelqu'un ne confesse pas
que le Verbe issu du Dieu Père a été uni selon l'hypostase à la
chair et qu'il est un unique Christ avec sa propre chair,
c'est-à-dire le même tout à la fois Dieu et homme, qu'il soit
anathème.
254 3. Si quelqu'un, au sujet de
l'unique Christ, divise les hypostases après l'union, les conjuguant
selon la seule conjonction de la divinité, de la souveraineté ou de
la puissance, et non plutôt par la rencontre selon une union
physique, qu'il soit anathème.
255 4. Si quelqu'un répartit entre
deux personnes ou hypostases les paroles contenues dans les
évangiles et les écrits des apôtres, qu'elles aient été prononcées
par les saints sur le Christ ou par lui sur lui-même, et lui
attribue les unes comme à un homme considéré séparément à part du
Verbe issu de Dieu, et les autres au seul Verbe issu du Dieu Père
parce qu'elles conviennent à Dieu, qu'il soit anathème.
256 5. Si quelqu'un ose dire que le
Christ est un homme théophore et non pas plutôt Dieu en vérité en
tant que Fils unique et par nature, selon que le Verbe s'est fait
chair et a pris part de la même façon que nous au sang et à la
chair, qu'il soit anathème.
257 6. Si quelqu'un dit que le Verbe
issu du Dieu père est le Dieu ou le Maître du Christ et ne confesse
pas plutôt que le même est tout à la fois Dieu et homme, étant donné
que le Verbe s'est fait chair selon les Ecritures, qu'il soit
anathème.
258 7. Si quelqu'un dit que Jésus en
tant qu'homme a été mû par le Dieu Verbe et que la gloire du Fils
unique lui a été attribuée comme à un autre subsistant à part lui,
qu'il soit anathème.
259 8. Si quelqu'un ose dire que
l'homme assumé doit être coadoré et coglorifié avec le Dieu Verbe et
qu'il doit être coappelé Dieu comme un autre avec un autre (car
chaque fois l'addition du mot « avec » forcera de concevoir la chose
ainsi) et n'honore pas plutôt l'Emmanuel d'une seule adoration et ne
lui adresse pas une seule glorification, selon que le Verbe s'est
fait chair, qu'il soit anathème.
260 9. Si quelqu'un dit que l'unique
Seigneur Jésus Christ a été glorifié par l'Esprit, comme s'il avait
utilisé un pouvoir étranger qui lui venait de l'Esprit et qu'il a
reçu de lui le pouvoir d'agir contre les esprits impurs et
d'accomplir ses signes divins parmi les hommes, et ne dit pas plutôt
que cet Esprit, par lequel il a opéré les signes divins, était le
sien propre, qu'il soit anathème.
261 10. La sainte Ecriture dit que le
Christ a été le grand prêtre et l'apôtre de notre confession de foi
(voir He 3,1) et qu'il s'est offert lui-même pour nous en
parfum d'agréable odeur au Dieu et Père. Si donc quelqu'un dit que
notre grand prêtre et apôtre n'a pas été le Verbe lui-même issu de
Dieu quand il est devenu chair et homme semblable à nous, mais qu'il
a été un autre proprement distinct de lui, un homme né de la femme ;
ou si quelqu'un dit qu'il a présenté l'offrande pour lui-même et non
pas plutôt pour nous seuls (car celui qui n'a pas connu la péché ne
saurait avoir besoin de l'offrande), qu'il soit anathème.
262 11. Si quelqu'un ne confesse pas
que la chair du Seigneur est vivifiante et qu'elle est la propre
chair du Verbe issu du Dieu Père mais prétend qu'elle est celle de
quelqu'un d'autre, distinct de lui et conjoint à lui selon la
dignité ou qu'il a reçu seulement l'habitation divine ; et s'il ne
confesse pas plutôt qu'elle est vivifiante, comme nous l'avons dit,
parce qu'elle a été la propre chair du Verbe qui a le pouvoir de
vivifier toutes choses, qu'il soit anathème.
263 12. Si quelqu'un ne confesse pas
que le Verbe de Dieu a souffert dans la chair, qu'il a été crucifié
dans la chair, qu'il a goûté la mort dans la chair et qu'il a été le
premier-né d'entre les morts, en tant qu'il est la vie et vivifiant
comme Dieu, qu'il soit anathème.
264 Comme le très honoré Nestorius,
entre autres choses, n'a ni voulu obéir à notre citation ni même
reçu les très saints et religieux évêques que nous lui avions
envoyés, nous avons été forcés d'en venir à l'examen des impiétés
qu'il a proférées, et comme, par ses lettres, par les écrits de lui
qui ont été lus et par les propos qu'il a récemment tenus en cette
métropole, et sur lesquels nous avons des témoignages, nous l'avons
pris en flagrant délit de penser et de prêcher de manière impie,
contraints tant par les canons que par la lettre de notre très saint
père et collègue dans le ministère Célestin, évêque de l'Église de
Rome, nous en sommes venus, non sans beaucoup de larmes, à cette
triste sentence contre lui :
Notre Seigneur Jésus Christ, blasphémé par lui,
a décidé par le très saint présent concile que le dit Nestorius est
désormais déchu de la dignité épiscopale et séparé de tout le corps
sacerdotal.
265 (...) Le saint concile a décidé
qu'il n'est permis à personne de professer, ou d'écrire, ou de
composer une confession de foi autre que celle définie par les
saints pères réunis à Nicée avec le Saint-Esprit. (...)
266 Si certains, évêques, clercs ou
laïcs, étaient convaincus d'accepter, de partager ou d'enseigner les
doctrines contenues dans l'exposé du prêtre Charisius au sujet de
l'Incarnation du Fils unique de Dieu, ou bien encore celles,
néfastes et déformées de Nestorius... qu'ils tombent sous le coup de
la sentence de ce saint concile oecuménique.
·
7e
session des cyrilliens, 31 août (?) 431 ; Lettre synodale.
267 1. Le métropolitain d'une
éparchie qui se sépare de ce saint concile oecuménique... ou qui a
partagé les opinions de Célestius ou les partagera à l'avenir,
celui-là ne peut plus agir en aucune façon contre les évêques de
l'éparchie, alors qu'il se trouve désormais exclu par le concile de
toute communion ecclésiastique et suspendu de toute activité.
268 4. Si certains clercs s'étaient
séparés et osaient partager en privé ou publiquement les opinions de
Nestorius ou de Célestius, il a été jugé qu'ils sont eux aussi
déposés par le saint concile.
XISTE (SIXTE) III : 31 juillet 432 – 19 août 440
271 Ce que nous pensons et disons au
sujet de la Vierge Mère de Dieu et du mode de l'Incarnation du Fils
unique de Dieu, nous le dirons brièvement et autant qu'il est
nécessaire, non pour ajouter quelque chose, mais pour vous en
assurer pleinement, comme nous le tenons depuis le commencement,
pour l'avoir reçu des divines Écritures et de la tradition des
saints pères, sans rien ajouter à la foi qui a été exposée par les
saints pères de Nicée. Comme nous l'avons déjà dit, elle suffit à la
connaissance de la vraie foi et à la réfutation de toute erreur
hérétique. Nous parlerons donc sans avoir l'audace d'aborder ce qui
est inaccessible, mais, en confessant notre propre faiblesse, nous
fermerons la bouche à ceux qui veulent nous attaquer parce que nous
scrutons ce qui est au-dessus de l'homme.
272 Nous confessons donc notre
Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, Dieu parfait et homme
parfait, fait d'une âme raisonnable et d'un corps, engendré du Père
avant les siècles en sa divinité, et à la fin des jours le même pour
nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie en son humanité ; le
même consubstantiel au Père en sa divinité et consubstantiel à nous
en son humanité. Car des deux natures l'union s'est faite ; c'est
pourquoi nous confessons un seul Christ, un seul Fils, un seul
Seigneur. Et à cause de cette notion d'une union sans mélange, nous
confessons que la sainte vierge est Mère de Dieu, parce que le Verbe
de Dieu s'est fait chair et s'est fait homme, et que dès la
conception il s'est uni le Temple qu'il a pris d'elle.
273 Quant aux expressions des
évangiles et des apôtres au sujet du Seigneur, nous savons que les
théologiens appliquent les unes indifféremment, parce qu'elles
visent l'unique personne, mais qu'ils distinguent les autres parce
qu'elles visent les deux natures, et qu'ils attribuent à la divinité
du Christ celles qui conviennent à Dieu, et à son humanité celles
qui marquent son abaissement.
LEON Ier LE GRAND : 29 septembre 440 – 10
novembre 461
280 (Chap.3). Nous avons estimé
également ne pas devoir passer sous silence le fait que certains,
qui sont captivés par l'envie d'un gain honteux, se livrent à des
trafics usuraires, et veulent s'enrichir par le prêt à intérêt ; et
que cela vaille, je ne veux pas dire pour ceux qui sont établis dans
un office clérical, mais aussi pour des laïcs qui veulent être
appelés chrétiens, nous le déplorons beaucoup. Nous décrétons que
l'on sévisse plus vivement contre ceux qui en auront été trouvés
coupables, afin que soit éloignée toute occasion de pécher.
281 (Chap.4) Nous avons estimé
également devoir rappeler qu'aucun clerc ne doit tenter de pratiquer
le prêt à intérêt, pas plus au nom d'autrui qu'en son propre nom :
il ne convient pas en effet de commettre un forfait pour soi-même en
vue de l'avantage d'autrui. Nous devons considérer et pratiquer
seulement ce prêt à intérêt qui consiste en ce que ce que nous
accordons ici avec miséricorde, nous pouvons le recevoir à nouveau
du Seigneur qui accordera avec abondance ce qui demeurera toujours.
282 (Chap.11) (...) La conjonction de
tout le corps opère une seule et même santé, une seule et même
beauté ; et cette conjonction demande l'unanimité de tout le corps
mais exige en particulier la concorde des prêtres. Bien qu'ils aient
une dignité commune, le rang n'est pas le même car même parmi les
bienheureux apôtres il y eut dans un honneur semblable une certaine
différence de pouvoir ; et si l'élection de tous fut la même, il fut
donné à l'un seulement d'être au-dessus des autres. De ce modèle est
issue également une distinction entre les évêques, et par une sage
disposition il a été fait en sorte que tous ne revendiquent pas tout
pour eux-mêmes mais que dans chaque province il y en ait dont l'avis
doit être tenu pour premier parmi les frères et que de même
certains, qui sont institués dans des villes plus importantes,
portent une sollicitude plus grande ; par eux la charge universelle
de l'Église doit confluer ver l'unique Siège de Pierre et rien,
nulle part, ne doit être séparé de son chef.
283 (L'impiété des priscillianistes)
a surgi même dans les ténèbres du paganisme, en sorte que par les
pratiques secrètes et impies des arts magiques et les tromperies
vaines des astrologues, ils fondèrent la foi de la religion et la
règle des moeurs sur le pouvoir des démons et l'effet des astres.
S'il était permis de croire et d'enseigner cela, la récompense ne
serait plus due aux vertus, ni le châtiment aux vices, et toutes les
ordonnances, non seulement des lois humaines mais également des
commandements divins, se trouveraient dissoutes ; car il ne pourrait
plus y avoir de jugement, ni sur les actes bons, ni sur les actes
mauvais, si une nécessité du destin poussait le mouvement de
l'esprit vers chacun des deux côtés, et si tout ce qui est fait par
les hommes ne relevait pas des hommes mais des astres. ...
C'est à juste titre que nos pères... ont agi
avec fermeté pour que cet égarement impie soit chassé de toute
l'Église : les princes du monde également ont abominé à ce point
cette folie sacrilège, qu'ils ont abattu son auteur (Priscillien)
par l'épée des lois publiques, en même temps que la plupart de ses
disciples. Ils voyaient en effet que le lien des mariages serait
entièrement défait, et que de même la Loi divine et humaine serait
subvertie, s'il était permis à de tels hommes de vivre avec une
telle profession en quelque lieu que ce soit. Pendant longtemps
cette sévérité a profité à la douceur ecclésiastique, laquelle, même
si elle se contente du jugement des prêtres et évite les peines
sanglantes, reçoit néanmoins l'aide des décrets sévères des princes
chrétiens, puisqu'on voit parfois recourir au remède spirituel ceux
qui craignent le supplice corporel.
284 (Chap. 1) C'est pourquoi, dans un
premier chapitre, on montre quelle opinion impie ont de la Trinité
divine ceux qui affirment que les personnes du Père, du Fils et de
l'Esprit Saint sont une seule et identique personne, comme si le
même Dieu était nommé tantôt Père, tantôt Fils, tantôt Esprit
Saint ; il n'y aurait pas un qui engendre, un autre qui est
engendré, un autre qui procède des deux ; mais cette unité
singulière, recevable en tant que dénomination, ne saurait l'être de
trois personnes. Ce type de blasphème leur vient de l'opinion de
Sabellius, dont les disciples sont justement appelés patripassiens ;
car si le Fils est celui qui est le Père, la croix du Fils est la
passion du Père, et tout ce que le Fils a enduré dans la forme
d'esclave en obéissant au Père, le Père en personne l'a totalement
éprouvé en soi.
Cette affirmation est indubitablement contraire
à la foi catholique qui professe si fortement l'identité de la
substance de la Trinité divine, qu'elle croit que le Père et le Fils
et l'Esprit Saint sont indivis sans confusion, sont éternels sans
être soumis au temps, sont égaux sans différence, car ce n'est pas
une même personne mais une même essence qui réalise l'unité dans la
Trinité...
285 (Chap. 5) Dans un cinquième
chapitre est rapportée leur conception selon laquelle l'âme de
l'homme serait d'une substance divine et la nature de notre
condition ne se distinguerait pas de la nature de son créateur.
Cette impiété... la foi catholique la condamne : elle sait en effet
qu'il n'est pas de créature aussi sublime et aussi éminente, pour
laquelle Dieu serait sa nature propre. Car ce qui est de lui-même
est cela même qu'il est lui-même, et ce n'est pas autre chose que le
Fils et l'Esprit Saint. En dehors de cette unique divinité,
consubstantielle, éternelle et immuable de la très haute Trinité, il
n'est absolument rien parmi les créatures qui n'ait été créé de rien
à son commencement.
Aucun des hommes n'est la vérité, aucun la
sagesse, aucun la justice ; mais beaucoup ont part à la vérité, à la
sagesse et à la justice. Mais seul Dieu n'a pas besoin de participer
à quoi que ce soit : tout ce qui à son sujet est cru de façon juste,
de quelque manière que ce soit, n'est pas qualité mais essence. A
qui est sans changement, rien ne s'ajoute et rien n'est enlevé, car
à ce qui est éternel l'être appartient toujours en propre. C'est
pourquoi il renouvelle tout en demeurant en lui-même, et il n'a rien
reçu qu'il n'ait lui-même donné.
286 (Chap. 6) La sixième remarque
concerne leur affirmation selon laquelle le diable n'a jamais été
bon et que sa nature n'est pas l'ouvrage de Dieu, mais qu'il a
émergé du chaos et des ténèbres, parce qu'il n'a aucun créateur mais
qu'il est lui-même le principe et la substance de tout mal ; mais la
vraie foi... professe que la substance de toutes les créatures
spirituelles ou corporelles est bonne, et que le mal n'a pas de
nature parce que Dieu, qui est le créateur de l'univers, n'a rien
fait que de bon. De ce fait le diable serait bon s'il était resté
dans l'état où il a été fait. Mais ayant mal usé de son excellence
naturelle et « n'étant pas demeuré dans la vérité » Jn 8,44,
il n'est pas passé à une substance contraire mais il s'est séparé du
souverain bien auquel il devait rester uni, de même que ceux qui
affirment cela se précipitent eux-mêmes de ce qui est vrai dans ce
qui est faux, et s'en prennent à la nature pour ce qu'ils ont commis
intentionnellement, et sont condamnés du fait de leur perversité
volontaire. Le mal sera d'ailleurs en eux-mêmes et le mal lui-même
ne sera pas la substance mais le châtiment pour la substance.
290 (Chap. 2) Ignorant donc ce qu'il
devait penser sur l'Incarnation du Verbe de Dieu..., il aurait dû au
moins écouter d'une oreille attentive la confession commune et
unanime, par laquelle l'universalité des fidèles fait profession de
croire « en Dieu le Père tout-puissant et en Jésus Christ son Fils
unique, notre Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint et de la Vierge
Marie » (confession de foi apostolique) cf. Canon 12...
Quand on croit en effet en un Dieu
tout-puissant et Père, on démontre que son Fils lui est coéternel,
ne différant en rien de son Père, puisqu'il est né Dieu de Dieu,
tout-puissant du Tout-Puissant, coéternel de l'Eternel, pas
postérieur dans le temps, pas inférieur quant au pouvoir, pas
dissemblable en gloire, pas séparé quant à l'essence.
291 Mais ce même Fils unique et
éternel d'un Père éternel est né de l'Esprit Saint et de la Vierge
Marie, naissance dans le temps qui n'a rien diminué, rien ajouté à
la naissance divine et éternelle, mais s'est tout entière employée à
refaire l'homme, qui avait été trompé, afin que celui-ci vainquît la
mort et détruisît par sa propre force le diable qui détenait
l'empire de la mort. Nous ne pouvions, en effet, l'emporter sur
l'auteur du péché et de la mort, si celui que ni le péché n'a pu
contaminer ni la mort retenir, n'avait assumé notre nature et ne
l'avait faite sienne.
Oui, il a donc été conçu du Saint-Esprit dans
le sein la Vierge Mère, qui l'a mis au monde, sa virginité étant
sauve tout comme elle avait été sauve quand elle l'a conçu.
292 Ou bien peut-être a-t-il
(Eutychès) pensé que notre Seigneur Jésus Christ n'a pas été de
notre nature pour la raison que l'ange envoyé à la bienheureuse
Marie a dit : « L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du
Très-Haut te couvrira de son ombre, et c'est pourquoi l'être saint
qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » Lc 1,35 , en
sorte que, la conception de la Vierge ayant été une opération
divine, la chair de l'être conçu n'a pas été de la nature de celle
qui concevait ? Mais il ne faut pas comprendre cette génération
singulièrement merveilleuse et merveilleusement singulière en ce
sens que ce qui est le propre de l'espèce ait été écarté par la
nouveauté de sa création. La fécondité de la Vierge est un don de
l'Esprit Saint, mais un corps réel a été tiré de son corps. Et la
Sagesse se bâtissant une maison Pr 9,1 le Verbe s'est fait
chair et a habité parmi nous Jn 1,14 ce qui veut dire dans
cette chair qu'il a prise de l'homme et qu'il a animée du souffle de
la vie rationnelle.
293 (Chap. 3) Ainsi donc, étant
maintenues sauves les propriétés de l'une et l'autre nature réunies
dans une seule personne, l'humilité a été assumée par la majesté, la
faiblesse par la force, la mortalité par l'éternité, et, pour
acquitter la dette de notre condition, la nature inviolable s'est
unie à la nature passible, en telle sorte que, comme il convenait à
notre guérison, un seul et même médiateur de Dieu et des hommes,
l'homme Christ Jésus. 1Tm 2,5, fût tout à la fois capable de
mourir d'une part, et de l'autre incapable de mourir. C'est donc
dans la nature intacte d'un homme vrai que le vrai Dieu est né,
complet dans ce qui lui est propre, complet dans ce qui nous est
propre. Par « ce qui nous est propre », nous voulons dire la
condition dans laquelle le créateur nous a établis au commencement
et qu'il a assumée pour la restaurer ; car de ce que le trompeur a
apporté et que l'homme trompé a accepté, il n'y a nulle trace dans
le Sauveur...
Il a assumé la forme du serviteur sans la
souillure du péché, enrichissant l'humain sans diminuer le divin,
parce que cet anéantissement par lequel l'invisible s'est rendu
visible, été inclination de sa miséricorde, non déficience de sa
puissance.
294 (Chap. 4) Voici donc que le Fils
de Dieu entre dans ces lieux les plus bas du monde, descendant du
trône céleste sans pourtant quitter la gloire de son Père, engendré
dans un nouvel ordre, par une nouvelle naissance. Un nouvel ordre
parce que invisible en ce qui est sien, il a été rendu visible en ce
qui est nôtre ; infini il a voulu être contenu ; subsistant avant
tous les temps, il a commencé d'exister dans le temps ; Seigneur de
l'univers, il a voilé d'ombre l'immensité de sa majesté, il a pris
la forme de serviteur ; Dieu impassible, il n'a pas dédaigné d'être
homme passible, immortel, de se soumettre aux lois de la mort.
Engendré par une naissance nouvelle, parce que la virginité
inviolée, sans connaître la concupiscence, a fourni la matière de la
chair. De la mère du Seigneur fut assumée la nature, non la faute,
et dans le Seigneur Jésus Christ engendré du sein d'une vierge, la
merveilleuse naissance ne fait pas que sa nature soit différente de
la nôtre. Car celui qui est vrai Dieu est, le même, vrai homme. Dans
cette unité il n'y a pas de mensonge, dès lors que l'humilité de
l'homme et l'élévation de la divinité s'enveloppent l'une l'autre.
Car de même que Dieu n'est pas changé par la miséricorde, de même
l'homme n'est pas absorbé par la dignité. Car chacune des deux
formes accomplit sa tâche propre dans la communion avec l'autre, le
Verbe opérant ce qui est du Verbe, la chair effectuant ce qui est de
la chair. Un des deux resplendit de miracles, l'autre succombe aux
outrages. Et de même que le Verbe ne cesse pas d'être en égalité de
gloire avec le Père, de même la chair ne se dérobe pas à la nature
de notre race.
295 Ce n'est pas acte de même nature
que dire « Moi et le Père nous sommes un ». Jn 10,30 et
dire : « Le Père est plus grand que moi » Jn 14,28. Car bien
que dans le Seigneur Jésus Christ la personne de Dieu et de l'homme
soit une, autre chose est ce par quoi les outrages sont communs à
l'un et à l'autre, autre chose ce par quoi la gloire leur est
commune. De ce qui est nôtre, en effet, il tient l'humanité,
inférieure au Père, du Père il tient la divinité, égale au Père.
296 (Chap. 1)...En vous et en nous il
est une seule instruction et une même doctrine du Saint-Esprit, et
si quelqu'un ne la reçoit pas, il n'est pas membre du corps du
Christ, et il ne peut pas se glorifier de cette tête dans laquelle,
comme il l'affirme, sa nature n'existe pas. ...
297 (Chap. 2) (...) Ce qui appartient
à la divinité, la chair ne l'a pas diminué, et ce qui appartient à
l'humanité, la divinité ne l'a pas aboli. Le même en effet était à
la fois éternel de par le Père, et temporel de par la mère,
inviolable dans sa puissance, passible dans notre humanité ; dans la
divinité de la Trinité il était d'une unique et même nature avec le
Père et l'Esprit Saint, mais en assumant l'homme il n'était pas
d'une unique substance, mais d'une unique et même personne, en sorte
que le même était riche dans la pauvreté, tout-puissant dans
l'abaissement, impassible dans le supplice, immortel dans la mort.
Car le Verbe ne s'est pas changé en chair ou en âme par quelque
partie de lui-même, puisque la nature simple et immuable de la
divinité est toujours entière dans son essence, qu'elle ne connaît
ni diminution ni augmentation d'elle-même, et qu'elle rend la nature
assumée à ce point bienheureuse qu'elle demeure glorifiée dans celle
qui glorifie. Pourquoi paraîtrait-il inconvenant ou impossible que
le Verbe et la chair ainsi que l'âme soient l'unique Jésus Christ ou
l'unique Fils de Dieu et de l'homme, alors que la chair et l'âme,
dont les natures sont dissemblables font une unique personne même
dans l'Incarnation du Verbe ?...
Donc ni le Verbe n'a été changé en chair, ni la
chair en Verbe, mais les deux demeurent dans un seul et un seul est
dans les deux, non divisé par la diversité, non confondu un mélange,
ni l'un du Père, l'autre de la mère, mais le même autrement du Père
avant tout commencement, autrement de la mère à la fin des siècles,
pour qu'il soit « médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Jésus
Christ ». 1Tm 2,5 afin qu'habite en lui « corporellement la
plénitude de la divinité » Col 2,9 , car c'est une promotion
de celui qui a été assumé, et non de celui qui assume, si « Dieu l'a
exalté... » Ph 2,9-11.
298 (Chap. 3) (...) Je pense que
lorsqu'il (Eutychès) dit cela (à savoir qu'avant l'Incarnation il y
avait dans le Christ deux natures, mais après l'Incarnation une
seule), il est persuadé que l'âme que le Sauveur a prise séjournait
dans les cieux avant de naître de la Vierge Marie, et que le verbe
se l'est unie dans le sein. Mais cela les esprits et les oreilles
catholiques ne le supportent pas, parce que le Seigneur, lorsqu'il
vint du ciel, n'a rien montré qui fit partie de notre condition. Il
n'a pas pris une âme qui aurait existé auparavant, ni une chair qui
n'aurait pas été du corps de la mère : car notre nature n'a pas été
assumée de telle sorte qu'elle aurait été d'abord créée pour être
ensuite assumée, mais de telle sorte qu'elle fût créée par
l'assomption elle-même. Dès lors ce qui à juste titre a été condamné
chez Origène (voir [?] ), qui affirmait que les âmes, avant
d'être insérées dans le corps, n'auraient pas seulement la vie, mais
qu'il en émanerait également des activités diverses, doit
nécessairement être puni aussi chez celui-là, à moins qu'il ne
préfère renoncer a son opinion.
299 Bien qu'en effet la nativité de
notre Seigneur selon la chair ait certains traits qui lui sont
propres et par lesquels elle dépasse les commencements de la
condition humaine, soit parce que seul il a été conçu et est né sans
concupiscence (de l'Esprit Saint) de la vierge inviolée, soit parce
qu'il est sorti du sein de la mère de telle sorte que tout à la fois
la fécondité a fait naître et la virginité est demeurée, sa chair
pour autant n'était pas d'une autre nature que la nôtre, et ce n'est
pas dans un commencement autre que celui des autres hommes que l'âme
lui a été insufflée : une âme qui n'est pas plus excellente du fait
d'une différence de genre, mais du fait de l'éminence de la vertu.
Il n'avait rien en effet qui fût opposé à sa
chair, et aucune discorde des désirs n'a engendré de conflit des
volontés ; les sens du corps se fortifiaient sans la loi du péché
et, sous la direction de la divinité et de l'Esprit, la vérité de ce
qu'il ressentait n'a pas été tentée par la séduction et n'a pas
reculé devant les injures. L'homme vrai a été uni au vrai Dieu, et
il n'a pas été amené du ciel selon une âme qui aurait existé
auparavant, ni créé de rien selon la chair, car il a la même
personne dans la divinité du Verbe, et possède dans le corps et dans
l'âme la nature commune avec nous. Il ne serait pas en effet le
médiateur de Dieu et des hommes si le même, à la fois Dieu et homme,
n'était pas un seul et en vérité dans l'un et dans l'autre.
300 (Préambule à la définition. A la
suite des professions de foi de Nicée et de Constantinople :) Or
donc, pour une connaissance complète et une confirmation de la
religion, il eût suffi de ce sage et salutaire Symbole de la grâce
divine car il donne un enseignement parfait sur le Père, le Fils et
le Saint-Esprit et il expose l'Incarnation du Sauveur à ceux qui la
reçoivent avec foi. Mais voici que ceux qui tentent de rejeter la
prédication de la vérité par leurs propres hérésies ont donné
naissance à des nouveautés : les uns ont osé rejeter le mot de Mère
de Dieu au sujet de la Vierge ; les autres introduisent une
confusion et un mélange et imaginent de façon insensée que la chair
et la divinité ne font qu'une seule nature et disent de façon
monstrueuse que, du fait de la confusion, la nature divine du Fils
est passible pour cette raison, voulant leur fermer la porte à toute
machination contre la vérité, le saint et grand concile oecuménique,
aujourd'hui présent, enseignant la doctrine inébranlable prêchée
depuis le commencement, a défini qu'avant tout la confession de foi
des 318 pères devait demeurer en dehors de toute atteinte.
Et il ratifie l'enseignement transmis sur la
substance de l'Esprit par les 150 pères réunis plus tard dans la
ville impériale à cause de ceux qui combattaient contre l'Esprit
Saint ; enseignement que ces pères ont fait connaître à tous, non
qu'ils aient voulu ajouter un point manquant aux propositions
antécédentes, mais parce qu'ils voulaient clarifier par le
témoignage des Écritures leur pensée sur le Saint-Esprit contre ceux
qui tentaient de rejeter sa Seigneurie. D'autre part, à cause de
ceux qui tentent de défigurer le mystère de l'économie et qui, dans
leur sottise impudente, disent que celui qu'a enfanté la Sainte
Vierge Marie n'est qu'un simple homme, le concile a reçu les lettres
synodiques du bienheureux Cyrille, qui fut pasteur de l'Église
d'Alexandrie, à Nestorius et aux évêques d'Orient, comme très
propres à réfuter les insanités de Nestorius... A ces lettres il a
joint à bon droit, pour la confirmation des doctrines orthodoxes, la
lettre que le bienheureux et très saint archevêque Léon, qui préside
à la très grande et ancienne Rome, a écrite au défunt archevêque
Flavien pour la suppression de la perversité d'Eutychès Canon
290-295, en tant que cette lettre s'accorde à la confession du
grand Pierre et qu'elle est là comme une sorte de colonne commune
contre ceux qui tiennent des opinions fausses.
Il s'oppose en effet à ceux qui tentent de
diviser le mystère de l'économie en une dualité de fils ; il
repousse loin de l'assemblée des prêtres ceux qui osent dire
passible la divinité du Fils unique ; il s'élève contre ceux qui
imaginent, à propos des deux natures du Christ, un mélange ou une
confusion ; il chasse ceux qui disent dans leur délire que la forme
d'esclave que le Christ a reçue pour lui de nous est céleste ou de
quelque autre substance ; et il anathématise ceux qui inventent la
fable de deux natures du Seigneur avant l'union, mais n'en imaginent
plus qu'une seule après l'union.
301 (Définition) Suivant donc les
saints pères, nous enseignons tous unanimement que nous confessons
un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus Christ, le même parfait
en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu
et vraiment homme (composé) d'une âme raisonnable et d'un corps,
consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à
nous selon l'humanité, en tout semblable à nous sauf le péché (voir
He 4,15), avant les siècles engendré du Père selon la
divinité, et aux derniers jours le même (engendré) pour nous et
notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l'humanité,
302 un seul et même Christ, Fils,
Seigneur, l'unique engendré, reconnu en deux natures, sans
confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la
différence des natures n'étant nullement supprimée à cause de
l'union, la propriété de l'une et l'autre nature étant bien plutôt
gardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase, un
Christ ne se fractionnant ni se divisant en deux personnes, mais un
seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus
Christ, selon que depuis longtemps les prophètes l'ont enseigné de
lui, que Jésus Christ lui-même nous l'a enseigné, et que le Symbole
des pères nous l'a transmis.
303 (Sanction) Tout ceci ayant donc
été formulé par nous avec la plus scrupuleuse exactitude et
diligence, le saint concile oecuménique a défini qu'il n'était
permis à personne de professer, de rédiger ou de composer une autre
confession de foi, ni de penser ou d'enseigner autrement...
304 Canon 2. Si un évêque faisait une
ordination pour de l'argent et mettait en vente la grâce invendable,
et Ordonnait pour de l'argent un évêque, un chorévêque, un prêtre,
un diacre ou quelqu'un de ceux qui sont comptés parmi le clergé, ou
nommait pour de l'argent un économe, un avoué, un administrateur ou
en général quelqu'un de la liste officielle, poussé par sa propre et
honteuse cupidité, que celui qui entreprend une telle chose
s'expose, si le fait est prouvé, à perdre son propre rang ; et que
celui qui a été ordonné ne tire aucun profit de l'ordination ou de
la promotion obtenue par commerce, mais qu'il perde la dignité ou la
charge acquise pour de l'argent. Si de plus il apparaissait que
quelqu'un s'est entremis pour ces profits honteux et prohibés, que
celui-là aussi, s'il est clerc, soit déchu de son propre rang et,
s'il est laïc ou moine, soit frappé d'anathème.
305 Canon 14. Comme dans quelques
éparchies on a permis aux lecteurs et aux chantres de se marier, le
saint concile a décidé qu'il n'était permis à aucun d'eux d'épouser
une femme hérétique. Ceux qui ont eu des enfants de pareils
mariages, s'ils ont déjà fait baptiser leurs progénitures chez les
hérétiques, doivent les conduire à la communion de l'Église
catholique ; si ces enfants ne sont pas encore baptisés, ils ne
peuvent pas les faire baptiser chez les hérétiques, ni les donner en
mariage à un hérétique, à un juif ou à un païen, à moins
naturellement que la personne qui doit se marier à la partie
orthodoxe ne promette de passer à la foi orthodoxe. Si quelqu'un
transgresse cette décision du saint concile, qu'il soit soumis aux
peines canoniques.
306 (...) Qu'est-ce qui en effet
donne plus de joie que la foi ?... Cette foi, le Sauveur lui-même
nous l'a transmise depuis les temps anciens en disant : « Allez.
enseignez toutes les nations... » Mt 28,19 ; toi-même tu l'as
gardée comme une chaîne d'or qui, au commandement de celui qui
ordonne, vient jusqu'à nous, en étant pour tous l'interprète de la
voix du bienheureux Pierre, et en procurant à tous la bénédiction de
sa foi. Nous servant donc nous aussi de toi avec fruit comme d'un
guide vers ce bien, nous avons montré aux enfants de l'Église
l'héritage de la vérité... en faisant connaître d'un même cœur et
d'un même esprit la confession de la foi. Et nous étions dans un
même chœur, faisant nos délices, comme dans un banquet royal, des
nourritures spirituelles que le Christ, par tes écrits, a préparés
aux convives du festin, et nous pensions voir l'époux céleste en
convive parmi nous. Car si là où deux ou trois sont rassemblés en
son nom il est présent, comme il le dit, au milieu d'eux Mt 18,20,
quelle familiarité n'a-t-il pas manifestée alors aux cinq cent vingt
prêtres qui ont placé la connaissance de la confession de la foi
plus haut que leur patrie et que les fatigues ? Eux que, comme la
tête le fait pour les membres, tu as conduits en ceux qui tenaient
ta place en faisant connaître ton conseil excellent...
308 (...)
(Chap. 2). La miséricorde de Dieu aux formes
multiples a si bien remédié aux fautes humaines, que ce n'est pas
par la grâce du baptême seulement mais également par le remède de la
pénitence qu'est rendu l'espoir de la vie éternelle de sorte que
ceux qui ont souillé les dons de la régénération, s'ils se
reconnaissent coupables, puissent parvenir à la rémission de leurs
forfaits ; les dispositions de la bonté divine sont ainsi faites que
le pardon de Dieu ne peut être obtenu que par la supplication des
prêtres. « Le médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Jésus
Christ » Mt 1 ; Mt 2,5 a transmis à ceux qui sont préposés à
l'Église le pouvoir d'accorder la pénitence aux pécheurs repentants,
et, lorsqu'ils se sont purifiés par une satisfaction salutaire, de
les admettre à la communion des sacrements en leur ouvrant la porte
de la réconciliation...
309 (Chap.4) Pour eux qui en cas de
nécessité et dans l'imminence d'un péril implorent le secours de la
pénitence et d'une réconciliation rapide, il ne faut leur refuser ni
l'expiation ni la réconciliation, car il ne nous appartient pas de
poser des limites ou des délais à la miséricorde de Dieu auprès de
qui nulle conversion véritable n'attend longtemps le pardon.
310 (Chap.5) Il faut donc que tout
chrétien se remette au jugement de sa conscience pour qu'il ne
diffère pas de jour en jour la conversion à Dieu, pour qu'il ne fixe
pas à la fin de sa vie le temps où il satisfera... et, alors qu'il
pouvait mériter le pardon par une satisfaction plus complète, qu'il
ne choisisse pas les angoisses d'un moment où la confession du
pénitent et la réconciliation procurée par le prêtre n'auront qu'une
petite place. Cependant, comme je l'ai dit, il faut porter secours à
la détresse de ceux-là, en ne leur refusant ni la pénitence ni la
grâce de la communion lorsque, même privés du secours de la voix,
ils les réclament par des signes sans équivoque. Mais si la violence
de la maladie pèse si fortement sur eux qu'ils ne soient plus
capables de manifester en présence du prêtre ce qu'ils demandaient
peu auparavant, les témoignages des fidèles présents devront leur
servir à recevoir à la fois le bienfait de la pénitence et celui de
la réconciliation...
311 (Chap.1) Puisque vous dites que
du fait de la défaite dans la guerre et des très graves attaques de
l'ennemi certains mariages ont été désunis, en sorte qu'après que
les hommes eurent été emmenés en captivité, leurs femmes restèrent
abandonnées, et que, pensant que leurs époux avaient été tués ou
croyant qu'ils ne seraient jamais libérés de leur servitude,
contraintes par la solitude elles se sont engagées dans un mariage
avec d'autres, et parce que maintenant qu'avec l'aide le Dieu l'état
des choses s'est changé en mieux certains de ceux que l'on croyait
avoir péri sont revenus, ta charité hésite manifestement à juste
titre quant à ce que nous devons ordonner au sujet des femmes qui se
sont unies à d'autres hommes.
Mais parce que nous savons qu'il est écrit que
la femme est unie à l'homme par Dieu (voir Pr 19,14), et que
nous connaissons également le commandement selon lequel ce que Dieu
a uni, l'homme ne doit pas le séparer Mt 19,6, il est
nécessaire que nous croyions que les unions des noces légitimes
doivent être rétablies, et qu'après qu'ont été écartés les maux
infligés par l'ennemi, soit rendu à chacun ce qu'il avait de façon
légitime ; et il faut s'appliquer de tout son zèle à ce que chacun
reçoive ce qui est sien.
312 (Chap. 2) Il ne faut pas
cependant considérer comme coupable et tenir pour un intrus dans le
droit d'autrui, celui qui a joué le rôle de ce mari dont on pensait
qu'il n'existait plus. De cette manière bien des choses qui
appartenaient à ceux qui ont été emmenés en captivité ont pu passer
dans le droit d'autrui, et pourtant il correspond pleinement à la
justice que cela leur soit rendu à leur retour. Et si cela est
observé s'agissant de propriétés ou encore de maisons ou de
possessions, ne faut-il pas d'autant plus, en rétablissant les
mariages, faire en sorte que ce qui a été perturbé par la fatalité
de la guerre soit rétabli par le remède de la paix ?
313 (Chap.3) Et c'est pourquoi, si
des hommes qui sont revenus après une longue captivité persévèrent à
ce point dans l'amour de leurs femmes qu'ils désirent qu'elles
reviennent dans l'union avec eux, il faut renoncer à ce que la
nécessité a provoqué, et le considérer comme exempt de faute, et
rétablir ce qu'exige la fidélité.
314 (Chap.4) Mais si certaines femmes
sont tellement prises d'amour pour leurs maris ultérieurs qu'elles
préfèrent être attachées à eux plutôt que de revenir à la communauté
légitime, elles doivent être blâmées à bon droit, en étant privées
de la communion ecclésiastique : car au lieu d'une chose excusable
elles ont choisi la souillure d'une faute, en montrant que leur a
plu dans leur incontinence ce qu'un juste pardon aurait pu expier...
315 (Chap.6) Quant à ceux... que la
crainte a poussés ou que l'erreur a incités à réitérer le baptême,
et qui maintenant reconnaissent qu'ils ont agi contre le sacrement
de la foi catholique, il leur faut observer la règle selon laquelle
ils n'entrent en communauté avec nous que par le remède de la
pénitence, et qu'ils ne reçoivent l'unité de la communion que par
l'imposition des mains de l'évêque...
316 (Chap.7) Car ceux qui ont reçu le
baptême d'hérétiques alors qu'auparavant ils n'avaient pas été
baptisés, ne doivent être confirmés que par l'invocation de l'Esprit
Saint et l'imposition des mains, car ils n'ont reçu que la forme du
baptême sans la vertu de la sanctification. Et cette règle, comme
vous le savez, nous prescrivons qu'elle doit être observée dans
toutes les Églises, à savoir que le bain une fois reçu ne doit être
violé par aucune réitération puisque l'apôtre dit : « Un seul
Seigneur, une seule foi, un seul baptême » Ep 4,5. Leur
ablution ne doit être altérée par aucune réitération, mais, nous
l'avons dit, seule la sanctification par l'Esprit Saint doit être
invoquée, afin que ce que nul ne reçoit chez les hérétiques, on le
reçoive des prêtres catholiques.
317 (Chap.6) Même s'il y a donc dans
l'unique Seigneur Jésus Christ, vrai Fils de Dieu et vrai Fils
d'homme, une seule personne du Verbe et de la chair qui, sans
séparation ni division, accomplit des actions communes, il faut
cependant que les qualités des opérations elles-mêmes soient bien
comprises, et l'on peut voir avec une foi sincère à quoi est élevée
l'humilité de la chair et à quoi s'abaisse la sublimité de la
divinité, ce que la chair ne fait pas sans le Verbe, et ce qu'est ce
que le Verbe ne réalise pas sans la chair...
Bien que depuis ce commencement où le Verbe
s'est fait chair dans le sein de la Vierge il n'ait donc jamais
existé aucune division entre les deux formes, et que tout au long de
la croissance du corps à tout moment les actions fussent celles
d'une unique personne, ce qui a été fait sans séparation nous ne le
confondons pas pour autant par un mélange, mais nous percevons de
par la qualité des oeuvres ce qui appartient à chaque forme...
318 (Chap.8) Bien que donc le
Seigneur Jésus Christ soit un, et qu'en lui une seule et même
personne soit celle de la vraie divinité et de la vraie humanité,
nous reconnaissons néanmoins que l'exaltation par laquelle, comme le
dit le Docteur des nations, Dieu l'a exalté et lui a donné un nom
qui est au-dessus de tout nom (voir Ph 2,9 s), se rapporte à
cette forme qui devait être enrichie par le surcroît d'une
glorification si grande. Dans la forme de Dieu en effet le Fils
était égal au Père, et entre celui qui a engendré et l'unique
engendré il n'y avait pas de distinction dans l'essence, ni aucune
différence de majesté ; et par le mystère de l'Incarnation le Verbe
n'avait rien perdu qui aurait dû lui être rendu par ce don du Père.
Mais la forme du serviteur, par laquelle la divinité impassible a
accompli le sacrement de sa grande miséricorde, est l'abaissement
humain qui fut élevé dans la gloire de la puissance divine, alors
que dès la conception même de la Vierge la divinité et l'humanité
avaient été liées en une telle unité que les choses divines n'ont
pas été faites sans l'homme, ni les choses humaines sans Dieu.
319 (1) (...) Par l'information
donnée par certains frères nous avons appris que certains captifs
revenant libres à leurs domiciles — et qui étaient tombés en
captivité à un âge où ils ne pouvaient avoir une connaissance sûre
de rien — demandent le remède du baptême, mais ne peuvent pas se
souvenir, du fait de l'ignorance due au bas âge, s'ils ont reçu le
mystère de ce baptême et les sacrements, et que pour cette raison,
du fait de ce souvenir occulté, leurs âmes sont mises en danger
parce que, sous couvert de précaution, la grâce leur est refusée —
celle-ci ne leur étant pas accordée parce qu'on pense qu'elle a déjà
été accordée.
Puisque pour cette raison la crainte de
certains frères, non sans raison, a hésité à accorder à de telles
personnes les sacrements du mystère du Seigneur, nous avons reçu,
comme nous l'avons dit, cette requête formelle...
Tout d'abord nous devons pour cela veiller à ne
pas causer, en nous attachant à l'apparence de la précaution, un
dommage aux âmes qui doivent être régénérées. Qui en effet sera à ce
point attaché à ses suppositions qu'il affirme comme vrai ce qui —
puisqu'il n'est plus de preuve — n'est supposé qu'en raison d'une
opinion douteuse ?
C'est pourquoi si celui qui désire la
régénération ne se souvient pas avoir été baptisé et qu'un autre ne
peut pas non plus témoigner à ce sujet, parce qu'il ne sait pas s'il
a été sanctifié, il n'y a rien qui permette au péché de s'insinuer,
car sur ce point de sa conscience n'est coupable ni celui qui est
sanctifié, ni celui qui sanctifie.
Nous savons certes qu'il s'agit d'un forfait
inexpiable lorsque quelqu'un, selon les pratiques des hérétiques
condamnées par les saints pères, est contraint de se soumettre deux
fois au baptême qui a été accordé une fois à ceux qui doivent être
régénérés ; car à cela s'oppose la doctrine catholique qui nous
proclame une seule divinité dans la Trinité, une seule confession
dans la foi, un seul sacrement dans le baptême Ep 4,5. Mais
dans ce cas rien n'est à craindre puisqu'il ne peut pas y avoir
forfait de réitération lorsqu'on ne sait pas du tout si cela a été
fait...
320 (2) Mais s'il était établi que
quelqu'un a été baptisé par les hérétiques, le sacrement de la
régénération ne doit d'aucune manière être réitéré pour lui, et il
ne doit être conféré que ce que qui y a fait défaut : que par
l'imposition des mains de l'évêque il obtienne la force du
Saint-Esprit.
321 (Question 14) La résolution d'un
moine qui a été prise par sa propre décision ou volonté ne peut pas
être abandonnée sans péché. Car ce que quelqu'un promet à Dieu, il
doit aussi s'en acquitter Dt 23,21 ; Ps 50,14. C'est pourquoi
celui qui a délaissé la promesse de la solitude et qui est passé au
service armé ou au mariage, doit être purifié en satisfaisant à la
pénitence publique, car si le service armé peut être sans mal et le
mariage honnête, c'est une transgression que d'avoir délaissé le
choix de ce qui est meilleur.
322 (Question 15) Si des jeunes
filles, qui n'ont pas été contraintes par un commandement de leurs
parents mais ont pris par une décision libre la résolution et le
vêtement de la virginité, choisissent ensuite le mariage, elles
pêchent, même si aucune consécration n'est encore venue s'y ajouter.
323 (...)
(Chap.2) J'ordonne qu'on doit absolument faire
disparaître aussi cette audace contraire à la règle apostolique, qui
est commise par certains, je l'ai appris récemment, par une
usurpation illicite. Pour la pénitence que demandent les fidèles,
qu'on ne lise pas en public un écrit sur lequel figurent en détail
leurs péchés, puisqu'il suffit d'indiquer aux prêtres seuls par une
confession secrète la culpabilité des consciences. Sans doute
paraît-elle louable, cette foi totale qui, par crainte de Dieu, n'a
pas peur de rougir devant les hommes ; cependant — puisque les
péchés de tous ceux qui demandent la pénitence ne sont pas tels
qu'ils ne craignent pas de les voir publiés — on supprimera une
coutume si peu louable, de manière qu'un grand nombre ne soit pas
tenu écarté des remèdes de la pénitence aussi longtemps qu'ils
rougissent ou craignent de voir leurs actions révélées à leurs
ennemis, et pour lesquelles, selon la disposition de la loi, ils
peuvent être punis. Il suffit en effet de cette confession qui est
d'abord faite devant Dieu, puis aussi devant le prêtre, lequel se
présente en intercesseur pour les péchés des pénitents. Enfin
plusieurs pourront alors être amenés à la pénitence si la conscience
de celui qui confesse son péché n'est pas rendue publique aux
oreilles du peuple.
325 Celui qui doit être ordonné
évêque sera examiné auparavant pour savoir si... il est prudent en
matière d'intelligence des Écritures, s'il a de l'expérience quant
aux dogmes de l'Église et surtout, s'il affirme avec des mots
simples les enseignements de la foi, c'est-à-dire en confirmant que
le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont un seul Dieu et en
enseignant que toute la divinité dans la Trinité est de même
essence, de même substance, de même éternité et de même
toute-puissance ; s'il confesse chacune des personnes dans la
Trinité comme pleinement Dieu et toutes les trois personnes un seul
Dieu ; s'il croit que l'Incarnation divine est advenue non pas dans
le Père ni dans l'Esprit Saint mais seulement dans le Fils, en sorte
que lui, qui dans la divinité était le Fils de Dieu le Père, est
devenu en l'homme le Fils de l'homme sa mère, vrai Dieu du Père et
vrai homme de la mère, tenant la chair du sein de la mère, et une
âme humaine raisonnable ; en même temps sont en lui les deux
natures, à savoir homme et Dieu et il est une seule personne, un
seul Fils, un seul Christ, un seul Seigneur, le créateur de tout ce
qui est, avec le Père et l'Esprit Saint l'auteur et le Seigneur et
le créateur (celui qui régit) de toutes les créatures ; qui a
souffert de la vraie souffrance de la chair, qui est mort de la
vraie mort de son corps, est ressuscité de la vraie résurrection de
la chair et de la vraie reprise de l'âme, en laquelle il viendra
juger les vivants et les morts.
Il faut lui demander également s'il croit que
l'auteur et Dieu du Nouveau et de l'Ancien Testament, c'est-à-dire
de la Loi, des prophètes et des apôtres, est un seul et le même ;
s'il croit que le diable n'est pas devenu mauvais en raison de sa
condition, mais librement. Il faut lui demander aussi s'il croit à
la résurrection de cette chair que nous portons et non d'une autre ;
s'il croit en un jugement à venir, et que chacun recevra des
châtiments ou la gloire pour ce qu'il a fait dans cette chair ; s'il
ne désapprouve pas les noces ; s'il ne condamne pas les remariages ;
s'il ne blâme pas la consommation de viandes ; s'il reçoit à la
communion les pécheurs réconciliés ; s'il croit que dans le baptême
tous les péchés, c'est-à-dire aussi bien celui qui est contracté à
l'origine que ceux qui ont été commis volontairement, sont
pardonnés ; si en dehors de l'Église catholique nul ne sera sauvé.
Lorsque, ayant été examiné sur tous ces points,
il aura été trouvé pleinement instruit, alors, avec le consentement
des clercs et des laïcs, et tous les évêques de la province étant
rassemblés, (...) qu'il soit ordonné évêque.
326 (...)
Canon 90 (2). Lorsqu'un évêque est ordonné,
deux évêques posent et tiennent le livre des évangiles sur sa nuque
(tête), et pendant que l'un dit sur lui la bénédiction, tous les
autres évêques présents doivent toucher sa tête de leurs mains.
327 Canon 91 (3). Lorsqu'un presbytre
est ordonné, pendant que l'évêque le bénit et tient ses mains sur sa
tête, tous les autres presbytres présents doivent également tenir
leur main sur la tête à côté des mains de l'évêque.
328 Canon 92 (4). Lorsqu'un diacre
est ordonné, seul l'évêque qui le bénit doit poser ses mains sur sa
tête : car il n'est pas sacré pour le sacerdoce mais pour le
ministère.
329 Canon 93 (5). Lorsqu'un
sous-diacre est ordonné, parce qu'il ne reçoit pas l'imposition des
mains, il recevra de la main de l'évêque la patène vide et le calice
vide. Mais il recevra de la main de l'archidiacre l'aiguière avec de
l'eau, le bassin et le manuterge.
HILAIRE : 19 novembre 461 – 29 février 468
SIMPLICIUS : 3 mars 468 – 10 mars 483
330 Votre correction est le salut de
tous et votre décision un remède. C'est pourquoi j'estime un
souverain remède de me disculper en accusant mes erreurs passées et
de revenir à l'innocence par une confession salutaire. Dès lors,
selon les récents statuts du vénérable concile, je condamne avec
vous cette opinion qui dit que le travail de l'obéissance humaine
n'a pas à être uni à la grâce divine ;
331 qui dit qu'après la chute du
premier homme le libre arbitre de sa volonté a été totalement
détruit ;
332 qui dit que le Christ notre
Seigneur et Sauveur n'a pas subi la mort pour le salut de tous ;
333 qui dit que la prescience de Dieu
pousse violemment l'homme à la mort ou que ceux qui sont perdus le
sont par la volonté de Dieu ;
334 qui dit qu'après avoir
légitimement reçu le baptême meurt en Adam quiconque a péché ;
335 qui dit que les uns sont assignés
à la mort, les autres prédestinés à la vie ;
336 qui dit que d'Adam jusqu'au
Christ aucun des gentils n'a été sauvé par la première grâce de
Dieu, c'est-à-dire par la loi de nature, en vue de la venue du
Christ, du fait que chez tous le libre arbitre a été perdu dans le
premier père ;
337 qui dit que les patriarches et
les prophètes ou les plus grands des saints, même avant le temps de
la Rédemption, ont vécu dans les demeures du paradis ;
338 qui dit qu'il n'y a pas de feu ni
d'enfer.
339 Tout cela, je le condamne comme
impie et comme totalement sacrilège. Je soutiens la grâce de Dieu en
ce sens que je maintiens uni l'effort de l'homme et l'action de la
grâce et que je déclare que la liberté de la volonté humaine n'est
pas détruite, mais atténuée et affaiblie, que celui qui est sauvé
peut être en danger, et que celui qui périt aurait pu être sauvé.
340 De même le Christ, notre Dieu et
Sauveur, pour ce qui est de l'abondance de sa bonté, a payé pour
tous la rançon de la mort, et il veut aussi que nul ne périsse, lui
qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants, riche à
l'égard de tous ceux qui l'invoquent Rm 10,12. Et parce que
en ces choses si importantes on doit satisfaire à la conscience, je
me souviens avoir dit auparavant que le Christ n'est venu que pour
ceux dont il savait à l'avance qu'ils croiraient (référence est
faite à Mt 20,28 ; Mt 26,28 ; He 9,27). Mais maintenant, en
raison de l'autorité des saints témoignages qui se trouvent en
abondance dans le domaine des saintes Écritures et qui sont dévoilés
de par la doctrine des anciens, je confesse volontiers que le Christ
est venu également pour ceux qui sont perdus, car ils se sont perdus
contre sa volonté. Et il ne convient pas que la richesse de la bonté
infinie et les bienfaits divins soient limités à ceux-là seulement
qui manifestement sont sauvés. Car si nous disons que le Christ n'a
apporté de remèdes qu'à ceux qui sont sauvés, nous donnerons
l'impression d'absoudre ceux qui ne sont pas sauvés, lesquels, on le
sait, doivent être punis pour avoir méprisé la Rédemption.
341 J'affirme également qu'au cours
des temps et de l'ordonnance des siècles, les uns ont été sauvés par
la Loi de la grâce, d'autres par la Loi de Moïse, d'autres par la
Loi naturelle que Dieu a inscrite dans les coeurs de tous (voir
Rm 2,15) dans l'espérance de la venue du Christ, mais que depuis
le commencement du monde personne n'a été libéré de l'enchaînement
originel, sinon par l'intercession du sang sacré.
342 Je confesse également que les
feux éternels et les flammes de l'enfer sont préparés pour les
péchés mortels ; car les fautes humaines qui demeurent jusqu'à la
fin sont suivies à juste titre du jugement divin qu'encourent
justement ceux qui n'ont pas cru cela de tout leur cœur,
Priez pour moi, saints seigneurs et pères
apostoliques. Moi, le presbytre Lucidus, j'ai souscrit cette lettre
de ma main, et ce qui y est assuré, je l'affirme, et ce qui est
condamné, je le condamne.
343 (Par.3, Chap.2) Puisque la
doctrine de nos prédécesseurs de sainte mémoire, contre laquelle il
n'est pas permis de disputer, existe, et que quiconque pense de
façon juste n'a donc pas besoin d'être enseigné par de nouvelles
explications, mais que tout est clair et parfait par quoi quelqu'un
qui a été séduit par des hérétiques pourra être instruit, ou par
quoi quelqu'un qui doit être planté dans la vigne du Seigneur pourra
être enseigné, implore la foi du prince très clément et fais qu'il
rejette le propos de tenir un synode...(6(3)) Je demande donc, frère
très cher, que l'on résiste de toutes les manières aux tentatives de
gens scélérats de tenir un synode ; on n'en a jamais convoqué que
lorsque dans des esprits faussés a surgi quelque chose de nouveau ou
que quelque chose de douteux est apparu dans l'explication des
dogmes : pour qu'à ceux qui en traitent en vue du bien commun, s'il
existe une obscurité, l'autorité de la délibération des prêtres
vienne apporter la lumière, comme a contraint de le faire l'impiété
d'Arius d'abord, puis celle de Nestorius et enfin celle de Dioscore
et d'Eutychès. Et il faut inculquer qu'il est exécrable — ce dont
veuille nous préserver la miséricorde du Christ notre Dieu et
Sauveur — de réhabiliter des condamnés contre les jugements des
prêtres du Seigneur du monde entier et des deux princes régnants...
FELIX II : 13 mars 483 – 1er mars 492
345 Puisque même chez les nations
barbares et qui ignorent le nom de Dieu, la liberté de n'importe
quelle légation est toujours considérée comme sacro-sainte par le
droit des gens, même pour la mise en œuvre d'entreprises purement
humaines, chacun sait qu'à plus forte raison elle aurait dû être
intégralement sauvegardée par un empereur romain et chrétien,
surtout dans les affaires religieuses. ...
Mais je pense que ta piété, prête à
s'assujettir à ses propres lois plutôt que de s'y opposer, devrait
de même obéir aux célestes décrets, et ne pas oublier que sa
suprématie sur les choses humaines ne peut s'étendre aux choses
divines qu'elle doit recevoir, sans aucun doute possible, des mains
des dispensateurs établis par Dieu. Je pense qu'il t'est
certainement utile de laisser, au cours de ton principat, l'Église
catholique vivre selon ses lois, et de ne permettre à personne de
faire obstacle à sa liberté, à elle qui t'a rendu le pouvoir royal.
Il est sûr en effet que la prospérité de tes
affaires t'impose, quand il s'agit des intérêts de Dieu, de faire
effort, ainsi qu'il l'a voulu, pour soumettre ta volonté aux prêtres
du Christ et ne pas la faire prévaloir sur eux : tu dois d'autre
part apprendre de ceux qui y sont préposés les mystères sacrés, et
non pas les enseigner ; te plier à l'organisation de l'Église, et
non pas lui prescrire des règles d'un droit humain, ni vouloir
régner sur ses décisions, elle à qui Dieu a voulu par le joug d'un
religieux dévouement soumettre ta clémence. Il est à craindre en
effet que par les infractions aux dispositions du ciel, on n'en
vienne à mépriser celui qui en est l'auteur.
GELASE
Ier : 1er mars 492 – 21 novembre 496
347 (...)
(2) Il y a deux principes par lesquels ce monde
est régi principalement : l'autorité sacrée des pontifes et le
pouvoir royal ; et parmi les deux la charge des prêtres est d'autant
plus lourde qu'ils doivent rendre compte devant la justice divine de
ceux-là mêmes qui sont les rois.
Tu le sais en effet, fils très clément : bien
que ta dignité te place au-dessus du genre humain, tu inclines
cependant, par un devoir religieux, ta tête devant ceux qui sont
chargés des choses divines et tu attends d'eux les moyens de te
sauver ; et pour recevoir les célestes mystères et les dispenser
comme il convient, tu dois, tu le sais aussi, selon la règle de la
religion, te soumettre plutôt que diriger. Par conséquent, en tout
cela tu dépends de leur jugement et tu ne dois pas vouloir les
réduire à ta volonté.
Si en effet, pour ce qui concerne les règles de
l'ordre public, les chefs religieux admettent que l'empire t'a été
donné par une disposition d'en haut et obéissant eux-mêmes à tes
lois, ne voulant pas, au moins dans les affaires de ce monde,
paraître aller contre... une décision exclue, dans quels sentiments
ne faut-il pas, je t'en prie, obéir à ceux qui sont chargés de
dispenser les vénérables mystères ?
C'est pourquoi, de même qu'elle n'est pas
légère, la menace qui pèse sur les pontifes qui n'ont pas parlé pour
le culte de Dieu, comme ils le doivent, ainsi n'est-il pas
négligeable le danger — puisse-t-il ne pas exister — encouru par
ceux qui, alors qu'ils devraient obéir, méprisent. Et s'il est
normal que le coeur des fidèles se soumette à tous les prêtres en
général qui s'acquittent convenablement de leurs divines fonctions,
combien plus l'unanimité doit-elle se faire autour du préposé à ce
siège, à qui la divinité suprême a voulu donner la prééminence sur
tous les prêtres et que la piété universelle de l'Église a dans la
suite constamment célébré ?
(3) C'est là que ta piété se rend compte avec
évidence que jamais personne sous aucun prétexte humain ne peut
s'élever au-dessus de la situation privilégiée de celui que la voix
du Christ a placé au-dessus de tous, que l'Église vénérable a
toujours reconnu et tient dévotement au premier rang. Elles peuvent
être empêchées par des présomptions humaines, les décisions du
jugement divin, mais vaincues, elles ne sauraient l'être par aucune
puissance de qui que ce soit.
348 Puisque le Dieu tout-puissant et
miséricordieux a voulu qu'aucune âme qui le désire ne se voie
refuser le secours par la miséricorde de l'Église, il n'est pas
douteux que c'est par l'effet d'une disposition de Dieu lui-même et
d'un repentir inspiré par Dieu qu'on traite de sa réception (de
Misenus) au moment où une nécessité qui ne doit pas être différée
pousse également à l'accorder, d'autant que notre Seigneur a ordonné
au bienheureux Pierre avant les autres : « Tout ce que tu lieras sur
terre, sera lié aussi dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur
terre sera délié aussi dans les cieux » Mt 16,19 ; comme il
est établi également que rien n'est exclu de ces paroles, tout sans
distinction peut être lié par le ministère de la dispensation
apostolique, et tout par conséquent peut également être absous par
lui, surtout lorsque par là doit être donné plus encore à tous un
exemple de la véritable miséricorde apostolique, afin que tous ceux
qui ont été condamnés, s'ils viennent à résipiscence et qu'ils
s'éloignent de l'erreur... ne doutent pas que par l'absolution ils
seront délivrés de leur condamnation...
C'est pourquoi, autant qu'avec la permission du
Seigneur c'est dans le pouvoir de l'homme, nous voulons offrir des
remèdes à celui qui le désire, en laissant au jugement divin tout ce
qui dépasse la mesure de notre possibilité. Et ils ne pourront pas
nous faire reproche de pardonner l'offense d'une transgression à des
vivants — ce que l'Église peut en raison de la largesse de Dieu —
alors qu'ils demandent que nous accordions également le pardon à
ceux qui sont morts — ce qui manifestement n'est pas dans notre
pouvoir. Car puisqu'il est dit : « ce que tu lieras sur terre » ceux
dont il est établi qu'ils ne sont plus sur terre, il les a réservés
à son propre jugement et non à celui des hommes ; et l'Église n'a
pas l'audace de revendiquer pour elle-même ce dont elle voit que
cela n'a pas été accordé aux bienheureux apôtres eux-mêmes ; car
autre est le cas de ceux qui sont encore en vie, autre celui des
défunts.
349 (...)
(5) Le Seigneur a dit qu'à ceux qui pèchent
contre l'Esprit Saint il ne sera pardonné ni ici-bas, ni dans le
siècle à venir Mt 12,32. Mais pour combien, qui ont péché
contre l'Esprit Saint comme divers hérétiques... et qui sont revenus
à la foi catholique, voyons-nous qu'ils ont reçu le pardon ici-bas
pour leur blasphème et que pour l'avenir aussi ils ont conçu
l'espoir d'obtenir miséricorde ? Pour autant le jugement du Seigneur
n'est pas dépourvu de vérité et on ne le considérera aucunement
comme annulé, car pour ceux qui continuent d'être cela, il est
maintenu sans pouvoir jamais être annulé, tandis qu'il ne peut pas
s'appliquer à ceux qui sont devenus autres, puisqu'il n'a pas été
prononcé sur ceux-là.
C'est ainsi que la parole du bienheureux apôtre
Jean a elle aussi sa logique : il existe un péché qui conduit à la
mort : je ne dis pas qu'il faut prier pour celui-là ; et il existe
un péché qui ne conduit pas à la mort : Je dis qu'il faut prier pour
celui-là Mt 1 ; Jn 5,16 s. Il existe un péché qui conduit à
la mort pour ceux qui demeurent dans ce péché ; il existe un péché
qui ne conduit pas à la mort pour ceux qui quittent ce péché. Car il
n'est pas de péché pour lequel l'Église ne prie pas pour qu'il soit
remis, ou dont elle ne puisse absoudre ceux qui s'en éloignent, ou
qu'elle ne puisse remettre à ceux qui font pénitence par le pouvoir
qui lui a été donné par Dieu — elle à qui il a été dit : Tout ce que
vous remettrez sur terre... (voir Jn 20,23) ; « Tout ce que
vous délierez sur terre, sera délié aussi au ciel » Mt 18,18.
En cela sont compris tous les péchés, qu'elle qu'en soit
l'importance et qu'elle qu'en soit la nature, mais n'en demeure pas
moins vrai le jugement par lequel il est dit que jamais ne sera
délié celui qui continue à y persévérer, mais que le sera celui qui
après cela s'en sera détaché.
350 Après (toutes ces) Écritures
prophétiques, évangéliques et apostoliques (que nous avons
mentionnées plus haut) et sur lesquelles l'Église catholique, par la
grâce de Dieu, est fondée, nous avons estimé devoir souligner
également ceci, à savoir que si c'est bien à l'Église catholique
répandue par tout l'univers que revient l'unique chambre nuptiale du
Christ, pour autant la sainte Église romaine n'est pas placée devant
les autres Églises par des édits de synodes, mais elle a reçu la
primauté de par la parole évangélique du Seigneur et Sauveur
disant : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et
les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle, et je te
donnerai les clés du Royaume des cieux, et tout ce que tu auras lié
sur terre sera lié aussi au ciel, et tout ce que tu auras délié sur
terre sera délié aussi au ciel Mt 6,18 s.
A cela s'est ajouté également la compagnie du
très bienheureux Apôtre Paul, le vase d'élection : ce n'est pas à un
autre moment, comme le disent sottement les hérétiques, mais au même
moment, le même jour, par une mort glorieuse avec Pierre, qu'il a
été couronné en combattant, dans la ville de Rome, sous l'empereur
Néron : et de la même manière ils ont consacré au Christ l'Église
romaine susdite, et par leur présence et leur triomphe vénérable ils
l'ont placée avant toutes les autres villes dans le monde entier.
351 Le premier siège de l'apôtre
Pierre est donc l'Église romaine qui n'a ni tache, ni ride, ni rien
de semblable Ep 5,27. Le deuxième siège cependant fut
consacré à Alexandrie au nom du bienheureux Pierre par le disciple
et évangéliste Marc... Comme troisième est tenu en honneur le siège
du bienheureux apôtre Pierre à Antioche, puisqu'il y a habité avant
de venir à Rome, et que là est apparu pour la première fois le nom
de « chrétiens » pour la race nouvelle (voir Ac 11,26).
352 Et bien que personne ne puisse
poser d'autre fondement que celui qui a été posé et qui est Jésus
Christ (voir 1Co 3,11), l'Église sainte, c'est-à-dire
l'Église romaine, n'interdit pas que pour son édification, outre les
Écritures de l'Ancien et du Nouveau Testament que nous recevons
selon la règle, soient reçus également ces autres écrits, à savoir :
le saint synode de Nicée... ; (le saint synode de Constantinople...
lors duquel l'hérétique Macedonius a reçu la condamnation méritée
) ; le saint synode d'Ephèse... ; le saint synode de Chalcédoine...
(Mais également d'autres synodes, s'il en est, qui ont été tenus par
les saints pères jusqu'à aujourd'hui et dont nous avons décrété
qu'ils doivent être observés et reçus outre l'autorité de ces
quatre.)
353 De même les ouvrages du
bienheureux martyr Cyprien, archevêque de Carthage. De même les
ouvrages... (sont mentionnés de la même manière : Grégoire de
Naziance, Basile le Grand, Athanase d'Alexandrie, Jean Chrysostome,
Théophile d'Alexandrie, Cyrille d'Alexandrie, Hilaire de Poitiers,
Ambroise, Augustin, Jérôme, Prosper d'Aquitaine). De même la lettre
du bienheureux pape Léon destinée à Flavien, évêque de
Constantinople ; quiconque, s'agissant de son texte, discute ne
serait-ce qu'un seul iota et qui ne le reçoit pas avec vénération en
toutes ses parties, qu'il soit anathème. De même nous décidons que
doivent être lus les ouvrages et traités de tous les pères
orthodoxes... qui n'ont dévié en rien de la communion de l'Eglise
romaine.
De même que doivent être reçues avec vénération
les lettres décrétales que les bienheureux papes ont écrites à
divers moments depuis la ville de Rome pour conseiller divers pères.
De même les actes des saints martyrs... Mais
selon une coutume ancienne et selon une prudence particulière, ils
ne sont pas lus dans la sainte Église romaine, parce que les noms de
ceux qui les ont écrits sont totalement inconnus et qu'ils sont
considérés par les non-croyants et par les ignorants comme superflus
ou comme moins appropriés que ne l'était la réalité des faits...
C'est pourquoi..., pour qu'il n'y ait pas même la moindre occasion
de moquerie, ils ne sont pas lus dans la sainte Église romaine.
Néanmoins, avec ladite Église, nous vénérons avec une entière
dévotion tous les martyrs ainsi que leurs glorieux combats qui sont
mieux connus de Dieu que des hommes.
De même nous recevons avec une pleine
vénération les vies de Paul, Antoine, Hilarion, et de tous les
ermites, mais seulement celles qu'a composées le très bienheureux
Jérôme.
(La suite de l'énumération contient
l'avertissement suivant) : si cela parvient entre les mains des
catholiques, que précède cette phrase du bienheureux apôtre Paul :
« Examinez tout, retenez ce qui est bon » 1Th 5,21. De même
Ruffin, un homme religieux, a publié de nombreux livres d'un ouvrage
ecclésiastique et il a interprété également certaines Écritures.
Mais parce que le vénérable Jérôme l'a blâmé en
certaines choses, à propos du libre arbitre, nous pensons ce que
nous savons qu'a pensé ledit bienheureux Jérôme, et cela n'est pas
vrai seulement pour Ruffin, mais également pour tous ceux que cet
homme souvent mentionné blâme dans son zèle pour Dieu et dans la
piété de la foi. — De même nous recevons comme devant être lues
certaines oeuvres d'Origène que le très bienheureux Jérôme ne
rejette pas. Mais tout le reste, nous disons que cela doit être
rejeté avec son auteur. ...
354 Le reste, qui a été composé ou
proclamé par des hérétiques ou des schismatiques, l'Église
catholique et apostolique ne le reçoit d'aucune manière.
(Suit une longue liste d'Apocryphes, aussi bien
au sens restreint, c'est-à-dire d'écrits pseudo-canoniques, qu'au
sens large, d'écrits grevés d'une hérésie.)
Tout cela et ce qui y est semblable, qu'ont
enseigné ou écrit... les hérésiarques dont les noms n'ont pas du
tout été retenus, nous le déclarons non seulement comme rejeté mais
également comme éliminé par toute l'Église romaine, catholique et
apostolique, et comme condamné pour toujours, avec leurs auteurs et
leurs lecteurs, par le lien indissoluble de l'anathème.
355 (...)
(Chap. 4) Il est vrai que le Seigneur Jésus
Christ est un seul et même, homme entièrement Dieu en même temps que
Dieu entièrement homme, et tout ce qui appartient à l'humanité, le
Dieu homme le fait sien, et tout ce qui appartient à Dieu, l'homme
Dieu le possède ; cependant pour que ce sacrement demeure et qu'il
ne puisse être défait par aucun côté, il reste comme homme entier ce
qu'est Dieu, en sorte que comme Dieu entier il reste ce qu'est
l'homme...
ANASTASE II : 24 novembre 496 – 17 novembre 498
356 (...)
(Chap. 7) Conformément à l'usage de l'Église
catholique, ta très sainte sérénité voudra bien reconnaître qu'aucun
de ceux qu'a baptisés Acace ou qu'il a ordonnés prêtres ou lévites
conformément aux canons, n'est affecté par quelque dommage en raison
du nom d'Acace, en sorte que peut-être la grâce du sacrement
transmise par un homme inique paraîtrait moins assurée. En effet,
même si le baptême... a été conféré par un adultère ou par un
voleur, il parvient comme un don intact à celui qui le reçoit, car
cette voix qui a parlé par la colombe exclut toute tache provenant
d'une souillure humaine lorsqu'elle dit : « C'est lui qui
baptise... » Lc 3,16. Car si les rayons de ce soleil visible,
même en traversant les lieux les plus répugnants, ne sont tachés par
aucune souillure provenant d'un contact, à plus forte raison la
force de ce soleil qui a fait le soleil visible ne sera-t-elle pas
limitée par l'indignité du ministre...
(Chap. 9, autres 8) C'est pourquoi celui-là
aussi..., en administrant en mal des choses bonnes, ne s'est nui
qu'à lui-même. Car le sacrement inviolable qui a été donné par lui a
gardé pour les autres la perfection de sa vertu.
357 Nous confessons donc que notre
Seigneur Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, est né du Père selon
la divinité sans commencement avant tous les siècles, mais qu'en ces
derniers temps le même est devenu chair de la sainte Vierge Marie et
homme complet moyennant une âme rationnelle et la réception d'un
corps, consubstantiel au Père selon la divinité et consubstantiel à
nous selon l'humanité. Car des deux natures complètes l'unité a été
faite de façon ineffable. C'est pourquoi l'unique Christ, nous le
confessons à la fois Fils de Dieu et Fils d'homme, unique engendré
du Père et premier-né d'entre les morts ; car nous savons qu'il est
le créateur de toutes choses, et qu'après le consentement de la
Vierge sainte, lorsqu'elle dit à l'ange : « Voici la servante du
Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole » Lc 1,38, il a
daigné se construire d'elle, de façon ineffable, un temple, et qu'il
se l'est uni à lui-même ; ce corps il ne l'a pas amené coéternel de
sa substance depuis le ciel, mais, de la pâte de notre substance,
c'est-à-dire de la Vierge. En le prenant et en l'unissant à soi,
Dieu, le Verbe, n'a pas été changé en chair et il n'est pas apparu
non plus comme un être imaginaire, mais il a conservé son essence de
façon immuable et sans changement, et il s'est uni à soi les
prémices de notre nature. Car le commencement, Dieu Verbe, a daigné
dans sa grande bonté unir à soi ces prémices de notre nature, lui
qui s'est montré, non pas mélangé, mais un seul et même dans les
deux natures selon qu'il est écrit : « Détruisez ce temple, et en
trois jours je le relèverai » Jn 2,19. Le Christ en effet est
détruit selon ma substance qu'il a prise, et il relève son propre
temple détruit, et cela selon la substance divine selon laquelle il
est aussi le créateur de toutes choses.
358 Jamais cependant après la
résurrection de notre nature unie à lui il ne s'est séparé de son
temple, et il ne peut pas non plus s'en séparer en raison de son
ineffable bonté ; au contraire le Seigneur Jésus Christ lui-même est
aussi bien passible qu'impassible, passible selon l'humanité,
impassible selon la divinité. Dieu, le Verbe, a donc reconstruit son
temple, et en lui il a opéré la résurrection et le renouvellement de
notre nature. Et celle-ci le Seigneur Christ l'a montrée à ses
disciples, après être ressuscité des morts, en disant : « Touchez
moi et voyez, car un esprit n'a ni chair ni os comme vous me voyez
en avoir » Lc 24,39. Il n'a pas dit « comme vous dites que je
suis » mais avoir, pour que l'on considère aussi bien qui possède
que qui est possédé, et que l'on voie que ce n'est pas un mélange ou
un changement ou une transformation mais une unité qui s'est faite.
C'est pourquoi il a montré également les marques — des clous et la
blessure faite par la lance, et il a mangé avec les disciples afin
de montrer en toutes choses comment en lui notre nature est
ressuscitée et renouvelée ; et parce que selon la substance de la
divinité bienheureuse il est sans changement, sans transformation,
impassible, immortel, sans avoir besoin de rien, il a accompli
toutes les souffrances et il a permis qu'elles soient infligées à
son temple qu'il a relevé par sa propre force ; et par la propre
perfection de son temple, il a opéré la rénovation de note nature.
359 Mais ceux qui affirment que le
Christ est un homme apparent ou que Dieu est passible, ou qu'il
s'est transformé en chair, ou qu'il n'avait pas un corps uni à lui,
ou qu'il l'a fait descendre du ciel, ou qu'il était une vision, ou
qui, en qualifiant Dieu le Verbe de mortel, disent qu'il avait
besoin d'être ressuscité par le Père, ou qu'il a pris un corps sans
âme ou un homme sans esprit, ou que les deux substances du Christ
ont été confondues dans un mélange pour faire une unique substance,
et qui ne confessent pas que notre Seigneur Jésus Christ est deux
natures sans confusion mais une unique personne, et donc un seul
Christ et de même un seul Fils, ceux-là l'Église catholique et
apostolique les anathématise.
360 (Chap. 1, Par 2) (Certains
hérétiques affirment que), de même qu'ils lui transmettent les corps
à partir d'une excrétion matérielle, les parents donnent aussi au
genre humain le souffle de l'âme... (Par 4). Comment donc, contre
l'affirmation divine que l'âme des hommes a été faite à l'image de
Dieu, pensent-ils avec une intelligence trop charnelle, que l'âme se
communique par l'union d'êtres humains alors que l'action de celui
qui a fait cela depuis le commencement aujourd'hui encore ne cesse
pas, comme il l'a dit lui-même : « Mon Père agit encore et j'agis »
(voir Jn 5,17) ?...
(Par. 5) Car ils devraient également comprendre
ce qui est écrit : « Celui qui vit éternellement a créé tout
ensemble » Si 18,1. Si donc, avant que l'Écriture n'ait
disposé, suivant les espèces particulières, ordre et raison en
chacune des créatures, il agit « potentiellement », ce qu'on ne
saurait nier, et « à titre de cause dans une oeuvre qui se déroule
au cours du temps », ils feraient bien d'accepter une saine
doctrine : celui qui infuse les âmes et celui qui « appelle ce qui
n'est pas pour que cela soit » (Voir Rm 4,17).
361 (Chap. 4, Par 13) S'ils pensent
peut-être qu'ils parlent pieusement et bien en croyant pouvoir dire
que les âmes sont transmises par les parents puisqu'elles sont
profondément enfoncées dans le péché, ils doivent, en opérant une
sage séparation, distinguer ceci, à savoir que les parents ne
peuvent transmettre autre chose que le fruit de leur mauvaise
témérité, c'est-à-dire la faute et la peine du péché, ce qui se voit
clairement dans la descendance qui provient de cette transmission :
les hommes naissent mauvais et déformés. C'est à cela seulement, on
le voit clairement, que Dieu n'a aucune part, lui qui, voulant
éviter de les voir tomber dans un fatal malheur, le leur a interdit
par la terreur de la mort et le leur a prédit. C'est pourquoi, en
parlant de transmission, on voit clairement ce qui est transmis par
les parents et ce que, du début à la fin, Dieu a fait et fait
encore.
SYMMAQUE : 22 novembre 498-19 juillet 514
362 (...)
(8) Comparons donc la dignité de l'empereur
avec celle du pontife : elles diffèrent dans la mesure même où le
premier a la charge des choses humaines, l'autre de celles de Dieu.
Toi, l'empereur, c'est par le pontife que tu es baptisé, c'est de sa
main que tu communies, ce sont ses prières que tu implores, sa
bénédiction que tu espères, c'est à lui que tu demandes ta
pénitence. En somme, toi, tu as l'administration des choses
humaines, et il te fait participer, lui, aux dons de Dieu. De sorte
que sa dignité est au moins égale, pour ne pas dire supérieure.
(...)
Que le monde assiste à cette instance, sous le
regard de Dieu et de ses anges ; oui, soyons en spectacle à tout ce
siècle, en sorte que les prêtres trouvent là l'exemple d'une vie
sans reproche et les empereurs, celui d'une pieuse modération. C'est
en effet surtout à nos deux fonctions que ressortit l'administration
du genre humain, et il ne devrait rien se trouver en elles qui pût
offenser la divinité, d'autant plus que les deux dignités semblent
devoir être perpétuelles et qu'ainsi l'on doit trouver des deux
côtés sollicitude pour le genre humain.
Je t'en prie, ô empereur, souviens-toi que tu
es un homme, de façon à pouvoir user de ce pouvoir qui t'a été
concédé par Dieu ; en effet bien que cela soit advenu selon le
jugement des hommes, il faut cependant que cela soit examiné selon
le jugement de Dieu.
Peut-être vas-tu dire qu'il est écrit que nous
devons être soumis à tout pouvoir (voir Tt 3,1). Mais pour
nous, nous reconnaissons, en les mettant à leur place, les autorités
humaines, tant qu'elles ne dressent pas leur volonté contre Dieu.
D'ailleurs, si tout pouvoir vient de Dieu, c'est plus vrai encore de
celui qui s'est vu assigner la charge des affaires divines. Respecte
Dieu en nous et nous, nous respectons Dieu en toi.
HORMISDAS : 20 juillet 514 – 6 août 523
363 (1) La condition première du
salut est de garder la règle de la foi juste et de ne s'écarter
d'aucune façon des décrets des pères. Et parce qu'il n'est pas
possible de négliger la parole de notre Seigneur Jésus Christ qui
dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église »
Mt 16,18, ce qui a été dit est prouvé par les faits ; car la
religion catholique a toujours été gardée sans tache auprès du Siège
apostolique.
364 (2) Ne voulant donc nous séparer
d'aucune façon de cette espérance et de cette foi, et suivant en
toutes choses ce qu'ont décrété les pères, nous anathématisons tous
les hérétiques, et principalement l'hérétique Nestorius qui fut
jadis évêque de la ville de Constantinople, condamné au concile
d'Ephèse par Célestin, le pape de la ville de Rome, et par saint
(l'homme vénérable) Cyrille, l'évêque de la ville d'Alexandrie ;
avec celui-ci (de même)nous anathématisons Eutychès et Dioscore
d'Alexandrie, condamnés au saint synode de Chalcédoine que nous
suivons et embrassons ( qui, suivant le saint concile de Nicée, a
proclamé la foi apostolique)
(3) Nous y ajoutons (nous exécrons également)
le criminel Timothée, surnommé Aelure, ainsi que son disciple et
partisan en toutes choses Pierre d'Alexandrie ; et de même nous
condamnons (également) et nous anathématisons Acace, jadis évêque de
Constantinople, condamné par le Siège apostolique, leur complice et
partisan, et ceux qui sont restés en communion avec eux ; car
(Acace), s'étant joint à leur communion, a mérité la même sentence
de condamnation. De même nous condamnons Pierre d'Antioche avec tous
ceux qui l'ont suivi et les partisans de ceux qui ont été mentionnés
plus haut.
365 (4) (Mais) c'est pourquoi nous
recevons et approuvons toutes les lettres du bienheureux pape Léon,
qu'il a écrites touchant la religion chrétienne. Comme nous le
disions plus haut, suivant en toutes choses le Siège apostolique et
prêchant tout ce qu'il a décrété, j'espère (donc) mériter de rentrer
dans la communion avec vous que prêche le Siège apostolique,
communion dans laquelle réside, entière et vraie (et parfaite) la
solidité de la religion chrétienne ; nous promettons (je promets)
aussi que (à l'avenir) les noms de ceux qui sont séparés de la
communion de l'Église catholique, c'est-à-dire qui ne sont pas en
accord avec le Siège apostolique, ne seront pas lus durant les
saints mystères. (Mais si je tentais de dévier en quoi que ce soit
de ma profession de foi, je confesse que, selon mon propre jugement,
je serais un complice de ceux que j'ai condamnés.) (5) Cette
profession de foi je l'ai souscrite de ma propre main, et je l'ai
transmise (envoyée) à toi, Hormisdas, le saint et vénérable pape de
la ville de Rome...
366 (...)
(Chap. 5) Ce que l'Eglise Romaine, c'est-à-dire
catholique, suit et observe s'agissant du libre arbitre et de la
grâce de Dieu, on peut sans doute le trouver abondamment dans divers
livres du bienheureux Augustin, en particulier (dans ceux adressés)
à Hilaire et à Prosper ; mais on trouve aussi dans les archives
ecclésiastiques des Chapitres relatifs à la question, que nous
enverrons s'ils y manquent et que vous les considérez comme
nécessaires, bien que celui qui considère avec soin les paroles de
l'Apôtre connaît clairement ce qu'il doit suivre.
367 (Chap. 7) Car si la Trinité est
Dieu, c'est-à-dire Père, Fils et Esprit Saint, et que Dieu cependant
est un seul, en particulier puisque le Législateur dit : « Écoute
Israël, le Seigneur ton Dieu est un seul Dieu » Dt 6,4, celui
qui tient une autre conception divise nécessairement la divinité en
plusieurs ou en particulier impute la passion à l'essence de la
Trinité elle-même ; et... cela veut dire soit, à la manière du
paganisme impie, introduire plusieurs dieux, soit transférer une
souffrance sensible à cette nature qui est exempte de toute
souffrance.
(Chap. 8) Une est la sainte Trinité ; elle
n'est pas multipliée par le nombre, elle ne croît pas par une
augmentation et elle ne peut pas être comprise par l'intelligence,
et ce qu'est Dieu ne peut pas être disjoint par une séparation. Qui
par conséquent pourrait tenter de faire subir une division impie à
ce mystère de la substance éternelle et impénétrable qu'aucune
nature, même des créatures invisibles, ne peut explorer, et ramener
les arcanes du mystère divin à un calcul à la manière humaine ?
Adorons le Père et le Fils et l'Esprit Saint, la substance
distinctement indistincte, incompréhensible et indicible de la
Trinité ; et même si la raison, y admet un nombre de personnes,
l'unité cependant ne l'admet pas pour l'essence ; et de même que
nous gardons les propriétés de la nature divine, de même nous
voulons garder aussi ce qui est propre à chacune des personnes, en
sorte que l'unicité de la divinité ne soit pas déniée aux personnes,
et que ce qui est propre aux noms ne soit pas non plus transféré à
l'essence.
(Chap. 9) Grand et incompréhensible est le
mystère de la Trinité ; Dieu Père, Dieu Fils, Dieu Esprit Saint,
Trinité indivise ; et cependant on sait que c'est le propre du Père
d'engendrer le Fils ; que c'est le propre du Fils de Dieu qu'il soit
né du Père égal au Père, et on sait aussi ce qu'est le propre de
l'Esprit Saint.
368 (Chap. 10) Or le propre du Fils
de Dieu est que... dans les derniers temps le Verbe est devenu chair
et a habité parmi nous (voir Jn 1,14), les deux natures
s'étant unies sans aucune confusion dans le sein de la Vierge Marie,
Mère de Dieu, de telle sorte que lui, qui était avant les temps le
Fils de Dieu, est devenu Fils d'homme et est né dans le temps à la
manière des hommes, ouvrant, en naissant, le sein de la mère, et, en
vertu de la divinité, ne blessant pas la virginité de la mère.
(Chap. 11) Il est pleinement digne de la
naissance de Dieu, le mystère selon lequel celui qui a fait qu'il
soit conçu sans semence, ait préservé la naissance de toute
altération, en préservant ce qu'il était du Père et en montrant ce
qu'il a reçu de la mère. ...
369 (Chap. 12) Le même en effet est
Dieu et homme, non pas, comme le disent ceux qui ne croient pas, par
l'introduction d'une quatrième personne, mais le Fils de Dieu
lui-même est Dieu et homme, le même est puissance et faiblesse,
humilité et majesté, qui rachète et qui a été vendu, attaché à la
croix et accordant le Royaume des cieux, tel dans notre faiblesse
qu'il a pu être mis à mort, tel dans sa puissance qu'il n'a pas pu
être détruit par la mort.
(Chap. 13) Il a été enseveli parce qu'il a
voulu naître comme homme, et parce qu'il était semblable au Père, il
est ressuscité : souffrant des blessures et sauvant les souffrants,
l'un parmi les morts et vivificateur des mourants, descendant aux
enfers et ne quittant pas le sein du Père. C'est pourquoi aussi
cette âme qu'il a laissée du fait de la condition commune, il l'a
reprise bientôt en vertu de sa force singulière et de la puissance
admirable.
JEAN 1er : 13 août 523-18 mai 526
FELIX III : 12 juillet 526-22 septembre 530
·
2e
concile d'Orange, commencé le 3 juillet 529.
370 Il est venu à notre connaissance
que certains, dans leur simplicité, veulent parler de la grâce et du
libre arbitre sans guère de précaution et d'une façon qui ne
correspond pas à la règle de la foi catholique. C'est pourquoi,
conformément à l'exhortation et à la volonté du Siège apostolique,
il nous a paru juste et raisonnable de devoir produire et souscrire
de nos mains, pour qu'ils soient observés par tous, ces quelques
chapitres qui nous ont été transmis par le Siège apostolique et que
les Pères anciens ont rassemblés des livres des saintes Écritures,
afin d'enseigner ceux qui pensent autrement qu'on le doit...
371 Canon 1. Si quelqu'un dit que,
par l'offense résultant de la prévarication d'Adam, l'homme n'a pas
été tout entier, dans son corps et dans son âme, « changé dans un
état pire », et s'il croit que le corps seul a été assujetti à la
corruption cependant que la liberté de l'âme demeurait intacte,
trompé par l'erreur de Pélage, il contredit l'Écriture qui dit :
« l'âme qui a péché périra » Ez 18,20 et : « Ignorez-vous que
si vous vous livrez à quelqu'un comme esclave, pour lui obéir, vous
êtes esclave de celui à qui vous obéissez ? ». Rm 6,16 et :
« On est esclave de celui par qui on s'est laissé vaincre »
2P 2,19.
372 Canon 2. Si quelqu'un affirme que
la prévarication d'Adam n'a nui qu'à lui seul et non à sa
descendance, ou s'il déclare que c'est seulement la mort corporelle,
peine du péché, et non le péché, mort de l'âme, qui par un seul
homme a passé dans tout le genre humain, il attribue une injustice à
Dieu en contredisant l'Apôtre qui dit : « Par un seul homme, le
péché est entré dans le monde, et ainsi la mort a passé dans tous
les hommes, tous ayant péché en lui » Rm 5,12.
373 Canon 3 Si quelqu'un dit que la
grâce de Dieu peut être donnée à la demande de l'homme et que ce
n'est pas la grâce elle-même qui nous fait demander, il contredit le
prophète Isaïe ou l'Apôtre qui dit comme lui : « J'ai été trouvé par
ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis rendu visible pour ceux
qui ne m'interrogeaient pas » Rm 10,20 ; voir Is 65,1.
374 Canon 4. Si quelqu'un prétend que
Dieu attend notre vouloir pour nous purifier du péché, et s'il
n'admet pas que même notre volonté de purification est un effet de
l'infusion et de l'opération du Saint-Esprit en nous, il résiste au
Saint-Esprit lui-même qui dit par Salomon : « La volonté est
préparée par le Seigneur » Pr 8,35 LXX et à l'Apôtre en sa
prédication salutaire : « C'est Dieu qui opère en nous le vouloir et
le faire, selon son bon plaisir » (voir Ph 2,13).
375 Canon 5. Si quelqu'un dit que
l'accroissement de la foi comme aussi son commencement, et l'attrait
de la croyance par lequel nous croyons en celui qui justifie l'impie
et qui nous fait parvenir à la régénération du saint baptême, ne
sont pas en nous un don de la grâce, c'est-à-dire par une
inspiration du Saint-Esprit qui redresse notre volonté en l'amenant
de l'infidélité à la foi et de l'impiété à la piété, mais qu'il nous
sont naturels, il s'avère l'adversaire des dogmes apostoliques,
puisque saint Paul dit : « Nous avons confiance que celui qui a
commencé en vous cette belle oeuvre la mènera à son terme jusqu'au
jour du Christ Jésus » Ph 1,6 et ceci : « Il vous a été donné
non seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour
lui » Ph 1,29 et : « c'est par la grâce que vous êtes sauvés,
moyennant la foi, et cela ne vient pas de vous : c'est le don de
Dieu » Ep 2,8. Ceux qui déclarent naturelle la foi par
laquelle nous croyons en Dieu en viennent à considérer, d'une
certaine manière, comme fidèles tous ceux qui sont étrangers à
l'Église du Christ.
376 Canon 6. Si quelqu'un dit que la
miséricorde nous est donnée par Dieu lorsque, sans la grâce, nous
croyons, nous voulons, nous désirons, nous faisons des efforts, nous
travaillons, nous prions, nous veillons, nous étudions, nous
demandons, nous cherchons, nous frappons à la porte et qu'il ne
confesse pas que notre foi, notre volonté et notre capacité
d'accomplir ces actes comme il le faut se font en nous par
l'infusion et l'inspiration du Saint-Esprit ; s'il subordonne l'aide
de la grâce à l'humilité ou à l'obéissance de l'homme et s'il
n'admet pas que c'est le don de la grâce elle-même qui nous permet
d'être obéissants et humbles, il résiste à l'Apôtre qui dit :
« Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? » 1Co 4,7 et : « C'est par la
grâce de Dieu que je suis ce que je suis » 1Co 15,10.
377 Canon 7. Si quelqu'un affirme
qu'il peut par la seule force de la nature concevoir, comme il
convient, une bonne pensée touchant le salut de la vie éternelle ou
la choisir ou donner son assentiment à la prédication du salut de
l'Évangile, sans l'illumination et l'inspiration du Saint-Esprit qui
donne à tous son onction lorsqu'ils adhèrent et croient à la vérité,
il est trompé par un esprit d'hérésie et ne comprend pas la parole
que Dieu a dite dans l'Évangile : « Sans moi vous ne pouvez rien
faire » Jn 15,5, ni ce mot de l'Apôtre : « Ce n'est pas que
nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme
venant de nous, mais c'est de Dieu que vient toute notre capacité »
2Co 3,5.
378 Canon 8. Si quelqu'un prétend que
certains peuvent arriver à la grâce du baptême par la miséricorde,
d'autres par le libre arbitre, dont il est clair qu'il est vicié en
tous ceux qui sont nés de la prévarication du premier homme, il
démontre qu'il est étranger à la vraie foi. Il affirme en effet que
ce libre arbitre n'a pas été affaibli en tous par le péché du
premier homme, ou au moins il croit qu'il a été lésé seulement, de
telle sorte que néanmoins certains hommes peuvent encore
d'eux-mêmes, sans révélation divine, conquérir le mystère du salut
éternel. Combien cette doctrine est contraire, le Seigneur le
montre, qui atteste que ce ne sont pas certains mais personne qui
peut venir à lui « si le Père ne l'a attiré » (Voir Jn 6,44),
comme il dit aussi à Pierre : « Tu es bienheureux, Simon, fils de
Jonas, parce que ce ne sont pas la chair et le sang qui te l'ont
révélé mais mon Père qui est dans les cieux » Mt 16,17 ;
l'Apôtre dit aussi : « Personne ne peut dire : “Jésus est Seigneur”,
si ce n'est dans l'Esprit Saint ». 1Co 12,3.
379 Canon 9. « L'aide de Dieu. C'est
par un don de Dieu que nous avons de bonnes pensées, et que nous
préservons nos pas du mensonge et de l'injustice ; chaque fois en
effet que nous faisons le bien, Dieu opère en nous et avec nous pour
que nous opérions ».
380 Canon 10. L'aide de Dieu. Les
régénérés et les saints doivent eux aussi toujours implorer l'aide
de Dieu pour parvenir à la fin bonne ou pour pouvoir persévérer dans
le bien.
381 Canon 11. « Le caractère
d'obligation des voeux. Personne ne consacrerait dignement à Dieu
quoi que ce soit, s'il n'avait reçu de lui ce qu'il consacre » comme
il est écrit : « Et ce que nous avons reçu de ta main, nous te le
donnons » 1Ch 29,14.
382 Canon 12. « Comment Dieu nous
aime. Dieu nous aime tels que nous serons par son don, non tels que
nous sommes par notre mérite ».
383 Canon 13. Le rétablissement du
libre arbitre. Le libre arbitre blessé dans le premier homme ne peut
être rétabli que par la grâce du baptême ; « ce qui a été perdu,
celui-là seul peut le rendre qui a pu le donner. Aussi la Vérité
elle-même dit : “Quand le Fils vous aura délivrés, alors vous serez
vraiment libres” » Jn 8,36.
384 Canon 14. « Nul misérable ne peut
être affranchi de sa misère, si grande qu'elle soit, s'il n'est
prévenu par la miséricorde de Dieu », comme le dit le Psalmiste :
« Que ta miséricorde vienne vite au-devant de moi, Seigneur »
Ps 78,8 et encore : « Mon Dieu, sa miséricorde viendra au-devant
de moi » Ps 58,11.
385 Canon 15. « Par rapport à l'état
dans lequel Dieu l'avait formé, Adam a été changé mais en pire, par
son iniquité. Par rapport à l'état dans lequel l'iniquité l'a fait,
le fidèle est changé, mais en mieux, par la grâce de Dieu. Le
premier changement est dû au premier pécheur, le second “changement”
selon le Psalmiste, “est dû à la droite du Très-Haut” » (voir
Ps 77,11).
386 Canon 16. « Nul ne doit se
glorifier de ce qu'il possède comme s'il ne l'avait pas reçu d'un
autre, ou croire l'avoir reçu simplement parce qu'une lettre est
apparue de l'extérieur pour être lue, ou a résonné pour être
entendue. Car comme le dit l'Apôtre : “Si la justice vient de la
loi, alors le Christ est mort en vain” Ga 2,21 : “montant en
haut il a emmené captive la captivité, il a donné ses dons aux
hommes” (voir Ep 4,8 ; Ps 68,19. Tout ce qu'on possède, on le
tient de là ; quiconque nie l'avoir reçu de là ne le possède pas
vraiment ou se verra enlever ce qu'il possède » Mt 25,29.
387 Canon 17. « La force chrétienne.
La force des païens est produite par la cupidité terrestre mais la
force des chrétiens l'est par la grâce de Dieu » « répandue dans nos
cœurs », non par la volonté du libre arbitre qui vient de nous, mais
« par l'Esprit Saint qui nous a été donné »Rm 5,5 .
388 Canon 18. « On ne peut prévenir
la grâce par aucun mérite. Aux bonnes oeuvres, s'il en est, la
récompense est due ; mais la grâce, qui n'est pas due, précède pour
qu'elles soient ».
389 Canon 19. « Nul ne peut être
sauvé si Dieu ne fait pas miséricorde. Même si la nature humaine
était demeurée dans l'intégrité dans laquelle elle a été créée, elle
n'aurait pas pu la conserver elle-même sans le secours de son
créateur ; si donc elle ne peut garder, sans la grâce de Dieu, le
salut qu'elle a reçu, comment pourrait-elle, sans la grâce de Dieu,
réparer ce qu'elle a perdu ? »
390 Canon 20. « L'homme ne peut rien
de bon sans Dieu. Dieu fait dans l'homme beaucoup de choses bonnes
que l'homme ne fait pas ; mais l'homme ne fait aucune chose bonne
que Dieu ne lui ait donné de faire ».
391 Canon 21. « Nature et grâce. De
même qu'à ceux qui, voulant être justifiés par la Loi, tombèrent
hors de la grâce, l'Apôtre dit avec raison : “Si la justice vient de
la Loi, alors le Christ est mort en vain” Ga 2,21, de même on
dit avec raison à ceux qui pensent que la grâce, que la foi au
Christ recommande et reçoit, est la nature : si la justice vient de
la nature, “alors le Christ est mort en vain”. La Loi en effet était
déjà là et ne justifiait pas, et la nature aussi était là et ne
justifiait pas. C'est pourquoi le Christ n'est pas mort en vain,
afin que la Loi fût accomplie par celui qui a dit : “Je ne suis pas
venu détruire la Loi, mais l'accomplir” Mt 5,17, et afin que
la nature perdue par Adam fût réparée par celui qui a dit être venu
“pour chercher et sauver ce qui était perdu” » Lc 19,10.
392 Canon 22. « Ce qui est propre à
l'homme. Nul n'a en propre que le mensonge et le péché. Mais si
quelqu'un possède un tant soi peu de vérité et de justice, il le
tient de cette source divine vers laquelle, égarés dans le désert
d'ici-bas, nous devons soupirer pour que, humectés en quelque sorte
par elle de quelques gouttes, nous ne défaillions pas en chemin ».
393 Canon 23. « La volonté de Dieu et
de l'homme. C'est leur volonté que font les hommes, non celle de
Dieu, lorsqu'ils font ce qui déplaît à Dieu ; mais lorsqu'ils font
ce qu'ils veulent, pour servir la volonté divine, même si c'est en
voulant qu'ils font ce qu'ils font, c'est cependant la volonté de
celui qui prépare et ordonne ce qu'ils veulent »
394 Canon 24. « Les sarments de la
vigne. Les sarments sont dans la vigne sans rien donner à la vigne,
mais en recevant d'elle ce qui les fait vivre : car la vigne est
dans les sarments en sorte qu'elle leur fournit l'aliment nécessaire
à leur vie et qu'elle ne reçoit rien d'eux. Et c'est pourquoi l'un
et l'autre : avoir le Christ qui demeure en soi et demeurer dans le
Christ, sont utiles aux disciples, non au Christ. Car lorsqu'un
sarment a été coupé, un autre peut surgir de la racine vivante ;
mais celui qui a été coupé ne peut pas vivre sans la racine » (voir
Jn 15,5-8).
395 Canon 25. « L'amour dont nous
aimons Dieu. Aimer Dieu est entièrement un don de Dieu. Lui qui aime
sans être aimé, a donné de l'aimer. Sans plaire nous avons été aimés
afin qu'advienne en nous de quoi plaire. Car il a répandu dans nos
cœurs la charité, l'Esprit Rm 5,5 du Père et du Fils, Esprit
que nous aimons en même temps que le Père et le Fils ».
396 Ainsi, selon les sentences de la
sainte Écriture alléguées plus haut et les définitions des anciens
Pères, nous devons avec l'aide de Dieu, prêcher et croire que le
péché du premier homme a tellement dévié et affaibli le libre
arbitre que personne, depuis, ne peut aimer Dieu comme il faut ni
croire ni faire le bien pour Dieu si la grâce de la miséricorde
divine ne l'a prévenu. C'est pourquoi nous croyons qu'Abel le juste
et Noé et Abraham et Isaac et Jacob et toute la multitude des saints
d'autrefois, n'ont pas reçu cette admirable foi, dont saint Paul les
loue dans sa prédication He 11,1 (et ss), par la bonté de la
nature donnée primitivement à Adam, mais par la grâce de Dieu.
Cette grâce, nous savons et nous croyons que
pour tous ceux qui désirent être baptisés, même après la venue du
Seigneur, elle ne se trouve pas dans le libre arbitre, mais qu'elle
est conférée par la libéralité du Christ, selon la parole, déjà
souvent répétée, que saint Paul prêche : « Il vous a été donné non
seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour lui »,
Ph 1,29, et ceci : « Dieu qui a commencé en vous cette belle
œuvre la mènera à son terme jusqu'au jour de notre Seigneur »
Ph 1,6, et ceci : « C'est par la grâce que vous êtes sauvés,
moyennant la foi, et cela ne vient pas de vous ; c'est le don de
Dieu » Ep 2,8, et ce que l'Apôtre dit de lui-même : « Il m'a
été fait miséricorde, pour que je sois fidèle » 1Co 7,25 ;
1Co 1 ; 1Co 1,13 ; il ne dit pas : « parce que j'étais », mais
« pour que je sois ». Et ce texte : « Qu'as-tu que tu n'aies
reçu ? » 1Co 1 ; 1Co 4,7, et celui-ci : « Tout don de valeur
et tout cadeau parfait descend du Père des lumières » Jc 1,17,
et ceci : « Personne n'a rien qui ne lui ait été donné d'en haut »
Jn 3,27. Innombrables sont les témoignages des saintes
Écritures, qu'on pourrait citer pour prouver la grâce. Le souci de
la brièveté les a fait omettre ; à vrai dire, beaucoup de textes ne
seront pas utiles à qui un petit nombre ne suffit pas.
397 Nous croyons aussi, selon la foi
catholique, qu'après avoir reçu la grâce par le baptême tous les
baptisés peuvent et doivent accomplir, avec l'aide et la coopération
du Christ, tout ce qui concerne le salut de leur âme, s'ils veulent
fidèlement y travailler. Non seulement nous ne croyons pas que
certains hommes soient prédestinés au mal par la puissance divine,
mais s'il était des gens qui veuillent croire une telle horreur,
nous leur disons avec toute notre réprobation : anathème !
Nous confessons et nous croyons aussi pour
notre salut que, dans toute bonne oeuvre, ce n'est pas nous qui
commençons et qui sommes ensuite aidés par la miséricorde de Dieu,
mais que c'est lui, sans aucun bon mérite préalable de notre part,
qui d'abord nous inspire et la foi et l'amour, pour que nous
recherchions fidèlement le sacrement du baptême et qu'après le
baptême nous puissions accomplir avec son aide ce qui lui plaît.
C'est pourquoi nous devons croire très nettement que la foi si
admirable du larron appelé par le Seigneur à la patrie du paradis
Lc 23,43, celle du centurion Corneille à qui l'ange du Seigneur
fut envoyé Ac 10,3 et celle de Zachée qui mérita de recevoir
le Seigneur en personne Lc 9,6, ne fut pas un don de la
nature, mais un don de la libéralité de la grâce divine.
BONIFACE II : 22 septembre 530 – 17 octobre 532
398 (Chap. 1) (...) Nous n'avons pas
tardé à donner une réponse catholique à la requête que tu as
composée avec un souci louable de la foi. Tu rapportes en effet que
certains évêques des Gaules acquiescent certes au fait que tous les
autres biens proviennent de la grâce de Dieu, mais qu'ils entendent
que la foi par laquelle nous croyons au Christ relève de la nature
et non pas de la grâce ; et — chose qu'il est impie de dire — elle
serait restée pour les hommes depuis Adam au pouvoir du libre
arbitre, et même maintenant, elle ne serait pas conférée à chacun
par la libéralité de la miséricorde divine ; tu demandes que, pour
écarter toute ambiguïté, nous confirmions par l'autorité du Siège
apostolique cette profession de foi par laquelle, au contraire, vous
définissez que la juste foi dans le Christ et le commencement de
toute volonté bonne sont inspirés, selon la vérité catholique, aux
sens de chacun par la grâce prévenante de Dieu.
399 (Chap. 2). Et parce qu'il est
avéré que de nombreux pères, et avant tous les autres l'évêque
Augustin de bienheureuse mémoire, mais également nos prédécesseurs,
évêques du Siège apostolique, en ont traité si amplement que
désormais il ne devrait faire de doute pour personne que la foi
elle-même aussi nous vient de la grâce, nous avons pensé pouvoir
renoncer à une réponse développée ; d'autant que selon les propos de
l'Apôtre que tu as cités et dan lesquels il dit : « J'ai obtenu la
miséricorde d'être croyant » 1Co 7,25, et ailleurs : « Il
vous a été donné, à propos du Christ, non seulement de croire, mais
également de souffrir pour lui » Ph 1,29, il apparaît avec
évidence que la foi par laquelle nous croyons en Christ, tout comme
tous les biens, sont accordés à chaque homme en raison du don de la
grâce d'en haut et non en raison du pouvoir de la nature humaine.
Et cela nous nous réjouissons de ce que ta
Fraternité également, en tenant colloque avec certains prêtres des
Gaules, l'ait pensé conformément à la foi catholique : à savoir au
sujet de ces points pour lesquels ils ont défini d'un consentement
unanime, ainsi que tu l'as rapporté, que la foi avec laquelle nous
croyons en Christ est conférée par la grâce prévenante de la
divinité ; ajoutant même que selon Dieu il n'y a absolument rien de
bon que quelqu'un pourrait vouloir, ou commencer, ou faire, ou mener
à son terme sans la grâce de Dieu, puisque notre Sauveur dit :
« Sans moi vous ne pouvez rien faire » Jn 15,5. Car il est
certain et catholique que pour tous les biens, dont le plus éminent
est la foi, même lorsque nous ne voulons pas encore, la miséricorde
de Dieu nous prévient pour que nous voulions, elle est en nous
lorsque nous voulons, et même suit pour que nous demeurions dans la
foi, comme le dit le prophète David : « Mon Dieu, sa miséricorde me
devancera » Ps 59,11 ; et encore : « Ma miséricorde est avec
lui » Ps 89,25 ; et ailleurs : « Sa miséricorde me suit »
Ps 23,6. De même le bienheureux Paul dit aussi : « Qui lui a
donné le premier, pour qu'il lui soit donné en retour ? Car tout est
de lui, et par lui, et en lui » Rm 11,35 (et ss.).
400 C'est pourquoi nous nous étonnons
beaucoup de ce que ceux qui pensent à l'opposé sont accablés jusqu'à
aujourd'hui encore par les restes de l'ancienne erreur, en sorte
qu'ils croient qu'on vient au Christ non pas par le bienfait de
Dieu, mais par celui de la nature ; et ils disent que le bien de la
nature elle-même qui, on le sait, a été corrompu par le péché
d'Adam, est davantage l'auteur de notre foi que le Christ ; et ils
ne comprennent pas qu'ils contredisent la parole du Seigneur qui
dit : « Personne ne vient à moi, à moins que cela lui ait été donné
par mon Père » Jn 6,44 ; mais qu'ils s'opposent également au
bienheureux Paul qui s'écrie à l'adresse des Hébreux : « Courons
vers le combat qui nous est proposé, en considérant celui qui est
l'auteur et le consommateur de la foi, Jésus Christ, He 12,1
(et ss). Puisqu'il en est ainsi, nous ne pouvons pas trouver ce
qu'ils veulent attribuer à la volonté humaine, sans la grâce de
Dieu, pour la foi au Christ, puisque le Christ est l'auteur et le
consommateur de la foi. — (Chap. 3) C'est pourquoi... nous
approuvons votre profession de foi écrite plus haut comme
s'accordant avec les règles catholiques des pères.
JEAN II : 2 Janvier 533 – 8 mai 535
401 (L'empereur Justinien) a fait
savoir que des controverses avaient surgi à propos des trois
questions suivantes : (I) Si le Christ notre Dieu peut être dit « un
de la Trinité », c'est-à-dire une personne sainte des trois
personnes de la sainte Trinité. (II) Si le Christ Dieu, impassible
selon la divinité, a souffert dans la chair. (III) Si Marie,
toujours vierge, doit être appelée proprement et véritablement Mère
de notre Seigneur et Dieu le Christ...
(L'expression « un de la Trinité a souffert »).
Que le Christ est vraiment un de la sainte Trinité, c'est-à-dire une
sainte personne ou substance, que les Grecs appellent hypostase, des
trois personnes de la sainte Trinité, nous les montrons clairement
par ces témoignages (sont cités entre autres Gn 3,22 ; 1Co 8,6
la profession de foi de Nicée Canon 125-126.
(Le Christ, « Dieu qui a souffert dans la
chair »). Mais que Dieu a souffert dans la chair, nous voulons
malgré tout le confirmer par ces témoignages Dt 28,66 ; Jn 14,6 ;
Ml 3,8 ; Ac 3,15 ; Ac 20,28 ; 1Co 2,8 Cyrille d'Alexandrie,
anathème 12 Canon 263 ; Léon 1er, Tome à Flavien
Canon 290-295 ; entre autres).
(Le titre « Mère de Dieu »). Nous enseignons
qu'il est juste que Marie, glorieuse, sainte et toujours vierge,
soit appelée par les catholiques, en un sens propre et véritable,
Mère de Dieu et Mère de Dieu le Verbe incarné en elle. Car, en un
sens propre et véritable, c'est le même, incarné en ces derniers
temps, qui a daigné naître de la sainte et glorieuse Vierge sa mère.
C'est pourquoi, le Fils de Dieu s'étant, en un sens propre et
véritable, incarné en elle et étant né d'elle, nous confessons qu'en
un sens propre et véritable elle est la Mère de Dieu qui s'est
incarné et qui est né d'elle. En un sens propre, pour qu'on ne croie
pas que le Seigneur Jésus ait reçu le nom de Dieu comme un titre
d'honneur ou de faveur, comme l'a pensé Nestorius en sa sottise. En
un sens véritable, pour qu'on ne croie pas qu'il ait pris une chair
imaginaire ou irréelle en quelque façon, comme l'a affirmé Eutychès
en son impiété.
402 (Résumé de la christologie) Par
là est donc montré clairement ce qu'attendait l'empereur, ce à quoi
est attachée l'Église romaine et qu'elle tient en honneur, à savoir
que le Christ notre Seigneur, comme nous l'avons souvent dit, est
l'un de la sainte Trinité, qu'il doit être reconnu comme de deux
natures, c'est-à-dire complet dans la divinité et dans l'humanité,
la chair n'ayant pas existé auparavant pour s'unir ensuite au Verbe,
mais recevant en Dieu Verbe lui-même le commencement qui la fait
exister. Pour la raison en effet que la chair du Verbe a pris son
commencement du corps de la mère, les propriétés et la vérité de
chacune des natures, à savoir de la divinité et de l'humanité, étant
sauves (voir 293), nous confessons de façon catholique Fils
de Dieu notre Seigneur Jésus Christ, tout changement et toute
confusion ultérieurs étant écartés. Car nous ne reconnaissons les
natures en lui qu'en considérant et en confessant les différences de
la divinité et de l'humanité. Mais par le fait que nous parlons de
deux natures nous ne reconnaissons pas deux personnes dans le
Christ, de telle façon que nous semblions opérer une division de
l'union et qu'il y ait — loin de nous une telle pensée ! — une
quaternité et non une trinité, comme le pense Nestorius dans sa
folie ; et nous ne confondons pas non plus ces natures unies lorsque
nous confessons l'unique personne du Christ, comme le pense Eutychès
dans son impiété. Mais tout comme l'Église romaine a reçu et vénéré
jusqu'ici le Tomus du pape Léon et toutes ses lettres, ainsi que les
quatre conciles de Nicée, de Constantinople, le premier d'Ephèse et
celui de Chalcédoine, nous les suivons, nous les embrassons et nous
les observons.
AGAPET Ier : 13mai 535 – 22avril
536
SILVERE : 1er juin 536 – 11 novembre 537
VIGILE : 11 novembre 537 – 7 juin 555
A l'instigation de l'impératrice
Théodora le pape Silvère fut déposé, et le 29 mars Vigile fut
déclaré son successeur. Ce n'est qu'après que Silvère eut
démissionné le 11 novembre que Vigile fut légitime.
403 1. Si quelqu'un dit ou pense que
les âmes des hommes préexistent, en ce sens qu'elles étaient
auparavant des esprits et de saintes puissances qui, lassées de la
contemplation de Dieu, se seraient tournés vers un état inférieur ;
que, pour ce motif, s'étant refroidies ( ) dans leur amour de Dieu
et dès lors ayant été appelées âmes ( ), elles auraient été
envoyées dans des corps pour leur châtiment, qu'il soit anathème.
404 2. Si quelqu'un dit ou tient que
l'âme du Seigneur a d'abord existé et qu'elle a été unie au Dieu
Verbe avant de s'incarner et de naître de la Vierge, qu'il soit
anathème.
405 3. Si quelqu'un dit ou tient que
le corps de notre Seigneur Jésus Christ a d'abord été formé dans le
sein de la sainte Vierge et qu'ensuite Dieu le Verbe et l'âme, déjà
existante, lui ont été unie, qu'il soit anathème.
406 4. Si quelqu'un dit ou tient que
le Verbe de Dieu est devenu semblable à tous les ordres célestes, en
devenant un chérubin pour les chérubins et un séraphin pour les
séraphins, en devenant semblable à toute les puissances d'en haut,
qu'il soit anathème.
407 5. Si quelqu'un dit ou tient que
lors de la résurrection, les corps des humains ressusciteront en
forme de sphère, et ne confesse pas que nous ressuscitons debout,
qu'il soit anathème.
408 6. Si quelqu'un dit ou tient que
le ciel, le soleil, la lune, les étoiles et les eaux qui sont
au-dessus des cieux sont des forces animées et raisonnables
(matérielles), qu'il soit anathème.
409 7. Si quelqu'un dit ou tient que
le Christ Seigneur sera dans le siècle à venir crucifié pour les
démons, comme pour les hommes, qu'il soit anathème.
410 8. Si quelqu'un dit ou tient que
la puissance de Dieu est limitée, ou qu'il a créé autant qu'il
pouvait étreindre et penser, ou que les créatures sont coéternelles
à Dieu, qu'il soit anathème.
411 9. Si quelqu'un dit ou pense que
le châtiment des démons et des impies est temporaire, et qu'il
prendra fin après un certain temps, ou bien qu'il y aura
restauration des démons et des impies, qu'il soit anathème.
Le pape qui s'était enfui à
Chalcédoine pour échapper à l'empereur, s'oppose par ces lettres aux
menées monophysites de l'empereur.
412 Que tous sachent par conséquent
que nous prêchons, tenons et proclamons cette foi qui a été
transmise par les apôtres et gardée inviolée par leurs successeurs,
que le vénérable synode des 318 pères de Nicée a reçu avec la
lumière du Saint-Esprit et à laquelle il a donné la forme d'un
symbole, et qu'ont publiée ensuite les trois autres saints synodes,
à savoir ceux de Constantinople... d'Ephèse... de Chalcédoine.
413 C'est ainsi que notre Seigneur,
contre la sauvagerie des erreurs de cette sorte, a équipé du haut du
ciel le ministère pastoral qu'il a confié au bienheureux apôtre
Pierre par une triple injonction en disant : « Pais mes agneaux »
Jn 5. Et c'est à juste titre que le soin de les paître a été
confié à celui dont la profession de foi excellente a été louée par
la bouche du Seigneur. ... dans la brièveté admirable d'une question
et d'une réponse il a confessé qu'un seul et même (Christ) est Fils
d'homme et Fils de Dieu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu
vivant ». Mt 16,16, exprimant par là le mystère de la très
sainte Incarnation, puisque dans l'unité de la personne et en
gardant la propriété des deux natures il était à la fois homme et
Dieu, et qu'il demeurait ce qu'il a pris dans le temps de sa mère
toujours vierge et ce qu'il est avant les siècles en étant né du
Père.
Mais en s'unissant la chair, sans confusion,
sans division, sans changement et substantiellement, Dieu Verbe,
notre Emmanuel qui était attendu grâce à l'annonce de la Loi et des
prophètes, est venu. « Le Verbe s'est donc fait chair et il a habité
parmi nous », Jn 1,14, tout entier dans ce qui est sien, tout
entier dans ce qui est nôtre, prenant du sein maternel une chair
avec une âme rationnelle et intellectuelle...
Il a pris un commencement dans l'humanité pour
faire de nous les cohéritiers de son éternité ; il a daigné partager
le sort de notre nature pour nous faire participer à son
immortalité ; il est devenu pauvre bien qu'il fût riche pour que
nous soyons enrichis par sa pauvreté (voir 2Co 8,9) ; il a
annulé le document accusateur de nos forfaits et a pardonné tout ce
qui est nôtre (voir Col 2,13 s)..., faisant en sorte... que
le « médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Jésus Christ »
1Tm 2,5 libère de la malédiction dans laquelle le premier homme,
terrestre, était tenu captif des liens de la mort, en étant le
deuxième homme, céleste 1Co 15,47 qui écrase la mort par la
mort.
414 Le Fils de Dieu a souffert pour
nous, a été crucifié dans la chair, est mort dans la chair et est
ressuscité le troisième jour afin que, puisque la nature divine
impassible demeurait et que la vérité de notre chair était
maintenue, nous professions aussi bien les souffrances que les
miracles de l'unique et même Seigneur, notre Dieu Jésus Christ, afin
que en considérant la glorification de notre Tête, ce que le corps
de toute l'Église a discerné en prémices d'entre les morts dans
notre Tête, à savoir dans le Christ Dieu et Seigneur, il l'attende
aussi en ceux qui sont ses membres pour la venue de la gloire
future. Notre rédempteur lui-même par conséquent siège à la droite
du Père, un seul et même sans confusion des deux natures, sans
division de la personne, et demeurant, nous le croyons, de deux
natures et en deux natures, et de là il viendra juger les vivants et
les morts.
415 Mais le Père est avec ce même
Fils unique engendré et avec l'Esprit Saint un seul dans la divinité
et d'une nature égale et sans distinction. La plénitude de cette
foi, notre Seigneur l'a commandée aux apôtres après la résurrection
en disant : « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au
nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint » Mt 28,19 Il dit
« au nom », il n'a pas dit « aux noms », afin que en ceux en qui il
y a une unique force, une unique puissance, une unique divinité, une
unique éternité, une unique gloire unique toute-puissance, une
unique béatitude, une unique opération et une unique nature, demeure
aussi l'intégrité d'un unique nom. Car rien dans la divinité n'est
différent, puisque seule la propriété manifeste des personnes est
désignée par la distinction. Tout donc qu'est la Trinité demeure une
divinité consubstantielle et sans différence.
416 1. Si quelqu'un,
l'inconvertibilité de la nature divine étant sauve, ne confesse pas
que le Verbe s'est fait chair et que, dès sa conception même dans le
sein de la Vierge, il s'est uni selon l'hypostase les principes de
la nature humaine, mais dit que Dieu le Verbe était comme avec un
homme déjà existant, si bien qu'ainsi on ne croira pas que la sainte
Vierge est vraiment Mère de Dieu, mais que cette appellation n'est
que verbale, qu'il soit anathème.
417 2. Si quelqu'un nie que l'unité
des natures dans le Christ est faite selon l'hypostase, mais dit au
contraire que Dieu le Verbe habite dans un homme ayant une existence
séparée comme dans un des justes, et dès lors ne confesse pas
l'unité des natures selon l'hypostase, en sorte que Dieu le Verbe
est demeuré et demeure, avec la chair qu'il a assumée, une seule
hypostase ou personne, qu'il soit anathème.
418 3. Si quelqu'un, dans l'unique
Christ, divise les paroles de l'Évangile et des apôtres, en sorte
qu'il introduit ainsi une division des natures qui sont unies en
lui, qu'il soit anathème.
419 4. Si quelqu'un dit que l'unique
Jésus Christ, vrai Fils de Dieu et vrai Fils d'homme, était dans
l'ignorance de l'avenir ou du jour du jugement dernier, et qu'il n'a
pu savoir que ce que la divinité habitant en lui comme dans
quelqu'un d'autre lui révélait, qu'il soit anathème.
420 5. Si quelqu'un, à propos du
passage de l'Apôtre dans l'épître aux Hébreux He 5,7 s, où il
est dit que le Christ a connu par expérience ce qu'était obéir, et
présenté, dans un grand cri et des larmes, des prières et des
supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, attribue ce
passage au Christ comme dépouillé de sa divinité, devenu parfait par
les efforts de la vertu, de sorte qu'il semble introduire ainsi deux
Christs ou deux Fils ; et s'il ne croit pas qu'il faut confesser et
adorer un seul et même Christ, Fils de Dieu et Fils d'homme, de deux
natures et en deux natures inséparables et indivisées, qu'il soit
anathème.
·
4e
concile de Tolède, commencé le 5 décembre 633 : chapitres.
485 (Chap. 1) Conformément aux
Écritures divines et à la doctrine que nous avons reçues des saints
Pères, nous confessons que le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont
d'une unique divinité et substance ; croyant en la trinité dans la
diversité des personnes et prêchant l'unité dans la divinité, nous
ne confondons pas les personnes et nous ne séparons pas non plus la
substance. Nous disons que le Père n'a été engendré par personne,
nous affirmons que le Fils n'a pas été fait par le Père, mais
engendré ; de l'Esprit Saint nous confessons qu'il n'a été ni fait
ni engendré, mais qu'il procède du Père et du Fils ; notre Seigneur
Jésus Christ lui-même, le Fils de Dieu et créateur de tout, a été
engendré avant les siècles de la substance du Père, dans les
derniers temps, pour la Rédemption du monde, il est descendu du
Père, lui qui n'a jamais cessé d'être avec le Père ; il s'est
incarné en effet de l'Esprit Saint et de la sainte et glorieuse
Vierge Marie, Mère de Dieu, et seul il est né d'elle ; le même
Seigneur Jésus Christ, l'un de la sainte Trinité, a pris l'homme
complet dans son âme et sa chair, sans péché, restant ce qu'il
était, assumant ce qu'il n'était pas, égal au Père selon la
divinité, moindre que le Père selon l'humanité, ayant en une unique
personne les propriétés des deux natures ; il y avait en effet en
lui deux natures, Dieu et homme : non pas deux fils et deux dieux,
mais le même était une seule personne dans les deux natures ; il a
enduré la Passion et la mort pour notre salut, non pas dans la force
de la divinité, mais dans la faiblesse de l'humanité ; il est
descendu aux enfers pour délivrer les saints qui y étaient retenus,
et ayant vaincu le pouvoir de la mort, il est ressuscité ; monté
ensuite aux cieux, il viendra dans l'avenir pour juger les vivants
et les morts ; purifiés par sa mort et par son sang, nous avons
obtenu la rémission des péchés, pour être ressuscités par lui au
dernier jour dans la chair dans laquelle nous vivons maintenant, et
dans la forme dans laquelle le Seigneur est ressuscité ; les uns
recevront de lui la vie éternelle pour les mérites de la justice,
les autres la condamnation à la peine éternelle pour leurs péchés.
Telle est la foi de l'Église catholique, cette profession de foi
nous la gardons et la tenons, et quiconque la gardera très fermement
aura le salut éternel.
486 (Chap. 17) L'autorité de nombreux
conciles et les décrets synodiques des saints évêques romains
attribuent le livre de l'Apocalypse à l'évangéliste Jean, et ont
commandé qu'il soit reçu parmi les livres divins. Et parce qu'il en
est beaucoup qui ne reçoivent pas son autorité et qui négligent de
l'annoncer dans l'Église de Dieu, si quelqu'un désormais soit ne le
reçoit pas, soit ne l'annonce pas dans l'Église durant les messes de
Pâques à Pentecôte, il sera excommunié.
487 Sous la conduite de Dieu nous
parviendrons à la mesure de la juste foi que les apôtres de la
vérité ont répandue par la règle des saintes Écritures : confessant
que le Seigneur Jésus Christ, médiateur de Dieu et des hommes
1Tm 2,5, a opéré ce qui est divin moyennant l'humanité unie au
Verbe de Dieu selon la nature (grec : selon l'hypostase) et que le
même a opéré ce qui est humain par la chair assumée de façon
ineffable et unique et remplie par la divinité de façon distincte
(grec : sans distinction), sans confusion et sans changement... en
sorte que manifestement, avec un très grand étonnement de l'esprit,
on reconnaît que (la chair capable de souffrance) s'unit (à la
divinité), tandis que les différences des deux natures demeurent de
façon admirable...
C'est pourquoi nous confessons, également une
seule volonté de notre Seigneur Jésus Christ, parce que de fait
notre nature, non pas la faute, a été assumée par la divinité : à
savoir cette nature qui a été créée avant le péché, et non celle qui
a été viciée après la transgression. Le Christ en effet... conçu de
l'Esprit Saint sans péché, est né de même sans péché de la Vierge
sainte et immaculée, Mère de Dieu, sans avoir connu aucun contact
avec la nature viciée... Car il n'y avait pas dans ses membres
d'autre loi, ni une volonté différente et contraire au Sauveur,
puisqu'il est né sans être soumis à la loi de l'humaine condition...
Que le Seigneur Jésus Christ, Fils et Verbe de
Dieu « par qui tout a été fait » Jn 1,3 soit lui-même
l'unique opérateur de la divinité et de l'humanité, les saintes
Écritures dans leur entier le démontrent clairement. Quant à savoir
si en raison des oeuvres de la divinité et de l'humanité il faut
dire ou concevoir une seule ou deux opérations dérivées, cela ne
doit pas nous importer ; nous laissons cela aux grammairiens qui ont
coutume de vendre aux petits enfants des termes acquis par
dérivation. Quant à nous, nous n'avons pas appris des Écritures que
le Seigneur Jésus Christ et son Esprit Saint a une seule ou deux
opérations, mais nous avons reconnu qu'il a opéré de façon
multiforme.
488 En ce qui concerne la doctrine de
l'Église et ce que nous devons tenir et enseigner, à cause de la
simplicité des hommes et pour mettre fin aux obscurités
inextricables des controverses..., nous devons non pas définir une
seule ou deux opérations dans le médiateur de Dieu et des hommes,
mais confesser que les deux natures, unies d'une unité de nature
dans l'unique Christ, opèrent et agissent chacune en lien avec
l'autre, c'est-à-dire que la divine opère ce qui est de Dieu, et
l'humaine accomplit ce qui est de la chair : enseignant que, sans
division et sans confusion ni changement, la nature de Dieu s'est
changée en l'homme, et la nature humaine en Dieu, mais confessant
que les différences des natures demeurent intactes.
Voulant donc... écarter le scandale de
l'invention nouvelle nous ne devons pas définir et prêcher une seule
ou deux opérations, mais au lieu de l'unique opération qu'affirment
certains, nous devons confesser en vérité l'unique Christ Seigneur
qui opère dans les deux natures ; et au lieu des deux opérations,
écartant le terme de double opération, il faut proclamer bien plutôt
avec nous que les deux natures elles-mêmes, c'est-à-dire celle de la
divinité et celle de la chair assumée, opèrent ce qui leur est
propre dans la personne unique du Fils unique de Dieu Père, sans
confusion, ni division, et sans changement.
·
6e
Concile de Tolède, commencé le 9 janvier 638.
490 Nous croyons et confessons la
Trinité très sainte et toute-puissante, le Père et le Fils et
l'Esprit Saint, un seul Dieu non solitaire, d'une seule essence,
force, puissance, majesté, et d'une unique nature, inséparablement
distincte dans les personnes, indistincte quant à l'essence dans la
substance de la divinité, créatrice de toutes les créatures ; le
Père, non engendré, incréé, est la source et l'origine de toute la
divinité ; le Fils a été engendré, non créé, par le Père
intemporellement avant toute créature sans commencement ; car le
Père n'a jamais existé sans le Fils, ni le Fils sans le Père,
cependant le Fils est Dieu à partir de Dieu Père, et le Père n'est
pas Dieu à partir de Dieu Fils, le Père du Fils n'est pas Dieu à
partir du Fils ; mais celui-ci est le Fils du Père et Dieu à partir
du Père, égal en tout au Père, vrai Dieu de vrai Dieu ; l'Esprit
Saint cependant n'est ni engendré ni créé, mais l'Esprit des deux
qui procède du Père et du Fils ; et par là ils sont un par la
substance, parce qu'un seul procède des deux. Mais dans cette
Trinité il est une telle unité de substance qu'elle est dénuée de
pluralité et qu'elle conserve l'égalité, et qu'elle n'est pas
moindre en chacune des personnes qu'en toutes, ni plus grande en
toutes qu'en chacune.
491 De ces trois personnes de la
divinité, nous le confessons, seul le Fils, pour la Rédemption du
genre humain, afin de supprimer les dettes du péché que nous avons
contractées au commencement par la désobéissance d'Adam, est sorti
du secret et du mystère du Père, et a assumé de Marie, la sainte
toujours Vierge, l'homme sans péché, en sorte que le même Fils de
Dieu Père est aussi Fils d'homme, Dieu parfait et homme parfait, en
sorte que l'unique Christ est homme et Dieu en deux natures, un seul
dans la personne, afin qu'à la Trinité ne vienne pas s'ajouter une
quaternité si dans le Christ la personne était dédoublée. Il est
donc inséparablement distinct du Père et de l'Esprit Saint par la
personne, mais de l'homme assumé, il l'est par la nature, et notre
Seigneur Jésus Christ est, comme nous l'avons dit, un seul de deux
natures et dans une seule personne, égal au Père dans la forme de la
divinité, moindre que le Père dans la forme d'esclave ; c'est à
partir de là qu'il faut comprendre sa parole dans le Psaume
Ps 22,11 : « Du sein de ma mère tu es mon Dieu ». Lui seul par
conséquent est né de Dieu sans mère, et né de la Vierge sans père,
et « Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous » Jn 1,14 ;
et bien que la Trinité entière ait coopéré à la formation de l'homme
assumé, parce que les œuvres de la Trinité sont inséparables, seul
cependant il a assumé l'homme dans la singularité de la personne,
non dans l'unité de la nature divine, en ce qui est propre au Fils,
non en ce qui est commun à la Trinité ; car s'il avait mêlé l'une en
l'autre la nature de l'homme et celle de Dieu, toute la Trinité
aurait assumé le corps, puisqu'il est établi que la nature de la
Trinité est une seule, mais non la personne.
492 Ce Seigneur Jésus Christ fut donc
envoyé par le Père, prenant ce qu'il n'était pas, et ne perdant pas
ce qu'il était, ne pouvant subir d'atteinte en raison de ce qui est
sien, mortel en raison de ce qui est nôtre, et il est venu dans ce
monde pour sauver les pécheurs et justifier ceux qui croient, et lui
qui faisait des miracles, il fut livré en raison de nos forfaits,
est mort pour notre expiation ; il est ressuscité pour notre
justification ; par ses blessures nous sommes sauvés Is 53,5,
réconciliés par sa mort avec Dieu le Père, et ressuscités par sa
Résurrection ; nous attendons aussi qu'il vienne à la fin des
siècles, pour, en même temps que la résurrection de tous, donner aux
justes leur récompense et aux impies leur châtiment, selon son très
juste jugement.
493 Nous croyons aussi que l'Église
catholique, sans tache dans son oeuvre ni ride Ep 5,23-27
dans la foi, est son corps, et qu'elle obtiendra le Règne avec sa
Tête, Jésus Christ le tout-puissant, après que cette réalité
corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et cette réalité
mortelle l'immortalité 1Co 15,43, « afin que Dieu soit tout
en tous' » 1Co 15,28 .
Par cette foi les coeurs sont purifiés
Ac 15,9 , par elle les hérésies sont extirpées, en elle l'Église
tout entière séjourne déjà dans le Règne céleste et se glorifie tant
qu'elle demeure dans le siècle présent ; et il n'est pas de salut
dans une autre foi : « Car il n'y a sous le ciel aucun nom offert
aux hommes dans lequel il faut que nous soyons sauvés » Ac 4,12.
SEVERIN : 28 mai – 2 août 640
JEAN IV : 24 décembre 640-12 octobre 642
496 Le patriarche Serge de
bienheureuse mémoire a fait savoir au pontife de la ville de Rome
susdit, de sainte mémoire (Honorius), que certains affirmaient qu'il
y avait dans notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ deux volontés
contraires ; ayant appris cela, ledit pape lui répondit que de même
que notre Sauveur est une unité unique, de même aussi il a été conçu
et est né miraculeusement au-dessus de tout genre humain. Et en
raison de sa sainte économie incarnée, il enseignait que notre
Rédempteur, de même qu'il est Dieu parfait est aussi homme parfait,
pour que, né sans aucun péché, il rétablisse la noblesse de l'état
originel que le premier homme avait perdu par la transgression. Il
est donc né comme le second Adam, n'ayant aucun péché, ni du fait de
la naissance, ni du fait de ses rapports avec les hommes ; car le
Verbe fait chair dans la ressemblance avec la chair de péché a pris
tout ce qui est nôtre, sans porter aucune culpabilité encourue de
par la transmission de la transgression....
L'unique et seul médiateur sans péché de Dieu
et des hommes est donc l'homme Christ Jésus 1Tm 2,5, qui a
été conçu et est né libre au milieu des morts. Dans l'économie de sa
chair sainte il n'avait donc jamais deux volontés opposées, et
jamais la volonté de sa chair n'a contredit la volonté de son
esprit...
Puisque donc nous savons qu'en lui, lorsqu'il
est né et qu'il était en rapport avec les hommes, il n'y avait
absolument aucun péché, nous déclarons, comme il convient, et nous
confessons en vérité une seule volonté dans l'humanité de son
économie sainte, et nous ne prêchons pas deux volontés contraires,
de l'esprit et de la chair, comme dans un simple homme, à la façon
dont manifestement le prétendent dans leur délire certains
hérétiques.
497 C'est de cette façon donc qu'il
apparaît... qu'il (le pape Honorius) a écrit (à Serge), à savoir que
dans notre Sauveur il n'y a d'aucune manière deux volontés opposées,
c'est-à-dire dans ses membres Rm 7,23 puisqu'il n'a contracté
aucun défaut de la transgression du premier homme.
Mais pour que nul, de moindre intelligence, ne
blâme (Honorius) de ce qu'il ne parle que de la nature humaine et
non pas également de la nature divine... celui qui en débat doit
savoir qu'il s'agit d'une réponse donnée à une question dudit
patriarche. Pour le reste aussi on a coutume d'appliquer l'aide de
la médecine là où se trouve la blessure. Et le bienheureux Apôtre
lui aussi, manifestement, l'a souvent fait lorsqu'il s'adaptait à
l'habitude des auditeurs ; tantôt, lorsqu'il parle de la nature la
plus éminente, il se tait totalement quant à la nature humaine ;
tantôt, traitant de l'économie humaine, il ne touche pas le mystère
de sa divinité...
498 Mon prédécesseur susdit disait
donc, dans son enseignement sur le mystère de l'Incarnation du
Christ, qu'il n'a pas existé en lui, comme en nous pécheurs, deux
volontés contraires, de l'esprit et de la chair. Ce que certains ont
retourné en leur propre conception, et ils ont pensé qu'il aurait
enseigné une seule volonté de sa divinité et de son humanité, ce qui
est totalement contraire à la vérité.
THEODORE Ier : 24 novembre 642 – 14 mai 649
MARTIN Ier : 5 juillet 649 – 17 juin 653 (16
septembre 655).
500 (Texte Latin)
et de même que nous confessons ses deux natures
unies sans confusion, de même aussi ses deux volontés naturelles, la
divine et l'humaine, pour confirmer parfaitement et sans
amoindrissement qu'un seul et même, Jésus Christ notre Seigneur et
Dieu, est vraiment Dieu parfait et homme parfait en toute vérité, et
qu'ainsi il a voulu et opéré divinement et humainement notre salut.
(Texte grec)
et de même que nous confessons ses deux natures
unies sans confusion ni division, de même conformément aux natures,
deux volontés, la divine et l'humaine, ainsi que deux opérations
naturelles, la divine et l'humaine, cela pour confirmer parfaitement
et sans omission que le même et unique Jésus Christ, notre Seigneur
et Dieu, est vraiment par nature Dieu parfait et homme parfait, à
l'exception du péché, et qu'ainsi il voulait et opérait divinement
et humainement notre salut.
501 Canon 1. Si quelqu'un ne confesse
pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, le Père
et le Fils et le Saint-Esprit, trinité dans l'unité et unité dans la
trinité, c'est-à-dire un seul Dieu en trois hypostases
consubstantielles et de même gloire, et pour les trois une seule et
même divinité, nature, substance, puissance, Seigneurie, royauté,
autorité, volonté, opération, incréée, sans commencement,
inconcevable, immuable, créatrice de tous les êtres et qui les
protège, qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, le Père et le Fils et
l'Esprit Saint, trinité dans l'unité et unité dans la trinité,
c'est-à-dire un seul Dieu en trois hypostases consubstantielles et
de même gloire, et pour les trois une seule et même divinité,
nature, puissance, seigneurie, royauté, autorité, volonté,
opération, souveraineté, incréée, sans commencement, sans limite,
immuable, créatrice des êtres et qui les tient ensemble dans sa
providence, qu'il soit condamné.
502 Canon 2. Si quelqu'un ne confesse
pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable qu'un de
la sainte, consubstantielle et adorable Trinité, Dieu le Verbe
lui-même, est descendu du ciel, s'est incarné de l'Esprit Saint et
de Marie toujours vierge, s'est fait homme dans la chair, a été
crucifié pour nous, a été enseveli, est ressuscité le troisième
jour, est monté au ciel et siège à la droite du Père ; reviendra
avec la gloire du Père avec la chair prise par lui et animée par
l'intellect, pour juger les vivants et les morts, qu'il soit
condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, que l'un de la sainte,
consubstantielle et adorable Trinité, Dieu Verbe lui-même est
descendu des cieux, s'est incarné de l'Esprit Saint et de Marie, la
toute sainte, toujours vierge, s'est fait homme, a été crucifié dans
la chair volontairement pour nous et notre salut, a souffert, a été
enseveli, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux et
siège à la droite du Père, avec la chair qu'il a prise et qui est
animée par l'intellect, pour juger les vivants et les morts, qu'il
soit condamné.
503 Canon 3. Si quelqu'un ne confesse
pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, Mère de
Dieu la sainte, toujours vierge et immaculée Marie, puisque c'est en
un sens propre et véritable Dieu Verbe lui-même, engendré de Dieu le
Père avant tous les siècles, qu'elle a, dans les derniers temps,
conçu du Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa
virginité demeurant inaltérable aussi après l'enfantement, qu'il
soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, Mère de Dieu la sainte,
toujours vierge, et immaculée Marie, puisque c'est en un sens propre
et véritable Dieu Verbe lui-même, engendré de Dieu le Père avant
tous les siècles, qu'elle a, dans les derniers temps, conçu du
Saint-Esprit sans semence et enfanté sans corruption, sa virginité
demeurant inaltérée aussi après l'enfantement, qu'il soit condamné.
504 Canon 4. Si quelqu'un ne confesse
pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, deux
naissances du seul et unique Jésus Christ, notre Seigneur et Dieu,
aussi bien avant les siècles de Dieu le Père, incorporelle et
éternelle, que de Marie, sainte et toujours vierge, Mère de Dieu,
corporelle, à la fin des temps, et un seul et même Jésus Christ,
notre Seigneur et Dieu, consubstantiel à Dieu Père selon la
divinité, et, consubstantiel à l'homme et à la mère selon
l'humanité, et le même capable de souffrir en la chair, ne pouvant
souffrir en la divinité, limité en son corps, illimité en sa
divinité, le même créé et incréé, terrestre et céleste, visible et
intelligible, concevable et inconcevable, pour que par le même, à la
fois homme complet et Dieu, fût restauré l'homme complet qui était
tombé au pouvoir du péché, qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, qu'il y a deux naissances du
seul et unique Jésus Christ notre Seigneur, l'une avant les siècles,
de Dieu le Père, incorporelle et éternelle, l'autre de Marie,
sainte, toujours vierge, dans la chair, dans ces derniers temps, et
un seul et même Jésus Christ notre Seigneur et Dieu, consubstantiel
à Dieu le Père selon la divinité, consubstantiel à la Vierge et mère
selon l'humanité, et le même capable de souffrir en la chair, ne
pouvant souffrir en la divinité, limité en son corps, illimité en
son esprit, le même incréé et créé, terrestre et céleste, visible et
intelligible, concevable et inconcevable, pour que par le même, à la
fois homme complet et Dieu, fût restauré l'homme complet qui était
tombé au pouvoir du péché, qu'il soit condamné.
505 Canon 5. Si quelqu'un ne confesse
pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, une
seule nature incarnée du Dieu Verbe, dans ce sens qu'on dit que
notre substance est devenue chair complètement et sans restriction
dans le Christ Dieu, à la seule exception du péché, qu'il soit
condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, que « une seule nature du
Dieu Verbe devenue chair » signifie, à travers l'expression
« devenue chair », la substance conforme à nous complètement et sans
restriction dans le Christ Dieu lui-même, à la seule exception du
péché, qu'il soit condamné.
506 Canon 6. Si quelqu'un ne confesse
pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que de
deux et en deux natures, substantiellement unies, sans confusion et
sans division, est un seul et même Seigneur et Dieu Jésus Christ,
qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, que de deux natures, divinité
et humanité, et en deux natures, divinité et humanité, unies selon
l'hypostase sans confusion et sans division, est un seul et même
Seigneur et Dieu Jésus Christ, qu'il soit condamné.
507 Canon 7. Si quelqu'un ne confesse
pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que la
différence substantielle des natures est sauvegardée en lui sans
confusion et sans division, qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, que la différence
substantielle des natures, après leur union ineffable par laquelle
existe le seul et unique Jésus Christ, est sauvegardée en lui sans
confusion et sans division, qu'il soit condamné.
508 Canon 8. Si quelqu'un ne confesse
pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que
l'union substantielle des natures est reconnue en lui sans division
et sans confusion, qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, que l'union des natures selon
la conjonction, ou, pour dire vrai, selon l'hypostase, à partir
desquelles existe le seul et unique Christ, est reconnue en lui sans
division et sans confusion, qu'il soit condamné.
509 Canon 9. Si quelqu'un ne confesse
pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que les
propriétés naturelles de sa divinité et de son humanité sont
sauvegardées en lui de façon constante et sans diminution, qu'il
soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, que les propriétés naturelles
de la divinité du Christ sont sauvegardées en lui de façon constante
et sans diminution pour confirmer vraiment qu'il est, le même, selon
la nature, Dieu parfait et homme parfait, qu'il soit condamné.
510 Canon 10. Si quelqu'un ne
confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et
véritable, deux volontés du même et unique Christ notre Dieu unies
dans un même accord, la divine et l'humaine, du fait que par chacune
de ses deux natures le même a voulu, par nature, notre salut, qu'il
soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, deux volontés du même et
unique Christ Dieu, unies dans un plein accord, la divine et
l'humaine, puisque selon chacune de ses deux natures il était, par
nature, à même de vouloir notre salut, qu'il soit condamné.
511 Canon 11. Si quelqu'un ne
confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et
véritable, deux opérations, unies dans un plein accord, du même et
unique Christ notre Dieu, la divine et l'humaine, puisque selon
chacune des deux natures il est, par nature, l'opérateur de notre
salut, qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, deux opérations du même et
unique Christ Dieu, unies dans un plein accord, la divine et
l'humaine, puisque selon chacune de ses deux natures il opère notre
salut, qu'il soit condamné.
512 Canon 12. Si quelqu'un confesse,
selon les hérétiques impies, une seule volonté et une seule
opération du Christ notre Dieu, et par là supprime ce que confessent
les saints Pères, et nie l'économie de celui qui est notre Sauveur,
qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un confesse, selon les hérétiques
impies, une seule nature, une seule volonté, une seule opération de
la divinité et de l'humanité du Christ, renversant ainsi ce que
confessent les saints Pères et niant l'économie de celui qui est
notre Sauveur, qu'il soit condamné.
513 Canon 13. Si quelqu'un selon les
hérétiques impies, alors que dans le Christ Dieu deux volontés et
deux opérations, la divine et l'humaine, sont sauvegardées
substantiellement dans l'unité et enseignées pieusement par nos
saints Pères, professe, contre la doctrine des saints Pères, une
seule volonté et une seule opération, qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un selon les hérétiques impies, en
même temps que les deux volontés et opérations, la divine et
l'humaine, qui en Christ Dieu sont sauvegardées substantiellement
dans l'unité et confessées pieusement par nos saints Pères, commande
de professer aussi, contre leur doctrine, une seule opération, qu'il
soit condamné.
514 Canon 14. Si quelqu'un, selon les
hérétiques impies, en même temps qu'une seule volonté et une seule
opération professées par les hérétiques dans leur impiété, nie et
repousse également les deux volontés ainsi que les deux opérations,
c'est-à-dire la divine et l'humaine, qui dans le même Christ Dieu
sont sauvegardées dans l'unité et enseignées par les saints Pères,
qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un, selon les hérétiques impies, en
même temps qu'une seule volonté et une seule opération professées
par les hérétiques dans leur impiété dans le Christ Dieu, nie et
repousse également les deux volontés et les deux opérations,
c'est-à-dire la divine et l'humaine, qui dans le même Christ sont
sauvegardées physiquement dans l'unité et enseignées en lui de façon
orthodoxe par les saints Pères, qu'il soit condamné.
515 Canon 15. Si quelqu'un, selon les
hérétiques impies, considère dans sa folie l'opération
divino-humaine que les grecs appellent « théandrique » comme une
seule et même opération, mais ne la confesse pas, selon les saints
Pères, comme double, c'est-à-dire divine et humaine, ou considère
que cette nouvelle appellation « divino-humaine » désigne une seule
opération, mais ne signifie pas l'union admirable et glorieuse des
deux, qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un, selon les hérétiques impies,
considère dans sa folie l'opération théandrique comme une seule mais
ne le confesse pas, selon les saints Pères, comme double,
c'est-à-dire divine et humaine, ou considère que cette nouvelle
appellation « théandrique » désigne une seule opération, mais ne
signifie pas l'union admirable et surnaturelle des deux, qu'il soit
condamné.
516 Canon 16. Si quelqu'un, selon les
hérétiques impies, pour abolir les deux volontés et les deux
opérations, c'est-à-dire la divine et l'humaine, qui en Christ sont
sauvegardées substantiellement dans l'union et ont été enseignées
pieusement par les saints Pères, lie dans sa folie des oppositions
et des divisions au mystère de son économie, et pour cette raison ne
rapporte pas les paroles évangéliques et apostoliques sur ce même
Sauveur à la seule et même personne, et substantiellement le même
Seigneur Jésus Christ notre Dieu, conformément au bienheureux
Cyrille, pour qu'on voie qu'il est, le même, par nature Dieu et
homme, qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un, selon les hérétiques impies, pour
abolir les deux volontés et les deux opérations, la divine et
l'humaine, qui en Christ Dieu sont sauvegardées substantiellement
dans l'union et sont enseignées pieusement par les saints Pères,
introduit dans sa folie des oppositions et des divisions dans le
mystère, et pour cette raison n'attribue pas les paroles des
évangiles et des apôtres sur ce Sauveur au seul et même notre
Seigneur Jésus Christ, conformément au bienheureux Cyrille, pour
certifier que le même est par nature Dieu et vraiment homme, qu'il
soit condamné.
517 Canon 17. Si quelqu'un ne
confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et
véritable, tout ce qui a été transmis et prêché à la sainte Église
de Dieu, catholique et apostolique, tant par les saints Pères
eux-mêmes que par les cinq vénérables conciles universels, jusqu'au
dernier détail, dans les mots et dans l'esprit, qu'il soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un ne confesse pas, selon les saints
Pères, en un sens propre et véritable, tout ce qui a été transmis et
prêché à la sainte Eglise de Dieu, catholique et apostolique, tant
par les saints Pères eux-mêmes que par les cinq conciles
oecuméniques reconnus, jusqu'au dernier détail, dans les mots et
dans l'esprit, qu'il soit condamné.
518 Canon 18. Si quelqu'un ne rejette
pas et n'anathématise pas selon les saints Pères, en accord avec
nous et dans la même foi, de son âme et de sa bouche, tous ceux que
la sainte Église de Dieu, catholique et apostolique — c'est-à-dire
les cinq saints conciles universels et d'une manière concordante
tous les Pères de l'Église éprouvés — rejette et anathématise comme
hérétiques les plus abominables, avec tous leurs écrits impies,
jusqu'au dernier détail,
(Texte grec).
Si quelqu'un ne rejette pas et n'anathématise
pas selon les saints Pères, en accord avec nous et de la même foi,
de son âme et de sa bouche, tous ceux que la sainte Église de Dieu,
catholique et apostolique — c'est-à-dire les cinq saints conciles
œcuméniques et tous les Pères de l'Église reconnus qui pensent de
même — rejette et anathématise comme hérétiques impies, avec tous
leurs écrits impies, jusqu'au dernier détail,
519 à savoir, Sabellius, Arius,
Eunome, Macédonius, Apollinaire, Polémon, Eutychès, Dioscore,
Timothée Aelure, Sévère, Théodose, Colluthus, Themistius, Paul de
Samosate, Diodore, Théodore, Nestorius, le Perse Théodure, Origène,
Didyme, Evagre et tous les autres hérétiques pris ensemble...
(Texte grec)
à savoir, Sabellius, Arius, Eunome, Macédonius,
Apollinaire, Polémon, Eutychès, Dioscore, Timothée Aelure, Sévère,
Théodose, Colluthus, Themistius, Paul de Samosate, Diodore,
Théodore, Nestorius, le Perse Théodure, Origène, Didyme, Evagre et
tous les autres hérétiques pris ensemble...
520 si donc quelqu'un... ne rejette
pas et n'anathématise pas les doctrines très impies de leur hérésie
et ce qui a été écrit de façon impie par qui que ce soit en leur
faveur ou pour les expliquer, ainsi que les dits hérétiques, à
savoir Théodore, Cyrus, Serge, Pyrrhus et Paul... ou si quelqu'un
considère comme condamné ou même déposé un de ceux qui ont été
déposés et condamnés par ceux-là ou par d'autres qui leur sont
semblables parce qu'il ne pense aucunement la même chose que
ceux-là, mais confesse avec nous la doctrine des saints Pères, et
s'il ne le considère pas, bien au contraire... comme un combattant
pieux et orthodoxe de l'Église catholique et qu'il considère comme
tels bien plutôt ces impies et leurs décisions détestables à ce
sujet et leurs sentences nulles, sans effet et invalides, et plus
encore impies, exécrables et réprouvées, qu'un tel homme soit
condamné.
(Texte grec)
si donc quelqu'un... ne rejette pas et
n'anathématise pas les doctrines très impies de leur hérésie et ce
qui a été écrit de façon impie par qui que ce soit en leur faveur ou
pour leur défense ainsi que les dits hérétiques, à savoir Théodore,
Cyrus, Serge, Pyrrhus et Paul... ou si quelqu'un considère comme
déposé ou même condamné un de ceux qui ont été déposés ou condamnés
par ceux-là ou par d'autres qui pensent de même que ceux-là parce
qu'il ne pense pas ce qu'ils pensent, mais confesse avec nous la
doctrine des saints Pères, et s'il ne le considère pas, bien au
contraire... comme un combattant pieux et orthodoxe de l'Eglise
catholique et qu'il considère comme tels bien plutôt ces impies et
leurs décisions injustes à ce sujet et leurs sentences vaines, sans
effet et invalides, et plus encore impies, exécrables et réprouvées,
qu'un tel homme soit condamné.
521 Canon 19. Si quelqu'un professe
et pense manifestement ce que tiennent les hérétiques impies et
qu'il dit dans son impudence vaine que tels sont les enseignements
de la piété que ceux qui observent et servent la Parole —
c'est-à-dire les cinq saints conciles universels — ont transmis
depuis le commencement, et calomnie ainsi les saints Pères eux-mêmes
et les cinq saints conciles susmentionnés afin de tromper les
simples ou de défendre sa propre perfidie impie, qu'un tel homme
soit condamné.
(Texte grec).
Si quelqu'un pense et enseigne manifestement ce
que tiennent les hérétiques impies et qu'il dit dans sa
précipitation insensée que tels sont les enseignements de la piété
que ceux qui observent et servent la Parole — c'est-à-dire les cinq
saints conciles oecuméniques — ont transmis depuis le commencement,
et calomnie ainsi les saints Pères eux-mêmes et les cinq saints
conciles oecuméniques susmentionnés afin de tromper les simples et
de défendre sa propre foi erronée et impie, qu'un tel homme soit
condamné.
522 Canon 20. Si quelqu'un selon les
hérétiques impies, de quelque façon que ce soit... déplace de façon
illicite les bornes que les saints Pères de l'Église catholique —
c'est-à-dire les cinq saints conciles universels — ont déterminées
de façon irrévocable et recherche de façon téméraire des nouveautés
et des présentations d'une autre foi, ou des livres, ou des lettres,
ou des écrits, ou des signatures, ou de faux témoignages, ou des
synodes, ou des actes de débats, ou des ordinations vaines non
reconnues par les canons ecclésiastiques, ou des délégations qui ne
conviennent pas et sans fondement, et si d'une façon générale, comme
ont coutume de faire les hérétiques, quelqu'un fait quelque chose
d'autre par son activité diabolique et par des voies détournées et
rusées contre les prédications pieuses des orthodoxes de l'Église
catholique — c'est-à-dire de ses saints Pères et de ses synodes —
afin de détruire la confession sincère de notre Seigneur et Dieu
Jésus Christ, et qu'il persiste jusqu'à la fin, sans repentir, dans
ces agissements impies, qu'un tel homme soit condamné pour les
siècles des siècles, « et que tout le peuple dise : qu'il en soit
ainsi ». Ps 106,48.
(Texte grec).
Si quelqu'un selon les hérétiques impies, de
quelque façon que ce soit... déplace de façon illicite les bornes
que les saints Pères de l'Église catholique — c'est-à-dire les cinq
saints conciles oecuméniques — ont déterminés de façon irrévocable
et recherche de façon téméraire des nouveautés et des présentations
d'une autre foi, ou des formules, ou des lois, ou des statuts, ou
des livres, ou des rapports, ou des lettres, ou des écrits, ou des
signatures, ou de faux témoignages, ou des synodes, ou des actes de
débats, ou des impositions des mains vaines non reconnues par les
canons ecclésiastiques, ou des délégations ou délégués sans légalité
ou contraires aux canons, et si d'une façon générale, comme ont
coutume de faire les hérétiques impies, quelqu'un fait quelque chose
d'autre par son activité diabolique et par des voies détournées et
rusées contre les prédications pieuses et orthodoxes de l'Église
catholique — c'est-à-dire de ses Pères et de ses conciles — afin de
détruire la confession sincère de notre Seigneur et Dieu Jésus
Christ, et qu'il persiste jusqu'à la fin, sans repentir, dans ces
agissements impies, qu'un tel homme soit condamné pour les siècles
des siècles, « et que tout le peuple dise : qu'il en soit ainsi »
Ps 106,48.
EUGENE Ier : 10 août 654 – 2(3 ?) juin 657
VITALIEN : 30 juillet 657 – 27 janvier 672
ADEODAT II : 11 avril 672 – 17 (16 ?) juin 676

525 (1) Nous confessons et nous
croyons que la sainte et ineffable Trinité, Père, Fils et Esprit
Saint, est un seul Dieu par nature, d'une seule substance, d'une
seule nature, ainsi que d'une seule majesté et puissance.
(2) Et nous professons que le Père n'est ni
engendré ni créé, mais qu'il est inengendré. Il ne tire en effet son
origine de personne, lui de qui le Fils a reçu la naissance et
l'Esprit Saint la procession. Il est donc lui-même source et origine
de toute la divinité.
(3) Il est aussi le Père de sa propre essence,
lui qui de son ineffable substance a engendré ineffablement le Fils,
et cependant n'a pas engendré autre chose que ce qu'il est lui-même
(lui, le Père, à savoir son essence ineffable, a engendré aussi de
façon ineffable le Fils de sa substance) : Dieu (a engendré Dieu),
la lumière, la lumière, de lui donc est « toute paternité au ciel et
sur la terre » Ep 3,15.
526 (4) Nous affirmons aussi que le
Fils est né de la substance du Père sans commencement, avant les
siècles et cependant il n'a pas été fait : car ni le Père n'a jamais
existé sans le Fils, ni le Fils jamais sans le Père.
(5) Et cependant, le Père n'est pas du Fils
comme le Fils du Père, parce que le Père n'a pas reçu du Fils la
génération, mais le Fils l'a reçue du Père. Le Fils est donc Dieu
issu du Père, mais le Père n'est pas Dieu issu du Fils. Père du
Fils, il n'est pas Dieu par le Fils. Celui-ci est Fils du Père et
Dieu par le Père. Le Fils est cependant égal en toutes choses à
Dieu, le Père, parce qu'il n'a jamais ni commencé ni cessé de
naître.
(6) Nous croyons aussi qu'il a une seule
substance avec le Père ; c'est pourquoi on dit qu'il est homo ousios
au Père, c'est-à-dire de même substance que le Père ; en grec en
effet homos signifie « un » et ousia « substance » ; les deux mots
joints font « une seule substance ». On doit croire que le Fils a
été engendré et qu'il est né non de rien ni d'une autre substance,
mais du sein du Père, c'est-à-dire de sa substance.
(7) Eternel est donc le Père, éternel est le
Fils. Si le Père a toujours été, il a toujours eu un Fils dont il
était le Père ; c'est pourquoi nous confessons que le Fils est né du
Père sans commencement.
(8) Cependant ce même Fils de Dieu, de ce qu'il
a été engendré du Père, nous ne l'appelons pas une « partie de sa
nature divisée », mais nous affirmons que le Père parfait a engendré
son Fils parfait sans diminution ni division, parce qu'il appartient
à la divinité seule de n'avoir pas un Fils inégal.
(9) Ce Fils est Fils de Dieu par nature, non
par adoption, et nous devons croire que le Père ne l'a engendré ni
par volonté ni par nécessité, car en Dieu aucune nécessité n'existe
et la volonté ne précède pas la sagesse.
527 (10) Nous croyons aussi que
l'Esprit Saint, qui est la troisième personne dans la Trinité, est
Dieu, un et égal au Père et au Fils, de même substance et aussi de
même nature : il n'est cependant ni engendré ni créé, mais il
procède de l'un et de l'autre, il est l'Esprit de tous deux.
(11) Nous croyons aussi que l'Esprit n'est ni
inengendré, ni engendré, de sorte qu'on ne considère pas, si nous le
disons inengendré, que nous affirmons deux Pères, ou si nous le
disons engendré, que nous prêchons deux Fils ; cependant on ne dit
pas qu'il est seulement l'Esprit du Père mais à la fois l'Esprit du
Père et du Fils.
(12) Car il ne procède pas du Père vers le Fils
ni ne procède du Fils pour sanctifier les créatures, mais il
apparaît bien comme ayant procédé à la fois de l'un et de l'autre,
parce qu'il est reconnu comme la charité ou la sainteté de tous
deux.
(13) Nous croyons donc que le Saint-Esprit est
envoyé par les deux, comme le Fils l'est par le Père ; mais il n'est
pas considéré comme moindre que le Père et le Fils, à la manière
dont le Fils atteste qu'il est moindre que le Père et l'Esprit Saint
à cause de la chair qu'il a prise.
528 (14) Voici comment parler de la
sainte Trinité : on doit dire qu'elle n'est pas triple mais trine.
On ne peut dire justement que la Trinité soit en un seul Dieu mais
qu'un seul Dieu est Trinité.
(15) Dans les noms des personnes qui expriment
les relations, le Père est référé au Fils, le Fils au Père, le
Saint-Esprit aux deux : quand on parle des trois personnes en
considérant les relations, on croit cependant qu'ils sont une seule
nature ou substance.
(16) Nous n'affirmons pas trois substances
comme nous affirmons trois personnes, mais une seule substance et
trois personnes.
(17) En effet, le Père est Père, non par
rapport à lui-même mais par rapport au Fils ; le Fils est Fils, non
par rapport à lui-même, mais par rapport au Père. De même, le
Saint-Esprit ne se réfère pas par rapport à lui-même mais au Père et
au Fils, parce qu'il est appelé l'Esprit du Père et du Fils.
(18) De même, quand nous disons « Dieu », nous
n'exprimons pas une relation à un autre, comme celle du Père au Fils
ou du Fils au Père ou du Saint-Esprit au Père et au Fils mais
« Dieu » est dit spécialement en référence à lui-même.
529 (19) Si on nous interroge sur
chacune des personnes, nous devons confesser qu'elle est Dieu. On
dit que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu, que le Saint-Esprit
est Dieu, chacun en particulier ; cependant ce ne sont pas trois
dieux, mais un seul Dieu.
(20) De même, on dit que le Père est
tout-puissant, que le Fils est tout-puissant, que le Saint-Esprit
est tout-puissant ; cependant ce ne sont pas trois tout-puissants,
mais un seul Tout-Puissant, comme nous professons une seule lumière
et un seul principe.
(21) Nous confessons et croyons que chacune
personne en particulier est pleinement Dieu et que toutes trois sont
un seul Dieu : elles ont une divinité, une majesté, une puissance
unique, indivisée, égale, qui ne diminue pas en chacun et qui
n'augmente pas dans les trois ; car elle n'est pas moindre quand
chaque personne est appelée Dieu en particulier ; elle n'est pas
plus grande quand les trois personnes sont appelées un seul Dieu.
530 (22) Cette sainte Trinité, qui
est un seul vrai Dieu, n'est pas hors du nombre mais elle n'est pas
enfermée dans le nombre. Dans les relations des personnes, le nombre
apparaît ; dans la substance de la divinité, on ne peut saisir
quelque chose qu'on puisse dénombrer. Il y a donc indication de
nombre uniquement dans les rapports qu'elles ont entre elles, mais
il n'y a pas pour elles de nombre, en tant qu'elles sont référées à
elles-mêmes.
(23) Il faut donc un nom de nature à cette
sainte Trinité, tel qu'il ne puisse être utilisé au pluriel dans les
trois personnes. Pour cela nous croyons ce que l'Écriture dit :
« Grand est notre Seigneur et grande est sa puissance et sa sagesse
n'a pas de nombre » Ps 147,5.
(24) Ce n'est pas parce que nous disons que ces
trois personnes sont un seul Dieu, que nous pouvons dire que le Père
est le même que le Fils ou que le Fils est le Père, ou que celui qui
est le Saint-Esprit est le Père ou le Fils.
(25) Car celui qui est le Fils n'est pas le
Père, et celui qui est le Père n'est pas le Fils, ni le Saint-Esprit
n'est celui qui est le Père ou le Fils ; cependant, le Père est cela
même qu'est le Fils, le Fils cela même qu'est le Père, le Père et le
Fils cela même qu'est le Saint-Esprit, c'est-à-dire un seul Dieu par
nature.
(26) Car lorsque nous disons que le Père n'est
pas celui-là même qui est le Fils nous nous référons à la
distinction des personnes. Mais quand nous disons que le Père est
cela même qu'est le Fils, le Fils cela même qu'est le Père, le
Saint-Esprit cela même qu'est le Père et le Fils, nous exprimons que
cela appartient à la nature ou à la substance par laquelle Dieu est,
parce qu'ils sont substantiellement un : nous distinguons en effet
les personnes, mais nous ne divisons pas la divinité.
531 (27) Nous reconnaissons donc la
Trinité dans la distinction des personnes ; l'unité, nous la
professons à cause de la nature ou substance. Ces trois sont donc un
comme nature, non comme personne.
(28) Cependant il ne faut pas concevoir ces
trois personnes comme séparables, puisque nous croyons qu'aucune n'a
jamais existé, n'a jamais accompli quelque œuvre ni avant l'autre ni
après l'autre ni sans l'autre.
(29) Elles sont inséparables en effet aussi
bien en ce qu'elles sont qu'en ce qu'elles font, car entre le Père
qui engendre, le Fils lui est engendré et l'Esprit Saint qui
procède, nous ne croyons pas qu'il y ait quelque intervalle de temps
par lequel celui qui engendre aurait précédé un moment l'engendré,
ou l'engendré aurait manqué à celui qui engendre, ou le
Saint-Esprit, en procédant, serait apparu comme venant après le Père
et le Fils.
(30) C'est pourquoi nous déclarons et croyons
cette Trinité inséparable et distincte. Nous parlons de trois
personnes, selon ce qu'ont défini nos Pères, pour qu'elles soient
connues comme telles, non pour qu'elles soient séparées.
(31) Car si nous considérons ce que la sainte
Écriture dit de la Sagesse : « Elle est la splendeur de la lumière
éternelle » Sg 7,26, de même que nous voyons la splendeur ne
faire qu'un avec la lumière, inséparablement, de même nous
confessons que le Fils ne peut être séparé du Père.
(32) De même que nous ne confondons pas ces
trois personnes, dont la nature est une et inséparable, nous
déclarons aussi qu'elles ne sont absolument pas séparables.
532 (33) Car la Trinité elle-même a
daigné nous montrer cela si clairement que, même dans les noms dont
elle a voulu que chaque personne fut désignée, elle n'a pas permis
qu'on comprenne l'une sans l'autre : le Père en effet ne peut être
connu sans le Fils et le Fils n'est pas découvert sans le Père.
(34) La relation elle-même en effet, dans sa
dénomination personnelle, empêche de séparer les personnes et, quand
elle ne les nomme pas ensemble, elle les indique ensemble. Personne
ne peut entendre l'un de ces noms qu'il ne soit forcé de comprendre
aussi l'autre.
(35) Ces trois étant donc un et cet un étant
trois, chaque personne garde cependant sa propriété. Le Père a
l'éternité sans naissance, le Fils l'éternité avec la naissance, et
le Saint-Esprit la procession sans naissance, avec l'éternité.
533 (36) Nous croyons que, de ces
trois personnes, seule la personne du Fils a pris une nature humaine
véritable, sans péché, de la sainte et immaculée Vierge Marie, pour
la libération du genre humain ; il est né d'elle selon un nouvel
ordre, selon une nouvelle naissance : un nouvel ordre, parce que
invisible en sa divinité il paraît visible en la chair ; nouvelle
naissance, parce qu'une virginité intacte n'a pas connu le contact
de l'homme et a fourni la matière de son corps fécondé par l'Esprit
Saint.
(37) Cet enfantement de la Vierge, la raison ne
peut le comprendre ; aucun exemple ne l'éclaire. Si la raison le
comprend, il n'est pas admirable ; si des exemples l'éclairent, il
ne sera plus particulier.
(38) Il ne faut pas cependant croire que le
Saint-Esprit est le Père du Fils, du fait que Marie a conçu sous
l'ombre de ce même Saint-Esprit, car nous ne devons pas avoir l'air
d'affirmer que le Fils a deux Pères ; il est certainement impie de
le dire.
534 (39) Dans cette conception
admirable, la Sagesse, s'étant bâti une demeure, « le Verbe s'est
fait chair et il a habité, parmi nous » Jn 1,14. Cependant,
ce Verbe ne s'est pas transformé ni changé dans la chair, en sorte
que celui qui voulait être homme cessât d'être Dieu ; mais « Le
Verbe s'est fait chair » de telle sorte qu'il y a en lui non
seulement le Verbe de Dieu et la chair de l'homme, mais encore une
âme humaine raisonnable et que tout est appelé Dieu à cause de Dieu
et homme à cause de l'homme.
(40) Dans le Fils de Dieu, nous croyons qu'il y
a deux natures, celle de la divinité et celle de l'humanité, que
l'unique personne du Christ a unies en lui de telle sorte qu'il est
impossible de jamais séparer la divinité de l'humanité et l'humanité
de la divinité.
(41) Dès lors, le Christ est Dieu parfait et
homme parfait dans l'unité d'une seule personne ; néanmoins, en
disant qu'il y a deux natures dans le Fils nous ne faisons pas qu'il
y ait deux personnes en lui, de peur qu'à la Trinité — ce qu'à Dieu
ne plaise ! — ne vienne s'ajouter une quaternité.
(42) Car Dieu le Verbe n'a pas pris la personne
de l'homme, mais sa nature, et dans la personne éternelle de la
divinité, il a pris la substance temporelle de la chair.
535 (43) De même nous croyons que le
Père, le Fils et le Saint-Esprit ont une unique substance, sans dire
pourtant que la Vierge Marie ait enfanté l'unité de cette Trinité :
elle n'a enfanté que le Fils, qui seul a pris notre nature dans
l'unité de sa personne.
(44) Nous devons croire aussi que l'Incarnation
du Fils de Dieu a été réalisée par la Trinité tout entière car les
oeuvres de la Trinité ne peuvent être divisées. Cependant le Fils
seul a pris la forme d'esclave Ph 2,7, dans la singularité
d'une personne, non dans l'unité de la nature divine ; dans ce qui
est propre au Fils, non dans ce qui est commun à la Trinité :
(45) cette forme a été jointe à l'unité de la
personne, en sorte que le Fils de Dieu et le Fils de l'homme sont un
seul Christ. De même le Christ, dans ses deux natures, est fait de
trois substances, celle du Verbe, qu'il faut rapporter à l'essence
de Dieu uniquement, celles du corps et de l'âme qui appartiennent à
l'homme véritable.
536 (46) Il a donc en lui la double
substance de sa divinité et de notre humanité.
(47) Parce qu'il est venu de Dieu le Père sans
commencement, on dit seulement qu'il est né, car il n'a pas été fait
ni prédestiné ; mais parce qu'il est né de la Vierge Marie, on doit
croire qu'il est né, a été fait et a été prédestiné.
(48) Cependant en lui les deux générations sont
admirables, parce qu'il a été engendré du Père, sans mère, avant les
siècles, et parce qu'à la fin des siècles il a été engendré d'une
mère, sans père. En tant qu'il est Dieu, il a créé Marie; en tant
qu'il est homme, il a été créé par Marie. Il est le père et le fils
de Marie sa mère.
(49) De même du fait qu'il est Dieu, il est
égal au Père ; du fait qu'il est homme, il est moindre que le Père.
(50) De même nous devons croire qu'il est plus
et moins que lui-même : dans la forme de Dieu, le Fils est plus que
lui-même, parce qu'il a pris l'humanité, à qui la divinité est
supérieure ; mais dans la forme d'esclave, il est moins que
lui-même, c'est-à-dire dans l'humanité qui est reconnue inférieure à
la divinité.
(51) Car de même que la chair qu'il a prise le
fait moins, non seulement que son Père, mais que lui-même, de même
selon sa divinité par laquelle il est égal au Père, lui-même et le
Père sont plus que l'homme, que seule la personne du Fils a assumé.
537 (52) De même, cherche-t-on si le
Fils pourrait être à la fois égal au Saint-Esprit et plus grand que
lui, comme l'on croit qu'il est tantôt égal au Père et tantôt
moindre que le Père, nous répondrons : selon la forme de Dieu, il
est égal au Père et au Saint-Esprit ; selon la forme d'esclave, il
est moindre que le Père et le Saint-Esprit, parce que ni le
Saint-Esprit ni Dieu le Père, mais seule la personne du Fils s'est
incarnée, et eu égard à cette chair, nous croyons qu'il est moindre
que ces deux autres personnes.
(53) De même nous croyons que ce Fils, en tant
que personne, est distinct, mais inséparable du Père et du
Saint-Esprit ; en tant que nature il est distinct de la nature
humaine qu'il a prise. De même, avec la nature humaine, il constitue
une personne ; avec le Père et le Saint-Esprit, il est la nature ou
substance de la divinité.
538 (54) Cependant nous devons croire
que le Fils n'a pas été envoyé seulement par le Père, mais par le
Saint-Esprit, car lui-même dit par le Prophète : « Voici que
maintenant le Seigneur m'a envoyé ainsi que son Esprit » Is 48,16.
(55) On reconnaît aussi qu'il a été envoyé par
lui-même, car indivisible est non seulement la volonté mais
l'opération de la Trinité tout entière.
(56). Celui qui a été appelé unique avant les
siècles est devenu le premier-né dans le temps : unique en raison de
l'essence divine, premier-né en raison de la nature de chair qu'il a
prise.
539 (57) Dans la forme d'homme qu'il
a prise, nous croyons, qu'il est, selon la vérité de l'Évangile,
conçu sans péché, né sans péché, mort sans péché, lui qui seul
« s'est fait péché » pour nous Is 2 ; Is 5,21, c'est-à-dire
sacrifice pour nos péchés.
(58) Néanmoins, il a subi la Passion pour nous,
sa divinité demeurant intacte, il a été condamné à mort, a eu sur la
croix une vraie mort de la chair ; et le troisième jour, relevé par
sa propre puissance, il a surgi du tombeau.
540 (59) Ainsi l'exemple de notre
chef nous fuit confesser qu'il y a une véritable résurrection de la
chair pour tous les morts.
(60) Nous ne croyons pas que nous
ressusciterons dans un corps aérien ou dans quelque autre espèce de
chair, selon les divagations de certains, mais dans cette chair avec
laquelle nous vivons, nous existons et nous nous mouvons.
(61) Notre Seigneur et Sauveur ayant fourni le
modèle de cette sainte résurrection, a regagné par son Ascension le
trône paternel que sa divinité n'avait jamais abandonné.
(62) Siégeant là, à la droite du Père, il est
attendu pour la fin des siècles comme juge de tous les vivants et de
tous les morts.
(63) De là il viendra avec tous les saints pour
juger et rendre à chacun le salaire qui lui est personnellement dû,
selon ce que chacun aura accompli quand il était en son corps, soit
en bien, soit en mal 2Co 5,10.
(64) Nous croyons que la sainte Église
catholique, rachetée au prix de son sang, régnera avec lui pour
toujours.
(65) Rassemblés au sein de cette Église, nous
croyons et professons un seul baptême en rémission de tous les
péchés.
(66) Dans cette foi, nous croyons sincèrement à
la résurrection des morts et nous attendons les joies du siècle à
venir.
(67) Il ne nous reste qu'à demander ceci dans
notre prière : lorsque, après l'exécution et la fin du jugement, le
Fils aura remis son Royaume à Dieu son Père 1Co 15,24, qu'il
nous y fasse participer, afin que, par cette foi qui nous unit à
lui, nous régnions avec lui sans fin.
541 (68) Tel est l'exposé de la foi
que nous professons. Par elle, les doctrines de tous les hérétiques
sont anéanties ; par elle, les coeurs des fidèles sont purifiés ;
par elle, on arrive glorieusement à Dieu...
DONUS : 2 novembre 676 – 11 avril 678
AGATHON : 27 juin 678 – 10 janvier 681
542 Voici donc en quoi consiste la
foi évangélique et apostolique et la tradition qui est la règle :
nous confessons que la Trinité sainte et indivisible, c'est-à-dire
le Père et le Fils et l'Esprit Saint, est d'une unique divinité,
d'une unique nature et substance ou essence, et nous proclamons
également qu'elle est d'une unique volonté naturelle, d'une unique
force, opération, seigneurie, majesté, puissance et gloire. Et tout
ce qui est dit de cette même sainte Trinité quant à l'essence
instruits en cela par la doctrine qui est la règle, nous voulons le
comprendre au singulier comme de l'unique nature des trois personnes
consubstantielles.
543 Mais lorsque nous professons
notre foi au sujet de l'une de ces mêmes trois personnes de cette
Trinité sainte le Fils de Dieu, Dieu Verbe, et du mystère de son
économie adorable dans la chair, nous expliquons, conformément à la
tradition de l'Évangile, tout ce qui appartient à l'unique et même
Seigneur, notre Sauveur Jésus Christ, d'une double manière
c'est-à-dire que nous proclamons ses deux natures, à savoir la
divine et l'humaine, à partir desquelles et dans lesquelles il
existe également après l'union admirable et inséparable. Nous
confessons également que chacune de ses natures a sa propriété
naturelle : que la divine possède tout ce qui est divin, et
l'humaine tout ce qui est humain, à l'exception du péché. Et nous
reconnaissons que les deux appartiennent à l'unique et même Dieu,
Verbe incarné, c'est-à-dire devenu homme, sans confusion, sans
séparation, sans changement — l'intelligence seule discernant ce qui
est uni, en raison de l'erreur que représenterait la confusion. Car
nous rejetons de la même façon le blasphème de la division et celui
du mélange.
544 Mais lorsque nous confessons deux
natures ainsi que deux volontés naturelles et deux opérations
naturelles dans notre unique Seigneur Jésus Christ, nous ne disons
ni qu'elles sont contraires ou qu'elles s'opposent l'une à
l'autre..., ni qu'elles sont comme séparées en deux personnes ou
hypostases, mais nous disons que le même Jésus Christ, de même qu'il
a deux natures, a également en lui deux volontés et deux opérations
naturelles : c'est-à-dire qu'il a la volonté et l'opération divine
en commun de toute éternité avec le Père coessentiel, et que la
volonté et l'opération humaine il les a prises temporellement de
nous avec notre nature. ...
545 De plus l'Église apostolique du
Christ ... reconnaît, en raison des propriétés naturelles, que
chacune de ces natures du Christ est complète, et tout ce qui a
trait aux propriétés des natures, elle le confesse comme donné deux
fois, puisque notre Seigneur Jésus Christ lui-même est aussi bien
Dieu complet qu'homme complet, aussi bien à partir qu'en deux
natures...
En conséquence... elle confesse donc et
proclame qu'il y a aussi en lui deux volontés naturelles et deux
opérations naturelles. Car si quelqu'un comprenait la volonté comme
personnelle, il faudrait aussi, puisqu'on parle de trois personnes
dans la sainte Trinité, qu'on parle de trois volontés personnelles
et de trois opérations personnelles (ce qui est absurde et
totalement impie). Mais si, comme le comporte la vérité de la foi
chrétienne, la volonté est naturelle, là où l'on parle de cette
unique nature de la Trinité sainte et inséparable, il faudra
reconnaître aussi, par conséquent, une unique volonté naturelle et
une unique opération naturelle. Mais là où nous confessons dans
l'unique personne de notre Seigneur Jésus Christ, le médiateur de
Dieu et des hommes 1Tm 2,5, deux natures, à savoir la divine
et l'humaine, dans lesquelles il existe également après l'union
admirable, de même que nous confessons deux natures de l'unique et
même, nous confessons également ses deux volontés naturelles et ses
deux opérations naturelles.
546 Nous croyons en Dieu Père... et
en son Fils... et en l'Esprit Saint, Seigneur et qui donne la vie,
qui procède du Père, qui est coadoré et coglorifié avec le Père et
le Fils : la Trinité dans l'unité et l'unité dans la Trinité,
c'est-à-dire l'unité de l'essence, mais la Trinité des personnes ou
hypostases ; Nous confessons Dieu Père, Dieu Fils et Dieu Esprit
Saint, non pas trois dieux, mais un seul Dieu, Père et Fils et
Esprit Saint ; non pas l'hypostase de trois noms, mais une seule
substance des trois hypostases ; elles possèdent une seule essence
ou substance ou nature, c'est-à-dire une unique divinité, une unique
éternité, une unique puissance, une unique seigneurie, une unique
gloire, une unique adoration, une unique volonté essentielle et une
unique opération de la même Trinité sainte et indivisible, qui a
tout créé, l'ordonne et le conserve.
547 Nous confessons que l'un de cette
même Trinité sainte et coessentielle, Dieu Verbe, qui est né du Père
avant les siècles, dans les derniers temps est descendu des cieux
pour nous et pour notre salut, et est devenu chair de l'Esprit Saint
et de la Sainte, immaculée et glorieuse Marie, toujours vierge,
notre Dame, vraiment et proprement Mère de Dieu selon la chair,
c'est-à-dire qu'il est né d'elle et est devenu vraiment homme ; le
même est vrai Dieu et le même est homme vrai, Dieu de Dieu Père,
mais homme de la Vierge mère, incarné de cette chair qui avait une
âme rationnelle et intellectuelle ; le même est consubstantiel à
Dieu selon la divinité et consubstantiel à nous selon l'humanité,
semblable à nous en tout à l'exception du seul péché ; il a été
crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli
et est ressuscité...
548 Nous reconnaissons donc qu'un
seul et même Jésus Christ notre Seigneur, Fils de Dieu unique
engendré, existe de deux et en deux substances sans confusion, sans
changement, sans division et sans séparation, la différence des
natures n'étant jamais supprimée du fait de l'union, mais au
contraire les propriétés des deux natures restant sauves et
concourant en une unique personne et une unique hypostase ; il n'est
pas partagé ou divisé en une dualité de personnes, ni confondu en
une unique nature composée : mais nous reconnaissons qu'un seul et
même Fils unique, Dieu Verbe, notre Seigneur Jésus Christ, n'est ni
un autre dans un autre, ni un autre et un autre, mais le même en
deux natures, c'est-à-dire dans la divinité et l'humanité, y compris
après l'union hypostatique ; car ni le Verbe n'a été changé en la
nature de la chair, ni la chair n'a été transformée en la nature du
Verbe les deux en effet sont demeurés ce qu'ils étaient par nature
car la différence des natures unies en lui, à partir desquelles il
est composé sans confusion, sans séparation, sans changement, nous
ne la reconnaissons que par la réflexion : un seul en effet à partir
des deux, et les deux par un seul parce que l'élévation de la
divinité aussi bien que l'humilité de la chair sont en même temps,
chacune des deux natures gardant intacte sa propriété y compris
après l'union, et « l'une et l'autre forme faisant en communion avec
l'autre ce qui lui est propre : le Verbe opérant ce qui appartient
au Verbe, et la chair exécutant ce qui appartient à la chair : l'un
resplendit dans les miracles, l'autre succombe sous les outrages ».
294
Par conséquent, de même que nous confessons
qu'il a véritablement deux natures ou substances, c'est-à-dire la
divinité et l'humanité, sans confusion, sans division et sans
changement, de même aussi nous confessons qu'il a deux volontés
naturelles aussi bien que deux opérations, puisque la règle de la
piété nous apprend qu'un seul et même Seigneur Jésus Christ est Dieu
parfait et homme parfait 501-522 ; car il nous est montré
que cela a été établi par la tradition apostolique et évangélique et
l'enseignement des saints Pères que reconnaissent la sainte Église
catholique et apostolique et les vénérables synodes.
·
3e
concile de CONSTANTINOPLE (6eŒcuménique)
7 novembre 680-16 septembre
550 Après avoir examiné les lettres
dogmatiques écrites par Serge, jadis patriarche de cette ville
impériale et confiée à la protection de Dieu, à Cyrus, alors évêque
de Phasis, ainsi qu'à Honorius, jadis pape de l'ancienne Rome, comme
aussi 1a lettre écrite par celui-ci, Honorius, en réponse à ce même
Serge 487, et après avoir trouvé qu'elles contredisent
totalement les enseignements apostoliques et les commandements des
saints conciles et de tous les saints Pères reconnus, et qu'elles
suivent bien plutôt les fausses doctrines des hérétiques, nous les
rejetons totalement et nous les abominons comme dommageables pour
les âmes.
551 Quant à ceux c'est-à-dire ceux-là
même dont nous rejetons les doctrines impies, nous avons jugé que
leurs noms également devaient être bannis de la sainte Église, à
savoir les noms de Serge... qui a commencé à écrire au sujet de
cette doctrine impie, de Cyrus d'Alexandrie, de Pyrrhus, de Paul et
de Pierre, et de ceux qui ont présidé sur le siège de cette ville
confiée à la protection de Dieu et qui ont pensé comme ceux-là ;
ensuite également celui de Théodore, jadis évêque de Pharan ; toutes
ces personnes ont été mentionnées par Agathon, le pape très saint et
trois fois bienheureux de l'ancienne Rome, dans sa lettre à...
l'empereur 542-545 et rejetées par lui comme ayant pensé
contrairement à notre foi orthodoxe ; et nous décrétons que ceux-là
sont également soumis à l'anathème.
552 Mais avec eux nous sommes d'avis
de bannir aussi de la sainte Église de Dieu Honorius, jadis pape de
l'ancienne Rome, et de le frapper d'anathème, parce que nous avons
trouvé dans la lettre écrite par lui à Serge qu'il a suivi en tout
l'opinion de celui-ci et qu'il a confirmé ses enseignements impies.
553 Le présent saint concile
oecuménique a reçu fidèlement et accueilli à bras ouverts la
relation faite par le très saint et bienheureux pape de l'ancienne
Rome Agathon à notre très religieux et fidèle empereur Constantin,
qui a nommément rejeté ceux qui ont prêché et enseigné, comme on l'a
montré plus haut, une seule volonté et une seule activité dans
l'économie du Christ notre vrai Dieu fait chair (voir 542-545 ;
de la même manière il a reçu aussi l'autre relation synodale envoyée
sous le même pape très saint par le saint synode des cent vingt-cinq
évêques aimés de Dieu à Sa Sérénité divinement sage (voir 546-548
). Ca ces relations étaient en accord avec le saint concile de
Chalcédoine (voir 300-306 et avec le Tome de Léon, le très
saint et bienheureux pape de la même ancienne Rome, adressé à Saint
Flavien (voir 290-295, que ce concile a appelé colonne de
l'orthodoxie.
554 Elles étaient en accord aussi
avec les lettres synodales écrites par le bienheureux Cyrille contre
l'impie Nestorius et envoyées aux évêques orientaux. Suivant donc
les cinq conciles saints et oecuméniques, et les saints Pères
approuvés, celui-ci définit et confesse unanimement notre Seigneur
Jésus Christ, notre vrai Dieu, un de la sainte, consubstantielle et
vivifiante Trinité, parfait en divinité, et parfait, le même, en
humanité ; vraiment Dieu, et vraiment homme, le même, fait d'une âme
raisonnable et d'un corps ; consubstantiel au Père selon la
divinité, et consubstantiel à nous, le même, selon l'humanité ; en
tout semblable à nous, sauf le péché He 4,15.
555 Engendré du Père avant les
siècles selon la divinité, et dans les derniers jours, pour nous et
pour notre salut, le même, de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie,
laquelle est de plein droit et véritablement Mère de Dieu, selon
l'humanité ; un seul et même Christ, Fils, Seigneur, unique
engendré, reconnu en deux natures sans confusion, sans changement,
sans séparation, sans division ; la différence des natures n'étant
nullement supprimée à cause de l'union, la propriété de chaque
nature étant bien plutôt sauvegardée et concourant à une seule
personne et une seule hypostase ; il n'est ni partagé ni divisé en
deux personnes, mais il est un seul et même Fils, unique engendré,
Dieu Verbe, Seigneur Jésus Christ, selon que depuis longtemps les
prophètes l'ont dit de lui, que Jésus le Christ lui-même nous l'a
enseigné et que le Symbole des saints Pères nous l'a transmis 301.
556 Nous proclamons de la même
manière en lui, selon l'enseignement des saints Pères, deux volontés
ou vouloirs naturels et deux activités naturelles, sans division,
sans changement, sans partage et sans confusion. Les deux vouloirs
naturels ne sont pas, comme l'ont dit les hérétiques impies, opposés
l'un à l'autre, loin de là. Mais son vouloir humain suit son vouloir
divin et tout-puissant, il ne lui résiste pas et ne s'oppose pas à
lui, il s'y soumet plutôt. Il fallait que le vouloir de la chair fût
mû et fût soumis au vouloir divin, selon le très sage Athanase. Car
de même que sa chair est dite et qu'elle est la chair du Dieu Verbe,
de même le vouloir naturel de sa chair est dit et il est le propre
vouloir du Dieu Verbe, comme lui-même déclare : « Je suis descendu
du ciel, non pour faire mon vouloir, mais le vouloir du Père qui m'a
envoyé » Jn 6,38. Il déclare sien le vouloir de sa chair,
puisque la chair est devenue sienne. Car de même que sa chair
animée, toute sainte et immaculée, n'a pas été supprimée en étant
divinisée, mais qu'elle est demeurée dans sa propre limite et dans
sa raison d'être, de même son vouloir humain en étant divinité n'a
pas été supprimé. Il a été plutôt sauvegardé, selon le mot de
Grégoire le Théologien : « Car l'acte de volonté de celui que l'on
considère en tant que Sauveur n'est pas opposé à Dieu, étant
totalement divinisé ».
557 Nous glorifions deux activités
naturelles, sans division, sans changement, sans partage, sans
confusion, en notre Seigneur Jésus Christ, notre vrai Dieu,
c'est-à-dire une activité divine et une activité humaine, selon Léon
l'inspiré de Dieu, qui affirme très clairement : « Chaque nature
fait en communion avec l'autre ce qui lui est propre, le Verbe
opérant ce qui est du Verbe, et le corps exécutant ce qui est du
corps » 294. En effet nous n'accorderons pas qu'il y ait une
seule activité naturelle de Dieu et de la créature de peur d'élever
le créé à la substance divine et d'abaisser la sublimité de la
nature divine au niveau qui convient aux êtres engendrés. Car nous
reconnaissons que les miracles et les souffrances sont ceux d'un
seul et du même, selon l'une et l'autre nature dont il est composé
et dans lesquelles il a son être, comme l'a dit l'admirable
Cyrille.(cf. 255 260 271-273 423
558 Conservant totalement ce qui est
sans confusion ni division, nous proclamons le tout dans une formule
concise : croyant que l'un de la Trinité est aussi après
l'Incarnation notre Seigneur Jésus Christ, notre vrai Dieu, nous
disons qu'il a deux natures brillant dans son unique hypostase. En
elle, tout au long de son existence selon l'économie, il a manifesté
ses miracles et ses souffrances, non pas en apparence, mais en
vérité. La différence naturelle en cette unique hypostase même se
reconnaît à ce que l'une et l'autre nature veut et opère ce qui lui
est propre en communion avec l'autre. Pour cette raison nous
glorifions deux vouloirs et deux activités naturels concourant l'un
avec l'autre au salut du genre humain.
559 Après avoir formulé ces points
avec une précision et une justesse totales, nous définissons qu'il
n'est permis à personne de proposer une autre confession de foi,
c'est-à-dire de l'écrire, de la composer, de la méditer ou de
l'enseigner à d'autres. Quant à ceux qui oseraient composer une
autre confession de foi, diffuser, enseigner, ou transmettre un
autre symbole à ceux qui veulent se convertir du paganisme, du
judaïsme ou de quelque hérésie que ce soit à la connaissance de la
vérité, ou introduire un nouveau langage ou une expression inventée
afin d'infirmer les points que nous venons de définir, s'ils étaient
évêques ou clercs, ils seraient exclus, les évêques de l'épiscopat
et les clercs du clergé ; s'ils étaient moines ou laïcs, ils
seraient frappés d'anathème.
LEON II : 17 août 682 – 3 juillet 683
561 Nous avons appris en effet que le
saint et grand synode universel (Constantinople III) a pensé de même
que tout le concile réuni autour de ce saint Siège apostolique
(Concile de Rome 68O)... et qu'il a confessé en accord avec nous :
Que notre seigneur Jésus Christ est l'un de la
sainte et indivisible Trinité, qui existe à partir et en deux
natures, sans confusion, sans séparation, sans division ; qu'il est,
un seul et même, Dieu parfait et homme parfait, la propriété de
chacune des deux natures qui se joignent en lui demeurant sauves ;
qu'un seul et même a opéré les choses divines en tant que Dieu, et
qu'il a opéré inséparablement les choses humaines en tant qu'homme,
à l'exception du seul péché ; et le concile a affirmé en vérité que
pour cette raison il a également deux volontés naturelles et deux
opérations naturelles par lesquelles est manifestée principalement
aussi la vérité de ses natures, pour qu'on reconnaisse en effet
clairement la différence, à quelle nature elles appartiennent, à
partir desquelles et dans lesquelles existe un seul et même notre
Seigneur Jésus Christ ; en raison de cela nous avons effectivement
reconnu... que ce saint... sixième synode... s'est attaché sans
défaillance à la prédication apostolique, qu'il est en accord en
tout avec la définition des cinq saints conciles universels, et
qu'il n'a rien ajouté ni retranché aux déterminations de la vraie
foi, mais qu'il s'est avancé avec une grande droiture sur le chemin
royal et évangélique ; et en eux et par eux a été gardée
l'élaboration des saints dogmes et la doctrine des Pères éprouvés de
l'Église catholique...
562 Et parce que (le synode de
Constantinople) a proclamé dans toute sa plénitude... la définition
de la foi juste que le Siège apostolique du bienheureux apôtre
Pierre, lui aussi...a reçue avec vénération, pour cette raison Nous
aussi et, par notre ministère, ce vénérable Siège apostolique, d'un
accord unanime, Nous donnons notre assentiment à ce qui a été défini
par lui, et Nous le confirmons par l'autorité du bienheureux
Pierre...
563 Et de la même manière Nous
anathématisons les inventeurs de la nouvelle erreur, à savoir
Théodore, l'évêque de Pharan, Cyrus d'Alexandrie, Serge, Pyrrhus
...de même aussi que Honorius qui n'a pas purifié cette Église
apostolique par l'enseignement de la tradition apostolique, mais a
tenté de subvertir la foi immaculée en une trahison impie (texte
grec : a permis que l'Église immaculée soit souillée par une
trahison impie).
BENOIT II : 26 juin 684 – 8 mai 685
·
14e
Concile de Tolède, 14-20 novembre 684.
564 (chap. 8) Mais maintenant... nous
prêchons (aux fidèles), en le résumant en une brève définition,
qu'ils doivent reconnaître en effet que les propriétés indivisibles
des deux natures demeurent dans l'unique personne du Christ, Fils de
Dieu, sans division et sans séparation, comme aussi sans confusion
et sans changement, l'une de la divinité, l'autre de l'homme, l'une
dans laquelle il a été engendré de Dieu le Père, l'autre dans
laquelle il est né de Marie la Vierge. L'une et l'autre de ses
naissances est donc complète, l'une et l'autre est parfaite, ne
possédant rien de moins de la divinité ne prenant rien d'imparfait
de l'humanité ; il n'est pas divisé par le doublement des natures,
il n'est pas redoublé dans la personne, mais Dieu parfait et homme
parfait, sans aucun péché, il est l'unique Christ dans la
singularité de la personne.
Existant donc comme un seul dans les deux
natures, il resplendit dans les signes de la divinité et est soumis
aux souffrances de l'humanité. Ce n'est pas un autre en effet qui a
été engendré du Père et un autre de la mère, bien qu'il soit né
autrement du Père et de la mère : toutefois le même n'est pas divisé
entre les deux genres de natures mais, un seul et même, il est à la
fois Fils de Dieu et Fils d'homme ; il vit bien qu'il meure, et il
meurt bien qu'il vive ; il est impassible bien qu'il souffre ; il ne
succombe pas à l souffrance ; il n'y est pas soumis dans la divinité
et il ne s'y soustrait pas dans l'humanité ; la nature de la
divinité lui donne de ne pas pouvoir mourir, la substance de
l'humanité lui donne de ne pas vouloir mourir et de le pouvoir ; de
par l'une des conditions il est tenu pour immortel, de par l'autre,
celle des mortels, il meurt ; c'est par la volonté éternelle de la
divinité qu'il assuma l'homme qu'il a pris ; c'est par la volonté de
l'homme qu'il a pris que la volonté humaine est soumise à Dieu.
C'est pourquoi lui-même dit au Père : « Père, non pas ma volonté,
mais que la tienne soit faite » Lc 22,42, montrant ainsi que
l'une est la volonté divine par laquelle l'homme a été assumé,
l'autre la volonté de l'homme par laquelle on doit obéir à Dieu.
(Chap. 9) C'est pourquoi, conformément à la
différence de ces deux natures, il faut aussi proclamer les
propriétés de deux volontés et activités inséparables.
(Chap. 10) ... Si donc quelqu'un soit enlève
quelque chose de la divinité à Jésus Christ, le Fils de Dieu né du
sein de la Vierge Marie, soit soustrait quelque chose à l'humanité
qu'il a prise, à la seule exception de la loi du péché, et s'il ne
croit pas de façon sincère qu'il existe comme vrai Dieu et homme
parfait en une unique personne, qu'il soit anathème.
JEAN V : 23 juillet 685 – 2 août 686
CONON : 21 octobre 686 – 21 septembre 687
SERGE Ier : 15 décembre 687 – 8 septembre 701
·
15e
Concile de Tolède, commencé le 11 mai 688 : apologie de Julien
566 (1) (...) Nous avons appris que
dans ce Liber responsionis fidei nostræ que nous avions
envoyé à l'Église romaine par le régionnaire Pierre, il apparaissait
audit Pape (Benoît II) que le premier chapitre avait été établi par
nous de façon imprudente, là nous avons dit à propos de l'essence
divine : « La volonté a engendré la volonté comme la sagesse la
sagesse » ; cela, cet homme l'a négligé dans une lecture hâtive, et
c'est pourquoi il a pensé que nous aurions employé ces expressions
de façon relative ou au sens d'une comparaison avec l'esprit
humain ; et c'est pourquoi il fut conduit à nous admonester dans sa
réplique en disant : « Nous savons par l'ordre naturel que le verbe
tire son origine de l'esprit, comme la raison et la volonté ; et on
ne peut pas renverser ces termes en disant : comme le verbe et la
volonté procèdent de l'esprit, de même aussi l'esprit procède du
verbe ou de la volonté » ; et c'est à cause de cette comparaison que
le pontife romain a pensé qu'on ne pouvait pas dire « volonté de la
volonté » (ex voluntate).
Quant à nous, ce n'est pas au sens de cette
comparaison avec l'esprit humain, ni au sens relatif, mais selon
l'essence que nous avons dit : la volonté de la volonté (ex
voluntate), comme aussi la sagesse de la sagesse (ex
sapientia). Pour Dieu en effet être est la même chose que
vouloir, et vouloir la même chose que savoir. Cela on ne peut pas le
dire de l'homme. Car pour l'homme autre chose est ce qu'il est sans
vouloir, et autre chose de vouloir même sans savoir. Mais il n'en
est pas ainsi en Dieu, parce que sa nature est ainsi simple ; et
c'est pourquoi pour lui être est la même chose que vouloir et
savoir...
567 (4) Pour passer aussi à l'examen
du deuxième chapitre dans lequel le même pape a pensé que nous
aurions dit de façon imprudente que nous professions trois
substances dans le Christ, le Fils de Dieu : de même que nous
n'avons pas eu honte de défendre ce qui est vrai, de même certains
peut-être ont-ils eu honte d'ignorer ce qui est vrai. Car qui ne
saurait pas que chaque homme est fait de deux substances, à savoir
de l'âme et du corps ? cf. 2Co 4,16 ; Ps 62,21.
(5) Contrairement à cette règle nous trouvons
de même dans les Écritures qu'on peut comprendre l'homme tout entier
lorsque habituellement est mentionnée la chair, ou qu'on peut
entendre la perfection de l'homme tout entier lorsque parfois n'est
mentionnée que l'âme. C'est pourquoi la nature divine et la nature
humaine qui y est associée peuvent aussi bien être dites trois
substances au sens propre que deux substances au sens figuré Mais
autre chose est d'exprimer tout l'homme par une propriété, autre
chose est de l'entendre tout entier à partir d'une partie. Il existe
en effet une façon de parler que l'on trouve utilisée souvent dans
les saintes Écritures, par laquelle le tout est désigné à partir
d'une partie : aussi cet emploi figuré est-il appelé par les
grammairiens « synecdoque ».
568 (Art. 1) Nous croyons et
confessons que celle qui est l'auteur de toutes les créatures
contenues dans le triple édifice du monde et qui les conserve est la
Trinité indivisible
(2) à savoir le Père, qui est la source et
l'origine de toute la divinité ; le Fils, qui est l'image complète
de Dieu parce que a été exprimée en lui l'union avec la gloire du
Père engendré de façon ineffable du sein du Père avant la venue de
tous les siècles ; et l'Esprit Saint qui procède du Père et du Fils
sans aucun commencement.
569 (3) Bien que ces trois soient
séparées par la distinction des personnes, jamais cependant elles ne
sont séparée dans la majesté de la puissance : leur divinité en
effet est montrée comme étant d'une égalité inséparable. Et
cependant, bien que le Père ait engendré le Fils, le Fils pour
autant n'est pas le même que le Père, ni le Père le même que Fils,
et l'Esprit Saint n'est pas non plus le Père et le Fils, mais
seulement l'Esprit du Père et du Fils, lui-même égal au Père et au
Fils. (4) On ne doit croire aucunement qu'il y a dans cette sainte
Trinité quelque chose qui soit créé, esclave et serviteur ; de même
on ne doit pas affirmer que quelque chose d'adventice ou de
subreptice y serait en quelque sorte survenu dont il serait établi
qu'à un moment elle ne l'aurait pas eu. ...
(6) Bien que pour ces personnes, en ce qu'elles
sont par rapport à elles-mêmes, aucune possibilité de séparation ne
puisse être trouvée, il existe cependant, quant à ce qui a trait à
la distinction, quelque chose qui peut se rapporter à chacune de
façon particulière : à savoir que le Père ne tient son origine de
personne, que le Fils existe parce que le Père engendre, et que
l'Esprit Saint procède de l'union du Père et du Fils. ...
(10) Et lorsque nous disons cela, nous ne
confondons pas les propriétés des personnes, et nous ne séparons pas
non plus l'unité de la substance ; et de même on ne doit pas croire
que dans cette sainte Trinité quelque chose serait plus grand ou
plus petit, ni que quelque chose serait imparfait ou susceptible de
changement.
(…)
570 (12) C'est pourquoi il existe
quelque chose qui dans cette sainte Trinité doit être confessé sans
distinction. En cela en effet que le Père et le Fils et l'Esprit
Saint sont chacun pour eux-mêmes, le Père doit être cru sans
distinction comme un seul Dieu avec le Fils et l'Esprit Saint. Mais
pour ce qui a trait à la relation, la propriété des trois personnes
doit être proclamée de façon distincte, comme le proclame
l'Évangéliste : Allez, enseignez toutes les nations au nom du Père
et du Fils et de l'Esprit Saint Mt 28,19, On parle en effet
de « relation » pour autant qu'une personne se réfère à l'autre ; en
effet quand on dit « Père », on n'en dit pas moins la personne du
Fils, et quand on dit " Fils " il est montré que le Père est
indubitablement présent en lui.
(13) Mais avec le terme « Esprit Saint » par
lequel n'est pas désignée toute la Trinité mais la troisième
personne qui est dans la Trinité, il n'apparaît pas tout à fait
clairement comment, au sens de la relation, il se rapporte à la
personne du Père et du Fils ; en effet si nous parlons de l'Esprit
Saint du Père, nous ne parlons pas de façon corrélative du Père de
l'Esprit Saint, de manière qu'on ne comprenne pas l'Esprit Saint
comme Fils ; cependant pour d'autres termes par lesquels est
désignée la personne de l'Esprit Saint, on voit clairement qu'ils
comportent la relation.
(14) C'est comme « don » en particulier que
nous concevons l'Esprit Saint dont on sait qu'il est la troisième
personne de la Trinité, pour la raison qu'il est donné aux croyants
par le Père et le Fils avec lesquels, selon la foi, il est d'une
unique essence ; c'est pourquoi si on parle du « don du donateur »
et du « donateur du don », on explique sans nul doute la relation ;
cela, pour échapper à tout blâme, on doit le croire aussi du terme
« Esprit Saint » lui-même.
571 (16) C'est pourquoi, bien que les
oeuvres de la Trinité soient inséparables, nous professons cependant
dans la foi... que ce n'est pas la Trinité tout entière qui a pris
chair, mais seulement le Fils de Dieu qui a été engendré de la
substance de Dieu Père avant les siècles, et qui à la fin des
siècles est né de la Vierge Marie selon le texte de l'Évangile qui
dit : « Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous ». Jn 1,14
...
(18) (...) La prophétie de l'ange qui dit que
l'Esprit Saint viendrait sur elle et que la puissance du Très-Haut,
qui est le Fils de Dieu le Père, la couvrirait de son ombre
Lc 1,35, montre que la Trinité tout entière coopère avec la
chair du Fils.
(19) De même en effet que la Vierge a gardé
avant la conception la pudeur de la virginité, de même après la
naissance elle n'a connu aucune atteinte à son intégrité ; car elle
a conçu vierge, elle a enfanté vierge, et après la naissance elle a
conservé la pudeur de l'incorruption sans qu'elle lui soit enlevée.
...
572 (22) Que le Fils de Dieu,
engendré du Père non engendré, vrai du vrai, parfait du parfait, un
de l'un, tout du tout, Dieu sans commencement, ait pris un homme
parfait de Marie, la sainte et inviolée toujours vierge, cela est
manifeste.
(23) De même que nous lui attribuons la
perfection de l'homme, de même nous croyons tout autant que sont en
lui deux volontés, l'une de sa divinité, l'autre de notre humanité ;
(24) cela est rendu pleinement manifeste par
les paroles des quatre évangélistes lorsque parle notre Rédempteur ;
il a en effet parlé ainsi : « Mon Père, s'il est possible que ce
calice s'éloigne de moi ; mais non pas comme je veux mais comme toi
tu veux » Mt 26,39 ; et encore : Je ne suis pas venu faire ma
volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé Jn 6,38 ...
(25) Par ces paroles il montre aussi qu'il a
référé sa volonté à l'homme qu'il a assumé, et celle du Père à la
divinité dans laquelle le même est un et égal avec le Père : car
pour ce qui a trait à l'unité de la divinité, la volonté du Père
n'est pas une autre que celle du Fils ; il y a en effet une seule
volonté là où il existe une seule divinité. Mais pour ce qui a trait
à la nature de l'homme assumé, autre est la volonté de sa divinité,
autre est celle de notre humanité.
(26) C'est pourquoi en disant : « Non pas comme
je veux, mais comme toi », Mt 26,39, il montre clairement
qu'il ne veut pas qu'advienne ce qu'il disait selon la volonté du
sentiment humain, mais ce pour quoi, selon la volonté du père, il
était descendu sur terre ; mais cette volonté du Père n'est
aucunement contraire à la volonté du Fils, car pour ceux pour qui la
divinité est une, la volonté ne peut pas être diverse et là où il ne
peut pas exister de diversité dans la nature, on peut néanmoins
énumérer en termes généraux des choses qu'on peut nombrer.
573 (27) C'est pourquoi, même s'il
est vrai que, du fait d'une similitude comparable selon laquelle la
Trinité est appelée mémoire, intelligence et volonté, ce mot
« sainte volonté » est rapporté à la personne du Saint-Esprit, dès
lors qu'on l'utilise en lui-même, il est dit selon la substance.
(28) En effet, le Père est volonté, le Fils est
volonté, l'Esprit Saint est volonté, de même que le Père est Dieu,
que le Fils est Dieu et que l'Esprit Saint est Dieu, et beaucoup
d'autres choses semblables qui sont dites selon la substance par
ceux qui vénèrent en vérité la foi catholique, sans qu'il y ait
aucune ambiguïté.
(29) Et de même qu'il est catholique de dire :
« Dieu de Dieu », « lumière de lumière », « clarté de clarté », de
même c'est une affirmation juste de la foi catholique de dire :
« volonté de volonté » comme sagesse de sagesse, essence d'essence ;
et de même que Dieu, le Père, a engendré Dieu, le Fils, de même la
volonté, le Père, a engendré la volonté, le Fils.
(30) Et bien que selon l'essence le Père est
volonté, le Fils volonté, l'Esprit Saint volonté, on ne doit pas
croire cependant que selon la relation ils sont un seul ; car un
autre est le Père qui se réfère au Fils, un autre le Fils qui se
réfère au Père, un autre l'Esprit Saint qui, parce qu'il procède du
Père et du Fils, se réfère au Père et au Fils : non pas quelque
chose d'autre, mais un autre ; car ceux qui ont en propre d'être un
dans la nature de la divinité, ont une propriété particulière dans
la distinction des personnes...
574 (35) De même que par sa
Résurrection il nous a donné un exemple et que, nous vivifiant,
après deux jours il est ressuscité le troisième jour, vivant d'entre
les morts, de même nous voulons croire de toutes les façons que nous
aussi nous ressusciterons à la fin des temps, non pas sous forme
d'une ombre aérienne ou en celle d'une vision imaginaire, comme
l'affirme l'opinion à réprouver de certains, mais dans la substance
de la chair véritable dans laquelle nous nous trouvons et vivons à
présent ; et au temps du jugement nous nous tiendrons devant le
Christ et ses saints anges, et chacun rapportera ce qu'il a fait
dans son corps, soit en bien, soit en mal 2Co 5,10, et il
recevra de lui, soit pour ses actions le Règne et la béatitude sans
fin, soit pour ses méfaits la mort de la damnation éternelle.
575 (36) La sainte Église catholique
qui a cette foi, lavée par l'eau du baptême, rachetée par le
précieux sang du Christ, qui n'a pas de ride dans sa foi et ne porte
pas la tache d'une oeuvre impure Ep 5,23-27, est en effet
riche de marques d'honneur, brille par sa vertu et resplendit des
dons de l'Esprit Saint.
(37) Avec le Christ Jésus notre Seigneur, sa
tête dont elle est le corps sans aucun doute, elle régnera pour
toujours ; et tous ceux qui maintenant ne se trouvent pas en elle ou
qui ne s'y seront pas trouvés, qui en sont séparés ou s'en seront
séparés, ou tous ceux qui, dans le mal du manque de foi, auront nié
que les péchés y sont remis, ceux là, s'ils ne reviennent pas à elle
à l'aide de la pénitence et s'ils ne croient pas d'une foi entachée
d'aucun doute tout ce que le synode de Nicée..., l'assemblée de
Constantinople... et l'autorité du premier concile d'Ephèse a décidé
d'embrasser, et que la volonté unanime des saints pères à
Chalcédoine ou des autres conciles, ou encore de tous les saints
pères qui ont vécu dans la foi juste, prescrivent de garder, ils
sont châtiés par une sentence de damnation éternelle, et seront
brûlés à la fin des temps avec le diable et ses consorts sur un
bûcher enflammé.
JEAN VI : 30 octobre 701 – 11 janvier 705
JEAN VI : Ier mars 705 – 18 octobre 707
SISINNIUS : 15 janvier – 4 février 708
CONSTANTIN Ier : 25 mars 708 — 9 avril 715
GREGOIRE II : 19 mai 715 – 11 février 731
580 Tu as fait savoir que certains
ont été baptisés sans interrogation sur le Symbole par des prêtres
adultères et indignes. En cette affaire, ta charité doit tenir
l'antique coutume de l'Église : si quelqu'un a été baptisé au nom du
Père et du Fils et de l'Esprit Saint, il n'est permis d'aucune
manière de le rebaptiser ; ce n'est pas en effet au nom de celui qui
baptise, mais au nom de la Trinité qu'il a reçu le don de cette
grâce. Et il faut tenir ce que dit l'Apôtre : un seul Dieu, une
seule foi, un seul baptême Ep 4,5. Mais nous te prescrivons
de donner à ceux-là, avec plus de zèle encore un enseignement
spirituel.
581 Et tu affirmes que nous nous
prosternons devant des pierres, des murs et des planches de bois. Il
n'en est rien, ô empereur ; nous y trouvons un rappel et un
stimulant : ils élèvent vers le ciel notre esprit lourd et épais, ce
qui est la raison d'être de leurs noms, de leurs titres inscrits, de
leurs traits distinctifs ; mais nous n'en faisons pas des dieux,
comme tu le prétends — et puisse cela ne pas arriver ! — car nous ne
mettons pas notre espérance en eux. Et si c'est une image du
Seigneur, nous disons : Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu,
secours-nous et sauve-nous. Si c'en est une de sa sainte Mère, nous
disons : Toi qui as porté Dieu, sainte Mère du Seigneur, intercède
auprès de ton fils, notre vrai Dieu, pour le salut de nos âmes. Et
pour un martyr : saint Étienne, premier martyr, toi qui as versé ton
sang pour le Christ, puisque tu peux lui parler librement, intercède
pour nous. Et pour tous ceux qui dans le martyre ont témoigné de
leur foi, voilà ce que nous disons, voilà les prières que nous
adressons par leur intercession ; et il n'est pas vrai, comme tu le
prétends, ô empereur, que nous appelions « dieux » les martyrs.
GREGOIRE III : 18 mars 731 – 28 (29 ?) novembre 741
582 Pour ce qui concerne ceux dont tu
as dit qu'ils ont été baptisés par des païens, s'il en est ainsi,
nous te commandons de les baptiser à nouveau au nom de la Trinité.
... Mais nous te prescrivons aussi que soient baptisés également
ceux qui doutent s'ils ont été baptisés ou non, ou qui l'ont été par
un presbytre qui sacrifie à Jupiter et qui mange des viandes
immolées.
583 Tu as cherché à savoir s'il est
permis de présenter des oblations pour des défunts. La sainte Église
tient que chacun peut présenter des oblations pour ses morts
véritablement chrétiens, et que les presbytres peuvent faire mémoire
d'eux. Et bien que tous nous soyons soumis au péché, il convient que
le prêtre fasse mémoire des catholiques défunts et intercède pour
eux. Mais cela, il ne sera pas permis de le faire pour des impies,
même s'ils ont été chrétiens.
ZACHARIE : 10(3?) décembre 741 – 22(15?) mars 752
586 (...)
(2) Nous avons trouvé (dans une lettre de
Boniface au pape)... qu'il nous a été rapporté par toi que nous
serions des corrupteurs des canons et que nous chercherions à
abroger les traditions des Pères, et que par là — ce qu'à Dieu ne
plaise ! — nous succomberions avec nos clercs à l'hérésie
simoniaque, en acceptant des récompenses ou en demandant à ceux à
qui nous conférons le pallium de nous accorder des récompenses en
leur demandant de l'argent, ... (Il est demandé à Boniface de ne pas
écrire à nouveau de telles choses), parce que nous considérons cela
comme outrecuidant et injurieux si on nous attribue ce que nous
abominons totalement. Loin de nous et de nos clercs la pensée de
vendre pour de l'argent ce que nous avons reçu par la grâce de
l'Esprit Saint. ... Nous anathématisons en effet tous ceux qui
oseraient vendre pour de l'argent un don de l'Esprit Saint.
587 (...) Clément, qui dans sa
stupidité rejette les déterminations des saints Pères et tous les
actes synodaux, et qui introduit aussi pour les chrétiens le
judaïsme lorsqu'il affirme qu'on peut prendre pour femme la veuve
d'un frère défunt, et qui de surcroît proclame aussi que le Seigneur
Jésus Christ, en descendant aux enfers. en a arraché à la fois les
pieux et les impies, doit être dépouillé de tout office sacerdotal
et jeté dans les liens de l'anathème.
588 Ils ont rapporté en effet qu'il y
avait dans cette province un prêtre qui ignorait totalement la
langue latine et qui, lorsqu'il baptisait, ne connaissant pas la
prononciation latine, disait en déformant la langue : « Baptizo te
in nomine Patria et Filia et Spiritus Sancti ». Et pour cette raison
ta vénérable fraternité a pensé à rebaptiser. Mais... si celui qui a
baptisé, en baptisant, a prononcé comme nous venons de dire non pas
pour introduire une erreur ou une hérésie, mais seulement par
ignorance du parler romain, nous ne pouvons pas accepter qu'ils
soient baptisés à nouveau...
589 Dans ce (synode des Anglais) on a
manifestement prescrit de façon ferme et démontré avec soin la
décision et la résolution selon laquelle quiconque a été purifié
sans l'invocation de la Trinité n'avait pas le sacrement de la
régénération. Ce qui est tout à fait vrai ; car si quelqu'un a été
plongé dans la fontaine du baptême sans l'invocation de la Trinité,
il n'est pas parfait, s'il n'a pas été baptisé au nom du Père et du
Fils et de l'Esprit Saint. ... Les prêtres du synode susdit ont
voulu que soit observé également que si quelqu'un, lors du baptême,
omet de nommer l'une seulement des Personnes de la Trinité, cela ne
peut pas être un baptême, ce qui est certainement vrai ; car celui
qui n'a pas confessé un seul de la sainte Trinité, ne peut pas être
un chrétien parfait.
ETIENNE II (III) : 26 mars 752 – 26 avril
757
592 (Réponse 14). Pour ce qui
concerne ce presbytre qui a baptisé de façon si grossière : Je
plonge au nom du Père, et je plonge au nom du Fils et je plonge au
nom de l'Esprit Saint, et qui même comme prêtre ne sait pas si c'est
un évêque qui l'a béni : celui-là, qui est dans l'ignorance quant à
son ordination, il doit absolument être déposé... ; mais les enfants
qu'il a baptisés, bien que de façon grossière, puisqu'ils ont été
baptisés au nom de la sainte Trinité, qu'ils demeurent dans ce
baptême.
PAUL Ier : 29 mai 757 – 28 juin 767
ETIENNE III (IV) : 7 août 768 – 24 janvier 772
ADRIEN Ier : 9 février 772 – 25 décembre 795
595 (...) De votre région est venue
jusqu'à nous la nouvelle attristante que quelques évêques qui y
séjournent, à savoir Eliphand et Ascaricus avec d'autres qui sont en
accord avec eux, ne rougissent pas de confesser le Fils de Dieu
comme fils adoptif, lors même qu'aucun hérésiarque n'a osé proférer
un tel blasphème, à l'exception de ce Nestorius impie qui confessait
le Fils de Dieu comme un simple homme. ...
596 Mais ce que disent d'autres dans
leurs rangs, à savoir que la prédestination à la vie ou à la mort
est au pouvoir de Dieu et non au nôtre ; les uns disent : « Pourquoi
nous efforçons-nous de vivre, puisque cela est au pouvoir de
Dieu ? » d'autres disent : « Pourquoi prions-nous Dieu de ne pas
être vaincus par la tentation, puisque cela est en notre pouvoir, de
par le libre arbitre ? »
En vérité ils ne peuvent ni le justifier, ni
entendre raison, puisqu'ils ne connaissent pas les écrits du
bienheureux Fulgence au presbytre Eugippius contre le propos d'un
pélagien : « Dieu a donc préparé dans l'éternité de son immutabilité
des oeuvres de miséricorde et de justice... ; il a donc préparé des
mérites pour les hommes qui doivent être justifiés ; pour les mêmes,
qui doivent être glorifiés, il a préparé aussi des récompenses ;
mais pour les méchants il n'a pas préparé des volontés mauvaises ou
des oeuvres mauvaises, mais il leur a préparé des supplices justes
et éternels. Telle est la prédestination éternelle des oeuvres à
venir de Dieu, et nous l'annonçons avec autant de confiance que nous
savons qu'elle nous est toujours proposée par la doctrine
apostolique ».
·
2e
Concile de NICEE (7e Oecuménique) 24 septembre - 23 octobre 787
600 (...) Avançant sur la voie royale
et nous attachant à l'enseignement divinement inspiré de nos saint
Pères et à la tradition de l'Église catholique, dont nous
reconnaissons qu'elle est celle de l'Esprit habitant en elle, nous
décidons ceci, avec toute la précision et la justesse possibles :
comme pour la représentation de la précieuse et vivifiante croix,
qu'on place les vénérables et saintes images, mosaïques ou oeuvres
faites de toute autre matière convenable, dans les saintes églises
de Dieu, sur les objets ou vêtements sacrés, les murs et des
tableaux, dans les maisons et les chemins ; l'image de notre
Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus Christ, celle de notre Dame sans
tache, la sainte Mère de Dieu, celle des anges, dignes de notre
respect, celle de tous les saints et justes.
601 En effet, plus on les voit, grâce
à leur représentation par l'image, plus en contemplant leurs images
on est amené à se rappeler et à aimer les modèles originaux et à
leur donner salutations et respectueuse vénération ; non pas
l'adoration véritable propre à notre foi, qui convient à la nature
divine seule, mais comme on le fait pour la représentation de la
glorieuse et vivifiante croix, pour les saints évangiles et tous les
autres objets sacrés ; et on fera en leur honneur des encensements
et l'apport de lumières, selon la pieuse coutume des Anciens. Car
« l'honneur rendu à l'image s'en va au modèle original » et celui
qui vénère l'image vénère en elle la personne de celui qu'elle
représente.
602 Ainsi sont confirmés
l'enseignement de nos saints Pères, la tradition de l'Église
catholique, Église qui d'un bout à l'autre de la terre a accueilli
l'Évangile ; ainsi nous nous attachons à Paul, qui parlait dans le
Christ 2Co 2,17 à toute la divine assemblée des apôtres et à
la sainteté de nos Pères, tenant fermement les traditions que nous
avons reçues 2Th 2,15 ; ainsi nous chantons prophétiquement
les hymnes célébrant la victoire de l'Église : « Réjouis-toi, fille
de Sion, élève la voix, fille de Jérusalem, réjouis-toi et jubile de
tout ton coeur ; le Seigneur a fait disparaître autour de toi les
injustices de tes adversaires, tu es délivrée de la main de tes
ennemis ; le Seigneur est roi au milieu de toi ; tu ne verras plus
le malheur, et la paix sera sur toi pour toujours » So 3,14
ss. .
603 Ceux qui osent penser ou
enseigner autrement, ou à la suite des hérétiques maudits mépriser
les traditions de l'Église et imaginer quelque nouveauté, ou rejeter
l'un des objets consacrés offerts à l'Église, évangiles,
représentations de la croix, tableau ou saintes reliques d'un
martyr ; ou imaginer de tortueuses et fourbes manœuvres pour
renverser quelque chose dans les légitimes traditions de l'Église
catholique ; ou encore faire servir à des usages profanes les objets
sacrés ou les saints monastères : tous ceux-là, s'ils sont évêques
ou clercs, nous ordonnons de les déposer ; s'ils sont moines ou
laïcs, de les exclure de la communion.
604 Toute élection d'un évêque, d'un
prêtre ou d'un diacre faite par des princes demeure nulle, selon le
canon (canon des apôtres 30) qui dit : Si un évêque recourant à des
princes séculiers entre par eux en possession d'une église, qu'il
soit déposé, et que soient excommuniés tous ceux qui acceptent sa
communion. Car celui qui doit être élevé à l'épiscopat doit être élu
par des évêques, comme il a été décidé par les saints Pères réunis à
Nicée, dans le canon (canon 4) qui dit : le plus convenable est
qu'un évêque soit établi par tous les évêques de la province ; si la
chose se révélait difficile, soit en raison d'une nécessité urgente,
soit à cause de la longueur de la route, il faut de toute façon que
trois évêques se réunissent au même endroit — les absents donnant
aussi leur suffrage et exprimant leur consentement par écrit —, et
fassent alors l'ordination. La pleine autorité sur ce qui se fait
est donnée dans chaque province au métropolite.
605 Nous admettons les vénérables
images ; ceux qui ne jugent pas ainsi, nous les soumettons à
l'anathème,..
606 Si quelqu'un ne confesse pas que
le Christ notre Dieu est l'imité (homologue) selon l'humanité, qu'il
soit anathème...
607 Si quelqu'un n'admet pas les
présentations de l'Évangile qui se font par des images, qu'il soit
anathème.
608 Si quelqu'un ne salue pas ces
images, faites au nom du Seigneur et de ses saints, qu'il soit
anathème.
609 Si quelqu'un rejette toute la
tradition ecclésiastique écrite ou non écrite, qu'il soit
anathème...
610 La justification avancée pour
l'hérésie de l'adoption de Jésus Christ, le Fils de Dieu, doit être
rejetée comme d'autres choses parce que s'appuyant sur des
argumentations fausses ; on peut y lire l'ivraie des paroles
hérétiques, d'une plume désordonnée. Cela l'Église catholique ne l'a
jamais cru, ne l'a jamais enseigné, et jamais elle n'a donné son
assentiment à ceux qui croyaient cela faussement..
611 Lui-même en effet (le Christ) a
fait savoir au sujet de lui même de qui il est le fils, lorsqu'il
dit qu'il a annoncé aux hommes le nom du Père. Il dit en effet :
« J'ai manifesté ton nom aux hommes, que tu m'as donnés du milieu du
monde » Jn 17,6. Le nom du Père, il l'a jadis manifesté aux
hommes, lorsqu'il s'est fait connaître comme le Fils véritable, non
putatif, propre et non adoptif. Mais il faut remarquer qu'il est
dit : « aux hommes que tu m'as donnés ». De ces hommes en effet que
le Père lui avait donnés, et même qu'il avait élus avant la
constitution du monde, ne font pas partie ceux qui le confessent
comme le fils adoptif et non comme son propre Fils, comme si un
moment il avait été étranger au Père, ou s'il s'était éloigné de lui
en prenant chair, alors que c'était une unique volonté du Père et du
Fils que le Verbe devienne chair, comme il est écrit : « Que je
fasse ta volonté ; mon Dieu, je l'ai voulu » Ps 40,9.
C'est pourquoi il dit ailleurs : « Je monte
vers mon Père et votre Père » Jn 20,17. Il dit en effet de
façon précise « mon » et « votre »,c'est-à-dire le sien non pas par
grâce mais par nature, mais le nôtre par la grâce de l'adoption. En
outre jamais le Fils n'a pas été, parce que jamais le Père n'a pas
été. Toujours et partout il l'appelle expressément son Père. « Mon
Père, dit-il, est à l'œuvre jusqu'à présent, et moi aussi je suis à
l'œuvre » Jn 5,17 ; et encore : « Père, glorifie ton Fils,
pour que ton fils te glorifie » Jn 17,1, et : « Ce que mon
Père m'a donné, est plus grand que tout » Jn 10,29.
Mais si dans leurs tergiversations pleines
d'astuce ils pensent que tout ce que nous avons avancé ne doit être
rapporté qu'à la divinité du Fils de Dieu, qu'ils disent où il a
jamais dit d'un commun sentiment avec nous « notre Père ». « Votre
Père, dit-il, sait en effet ce qui vous est nécessaire » Mt 6,8.
Il ne dit pas « notre », comme s'il avait été adopté avec nous par
grâce. Et ailleurs : « Soyez donc parfaits vous aussi, comme votre
Père des cieux est parfait » Mt 5,48. Pourquoi n'a-t-il pas
dit « notre » ? Parce qu'il est autrement le nôtre, et autrement le
sien. Alors il dit encore : « Si vous, qui êtes mauvais, savez
donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père
céleste donnera l'esprit bon à ceux qui le prient ? » Lc 11,13,
etc. Alors Paul, le vase d'élection, dit : « Dieu n'a pas épargné
son propre Fils, mais il l'a livré pour nous tous » Rm 8,32.
Nous savons en effet qu'il n'a pas été livré selon la divinité, mais
selon qu'il était un homme véritable.
612 (...) Nous avons en effet trouvé
par écrit au début de votre lettre que vous affirmez : « Nous
confessons et croyons que Dieu, le Fils de Dieu, a été engendré du
Père avant tous les siècles et sans commencement, coéternel et
consubstantiel, non par adoption mais selon la descendance ». De
même on a lu peu après au même endroit : « Nous confessons et
croyons que, fait de la femme, fait sous la loi Ga 4,4, il
n'est pas Fils de Dieu selon la descendance mais par adoption, non
par nature mais par grâce ». Voilà le serpent qui se tient caché
entre les arbres fruitiers du paradis afin de tromper tous les
imprudents...
613 De même ce que vous avez ajouté
dans ce qui suit, nous ne l'avons pas trouvé affirmé dans la
profession de foi du symbole de Nicée : « dans le Christ deux
natures et trois substances » 18e session, 16
septembre 681. et « homme déifié » et « Dieu humanisé ». Qu'est
la nature de l'homme, sinon âme et corps ? ou quelle différence
entre « nature » et « substance », de sorte qu'il faudrait parler de
trois substances et non pas plus simplement, comme le disent les
saints Pères, confesser notre Seigneur Jésus Christ vrai Dieu et
vrai homme en une seule personne ?
Mais la personne du Fils est demeurée dans la
sainte Trinité ; à cette personne s'est jointe la nature humaine, en
sorte qu'il y a une unique personne, Dieu et homme, non pas un homme
divinisé et un Dieu humanisé, mais Dieu homme et homme Dieu : en
raison de l'unité de la personne, un seul Fils de Dieu, et le même
Fils d'homme, Dieu parfait, homme parfait.
L'homme n'est parfait qu'avec l'âme et le corps
... ; nous non plus nous ne nions pas que dans le Christ ces trois
sont vraiment présents, à savoir la divinité, l'âme et le corps.
Mais parce qu'il est appelé en vérité Dieu et homme, dans le nom de
« Dieu » est désigné tout ce qui est de Dieu, et dans celui
d’« homme » est entendu tout ce qu'est l'homme. C'est pourquoi il
suffit de confesser en lui l'une et l'autre : la substance parfaite
de la divinité, et la substance parfaite de l'humanité ... La
coutume ecclésiastique a l'habitude de nommer dans le Christ deux
substances, à savoir celle de Dieu et celle de l'homme....
614 S'il est donc Dieu véritable,
celui qui est né de la Vierge, comment peut-il être fils adoptif ou
esclave ? Car vous n'osez aucunement confesser Dieu comme esclave ou
comme fils adoptif ; et même si le prophète l'a appelé esclave, ce
n'est pas en raison de la condition de servitude mais en raison de
l'obéissance de l'humilité par laquelle il est devenu pour le Père
« obéissant jusqu'à la mort » Ph 2,8.
615 Canon 1... Au début des chapitres
on a commencé par l'hérésie impie et blasphématoire de l'évêque
Eliphand de Tolède et de Félix d'Urgel et de leurs adeptes, qui dans
leur pensée fausse affirmaient pour le Fils de Dieu une adoption :
ce qu'ont contredit d'une seule voix et ont rejeté tous les très
saints Pères susdits, et ils décidèrent que cette hérésie devait
être éradiquée complètement de la sainte Eglise.
LEON III : 27 décembre 795 – 12 juin 816
616 (Après le symbole de
Constantinople suit ceci) : Mais la sainte Trinité, parfaite,
inséparable, ineffable et vraie, c'est-à-dire le Père et le Fils et
l'Esprit Saint, je la confesse sans division dans l'unité de la
nature, parce que Dieu est trine et un ; à savoir trine par la
distinction des personnes, un par la substance inséparable de la
divinité. Nous croyons donc que ces trois personnes... ne sont pas
en apparence seulement ou comme conjecturées, mais vraies,
subsistantes, coéternelles, coégales et consubstantielles...
617 Car le Père, vrai Dieu, est
vraiment et proprement Père, qui à partir de lui-même, c'est-à-dire
de sa substance, a engendré en dehors du temps et sans commencement
le vrai Fils, coéternel, consubstantiel et coégal à lui.
Et le Fils, vrai Dieu, est vraiment et
proprement Fils, qui a été engendré du Père tous les siècles. ... Et
jamais le Père n'a été sans le Fils, ni le Fils sans le Père. ...
618 Et l'Esprit Saint, vrai Dieu, est
vraiment et proprement Esprit Saint : ni engendré, ni créé, mais
procédant en dehors du temps et inséparablement du Père et du Fils.
Il a été, est et sera toujours consubstantiel, coéternel et égal au
Père et au Fils. Et jamais le Père ou le Fils n'a été sans l'Esprit
Saint, ni l'Esprit Saint sans le Père et le Fils.
619 Et c'est pourquoi les oeuvres de
la Trinité sont toujours inséparables, et il n'y a dans la Trinité
rien de divers, de dissemblable ou d'inégal : rien n'est divisé dans
la nature, rien n'est confondu dans les personnes, rien n'est plus
grand ou plus petit, rien n'est antérieur ou postérieur, rien n'est
supérieur ; mais une puissance unique et égale, une même majesté,
pour toujours, coéternelle et consubstantielle....
619 Mais de cette Trinité ineffable,
seule la personne du Verbe, c'est-à-dire le Fils... est descendu des
cieux dont il ne s'est jamais éloigné. Il s'est incarné de l'Esprit
Saint et est devenu vrai homme de Marie toujours vierge, et il
demeure vrai Dieu.
Et la naissance humaine et dans le temps n'a
pas porté préjudice à cette naissance hors du temps, mais le vrai
Fils de Dieu et le vrai Fils d'homme sont dans l'unique personne du
Christ Jésus ; ce n'est pas un autre qui est Fils d'homme et un
autre qui est Fils de Dieu, mais un seul et même est Fils de Dieu et
Fils d'homme, dans les deux natures, la divine et l'humaine, vrai
Dieu et vrai homme ; il n'est pas Fils de Dieu putatif, mais vrai ;
non pas fils adoptif, mais le propre Fils, car jamais la nature
humaine qu'il a prise ne l'a éloigné du Père.
Lui seul en effet est né homme sans péché,
puisque seul il s'est incarné, homme nouveau, de l'Esprit Saint et
de la Vierge immaculée. Il est consubstantiel à Dieu Père en sa
nature, c'est-à-dire divine ; consubstantiel aussi à la mère, sans
la souillure du péché, en notre nature, c'est-à-dire la nature
humaine. C'est pourquoi nous confessons que dans chacune des deux
natures, il est le propre Fils de Dieu et non pas son fils adoptif,
parce que, sans confusion et sans séparation, après avoir pris la
nature humaine, un seul et même est Fils de Dieu et Fils d'homme. Il
est fils du père par nature selon la divinité, et Fils de la mère
par nature selon l'humanité, mais proprement Fils du Père en l'un et
l'autre.
ETIENNE IV : 22 juin 816 – 24 janvier 817
PASCAL Ier : 25 janvier 817 – 11 février 824
EUGENE II : février – mai 824 – août 827
VALENTIN : août – septembre 827
GREGOIRE IV : septembre ( ?)827 – janvier 844
SERGE II : janvier 844 – 27 janvier 847
LEON IV : 10 avril 847 – 17 juillet 855
620 (8) Ce sacrement salutaire aussi
que recommande l'apôtre Jacques en disant : « L'un de vous est-il
malade ?... il lui sera pardonné » Jc 5,14 doit être porté à
la connaissance des peuples par une prédication adroite : c'est en
effet un mystère grand et très désirable, par lequel, s'il est
demandé dans la foi, le péché est remis et par suite aussi la santé
corporelle rétablie. ... Mais il faut savoir que si celui qui est
malade est livré à la pénitence publique, il ne peut pas recevoir le
remède de ce mystère, à moins qu'ayant d'abord obtenu la
réconciliation, il ait pu recevoir le corps et le sang du Christ.
Car à celui à qui les autres sacrements sont interdits, il ne sera
en aucun cas permis d'user de celui-là.
621 Chap. 1. Dieu tout-puissant a
créé l'homme droit, sans péché, et avec le libre arbitre, et il l'a
placé dans le paradis, voulant qu'il demeure dans la sainteté de la
justice, L'homme, ayant mal usé de son libre arbitre, a péché et est
tombé, et il est devenu « masse de perdition » (St Augustin), de
tout le genre humain. Mais Dieu, bon et juste, a choisi parmi cette
masse de perdition, selon sa prescience, ceux qu'il a prédestinés
par grâce Rm 8,29 ; Ep 1,11 à la vie, et il les a prédestinés
à la vie éternelle ; les autres, ceux que le jugement de sa justice
a hissés dans la masse de perdition, il a su par avance qu'ils
seraient perdus, mais il ne les a pas prédestinés à la perdition ;
cependant il les a prédestinés à une peine éternelle parce qu'il est
juste. Et pour cela nous parlons d'une seule prédestination, qui a
trait soit au don de la grâce, soit à la rétribution de la justice.
622 Chap. 2. Nous avons perdu le
libre arbitre dans le premier homme et nous l'avons reçu par le
Christ notre Seigneur, et le libre arbitre, nous l'avons pour le
bien, prévenu et aidé par la grâce, et le libre arbitre, nous
l'avons pour le mal, abandonné par la grâce. Mais le libre arbitre
nous l'avons, parce qu'il est libéré par la grâce et guéri de la
corruption par la grâce.
623 Chap. 3. Dieu tout-puissant veut
que « tous les hommes » sans exception « soient sauvés » 1Tm 2,4,
bien que tous ne soient pas sauvés. Que certains se sauvent, c'est
le don de celui qui sauve ; que certains se perdent, c'est le
salaire de ceux qui se perdent.
624 Chap. 4. De même qu'il n'y a eu,
qu'il n'y a ou qu'il n'y aura aucun homme dont la nature n'ait été
assumée dans le Christ Jésus notre Seigneur, de même il n'y a, il
n'y a eu et il n'y aura aucun homme pour qui il n'ait pas souffert,
bien que tous pourtant ne soient pas rachetés par le mystère de sa
Passion. Que tous ne soient pas rachetés par le mystère de sa
Passion ne concerne ni la grandeur ni l'abondance du rachat, mais la
partie des infidèles et de ceux qui ne croient pas de cette foi qui
« agit par la charité » Ga 5,6 ; car la coupe du salut de
l'humanité, faite de notre faiblesse et de la puissance divine,
contient bien ce qui est utile à tous ; mais si l'on n'y boit pas,
on n'est pas guéri.
625 Canon 1... Les nouveautés dans
les expressions et les bavardages présomptueux qui peuvent avoir
davantage pour résultat d'attiser les braises des disputes et des
scandales entre frères que de susciter une quelconque édification
dans la crainte de Dieu, nous les évitons en y mettant tout notre
effort. Sans hésitation cependant nous prêtons écoute avec révérence
et nous soumettons notre intelligence avec obéissance aux docteurs
qui traitent la parole de vérité de façon pieuse et juste, et à ceux
qui ont expliqué les saintes Écritures de façon particulièrement
lumineuse, c'est-à-dire à Cyprien, Hilaire, Ambroise, Jérôme,
Augustin et aux autres qui reposent dans la piété catholique, et de
toute nos forces nous embrassons ce qu'ils ont écrit pour notre
salut. En effet, au sujet de la prescience de Dieu et de la
prédestination, et des autres questions à propos desquelles il est
apparu que les frères ont éprouvé un scandale qui n'est pas minime,
nous croyons qu'il ne faut tenir très fermement que ce que pour
notre joie nous avons puisé du sein maternel de l'Église.
626 Canon 2. Nous tenons fidèlement
que « Dieu sait et a su par avance de toute éternité et le bien que
feraient les bons, et le mal que commettraient les méchants », car
nous avons la parole de l'Écriture qui dit : « Dieu éternel qui
connais les choses cachées, qui connais toutes choses avant qu'elles
soient » Ga 13,42 ; et il nous plaît de tenir qu’« il a su
par avance, absolument, que les bons seraient bons par sa grâce, et
qu'ils recevraient par cette même grâce les récompenses éternelles ;
qu'il a su par avance que les méchants seraient mauvais par leur
propre malice, et qu'ils seraient condamnés par sa justice au
châtiment éternel » ; comme selon le Psalmiste : « Parce que Dieu a
la puissance et le Seigneur la miséricorde qui rend à chacun selon
ses oeuvres " Ps 62,12 ss., et comme il en va dans la
doctrine apostolique : « A ceux qui par la persévérance à bien faire
recherchent gloire, honneur et incorruptibilité, la vie éternelle ;
mais a ceux qui par révolte n'acquiescent pas à la vérité, mettant
leur confiance dans l'injustice, colère et indignation, tribulation
et angoisse pour toute âme humaine qui commet le mal » Rm 2,7-10.
Dans le même sens le même dit ailleurs : « Dans
la révélation de notre Seigneur Jésus Christ depuis le ciel avec les
anges de sa puissance, tirant vengeance dans un feu de flammes de
ceux qui ne connaissent pas Dieu et qui n'obéissent pas à l'Évangile
de notre Seigneur Jésus Christ, qui subiront des peines éternelles
dans la ruine,...lorsqu'il viendra pour être glorifié en ses saints
et pour être admiré dans tous ceux qui auront cru » 2Th 1,7-10.
627 Au reste la prescience de Dieu
n'a imposé à aucun méchant une nécessité qui l'eût empêché d'être
autre, mais ce que celui-ci serait de par sa propre volonté, en tant
que Dieu qui sait toutes choses avant qu'elles soient, il l'a su par
avance eu raison de sa majesté toute-puissante et immuable. « Nous
ne croyons pas non plus que quelqu'un est condamné en raison d'un
jugement qu'il (Dieu) a porté par avance, mais qu'il l'est en raison
de sa propre iniquité ». « Et ces méchants ne périssent pas parce
qu'ils n'ont pas pu être bons, mais parce qu'ils n'ont pas voulu
être bons et que par leur vice ils sont demeurés dans la masse de
damnation, soit par démérite originel, soit aussi par démérite
actuel ».
628 Canon 3. Au sujet de la
prédestination également nous avons décidé, et nous nous y tenons
fidèlement, selon l'autorité apostolique qui dit : « Le potier
n'a-t-il pas le pouvoir de faire de la même masse une masse destinée
à être un vase noble, et un autre destiné à un usage vil ? »
Rm 9,21, en ajoutant aussitôt : « Si donc Dieu voulant montrer
sa colère et manifester sa puissance, a supporté avec beaucoup de
patience les vases de colère prêts ou préparés pour la perdition,
afin de montrer les richesses de sa grâce dans les vases de
miséricorde qu'il a préparés pour la gloire » Rm 9,22 ss. :
nous affirmons avec confiance la prédestination des élus à la vie,
et la prédestination des impies à la mort ; dans l'élection
cependant de ceux qui doivent être sauvés la miséricorde de Dieu
précède le mérite, tandis que dans la damnation de ceux qui doivent
périr le démérite précède le juste jugement de Dieu. « Par la
prédestination Dieu a seulement déterminé ce que lui-même ferait
soit par miséricorde gratuite, soit par juste jugement », selon
l'Écriture qui dit : « Il a fait ce qui sera » Is 45,11 ;
chez les méchants cependant il a su par avance leur malice, parce
qu'elle provient d'eux ; il ne l'a pas prédestinée, parce qu'elle ne
provient pas de lui.
629 Mais la peine qui suit leur
démérite, en tant que Dieu qui voit tout par avance, il l'a sue et
destinée à l'avance parce qu'il est juste, lui, auprès de qui se
trouve, comme le dit Saint Augustin, pour absolument toute chose
aussi bien un jugement fixé qu'une prescience certaine. A cela
correspond la parole du Sage : « Les jugements sont préparés pour
les moqueurs et les masses qui frappent pour les corps des
insensés » Pr 19,29.
De cette immuabilité de la prescience et de la
prédestination de Dieu, par laquelle auprès de lui les choses
futures sont déjà advenues, la parole de l'Ecclésiaste peut elle
aussi bien se comprendre : « J'ai reconnu que toutes les oeuvres que
Dieu a faites demeurent pour toujours. Nous ne pouvons rien ajouter
ni rien retrancher de ce que Dieu a fait pour qu'on le craigne »
Qo 3,14. « Mais qu'il y ait des hommes prédestinés au mal par la
puissance divine », de telle sorte que pour ainsi dire ils ne
puissent pas être autre chose, « non seulement nous ne le croyons
pas, mais s'il en est qui voulaient croire une chose aussi mauvaise,
avec toute notre détestation », comme aussi le concile d'Orange,
« nous leur disons : anathème » 397.
630 Chap. 4. De même au sujet de la
Rédemption par le sang du Christ : en raison de la très grande
erreur qui a surgi à ce sujet, au point que certains, comme leurs
écrits l'indiquent, définissent qu'il a été versé également pour ces
impies qui, depuis le commencement du monde jusqu'à la Passion du
Seigneur, sont morts dans leur impiété et ont été punis de la
damnation éternelle, et cela contre cette parole prophétique : « Je
serai ta mort, ô mort, je serai ton fléau, en fer » Os 13,14,
nous avons décidé qu'il faut tenir et enseigner simplement et
fidèlement selon la vérité de l'Évangile et des apôtres que nous
devons tenir que ce prix a été donné pour ceux-là seulement dont
notre Seigneur lui-même dit : « De même que Moïse a élevé le serpent
dans le désert, de même le Fils de l'homme doit être élevé pour que
tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie
éternelle. Dieu en effet a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils
unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais
ait la vie éternelle » Jn 3,14-16, et l'Apôtre dit : « Le
Christ a été offert une fois pour toutes pour enlever les péchés de
beaucoup » He 9,28.
631 Quant aux — (quatre chapitres qui
ont été imprudemment acceptés par le concile de nos frères, en
raison de leur inutilité et même de leur nocivité, et de l'erreur
contraire à la vérité ; mais aussi aux autres) — dix-neuf chapitres,
résultant de raisonnements ineptes et qui — même si on s'en vante —
ne s'appuient sur aucune érudition séculière, dans lesquels on
trouve davantage une invention du diable qu'un argument quelconque
de la foi : nous les éloignons totalement de l'ouïe pieuse des
fidèles, et pour que ceux-ci soient gardés en tout de telles choses
et d'autres semblables, nous les interdisons par l'autorité du
Saint-Esprit ; nous estimons aussi que ceux qui introduisent des
nouveautés doivent être châtiés pour n'être pas frappés plus
sévèrement encore.
632 De même nous croyons qu'il faut
tenir très fermement que toute la multitude des fidèles qui a été
régénérée « de l'eau et de l'Esprit Saint » Jn 3,5, qui par
là a été vraiment incorporée à l'Église et, selon la doctrine
apostolique, baptisée dans la mort du Christ Rm 6,3 a été
lavée de ses péchés dans son sang ; car il n'aurait pas pu y avoir
de vraie régénération en eux s'il n'y avait pas eu aussi une vraie
Rédemption ; il n'y a rien en effet dans les sacrements de l'Église
qui soit vain, rien qui soit trompeur, mais tout est vrai et soutenu
par sa vérité et sa sincérité.
Toutefois de cette multitude même des fidèles
et des rachetés, les uns sont sauvés par un salut éternel, parce que
par la grâce de Dieu ils sont demeurés fidèles dans sa Rédemption,
portant dans leur coeur la parole du Seigneur lui-même : « Celui...
qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé »
Mt 10,22 ; Mt 24,13 ; les autres, qui n'ont pas voulu demeurer
dans le salut de la foi qu'ils ont reçue au début, et qui ont
préféré annuler la grâce de la Rédemption par une doctrine ou une
vie dépravées plutôt que de la conserver, ne parviennent d'aucune
manière à la plénitude du salut et à l'obtention de la béatitude
éternelle. Rm 6,3 ; Ga 3,27 ; He 10,22 ;
He 26,28.
633 Chap.6. De même au sujet de la
grâce par laquelle sont sauvés ceux qui croient, et sans laquelle la
créature raisonnable n'a jamais vécu de façon bienheureuse, et au
sujet du libre arbitre blessé par le péché dans le premier homme
mais rétabli et guéri par la grâce du Seigneur Jésus, nous
confessons de la façon la plus ferme et d'une foi pleine cela même
que les saints Pères sur l'autorité des saintes Écritures nous ont
enseigné à tenir, ce qu'ont professé le concile africain 222
et celui d'Orange 370-397, ce que les très bienheureux
pontifes du Siège apostolique 238-249 ont tenu par la foi
catholique, et au sujet de la nature et de la grâce également nous
ne nous permettons d'aucune manière d'aller dans une autre
direction.
Quant aux arguties ineptes et aux commérages de
vieilles femmes 1Tm 4,7 et quant à la bouillie des disciples
de Scot qui répugne jusqu'à la nausée à la pureté de la foi — en ce
qui en ces temps très dangereux et difficiles, et pour augmenter
encore notre labeur, s'est accru de façon misérable et déplorable
jusqu'à rompre la charité —, nous le rejetons complètement pour que
les esprits chrétiens n'en soient pas corrompus et ne dévient pas de
la simplicité et de la pureté de la foi qui est dans le Christ Jésus
2Co 11,3 et dans la charité du Christ nous exhortons la
charité fraternelle à réfréner son ouïe en se gardant de telles
choses.
BENOIT III : juillet 855 – 17 avril 858
NICOLAS Ier : 24 avril 858 – 13 novembre 867
635 Chap. 1 (7). Il faut certes
croire réellement et professer à tous égards que notre seigneur
Jésus Christ, Dieu et Fils de Dieu, a enduré la Passion de la croix
seulement selon la chair, mais qu'en sa divinité il est demeuré
impassible, comme l'enseigne l'autorité apostolique et la splendide
doctrine des très saints Pères.
636 Chap. 2. (8) Quant à ceux qui
disent que notre Rédempteur et Seigneur Jésus Christ et Fils de Dieu
a enduré la Passion de la croix selon la divinité, ce qui est impie
et exécrable pour des esprits catholiques, qu'ils soient anathèmes.
637 Chap.9 (4).Tous ceux qui disent
que ceux qui sont renés de la source du très saint baptême en
croyant au Père et au Fils et au Saint-Esprit, ne sont pas également
lavés du péché originel, qu'ils soient anathèmes.
638 (...) Le juge ne sera jugé ni par
l'empereur, ni par tout le clergé, ni par les rois, ni par le
peuple... « Le premier Siège ne sera jugé par personne »...
639 Où donc avez-vous lu que les
empereurs, vos prédécesseurs, auraient pris part aux assemblées
synodales à l'exception peut-être de celles dans lesquelles il a été
traité de la foi, qui est universelle, qui est commune à tous, qui
ne concerne pas seulement les clercs, mais également les laïcs et en
fait tous les chrétiens ?... Plus une plainte est adressée au
jugement d'une autorité supérieure, plus il faut se tourner vers une
instance plus élevée, jusqu'à ce que, pas à pas, on parvienne à ce
Siège dont le jugement est soit modifié en mieux par lui-même, si
l'importance de l'affaire l'exige, soit réservé, sans interrogation,
au seul jugement de Dieu.
640 En outre, si vous ne Nous écoutez
pas, il en résultera que nécessairement vous serez pour Nous tels
que notre Seigneur prescrit de considérer ceux qui dédaignent
écouter l'Église de Dieu ; d'autant plus que les privilèges de
l'Église romaine, confirmés par la bouche du Christ dans le
bienheureux Pierre, disposés dans l'Église elle-même, reconnus
depuis les temps anciens, célébrés par les saints synodes
universels, et vénérés constamment par toute l'Église, ne peuvent
d'aucune manière être diminués, limités et modifiés, car le
fondement que Dieu a posé, une entreprise humaine ne peut pas
l'écarter et ce que Dieu a établi tient de façon ferme et solide...
Ces privilèges donc, conférés à cette sainte Église par le Christ
qui n'ont pas été conférés par les synodes, mais seulement célébrés
et vénérés par eux... Nous contraignent et Nous poussent à « avoir
la sollicitude de toutes les Églises » de Dieu 2Co 11,28 ...
641 Car puisque selon les canons le
jugement des instances inférieures doit être déféré à l'autorité
supérieure pour être annulé ou confirmé, il est manifeste que le
jugement du Siège apostolique, pour lequel il n'y a pas d'autorité
plus grande, ne doit être réexaminé par personne 232, « et
qu'il n'est permis à personne de juger de son jugement. Car les
canons ont voulu qu'on fasse appel auprès de lui de toutes les
parties du monde ; mais il n'est permis à personne de faire appel de
son jugement » ...
Si donc on admet que ce qui a trait au jugement
de l'évêque de Rome ne doit plus être examiné — car la coutume le
veut elle aussi —, nous ne nions pas que le jugement de ce Siège
puisse être modifié en mieux lorsque quelque chose lui a échappé, ou
que lui-même, compte tenu des circonstances et du moment, ou en
raison d'une grave nécessité, avait décidé d'ordonner quelque chose
de façon exceptionnelle, car l'excellent apôtre Paul a lui aussi,
comme nous le lisons, fait certaines choses de façon exceptionnelle
qu'ensuite, nous le savons, il a réprouvées ; mais dans le cas
seulement où celle-ci, à savoir l'Église romaine, après examen
attentif, a ordonné que cela soit fait, et non quand elle-même a
refusé que ce qui a été bien défini soit examiné à nouveau...
642 Quant à vous, nous le demandons,
ne portez pas préjudice à l'Église de Dieu : car elle, elle ne porte
aucun préjudice à votre empire puisque, au contraire, elle supplie
la divinité éternelle pour sa stabilité, et qu'elle prie, avec une
dévotion incessante, pour votre conservation et votre salut. Ne vous
arrogez pas ce qui lui revient : ne cherchez pas à lui enlever ce
qui a été commis à elle seule : car vous le savez, autant il ne
convient pas à un clerc, à un homme au service de Dieu, de se mêler
aux affaires du siècle, autant assurément un homme chargé des
affaires de ce monde doit rester à l'écart des choses sacrées.
Enfin Nous ignorons absolument comment ceux à
qui il est permis seulement de présider aux choses humaines et non
aux choses divines, osent juger ceux qui s'occupent de ces choses
divines. Cela a existé avant la venue du Christ, lorsque certains
étaient de façon exemplaire à la fois rois et prêtres; l'histoire
sainte rapporte que saint Melchisédech l'a été Gn 14,18, et
cela le diable l'a imité dans ses membres, lui qui toujours cherche
à revendiquer pour lui-même, de façon tyrannique, ce qui revient au
culte divin, de sorte que les empereurs païens furent appelés en
même temps « Souverains pontifes ». Mais dès que l'on fut parvenu à
celui qui est à la fois le roi et le pontife véritable, l'empereur
ne s'est plus arrogé les droits du pontificat, ni le pontife le nom
impérial.
Car le même « médiateur de Dieu et des hommes,
l'homme Christ Jésus » 1Tm 2,5 a séparé les fonctions des
deux pouvoirs selon des activités propres et des dignités distinctes
— voulant qu'elles soient portées vers le haut par leur propre —
humilité, et non pas ramenées vers les profondeurs par l'orgueil
humain — en sorte que les empereurs aient besoin des pontifes pour
la vie éternelle et que les pontifes fassent usage des lois de
l'empereur pour le cours des affaires purement temporelles : afin
que l'activité spirituelle soit loin des incursions charnelles, et
que donc celui qui est au service de Dieu ne se mêle d'aucune
manière des affaires séculières 2Tm 3,4 et que d'autre part
l'on ne voie pas présider aux affaires divines celui qui est mêlé
aux affaires séculières ; en sorte que tout à la fois il soit pourvu
à la modestie des deux ordres, afin qu'ils ne s'élèvent pas en
s'appuyant sur l'un et l'autre, et que la fonction soit adaptée à
chaque fois à ce que sont les actions.
643 Chap. 3... Il suffira selon les
lois du seul consentement de ceux dont on considère l'union ; si ce
seul consentement devait faire défaut lors des noces, tout le reste,
même réalisé avec l'union charnelle elle-même, sera vain, comme
l'atteste le grand docteur Jean Chrisostome qui dit : « Ce qui fait
le mariage, ce n'est pas l'union charnelle, mais le consentement ».
644 Chap. 15. Vous demandez si les
hommes qui ont reçu le baptême de ce (pseudo-prêtre) sont chrétiens
ou s'ils doivent être baptisés à nouveau. Mais s'ils ont été
baptisés au nom de la Trinité très haute et indivisible, ils sont
réellement chrétiens, et quel qu'ait été le chrétien par qui ils ont
été baptisés, il ne convient pas qu'ils soient baptisés à nouveau ;
car... « le baptême... même conféré par un adultère ou par un
voleur, parvient comme un don intact à celui qui le reçoit » 356
(...)
Et c'est pourquoi le méchant, lorsqu'il procure
le bien, ce n'est pas aux autres mais à lui-même qu'il fait subir un
surcroît de dommage ; et c'est pourquoi il est certain que ceux que
ce Grec a baptisés, aucune part de la blessure ne les atteint, en
raison de ceci : « C'est lui qui baptise » Jn 1,33,
c'est-à-dire le Christ, et encore : « Dieu donne la croissance »
1Co 3,7, sous-entendu : et non pas l'homme.
645 Chap. 71. Personne, aussi impur
qu'il soit, ne peut rendre impurs les sacrements divins, qui sont le
remède qui purifie de toutes les souillures. De même un rayon de
soleil qui passe par les cloaques et les latrines ne peut pas en
recevoir de souillure ; aussi, quelle que soit la qualité du prêtre,
il ne peut pas polluer ce qui est saint ; c'est pourquoi, jusqu'au
moment où il sera rejeté par un jugement des évêques, on doit
recevoir de lui la communion, car lorsque les méchants procurent un
bien, c'est à eux-mêmes seulement qu'ils portent un tort, et une
torche qui est allumée cause certes une perte à elle-même, mais aux
autres elle donne la lumière dans les ténèbres... Recevez donc avec
intrépidité le mystère du Christ de tout prêtre, car tout est
purifié dans la foi.
646 Chap. 104. Vous dites que dans
votre patrie beaucoup ont été baptisés par un juif — vous ne savez
pas s'il est chrétien ou païen — et vous demandez quelle conduite
avoir à leur sujet. Si ceux-ci ont été vraiment baptisés au nom de
la sainte Trinité ou seulement au nom du Christ, comme nous le
lisons dans les Actes des Apôtres 1Co 2,38 ; 1Co 19,5 (car
c'est là une seule et même chose comme l'expose Ambroise), il est
établi qu'ils ne doivent pas être baptisés à nouveau ; mais d'abord
il faut rechercher si ce juif était chrétien ou païen, ou s'il est
devenu chrétien ensuite, encore que nous croyions qu'il ne faut pas
négliger ce que le bienheureux Augustin dit du baptême : « Nous
l'avons déjà assez démontré, dit-il, le baptême qui est consacré par
les paroles de l'Évangile n'est pas mis en jeu par l'erreur du
ministre qui a sur le Père, le Fils ou le Saint-Esprit une opinion
différente de ce qu'enseigne la doctrine céleste », et à nouveau :
« Il en est aussi dans ce nombre certains qui mènent une vie
scandaleuse ou même qui traînent dans l'hérésie ou dans les
superstitions des gentils ; et pourtant même là “le Seigneur connaît
les siens” 2Tm 2,19. Car dans cette ineffable prescience de
Dieu, beaucoup de ceux qui paraissent au-dehors sont au-dedans ».
Et dans un autre passage : « Même des esprits
assez lents comprennent, comme je le pense, que nulle perversité
humaine, du ministre ou du sujet, ne peut faire violence au baptême
du Christ » ; et encore : « Quelqu'un qui est séparé peut
transmettre, comme quelqu'un qui est séparé peut posséder, mais
transmettre de manière funeste ; quant à celui à qui il transmet, il
peut recevoir pour son salut si lui-même ne reçoit pas en étant
séparé ».
647 Chap. 41. Au sujet de ceux qui
refusent de recevoir le bien du christianisme, nous ne pouvons rien
vous écrire d'autre, sinon que vous devez les convaincre d'accéder à
la vraie foi par des monitions, des exhortations et des
instructions, plutôt que de les convaincre par la force de ce que
leur pensée est vanité.
Par ailleurs, en aucune manière, il ne doit
leur être fait violence pour qu'ils croient. Car tout ce qui ne
provient pas d'un désir, ne peut être bon Ps 53,8 ; Ps 118,108 ;
Ps 27,7 ; Dieu commande en effet une soumission volontaire, et
qui soit manifestée par des volontaires seulement, car s'il avait
voulu mettre en œuvre la force, personne n'aurait pu résister à sa
toute-puissance.
648 Chap. 86. Vous dites que chez
vous, lorsqu'un voleur ou un brigand a été pris et qu'il a nié ce
qui lui est reproché, le juge frappe sa tête avec des verges et
pique ses flancs avec des pointes de fer jusqu'à ce qu'il produise
la vérité ; cela, ni la Loi divine, ni la loi humaine ne l'admet,
d'aucune manière, car un aveu ne doit pas être involontaire mais
spontané, et il ne doit pas être provoqué par la violence mais
proféré de façon volontaire ; s'il arrive en fin de compte qu'après
avoir infligé ces tourments vous ne trouviez absolument rien de ce
qui est reproché à celui qui les a subis, ne rougissez-vous pas au
moins alors et ne reconnaissez-vous pas de quelle façon impie vous
jugez ?
Et de même si un homme accusé, qui a subi cela
et qui ne peut pas le supporter, dit qu'il a perpétré ce qu'il n'a
pas perpétré: ers qui, je le demande, se retourne toute l'ampleur
d'une telle impiété, sinon vers celui qui l'a contraint à avouer
cela de façon mensongère ? Pourtant on sait qu'il n'avoue pas, mais
qu'il parle, celui qui dit de sa bouche ce qu'il n'a pas dans son
cœur !...
Par ailleurs lorsqu'un homme libre a été
appréhendé pour un crime et que — à moins qu'il ait déjà été trouvé
coupable d'un crime auparavant, ou que, confondu par trois témoins,
il subisse la peine, ou qu'il n'ait pas pu être confondu — il jure
sur le saint Évangile qui lui est présenté qu'il ne l'a pas commis,
il sera absous, et ensuite il sera mis un terme à cette affaire
comme l'atteste l'apôtre des nations plusieurs fois mentionné
lorsqu'il dit : « pour confirmer le terme qui est mis à toute
controverse entre eux, il y a le serment » He 6.
HADRIEN II : 14 décembre 867 – 14 décembre 872
·
4e
Concile de CONSTANTINOPLE (8e
Œcuménique) 5 octobre 869-28 févrieR
650 (traduction du bibliothécaire
Anastase)
Canon 1. Désireux de marcher sans encombre sur
la voie droite et royale de la justice divine, nous devons garder
comme flambeaux toujours brillants, illuminant nos pas qui vont à la
suite de Dieu, les ordonnances et la pensée des saints Pères.
(Version grecque abrégée : « VGA »
1. Désireux de marcher sans encombre sur la
voie droite et royale de la justice divine, nous devons garder comme
des flambeaux toujours brillants les ordonnances et la pensée des
saints Pères ;
651 C'est pourquoi, à l'instar du
grand et très sage Denys, nous les regardons et les considérons
comme une seconde Parole divine ; et de même, à leur sujet, nous
chantons avec le plus vif empressement, avec le divin David : « Le
commandement lumineux de Dieu, clarté pour les yeux ». Ps 19,9 ;
Ps 119,105 ; Pr 6,23 ; Is 26,9 ...
C'est en effet à la lumière qu'à juste titre
sont comparées les recommandations et les interdictions des canons
divins, c'est grâce à eux que l'on distingue le meilleur du pire, et
que l'on discerne ce qui est utile et profitable de ce qui n'est pas
utile mais nuisible.
652 Donc, les règles qui ont été
transmises à la sainte Église catholique et apostolique tant par les
saints et très illustres apôtres que par les conciles œcuméniques et
locaux des orthodoxes, ou même par n'importe quel Père porte-parole
de Dieu et docteur de l'Église, nous déclarons les observer et les
garder.
Réglant sur eux nos mœurs et notre propre vie,
nous décrétons que l'ensemble des prêtres ainsi que ceux qui sont
comptés sous le nom de chrétiens, son canoniquement soumis aux
peines et condamnations, et, à l'opposé, aux réintégrations et aux
justifications qui ont été définies par ces règles ; de fait, à
conserver les traditions que nous avons reçues oralement ou par
écrit des saints qui brillèrent autrefois, le grand Apôtre nous
exhorte ouvertement 2Th 5 .
(VGA)
donc les règles qui ont été transmises à la
sainte Église catholique et apostolique tant par les saints et très
illustres apôtres que par les conciles oecuméniques orthodoxes ou
locaux, ou même par un Père porte-parole de Dieu et docteur de
l'Église, nous déclarons les observer et les garder. De fait, à
conserver les traditions que nous avons reçues oralement ou par
écrit des saints qui brillèrent autrefois, le grand apôtre Paul nous
exhorte ouvertement 2Th 2,15.)
653 Canon 3. Nous décrétons que
l'image sacrée de notre Seigneur Jésus Christ, libérateur et sauveur
de tous les hommes, doit être vénérée avec les mêmes honneurs que le
livre des saints évangiles.
(VGA)
3. Nous décrétons que l'image de notre Seigneur
Jésus Christ doit être vénérée avec les mêmes honneurs que le livre
des saints évangiles).
654 En effet, de même que, grâce aux
paroles qui se composent des syllabes contenues dans le livre, nous
parvenons tous au salut, de même, grâce à l'action que ces images
exercent par leurs couleurs, tous, les savants aussi bien que les
ignorants, tirent un utile parti de ce qu'ils ont sous les yeux. En
effet, ce qui est dit dans les syllabes, l'expression qui emploie
les couleurs le proclame et le rehausse ; et il convient,
conformément à la raison et à la plus antique tradition, à cause de
l'honneur — parce qu'il renvoie aux modèles eux-mêmes —
qu'indirectement les images soient honorées, et vénérées comme le
livre sacré des saints évangiles et la figure de la précieuse croix.
(VGA)
En effet, de même que, grâce aux paroles
contenues dans le livre, tous parviennent au salut, de même grâce à
l'action que ces images exercent par leurs couleurs, tous, les
savants aussi bien que les ignorants, tirent un utile parti de ce
qu'ils ont sous les yeux. En effet, ce qui est dit dans les
syllabes, l'écriture en couleurs elle aussi le proclame et le
représente par les couleurs.
655 Donc, si quelqu'un ne vénère pas
l'image du Christ Sauveur, il n'en verra pas non plus la forme,
quand il viendra dans la gloire de son Père pour être glorifié et
glorifier ses saints 2Th 1,10 ; qu'il soit tenu à l'écart de
sa communion et de sa gloire.
(VGA)
Donc si quelqu'un ne vénère pas l'image du
Christ Sauveur, il ne verra pas non plus sa forme lors de la
deuxième venue.
656 Il en sera de même pour qui ne
vénère pas l'image de Marie sa mère immaculée et mère de Dieu. Nous
peignons en outre les images des saints anges, comme la divine
Écriture les représente par des mots ; nous honorons et vénérons
aussi les images des apôtres dignes de tant de louanges, des
prophètes, des martyrs, des hommes consacrés, et de tous les saints.
Que ceux qui ne se conduisent pas ainsi soient
anathèmes au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit.
(VGA)
Nous honorons et vénérons de même l'image de sa
mère immaculée et les images des saints anges comme la divine
Écriture les représente par des mots, et aussi celles de tous les
saints ; et que tous ceux qui ne se conduisent pas ainsi soient
anathèmes).
657 Canon 11. Alors que l'Ancien et
le Nouveau Testament enseignent que l'homme a une seule âme
raisonnable et intellectuelle, et que tous les Pères et docteurs
porte-parole de Dieu dans l'Église affirment la même doctrine, des
individus, consacrant leurs efforts à inventer des maux, en sont
venus à un tel degré d'impiété qu'ils enseignent impudemment que
l'homme a deux âmes, et qu'ils tentent... d'affermir leur hérésie
par des efforts irrationnels.
(VGA)
11. Alors que l'Ancien et le Nouveau Testament
enseignent que l'homme a une seule âme raisonnable et
intellectuelle, et que tous les Pères et les docteurs porte-parole
de Dieu dans l'Église affirment la même doctrine, des individus
enseignent que l'homme a deux âmes, et affermissent leur hérésie par
des démonstrations insensées.
658 C'est pourquoi ce saint concile
oecuménique ... anathématise d'une voix puissante les inventeurs et
fauteurs d'une telle impiété, ainsi que ceux qui partagent leur
point de vue ; le concile définit et promulgue qu'absolument
personne ne doit posséder ni conserver d'une quelconque manière les
textes des auteurs de cette impiété.
Si quelqu'un a l'audace d'agir à l'encontre de
ce grand et saint concile, qu'il soit anathème, et exclu de la foi
et de la religion chrétiennes.
(VGA)
C'est pourquoi ce saint concile oecuménique
anathématise d'une voix puissante les auteurs d'une telle impiété,
ainsi que ceux qui partagent leur point de vue.
Si quelqu'un à l'avenir a l'audace de dire le
contraire, qu'il soit anathème.
659 Canon 12. (n'existe plus en
grec “VGA”) Comme les canons apostoliques et conciliaires
interdisent formellement les promotions et consécrations d'évêques
accomplies sous l'influence et avec la recommandation des archontes,
nous déclarons nous aussi et décidons, en accord avec ces canons,
que si un évêque, grâce à la fourberie ou à la tyrannie des
puissants, reçoit de cette façon la consécration de sa dignité, il
sera de toute manière déposé, comme un homme qui non pas selon la
volonté de Dieu, mais d'après la volonté du sentiment charnel, a
voulu posséder ou a accepté la maison de Dieu de la part des hommes
et par l'intermédiaire des hommes.
660 Canon 17. (latin) Par
ailleurs, nous avons rejeté loin de nos oreilles comme une
affirmation odieuse ce propos tenu par des ignorants : un synode ne
peut être tenu sans la présence d'un archonte. En effet, jamais les
saints canons n'ont prescrit la présence des princes séculiers aux
synodes, mais seulement celle des évêques. Aussi constatons-nous que
les archontes n'ont jamais participé aux conciles, à l'exception des
conciles oecuméniques : en effet il ne faut pas que les archontes
séculiers soient témoins de ce qui arrive parfois aux prêtres de
Dieu.
(VGA)
12 Il est venu à nos oreilles qu'un synode ne
peut pas être tenu sans la présence de l'archonte. Mais jamais les
saints canons ne prescrivent que les archontes séculiers soient
présents aux synodes, mais seulement les évêques. Aussi nous ne
constatons pas non plus qu'ils aient été présents, à l'exception des
conciles oecuméniques : en effet, il ne faut pas que les archontes
séculiers soient témoins de ce qui arrive aux prêtres de Dieu.
661 Canon 21 (n'existe pas en grec).
La parole de Dieu, que le Christ a dite aux saints apôtres et à ses
disciples : « Qui vous reçoit me reçoit » Mt 10,40, « et qui
vous méprise me méprise » Lc 10,16, nous croyons qu'elle a
été adressée aussi à tous ceux qui, après eux et à leur exemple,
sont devenus souverains pontifes et chefs de pasteurs dans l'Église
catholique. Nous ordonnons donc qu'absolument aucun des puissants de
ce monde n'outrage ni tente de chasser de son trône l'un de ceux qui
occupent les sièges patriarcaux, mais qu'au contraire chacun les
juge dignes de tout honneur et respect, avant tout le très saint
pape de l'ancienne Rome, ensuite le patriarche de Constantinople,
puis ceux d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem. En outre, que
personne ne rédige ni ne compose des écrits et des discours contre
le très saint pape de l'ancienne Rome, sous prétexte de prétendues
fautes qu'il aurait commises ; ce qu'a fait récemment Photius, et
Dioscore bien avant lui.
662 Quiconque donc montrera assez de
présomption et d'audace pour adresser par écrit ou sans écrit des
insultes au siège de Pierre, le premier des apôtres, comme l'ont
fait Photius et Dioscore, subira une condamnation pareille et
identique à la leur.
(VGA)
13. Quiconque montrera assez d'audace pour
adresser par écrit ou sans écrit des insultes au siège de Pierre, le
premier des apôtres, comme l'ont fait Photius et Dioscore, subira
une condamnation identique à la leur.
663 Si quelqu'un jouissant de quelque
pouvoir séculier, ou si quelque puissant tente de chasser du Siège
apostolique le susdit pape ou l'un des autres patriarches, qu'il
soit anathème.
664 De plus, si l'on réunit un
concile oecuménique, et s'il apparaît quelque contestation à propos
de la sainte Église des Romains, ou quelque controverse, il faut,
respectueusement et avec la révérence voulue, s'informer sur le
point litigieux, puis adopter une solution dont on tire profit ou
dont les autres tirent profit, mais ne jamais , avoir l'audace de
prononcer une sentence contre les souverains pontifes de l'ancienne
Rome.
(VGA)
Mais si l'on réunit un concile oecuménique et
s'il apparaît quelque contestation à propos de l'Église des romains,
on peut, avec prudence et avec la révérence voulue, s'informer sur
le point litigieux, et trouver de l'aide ou aider, mais ne jamais
avoir l'audace de porter une accusation contre les Evêques de
l'ancienne Rome.
JEAN VIII : 14 décembre 872 – 16 décembre 882
668 Il est une chose pour laquelle
nous devons paternellement vous admonester ; si vous ne la corrigez
pas, vous encourrez un grand péché, et par elle ce ne sont pas les
gains que vous accroîtrez, comme vous l'espérez, mais bien plutôt
les dommages. Comme nous l'avons appris, à l'instigation des Grecs,
beaucoup qui ont été enlevés captifs par les païens sont donc vendus
dans vos régions et, après avoir été achetés par vos compatriotes,
ils sont gardés sous le joug de l'esclavage ; alors qu'il est avéré
qu'il est pieux et saint, comme il convient pour des chrétiens, que
lorsqu'ils les ont achetés des Grecs, vos compatriotes les renvoient
libres pour l'amour du Christ, et qu'ils reçoivent leur récompense
non pas des hommes, mais de notre Seigneur Jésus Christ lui-même.
C'est pourquoi nous vous exhortons et nous vous commandons, avec un
amour paternel, si vous leur avez acheté des captifs, de les laisser
aller libres pour le salut de votre âme.
MARIN Ier : 16 décembre 882 – 15 mai 884
ADRIEN III : 17 mai 884 – septembre 885
ÉTIENNE V (VI) : septembre 885 – 14 septembre 891
670 Tu nous as consulté au sujet des
petits enfants qui, dormant dans un même lit avec leurs parents,
sont trouvés morts, pour savoir si les parents doivent se purifier
par le fer ardent ou par l'eau bouillante ou par une autre épreuve
pour attester qu'ils ne les ont pas étouffés. Les parents en effet
doivent être avertis et conjurés de ne pas placer des enfants aussi
tendres dans le même lit qu'eux, de crainte que, s'ils se produit
une imprudence, ils soient étouffés ou écrasés, et que de ce fait
eux-mêmes soient trouvés coupables d'homicide. Car, qu'un aveu soit
extorqué à quelqu'un par le fer ardent ou par l'eau bouillante, les
saints canons ne l'approuvent pas ; et ce qui n'a pas été établi par
les saints Pères ne doit pas être présumé par une invention
superstitieuse.
Des délits rendus publics par un aveu spontané
ou par l'attestation de témoins ont en effet été confiés à notre
gouvernement pour être jugés, puisqu'on avait sous les yeux la
crainte de Dieu ; mais ce qui est caché et inconnu doit être laissé
au jugement de Celui « qui seul connaît les cœurs des fils des
hommes ». 1R 8,39.
Mais ceux dont il est prouvé qu'ils sont
coupables d'un tel forfait ou qui en font l'aveu, ta charité doit
les châtier ; car si celui qui a détruit par avortement ce qui a été
conçu dans le sein est homicide, combien plus celui qui a tué un
petit enfant âgé d'un jour au moins ne pourra-t-il pas s'excuser
d'être un meurtrier.
FORMOSE : 6 octobre 891 – 4 avril 896
BONIFACE VI : avril 896
ÉTIENNE VI (VII) : mai 896 – août 897
ROMANUS : août – novembre 897
THEODORE II : décembre 897
JEAN IX : janvier 898 – janvier 900
BENOIT IV : janvier (février ?) 900-juillet 903
LEON V : juillet – septembre 903
SERGE III : 29 janvier 904 – 14 avril 911
ANASTASE III : avril 911 – juin 913
LANDO : juillet 913 – février 914
JEAN X : mars 914 – mai 928
LEON VI : mai – décembre 928
ÉTIENNE VII (VIII) : décembre 928 – février 931
JEAN XI : février/mars 931 – décembre 935
LEON VII : 3 janvier 936-13 juillet 939
ÉTIENNE VIII (IX) : 14 juillet 939 – octobre 942
MARIN II : 30 octobre 942 – mai 946
AGAPET II : 10 mai 946 – décembre 955
JEAN XII : 16 décembre 955 – 14 mai 964
·
(En raison de la déposition de
Jean XII (4/12/963) et de Benoît V (23/6/964) la liste des papes
est scindée. Étant donné qu'il y a controverse sur le point de
savoir quel est chaque fois le pape légitime. on indique les
deux )
LEON VIII : 6 (4 ?) décembre 963 – 1er mars
965
BENOIT V : 22 mai 964 – 4 juillet 966
JEAN XIII : 1er octobre 965 – 6 septembre 972
BENOIT VI : 19janvier 973 – juin 974
BENOIT VII : octobre 974 – 10 juillet 983
JEAN XIV : décembre 983 – 20 août 984
JEAN XV : août 985 – mars 996
675 (2) ... D'un commun conseil nous
avons décrété que sa mémoire — celle du saint évêque Ulrich — doit
être vénérée d'une pieuse affection et d'une dévotion fidèle : car
lorsque nous révérons et vénérons les reliques des martyrs et des
confesseurs, c'est celui dont ils sont les martyrs et les
confesseurs que nous révérons ; nous honorons les serviteurs, pour
que l'honneur déborde vers le Seigneur qui a dit : « Qui vous
reçoit, me reçoit » Mt 10,40, et qu'ainsi nous, qui n'avons
pas confiance en notre propre justice, par leurs prières et leurs
mérites, nous ayons toujours un secours auprès du Dieu très
clément ; car les préceptes divins très salutaires et les
enseignements des saints canons et des vénérables Pères — en tenant
compte avec piété de l'avis de toutes les Églises, mais aussi grâce
à l'appui du gouvernement apostolique — ont poussé de façon instante
à ce que l'on parvienne à une solution utile et sûre, de manière que
la mémoire du vénérable évêque Ulrich déjà évoqué soit vouée au
culte divin, et qu'elle puisse être toujours profitable lors de
l'accomplissement très dévot de la louange de Dieu.
GREGOIRE V : 3 mai 996 – 18 février 999
SILVESTRE II : 2 avril 999 – 12 mai 1003
JEAN XVII : juin – décembre 1003
JEAN XVIII : janvier l004 – juillet 1009
SERGE IV : 31 juillet 1009 – 12 mai 1012
BENOIT VIII : 18 mai 1012 – 9 avril 1024
JEAN XIX : avril/mai 1024 – 1032
BENOIT IX : 1032 – 1044
·
(Déposé pour la première fois en
1044 après avoir retrouvé son siège à deux reprises. en 1045 et
en 1047, il fut déposé à nouveau )
SILVESTRE III : 20 janvier – 10 février 1045
BENOIT IX : 10 avril – 1er mai 1045
GREGOIRE VI : 5 mai 1045 – 20 décembre 1046
CLEMENT II : 25 décembre 1046 – 9 octobre 1047
BENOIT IX : 8 novembre 1047 – 17 juillet 1048
DAMASE II : 17 juillet – 9 août 1048
LEON IX : 12 février 1049 – 19 avril 1054
680 Je crois fermement ... que la
sainte Trinité, le Père, le Fils et l'Esprit Saint, est un seul Dieu
tout-puissant, et que toute la divinité dans la Trinité est
co-essentielle et consubstantielle, de même éternité et de même
toute-puissance, d'une unique volonté, puissance et majesté :
créateur de toutes les créatures, de qui, par qui, en qui sont
toutes choses Rm 11,36, celles qui sont dans le ciel et
celles qui sont sur la terre, les choses visibles et invisibles. Je
crois également que chacune des personnes qui sont dans la sainte
Trinité, sont un seul Dieu véritable, plein et parfait.
681 Je crois également que le Fils de
Dieu Père, le Verbe de Dieu, qui est né du Père de toute éternité
avant tous les temps, consubstantiel au Père en tout, de même
toute-puissance et co-égal en divinité, est né, dans le temps, de
l'Esprit Saint, de Marie toujours vierge, avec une âme rationnelle ;
il a deux nativités, l'une éternelle du Père, l'autre temporelle de
la mère ; il a deux volontés et deux opérations ; il est vrai Dieu
et vrai homme, propre dans chacune des natures et parfait, n'ayant
subi ni mélange ni division ; ni fils adoptif, ni être imaginaire ;
Dieu unique et un, Fils de Dieu en deux natures, mais dans la
singularité d'une unique personne ; impassible et immortel en
divinité, il a cependant souffert dans l'humanité pour nous et pour
notre salut d'une vraie passion de la chair et a été enseveli ; et
il st ressuscité des morts le troisième jour d'une vraie
Résurrection de la chair ; pour la confirmer il a mangé avec les
disciples, non pas par besoin de nourriture, mais uniquement par sa
volonté et sa puissance ; le quarantième jour après la Résurrection
il est monté au ciel avec la chair avec laquelle il est ressuscité
et avec l'âme, et il siège à la droite du Père ; de là, le dixième
jour, il a envoyé l'Esprit Saint et de là il viendra, comme il est
monté, pour juger les vivants et les morts, et il rétribuera chacun
selon ses oeuvres.
682 Je crois aussi en l'Esprit Saint,
pleinement, parfaitement et vraiment Dieu, qui procède du Père et du
Fils, égal et co-essentiel en tout au Père et au Fils, de même
toute-puissance et de même éternité en tout, qui a parlé par les
prophètes.
683 Cette Trinité sainte et indivise,
non pas trois dieux, mais en trois personnes et en une unique nature
ou essence, un seul Dieu tout-puissant, éternel, invisible et sans
changement, je la crois et la confesse en professant vraiment que le
Père est non engendré, le Fils unique engendré, l'Esprit Saint ni
engendré ni non engendré, mais procédant du Père et du Fils.
684 (Divers :) Je crois que la
sainte Église catholique et apostolique est l'unique vraie Église,
dans laquelle est donné l'unique baptême et la vraie rémission de
tous les péchés. Je crois aussi en la vraie résurrection de cette
chair que je porte maintenant, et en la vie éternelle.
685 Je crois également que le Dieu et
Seigneur tout-puissant Est l'unique auteur de l'Ancien et du Nouveau
Testament, de la Loi, des prophètes et des apôtres ; que Dieu a
prédestiné seulement les choses bonnes, mais qu'il a su à l'avance
les bonnes et les mauvaises. Je crois et je professe que la grâce de
Dieu prévient et suit l'homme, de telle sorte cependant que je ne
dénie pas le libre arbitre à la créature raisonnable. Je crois et je
proclame que l'âme n'est pas une partie de Dieu mais qu'elle est
créée de rien et que sans le baptême elle est soumise au péché
originel.
686 En outre j'anathématise toute
hérésie qui se lève contre la sainte Église catholique, et de même
quiconque aura cru qu'il faut considérer comme ayant autorité
d'autres écritures que celles que l'Église catholique reçoit, ou qui
les aura vénérées.
Je reçois à tous les égards les quatre conciles
et les vénère comme les quatre Évangiles ; car l'Église universelle
se tient dans les quatre parties du monde fermement établies sur
eux, comme sur une pierre quadrangulaire 472 (...) De la même
manière je reçois et je vénère les trois autres conciles... Tout ce
que les sept conciles susdits, saints et universels, ont tenu et ont
approuvé, je le tiens et l'approuve, et tous ceux qu'ils ont
anathématisés, je les anathématise.
687 (...) Il convient que, comme tu
le désires, nous fassions intervenir notre autorité apostolique de
manière à enlever aux lecteurs tout doute inquiet, et pour qu'il
soit établi pour tous que tout ce que contient cet écrit (le
Liber Gomorrhianus), qui s'oppose au feu diabolique comme de
l'eau, a plu à notre jugement. Afin donc que ne se répande pas,
impunie, la licence d'un désir immonde, il est nécessaire qu'elle
soit repoussée par le blâme de la sévérité apostolique qui convient,
et que soit entreprise une tentative de rigueur à leur égard.
Voici, tous ceux qui se souillent par l'une des
abominations des quatre sortes qui sont mentionnées, sont chassés de
tous les degrés de l'Église immaculée par la censure équitable qui
est prévue, et cela selon le jugement des saints canons comme selon
le nôtre. Mais parce que nous agissons avec une grande humanité,
nous voulons et commandons, confiants en la divine miséricorde, que
ceux qui, soit avec leurs mains, soit entre eux, ont fait jaillir
leur semence, ou qui l'ont répandue entre les cuisses, et qui ne
l'ont pas fait par une longue habitude ou avec plusieurs, s'ils ont
réfréné leur sensualité et s'ils ont expié leurs actes infâmes par
une juste pénitence, soient admis dans ces mêmes degrés dans
lesquels ils ne seraient pas demeurés pour toujours s'ils étaient
demeurés dans leur forfait ; aux autres doit être enlevé l'espoir de
retrouver leur rang : à ceux qui, soit pendant longtemps avec
eux-mêmes ou avec d'autres, soit avec plusieurs, même pendant peu de
temps, se seront souillés par l'une des deux abominations que tu
décris, ou qui — chose abominable à dire et à entendre — se sont mis
sur le dos d'autrui. Si quelqu'un devait oser juger notre décret de
sanction apostolique ou aboyer contre lui, qu'il sache qu'agissant
ainsi il met en péril son propre rang.
VICTOR II : 16 avril 1055 – 28 juillet 1057
ETIENNE IX (X) : 3 août 1057 – 29 mars 1058
NICOLAS II : 6 décembre 1058 – 27 juillet 1061
690 Moi Bérenger... je reconnais la
foi vraie et apostolique, j'anathématise toute hérésie, en
particulier celle dont j'ai été accusé jusqu'ici : elle ose affirmer
que le pain et le vin qui sont posés sur l'autel, après la
consécration sont seulement un sacrement et non le vrai corps et le
vrai sang de notre Seigneur Jésus Christ, et qu'ils ne peuvent pas
être tenus ou brisés par les mains des prêtres ou broyés par les
dents des fidèles de façon sensible, sinon dans le seul sacrement.
Or je suis en accord avec la sainte Église romaine et avec le Siège
apostolique, et je professe de bouche et de coeur qu'au sujet du
sacrement de la table du Seigneur je tiens cette foi que le seigneur
et vénérable pape Nicolas et ce saint concile, par l'autorité
évangélique et apostolique a transmise pour être tenue et m'a
confirmée : à savoir que le pain et le vin qui sont posés sur
l'autel, après la consécration ne sont pas seulement un sacrement,
mais également le vrai corps et le vrai sang de notre Seigneur Jésus
Christ et qu'ils sont touchés et brisés par les mains des prêtres et
broyés par les dents des fidèles de façon sensible, non pas
seulement dans le sacrement, mais en vérité ; je le juge par la
Trinité sainte et consubstantielle, et par les très saints évangiles
du Christ. Quant à ceux qui se dressent contre cette foi, j'affirme
qu'avec leurs doctrines et leurs disciples ils sont dignes de
l'anathème éternel.
691 Le seigneur pape Nicolas qui
présidait le synode dans la basilique de Constantin dit : (Par 1)
Nous décidons qu'aucune miséricorde ne doit être exercée à
l'encontre des simoniaques pour ce qui est du maintien de leur
rang ; au contraire nous les condamnons conformément aux sanctions
des canons et des décrets des saints Pères, et nous décrétons en
vertu de l'autorité apostolique qu'ils doivent être déposés.
692 (Par 2) Pour ce qui est de ceux
qui ont été ordonnés par des simoniaques, non pour de l'argent mais
gratuitement — car cette question a été débattue depuis longtemps —,
nous dénouons tout noeud de doute en ce que nous ne permettons pas
qu'à l'avenir quelqu'un ait encore des doutes au sujet de ce
chapitre. (...) Ceux qui jusqu'ici ont été consacrés gratuitement
par des simoniaques..., nous permettons qu'ils demeurent dans les
ordres qu'ils ont reçus.
Cependant en vertu de l'autorité des saints
apôtres Pierre et Paul, nous interdisons de toutes les manières
qu'un de nos successeurs tire ou établisse une règle pour lui-même
ou pour quelqu'un de cette permission que nous avons donnée : car ce
n'est pas l'autorité des Pères anciens qui a promulgué cela en
l'ordonnant ou en le concédant, mais c'est la détresse trop grande
du temps qui nous a contraint à le permettre.
693 (Par 3) Pour le reste, si
quelqu'un désormais permet qu'il soit consacré par quelqu'un dont il
ne doute pas qu'il est simoniaque, celui qui consacre aussi bien que
celui qui est consacré ne doivent pas faire l'objet d'une sentence
de condamnation inégale, mais tous deux doivent être déposés, faire
pénitence, et demeurer privés de leur dignité.
694 (Par. 5) L'évêque Nicolas à tous
les évêques : Nous avons émis un décret au sujet de la triple
hérésie simoniaque : à savoir au sujet des simoniaques qui ordonnent
ou qui ont été ordonnés de façon simoniaque, des simoniaques qui ont
été ordonnés de façon simoniaque par des non-simoniaques, et des
simoniaques qui ont été ordonnés de façon non simoniaque par des
simoniaques :
Les simoniaques qui ont été ordonnés ou qui
ordonnent de façon simoniaque doivent être déchus de leur degré
conformément aux canons ecclésiastiques. De même les simoniaques qui
ont été ordonnés de façon simoniaque par des non-simoniaques doivent
être écartés de la même manière de l'office acquis de mauvaise
manière. Quant aux simoniaques qui ont été ordonnés de façon non
simoniaque par des simoniaques, nous concédons en raison des
nécessités du temps que par miséricorde ils peuvent demeurer dans
leur office par imposition des main.
ALEXANDRE II : 1er octobre 1061 – 21 avril
1073.
695 Nous avons consulté publiquement
au sujet de ton presbytre Guillandus (Gisandus) soupçonné du meurtre
de son évêque, ton prédécesseur... S'il n'existe pas d'accusateurs
qui soient certains, alors, selon ce que dicte la justice et sans
qu'il y ait de controverse, le presbytre doit recevoir à nouveau
tout ce qu'il a perdu pour cette raison de façon injuste, aussi bien
le sacerdoce que la totalité de ses bénéfices ; mais nous laissons à
ton jugement, s'il n'y a pas d'accusateur, qu'il présente de
lui-même une justification à deux prêtres qui lui sont liés.
Enfin nous voulons que tu n'utilises pas
toi-même et que tu ne demandes d'aucune manière la loi populaire et
appuyée par aucune sanction canonique, à savoir le contact d'eau
bouillante ou glacée, ou d'un fer ardent, ou toute invention
populaire (car ce sont de purs inventions où l'envie est à l'oeuvre)
bien plus nous le prohibons très fermement en vertu de l'autorité
apostolique.
698 Bien que nous ne doutions pas que
ce soit par un effet du zèle de la dévotion que ton excellence
ordonne de mener les juifs au culte de la chrétienté, nous n'en
avons pas moins estimé nécessaire de t'envoyer notre lettre pour
t'admonester, puisque tu sembles le faire par un zèle désordonné.
Notre Seigneur Jésus Christ en effet, comme on le lit, n'a contraint
personne a son service par force, mais, toute liberté de juger par
lui-même étant laissée à chacun, tous ceux qu'il a prédestinés à la
vie éternelle il ne les a pas rappelés de l'erreur en jugeant, mais
en répandant son propre sang. ...
De même le bienheureux Grégoire interdit dans
une de ses lettres que ce même peuple soit amené à la foi par la
violence (cf. 480).
GREGOIRE VII : 22 avril 1073 – 25 mai 1085
700 Moi Bérenger, je crois de cœur et
confesse de bouche que le pain et le vin qui sont sur l'autel sont,
par le mystère de la prière sainte et par les paroles de notre
Rédempteur, changés substantiellement en la chair véritable, propre
et vivifiante, et au sang de notre Seigneur Jésus Christ, et
qu'après la consécration ils sont le vrai corps du Christ, qui est
né de la Vierge, qui, offert pour le salut du monde, a été suspendu
à la croix, qui siège à la droite du Père, ainsi que le vrai sang du
Christ qui a coulé de son côté, non pas de façon figurative
seulement et par la vertu du sacrement, mais dans sa nature propre
et dans la vérité de la substance. Comme ce bref exposé le contient,
comme je l'ai lu et comme vous le comprenez, ainsi je le crois et je
n'enseignerai plus désormais contre cette foi. Que Dieu me vienne en
aide et ces saints évangiles de Dieu.
VICTOR III : 24 mai 1086 – 16 septembre 1087
URBAIN II : 12 mars 1088 – 29 juillet 1099
701 (...) Comme nous l'avons appris
par son aveu, Daibert a été certes ordonné diacre par le simoniaque
Guezelo, mais non de façon simoniaque, et par le jugement du
bienheureux pape Innocent il fut déclaré, on le sait, qu'en tant
qu'hérétique, Guezelo, dont il est établi qu'il fut ordonné par des
hérétiques, du moment qu'il n'avait rien, n'a rien pu donner à celui
à qui il a imposé les mains. Confirmés par l'autorité d'un si grand
pape et fortifiés par le témoignage du pape Damase qui dit : « Il
faut réitérer ce qui a été mal fait », puisque les besoins de
l'Église sont pressants, nous établissons à nouveau comme diacre
Daibert qui s'est détaché de corps et d'âme des hérétiques, et qui
s'applique de toutes ses forces au bien de l'Église. Nous estimons
que cela ne doit pas être considéré comme une réitération, mais
seulement comme une pleine collation du diaconat, puisque, comme
nous le disions, celui qui n'avait rien n'a rien pu donner.
702 Ceci cependant doit être examiné
absolument, à savoir si (Poppo) a été ordonné de façon simoniaque
par les mains dudit archevêque de Trèves. En effet, tout ce qu'il a
reçu de lui de façon extraordinaire et indigne, nous le tenons pour
nul selon le jugement du Saint-Esprit, et en vertu de l'autorité
présente en nous, nous ordonnons qu'il reçoive ces ordres d'un
évêque catholique. Quelqu'un, en effet, qui ordonne et qui n'a rien
n'a rien à donner.
703 Canon 1. Nul désormais ne peut
être élu évêque s'il n'a pas été trouvé pieux dans les ordres
sacrés. Or nous appelons ordres sacrés le diaconat et le
presbytérat. De ceux-là en effet on lit que l'Église primitive les
avait ; pour eux seuls nous avons un précepte de l'Apôtre.
PASCAL II : 14 août 1099 – 21 janvier 1118
704 J'anathématise toute hérésie et
principalement celle qui perturbe l'état présent de l'Église, qui
enseigne et qui affirme qu'il faut négliger un anathème et dédaigner
les lois de l'Église. Et je promets obéissance au pontife du Siège
apostolique, au seigneur Pascal et à ses successeurs, en prenant à
témoin le Christ et l'Église, affirmant ce qu'affirme l'Église
sainte et universelle, et condamnant ce qu'elle condamne.
705 (...)
(4) Depuis de nombreuses années déjà l'étendue
de l'empire teutonique est séparée de l'unité du Siège apostolique.
Or dans ce schisme le danger est devenu tellement grand — nous le
disons avec une grande douleur — qu'à peine on trouve encore
quelques prêtres ou clercs catholiques dans des contrées aussi
étendues. Puisque donc beaucoup de fils se trouvent jetés dans cette
dévastation, la nécessité de la paix chrétienne exige que le coeur
maternel de l'Église s'ouvre sur eux.
Instruits par les exemples et les écrits de nos
Pères qui, à différentes époques, ont reçu dans leurs ordres des
novatiens, des donatistes et d'autres hérétiques, nous recevons dans
l'office épiscopal les évêques de cet empire qui ont été ordonnés
dans le schisme, à moins qu'ils se révèlent être des intrus, des
simoniaques ou des criminels. Nous déterminons la même chose pour
les clercs, quel que soit leur ordre, que leur vie et leur science
recommandent.
706 Canon 9 . Quiconque pille les
biens des naufragés, qu'il soit exclu du seuil de l'Église comme les
pillards et les fratricides.
707 Canon 10 . Ce qui a été décidé
pour les simoniaques, nous aussi nous le confirmons selon le
jugement du Saint-Esprit de par notre autorité apostolique. (2)
Aussi tout ce qui été acquis, soit dans les ordres sacrés, soit dans
les affaires ecclésiastiques, moyennant la promesse ou le don
d'argent, nous décidons que cela est nul et ne peut jamais avoir
aucune valeur. (4) Quant à ceux qui sciemment ont accepté d'être
consacrés — ou mieux : profanés — par des simoniaques, nous
déclarons leur consécration totalement nulle.
708 Canon 15 . Nous prescrivons
également que pour le chrême, le baptême et la sépulture rien ne
sera jamais exigé.
GELASE II : 24 janvier 1118 – 28 janvier 1119
CALIXTE II : 2 février 1119 – 13 décembre 1124
710 Canon 1 « Suivant l'exemple des
saints Pères », et renouvelant le devoir de notre charge, .nous
défendons de toute manière, par l'autorité du Siège apostolique, que
l'on ordonne ou promeuve qui que ce soit dans l'Église de Dieu pour
de l'argent. Si quelqu'un a obtenu dans l'Église ordination ou
promotion de cette manière, qu'il soit totalement privé de la
dignité obtenue.
711 Canon 3 (autres 7). Nous
interdisons absolument aux prêtres, aux diacres et aux sous-diacres
d'avoir sous leur toit des concubines ou des épouses et de cohabiter
avec d'autres femmes, à l'exception de celles dont le concile de
Nicée (Can.3) a permis qu'elles habitent avec eux en raison
seulement des nécessités, à savoir la mère, la soeur, la tante
paternelle ou maternelle ou d'autres femmes semblables, ne pouvant
donner lieu à aucun soupçon justifié.
712 Canon 4 (autres 8). En outre,
conformément à l'ordonnance du bienheureux pape Étienne, nous
statuons que les laïcs, si religieux qu'ils soient, n'ont aucun
pouvoir de disposer en quoi que ce soit des biens ecclésiastiques ;
mais, selon les Canons des apôtres (can.38, autres 39), que l'évêque
ait la charge de toutes les affaires ecclésiastiques et les dispense
comme sous le regard de Dieu. (Autres canon 9) Si donc l'un des
princes ou des autres laïcs s'était arrogé le droit de disposer, de
donner ou de posséder des biens ecclésiastiques, qu'il soit regardé
comme sacrilège.
HONORIUS II : 15 décembre 1124 – 13 février 1130
INNOCENT II : 14 février 1130 – 24 septembre 1143
·
2e
concile du LATRAN (10e Œcuménique) commencé le 4 avril
1139
715 Canon 2. Si poussé par
l'exécrable passion de l'avarice quelqu'un a acquis à prix d'argent
une prébende, un prieuré, un doyenné, un honneur ou une promotion
ecclésiastique ou quelque réalité sacrée de l'Église, comme le saint
chrême, l'huile sainte, la consécration d'autels ou d'églises, il
sera privé de l'honneur mal acquis ; et acheteur aussi bien que
vendeur et intermédiaire seront frappés d'infamie. Et ni pour la
subsistance, ni sous le couvert de quelque coutume, rien ne sera
exigé de personne avant ou après, et le bénéficiaire lui-même ne
donnera rien, car c'est de la simonie ; mais il jouira librement et
sans aucune atténuation de la dignité et du bénéfice qui lui ont été
conférés.
716 Canon 13. Détestable et
scandaleuse au regard des lois divines et humaines et rejetée par
l'Écriture dans l'Ancien et le Nouveau Testament est l'insatiable
rapacité des usuriers : aussi la condamnons-nous et l'excluons-nous
de toute consolation de l'Église, ordonnant qu'aucun archevêque,
aucun évêque ou abbé de quelque ordre que ce soit ou aucun clerc
ordonné n'ose admettre des usuriers aux sacrements sans une extrême
prudence. Qu'ils soient tenus pour infâmes toute leur vie et privés
de sépulture ecclésiastique s'ils ne viennent pas à résipiscence.
717 Canon 22. « Parmi d'autres, une
chose trouble profondément la sainte Église : la fausse pénitence ;
nous demandons donc à nos frères dans l'épiscopat et aux prêtres de
ne pas souffrir que les âmes des laïcs soient trompées par les
fausses pénitences et ainsi enchaînées en enfer. Il appert qu'il y a
fausse pénitence lorsque, méprisant la plupart des péchés, on ne
fait pénitence que d'un seul, ou lorsqu'on ne le fait que d'un seul
sans renoncer à un autre. Aussi est-il écrit : “Celui qui a observé
toute la loi, mais trébuche sur un seul point, devient coupable de
tous” Jc 2,10, c'est-à-dire en ce qui concerne la vie
éternelle. En effet, qu'il ait été impliqué dans tous les péchés, ou
qu'il persiste seulement dans un seul, il ne franchira pas la porte
de la vie éternelle.
Il y a aussi fausse pénitence lorsque le
pénitent ne renonce pas à une charge curiale ou commerciale qu'il ne
peut en aucune manière exercer sans péché, ou si la haine habite son
coeur, ou s'il ne rend pas satisfaction à celui qu'il a offensé, ou
si étant offensé il ne pardonne pas à l'offenseur, ou si l'on prend
les armes contre la justice ».
718 Canon 23. « Quant à ceux qui,
sous couleur de religion, condamnent le sacrement du corps et du
sang du Seigneur, le baptême des enfants, le sacerdoce, et les
autres ordres ecclésiastiques ainsi que le lien des mariages
légitimes, nous les chassons de l'Église de Dieu et les condamnons
comme hérétiques, et nous ordonnons qu'ils soient soumis à la
contrainte des pouvoirs séculiers. Nous lions aussi par le lien de
la même condamnation ceux qui prennent leur défense ».
721 1. Le Père est la puissance
pleine, le Fils a une certaine puissance, l'Esprit Saint n'est
aucune puissance.
722 2. L'Esprit Saint n'est pas de la
substance du Père, mais l'âme du monde.
723 3. Le Christ n'a pas assumé la
chair pour nous libérer du joug du diable.
724 4. Ni le Dieu-et-homme, ni cette
personne qu'est le Christ n'est la troisième personne de la Trinité.
725 5. Le libre arbitre suffit par
lui-même pour un certain bien.
726 6. Dieu peut faire seulement ce
qu'il fait, et permettre ce qu'il permet, ou seulement de cette
manière ou à ce moment et non autrement.
727 7. Dieu ne doit ni ne peut
empêcher le mal.
728 8. D'Adam nous n'avons pas
contracté la faute, mais seulement la peine.
729 9. Ceux-là n'ont pas péché qui
ont crucifié le Christ sans le savoir.
730 10. Ce qui est fait par ignorance
ne doit pas être imputé à faute.
731 11. Dans le Christ il n'y avait
pas l'esprit de la crainte du Seigneur.
732 12. Le pouvoir de lier et de
délier a été donné seulement aux apôtres, et non à leurs
successeurs.
733 13. De par les oeuvres, l'homme
ne devient ni meilleur ni pire.
734 14. Au Père, parce qu'il n'est
d'aucun autre, appartient au sens propre et spécial la
toute-puissance, mais non pas également la sagesse et la bonté.
735 15. La crainte religieuse
également est exclue de la vie future.
736 16. Le diable suscite des
inspirations par l'apposition de pierres ou d'herbes.
737 17. La venue à la fin des siècles
pourrait être attribuée au Père.
738 18. L'âme du Christ n'est pas
descendue aux enfers par elle-même, mais seulement par sa puissance.
739 19. Ni l'oeuvre ni la volonté, ni
la concupiscence ni le plaisir qui la meut n'est péché, et nous ne
devons pas vouloir qu'elle soit éteinte.
741 Le presbytre dont tu as dit qu'il
a fini ses jours sans l'eau du baptême, nous affirmons sans hésiter
que puisqu'il a persévéré dans la foi de la sainte Mère l'Église et
dans la profession du nom du Christ, il a été libéré du péché
originel et a obtenu la joie de la patrie céleste. Lis en outre le
huitième livre De civitate Dei d'Augustin où on lit entre
autres : « Le baptême est administré de façon invisible lorsque ce
n'est pas le mépris de la religion mais la barrière de la nécessité
qui l'exclut ». Ouvre également le livre du bienheureux Ambroise
De obitu Valentiani qui affirme la même chose. Les questions
s'étant donc apaisées, tiens les conceptions des Pères docteurs, et
fais présenter constamment dans ton Église des prières et des
offrandes pour le presbytre que tu as mentionné.
CELESTIN II : 26 septembre 1143 – 8 mars 1144
LUCIUS II : 12 mars 1144 – 15 février 1145
EUGENE III : 15 février 1145 – 8 juillet 1153
745 « Au sujet du premier (chapitre)
seulement le pontife romain décida, afin qu'aucun concept en
théologie n'opère une séparation entre nature et personne, et afin
qu'on ne parle pas de Dieu comme “essence divine” au sens d'un
ablatif seulement, mais également au sens d'un nominatif ».
ANASTASE IV : 12 juillet 1153 – 3 décembre 1154.
ADRIEN IV : 4 décembre 1154 – 1er septembre
1159.
ALEXANDRE III : 7 septembre 1159 – 30 août 1181
747 (Chap. 2) Plusieurs parmi les
clercs, et nous le disons avec peine, parmi ceux également qui par
la profession et l'habit ont quitté le siècle présent, reculent
certes devant le prêt à intérêt usuel parce qu'il est plus
clairement condamné, mais prennent en gage les biens de ceux qui
sont dans le besoin et auxquels ils ont prêté de l'argent, et en
perçoivent les fruits produits au-delà du capital prêté.
C'est pourquoi l'autorité du concile général a
décrété que désormais nul qui est établi dans le clergé ne doit
avoir l'audace de pratiquer cette sorte de prêt à intérêt ou une
autre. Et si quelqu'un jusqu'ici a reçu en gage le bien de quelqu'un
après lui avoir donné de l'argent selon cette clause ou avec cette
condition, il doit restituer son bien au débiteur sans condition si,
déduction faite des dépenses, il a déjà perçu son capital des fruits
produits. Et s'il a un déficit, après qu'il l'a perçu, le bien doit
être restitué libre à son maître.
Mais si après ce décret il devait y avoir
quelqu'un du clergé qui persévère dans ces gains usuraires
détestables, que son office ecclésiastique soit en péril, à moins
qu'il ne se soit agi d'un bénéfice de l'Église qu'il aura pensé
devoir racheter de cette manière de la main d'un laïc.
Le corps de Marie
non corrompu après sa mort.
748 (Marie) en effet a conçu sans
déshonneur, a donné naissance sans douleur, et s'en est allée d'ici
sans corruption, selon la parole de l'ange, ou mieux : de Dieu par
l'ange, pour qu'il soit manifeste qu'elle est pleine et non
demi-pleine de grâce, et que Dieu, le Fils, accomplisse fidèlement
le commandement ancien qu'il avait jadis enseigné, à savoir
d'honorer le père et la mère, et pour que la chair virginale du
Christ qui a été assumée de la chair de la mère vierge n'en diffère
pas totalement.
749 Lorsque jadis tu as été établi
dans ta charge en notre présence, nous t'avons enjoint de vive voix
de réunir auprès de toi, à Paris, tes évêques suffragants et
d'oeuvrer de façon efficace pour que soit éloignée la doctrine
fausse de Pierre, l'ancien évêque de Paris, dans laquelle il est dit
que le Christ, en tant qu'il est homme, n'est pas un quelque chose.
Telle est la raison pour laquelle nous demandons à ta fraternité par
rescrit apostolique que... tu convoques tes suffragants à Paris, et
qu'avec eux et d'autres hommes religieux et prudents tu t'appliques
à abroger totalement la doctrine susdite, et que tu prescrives que
les maîtres et les étudiants qui se consacrent à la théologie
enseignent que le Christ, de même qu'il est Dieu parfait, est
également homme parfait composé d'une âme et d'un corps.
750 Étant donné que le Christ, Dieu
parfait, est homme parfait, il est étonnant de voir avec quelle
témérité quelqu'un ose dire que le Christ n'est pas un quelque chose
en tant qu'il est homme. Pour empêcher que puisse se répandre dans
l'Église une telle tromperie ou qu'y soit introduite une erreur,
nous ordonnons à ta fraternité par rescrit apostolique... qu'en
vertu de notre autorité et sous peine d'anathème tu interdises à
quiconque d'oser affirmer désormais que le Christ n'est pas quelque
chose en tant qu'homme puisque de même qu'il est vrai Dieu il est
également vrai homme, subsistant à partir d'une âme rationnelle et
d'une chair humaine.
·
3e
concile du LATRAN (11e
œcuménique) 5-19 (22?) mars 1179.
751 Chap. 10. On ne recevra pas de
moines dans un monastère contre de l'argent... Si quelqu'un, après
avoir été expulsé, à donné quelque somme d'argent pour être reçu, il
n'ira pas jusqu'aux ordres sacrés ; celui qui aura reçu cet argent
sera puni par la privation de sa charge.
753 Tu dis que dans ta ville il
arrive souvent que certains se procurent du poivre, de la cannelle
ou d'autres marchandises qui à ce moment-là ne valent pas plus de
cinq livres, et qu'ils promettent qu'à une date déterminée ils
paieront six livres à ceux de qui ils ont reçu ces marchandises.
Mais même si un tel contrat ne peut pas être qualifié du nom d'usure
en raison d'une telle forme, les vendeurs n'en encourent pas moins
un péché, à moins qu'il existe un doute sur le point de savoir si
ces marchandises vaudront plus ou moins au moment du paiement, et
c'est pourquoi tes concitoyens prendraient bien soin de leur salut
s'ils s'abstenaient de contrats de cette sorte, car les pensées des
hommes ne peuvent pas être cachées au Dieu tout-puissant.
754 Parce que la femme susdite,
certes, a été épousée par l'homme susdit, mais que selon ses dires
elle n'a pas été unie à lui jusqu'ici, nous demandons à ta
fraternité, en l'ordonnant par un écrit apostolique, que si l'homme
susdit n'a pas connu cette femme charnellement et que cette femme,
comme tu nous le fais savoir, veut entrer dans un ordre religieux,
et après avoir reçu d'elle la garantie suffisante que dans l'espace
de deux mois elle devra soit entrer dans un ordre religieux, soit
retourner auprès de son époux, tu l'absolves sans opposition et sans
appel possibles de la sentence (d'excommunication) par laquelle elle
est liée, en sorte que si elle entre dans un ordre religieux, chacun
rende à l'autre ce qu'il a manifestement reçu de lui, et que l'homme
lui-même, si elle prend l'habit religieux, ait la permission de
contracter un autre mariage. Car ce que dit le Seigneur dans
l'Évangile, à savoir qu'il n'est pas permis à l'homme de renvoyer sa
femme sauf pour impudicité Mt 5,32; Mt 19,9 doit être
entendu, selon l'interprétation de la sainte parole, de ceux dont le
mariage a été consommé par l'union charnelle sans laquelle le
mariage ne peut pas être consommé, et c'est pourquoi si ladite femme
n'a pas été connue par le mari, il lui est permis d'entrer en
religion.
755 Après le consentement légitime “de
praesenti” il est licite à l'un, même si l'autre s'y oppose, de
choisir le monastère, comme d'ailleurs des saints ont été éloignés
des noces par un appel, aussi longtemps du moins qu'aucune union
charnelle n'a existé entre eux ; et si l'autre qui reste, malgré une
monition, ne veut pas garder la continence, il lui est permis de
s'engager dans un deuxième mariage ; car puisqu'ils ne sont pas
devenus une seule chair, l'un peut parfaitement passer à Dieu et
l'autre demeurer dans le siècle.
756 Si (entre un homme et une femme)
intervient un consentement légitime “de praesenti”..., en
sorte que l'un reçoit expressément l'autre comme son époux par
consentement mutuel et avec les paroles habituelles... qu'il y ait
eu un serment ou non, il n'est pas permis à la femme d'épouser un
autre. Et si elle a épousé, et même si l'union charnelle a suivi,
elle doit être séparée de celui-là et être contrainte par la
sévérité ecclésiastique à revenir au premier, et cela même si
d'autres pensent autrement et si certains de nos prédécesseurs aussi
ont pu en juger autrement.
757 Si quelqu'un plonge un enfant
trois fois dans l'eau au nom du Père et du Fils et de l'Esprit
Saint, Amen, et qu'il ne dit pas : « Je te baptise au nom du Père et
du Fils et de l'Esprit Saint, Amen », l'enfant n'est pas baptisé.
758 Mais ceux pour lesquels il existe
un doute s'ils ont été baptisés, ils seront baptisés en faisant
précéder ces mots : « Si tu es baptisé, je ne te baptise pas ; mais
si tu n'es pas encore baptisé, je te baptise, etc. ... »
LUCIUS III : 1er septembre 1181 – 25 novembre
1185
760 (...) Par cette constitution, en
vertu de l'autorité apostolique, nous condamnons toute hérésie, quel
que soit le nom par lequel elle peut être désignée : en premier lieu
nous décrétons donc que sont soumis à un anathème perpétuel les
cathares et les patarins, et ceux qui s'appellent mensongèrement
d'un faux nom humiliés ou pauvres de Lyon, passagiens, joséphins et
arnoldistes.
761 Et parce que certains sous
l'apparence de la piété... s'arrogent l'autorité de prêcher... nous
lions par le même lien de l'anathème tous ceux qui, alors que cela
leur était interdit ou qu'ils n'étaient pas envoyés, osent prêcher
de façon privée ou publique sans en avoir reçu le pouvoir du Siège
apostolique ou de l'évêque du lieu, et tous ceux qui ne craignent
pas de penser et d'enseigner autrement au sujet du sacrement du
corps et du sang de notre Seigneur Jésus Christ, ou du baptême ou de
la confession des péchés, du mariage ou des autres sacrements de
l'Église, que ce que prêche et observe la très sainte Église
romaine, ainsi que, d'une façon générale, tous ceux que cette même
Église romaine ou les divers évêques dans leurs diocèses avec le
conseil des clercs, ou les clercs eux-mêmes lorsque le Siège était
vacant, ont jugés hérétiques, si nécessaire, avec le conseil des
évêques voisins.
762 (...) La prieure et le couvent de
Colonantia ont interrogé le Siège apostolique sur le point de savoir
si un homme jeune, à qui ont été enlevés les organes sexuels, peut
être ordonné au presbytérat avec la permission des canons.
Soucieux de voir observée en cette affaire la
distinction canonique, Nous chargeons par cet écrit Apostolique ta
fraternité de rechercher la vérité avec une grande diligence, afin
de savoir s'il a été castré par des ennemis ou par des médecins, ou
s'il a lui-même porté la main sur lui-même parce qu'il n'a pas su
s'opposer au vice de la chair. Les canons admettent en effet les
premiers 128 (a) s'ils sont aptes par ailleurs mais ils commandent
que le troisième soit puni comme ayant été homicide pour lui-même.
URBAIN III : 25 novembre 1185 – 19/20 octobre 1187
764 Ta bonté Nous a interrogé sur le
point de savoir si dans le jugement des âmes il faut considérer
comme un usurier celui qui, parce que autrement il ne prêterait pas,
prête de l'argent dans la conviction que, même sans l'existence de
tout contrat, il recevra plus que son capital ; ou si quelqu'un
encourt la même punition si, comme on le dit communément, il ne
donne pas son assentiment à un serment jusqu'à ce que, même sans
l'exiger, il en tire quelque avantage ; et si un marchant doit être
condamné de la même peine s'il vend ses marchandises à un prix bien
plus élevé lorsque le laps de temps qui va jusqu'au paiement est
notablement plus long, que dans le cas où le prix d'achat lui est
payé aussitôt.
Mais puisqu'on apprend clairement dans
l'évangile de Luc à quoi il faut s'en tenir dans ces cas, lorsqu'il
y est dit : « Prêtez sans rien espérer en retour » Lc 6,35 ,
il faut juger que de telles personnes agissent mal à cause de leur
intention de lucre — car toute usure et tout surplus dans la
restitution sont défendus par la loi —, et dans le jugement des âmes
ils doivent être poussés fermement à restituer ce qu'ils ont acquis
de cette manière.
GREGOIRE VIII : 21 octobre – 17 décembre 1187
CLEMENT III : 19 décembre 1187 – mars 1191
CELESTIN III : 30 mars 1191 – 8 janvier 1198
INNOCENT III : 8 janvier 1198 – 16 juillet 1216
766 Tu nous as demandé si un muet et
un sourd peuvent contracter un mariage. A cela Nous répondons ainsi
à ta fraternité : étant donné que ce qui est édicté au sujet d'un
mariage qui doit être contracté est de l'ordre de la prohibition, de
sorte que quiconque à qui il n'est pas prohibé peut donc y être
admis, et qu'il suffit pour le mariage du seul consentement de ceux
dont l'union est en cause, il apparaît que si une telle personne
veut contracter un mariage, cela le peut ni ne doit lui être refusé,
car ce qu'elle ne peut pas déclarer par des mots, elle peut le faire
par des signes.
767 De même que Dieu, le créateur de
l'univers, a fixé deux grands luminaires au firmament du ciel, le
plus grand pour qu'il préside au jour, le plus petit pour qu'il
préside à la nuit, de même il a établi au firmament de l'Église
universelle qui est appelée « ciel » deux grandes dignités ; une
plus grande pour que, comme pour le jour, elle préside aux âmes, et
une lus petite pour que, comme pour les nuits, elle préside aux
corps, et ce sont l'autorité pontificale et le pouvoir royal. En
outre : de même que la lune reçoit la lumière du soleil, et qu'en
vérité elle est plus petite que lui aussi bien quant à sa grandeur
que quant à sa qualité, et aussi bien quant à sa situation que quant
à son effet, de même aussi le pouvoir royal reçoit de l'autorité
pontificale la splendeur de sa dignité ; plus il s'attache à la
regarder, plus il est paré d'une grande lumière, et plus il en
éloigne son regard, plus il perd de sa splendeur.
768 Ta fraternité Nous a fait savoir
par sa lettre que l'un des conjoints passant à l'hérésie, celui qui
est abandonné souhaite s'engager dans un deuxième mariage et
procréer des enfants ; et tu as pensé devoir Nous demander par ta
lettre si cela peut se faire à bon droit.
Pour répondre à ta question, et sur le conseil
commun de nos frères, nous distinguons entre deux cas, même si l'un
de nos prédécesseurs (Célestin III) semble avoir pensé autrement :
celui de deux infidèles dont l'un se convertit à la foi catholique,
et celui de deux fidèles dont l'un tombe dans l'hérésie ou chute
dans l'erreur des infidèles. En effet si l'un des conjoints non
croyants se convertit à la foi catholique tandis que l'autre ne veut
d'aucune manière cohabiter avec lui, du moins pas sans blasphémer le
nom de Dieu ou pour l'inciter au péché mortel, celui qui est
abandonné s'engagera dans un second mariage s'il le veut ; et c'est
en fonction de ce cas que nous comprenons ce que dit l'Apôtre : « Si
le non-croyant veut se séparer, qu'il se sépare : le frère en effet
ou la soeur ne sont soumis à aucune obligation dans ce cas » 1Co
7,15 ; et de même le canon qui dit : « L'injure faite au
créateur brise le lien du mariage de celui qui est abandonné ».
769 Mais si l'un des conjoints
croyants tombe dans l'hérésie ou passe à l'erreur du paganisme, nous
ne pensons pas que dans ce cas celui qui est abandonné peut
s'engager dans de secondes noces aussi longtemps que l'autre vit,
même si manifestement dans ce cas une injure plus grande est faite
au créateur. Car même s'il existe incontestablement un vrai mariage
entre deux non-croyants, il n'est cependant pas scellé ; mais entre
croyants il est incontestablement vrai et scellé : car le sacrement
de la foi (baptême) une fois conféré n'est jamais perdu, et il
scelle le sacrement du mariage en sorte qu'il perdure dans les
conjoints aussi longtemps que demeure le premier.
770 Notre vénérable frère, l'évêque
de Metz, Nous a fait savoir par sa lettre qu'aussi bien dans le
diocèse que dans la ville de Metz un nombre assez important de laïcs
et de femmes, attirés en quelque sorte par le désir des Écritures,
s'est fait traduire en langue française les évangiles, les épîtres
de Paul, le Psautier, les Moralia sur Job et plusieurs autres
livres ;... (il en est résulté) que dans des rencontres secrètes des
laïcs et des femmes osent éructer entre eux et se prêcher
mutuellement, et ils méprisent également la compagnie de ceux qui ne
se mêlent pas à de telles choses... Certains d'entre eux méprisent
aussi la simplicité de leurs prêtres, et lorsque la parole du salut
leur est proposée par ces derniers, ils murmurent en cachette qu'ils
possèdent mieux dans leurs écrits et qu'ils sont capables de
l'exprimer de façon plus judicieuse.
Même si le désir de comprendre les Écritures
divines et le souci d'exhorter en conformité avec elles ne doit pas
être blâmé mais bien au contraire recommandé, ces gens méritent
néanmoins d'être blâmés de ce qu'ils tiennent leurs conventicules
secrets, qu'ils s'arrogent la fonction de prêcher, qu'ils raillent
la simplicité des prêtres et qu'ils dédaignent la compagnie de ceux
qui ne s'attachent pas à de telles pratiques. Dieu en effet... hait
à ce point les oeuvres des ténèbres qu'il a commandé et dit ( aux
apôtres) : « Ce que je vous dis dans l'ombre, dites-le au grand
jour ; ce que vous entendez dans le creux de l'oreille proclamez-le
sur les toits », Mt 10,27 ; par là il fait savoir clairement
que la prédication de l'Evangile doit être proposée non pas dans des
conventicules secrets, comme le font les hérétiques, mais
publiquement dans l'Eglise, conformément à l'usage catholique. ...
771 Mais les mystères cachés de la
foi ne doivent pas être exposés partout à tous, parce qu'ils ne
peuvent pas être compris par tous, mais à ceux-là seulement qui
peuvent les saisir par une intelligence croyante ; c'est pourquoi
l'apôtre dit aux simples : « Comme à de petits enfants en Christ,
c'est du lait que je vous ai fait boire, non de la nourriture
solide » 1Co 3,2 . ...
Telle est en effet la profondeur de la sainte
Écriture que non seulement les gens simples et non cultivés, mais
même ceux qui sont sages et doctes ne sont pas pleinement capables
d'en scruter le sens. C'est pourquoi l'Écriture dit : « Car beaucoup
de ceux qui cherchent ont défailli dans leur recherche ». Ps 64,7.
Aussi est-ce à juste titre qu'il a été établi jadis dans la Loi
divine qu'un animal qui a touché la Montagne (du Sinaï) doit être
lapidé He 12,20 ; Ex 19,12 ss., afin qu'en effet aucun homme
simple ou inculte n'ait la présomption de toucher à la sublimité de
la sainte Écriture ou de la prêcher à d'autres. Il est écrit en
effet : « Ne cherche pas ce qui est trop haut pour toi » Si 3,22.
C'est pourquoi l'Apôtre dit : « Ne recherchez pas plus que ce qu'il
faut rechercher, mais recherchez la sobriété » Rm 12,3.
De même en effet que le corps compte de
nombreux membres, mais que tous les membres n'ont pas la même
activité, de même l'Église compte de nombreux états, mais tous n'ont
pas la même charge, car selon l'Apôtre « Le Seigneur a donné les uns
comme apôtres, les autres comme prophètes, mais d'autres comme
docteurs, etc. » Ep 4,11. Or l'état de docteur est en quelque
sorte le principal dans l'Église et c'est pourquoi nul ne doit
s'arroger de façon indistincte la charge de la prédication.
Tolérance à
l'égard de ceux dont la foi est autre.
772 Bien que l'incrédulité des juifs
doive être réprouvée de multiples manières, cependant, parce que par
eux notre foi se trouve confirmée en vérité, ils ne doivent pas être
lourdement opprimés par les fidèles... De même qu'il ne doit pas
être permis aux juifs, dans leurs synagogues, de présumer quelque
chose qui aille au-delà de ce qui est permis par la Loi, de même ils
ne doivent pas subir de préjudice en ce qui leur est permis.
Aussi, même s'ils préfèrent demeurer dans leur
endurcissement plutôt que de connaître les prédictions des prophètes
et les mystères de la Loi, et de parvenir à la connaissance de la
foi chrétienne, puisqu'ils demandent l'aide de notre défense,
poussés par la mansuétude de la piété chrétienne, Nous suivons la
trace de nos prédécesseurs d'heureuse mémoire, Calixte (II), Eugène
(III), Alexandre (III), Clément (III) et Célestin (III). Nous
accueillons leur requête, et leur accordons le bouclier de notre
protection.
773 Nous ordonnons en effet qu'aucun
chrétien ne doit les contraindre par la force à venir au baptême à
leur corps défendant ou contre leur volonté ; mais si l'un d'entre
eux vient librement chercher refuge auprès de la foi chrétienne,
après que sa volonté aura été éprouvée, qu'il devienne chrétien sans
aucune vexation. Car on ne croit pas qu'a la foi véritable de la
chrétienté quelqu'un dont on sait que ce n'est pas de façon
spontanée, mais contre son gré, qu'il vient au baptême des chrétiens
De même aucun chrétien ne doit se permettre de léser leur personne
sans scrupule en dehors d'un jugement du seigneur du lieu, ou
d'enlever leurs biens par la force, ou de modifier les bons usages
qui étaient les leurs jusque-là dans la région qu'ils habitent. En
outre, que personne, d'aucune façon, ne les trouble à coups de bâton
ou de pierres lors de la célébration de leurs fêtes, et que personne
ne cherche à exiger d'eux des services qui ne sont pas dus, ou à les
y obliger, à l'exception de ceux qu'ils avaient eux-mêmes coutume de
rendre dans le passé. De plus, pour parer à la dépravation et à
l'appétit du gain d'hommes mauvais, Nous décrétons que personne ne
doit avoir l'audace de violer un cimetière juif, ou de le mépriser,
ou encore de déterrer des corps déjà inhumés pour trouver de
l'argent, ... (sont excommuniés ceux qui violent ce décret).
Cependant Nous voulons que ceux-là seulement bénéficient de cette
protection qui ne se permettent pas de se livrer à des machinations
en vue de subvertir la foi chrétienne.
774 La primauté du Siège apostolique,
qui a été établie non pas par un homme mais par Dieu, et de façon
plus juste encore par le Dieu homme, est confirmée en vérité par de
nombreux témoignages aussi bien des évangiles que des apôtres, d'où
ont procédé par la suite les dispositions canoniques qui affirment
de façon unanime que la très sainte Église consacrée dans le
bienheureux Pierre, le prince des apôtres, a la prééminence sur les
autres comme leur maîtresse et leur mère. C'est lui en effet... qui
a mérité d'entendre : « Tu es Pierre... Je te donnerai les clés du
Royaume des cieux » Mt 16,18 s.
En effet, bien que le premier fondement de
l'Église et le principal soit le Fils unique de Dieu Jésus Christ,
selon ce que dit l'Apôtre : « Car un fondement a été posé, en dehors
duquel aucun autre ne peut être posé, et qui est le Christ Jésus »
1Co 3,11, Pierre n'en est pas moins le second fondement de
l'Église et qui vient au deuxième rang et s'il n'est pas non plus le
premier dans le temps, par son autorité, il n'en a pas moins la
prééminence parmi les autres dont l'apôtre Paul dit : « Vous n'êtes
plus des étrangers, ni des émigrés, vous êtes concitoyens des saints
et de la famille de Dieu, édifiés sur le fondement des apôtres et
des prophètes » Ep 2,20 ...
Sa primauté, la Vérité elle-même l'a exprimée
également par elle-même lorsqu'elle a dit : « Tu seras appelé
Cephas » Jn 1,42 : même si cela est traduit par « Pierre »,
il n'en est pas moins présenté comme la « tête » de sorte que, de
même que la tête a la prééminence parmi les autres membres du corps,
puisque aussi bien c'est en elle que vit la plénitude des sens, de
même aussi Pierre excelle parmi les apôtres par l'éminence de sa
dignité, et ses successeurs parmi tous ceux qui président aux
Églises, tandis que les autres sont appelés à avoir part à la
sollicitude en sorte que rien n'est perdu par eux de la plénitude de
leur pouvoir. C'est à lui que le Seigneur a confié le souci de
paître ses brebis par une parole répétée par trois fois, de sorte
qu'est considéré comme étranger au troupeau du Seigneur celui qui ne
veut pas l'avoir aussi pour pasteur en ses successeurs. Il n'a pas
distingué en effet entre telles brebis et telles autres, mais il a
dit simplement : « Pais mes brebis » Jn 21,17, afin qu'on
comprenne qu'absolument toutes lui ont été confiées.
Jn 21,7 est expliqué de façon allégorique) :
Étant donné que la mer désigne le monde Ps 104,25 ... par le
fait qu'il s'est jeté à la mer, Pierre a manifesté le privilège du
pouvoir singulier du pontife, par lequel il avait assumé le
gouvernement de l'univers entier, tandis que les autres apôtres
étaient comme contenus dans un navire, puisqu'à aucun d'entre eux
l'univers entier n'avait été confié, mais qu'à chacun était
assignées des provinces particulières, ou plutôt des Eglises
déterminées.
(...)
(Une preuve allégorique analogue est tirée de
Mt 14,28-31 par le fait que Pierre a marché sur les eaux de la mer,
il a montré qu'il a reçu le pouvoir sur tous les peuples).
775 Qu'il ait prié pour lui, le
Seigneur le reconnaît lorsqu'il dit au moment de la Passion : « J'ai
prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille pas. Et toi.
quand tu seras converti, fortifie tes frères » Lc 22,32 ; par
là il signifiait manifestement que jamais ses successeurs ne
dévieraient de la foi catholique, mais que bien plutôt ils y
rappelleraient d'autres et aussi qu'ils confirmeraient les
hésitants, et il lui accorda le pouvoir d'en confirmer d'autres par
le fait qu'il impose aux autres la nécessité d'obéir. ...
Il lui a dit également... comme tu l'as lu :
« Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi aux cieux, et
tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi aux cieux »,
Mt 16,19. Mais si tu trouves que cela a été dit en même temps
à tous les apôtres, cela ne l'a pas été aux autres sans lui : mais
tu reconnaîtras qu'à lui a été donné par le Seigneur, sans les
autres, le pouvoir de lier et de délier, en sorte que ce que le
autres ne peuvent pas sans lui, lui-même, du fait du privilège qui
lui a été transmis par le Seigneur et de la plénitude du pouvoir qui
lui a été accordée, il le peut sans les autres. ...
(Pierre) vit le ciel ouvert et descendre un
vase, comme un grand linge qu'on fait descendre du ciel vers la
terre. tenu aux quatre coins, et qui contenait tous les quadrupèdes
et les serpents de la terre et tous les oiseaux du ciel Ac
10,9-12. ... Et une voix lui dit pour la première fois : « Ce
que Dieu a rendu pur, ne l'appelle pas immonde ». Par là est
manifestement indiqué que Pierre fut établi à la tête de tous les
peuples, puisque ce vase signifie l'univers, et tout ce qui y est
contenu, la totalité des nations, des juifs aussi bien que des
païens. ...
776 Nous voulons que pour les
mariages qui à l'avenir seront contractés, tu observes ceci : si,
après qu'est intervenu entre personnes légitimes un consentement “de
praesenti” — lequel dans de tels cas suffit, conformément aux
déterminations canoniques ; et si lui seul fait défaut, même dans le
cas où cela a été réalisé par l'union charnelle, tout le reste est
en vain —, des personnes unies de façon légitime contractent ensuite
de facto avec d'autres, ce qui auparavant a été fait selon le droit
ne peut pas être rendu caduc.
777 Si des païens qui épousent des
femmes apparentées à eux au deuxième, troisième, ou à un autre
degré, en étant apparentées ainsi, doivent demeurer ensemble après
leur conversion, ou s'ils doivent être séparés : telle est la
question au sujet de laquelle tu demandes à être informé par un
écrit apostolique.
A ce sujet Nous donnons à ta fraternité la
réponse suivante : étant donné que le sacrement du mariage existe
pour les fidèles et les non-croyants, comme le montre l'Apôtre
lorsqu'il dit : « Si un frère a une femme non croyante et qu'elle
consent à vivre avec lui, qu'il ne la répudie pas » 1Co 7,12 ;
et puisque dans les degrés de parenté précités le mariage a été
contracté de façon licite par des non-croyants qui ne sont pas tenus
par les déterminations canoniques (que nous importe, selon le même
Apôtre, « de juger ceux qui sont au-dehors ? » 1Co 5,12 :
pour cette raison, et pour favoriser surtout la religion et la foi
chrétiennes que les hommes pourraient facilement être dissuadés
d'embrasser par les femmes, si celles-ci craignaient d'être
répudiées, des fidèles engagés dans les liens du mariage de cette
façon pourront demeurer licitement et librement unis, puisque le
sacrement du baptême ne dissout pas les mariages mais enlève les
péchés.
778 Mais parce que des païens
répartissent l'affection conjugale entre plusieurs femmes en même
temps, ce n'est pas sans raison qu'on se demande si, après la
conversion, ils peuvent les garder toutes, ou laquelle d'entre
elles. Mais cela semble être contraire et hostile à la foi
chrétienne, puisque dès le commencement une seule côte a été changée
en une seule femme, et que l'Écriture divine atteste que « pour
cette raison l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à
sa femme, et ils seront une seule chair » Ep 5,3 ; Gn 2,24 ; Mt
19,5); elle ne dit pas « trois ou plusieurs » mais « deux » ; et
elle ne dit pas non plus : « il s'attachera à des femmes », mais « à
la femme ». Et il n'a jamais été permis à quiconque d'avoir en même
temps plusieurs femmes si cela ne lui a pas été concédé par une
révélation divine, considérée parfois comme une coutume, parfois
même comme un droit, et par laquelle de même que Jacob a été
disculpé de sa tromperie, les Israélites du vol et Samson du
meurtre, de même aussi les patriarches et d'autres hommes justes
qui, comme on peut le lire, avaient plusieurs femmes, sont disculpés
de l'adultère.
Mais cette conception est également manifestée
comme pleinement véridique par le témoignage de la Vérité qui
atteste dans l'Évangile : « Si quelqu'un répudie sa femme, sauf en
cas de fornication, et en épouse une autre, il est adultère » Mt
19,9 ; (cf. Mc 10,11). Si donc, lorsque la femme a été
répudiée, le droit empêche d'en épouser une autre, à plus forte
raison si elle a été gardée ; par quoi il apparaît clairement que
pour les deux sexes — car ils ne sont pas considérés différemment —
la pluralité en matière de mariage doit être réprouvée.
779 Mais si quelqu'un a répudié sa
femme légitime selon son rite, puisque la Vérité a réprouvé une
telle répudiation dans l'Évangile, il ne pourra jamais licitement en
avoir une autre du vivant de celle-ci, même s'il se convertit à la
foi en Christ, à moins que celle-ci, après la conversion, refuse de
cohabiter avec lui, ou si elle y consent, mais non sans blasphémer
le créateur ou l'inciter au péché mortel . dans ce cas celle qui
demanderait le rétablissement dans ses droits, et même s'il était
établi qu'il y a eu spoliation injuste, se verrait refuser ce
rétablissement / car selon l'Apôtre le frère ou la soeur ne sont
soumis à aucune obligation dans ce cas 1Co 7,15.
Mais si quelqu'un est converti à la foi et que
celle-ci le suit en s'étant convertie elle aussi, avant qu'il ait
pris une épouse légitime pour les raisons susdites, il doit être
contraint à la reprendre. Il est vrai que selon la vérité de
l'Évangile celui qui épouse une femme répudiée commet l'adultère
Mt 19,9, mais celui qui a répudié ne peut pas reprocher la
fornication à celle qui a été répudiée parce que, après la
répudiation, elle en a épousé un autre, à moins qu'elle ait forniqué
ailleurs.
780 (...) Ils affirment en effet que
le baptême est conféré aux petits enfants de façon inutile. ... Nous
répondons que le baptême a succédé à la circoncision. ... C'est
pourquoi, de même que l'âme du circoncis n'était pas retranchée de
son peuple Gn 17,14, de même celui qui sera né à nouveau de
l'eau et de l'Esprit Saint, obtiendra d'entrer dans le Royaume des
cieux Jn 3,5.
Bien que la faute originelle fût remise par le
mystère de la circoncision, et que le péril de la condamnation fût
écarté, on ne parvenait pas cependant au Royaume des cieux qui
demeurait fermé à tous jusqu'à la mort du Christ ; mais par le
sacrement du baptême rougi par le sang du Christ, la faute est
remise et l'on parvient également au Royaume des cieux dont le sang
du Christ a ouvert miséricordieusement la porte à ses fidèles. On ne
peut admettre en effet que tous les petits enfants, dont tant
meurent chaque jour, périssent sans que le Dieu de miséricorde, qui
veut que personne ne périsse, leur ait procuré à eux aussi un moyen
de salut...
Ce que disent les adversaires, à savoir que la
foi ou la charité ou les autres vertus ne sont pas infusées aux
petits enfants puisqu'ils ne donnent pas leur consentement, n'est
pas concédé par la plupart en un sens absolu... ; d'autres affirment
que par la vertu du baptême la faute leur est remise, mais que la
grâce ne leur est pas conférée ; quelques-uns cependant disent que
le péché leur est pardonné et que les vertus leur sont infusées,
qu'ils les ont cependant comme une disposition 904 mais qu'ils
n'en ont pas l'usage jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à l'âge
adulte...
Nous disons : il faut distinguer qu'il y a un
double péché : à savoir le péché originel et le péché actuel,
l'originel qu'on contracte sans consentement et l'actuel qui est
commis avec consentement. L'originel donc, qui est contracté sans
consentement, est remis sans consentement en vertu du sacrement ;
mais l'actuel, qui est contracté avec consentement, n'est nullement
remis sans consentement... La peine du péché originel est la
privation de la vision de Dieu, mais la peine du péché actuel est le
supplice de la géhenne éternelle....
781 Il est contraire à la religion
chrétienne que quelqu'un qui le refuse de façon permanente et qui
s'y oppose de façon constante soit contraint à accepter et à
observer le christianisme. C'est pourquoi d'autres distinguent, non
sans raison, entre volonté contraire et volonté contraire, et entre
contraint et contraint, car celui qui, amené par force, grâce à des
moyens de terreur et des supplices, reçoit le sacrement du baptême
pour éviter ces dommages, tout de même que celui qui accède au
baptême de mauvaise foi reçoit l'empreinte du caractère chrétien et,
en tant que voulant sous condition, et bien que ne voulant pas
absolument, il doit être obligé à observer la foi chrétienne...
Mais celui qui n'a jamais consenti, et qui a
toujours été opposé, ne reçoit ni la réalité ni le caractère du
sacrement, parce que contredire expressément est plus que ne pas
consentir du tout ; de même n'encourt la marque d'aucune culpabilité
celui qui, bien qu'il y contredise de façon constante et s'y oppose,
est contraint par la violence de sacrifier aux idoles.
Quant à ceux qui dorment et à ceux qui n'ont
pas l'usage de la raison, si avant de perdre la raison ou s'être
endormi ils persistent à s'opposer, comme il est visible que pour
eux la décision de s'opposer est durable, même s'ils ont été
baptisés dans cet état, ils ne reçoivent pas le caractère du
sacrement ; il en irait autrement si auparavant ils avaient été
catéchumènes et s'ils avaient l'intention d'être baptisés ; c'est
pourquoi l'Église a coutume de les baptiser en cas de nécessité.
Alors l'acte sacramentel imprime le caractère, puisqu'il ne
rencontre pas l'obstacle posé par la résistance d'une volonté
contraire.
La forme
sacramentelle de l'eucharistie.
782 Tu as demandé en effet qui,
s'agissant de la forme des paroles que le Christ lui-même a
exprimées lorsqu'il a transsubstantié le pain et le vin en son corps
et son sang, a ajouté ce mot dans le canon de la messe qu'utilise
l'ensemble de Église, et qu'aucun des évangélistes n'a exprimé,
comme on peut le lire. ... Dans le canon de la messe ce mot, à
savoir " mystère de la foi ", se trouve en effet inséré dans ces
paroles. ...
Certes nous voyons bien des choses, des paroles
ainsi que des actes du Seigneur, qui ont été omises par les
évangélistes et que, comme on peut lire, les apôtres ont complétées
oralement ou exprimées par leur action. ...
Or dans ce mot qui a incité ta fraternité à
poser la question, à savoir « mystère de la foi », certains ont
pensé pouvoir trouver un appui pour une erreur, en disant que dans
le sacrement de l'autel ce n'est pas vraiment la vérité du corps et
du sang du Christ qui est présente, mais seulement une image, une
apparence et une figure, et cela parce que l'Écriture indique
parfois que ce qui est reçu sur l'autel est un sacrement, un mystère
et un exemple. Mais ceux-là sont pris dans les lacets de l'erreur
parce qu'ils ne comprennent pas comme il convient l'autorité de
l'Écriture et qu'ils ne reçoivent pas avec respect les sacrements de
Dieu puisqu'ils ignorent aussi bien les Écritures et la puissance de
Dieu Mt 22,29 ...
On dit cependant « mystère de la foi » parce ce
que autre chose y est cru que ce qui est vu et qu'autre chose est vu
que ce qui est cru. On voit en effet les espèces du pain et du vin,
et l'on croit la vérité de la chair et du sang du Christ, ainsi que
la vertu de l'unité et de la charité.
783 Il faut cependant distinguer
soigneusement trois choses qui sont différentes dans ce sacrement, à
savoir la forme visible, la vérité du corps et la vertu spirituelle.
La forme est celle du pain et du vin, la vérité celle de la chair et
du sang, la vertu celle de l'unité et de la charité. Le premier est
« sacrement et non réalité », le deuxième est « sacrement et
réalité », le troisième est « réalité et non sacrement ». Mais le
premier est sacrement d'une double réalité ; le deuxième est
sacrement de l'un et réalité de l'autre ; le troisième est la
réalité d'un double sacrement. Nous croyons donc que la forme des
paroles telle qu'elle se trouve dans le canon, les apôtres l'ont
reçue du Christ, et leurs successeurs de ceux-ci...
784 Tu as demandé également si l'eau
en même temps que le vin est changée en sang. A ce sujet les
opinions varient parmi les scolastiques. Certains en effet pensent
que, puisque du côté du Christ ont coulé les deux sacrements
principaux, celui de la Rédemption dans le sang et celui de la
régénération dans l'eau, le vin et l'eau qui sont mêlés dans le
calice sont changés dans ces deux-là par la vertu divine... D'autres
en revanche tiennent que l'eau est transsubstantiée en sang avec le
vin, puisque mêlée au vin elle devient vin... En outre on peut dire
que l'eau ne devient pas vin, mais qu'elle reste entourée par les
accidents du vin antérieur...
Mais il est impie de penser ce que certains ont
eu la présomption de penser, à savoir que l'eau est changée en
glaire...
Cependant parmi les opinions mentionnées
ci-dessus, celle-là est considérée comme plus probable, qui affirme
que l'eau est changée en sang avec le vin 798.
785 Par chrismation du front on
désigne l'imposition des mains qui porte également le nom de
confirmation, parce que par elle l'Esprit Saint est donné en vue de
la croissance et de la force. C'est pourquoi si le simple prêtre, ou
presbytre, peut procéder à d'autres onctions, celle-ci ne doit être
conférée que par le grand prêtre, c'est-à-dire l'évêque, car c'est
des seuls apôtres, dont les évêques sont les vicaires, qu'il est dit
qu'ils donnent l'Esprit Saint par l'imposition des mains Ac
8,14-25.
786 Nous ne voulons pas dévier
subitement dans cette affaire des traces de nos prédécesseurs qui,
ayant été consultés, ont répondu qu'avant la consommation d'un
mariage par l'union charnelle, il est permis à l'autre conjoint —
même sans le consulter — d'entrer en religion, de sorte que celui
qui reste peut ensuite s'unir à un autre de façon légitime : c'est
pourquoi nous te conseillons d'observer cela même.
787 Tu as demandé s'il faut
considérer comme des chrétiens des enfants qui, s'étant trouvés à
l'article de la mort et par manque d'eau et en l'absence d'un
prêtre, ont été frottés d'aspersions de salive sur la tête et la
poitrine et entre les épaules de par la naïveté de certains, en
guise de baptême. Nous répondons que puisque dans le baptême deux
choses sont toujours requises, à savoir « la parole et l'élément »
selon ce que la Vérité dit au sujet de la parole : « Allez dans le
monde entier, baptisez toutes les nations au nom du Père et du Fils
et du Saint-Esprit » Mc 16,15 ; Mt 28,19, et selon ce que la
même dit au sujet de l'élément : « Celui qui n'est pas rené d'eau et
d'Esprit Saint n'entrera pas dans le Royaume des cieux » Jn 3,5,
tu ne dois pas douter qu'ils n'ont pas un vrai baptême, non
seulement ceux chez qui sont omises les deux choses, mais également
ceux chez qui est omise l'une d'elles.
788 Tu m'as très sagement fait savoir
par ta lettre qu'un juif qui s'est trouvé à l'article de la mort, et
parce qu'il vivait parmi des juifs seulement, s'est plongé lui-même
dans l'eau en disant : « Je me baptise au nom du Père et du Fils et
du Saint-Esprit ». Or tu me demandes si ce juif, qui persévère dans
la foi chrétienne, doit être baptisé.
Quant à nous, nous répondons ainsi à ta
fraternité : étant donné qu'il doit y avoir distinction entre celui
qui baptise et celui qui est baptisé, comme le montrent à l'évidence
les paroles du Seigneur disant aux apôtres : « Baptisez toutes les
nations au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint » Mt 28,19
le juif dont il est question doit être baptisé à nouveau par un
autre, pour qu'il apparaisse qu'autre est celui qui est baptisé,
autre celui qui baptise...
Cependant s'il était décédé aussitôt, il aurait
rejoint immédiatement la patrie en raison de sa foi au sacrement,
même si ce n'avait pas été en raison du sacrement de la foi.
789 Vous nous avez demandé en effet
ce qui nous semble d'un presbytre imprudent qui, parce qu'il sait se
trouver en état de péché mortel et conscient de sa faute, hésite à
célébrer les solennités de la messe que pour une raison donnée il ne
peut pas omettre... ayant accompli toutes les autres cérémonies,
feint de célébrer la messe et, ayant supprimé les paroles par
lesquelles est réalisé le corps du Christ, consomme seulement du
pain et du vin...
Étant donné donc que doivent être rejetés les
faux remèdes qui sont plus graves que les vrais périls : bien que
celui qui se considère indigne parce qu'il est conscient de sa
faute, doit s'abstenir avec révérence de ce sacrement et pèche donc
gravement s'il s'en approche sans révérence, il n'est pas douteux
que semble commettre une faute plus grave encore celui qui ose ainsi
le simuler de façon trompeuse ; car le premier, qui évite la faute
en la commettant, tombe entre les mains de la seule miséricorde de
Dieu, tandis que le deuxième, qui commet la faute en l'évitant, se
rend coupable non seulement envers Dieu dont il ne craint pas de se
moquer, mais également envers le peuple qu'il trompe.
790 Que tous les croyants sachent que
moi, Durant de Osca... et tous nos frères, nous croyons de notre
coeur, nous reconnaissons par la foi, nous confessons de notre
bouche et nous affirmons par ces mots simples :
Le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont trois
personnes, un seul Dieu, et toute la Trinité est coessentielle,
consubstantielle, coéternelle et toute-puissante, et chacune des
personnes dans la Trinité est pleinement Dieu, comme il est contenu
dans le « Je crois en Dieu » 30 150 75.
Nous croyons également de notre coeur et
confessons de notre bouche que le Père et le Fils et l'Esprit Saint,
un seul Dieu dont nous parlons, a créé, a fait, gouverne et ordonne
toutes choses corporelles et spirituelles, visibles et invisibles.
Nous croyons que l'auteur du Nouveau et de
l'Ancien Testament est un seul et même : Dieu qui, comme il est dit,
demeurant dans la Trinité, a créé toutes choses de rien ; et que
Jean Baptiste a été envoyé par lui, saint et juste, et rempli de
l'Esprit Saint dans le sein de sa mère.
791 Nous croyons de notre coeur et
nous confessons de notre bouche que l'Incarnation ne s'est pas faite
dans le Père ni dans l'Esprit Saint, mais dans le Fils seulement ;
de sorte que celui qui était en divinité le Fils de Dieu le Père,
était, en humanité, le Fils de l'homme, vrai homme de la mère, ayant
une vraie chair des entrailles de la mère et une âme humaine
raisonnable ; en même temps des deux natures, c'est-à-dire Dieu et
homme, une seule personne, un seul Fils, un seul Christ, un seul
Dieu avec le Père et l'Esprit Saint, auteur de tout et qui dirige
tout, né de la Vierge Marie d'une vraie naissance de chair ; il a
mangé et bu, il a dormi, et fatigué après la route, il s'est
reposé ; il a souffert d'une vraie Passion de sa chair, est mort de
la vraie mort de son corps, et est ressuscité de la vraie
Résurrection de sa chair et d'un vrai retour de l'âme au corps ;
dans cette chair, après avoir mangé et bu, il est monté au ciel,
siège à la droite du Père, et il viendra en elle pour juger les
vivants et les morts.
792 Nous croyons de notre coeur et
confessons de notre bouche une seule Église, non celle des
hérétiques, mais la sainte Église romaine, catholique, apostolique,
en dehors de laquelle nous croyons que personne n'est sauvé.
793 De même nous ne rejetons d'aucune
manière les sacrements qui sont célébrés en elle, et auxquels
l'Esprit Saint coopère par sa vertu inestimable et invisible, même
s'ils sont administrés par un prêtre pécheur, du moment que l'Église
le reconnaît ; et nous ne méprisons pas non plus les actes
ecclésiaux et les bénédictions accomplies par lui, mais nous les
acceptons d'un coeur bienveillant comme s'ils venaient du plus juste
des hommes, car la malice d'un évêque ou d'un prêtre ne nuit ni au
baptême d'un enfant, ni à la consécration de l'eucharistie, ni aux
autres offices ecclésiastiques célébrés pour leurs sujets.
794 Nous approuvons donc le baptême
des enfants, et s'ils sont morts après le baptême, avant d'avoir
commis des péchés, nous confessons et croyons qu'ils sont sauvés ;
et nous croyons que dans le baptême tous les péchés sont remis,
aussi bien le péché originel qui a été contracté que ceux qui ont
été commis volontairement.
Nous estimons que la confirmation faite par
l'évêque, c'est-à-dire l'imposition des mains, est sainte et doit
être reçue avec vénération.
795 Nous croyons fermement et
inébranlablement d'un coeur sincère, et nous affirmons simplement
par nos paroles pleines de foi, que le sacrifice, c'est-à-dire le
pain et le vin, est, après la consécration, le vrai corps et le vrai
sang de notre Seigneur Jésus Christ, et que rien de plus n'y est
accompli par un bon prêtre et rien de moins par un mauvais prêtre,
car cela n'est pas réalisé par le mérite de celui qui consacre, mais
par la parole du Créateur et la vertu de l'Esprit Saint. C'est
pourquoi nous croyons et confessons fermement que personne si
honnête, si religieux, si saint, et si prudent qu'il soit, ne peut
ni ne doit consacrer l'eucharistie ni réaliser le sacrifice de
l'autel, à moins d'être prêtre et ordonné régulièrement par un
évêque visible et tangible. Pour cet office, trois choses sont
nécessaires, nous le croyons : une personne déterminée, c'est-à-dire
un prêtre établi particulièrement pour cet office par l'évêque,
comme nous l'avons dit ; ces paroles solennelles qui sont exprimées
par les saints Pères dans le canon ; et l'intention de foi de celui
qui les profère ; c'est pourquoi nous croyons et confessons
fermement que quiconque, sans l'ordination par l'évêque comme nous
l'avons dit, croit et prétend pouvoir réaliser le sacrifice de
l'eucharistie, est un hérétique ; il participe et a part à la
perdition de Coré et de ses complices Nb 16, et il doit être
séparé de la sainte Eglise romaine.
Nous croyons qu'aux pécheurs qui se repentent
vraiment le pardon est accordé par Dieu, et c'est avec grande joie
que nous sommes en communion avec eux.
Nous vénérons l'onction des infirmes avec de
l'huile.
Nous ne nions pas que des mariages charnels
doivent être contractés, selon l'Apôtre 1Co 7, et nous
défendons absolument de rompre ceux qui l'ont été régulièrement.
Nous croyons et confessons qu'un homme peut aussi être sauvé avec sa
femme, et nous ne condamnons pas non plus les secondes et d'autres
noces.
Nous ne réprouvons d'aucune manière la
consommation de viandes. Nous ne condamnons pas le serment, bien
plus, nous croyons d'un cœur sincère qu'il est permis de jurer selon
la vérité, le jugement et la justice. (addition de 1210 : Au sujet
du pouvoir séculier, nous affirmons qu'il peut, sans péché mortel,
exercer un jugement portant effusion de sang, pourvu que, pour
exercer la vindicte, il ne procède pas par la haine mais par un
jugement, ni avec imprudence mais avec modération.).
796 Nous croyons que la prédication
est très nécessaire et louable, cependant nous croyons qu'elle doit
s'effectuer en vertu de l'autorité ou avec la permission du
souverain pontife ou des prélats. Mais dans tous les lieux où
demeurent des hérétiques manifestes qui renient et blasphèment Dieu
et la foi de l'Église romaine, nous croyons que nous devons, selon
la volonté de Dieu, les confondre par la dispute et l'exhortation,
et nous opposer à eux avec la Parole du Seigneur, le front haut et
jusqu'à la mort, comme à des adversaires du Christ et de l'Église.
Les ordinations ecclésiastiques et tout ce qui
est lu ou chanté selon ce qui a été établi, nous l'approuvons avec
humilité et nous le vénérons dans la foi.
797 Nous croyons que le diable n'est
pas devenu mauvais de par sa condition, mais par son libre arbitre.
Nous croyons de tout cœur et nous confessons de
vive voix la résurrection de cette chair qui est nôtre et non pas
celle d'un autre.
Nous croyons et affirmons fermement qu'il y
aura aussi un jugement par Jésus Christ et que chacun, selon ce
qu'il aura fait dans cette chair, recevra des peines ou des
récompenses.
Nous croyons que les aumônes, le sacrifice et
d'autres bienfaits peuvent bénéficier aux défunts.
Ceux qui restent dans le monde et possèdent des
biens, nous professons et croyons qu'ils seront sauvés s'ils donnent
des aumônes et d'autres bienfaits de ce qu'ils possèdent, et s'ils
observent les commandements de Dieu. Nous croyons que selon le
précepte du Seigneur, les dîmes, les prémices et les offrandes
doivent être acquittées aux clercs.
798 Tu dis avoir lu dans une de nos
lettres décrétales (784) qu'il était impie de penser ce que certains
ont eu la présomption de dire, à savoir que dans le sacrement de
l'eucharistie l'eau est changée en glaire ; ils affirment en effet
faussement que ce n'est pas de l'eau qui est sortie du côté du
Christ, mais une humeur aqueuse. Mais même si tu avances que cela a
été pensé par des hommes importants et dignes de foi, dont tu as
suivi jusqu'ici l'opinion en paroles et par écrit, les raisons qui
font que Nous pensons le contraire te contraindront néanmoins de
donner ton assentiment à notre conception....
En effet si cela n'avait pas été de l'eau mais
de la glaire qui a coulé du côté du Sauveur, celui qui a vu et qui a
rendu témoignage à la vérité Jn 19,3 ss. n'aurait
certainement pas dit « de l'eau » mais « de la glaire »...
Il reste donc que cette eau, quelle qu'elle ait
été, naturelle ou miraculeuse, créée de façon nouvelle par la vertu
divine ou tirée des composantes de quelque partie, était sans aucun
doute de l'eau véritable.
799 Même si chez les juges séculiers
sont pratiqués des jugements populaires, comme celui de l'eau
froide, du fer ardent ou du duel, l'Eglise cependant n'accepte pas
des jugements de cette sorte, car il est écrit dans la Loi divine :
" Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu " Dt 6,16; Mt 4,7 .
·
4e
concile du LATRAN (12e
œcuménique) : 11-30 novembre 1215
800 Nous croyons fermement et
confessons avec simplicité qu'il y a un seul et unique vrai Dieu,
éternel et immense, tout-puissant, immuable, qui ne peut être ni
saisi ni dit, Père et Fils et Saint-Esprit, trois personnes, mais
une seule essence, substance ou nature absolument simple. Le Père ne
vient de personne, le Fils vient du seul Père et le Saint-Esprit
également de l'un et de l'autre, toujours, sans commencement et sans
fin. Le Père engendrant, le Fils naissant et le Saint-Esprit
procédant, consubstantiels et semblablement égaux, également
tout-puissants, également éternels. Unique principe de toutes
choses, créateur de toutes les choses visibles et invisibles,
spirituelles et corporelles, qui, par sa force toute-puissante, a
tout ensemble créé de rien dès le commencement du temps l'une et
l'autre créature, la spirituelle et la corporelle, c'est-à-dire les
anges et le monde, puis la créature humaine faite à la fois d'esprit
et de corps. En effet le diable et les autres démons ont été créés
par Dieu bons par nature . mais ce sont eux qui se sont rendus
eux-mêmes mauvais. Quant à l'homme, c'est à l'instigation du démon
qu'il a péché.
Cette sainte Trinité, indivise selon son
essence commune et distincte selon les propriétés des personnes, a
donné au genre humain la doctrine du salut par Moïse, par les saints
prophètes et par ses autres serviteurs, selon une disposition des
temps parfaitement ordonnée.
801 Enfin, le Fils unique de Dieu,
Jésus Christ, incarné par une oeuvre commune de toute la Trinité,
conçu de Marie toujours Vierge par la coopération du Saint-Esprit,
fait homme véritable composé d'une âme raisonnable et d'une chair
humaine, une seule personne en deux natures, a montré plus
manifestement la voie de la vie. Alors que, selon la divinité, il
est immortel et incapable de souffrir, il s'est fait lui-même, selon
l'humanité, capable de souffrir et mortel ; bien plus pour le salut
du genre humain, il a souffert et est monté au ciel ; mais il est
descendu en son âme et ressuscité en son corps et est monté en l'une
et l'autre également . il viendra à la fin des temps juger les
vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres, aussi bien
aux réprouvés qu'aux élus. Tous ressusciteront avec leur propre
corps qu'ils ont maintenant, pour recevoir, selon ce qu'ils auront
mérité en faisant le bien ou en faisant le mal, les uns un châtiment
sans fin avec le diable, les autres une gloire éternelle avec le
Christ.
802 Il y a une seule Église
universelle des fidèles, en dehors de laquelle absolument personne
n'est sauvé, et dans laquelle le Christ est lui-même à la fois le
prêtre et le sacrifice, lui dont le corps et le sang, dans le
sacrement de l'autel, sont vraiment contenus sous les espèces du
pain et du vin, le pain étant transsubstantié au corps et le vin au
sang par la puissance divine, afin que, pour accomplir le mystère de
l'unité, nous recevions nous-mêmes de lui ce qu'il a reçu de nous.
Et assurément ce sacrement, personne ne peut le réaliser, sinon le
prêtre qui a été légitimement ordonné selon le pouvoir des clés de
l'Église que Jésus Christ lui-même a accordé aux apôtres et à leurs
successeurs.
Le sacrement du baptême qui s'effectue dans
l'eau en invoquant la Trinité indivise, c'est-à-dire le Père, le
Fils et le Saint-Esprit légitimement conféré par qui que ce soit
selon la forme de l'Église aussi bien aux enfants qu'aux adultes
sert au salut.
Et si, après avoir reçu le baptême, quelqu'un
est tombé dans le péché, il peut toujours être rétabli dans son état
par une vraie pénitence. Ce ne sont pas seulement les vierges et les
continents, mais aussi les gens mariés qui, plaisant à Dieu par une
foi droite et de bonnes oeuvres, méritent de parvenir à la vie
éternelle.
803 Nous condamnons donc et nous
réprouvons l'opuscule ou traité que l'abbé Joachim a publié contre
maître Pierre Lombard au sujet de l'unité ou de l'essence de la
Trinité, l'appelant hérétique et insensé à cause de ce qu'il a dit
dans ses sentences : « Il y a une réalité suprême qui est Père et
Fils et Saint-Esprit, et celle-ci n'engendre pas, n'est pas
engendrée et ne procède pas ».
D'où il affirme que celui-ci a érigé en Dieu
non pas tant une trinité qu'une quaternité, c'est-à-dire trois
personnes et en quelque sorte une quatrième qui serait cette essence
commune, alors qu'il professe manifestement qu'il n'y a aucune
réalité, ni essence, ni substance, ni nature qui soit Père et Fils
et Saint-Esprit, bien qu'il concède que Père et Fils et Saint-Esprit
sont une seule essence, une seule substance et une seule nature.
Mais il reconnaît qu'une telle unité n'est ni vraie ni propre, mais
en quelque sorte collective et analogique, de la même manière qu'on
dit que beaucoup d'hommes sont un seul peuple et beaucoup de fidèles
une seule Église, conformément à ce qui est dit : « La multitude des
croyants était un seul cœur et une seule âme » Ac 4,32, et
« Celui qui s'attache à Dieu est un seul esprit » 1Co 6,17
avec lui ; et encore : « Celui qui arrose et celui qui plante ne
font qu'un » 1Co 3,8 ; et tous « nous sommes un seul corps
dans le Christ » Rm 12,5 ; et encore, dans le livre des
Rois : « Ton peuple et mon peuple sont une même chose » 1R 22,5 ;
Vulgate ; voir Rt 1,16.
Mais pour fonder cette affirmation il a surtout
recours à ce que le Christ dit des fidèles dans l'Évangile : « Je
veux Père, qu'en nous ils soient un comme nous aussi nous sommes un,
afin qu'ils soient parfaitement un » Jn 17,22 ss.. En effet,
dit-il, les fidèles du Christ ne sont pas un, c'est-à-dire une seule
réalité qui serait commune à tous ; ils sont seulement un,
c'est-à-dire une seule Église à cause de l'unité de la foi
catholique et un seul Royaume à cause de l'union dans une charité
indissoluble. De la même manière, on lit dans l'épître canonique de
Jean : « Car ils sont trois qui rendent témoignage dans le ciel, le
Père et le Verbe et le Saint-Esprit, et ces trois sont un » 1Jn
5,7 ; et Jean ajoute aussitôt : « Et ils sont trois qui rendent
témoignage sur la terre, l'esprit, l'eau et le sang, et ces trois
sont un » 1Jn 5,8, selon ce qu'on trouve dans certains
manuscrits.
804 Quant à nous, avec l'approbation
du saint concile universel, nous croyons et confessons avec maître
Pierre qu'il y a une seule réalité suprême, qui ne peut être saisie
ni dite, qui est véritablement Père et Fils et Saint-Esprit, les
trois personnes ensemble et chacune d'elles en particulier. C'est
pourquoi il y a en Dieu seulement Trinité et non pas quaternité,
parce que chacune des trois personnes est cette réalité,
c'est-à-dire la substance, l'essence et la nature divine. Elle seule
est le principe de toutes choses, en dehors duquel aucun autre
principe ne peut être trouvé. Et cette réalité n'engendre pas, n'est
pas engendrée et ne procède pas, mais c'est le Père qui engendre, le
Fils qui est engendré et le Saint-Esprit qui procède, en sorte qu'il
y a distinction dans les personnes et unité dans la nature.
805 Donc « bien que le Père soit
autre, autre le Fils, autre le Saint-Esprit, il n'a cependant pas
une autre réalité », mais ce qu'est le Père, le Fils l'est et le
Saint-Esprit, absolument la même chose, en sorte que, conformément à
la foi orthodoxe et catholique, nous croyons qu'ils sont
consubstantiels. En effet, le Père, en engendrant le Fils de toute
éternité, lui a donné sa substance, ce même Fils en témoigne : « Ce
que m'a donné le Père est plus grand que tout » Jn 10,29.
Et on ne peut pas dire qu'il lui a donné une
partie de sa substance et en a retenu une partie pour lui-même,
puisque la substance du Père est indivisible, étant absolument
simple. Mais on ne peut pas dire que le Père a transféré sa
substance dans le Fils en l'engendrant, comme s'il l'avait donnée à
un fils sans la retenir pour lui-même : autrement il aurait cessé
d'être substance. Il est donc clair que le Fils, en naissant, a reçu
la substance du Père sans aucune diminution de celle-ci et que,
ainsi, le Père et le Fils ont la même substance et, ainsi encore,
sont une même réalité le Père et le Fils et aussi le Saint-Esprit
qui procède de l'un et de l'autre.
806 Donc, lorsque la Vérité prie le
Père pour ses fidèles en disant : « Je veux qu'eux-mêmes soient un
en nous comme nous sommes un » Jn 17,22, ce mot « un » est
pris pour les fidèles en ce sens qu'il signifie l'union de la
charité dans la grâce, et pour les personnes divines en ce sens
qu'est soulignée l'unité de l'identité dans la nature, comme le dit
ailleurs la Vérité : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait ». Mt 5,48, comme s'il était dit plus clairement :
« Soyez parfaits, de la perfection de la grâce », « comme votre Père
céleste est parfait » de la perfection de la nature, chacun à sa
manière. Car si grande que soit la ressemblance entre le Créateur et
la créature, on doit encore noter une plus grande dissemblance entre
eux.
Si quelqu'un ose donc défendre ou approuver sur
ce point l'affirmation ou la doctrine du susdit Joachim, qu'il soit
réfuté par tous comme hérétique.
807 Cependant nous ne voulons en rien
par cela faire tort au monastère de Flore, qui a été institué par
Joachim lui-même, parce que l'institution en est régulière et
l'observance salutaire. Et cela d'autant plus que ce même Joachim
nous a fait remettre tous ses écrits afin qu'ils soient approuvés ou
corrigés par le jugement du Siège apostolique, dictant une lettre,
signée de sa main, dans laquelle il confesse ferment tenir la foi
que tient l'Église romaine, mère et maîtresse de tous les fidèles
par la disposition du Seigneur.
808 Nous réprouvons aussi et
condamnons l'opinion extravagante de l'impie Amalric, dont le père
du mensonge a tellement aveuglé l'esprit que sa doctrine ne doit pas
tant être regardée comme hérétique que comme insensée.
809 Parce que « certains », selon ce
que dit l'Apôtre, « ayant les apparences de la piété, mais en
reniant la force » 2Tm 3,5, s'arrogent le droit de prêcher,
alors que le même Apôtre dit : « Comment prêcheront-ils s'ils ne
sont pas envoyés ? Rm 10,15, tous ceux à qui cela a été
défendu ou qui n'ont pas été envoyés, et qui oseraient usurper, en
public ou en privé, l'office de la prédication sans autorisation
donnée par le Siège apostolique ou par l'évêque catholique du lieu »
761, seront frappés d'excommunication ; s'ils ne viennent pas
promptement à résipiscence, ils seront châtiés par une autre peine
appropriée.
810 Bien que nous voulions encourager
et honorer les Grecs qui, de nos jours, reviennent à l'obéissance du
Siège apostolique en acceptant, autant que nous le pouvons dans le
Seigneur, leurs habitudes et leurs rites, nous ne voulons ni ne
devons pourtant pas tolérer chez eux ce qui met les âmes en danger
et déroge à l'honnêteté ecclésiastique. En effet, après que l'Église
grecque avec certains complices et partisans se fut soustraite à
l'obéissance au Siège apostolique, les Grecs se sont mis à abominer
tellement les Latins que, entre autres pratiques impies marquant
leur mépris à leur égard, s'il arrivait que des prêtres latins
célèbrent sur leurs autels, ils ne voulaient eux-mêmes offrir le
saint sacrifice sur ces autels avant de les avoir d'abord lavés,
comme s'ils avaient été souillés par ce seul fait. Et même, dans une
audace téméraire, ces mêmes Grecs osaient rebaptiser ceux qui
avaient été baptisés par les Latins ; et nous avons appris que,
encore maintenant, certains ne craignent pas de le faire.
Voulant donc écarter de l'Église de Dieu un si
grand scandale, sur le conseil du saint concile, nous ordonnons
absolument qu'ils n'osent plus désormais agir ainsi, se conformant,
en fils obéissants, à leur mère la sainte Église romaine, afin qu'il
y ait « un seul troupeau et un seul pasteur » Jn 10,16.
Si quelqu'un devait agir de cette façon, il
serait frappé du glaive de l'excommunication et déposé de tout
office et bénéfice ecclésiastique.
811 Renouvelant les anciens
privilèges des sièges patriarcaux, avec l'approbation du saint
concile universel, nous prescrivons ce qui suit : après l'Église
romaine qui, le Seigneur en disposant ainsi, détient la primauté du
pouvoir ordinaire sur toutes les autres Églises en tant que mère et
maîtresse de tous les chrétiens, l'Église de Constantinople
détiendra la première place, celle d'Alexandrie la deuxième, celle
d'Antioche la troisième, celle de Jérusalem la quatrième.
812 Tout fidèle de l'un et l'autre
sexe, après avoir atteint l'âge de raison, confessera
personnellement et fidèlement tous ses péchés au moins une fois par
an à son curé, s'appliquera, dans la mesure de ses forces,
d'accomplir la pénitence qui lui sera imposée, recevant avec respect
au moins à Pâques le sacrement de l'eucharistie, à moins que, sur le
conseil de son curé et pour quelque raison valable, il juge qu'il
lui faut s'en abstenir pour un temps ; sinon, il sera empêché
d'entrer dans l'église de son vivant et sera privé de sépulture
chrétienne à sa mort, afin que personne ne puisse avoir d'excuse
pour son ignorance.
Si quelqu'un veut, pour une juste cause,
confesser ses péchés à un autre prêtre, il devra d'abord demander et
obtenir la permission de son curé, puisque autrement cet autre
prêtre ne pourrait l'absoudre ou le lier.
813 Que ce prêtre soit un homme de
discernement et prudent afin que, comme un médecin expérimenté, il
répande le vin et l'huile sur les plaies du blessé Lc 10,14,
s'enquérant diligemment des circonstances concernant et le pécheur
et le péché ; il comprendra ainsi, avec prudence, quels conseils il
doit lui donner, quel remède apporter en usant de moyens divers pour
guérir le malade.
814 Il prendra grandement garde de ne
jamais trahir le pécheur par un mot, un signe ou de quelque
manière ; mais s'il a besoin d'un avis plus éclairé, il le demandera
prudemment sans rien révéler de la personne ; car si quelqu'un osait
révéler un péché qui lui a été découvert au tribunal de la
pénitence, nous décrétons, non seulement qu'il doit être déposé du
ministère sacerdotal, mais encore qu'il soit voué, à perpétuité, à
faire pénitence dans un monastère de stricte observance.
815 En outre l'âme étant beaucoup
plus précieuse que le corps, nous défendons sous peine d'anathème
qu'un médecin conseille à un malade pour le salut du corps quelque
chose qui deviendrait un danger pour l'âme.
816 Parce que « tout ce qui ne
procède pas de la foi est péché » Rm 14,23, nous définissons
cela par sentence synodale : sans bonne foi, aucune prescription
n'est valide, qu'elle soit canonique ou civile, puisque, d'une
manière générale, on doit déroger à toute constitution et à toute
coutume qui ne peuvent être observées sans péché mortel. Il faut
donc que celui qui prescrit n'ait à aucun moment conscience d'avoir
une chose appartenant à autrui.
817 Suivant les pas de nos
prédécesseurs, nous interdisons formellement les mariages
clandestins, défendant aussi que n'importe quel prêtre ose être
présent à de tels mariages. C'est pourquoi, étendant une coutume
propre à certains lieux à tous les autres, nous statuons que,
lorsque des mariages doivent être contractés, ils seront
publiquement annoncés dans les églises par les prêtres, dans un
délai convenable fixé à l'avance, au cours duquel celui qui en
aurait la volonté et la capacité pourrait opposer un empêchement
légitime. Néanmoins les prêtres rechercheront eux-mêmes si quelque
empêchement fait obstacle au mariage. ...
818 La religion chrétienne est trop
souvent dénigrée parce que certains exposent des reliques des saints
pour les vendre ou en faire ostention n'importe où. Pour que cela ne
se produise pas à l'avenir, nous statuons par le présent décret que
les reliques anciennes ne soient plus exposées hors de leur
reliquaire ni montrées pour être vendues. Quant à celles qui ont été
nouvellement trouvées, que personne ne les vénère publiquement si
elles n'ont pas été auparavant approuvées par l'autorité du pontife
romain. A l'avenir, que les responsables ne permettent pas que ceux
qui viennent dans leurs églises en vue de vénérer des reliques ne
soient trompés par de vaines fictions ou de faux documents, comme on
a eu l'habitude de le faire en plusieurs lieux en vue d'un gain.
819 (...)
Parce que, par suite d'indulgences indiscrètes
ou superflues que ne craignent pas d'octroyer certains prélats, le
pouvoir des clés de l'Église est méprisé et la satisfaction
pénitentielle est privée de sa force, nous décrétons que, lorsque
est dédiée une basilique, l'indulgence ne dépassera pas un an... ;
ensuite, lors de l'anniversaire de la dédicace, que la rémission
pour les pénitences imposées ne dépasse pas quarante jours. Nous
ordonnons que les lettres d'indulgence, qui sont accordées pour des
raisons variées, doivent aussi se conformer à ce nombre de jours,
puisque le pontife romain, qui détient la plénitude du pouvoir, a
l'habitude de suivre cette règle en ce domaine.
820 (...) En de nombreux endroits de
nombreuses personnes — semblables aux vendeurs de colombes dans le
Temple — commettent de honteuses et exécrables exactions et
extorsions pour la consécration des évêques, la bénédiction des
abbés et l'ordination des clercs. On tarifie ce qui doit être payé à
celui-ci ou à celui-là, à tel ou tel autre ; et, comble de
perdition, certains s'efforcent de justifier cette honte et cette
dépravation au nom d'une coutume observée de longue date.
Voulant donc abolir un si grand abus, nous
réprouvons totalement une telle coutume dont le vrai nom est
corruption ; nous statuons formellement que, pour la collation ou la
réception des ordres, personne n'ose exiger et extorquer quelque
chose sous quelque prétexte que ce soit ; sinon, aussi bien celui
qui aura reçu que celui qui aura donné une telle somme absolument
interdite sera condamné avec Guéhazi 2R 5,20-27 et Simon
Ac 8,9-24.
HONORIUS III : 18 juillet 1216 – 18 mars 1227.
822 Comme nous l'avons entendu, un
abus très pernicieux s'est développé dans ta région, à savoir que
lors du sacrifice on utilise une plus grande quantité d'eau que de
vin : car selon la coutume bien fondée de l'ensemble de l'Église, il
faut utiliser plus de vin que d'eau. C'est pourquoi Nous ordonnons à
ta fraternité par lettre apostolique que désormais tu ne le fasses
plus, et que tu n'admettes pas que cela se fasse dans ta province.
GREGOIRE IX : 19 mars 1227 – 22 août 1241
824 (...) Il appartient certes à
l'intelligence théologique de présider comme l'homme en quelque
sorte à n'importe quelle faculté et, comme l'esprit le fait pour la
chair, d'exercer son pouvoir sur elle et de la diriger dans la voie
de la droiture en sorte qu'elle ne s'égare pas. (...)
En vérité nous sommes frappés intérieurement de
douleur dans notre cœur Gn 6,6 et saturés de l'amertume de
l'absinthe Lm 3,15 de ce que... certains chez vous ...
s'occupent avec ardeur à déplacer par des nouveautés impies, « les
bornes posées par les Pères » Pr 22,28 ; en effet, la
compréhension de l'Écriture céleste qui est délimitée, de par les
efforts des saints Pères, par les bornes de l'interprétation qu'il
n'est pas seulement téméraire mais impie de transgresser, ils la
tournent en doctrine philosophique concernant les choses naturelles,
de manière à faire montre de leur Science et non pas pour le profit
des auditeurs, en sorte qu'ils n'apparaissent pas comme des hommes
qui enseignent Dieu ou des théologiens, mais comme des hommes qui
médisent de Dieu.
En effet, bien qu'ils doivent exposer la
doctrine de Dieu selon les traditions reconnues des saints et non
pas avec des armes charnelles, mais avec des armes « dont la
puissance vient de Dieu, capables de détruire toute puissance
hautaine qui se dresse contre la connaissance de Dieu et de faire
captive toute pensée pour l'amener à obéir au Christ » 2Co 10,4
s, séduits par des doctrines diverses et étrangères He 13,9,
ils font de la tête la queue Dt 28,13 ; Dt 28,44 et
contraignent la reine à se mettre au service de la servante,
c'est-à-dire ce qui est céleste au service des doctrines terrestres,
en attribuant à la nature ce qui appartient à la grâce. De fait,
s'occupant des choses de la nature plus qu'il ne convient,
revenus... aux éléments faibles et pauvres du monde et les servant à
nouveau Ga 4,9, comme des faibles en Christ ils se
nourrissent « de lait et non d'une nourriture solide » He 5,12,
et ils ne semblent pas avoir fortifié leur coeur par la grâce He
13,9 ; c'est pourquoi, « dépouillés des dons gratuits et blessés
dans leurs dons naturels », ils ne se remémorent pas cette parole de
l'Apôtre... : « Évite les nouveautés et les expressions impies et
les opinions d'une science mensongère ; pour l'avoir recherchée,
certains se sont écartés de la foi » 1Tm 6,20 s...
Et lorsqu'ils s'efforcent plus qu'il ne
convient de prouver la foi par la raison naturelle, ne la
rendent-ils pas en quelque sorte inutile et vaine ? Car « la foi n'a
pas de mérite si la raison humaine lui fournit la preuve ». La
nature en effet croit ce qu'elle a compris, mais la foi saisit ce
qui est cru par sa propre force et par la compréhension que lui
donne la grâce, elle qui pénètre avec audace et témérité ce que
l'intelligence naturelle est incapable d'atteindre.
825 A ta consultation nous répondons
ainsi : ceux qui ont reçu les ordres sacrés en dehors des temps
fixés ont reçu sans aucun doute le caractère ; après qu'une
pénitence appropriée leur aura été imposée pour cette transgression,
tu pourras admettre qu'ils exercent leur ministère dans les ordres
reçus.
826 Lorsque le presbytre et le diacre
sont ordonnés, ils reçoivent l'imposition des mains par contact
corporel, selon le rite établi par les apôtres 1Tm 4,14 ;
1Tm 5,22 ; 2Tm 1,6 ; Ac 6,6 ; mais si cela a été omis, il n'y a
pas lieu de le réitérer d'une quelconque manière, mais au temps fixé
pour conférer ces ordres on suppléera prudemment ce qui a été omis
par erreur. Cependant les mains doivent être levées lorsque la
prière est répandue sur la tête de l'ordinand.
827 Lorsque sont insérées des
conditions contraires à la substance du mariage, par exemple si l'un
dit à l'autre « je contracte (mariage) avec toi si tu évites
d'engendrer des descendants », ou « jusqu'à ce que j'en trouve une
autre plus digne par l'honneur ou la fortune », ou « si tu te livres
à l'adultère contre rétribution », le contrat de mariage, tout
bienvenu qu'il puisse être, est dépourvu d'effet ; cependant
d'autres conditions ajoutées au mariage, si elles sont déshonnêtes
ou irréalisables, doivent être tenues pour non ajoutées en raison de
la faveur (du droit) dont il jouit.
828 Quelqu'un qui prête une somme
d'argent déterminée à un autre qui se rend à un marché, par terre ou
par mer, et qui, parce qu'il accepte un risque pour lui-même, entend
recevoir quelque chose au-delà du capital, doit (ne doit pas ?) être
considéré comme usurier.
De même celui qui donne dix sols pour qu'à un
autre moment lui soient rendues autant de mesures de grain, de vin
et d'huile à propos desquelles, même si elles valent alors
davantage, on peut douter avec vraisemblance si au moment du
paiement elles vaudront plus ou moins, ne doit pas à cause de cela
être considéré comme usurier.
En raison de ce doute est excusé également
celui qui vend du drap, du grain, du vin, de l'huile et d'autres
marchandises pour recevoir davantage pour elles à un moment donné
que ce qu'elles valent au moment même (du contrat), à condition
cependant de n'avoir pas été sur le point de les vendre à un autre
moment du contrat.
829 Étant donné que, comme nous
l'avons appris de ton rapport, il arrive parfois que par manque
d'eau des enfants de ton pays soient baptisés avec de la cervoise,
nous te répondons par la présente que puisque selon l'enseignement
de l'Évangile on doit renaître d'eau et d'Esprit Saint Jn 3,5,
ceux qui ont été baptisés avec de la cervoise doivent être
considérés comme n'ayant pas été baptisés de façon régulière.
CELESTIN IV : 25 octobre – 10 novembre 1241
INNOCENT IV : 25 juin 1243 – 7 décembre 1254
830 Par 3 (autres Par. 4). 1. A ce
sujet notre réflexion nous a conduit à décider que les Grecs de ce
royaume (Chypre), pour ce qui est des onctions qui sont
habituellement faites en lien avec le baptême, doivent suivre et
observer la coutume de l'Église romaine.
2. Mais si le rite ou la coutume qu'ils disent
être les leurs – à savoir d'oindre entièrement le corps de ceux qui
doivent être baptisés – ne peut pas être supprimé ou écarté sans
scandale, on le tolérera puisqu'il importe peu pour l'effet ou
l'efficacité du baptême que cela soit fait ou non.
3. De même il importe peu qu'ils baptisent dans
de l'eau froide ou de l'eau chaude, puisque selon leurs dires le
baptême a sa vertu et son effet dans les deux cas.
831 4 (Par 5). Seuls les évêques
cependant doivent marquer le front des baptisés avec le chrême,
puisque cette onction ne doit être conférée que par les évêques.
Car, ainsi qu'on peut le lire, seuls les apôtres, dont les évêques
tiennent la place, ont conféré l'Esprit Saint par l'imposition des
mains que représente la confirmation ou la chrismation du front
Ac 8,14-25.
5. Les différents évêques peuvent également
confectionner le chrême dans leurs Églises le jour de la Cène du
Seigneur et selon la forme de l'Église, c'est-à-dire avec du baume
et de l'huile d'olive. Car dans l'onction avec le chrême est conféré
le don de l'Esprit Saint. Et de fait, comme un peut le lire, la
colombe qui désigne l'Esprit Saint lui-même a ramené dans l'arche un
rameau d'olivier. Mais si à ce sujet les Grecs préfèrent garder leur
rite ancien, à savoir que le patriarche avec les archevêques et ses
évêques suffragants, et les archevêques avec leurs suffragants,
confectionnent ensemble le chrême, cette coutume qui est la leur
doit être tolérée.
832 6. Mais personne ne doit être
simplement oint d'une onction par les prêtres ou les confesseurs à
la place de la satisfaction lors de la pénitence.
833 7. Mais selon la parole de
l'apôtre Jacques Jc 5,14 s l'extrême-onction doit être
conférée aux malades.
834 8 (Par. 6). En outre, lorsqu'ils
ajoutent de l'eau, soit froide, soit chaude, soit tiède, lors du
sacrifice de l'autel, les Grecs doivent suivre leur coutume s'ils le
veulent, pourvu qu'ils croient et confessent que, la forme du canon
étant respectée, le sacrifice est réalisé de la même manière à
partir des deux.
9. Mais qu'ils ne conservent pas l'eucharistie
consacrée le jour de la Cène du Seigneur durant toute l'année en
prétextant les malades, c'est-à-dire pour leur donner la communion
en la prenant de là. Cependant il leur sera permis de consacrer le
corps du Christ pour ces malades et de le conserver durant quinze
jours, pas davantage, pour que du fait d'une conservation plus
longue les espèces ne risquent pas d'être altérées, et de devenir
moins aptes à être consommées : même si la vérité et l'efficacité
demeurent toujours pleinement les mêmes et qu'elles ne disparaissent
jamais du fait d'une durée plus longue ou du temps qui passe.
835 18 (Par. 14) Pour ce qui est de
la fornication commise par un célibataire avec une célibataire, on
ne doit absolument pas douter qu'il s'agit d'un péché mortel,
puisque l'Apôtre assure qu'aussi bien les fornicateurs que les
adultères sont exclus du Royaume de Dieu 1Co 6,9 s.
836 19 (Par. 15). En outre nous
voulons et prescrivons expressément que désormais les évêques grecs
doivent conférer sept ordres conformément à l'usage de l'Église
romaine, puisqu'on lit que jusqu'à présent ils ont négligé ou omis
trois des ordres mineurs chez les ordinands. Mais ceux qui ont déjà
été ordonnés de cette manière par eux, en raison de leur trop grand
nombre ils seront tolérés dans les ordres reçus ainsi.
837 20 (Par. 16). Mais parce que
selon l'apôtre une femme est libérée de sa loi après la mort du
mari, de sorte qu'elle est entièrement libre d'épouser dans le
Seigneur qui elle veut Rm 7,2 ; 1Co 7,39, les Grecs ne
doivent aucunement blâmer ou condamner les secondes et les
troisièmes noces, et même d'autres, mais ils doivent bien plutôt les
reconnaître entre personnes qui par ailleurs peuvent être unies
licitement par un mariage.
21. Cependant les prêtres ne doivent en aucun
cas bénir ceux qui se marient une seconde fois.
838 23 (Par. 18). Enfin puisque la
Vérité affirme dans l'Évangile que si quelqu'un a blasphémé contre
l'Esprit Saint il ne lui sera pas pardonné, ni dans ce monde ni dans
le monde à venir Mt 12,32 — ce qui nous fait comprendre que
certains sont déliés de leur faute dans le siècle présent, mais
d'autres dans le siècle à venir — et que l'Apôtre dit que « le feu
éprouvera l'œuvre de chacun selon ce qu'elle est » et que « celui
dont l'œuvre est consumée en subira la perte, mais que lui-même sera
sauvé, mais comme à travers le feu » 1Co 13,15 et puisqu'on
dit que les Grecs eux-mêmes croient et affirment en toute vérité et
sans aucun doute que les âmes de ceux qui meurent après avoir reçu
la pénitence, mais sans l'avoir accomplie, ou qui meurent sans péché
mortel mais avec des péchés véniels et minimes, sont purifiés après
la mort et peuvent être aidés par les suffrages de l'Église, étant
donné qu'ils disent qu'aucun nom certain et déterminé ne désigne
chez leurs docteurs le lieu d'une telle purification, et puisque
selon la tradition et l'autorité des saints Pères nous l'appelons
« purgatoire », Nous voulons que désormais il soit appelé ainsi chez
eux. En effet ce feu temporaire purifie les péchés, non toutefois
les péchés mortels ou capitaux qui n'auraient pas d'abord été remis
par la pénitence, mais les péchés légers et minimes qui pèsent
encore sur eux après leur mort, même s'ils ont été pardonnés pendant
la vie.
839 24. (Par. 19). Mais si quelqu'un
meurt sans pénitence en état de péché mortel, il ne fait pas de
doute qu'il sera tourmenté pour toujours par les feux de l'enfer
éternel.
25 (Par. 20). Mais les âmes des petits enfants
qui meurent après le bain du baptême et celles des adultes qui
meurent en état de charité, qui ne sont ni retenus par un péché ni
tenus à telle ou telle satisfaction pour leur péché, passent
immédiatement dans la patrie éternelle.
ALEXANDRE IV : 12 décembre 1254 – 25 mai 1261
840 (L'écrit de Guillaume) a été lu
par eux de façon attentive et examiné mûrement et avec rigueur, et
il nous en a été fait une relation complète ; parce que nous avons
appris qu'on y trouve manifestement certaines choses fausses et
condamnables.
841 Contre le pouvoir et l'autorité
du pontife romain et de ses co-évêques, et contre ceux qui, à cause
de Dieu, mendient dans la pauvreté la plus rigoureuse, en surmontant
ainsi le monde avec ses biens par une indigence volontaire ;
842 d'autres choses aussi contre ceux
qui, animés d'un zèle ardent pour le salut des âmes et soucieux des
études sacrées, opèrent dans l'Église de Dieu de nombreux progrès
spirituels et y portent beaucoup de fruit ;
843 certaines contre l'état salutaire
des moines pauvres, ou mendiants, que sont nos chers fils les frères
prêcheurs et les frères mineurs qui, dans la force de l'Esprit,
abandonnent le siècle avec ses richesses et n'aspirent de toutes
leurs forces qu'à la seule patrie céleste ;
ainsi que plusieurs autres choses inconvenantes
et dignes par conséquent d'être rejetées et vouées à l'infamie pour
toujours ;
844 et parce que cet écrit a été
également la source d'un grand scandale, qu'il a donné lieu à
beaucoup de trouble et qu'il a causé également des dommages aux
âmes, puisqu'il a détourné les fidèles de la dévotion qui leur était
familière, de leur libéralité habituelle en matière d'aumône, ainsi
que de la conversion et de l'entrée en religion :
sur le conseil de nos frères et en vertu de
l'autorité apostolique Nous rejetons et condamnons pour toujours
comme inique, sacrilège et exécrable l'écrit qui commence ainsi :
« Ecce videntes clamabunt foris », et qui porte le titre « Tractatus
brevis de periculis novissimorum temporum » et les enseignements
et les doctrines qu'il contient. Nous les condamnons comme erronés,
faux et impies.
URBAIN IV : 29 août 1261 – 2 octobre 1264.
Bulle “Transiturus
de hoc mundo”, 11 août 1264.
846 Or lors de l'institution de ce
sacrement il dit lui-même aux apôtres : « Faites ceci en mémoire de
moi » Lc 22,19, afin que ce sacrement sublime et vénérable
soit pour nous un mémorial éminent et insigne de l'amour
extraordinaire par lequel il nous a aimés. Un mémorial admirable,
dis-je... dans lequel nous obtenons sûrement une aide pour la vie et
pour la mort. C'est là le mémorial... salvifique dans lequel nous
faisons mémoire avec gratitude de notre Rédemption, dans lequel nous
sommes éloignés du mal et confortés dans le bien, et progressons
dans la croissance des vertus et des grâces, dans lequel en vérité
nous progressons de par la présence corporelle du Sauveur lui-même.
D'autres réalités dont nous faisons mémoire,
nous les embrassons par l'esprit et par l'intelligence, mais nous
n'en possédons pas pour autant la présence réelle. Mais dans cette
commémoration sacramentelle du Christ, Jésus Christ nous est
présent, certes sous une autre forme, mais dans sa propre substance.
Avant de monter au ciel il dit en effet aux apôtres et à leurs
successeurs : « Voici, je suis avec vous jusqu'à la consommation des
siècles » Mt 28,20, et il les conforta par la promesse
bienfaisante qu'il demeurera et sera aussi avec eux d'une présence
corporelle.
847 (...)
Dépassant toute plénitude de largesse, allant
au-delà de toute mesure de l'amour, il se distribua en nourriture. O
libéralité unique et admirable, où le donateur devient le don, et où
ce qui est donné est pleinement identique à celui qui donne ! ...
Il s'est donc donné en nourriture pour que
l'homme, qui avait été abattu par la mort, fût relevé par une
nourriture à la vie... Manger a blessé et manger a guéri. Voici que
de là où est née la blessure est venu aussi le remède, et de là où
la mort s'est introduite est sortie aussi la vie. De ce manger-là en
effet il est dit : « Du jour où tu en mangeras, de mort tu mourras »
Gn 2,17, mais de ce manger-ci on peut lire : « Celui qui aura
mangé de ce pain vivra à jamais » Jn 6,52 ...
Ce fut aussi une libéralité qui convient et un
acte approprié que le Verbe éternel de Dieu, qui est l'aliment et le
réconfort de la créature raisonnable, s'étant fait chair se soit
donné en nourriture à la chair et au corps de la créature
raisonnable, c'est-à-dire à l'homme... Ce pain est consommé, mais il
n'est pas épuisé ; il est mangé, mais il n'est pas changé, car il
n'est nullement transformé en celui qui le mange, mais s'il est reçu
dignement, celui qui le reçoit lui est conformé.
CLEMENT IV : 5 Février 1265 – 29 novembre 1268.
La présence
réelle du Christ dans l'eucharistie.
849 (Nous avons appris que tu...) as
dit que le corps très saint de notre Seigneur Jésus Christ ne se
trouve pas substantiellement sur l'autel, mais seulement comme ce
qui est signifié l'est sous le signe, et que tu as ajouté qu'il
s'agit là d'une opinion souvent entendue à Paris. Mais cette
affirmation s'est répandue... et lorsque enfin elle est parvenue
jusqu'à Nous, elle Nous a scandalisé au plus haut point ; et il n'a
pas été facile pour Nous de croire que tu as dit de telles choses
qui contiennent une hérésie manifeste et dérogent à la vérité de ce
sacrement dans lequel la foi s'accomplit d'autant plus utilement
qu'elle dépasse les sens, qu'elle tient captive l'intelligence, et
qu'elle soumet la raison à ses lois...
Tiens fermement ce que l'Église tient en
commun... à savoir que sous les espèces du pain et du vin, après que
les paroles sacrées ont été dites par la bouche du prêtre,
conformément au rite de l'Église, le corps et le sang de notre
Seigneur Jésus Christ sont présents vraiment, réellement et
substantiellement, bien que selon le lieu il se trouve au ciel.
GREGOIRE X : 1er septembre 1271 – 10 janvier
1276
·
2e
concile de LYON (14e
œcuménique) 7 mai - 17 juillet 1274.
850 Nous professons avec fidélité et
dévotion que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du
Fils, non pas comme deux principes, mais comme d'un seul principe,
non pas par deux spirations, mas par une seule et unique spiration.
C'est ce que la sainte Église romaine, mère et maîtresse de tous les
fidèles, a jusqu'à maintenant professé, prêché et enseigné ; c'est
ce qu'elle tient fermement, prêche, professe et enseigne ;c'est là
l'immuable et véritable doctrine des Pères et des Docteurs
orthodoxes, aussi bien latins que grecs.
Mais parce que certains, en raison d'une
ignorance de la vérité irréfutable affirmée plus haut, sont tombés
dans diverses erreurs, nous-mêmes désireux de fermer la route à des
erreurs de ce genre, avec l'approbation du saint concile, nous
condamnons et réprouvons tous ceux qui oseraient nier que le
Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils, ou qui même,
dans une audace téméraire, iraient jusqu'à affirmer que le
Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme de deux principes et
non comme d'un seul.
851 (Profession de foi). Nous croyons
la sainte Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, un seul Dieu
tout-puissant, et que, dans la Trinité, toute la divinité est
également essentielle, consubstantielle, également éternelle,
également toute-puissante, qu'il y a en elle une seule volonté, une
seule puissance, une seule majesté, qu'elle est le créateur de
toutes les créatures, de qui, en qui, par qui sont toutes les choses
qui sont dans le ciel et sur la terre, visibles, invisibles,
corporelles et spirituelles. Nous croyons que chacune des personnes
dans la Trinité est vraiment, pleinement et parfaitement Dieu.
852 Nous croyons le Fils de Dieu,
Verbe de Dieu, né éternellement du Père, consubstantiel, également
tout-puissant et égal en tout au Père en la divinité : né dans le
temps, du Saint-Esprit et de Marie toujours vierge, avec une âme
raisonnable. Il a deux naissances, une naissance éternelle, du Père,
une naissance temporelle, de sa mère. Vrai Dieu et vrai homme,
proprement et parfaitement en l'une et l'autre nature ; ni fils
adoptif, ni fils en apparence, mais un seul et unique Fils de Dieu,
en deux natures, et de deux natures, la divine et l'humaine, dans
l'unité d'une seule personne, incapable de souffrir et immortel par
sa divinité, mais qui dans son humanité, a souffert une vraie
Passion corporelle, pour nous et pour notre salut ; il est mort, a
été enseveli, est descendu aux enfers, et, et le troisième jour, est
ressuscité des morts, sa chair étant vraiment ressuscitée, quarante
jours après sa Résurrection, avec sa chair ressuscitée et son âme.
Il est monté au ciel et il siège à la droite de Dieu le Père, d'où
il viendra juger les vivants et les morts et rendra à chacun selon
que ses œuvres auront été bonnes ou mauvaises.
853 Nous croyons aussi le
Saint-Esprit, pleinement, parfaitement et vraiment Dieu, procédant
du Père et du Fils, égal en tout et consubstantiel, également
tout-puissant, également éternel, en tout comme le Père et le Fils.
Nous croyons que cette sainte Trinité n'est pas trois dieux, mais un
unique Dieu tout-puissant, éternel, invisible et immuable.
854 Nous croyons aussi que l'Église,
sainte, catholique et apostolique, est la seule vraie, dans laquelle
se donne un saint baptême et la véritable rémission de tous les
péchés. Nous croyons aussi à la vraie résurrection de cette chair
qui est maintenant nôtre, et à la vie éternelle. Nous croyons aussi
qu'il y a un seul auteur du Nouveau et de l'Ancien Testament, de la
Loi, des prophètes et des apôtres, le Dieu et Seigneur
tout-puissant.
855 Telle est la vraie foi catholique
que, dans les articles ci-dessus, tient et prêche la sainte Église
romaine. Mais en raison de diverses erreurs que certains ont
introduites par ignorance et d'autres par malice, elle dit et
prêche : Ceux qui, après le baptême, tombent dans le péché, ne
doivent pas être rebaptisés, mais obtiennent le pardon de leur
péchés par une vraie pénitence.
856 Que si, vraiment pénitents, ils
sont morts dans la charité, avant d'avoir satisfait, par de dignes
fruits de pénitence, pour ce qu'ils ont commis ou omis, leurs âmes
sont purifiés après la mort par des peines purgatoires et
purifiantes, comme l'a expliqué notre frère Jean (Parastron, ofm.).
Pour adoucir ces peines, les intercessions des fidèles vivants leur
sont utiles, à savoir le sacrifice de la messe, les prières, les
aumônes et les autres oeuvres de piété que les fidèles ont coutume
de faire pour d'autres fidèles selon les institutions de l'Église.
857 Pour les âmes de ceux qui, après
avoir reçu le saint baptême, n'ont contracté absolument aucune
souillure du péché, pour celles aussi qui, après avoir contracté la
souillure du péché ont été purifiées, soient lorsqu'elles
demeuraient encore dans leurs corps, soit après s'en être
dépouillées, comme on l'a dit plus haut, elles sont immédiatement
reçues dans le ciel.
858 Pour les âmes de ceux qui meurent
en état de péché mortel ou avec le seul péché originel, elles
descendent immédiatement en enfer, où elles reçoivent cependant des
peines inégales.
859 La même sainte Église romaine
croit et affirme fermement que néanmoins, au jour du jugement, tous
les hommes comparaîtront avec leur corps devant le tribunal du
Christ pour y rendre compte de leurs actions Rm 14,10 s.
860 La même sainte Église romaine
tient et enseigne encore qu'il y a sept sacrements de l'Église : le
baptême, dont on a parlé plus haut ; un autre est le sacrement de la
confirmation, que les évêques confèrent par l'imposition des mains
en oignant les baptisés ; un autre la pénitence ; un autre est
l'Eucharistie, un autre le sacrement de l'ordre, un autre le
mariage, un autre l'extrême-onction qui, selon la doctrine du
bienheureux Jacques, est administrée aux malades.
La même Église romaine fait le sacrement de
l'eucharistie avec du pain azyme ; elle tient et enseigne que, dans
ce sacrement, le pain est vraiment transsubstantié en corps et le
vin en sang de notre Seigneur Jésus Christ.
Sur le mariage, elle tient qu'un homme n'a pas
le droit d'avoir simultanément plusieurs épouses, ni une femme
plusieurs maris. Quand le mariage légitime est rompu par la mort
d'un des conjoints, elle déclare que les secondes et, ensuite, les
troisièmes noces sont successivement licites, si ne s'y oppose pas
un autre empêchement canonique pour quelque raison.
861 Cette même sainte Église romaine
possède aussi la primauté et autorité souveraine et entière sur
l'ensemble de l'Église catholique. Elle reconnaît sincèrement et
humblement l'avoir reçue, avec la plénitude du pouvoir, du Seigneur
lui-même, en la personne du bienheureux Pierre, chef ou tête des
apôtres, dont le pontife romain est le successeur. Et comme elle
doit, avant les autres, défendre la vérité de la foi, ainsi les
questions qui surgiraient à propos de la foi doivent être définies
par son jugement. N'importe quel accusé peut en appeler à elle, dans
les affaires qui relèvent des tribunaux d'Église ; et dans toutes
les causes qui touchent à la juridiction ecclésiastique, on peut
recourir à son jugement. A elle sont soumises toutes les Églises,
dont les prélats lui rendent obéissance et révérence. Sa plénitude
de pouvoir est si établie qu'elle admet les autres Églises à
partager sa sollicitude. Cette même Église romaine a honoré beaucoup
d'Églises, et surtout les Églises patriarcales, de divers
privilèges, sa prérogative étant cependant toujours sauve dans les
conciles généraux comme en d'autres occasions.
INNOCENT V : 21 janvier – 22 juin 1276
ADRIEN V : 11 juillet – 18 août 1276
JEAN XXI : 8 septembre 1276 – 20 mai 1277
NICOLAS III : 25 novembre 1277 – 22 août 1280
MARTIN IV : 22 février 1281 – 28 mars 1285
HONORIUS IV : 2 avril 1285 – 3 avril 1287
NICOLAS IV : 22 février 1288 – 4 avril 1292
CÉLESTIN V : 5 juillet – 13 décembre 1294
BONIFACE VIII : 24 décembre 1294 – 11 octobre 1303
866 Nous avons appris en effet que
certaines personnes —- même de sexe féminin — qui s'érigent contre
la sainte Église catholique, enseignent qu'elles auraient les clés
pour lier et délier, qu'elles entendent les confessions et absolvent
les péchés, qu'elles tiennent des assemblées, non seulement de jour
mais de nuit, dans lesquelles elles s'entretiennent de leurs
absurdités... et qu'elles ont l'audace de prêcher ; abusant de la
tonsure cléricale, contrairement au rite de l'Église, elles
prétendent donner le Saint-Esprit par l'imposition des mains et
qu'il ne faudrait manifester (compléter : “de révérence” ?
“d'obéissance” ?) qu'à Dieu seul et non à quelqu'un d'autre, quelle
que soit sa condition, sa dignité et son état. Elles affirment
également plus efficaces les prières présentées par des personnes au
corps totalement dénudé ; ... et nient qu'il y ait dans ladite
Église le pouvoir de lier et de délier... C'est pourquoi nous
déclarons cette secte... condamnée et hérétique.
868 Une relation digne de foi des
anciens rapporte qu'à ceux qui se rendaient à la vénérable basilique
des princes des apôtres de la Ville, étaient accordées de grandes
rémissions et indulgences des péchés.
Nous donc... qui considérons toutes et chacune
de ces rémissions et de ces indulgences comme légitimes et
bienvenues, nous les confirmons et les approuvons en vertu de
l'autorité apostolique...
Confiants en la miséricorde de Dieu
tout-puissant et dans les mérites et l'autorité de ces mêmes
apôtres, sur le conseil de nos frères et en vertu de la plénitude du
pouvoir apostolique, à tous ceux qui... se rendent avec respect dans
ces basiliques, qui ont vraiment fait pénitence et se sont
confessés, ... dans la présente année et dans chaque centième année
qui suivra, nous concéderons et nous concédons un pardon non
seulement large et plénier, mais le plus plénier, de tous leurs
péchés.
870 La foi nous oblige instamment à
croire et à tenir une seule sainte Église catholique et en même
temps apostolique, et nous la croyons fermement et la confessons
simplement, elle hors de laquelle il n'y a pas de salut ni de
rémission des péchés... ; elle représente l'unique corps mystique :
corps dont le Christ est la tête, Dieu cependant étant celle du
Christ. En elle il y a « un seul Seigneur, une seule foi, et un seul
baptême » Ep 4,5. Unique en effet fut l'arche de Noé au temps
du déluge, qui préfigurait l'unique Église ; achevée à une coudée,
elle avait un seul pilote et chef, à savoir Noé, et hors d'elle,
nous l'avons lu, tout ce qui subsistait sur terre fut détruit.
871 Nous la vénérons également comme
l'unique, car le Seigneur dit dans le prophète : « Dieu, délivre mon
âme de l'épée, et des pattes du chien mon unique » Ps 22,2.
Car il a prié à la fois pour l'âme, c'est-à-dire pour lui-même, la
tête, et pour le corps, puisque le corps il l'a appelé l'unique,
c'est-à-dire l'Église, à cause de l'unité de l'époux, de la foi, des
sacrements, et de la charité de l'Église. Elle est cette « tunique
sans couture » Jn 19,23 du Seigneur qui n'a pas été déchirée,
mais tirée au sort.
872 C'est pourquoi cette Église une
et unique n'a qu'un seul corps, une seule tête, non pas deux têtes
comme pour un monstre, à savoir le Christ et le vicaire du Christ,
Pierre, et le successeur de Pierre, car le Seigneur dit à Pierre
lui-même : « Pais mes brebis » Jn 21,17. Il dit « mes » en
général, et non telle ou telle en particulier, d'où l'on comprend
que toutes lui ont été confiées. Si donc les Grecs ou d'autres
disent qu'ils n'ont pas été confiés à Pierre et à ses successeurs,
il leur faut reconnaître qu'ils ne font pas partie des brebis du
Christ, car le Seigneur dit lui-même en Jean : « il y a un seul
bercail, un seul et unique pasteur » Jn 10,16.
873 Les paroles de l'Évangile nous
l'enseignent : en elle et en son pouvoir il y a deux glaives, le
spirituel et le temporel Lc 22,38 ; Mt 26,52 ...
Les deux sont donc au pouvoir de l'Église, le
glaive spirituel et le glaive matériel. Cependant l'un doit être
manié pour l'Église, l'autre par l'Église. L'autre par la main du
prêtre, l'un par la main du roi et du soldat, mais au consentement
et au gré du prêtre. Or il convient que le glaive soit sous le
glaive, et que l'autorité temporelle soit soumise au pouvoir
spirituel... Que le pouvoir spirituel doive l'emporter en dignité et
en noblesse sur toute espèce de pouvoir terrestre, il nous faut le
reconnaître d'autant plus nettement que les réalités spirituelles
ont le pas sur les temporelles... Comme la Vérité l'atteste : il
appartient au pouvoir spirituel d'établir le pouvoir terrestre, et
de le juger s'il n'a pas été bon...
Si donc le pouvoir terrestre dévie, il sera
jugé par le pouvoir spirituel ; et si un pouvoir spirituel inférieur
dévie, il le sera par celui qui lui est supérieur ; mais si le
pouvoir suprême dévie, c'est par Dieu seul et non par l'homme qu'il
pourra être jugé, comme l'atteste l'Apôtre : « L'homme spirituel
juge de tout, et n'est lui-même jugé par personne » 1Co 2,15.
874 Cette autorité cependant, bien
que donnée à un homme et exercée par un homme, n'est pas un pouvoir
humain, mais bien plutôt divin. Donné à Pierre de la bouche de Dieu,
confirmé pour lui et ses successeurs dans le Christ lui-même qu'il a
confessé, lui, le roc, lorsque le Seigneur dit à Pierre lui-même :
« Tout ce que tu lieras », etc. Mt 16,19. Quiconque par
conséquent résiste à ce pouvoir ordonné par Dieu, « résiste à ce que
Dieu a ordonné » Rm 13,2, à moins qu'il n'imagine, comme
Manès, deux principes, ce que nous jugeons faux et hérétique, car au
témoignage de Moïse ce n'est pas dans les principes, mais « dans le
principe (que) Dieu a créé le ciel et la terre » Gn 1,1.
875 En conséquence nous déclarons,
disons et définissons qu'il est absolument nécessaire au salut, pour
toute créature humaine, d'être soumise au pontife romain.
BENOIT XI : 22 octobre 1303 – 7 juillet 1304
880 (...)
Même s'il... n'est pas nécessaire de confesser
à nouveau les péchés, Nous n'en demandons pas moins de façon ferme —
car en raison de la honte qui représente une grande partie de la
pénitence, Nous considérons qu'il est salutaire que soit réitérée la
confession des mêmes péchés - que les frères (prêcheurs et mineurs)
admonestent eux-mêmes les pénitents et les exhortent dans leurs
prédications à se confesser au moins une fois l'an à leurs prêtres,
en expliquant que cela fait partie sans aucun doute du progrès des
âmes.
CLEMENT V : 5 juin 1305 – 20 avril 1314
891 (1) Dans la vie présente l'homme
pourrait atteindre un degré de perfection si élevé qu'il serait
rendu incapable de pécher et ne pourrait davantage progresser dans
la grâce. Car, disent-ils, si quelqu'un pouvait toujours progresser,
il pourrait devenir plus parfait que le Christ.
892 (2)L'homme ne doit ni jeûner ni
prier après avoir atteint ce degré de perfection, car la sensualité
est alors si parfaitement soumise à l'esprit et à la raison, que
l'homme peut librement consentir au corps ce qui lui plaît.
893 (3) Ceux qui ont atteint le degré
mentionné de perfection et de liberté de l'esprit ne sont pas soumis
à l'obéissance humaine et ne sont pas obligés d'obéir aux préceptes
de l'Église, car, disent-ils, « là où est l'Esprit du Seigneur, là
est la liberté » 2Co 3,17.
894 (4) L'homme peut atteindre dans
la vie présente la béatitude finale dans toute sa perfection comme
il l'obtiendra dans la vie bienheureuse.
895 (5) Toute âme intellectuelle est
en elle-même naturellement bienheureuse et l'âme n'a pas besoin de
la lumière de la gloire qui l'élève pour voir Dieu et en jouir dans
la béatitude.
896 (6) La pratique des actes de
vertu est le fait de l'homme imparfait et l'âme parfaite donne congé
aux vertus.
897 (7) Embrasser une femme, lorsque
la nature n'y incline pas, est un péché mortel, mais l'acte charnel,
lorsque la nature y incline, n'est pas un péché surtout lorsque
celui qui le pratique est tenté.
898 (8) Ils ne doivent pas se lever
au moment de l'élévation du corps du Christ Jésus, ni lui manifester
de la révérence, car ils affirment que ce serait pour eux une
imperfection de descendre de la pureté et de l'élévation de leur
contemplation pour accorder une pensée au ministère ou au sacrement
de l'eucharistie ou à la Passion de l'humanité du Christ.
899 (Censure) Nous condamnons cette
secte en même temps que ses erreurs, Nous les réprouvons
complètement et Nous interdisons avec la plus grande rigueur que
quelqu'un à l'avenir les soutienne, les approuve ou les défende.
900 En adhérant fermement au
fondement de la foi catholique, auquel personne ne peut en
substituer un autre, selon le témoignage de l'apôtre 1Co 3,11,
Nous confessons ouvertement avec la sainte Mère Église que le Fils
unique de Dieu, qui subsiste éternellement avec le Père en tout ce
en quoi le Père existe comme Dieu, a assumé dans le temps et dans le
sein virginal, en l'unité de son hypostase et personne, les parties
de notre nature qui lui sont en même temps unies, par lesquelles
lui, qui existe en lui-même comme vrai Dieu, est devenu vrai homme,
à savoir un corps humain passible et une âme intellective ou
rationnelle, informant véritablement par elle-même et de manière
essentielle le corps lui-même.
901 Nous confessons aussi que non
seulement le Verbe de Dieu lui-même a voulu être cloué sur une croix
dans la nature ainsi assumée et y mourir pour accomplir le salut de
tous, mais aussi que, après avoir rendu son esprit, il a enduré que
son côté fût transpercé par une lance, afin que, du flot d'eau et de
sang qui s'en écoulait Jn 19,34 , fût formée la sainte Mère Église,
unique, immaculée et vierge, épouse du Christ à l'image d'Ève qui a
été formée à partir du côté du premier homme endormi pour devenir
son épouse Gn 2,21 s, de sorte que, à la figure du premier
et ancien Adam qui, selon l'Apôtre, « est la figure de celui qui
était à venir » Rm 5,14, à savoir dans le Christ.
Telle est, dis-je, la vérité appuyée par le
témoignage de cet aigle très grand que le prophète Ezéchiel Ez
1,4-28 a vu voler au-dessus des autres animaux évangéliques,
c'est-à-dire le bienheureux Jean, apôtre et évangéliste, qui, en
décrivant la réalité et l'ordre de ce mystère, dit dans son
évangile : « Lorsqu'ils arrivèrent à Jésus, après avoir constaté
qu'il était mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l'un des
soldats lui ouvrit le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit
du sang et de l'eau. Et celui qui a vu en a rendu témoignage, et son
témoignage est vrai, et lui sait qu'il a dit la vérité afin que vous
croyiez » Jn 19,33-35.
Attentif à ce témoignage autorisé et à
l'explication que les Pères et docteurs ont donnée de l'observation
apostolique, avec l'approbation du saint concile, Nous déclarons que
l'apôtre et évangéliste Jean, déjà mentionné, a respecté l'ordre
exact des faits dans ce qui précède, en relatant qu'un des soldats
ouvrit avec sa lance le côté du Christ, alors que celui-ci était
déjà mort.
902 De plus, avec l'approbation du
saint concile, Nous rejetons comme étant erronée et ennemie de la
foi toute doctrine ou position qui affirme témérairement ou qui met
en doute que la substance de l'âme rationnelle ou intellective n'est
pas vraiment et par elle-même forme du corps humain, et, pour que la
vérité de l'authentique foi catholique soit connue de tous et que
soit barrée la route conduisant à toutes les erreurs et que personne
ne s'y engage, Nous définissons que doit être considéré comme
hérétique quiconque osera désormais affirmer, soutenir ou tenir avec
entêtement que l'âme rationnelle ou intellective n'est pas forme du
corps humain par elle-même et par essence.
903 Pour cette raison, tous doivent
fidèlement confesser qu'un unique baptême régénère tous ceux qui
sont baptisés dans le Christ comme il n'y a qu'un seul Dieu et une
seule foi Ep 4,5, et que, célébré dans l'eau au nom du Père,
du Fils et du Saint-Esprit, Nous croyons qu'il est un remède parfait
pour le salut aussi bien pour les adultes que pour les enfants.
904 Au vrai, en ce qui concerne l'effet du
baptême chez les enfants, il se trouve des théologiens qui ont eu
des opinions contraires, certains affirmant que, par l'efficacité du
baptême, la faute était remise aux enfants, mais que la grâce ne
leur était pas conférée ; d'autres au contraire que, par le baptême,
la faute leur était remise et que les vertus et la grâce informante
leur étaient infusées à l'état d'habitus 780 .
Considérant l'efficacité générale de la mort du
Christ, qui est également appliquée à tous les baptisés par le
baptême, Nous avons décidé que la deuxième opinion, qui affirme que
la grâce informante et les vertus sont conférées aux enfants comme
aux adultes par le baptême, doit être retenue comme plus probable et
conforme aux affirmations des saints et des docteurs modernes en
théologie.
906 (...)
Si quelqu'un tombe dans cette erreur au point
d'avoir la présomption d'affirmer avec entêtement que ce n'est pas
un péché de pratiquer l'usure, Nous décidons qu'il doit être puni
comme hérétique.
908 (...) Il a surgi parmi les frères
une question qui n'est pas peu scrupuleuse, à savoir s'ils sont
tenus, en vertu de la règle qu'ils professent, à un usage pauvre,
restreint et parcimonieux des biens : certains d'entre eux croient
et disent que, de même qu'ils ont complètement abandonné par voeu le
droit de propriété sur les choses, de même la restriction et la
parcimonie les plus grandes leur sont enjointes quant à leur usage ;
au contraire, d'autres affirment qu'ils ne sont pas obligés par leur
profession à un usage qui ne serait pas exprimé dans la règle, bien
qu'ils soient tenus à un usage modéré selon la tempérance, qui leur
convient encore davantage qu'aux autres chrétiens.
Désireux donc d'apporter le repos aux
consciences desdits frères et de mettre un terme à leurs disputes,
Nous disons par mode de déclaration que les Frères mineurs sont
tenus, en vertu de leur profession, à cet usage restreint et pauvre
qui est contenu dans leur règle, et selon le mode d'obligation
contenue ou précisée dans la règle pour ledit usage. Nous jugeons
présomptueux et téméraire de dire, comme certains semblent
l'affirmer, qu'il est hérétique de considérer que l'usage pauvre est
inclus ou n'est pas inclus dans le voeu de pauvreté évangélique.

JEAN XXII : 7 août 1316 – 4 décembre 1334
910 Par 12 (...) Lesdits fils de la
témérité et de l'impiété sont tombés, comme le rapportent des
indications dignes de foi, à un tel point de pauvreté de l'esprit
qu'ils pensent de façon impie contre la vérité la plus éminente et
la plus salutaire de la foi chrétienne, qu'ils méprisent les
sacrements vénérables de l'Église et que, poussés par le désir de la
voir rapidement ruinée, ils cherchent, remplis d'une fureur aveugle,
à ébranler la glorieuse primauté de l'Église romaine auprès de
toutes les nations.
911 Par. 14. La première erreur donc
qui sort de leur officine remplie de ténèbres invente deux Églises,
l'une charnelle, écrasée par les richesses, débordant de richesses
et souillée de méfaits, et sur laquelle règnent, disent-ils, le
pontife romain et les autres prélats inférieurs ; l'autre
spirituelle, pure de par sa frugalité, ornée de vertus, ceinte par
la pauvreté, dans laquelle ils se trouvent seuls avec leurs pareils,
et à laquelle ils président également eux-mêmes de par le mérite
d'une vie spirituelle, si du moins l'on peut faire crédit à leurs
mensonges.
912 Par. 16. La deuxième erreur qui
souille la conscience de ces gens arrogants clame très haut que les
vénérables prêtres et les autres serviteurs de l'Église sont dénués
à ce point du pouvoir de juridiction et d'ordre, qu'ils ne peuvent
ni porter des sentences, ni accomplir les sacrements, ni instruire
et enseigner le peuple qui leur est soumis, et ils prétendent que
sont privés de tout pouvoir ecclésiastique ceux dont ils voient
qu'ils sont étrangers à leur perfidie, puisque c'est auprès d'eux
seuls (selon leurs divagations) que demeure la sainteté de la vie
spirituelle et de ce fait l'autorité ; et en cela ils suivent
l'erreur des donatistes.
913 Par. 18. Leur troisième erreur
conspire avec l'erreur des vaudois, puisque les uns comme les autres
affirment qu'on ne doit jurer dans aucun cas, et enseignent que sont
souillés par la tache d'un péché mortel et voués au châtiment ceux
qui se trouveraient liés par les obligations d'un serment.
914 Par. 20. Le quatrième blasphème
de ces impies, qui jaillit de la source empoisonnée des vaudois
susdits, invente que des prêtres qui ont été ordonnés de façon
régulière et légitime selon le rite de l'Église, mais qui sont
chargés de quelque méfait, ne peuvent accomplir ou conférer les
sacrements de l'Église.
915 Par. 22. La cinquième erreur
aveugle à ce point l'esprit de ces hommes, qu'ils affirment que
l'Évangile est accompli en eux seuls dans le temps présent, et que
jusqu'ici (selon leurs divagations) il était voilé, voire totalement
éteint.
916 Par. 24. Il est bien d'autres
choses encore, dit-on, que ces hommes présomptueux déblatèrent
contre le vénérable sacrement du mariage, beaucoup d'autres choses
qu'ils affabulent au sujet du cours des temps et de la fin du monde,
beaucoup de choses que dans leurs mensonges déplorables ils
répandent dans le peuple au sujet de la venue de l'Antichrist dont
ils affirment qu'elle est imminente. Tout cela, que nous considérons
pour partie comme hérétique, pour partie comme malsain, pour partie
comme inventé, Nous pensons qu'il faut le condamner avec ceux qui en
sont les auteurs, plutôt que de l'évoquer ou de le réfuter par
écrit.
921 (1) - Celui qui s'est confessé à
des frères qui ont la faculté générale d'entendre des confessions,
est tenu de confesser à nouveau à son prêtre propre les mêmes péchés
qu'il a confessés.
922 (2) - Aussi longtemps que vaut la
prescription Omnis utriusque sexus du concile général 812 ,
le pontife romain ne peut pas faire que des paroissiens ne soient
pas tenus de confesser tous leurs péchés au moins une fois l'an à
leur prêtre propre dont il est dit qu'il est le curé de la paroisse
; pas même Dieu ne pourrait le faire puisque comme il l'a dit, cela
implique une contradiction.
923 (3) - Le pape ne peut pas donner
un pouvoir général d'entendre les confessions, et pas même Dieu,
sans que celui qui s'est confessé à quelqu'un qui possède une
faculté générale soit tenu de se confesser à nouveau à son prêtre
propre dont il dit (comme cela est présupposé) qu'il est le curé de
la paroisse.
924 (...) Nous avons reconnu que les
articles précités contiennent une doctrine qui n'est pas saine, mais
très dangereuse et contraire à la vérité. Ces articles, le même
maître Jean... les a rétractés tous, sans exception. Tous ces
articles et chacun d'entre eux Nous les condamnons et les rejetons,
sur le conseil de nos frères, en vertu de notre autorité
apostolique, comme étant faux, erronés, s'éloignant de la saine
doctrine, et Nous assurons que la doctrine qui leur est contraire
est vraie et catholique...
925 (...) Les âmes de ceux qui, après
avoir reçu le sacrement du baptême, n'ont contracté absolument
aucune souillure du péché, comme celles aussi qui après avoir
contracté la souillure du péché ont été purifiées, soit lorsqu'elles
demeuraient encore dans leurs corps, soit après s'en être
dépouillées, sont immédiatement reçues dans le ciel.
926 Les âmes cependant de ceux qui
meurent en état de péché mortel ou avec le seul péché originel,
descendent immédiatement en enfer où elles reçoivent cependant des
peines différentes en des lieux différents.
930 Puisqu'il arrive souvent chez
certains scolastiques qu'on doute s'il faut considérer comme
hérétique le fait d'affirmer avec obstination que notre Sauveur et
Seigneur Jésus Christ et ses apôtres n'ont rien possédé, ni
personnellement, ni en commun, et qu'ils ont à ce sujet des opinions
diverses et même contradictoires : soucieux de mettre fin à cette
controverse, Nous déclarons, conformément au conseil de nos frères,
par cet édit perpétuel que cette affirmation obstinée,
– Étant donné qu'elle contredit expressément
les saintes Écritures qui affirment en beaucoup d'endroits qu'ils
ont possédé certaines choses, et qu'elle implique ouvertement que
l'Écriture sainte elle-même, par laquelle en vérité sont
authentifiés les articles de la foi orthodoxe, contient le ferment
du mensonge pour ce qui vient d'être dit,
– et par conséquent, en détruisant entièrement
la crédibilité qui est la sienne elle rend la foi catholique
douteuse et incertaine en supprimant ce qui l'accrédite doit être
considérée désormais comme erronée et hérétique.
931 Et encore (s 'il faut considérer
comme hérétique) d'affirmer à l'avenir avec obstination qu'on ne
doit pas reconnaître que notre Sauveur susdit et ses apôtres ont eu
le droit d'user de ce dont l'Écriture sainte atteste qu'ils le
possédaient, et qu'ils n'avaient pas le droit de le vendre ou d'en
faire don, ou de s'en servir pour acquérir autre chose, alors que la
sainte Écriture atteste qu'ils l'ont fait de ce qui a été mentionné,
ou qu'ils auraient pu faire comme elle le donne à entendre
expressément ;
– étant donné qu'une telle affirmation, qui
n'est pas juste dans ses prémisses, inclut avec évidence ce qu'a été
leur usage et ce qu'ils ont fait, — et qu'en tout cas penser cela de
l'usage et des faits et gestes de notre Sauveur le Fils de Dieu est
impie, contraire à la sainte Écriture et ennemi de la doctrine
catholique — Nous déclarons conformément au conseil de nos frères,
que cette affirmation obstinée doit être considérée désormais à
juste titre comme erronée et hérétique.
941 (1) - Ce qu'on lit du Christ dans
l'Évangile du bienheureux Matthieu Mt 17,27 à savoir qu'il a
payé le tribut à César lorsqu'il ordonna de donner un statère pris
dans la bouche d'un poisson à ceux qui demandaient un didrachme, il
ne l'a pas fait par condescendance, en raison de la libéralité de sa
piété, mais contraint par la nécessité.
942 (2) - Le bienheureux apôtre
Pierre n'était pas davantage tête de l'Eglise que tous les autres
apôtres, et n'avait pas davantage d'autorité que les autres apôtres
; et le Christ n'a laissé aucune tête à l'Eglise et n'a fait de
personne son vicaire.
943 (3) - I1 revient à l'empereur de
corriger le pape et de le punir, de l'instituer et de le destituer.
944 (4) - Tous les prêtres, que ce
soit le pape, un archevêque ou un simple prêtre, ont de par
l'institution du Christ une autorité et une juridiction égales ;
mais ce que l'on a de plus que l'autre correspond à ce que
l'empereur a concédé en plus ou en moins, et, de même qu'il l'a
concédé, il peut le révoquer.
945 (5) - Le pape ou l'Église prise
tout entière ne peut pas punir un homme, quelque scélérat qu'il
soit, par une punition contraignante, à moins que l'empereur leur en
ait donné le pouvoir.
946 (...) Nous déclarons par jugement
qu'ils sont contraires à la sainte Écriture et ennemis de la foi
catholique, hérétiques ou analogues à des hérésies et erronés, et
que les susdits Marsile et Jean sont des hérétiques et même des
hérésiarques manifestes et notoires.
950 De l'enquête ... faite d'abord
par ordre... de l'archevêque de Cologne, et finalement reprise sur
notre ordre à la Curie romaine, nous avons appris qu'il est établi
de évidente par les aveux du même Eckhart qu'il a prêché, enseigné,
écrit vingt-six propositions dont la teneur suit :
951 (1) - Comme on lui demandait un
jour pourquoi Dieu n'avait pas produit le monde plus tôt, il
répondît alors, comme encore maintenant, que Dieu n'avait pu
produire le monde d'abord parce qu'une chose ne peut pas agir avant
d'être par conséquent, dès que Dieu fut, il créa le monde.
952 (2) - De plus, on peut concéder
que le monde a existé de toute éternité.
953 (3) - De plus, en même temps et à
la fois, dès l'instant où Dieu fut et engendra le Fils, Dieu
coéternel et coégal en toute choses, il créa aussi le monde.
954 (4) - De plus, en toute oeuvre,
même mauvaise, je dis mauvaise aussi bien du mal de la peine que du
mal de la faute se manifeste et brille également la gloire de Dieu.
955 (5) - De plus, celui qui injurie
un autre loue Dieu par le péché même qu'il commet par ces injures,
et il loue Dieu d'autant plus qu'il injurie davantage et qu'il pèche
plus gravement.
956 (6) - De plus, celui qui
blasphème Dieu lui-même loue Dieu
957 (7) - De plus, celui qui demande
ceci ou cela demande le mal et demande mal, parce qu'il demande la
négation du bien et la négation de Dieu, et prie Dieu de se nier
soi-même.
958 (8) - Ceux qui cherchent ni les
biens, ni les honneurs, ni l'agrément, ni le plaisir, ni l'utilité,
ni la dévotion intérieure, ni la sainteté, ni la récompense, ni le
Royaume des cieux, mais ont, au contraire, renoncé à tout cela,
comme à tout ce qui est leur, dans ces hommes-là Dieu est honoré.
959 (9) - Je me suis demandé
récemment si je voudrais recevoir ou désirer quelque chose de Dieu.
Je veux y penser très sérieusement, parce que là où je serais en
acceptant quelque chose de Dieu, je serais sous lui ou son
inférieur, tel un serviteur ou un esclave, et lui-même, en donnant,
serait comme un maître et ce n'est pas ainsi que nous devons être
dans la vie éternelle.
960 (10) - Nous sommes totalement
transformés en Dieu et changés en lui ; de la même manière que, dans
le sacrement, le pain est changé en corps du Christ, je suis changé
en lui, parce qu'il me fait son être un et non pas simplement
semblable. Par le Dieu vivant, il est vrai que là il n'y a plus
aucune distinction.
961 (11) - Tout ce que Dieu le Père a
donné à son Fils unique dans la nature humaine, il me l'a donné tout
entier. Ici je n'excepte rien : ni l'union ni la sainteté. Il me l'a
donné tout entier comme il le lui a donné.
962 (12) - Tout ce que la sainte
Écriture dit du Christ se vérifie intégralement de tout homme bon et
divin.
963 (13) - Tout ce qui est propre à
la nature divine est aussi en totalité propre à l'homme juste et
divin ; c'est pourquoi cet homme opère tout ce que Dieu opère et il
a, en commun avec Dieu, créé le ciel et la terre et il est
générateur du Verbe éternel et Dieu ne saurait rien faire sans un
tel homme.
964 (14) - L'homme bon doit conformer
sa volonté à la volonté de Dieu de telle façon qu'il veuille tout ce
que Dieu veut : et puisque Dieu veut, en quelque sorte, que j'aie
péché, je ne voudrais pas ne pas avoir commis de péchés, et c'est là
la vraie pénitence.
965 (15) - Si un homme avait commis
mille péchés mortels et que cet homme fût droitement disposé, il ne
devrait pas vouloir ne pas les avoir commis.
966 (16) - Dieu ne commande à
proprement parler aucun acte extérieur.
967 (17) - L'acte extérieur n'est
proprement ni bon, ni divin, et ce n'est pas proprement Dieu qui
l'opère ou le produit.
968 (18) - Portons le fruit non
d'actes extérieurs qui ne nous rendent pas bons, mais des actes
intérieurs que fait et opère le Père qui demeure en nous.
969 (19) - Dieu aime les âmes, non
l'œuvre extérieure.
970 (20) - L'homme bon est le Fils
unique de Dieu.
971 (21) - L'homme noble est ce Fils
unique de Dieu, que le Père a engendré de toute éternité.
972 (22) - Le Père m'engendre comme
son fils et le même fils. Tout ce que Dieu opère, tout cela est un ;
c'est pourquoi Il m'engendre comme son fils, sans aucune
distinction.
973 (23) - Dieu est Un sous toutes
les formes et sous tous les rapports, en sorte qu'il ne peut être
trouvé en lui nulle multiplicité qu'elle soit réelle ou de raison.
Quiconque voit dualité ou voit distinction ne voit pas Dieu, car
Dieu est un, hors du nombre et au-dessus du nombre et il ne fait
nombre avec rien. Il en résulte (à savoir dans un passage ultérieur)
qu'il ne peut y avoir et l'on ne peut concevoir aucune distinction
en Dieu lui-même.
974 (24) - Toute distinction est
étrangère à Dieu dans la nature et dans les personnes. La preuve en
est que la nature est une et Un, et chaque personne est également
une et ce même Un que la nature.
975 (25) - Lorsqu'il est dit :
« Simon, m'aimes-tu plus que tous ceux-ci ? » Jn 21,15 le
sens « plus que tu aimes ceux-ci » est bon, mais non parfait. Car,
dans le premier et le second, dans plus et moins, il y a une
gradation et un ordre, mais dans l'unité il n'y a ni gradation ni
ordre. Donc celui qui aime Dieu plus que son prochain aime bien,
mais pas encore parfaitement.
976 (26) - Toutes les créatures sont
un pur néant ; je ne dis pas qu'elles sont peu de chose ou quelque
chose, mais qu'elles sont un pur néant.
On a, de plus, reproché audit Eckhart d'avoir
prêché deux autres articles en ces termes :
977 (1) - il y a dans l'âme quelque
chose qui est incréée et incréable ; si l'âme entière était telle,
elle serait incréé et incréable ; et c'est cela l'intellect.
978 (2) - Dieu n'est ni bon, ni
meilleur, ni le meilleur ; quand j'appelle Dieu bon, je parle aussi
mal que si j'appelais noir ce qui est blanc.
979 (...) Parce que Nous... avons
trouvé que les quinze premiers articles mentionnés et aussi les deux
derniers, tant par les termes employés que par l'enchaînement de
leurs idées, contiennent des erreurs ou sont entachés d'hérésie mais
les onze autres, dont le premier commence par les mots « Dieu ne
commande, etc. 966 Nous les avons trouvés tout à fait malsonnants,
très téméraires et suspects d'hérésie, bien que, moyennant force
explications et compléments, ils puissent prendre ou avoir un sens
catholique :
– pour que des articles de ce genre ou leur
contenu ne puissent continuer de corrompre les coeurs des gens
simples qui les ont entendus,... Nous... condamnons et réprouvons
expressément comme hérétiques les quinze premiers articles et les
deux derniers, et comme malsonnants, téméraires et suspects
d'hérésie les onze autres articles précités, et pareillement tous
livres ou opuscules contenant lesdits articles ou l'un d'entre
eux...
980 En outre ... Nous tenons à faire
savoir, ainsi qu'il appert du protocole rédigé par la suite, que
ledit Eckhart, confessant à la fin de sa vie la foi catholique,
révoqua quant a leur sens et désavoua même les vingt-six articles
précités qu'il reconnut avoir prêchés, de même que toutes autres
choses écrites ou enseignées par lui... qui pourraient faire adopter
aux esprits des fidèles un sens hérétique ou erroné et contraire à
la vraie foi..., soumettant tant sa personne que tous ses écrits et
toutes ses paroles à la décision du Siège apostolique, notre Siège.
990 Pour que ce qui a souvent été dit
au sujet des âmes purifiées séparées du corps (si avant de reprendre
les corps elles voient l'essence divine de cette vision que l'Apôtre
appelle face à face), aussi bien par Nous que par certains autres en
notre présence, par la citation de la sainte Écriture et des dits
authentiques des saints ou par d'autres raisonnements, n'en vienne
pas à s'imprimer autrement dans les oreilles des fidèles qu'elles
ont été dites et comprises, et qu'elles sont dites et comprises par
Nous, voici que par la présente Nous déclarons comme suit la pensée
qui est et qui était la nôtre, avec la sainte Église catholique, à
ce sujet.
991 Nous professons donc et Nous
croyons que les âmes purifiées séparées des corps sont rassemblées
au ciel, dans le Royaume des cieux et au paradis, avec le Christ
dans la compagnie des anges, et que, suivant la loi commune, elles
voient Dieu et l'essence divine face à face et clairement, autant
que le permet l'état et la condition de l'âme séparée.
Mais si de façon quelconque sur cette matière
autre chose avait été dite par Nous, ou dit autrement, Nous l'avons
dit dans la disposition de la foi catholique, et Nous affirmons
l'avoir dit ainsi en en traitant et en l'exposant, et Nous voulons
que cela ait été dit ainsi. De plus : si au sujet de ce qui a trait
à la foi catholique, à la sainte Écriture ou aux bonnes mœurs, Nous
avons dit d'autres choses dans la prédication, l'explication, la
doctrine, l'enseignement ou d'une autre manière, Nous les approuvons
pour autant qu'elles consonnent avec la foi catholique, la
détermination de l'Église, la sainte Écriture et les bonnes moeurs ;
sinon Nous voulons que cela soit tenu comme n'ayant pas été dit, et
Nous ne l'approuvons d'aucune manière, au contraire dans la mesure
où cela n'était pas en accord avec ce que Nous avons mentionné — la
foi catholique, la détermination de l'Église, la sainte Écriture ou
les bonnes mœurs, ou l'une de ces choses — Nous le réprouvons ; et
de la même façon tout ce que Nous avons dit et écrit sur quelque
matière que ce soit, où que ce soit, en quelque lieu que ce soit, et
quel que soit ou qu'ait été notre état jusque-là, Nous le soumettons
à la détermination de l'Église et de nos successeurs.
BENOIT XII : 20 décembre 1334 – 25 avril 1342
1000 Par cette constitution qui restera
à jamais en vigueur, et en vertu de l'autorité apostolique nous
définissons :
– que selon la disposition générale de Dieu,
les âmes de tous les saints qui ont quitté ce monde avant la Passion
de notre Seigneur Jésus Christ, ainsi que celles des saints apôtres,
martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après avoir
reçu le saint baptême du Christ, en qui il n'y avait rien à purifier
lorsqu'ils sont morts, et en qui il n'y aura rien à purifier
lorsqu'ils mourront à l'avenir, ou s'il y a eu ou s'il y aura
quelque chose à purifier, lorsque, après leur mort, elles auront été
purifiées,
– et que les âmes des enfants régénérés par ce
même baptême du Christ ou encore à baptiser, une fois qu'ils
l'auront été, s'ils viennent à mourir avant d'user de leur libre
arbitre, aussitôt après leur mort et la purification dont nous avons
parlé pour celles qui en auraient besoin, avant même de reprendre
leurs corps et avant même le jugement et cela depuis l'Ascension de
notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ au ciel, ont été, sont et
seront au ciel, au Royaume des cieux et au paradis céleste avec le
Christ, réunis dans la compagnie des saints anges,
– et que depuis la Passion et la mort du
Seigneur Jésus Christ elles ont vu et voient l'essence divine d'une
vision intuitive et même face à face — dans la médiation d'aucune
créature qui serait un objet de vision ; au contraire l'essence
divine se manifeste à eux immédiatement à nu, clairement et à
découvert —, et que par cette vision elles jouissent de cette même
essence divine ; et qu'en outre, en raison de cette vision et de
cette jouissance, les âmes de ceux qui sont déjà morts sont vraiment
bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel, et que de
même les âmes de ceux qui mourront dans la suite verront cette même
essence divine et en jouiront avant le jugement général ;
1001 et que cette vision de l'essence
divine et sa jouissance font disparaître en elles les actes de foi
et d'espérance, dans la mesure où la foi et l'espérance sont des
vertus proprement théologiques ;
– et que, après qu'une telle vision intuitive
face à face et une telle jouissance ont ou auront commencé, cette
même vision et cette même jouissance existent de façon continue,
sans interruption ni amoindrissement de cette vision et de cette
intuition, et demeurent sans fin jusqu'au jugement dernier, et après
lui pour toujours.
1002 [?] En outre nous définissons
que,
– selon la disposition générale de Dieu, les
âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent aussitôt
après leur mort en enfer, où elles sont tourmentées de peines
éternelles, et que néanmoins au jour du jugement tous les hommes
comparaîtront avec leurs corps « devant le tribunal du Christ » pour
rendre compte de leurs actes personnels, « afin que chacun reçoive
le salaire de ce qu'il aura fait pendant qu'il était dans son corps,
soit en bien, soit en mal » 2Co 5,10 .
1006 4. De même les Arméniens disent et
tiennent que le péché personnel des premiers parents eux-mêmes était
si grave que tous leurs enfants engendrés de leur semence, jusqu'à
la passion du Christ, ont été damnés en raison du péché personnel de
ceux-là qu'on vient de dire, et qu'après leur mort ils furent
précipités en enfer, non pas parce qu'ils auraient contracté
eux-mêmes d'Adam un péché originel — puisqu'ils disent que les
enfants n'ont absolument aucun péché originel, ni avant la Passion
du Christ, ni après —, mais la damnation mentionnée les a atteints
avant la Passion du Christ en raison de la gravité du péché
personnel qu'ont commis Adam et Ève en transgressant le précepte
divin qui leur avait été donné ; mais après la Passion du Christ
dans laquelle le péché des premiers parents a été détruit, les
enfants nés des fils d'Adam ne sont pas livrés à la damnation et ne
doivent pas être précipités en enfer en raison du péché qui a été
mentionné, puisque le Christ a détruit entièrement dans sa Passion
le péché des premiers parents.
1007 5. De même un maître des Arméniens
du nom de Mechitriz, ce qui se traduit par Paraclet, a de nouveau
introduit et enseigné que l'âme humaine de l'enfant est propagée à
partir de l'âme du père, comme le corps l'est à partir du corps, et
aussi un ange à partir de l'autre ; car puisque l'âme humaine qui
est douée de raison et l'ange qui est doué d'une nature
intellectuelle sont en quelque sorte des lumières spirituelles,
elles propagent par elles-mêmes d'autres lumières spirituelles.
1008 6. De même les Arméniens disent
que les enfants qui naissent de parents chrétiens après la Passion
du Christ, s'ils meurent avant d'être baptisés, vont au paradis
terrestre dans lequel se trouvait Adam avant le péché ; quant aux
âmes des enfants qui naissent de parents non chrétiens après la
Passion du Christ et qui meurent sans le baptême, elles vont aux
lieux où se trouvent les âmes de leurs parents.
1009 De même les Arméniens disent que
les âmes des enfants baptisés et les âmes des hommes très parfaits
entreront après le jugement général dans le Royaume des cieux où
elles seront libres de tout mal de cette vie servant de peine...
Cependant elles ne verront pas l'essence de Dieu, car aucune
créature ne peut la voir ; mais elles verront l'éclat de Dieu qui
émane de son essence de même que la lumière émane du soleil et
pourtant n'est pas le soleil.
1010 17. De même les Arméniens tiennent
communément qu'il n'y a pas de purgatoire des âmes dans l'autre
monde puisque, disent-ils, si le chrétien reconnaît ses péchés, tous
les péchés et les peines du péché lui sont remis. Ils ne prient pas
non plus pour les défunts, pour que dans l'autre monde les péchés
leur soient remis, mais ils prient de façon générale pour tous les
morts, comme par exemple pour la bienheureuse Marie, les apôtres...
1011 18. De même les Arméniens croient
et tiennent que le Christ est descendu du ciel et s'est incarné pour
le salut des hommes non pas parce que les enfants nés d'Adam et
d'Ève contractent d'eux, après leur péché, le péché originel dont
ils sont sauvés par l'Incarnation et la mort du Christ — puisqu'ils
disent qu'il n'existe aucun péché de cette sorte dans les fils
d'Adam ; mais ils disent que le Christ s'est incarné et a souffert
pour le salut des hommes parce que par sa Passion les fils d'Adam
qui ont précédé ladite Passion ont été libérés de l'enfer dans
lequel ils se trouvaient, non pas en raison du péché originel qui
aurait été en eux, mais en raison de la gravité du péché personnel
des premiers parents. Ils croient aussi que le Christ s'est incarné
et a souffert pour le salut des enfants nés après sa Passion parce
que par sa Passion il a totalement détruit l'enfer. ...
1012 19.... Ils affirment à ce point
que... la concupiscence de la chair est un péché et un mal, que même
des parents chrétiens, lorsqu'ils s'unissent maritalement,
commettent un péché..., puisqu'ils disent que l'acte matrimonial et
même le mariage sont un péché.
1013 40.... D'autres cependant disent
que les évêques et les prêtres des Arméniens ne font rien pour la
rémission des péchés, ni de façon principale, ni de façon
ministérielle, mais que seul Dieu remet les péchés ; les évêques et
les prêtres n'interviennent pour l'effectuation de cette rémission
des péchés que parce qu'ils ont reçu de Dieu le pouvoir de prononcer
ces paroles et qu'ils disent par conséquent, lorsqu'ils donnent
l'absolution : « Que Dieu te remette tes péchés », ou : « Je te
remets tes péchés sur terre, et que Dieu te les remette dans les
cieux. »
1014 42. De même les Arméniens disent
et tiennent que seule la Passion du Christ, sans aucun autre don de
Dieu, même rendant agréable à Dieu, suffit pour la rémission des
péchés et ils ne disent pas que pour opérer la rémission des péchés
est requise la grâce qui rend agréable à Dieu ou qui justifie, ni
non plus que dans les sacrements de la Loi nouvelle est donnée la
grâce qui rend agréable à Dieu.
1015 49. De même ils disent que si
quelqu'un... prend une troisième (femme), ou une quatrième et ainsi
de suite, il ne peut pas être absous par leur Église puisqu'ils
disent qu'un tel mariage est de la fornication.
1016 58. De même les Arméniens disent
et tiennent que pour qu'un baptême soit vrai, trois choses sont
requises, à savoir de l'eau, du chrême... et l'eucharistie, de sorte
que si quelqu'un en baptisait un autre et disait « Je te baptise au
nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint, Amen », et qu'il ne
serait pas oint ensuite de chrême, il ne serait pas baptisé... Et de
même Si l'eucharistie ne lui était pas donnée, il ne serait pas
baptisé.
1017 66. De même tous les Arméniens
disent et tiennent communément que par les paroles qui se trouvent
dans leur canon de la messe, lorsqu'il est dit par le prêtre : « Il
prit du pain et rendit grâce, le rompit et le donna à ses disciples
élus se trouvant à table : Prenez et mangez-en tous, ceci est mon
Corps... ; de même il prit le calice... en disant Prenez et buvez-en
tous, ceci est mon Sang ... en rémission des péchés », le Corps et
le Sang du Christ ne sont pas réalisés, et qu'il n'ont pas non plus
l'intention de les réaliser, et qu'ils ne disent ces paroles que par
mode de récit, c'est-à-dire en récitant ce que le Seigneur a fait
lorsqu'il a institué le sacrement. Et après lesdites paroles le
prêtre dit beaucoup de prières qui se trouvent dans leur canon, et
après ces prières il arrive à l'endroit où est dit ceci dans leur
canon : « Nous t'adorons, nous te supplions et te demandons, Dieu
très bon, envoie sur nous et sur ce don qui est présenté, l'Esprit
qui t'est consubstantiel, par lequel du pain qui a été béni tu feras
vraiment le Corps de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ — et ces
paroles le prêtre les dit trois fois, et ensuite le prêtre dit sur
le calice et le vin qui a été béni « Tu feras vraiment le Sang de
notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ », et ils croient que c'est
par ces paroles (appelées « épiclèse ») que sont réalisés le Corps
et le Sang du Christ. ...
1018 67. De même les Arméniens ne
disent pas qu'après les paroles de consécration mentionnées
ci-dessus s'est produite une transsubstantiation du pain et du vin
dans le vrai Corps et le vrai Sang du Christ qui est né de la Vierge
Marie, qui a souffert et qui est ressuscité, mais ils tiennent que
ce sacrement est une représentation, ou une similitude ou une figure
du vrai Corps et du vrai Sang du Seigneur .. c’est pourquoi ils
n’appellent pas le sacrement de l’autel Corps et Sang du Christ,
mais hostie, sacrifice ou communion.
1019 68. De même les Arméniens disent
et tiennent que si un prêtre ou un évêque ordonné se livre à la
fornication, même en secret, il perd le pouvoir d'accomplir tous les
sacrements et de les administrer.
1020 70. De même les Arméniens ne
disent pas et ne tiennent pas que le sacrement de l'eucharistie reçu
dignement opère la rémission des péchés en celui qui les reçoit, ou
la remise des peines dues pour le péché, ou que par lui est donnée
la grâce de Dieu ou son accroissement, mais ils disent seulement
que le Corps du Christ entre dans son corps et se change en lui, de
même que d'autres aliments se changent en celui qui a été alimenté.
CLEMENT VI : 7 Mai 1342 – 6 Décembre 1352
1025 Le Fils unique de Dieu... « qui.
est devenu pour nous sagesse, justice, sanctification et
Rédemption » 1Co 1,30, « non pas avec le sang des boucs ou
des veaux, mais avec son propre sang, est entré une fois pour toutes
dans le sanctuaire et nous a acquis une Rédemption éternelle » He
9,12.
Car ce n'est par rien de corruptible, or ou
argent, mais par son sang précieux, le sang de l'agneau pur et sans
tache, qu'il nous a rachetés 1P 1,18 ss ; et ce sang, nous
le savons, il l'a répandu, innocent immolé sur l'autel de la croix,
non pas en une infime goutte, qui pourtant aurait suffi en raison de
son union avec le Verbe à la Rédemption de tout le genre humain,
mais en abondance, comme un fleuve, tellement que « de la plante des
pieds au sommet de la tête plus rien d'intact » Is 1,6 ne se
trouvait en lui.
Il a donc acquis un trésor si grand à l'Église
militante, pour que la miséricorde d'une telle effusion ne soit pas
inutile, vaine ou superflue ; en bon Père il a voulu amasser des
trésors pour ses fils, afin que par là « les hommes eussent un
inépuisable trésor, où ceux qui y puisent aient part à l'amitié de
Dieu » Sg 7,14.
1026 Ce trésor il a voulu qu'il soit
dispensé aux fidèles pour leur salut par le bienheureux Pierre,
porteur des clés au ciel, et ses successeurs, ses vicaires sur
terre, et que, pour des motifs justes et raisonnables, afin de
remettre tantôt partiellement tantôt complètement la peine
temporelle due au péché, il soit appliqué miséricordieusement, en
général comme en particulier (comme ils estimeraient devant Dieu
qu'il serait utile) à ceux qui, vraiment pénitents, se seraient
confessés.
1027 A l'abondance de ce trésor
contribuent, nous le savons, les mérites de la bienheureuse Mère de
Dieu et de tous les élus, du premier juste jusqu'au dernier, et il
ne faut pas craindre qu'il s'épuise ou qu'il diminue, aussi bien en
raison des mérites infinis du Christ (comme il a été dit) que parce
que plus il y d'hommes amenés à la justice lorsqu'on applique ce
trésor, plus s'accroît l'abondance des mérites.
1028 1... On ne peut avoir pour ainsi
dire aucune certitude concernant les réalités moyennant les
apparences naturelles mais on peut l'avoir rapidement de façon
modique si les hommes tournent leur intellect vers les réalités et
non pas vers l'intellect d'Aristote et du commentateur.
1029 2... On ne peut pas, en raison de
l'évidence susdite, inférer ou conclure avec évidence d'une seule
chose une autre chose, ou du non-être de l'une le non-être de
l'autre.
1030 3... Les propositions « Dieu est »
et « Dieu n'est pas » signifient totalement la même chose, bien que
d'une autre manière.
1031 9... La certitude de l'évidence
n'a pas de degrés.
1032 10... Nous n'avons pas la
certitude de l'évidence au sujet d'une substance matérielle qui est
autre chose que notre âme.
1033 11... A l'exception de la
certitude de la foi il n'y avait pas d'autre certitude que la
certitude du premier principe ou celle qui peut être ramenée au
premier principe.
1034 14... Nous ne savons pas de façon
évidente qu'autre chose que Dieu peut être la cause d'un effet
quelconque - qu'une cause quelconque, qui n'est pas Dieu, cause de
façon efficace - qu'il y a ou qu'il peut y avoir une cause
efficiente naturelle quelconque.
1035 15... Nous ne savons pas avec
évidence qu'un effet quelconque est ou peut être produit de façon
naturelle.
1036 17... Nous ne savons pas avec
évidence qu'un sujet concourt dans une production quelconque.
1037 21... Si une réalité quelconque
est démontrée, nul ne sait de façon évidente qu'elle ne dépasse pas
toutes les autres en excellence.
1038 22... Si une réalité quelconque
est démontrée, nul ne sait de façon évidente qu'elle n'est pas Dieu,
si par Dieu nous entendons l'être le plus excellent.
1039 25... Nul ne sait de façon
évidente que ceci ne peut pas être concédé de façon raisonnable : "
Si une réalité quelconque est produite, Dieu est produit."
1040 26... On ne peut pas montrer avec
évidence que n'importe quelle réalité n'est pas éternelle.
1041 30... Ces déductions ne sont pas
évidentes : « Il existe un acte d'intellection, donc il existe une
intelligence. Il existe de vouloir, donc il existe une volonté. »
1042 31... On ne peut pas montrer avec
évidence que tout ce qui apparaît n'est pas vrai.
1043 32... Dieu et la créature ne sont
pas quelque chose.
1044 39... L'univers est pleinement
parfait en lui-même et en toutes ses parties, et il ne peut pas
exister d'imperfection, ni dans le tout, ni dans les parties, et
c'est pourquoi il faut que le tout aussi bien que les parties soient
éternels, et qu'ils ne passent pas du non-être à l'être, ni
inversement, parce qu'il résulte nécessairement de cela de
l'imperfection dans l'univers ou dans ses parties.
1045 40... Tout ce qui est dans
l'univers est mieux lui-même que non lui-même.
1046 42... La récompense des bons et la
punition des mauvais se fait par ceci que, lorsque les corps faits
d'atomes sont séparés, il reste un certain esprit appelé intellect,
et un autre appelé sens ; et de même que dans le bon ces esprits se
trouvaient dans la disposition la meilleure, de même ils se
trouveront une infinité de fois, conformément au fait que ces atomes
se rencontreront une infinité de fois ; et c'est en cela que le bon
sera récompensé ; mais le mauvais sera puni parce que une infinité
de fois, lorsque se répétera la rencontre de ses atomes, il aura
toujours la disposition mauvaise. Ou bien, dit-il (Nicolas d'Autrecourt),
on peut admettre d'une autre façon que ces deux esprits des bons,
lorsqu'on dit que leur suppôt est détruit, deviennent présents à un
autre suppôt constitué d'atomes plus parfaits. Et alors, du fait
qu'un tel suppôt a plus de flexibilité et de perfection, ce qui est
intelligible vient à eux davantage qu'auparavant.
1047 43... Le fait d'être corruptible
inclut un antagonisme une contradiction.
1048 53... Ceci est le premier
principe, et aucun autre : « Si quelque chose est, il est quelque
chose ».
1049 58...Dieu peut commander à une
créature rationnelle qu'elle doit le haïr, et si elle obéit, elle a
plus de mérite que si elle l'aimait en raison d'un précepte, car
elle le ferait avec un effort plus grand et davantage contre sa
propre inclination.
1050 Dans le premier chapitre de ta
réponse... nous demandons : 1. Si vous croyez, toi et l'Église des
Arméniens qui t'obéit, que ceux qui ont reçu dans le baptême la même
foi catholique et qui ensuite se sont éloignés ou s'éloigneront de
la communion de foi avec cette même Église romaine, qui est l'unique
et seule catholique, sont schismatiques et hérétiques s'ils
demeurent obstinément séparés de la foi de cette Église romaine.
1051 2. Nous demandons si vous croyez,
toi et les Arméniens qui t'obéissent, qu'aucun homme dans la
condition de pèlerin ne peut être sauvé à la fin en dehors de cette
Église et l'obéissance aux pontifes romains.
1052 Dans le deuxième chapitre... nous
demandons 1. Si tu as cru, crois ou es disposé à croire, toi et
l'Église des Arméniens qui t'obéit, que le bienheureux Pierre a reçu
du Seigneur Jésus Christ le pouvoir de juridiction le plus plénier
sur tous les fidèles chrétiens ; et que tout pouvoir de juridiction
que Judas Thaddée et d'autres apôtres ont eu de façon spéciale et
particulière dans certains pays ou provinces et en diverses partie
de l'univers, était soumis pleinement à l'autorité et au pouvoir que
le bienheureux Pierre a reçus du Seigneur Jésus Christ lui-même dans
toutes les parties de l'univers sur tous ceux qui croient au
Christ ; et qu'aucun apôtre ou quiconque d'autre en dehors de Pierre
n'a reçu le pouvoir plénier sur tous les chrétiens.
1053 2.Si tu crois et as tenu, ou si tu
es disposé à croire et à tenir, toi et les Arméniens qui te sont
soumis, que tous les pontifes romains qui, succédant au bienheureux
Pierre, sont entrés ou entreront dans leur fonction conformément aux
canons, ont succédé et succéderont au bienheureux pontife romain
Pierre dans la même plénitude et le même pouvoir de juridiction que
celle que Pierre lui-même a reçue du Seigneur Jésus Christ sur le
corps entier de l'Église militante.
1054 3. Si tu as cru et crois, toi et
les Arméniens qui te sont soumis, que ceux qui ont été les pontifes
romains, et Nous qui sommes le pontife romain, et ceux qui le seront
successivement, en tant que vicaires du Christ légitimes et très
pléniers de par leur pouvoir, ont reçu directement du Christ, à
l'égard du corps entier et universel de l'Église militante, toute la
juridiction liée au pouvoir que le Christ, en tant que tête ayant la
même forme, détenait dans la vie humaine.
1055 4. Si tu as cru et crois que tous
ceux qui ont été les pontifes romains, Nous qui le sommes, et tous
ceux qui le seront, ont pu, peuvent et pourront, en vertu de la
plénitude du pouvoir et de l'autorité précitée, porter des jugements
de façon immédiate, par Nous-mêmes et par eux-mêmes, au sujet de
tous en tant qu'ils sont soumis à notre juridiction et à la leur, et
instituer et déléguer comme juges ecclésiastiques tous ceux que Nous
voudrons, pour qu'ils portent des jugements.
1056 5. Si tu as cru et crois que
l'autorité suprême et prééminente et le pouvoir de juger de ceux qui
étaient les pontifes romains, de Nous qui le sommes, et de ceux qui
le seront, était, est et sera telle qu'eux et Nous n'ont pu, ne
peuvent et ne pourront être jugés par personne ; mais qu'eux et Nous
ont été, sommes et seront laissés au seul jugement de Dieu, et qu'il
n'a pas été possible, qu'il n'est pas possible et qu'il ne sera pas
possible de faire appel de nos sentences et de nos jugements à un
autre juge, quel qu'il soit.
1057 6. Si tu as cru et crois encore
maintenant que la plénitude du pouvoir du pontife romain s'étend si
loin qu'il peut transférer les patriarches, le catholicos, les
archevêques, les évêques, les abbés et n'importe quel autre prélat
des dignités, quelles qu'elles soient, dans lesquelles ils ont été
établis dans d'autres dignités comprenant une juridiction plus
grande ou moindre, ou si leurs fautes l'exigent, les dégrader et les
déposer, les excommunier ou les livrer à Satan 1Co 5,5.
1058 7. Si tu as cru et crois encore
maintenant que l'autorité du pontife romain ne peut ni ne doit être
soumise à aucun pouvoir séculier impérial, royal ou autre pour ce
qui est de l'institution, de la remontrance ou de la destitution
judiciaires.
1059 8. Si tu as cru et crois que seul
le pontife romain peut établir les saints canons universels,
accorder des indulgences plénières à ceux qui visitent les tombeaux
des apôtres Pierre et Paul ou qui se rendent en pèlerinage en Terre
sainte, ou à tous les fidèles qui, se repentant vraiment et
pleinement, se seront confessés.
1060 9. Si tu as cru et crois que ceux
qui se sont dressés contre la foi de l'Église romaine et qui à la
fin sont morts sans repentir, ont été damnés et sont descendus vers
les supplices éternels de l'enfer.
1061 10. Si tu as cru et crois encore
maintenant que, s'agissant de l'administration des sacrements de
l'Église, dès lors que reste toujours sauf ce qui fait partie de
l'intégrité et de la nécessité des sacrements, le pontife romain
peut tolérer divers rites des Églises du Christ et aussi concéder
qu'on les maintienne.
1062 11. Si tu as cru et crois que les
Arméniens qui en diverses parties du monde obéissent au pontife
romain et qui observent avec zèle et dévotion les formes et les
rites de l'Église romaine dans l'administration des sacrements, le
jeûne et d'autres cérémonies, agissent bien et qu'agissant ainsi ils
méritent la vie éternelle.
1063 12. Si tu as cru et crois que
personne ne peut être transféré de la dignité épiscopale à la
dignité archiépiscopale, patriarcale ou à celle d'un catholicos en
vertu de sa propre autorité ou l'autorité d'un prince séculier,
qu'il soit roi ou empereur ou un autre qui s'appuie sur un pouvoir
et une dignité terrestre quelles qu'ils soient.
1064 13. Si tu as cru et crois encore
maintenant que lorsque surgissent des doutes concernant la foi
catholique, seul le pontife romain peut y mettre fin par une
décision authentique à laquelle il faut adhérer de façon
irrévocable, et qu'est vrai et catholique ce qu'en vertu de
l'autorité des clés qui lui ont été remises par le Christ il
détermine comme étant vrai, et que ce qu'il détermine comme étant
faux et hérétique doit être considéré comme tel.
1065 14. Si tu as cru et crois que le
Nouveau et l'Ancien Testament, dans tous les livres que nous a
transmis l'autorité de l'Église romaine, contiennent en tout la
vérité indubitable...
1066 Nous demandons si tu as cru et
crois qu'il existe un purgatoire vers lequel descendent les âmes de
ceux qui meurent en état de grâce, et qui n'ont pas encore satisfait
pour leurs péchés par une entière pénitence.
1067 De même, si tu as cru et crois
qu'elles ne sont tourmentées par le feu que pour un temps, et que
dès leur purification, avant même le jour du jugement, elles
parviennent à la béatitude véritable et éternelle qui consiste dans
la vision de Dieu face à face et dans la dilection.
1068 Tu as donné des réponses qui nous
conduisent à t'interroger sur les points suivants :
1. au sujet de la consécration du chrême, si tu
crois que le chrême ne peut pas être consacré selon les règles et
comme il doit l'être par un prêtre qui n'est pas évêque.
1069 2. Si tu croîs que le sacrement de
la confirmation ne peut pas être administré ordinairement d'office
par un autre qu'un évêque.
1070 3. Si tu crois que seul le pontife
romain, qui dispose de la plénitude du pouvoir, peut accorder à des
prêtres qui ne sont pas des évêques la permission d'administrer le
sacrement de confirmation.
1071 4. Si tu crois que ceux qui ont
reçu la chrismation des mains de prêtres qui ne sont pas évêques et
qui n'ont reçu pour cela ni mandat ni permission du pontife romain,
doivent recevoir à nouveau la chrismation de la main d'un évêque ou
de plusieurs évêques.
1072 Après tout ce qui précède nous
somme conduits à nous étonner beaucoup de ce que dans une lettre qui
commence par " Honorabilibus in Christo Patribus, tu passes sous
silence quatorze chapitres parmi les cinquante-trois premiers
chapitres :
1. L'Esprit Saint procède du Père et du Fils.
1073 3. Les petits enfants contractent
le péché originel des premiers parents.
1074 6. Les âmes purifiées entièrement,
séparées de leur corps, voient Dieu de façon manifeste.
1075 9. Les âmes de ceux qui meurent en
état de péché mortel descendent en enfer.
1076 12. Le baptême détruit le péché
mortel et le péché actuel.
1077 13. Le Christ, en descendant aux
enfers, n'a pas détruit l'enfer.
1078 15. Les anges ont été créés bons
par Dieu.
1079 30. L'effusion du sang des animaux
n'opère aucune rémission des péchés.
1080 32. On ne doit pas juger ceux qui
les jours de jeûne consomment des poissons et de l'huile.
1081 39. Ceux qui ont été baptisés dans
l'Église catholique, s'ils deviennent des infidèles et qu'ils se
convertissent plus tard, ne doivent par être baptisés à nouveau.
1082 40. Les petits enfants peuvent
êtres baptisés avant le huitième jour, et le baptême ne peut pas se
faire dans un autre liquide que de l'eau véritable.
1083 42. Après les paroles de
consécration le corps du Christ est numériquement le même que le
corps né de la Vierge et immolé sur la croix.
1084 45. Personne, pas même un saint,
ne peut réaliser le Corps du Christ s'il n'est pas prêtre.
1085 46. Il est nécessaire pour le
salut de confesser à son prêtre propre, ou avec sa permission, tous
les péchés mortels, sous forme complète et distincte.
INNOCENT VI : 18 Décembre 1352 – 12 Septembre 1362
URBAIN V : 28 Septembre 1362 – 19 Décembre 1370
1087 (Art. 4, conclusion 3) Que cette
Loi très bénie et très douce, à savoir la Loi de l'amour,... enlève
toute propriété et tout droit de disposer...
– je le rétracte comme faux, erroné et
hérétique, parce que le Christ et les apôtres ont observé cette loi
de la façon la plus parfaite, et que bien d'autres, en des états
divers,... l'ont observée... qui possédaient du bien et avaient le
droit d'en disposer. (...)
1088 (Corollaire 1) Que cette Loi marie
les deux pronoms possessifs, à savoir « mien » et « tien ».
(Corollaire 2) Que la charité parfaite ne rend
pas moins communes toutes choses que l'extrême nécessité.
Je dis maintenant que ces deux corollaires,
tels qu'ils résultent de la conclusion mentionnée plus haut, sont
faux.
1089 (Corollaire 4) Que le Christ a
donné cette Loi aux disciples principalement pour qu'ils
l'accomplissent en actes et non pas seulement par une disposition...
– Ce corollaire – Si on comprend cette Loi de
l'amour en ce sens qu'elle enlève toute propriété et tout droit d'en
disposer, comme le dit la conclusion - Si on le comprend ainsi, je
le considère comme faux, erroné, hérétique et contraire à ce qu'a
déterminé l'Église.
1090 (Conclusion 4) Que le renoncement
effectif à la volonté du coeur et au pouvoir temporel, au droit de
disposer ou à l'autorité manifeste et réalise l'état le plus
parfait...
Cette conclusion, entendue en un sens général,
je la considère comme fausse, erronée et hérétique...
1091 (Corollaire 1) Que le Christ n'a
pas renoncé à une telle possession et au droit à des biens
temporels, on ne le tient pas de la Loi nouvelle, mais bien plutôt
le contraire... Mt 8,20
(Corollaire 2) Que cette Loi, le Christ l'a
enseignée comme la règle de la perfection et l'a confirmée par
l'exemple.
Ces deux corollaires je les rétracte comme
faux, erronés et hérétiques, et comme contraires à ce qu'a déterminé
la décrétale du seigneur pape Jean (XXII) qui commence par : « Quia
quorumdam »
1092 (Corollaire 4) Que le renoncement
aux biens temporels qui se rapporte à la préparation de l'esprit ne
représente et ne réalise aucune perfection ou une perfection très
imparfaite et fragile...
Cet article je le rétracte comme faux et
scandaleux.
1093 Répondant à un bachelier (qui
disait] ... que le Christ n'a pas renoncé à ces choses, j'ai nié
cela et j'ai affirmé que le Christ n'a rien gardé pour soi.
Ces deux affirmations je les rétracte comme
fausses et hérétiques, parce que le Christ avait des bourses pour
les malades et qu'il conservait ce qui lui était donné par les
fidèles...
1094 (Dernier corollaire) Que le Christ
ne s'est pas préoccupé davantage des biens temporels que les riches
le font des pauvres...
– Je dis maintenant que le Christ s'est
préoccupé des biens temporels parce qu'il n'a pas renoncé à tout...
1095 Quel le Christ, lors de sa mort, a
renoncé absolument à tout.
– Cette proposition je la tiens pour fausse,
erronée et hérétique.
1096 Que lorsque le corps [?] se
trouvait au tombeau, l'amour lui a enlevé là toute possession et
tout droit d'en disposer.
– Cette proposition je la rétracte comme
fausse, erronée et hérétique.
1097 Qu'alors le siège universel du
Seigneur était vide jusqu'à ce jour...
– je le rétracte comme faux et erroné.
GREGOIRE XI : 30 Décembre 1370 – 26/27 mars 1378
1101 1. Lorsqu'une hostie consacrée
tombe ou est jetée dans un cloaque, dans la fange ou dans un lieu
infâme, même si les espèces demeurent, le Corps du Christ cesse de
se trouver sous elles, et la substance du pain revient.
1102 2. Lorsqu'une hostie consacrée est
rongée par une souris ou dévorée par une bête, même si les espèces
demeurent, le Corps du Christ cesse de se trouver sous elle ; et la
substance du pain revient.
1103 3. Lorsqu'une hostie consacrée est
mangée par un juste ou par un pécheur, lorsque les espèces sont
broyées par les dents, le Christ est enlevé au ciel et n'est pas
acheminé dans le ventre de l'homme.
1110 Par cet écrit apostolique nous
demandons à tous les fidèles chrétiens de ne plus utiliser désormais
ces écrits ou lois réprouvés...
(Art. 1) Quoi qu'un homme ait pu faire en
dehors du tribunal, et quel qu'en soit le caractère notoire, il
pourra s'en libérer par son serment (d'innocence), et contre
celui-ci aucun témoignage n'a de valeur.
1111 (6) Si quelqu'un a été tué à
l'occasion d'une rapine ou d'un vol, et qu'un consanguin de celui
qui a été tué se présente pour lui pour un duel, celui-ci, par ce
duel, repousse tout témoignage, et ce mort ne pourra pas être
confondu sans duel.
1112 (7) Si deux personnes font en même
temps devant le tribunal des affirmations contraires, alors celui
d'entre eux qui aura le plus de partisans pourra faire prévaloir son
affirmation.
1113 (8) Quiconque aura été provoqué en
duel selon ce que détermine ce livre, ne pourra pas refuser le duel,
à moins que celui qui provoque soit moins bien né que celui qui est
provoqué.
1114 (9) Quiconque aura perdu son droit
du fait d'un vol ou d'une rapine, s'il est accusé une seconde fois
de vol ou de rapine il ne pourra pas se libérer par un serment [?]
, mais il a le choix entre le fer ardent, l'eau bouillante ou le
duel. Or la dernière partie de cet article est erronée, qui permet
le choix entre le fer ardent, etc.
1115 (12) Un héritier n'est pas tenu de
répondre du vol ou de la rapine perpétrés par celui dont il hérite :
ce qui est erroné du moins dans le for de la conscience.
1116 (Censure : les écrits sont
condamnés comme) faux, téméraires, iniques et injustes, et en
certaines choses comme hérétiques, schismatiques, contraires aux
bonnes moeurs et dangereux pour les âmes.
1121 1. Tout le genre humain dans son
ensemble, à l'exception du Christ, n'a pas le pouvoir de déterminer
purement et simplement que Pierre et toute sa race doivent dominer
politiquement le monde pour toujours
1122 2. Dieu ne peut pas donner pour
toujours à un homme, pour lui-même et pour ses héritiers, une
souveraineté temporelle.
1123 3. Des chartes de l'humanité
inventées en vue d'un héritage civil perpétuel sont impossibles.
1124 4. Quiconque se trouve dans la
grâce de façon sérieuse et fidèle, n'a pas seulement le droit, mais
a réellement tous les dons de Dieu.
1125 5. C'est comme un fief seulement
qu'un homme peut donner une souveraineté, soit temporelle, soit
éternelle, à un fils qu'il le soit de façon naturelle ou selon
l'imitation dans l'école du Christ.
1126 6. S'il y a un Dieu, les seigneurs
temporels peuvent enlever de façon légitime des biens de fortune à
l'Église si elle commet des manquements.
1127 7. S'agissant de savoir si
l'Église se trouve dans un tel état ou non, il ne m'appartient pas
d'en discuter ; mais il appartient aux seigneurs temporels de
l'examiner et, le cas échéant, d'agir hardiment et de lui enlever
les biens temporels sous peine de damnation éternelle.
1128 8. Nous savons qu'il n'est pas
possible que le vicaire du Christ confère ou enlève une capacité à
quelqu'un simplement en vertu de ses bulles, ou en vertu de
celles-ci avec sa volonté et son assentiment ainsi que de celui de
son collège.
1129 9. Il n'est pas possible qu'un
homme soit excommunié s'il n'a pas été excommunié d'abord et surtout
par lui-même.
1130 10. Personne n'est excommunié,
suspendu ou tourmenté par d'autres censures pour le mettre dans un
état pire, à moins qu'il s'agisse d'une affaire de Dieu.
1131 11. La malédiction ou
l'excommunication ne lient pas purement et simplement, mais
seulement lorsqu'elles sont portées contre un adversaire de la loi
du Christ.
1132 12. Le Christ n'a pas enseigné par
des exemples à ses disciples le pouvoir d'excommunier des
subordonnés, surtout pas pour avoir récusé des biens temporels, mais
bien au contraire.
1133 13. Les disciples du Christ n'ont
pas le pouvoir d'exiger des biens temporels par la contrainte
moyennant des censures.
1134 14. Il n'est pas possible de par
la puissance absolue de Dieu que si le pape ou un autre prétend
qu'il lie ou qu'il délie de n'importe quelle manière, il lie ou
délie par là même.
1135 15. Nous devons croire qu'il ne
lie ou délie que s'il se conforme à la loi du Christ.
1136 16. Ceci doit être cru de façon
catholique : n'importe quel prêtre qui a été régulièrement ordonné a
le pouvoir de conférer n'importe quel sacrement de façon suffisante,
et par conséquent d'absoudre n'importe quel homme contrit de
n'importe quel péché.
1137 17. Il est permis aux rois
d'enlever des biens temporels à des hommes d'Église si ceux-ci en
abusent de façon habituelle.
1138 18. Si des seigneurs temporels,
des saints papes, ou la Tête de l'Église qui est le Christ, ont doté
l'Église de biens de fortune et de grâce, et s'ils ont excommunié
ceux qui lui enlèvent les biens temporels, il n'en est pas moins
permis en raison d'une condition implicite, de la dépouiller des
biens temporels s'il y a eu un délit proportionné.
1139 Un homme d'Église, et même le
pontife romain, peut être légitimement réprimandé et même mis en
accusation par des subordonnés et des laïcs.
URBAIN VI : 8 avril 1378 –15 octobre 1389
BONIFACE IX : 2 novembre 1389 – 1er octobre
1404
1145 L'honnêteté de la sainte piété
avec laquelle les fils bien-aimés, l'abbé et l'assemblée du
monastère des apôtres Pierre et Paul et de la sainte vierge et
martyre Osyth de l'ordre de saint Augustin dans l'Essex, dans le
diocèse de Londres, rendent au Très-Haut leur culte dévot et zélé,
mérite que... pour autant que Nous le pouvons avec Dieu, Nous
écoutions avec faveur leurs requêtes. C'est pourquoi, cédant aux
supplications de l'abbé et de l'assemblée en cette affaire, Nous
accordons par les présentes, en vertu de l'autorité apostolique, à
ce même abbé, à ses successeurs et à leurs chanoines, que ce même
abbé et ses successeurs pour toujours, les abbés de ce monastère,
durant le temps où ils seront en fonction, peuvent conférer
librement et licitement, aux temps prescrits par le droit, à tous et
à chacun des chanoines de ce monastère qui ont fait, ou qui auront
fait profession, tous les ordres mineurs ainsi que les ordres du
sous-diaconat, du diaconat et du presbytérat, et que lesdits
chanoines qui auront été promus par ces mêmes abbés pourront exercer
librement et licitement leur fonction dans les ordres ainsi reçus,
sans qu'aucune constitution apostolique ou aucun édit contraire le
contredisant — confirmé par quelque authentification que ce soit —
puisse y mettre obstacle de quelque manière que ce soit.
Comme un don gracieux plus riche encore, Nous
concédons à l'abbé et à l'assemblée, et Nous décidons en vertu de
cette même autorité, que s'il devait arriver à l'avenir que des
grâces, des permissions, des privilèges ou d'autres concessions ou
lettres apostoliques concernant la collation ou la réception de ces
ordres ou une autre matière ou affaire qui ont été concédés par le
Siège apostolique ou en vertu de l'autorité susdite de façon non
perpétuelle ou pour un certain temps à l'abbé et à l'assemblée
précités, ou à d'autres dans le pays d'Angleterre ou ailleurs,
soient révoqués, restreints ou diminués par ce même Siège, de façon
générale ou particulière,
pour autant la présente concession ne sera
révoquée, restreinte ou diminuée d'aucune manière de ce fait. Au
contraire, à moins qu'il n'en soit fait mention de façon complète,
explicite et littérale, cette lettre gardera toute la vigueur de sa
validité, sans qu'aucune constitution concédée... et aucun édit
contraire y fasse obstacle.
1146 La prévoyance circonspecte du
Siège apostolique révoque et annule parfois ce qui a été concédé ou
ordonné par elle, dans la mesure où... elle reconnaît que cela est
d'une grande utilité, en particulier pour les cathédrales et pour
les prélats qui y président. Il y a peu en effet Nous avons pensé
devoir donner suite à la requête instante des fils bien-aimés,
l'abbé et l'assemblée du monastère Sainte-Osyth de l'ordre de saint
Augustin dans le diocèse de Londres, et permettre à ce même abbé et
à ses successeurs, en vertu de l'autorité apostolique et comme une
grâce spéciale, par une autre lettre venant de Nous 1145, comme
cela est dit de façon explicite dans cette lettre,
1 - tout d'abord que l'abbé lui-même et ses
successeurs les abbés, durant le temps où ils sont en fonction,
utilisent librement la mitre, l'anneau, et tous les autres insignes
pontificaux, et que dans ledit monastère et dans les prieurés
dépendant de ce monastère ainsi que dans les églises paroissiales ou
autres qui relèvent d'eux-mêmes si elles devaient ne pas leur être
soumises de plein droit — ils donnent à l'occasion la bénédiction
solennelle après la célébration de la messe, des vêpres ou des
matines, pourvu que lors d'une telle bénédiction ne soient pas
présents un évêque ou un légat du Siège apostolique,
2.- et ensuite que l'abbé et les successeurs
susdits puissent conférer librement et licitement, aux temps
prescrits par le droit, à tous et à chacun des chanoines qui ont
fait ou auront fait profession, tous les ordres mineurs ainsi que
les ordres du sous-diaconat, du diaconat et du presbytérat, sans que
les constitutions de notre prédécesseur d'heureuse mémoire, le pape
Alexandre IV, qui commence par « Abbates » et toute autre
constitution apostolique y fasse obstacle de quelque façon que ce
soit.
Cependant, étant donné que, comme le dit le
contenu de la requête qui Nous est parvenue il y a peu de la part de
notre vénérable frère Robert, l'évêque de Londres, le monastère
susdit dans lequel ce même évêque a le droit de patronat a été fondé
par certains prédécesseurs de cet évêque..., et que de telles
lettres ou concessions ont pour effet de léser gravement l'évêque
lui-même, sa juridiction ordinaire et l'Église de Londres, Nous
avons été priés humblement par cet évêque de daigner, dans notre
bonté apostolique, Nous soucier qu'il n'y ait pas de dommage pour
lui et pour cette Église dans ce qui précède. Voulant pourvoir à
cela... et cédant à ces demandes, en vertu de notre autorité
apostolique et de par une science plus certaine, Nous révoquons,
cassons et annulons par les présentes cette lettre et ces
concessions, et Nous voulons qu'elles soient sans validité et sans
portée.
INNOCENT VII : 17 octobre 1404 – 6 novembre 1406
GRÉGOIRE XII : 30 novembre 1406 – 4 juillet 1415
1151 1. La substance du pain matériel
de même que la substance du vin matériel subsistent dans le
sacrement de l'autel.
1152 2. Les accidents du pain ne
subsistent pas sans sujet dans le même sacrement.
1153 3. Le Christ n'est pas
identiquement et réellement dans le même sacrement en sa propre
personne corporelle.
1154 4. Si un évêque ou un prêtre est
en état de péché mortel, il n'ordonne pas, n'accomplit pas le
sacrement de l'autel, ne consacre pas et ne baptise pas.
1155 5. On ne trouve pas dans
l'Évangile que le Christ ait ordonné de célébrer la messe.
1156 6. Dieu doit obéir au diable.
1157 7. Si quelqu'un a une contrition
adéquate, toute confession extérieure est pour lui superflue et
inutile.
1158 8. Si le pape est réprouvé
(prescitus) et mauvais, et par conséquent membre du diable, il n'a
pas de pouvoir sur les fidèles qui lui ait été donné par quelqu'un
d'autre que, peut-être, César.
1159 9. Depuis Urbain VI, personne ne
doit être accepté comme pape, mais il faut vivre à la façon des
Grecs, sous ses propres lois.
1160 10. Il est contraire à la sainte
Écriture que des hommes d'Église possèdent des biens.
1161 11. Aucun prélat ne doit
excommunier quelqu'un, à moins de savoir auparavant qu'il a été
excommunié par Dieu ; celui qui excommunie ainsi devient pour cette
raison hérétique ou excommunié.
1162 12. Un prélat qui excommunie un
clerc qui a fait appel au roi ou au conseil du royaume, est par cela
même traître envers le roi et le royaume.
1163 13. Ceux qui cessent de prêcher ou
d'entendre la Parole de Dieu en raison d'une excommunication par des
hommes sont excommuniés, et ils seront considérés comme traîtres
envers le Christ au jour du jugement.
1164 14. Il est permis à un diacre ou à
un prêtre de prêcher la Parole de Dieu sans autorisation du Siège
apostolique ou d'un évêque catholique.
1165 15. Nul n'est seigneur civil, nul
n'est prélat, nul n'est évêque, alors qu'il est en état de péché
mortel 1230 .
1166 16. Les seigneurs temporels
peuvent, comme ils le veulent, enlever leurs biens temporels aux
bénéficiers ecclésiastiques qui sont fautifs de manière habituelle,
c'est-à-dire qui sont fautifs par habitude, et non en acte
seulement.
1167 17. Les gens du peuple peuvent
corriger les seigneurs fautifs selon leur propre jugement.
1168 18. Les dîmes sont de simples
aumônes, et les paroissiens peuvent les refuser selon leur bon
vouloir à cause des péchés de leurs prélats.
1169 19. Les prières spéciales
appliquées à une seule personne par les prélats ou par les religieux
ne sont pas plus utiles à celle-ci que les prières générales, toutes
choses étant égales.
1170 20. Celui qui fait l'aumône à des
frères est de ce fait excommunié.
1171 21. Si quelqu'un entre dans
quelque état religieux que ce soit, chez des possédants ou chez des
mendiants, il en devient plus incapable et plus inapte à observer
les commandements de Dieu.
1172 22. Les saints qui ont fondé des
ordres religieux ont péché en les fondant.
1173 23. Les religieux qui vivent dans
les ordres religieux ne font pas partie de la religion chrétienne.
1174 24. Les frères sont tenus de se
procurer le vivre par le travail manuel, et non en mendiant.
(Censure ajoutée ici dans les deux textes :) La première partie est
scandaleuse et affirmée avec présomption dans la mesure où l'on
parle ainsi d'une manière générale et sans faire de distinction la
seconde est erronée, dans la mesure où elle affirme que la mendicité
n'est pas permise aux frères.
1175 25. Tous ceux-là sont simoniaques
qui s'obligent à prier pour d'autres qui leur viennent en aide
temporellement.
1176 26. La prière d'un prescitus
(réprouvé) n'a de valeur pour personne.
1177 27. Tout advient par nécessité
absolue.
1178 28. C'est en raison de la
convoitise d'un gain temporel et d'un honneur que la confirmation
des jeunes, l'ordination des clercs, la consécration des lieux sont
réservées au pape et aux évêques.
1179 29. Les universités, les studia,
les collèges, l'octroi des grades et des fonctions de maître qu'on y
exerce sont issus d'un vain paganisme et sont aussi utiles à
l'Église que le diable.
1180 30. L'excommunication par le pape
ou un quelconque prélat n'est pas à craindre, car elle est une
sentence de l'Antéchrist.
1181 31.Ceux qui fondent des cloîtres
pèchent et ceux qui y entrent sont des hommes diaboliques.
1182 32. Enrichir un clerc est
contraire au commandement du Christ.
1183 33. Le pape Silvestre et
l'empereur Constantin ont erré en dotant l'Église.
1184 34. Tous les membres des ordres
mendiants sont des hérétiques et ceux qui leur font l'aumône sont
excommuniés.
1185 35. Ceux qui entrent en religion
ou dans un ordre sont par là même incapables d'observer les
préceptes divins 1171 et, par conséquent, de parvenir au Royaume
des cieux, à moins qu'ils en apostasient.
1186 36. Le pape et tous ses clercs qui
possèdent des biens sont hérétiques du fait qu'ils possèdent des
biens, de même que ceux qui sont d'accord avec eux, à savoir tous
les seigneurs séculiers et les autres laïcs.
1187 37. L'Église romaine est la
synagogue de Satan Ap 2,9 et le pape n'est pas le vicaire
immédiat et prochain du Christ et des apôtres.
1188 38. Les lettres décrétales sont
apocryphes et éloignent de la foi au Christ, et les clercs qui les
étudient sont stupides.
1189 39. L'empereur et les seigneurs
séculiers ont été séduits par le diable afin de doter l'Église de
biens temporels.
1190 40. L'élection du pape par les
cardinaux a été introduite par le diable.
1191 41. Il n'est pas nécessaire au
salut de croire que l'Église romaine est supérieure à toutes les
autres. (Censure :) C'est une erreur si par Église romaine on entend
l'Église universelle ou le concile général, ou dans la mesure où il
nierait la primauté du souverain pontife sur les autres Églises
particulières.
1192 42. Il est insensé de croire aux
indulgences du pape et des évêques.
1193 43. Les serments qui sont faits
pour renforcer les contrats humains et les rapports civils sont
illicites.
1194 44. Augustin, Benoît et Bernard
ont été damnés s'ils ne se sont pas repentis d'avoir possédé des
biens, d'avoir fondé des ordres religieux et d'y être entrés ; et
ainsi, depuis le pape jusqu'au moindre religieux, tous sont
hérétiques.
1195 45. Tous les ordres religieux sans
distinction ont été introduits par le diable.
1198 Certains ont la présomption
d'affirmer témérairement, dans certaines régions du monde, que le
peuple chrétien doit recevoir le saint sacrement de l'eucharistie
sous les deux espèces du pain et du vin, et que tous les laïcs
doivent communier non seulement sous l'espèce du pain, mais aussi
sous l'espèce du vin, même après avoir mangé ou sans être autrement
à jeun ; et ils affirment obstinément qu'il faut communier à
l'encontre de la louable coutume de l'Eglise, raisonnablement
justifiée, qu'ils s'efforcent de récuser d'une manière condamnable
comme étant sacrilège, en commençant par la tête.
Pour cette raison, le présent concile général
de Constance déclare, décide et définit que, même si le Christ a
institué ce vénérable sacrement après la Cène et l'a administré à
ses apôtres sous les deux espèces du pain et du vin, toutefois,
malgré cela, l'autorité louable des saints canons et la coutume
approuvée de l'Église ont soutenu et soutiennent qu'un tel sacrement
ne doit pas être accompli après un repas et qu'il ne doit pas être
reçu par les fidèles qui ne seraient pas à jeun, si ce n'est dans le
cas de maladie et d'une autre nécessité, concédé ou admis par le
droit et par l'Église.
1199 Et de même que cette coutume a été
raisonnablement établie pour éviter certains dangers et scandales,
de même à plus forte raison une coutume similaire a-t-elle pu
s'établir et être respectée, à savoir que, même si dans l'Église
primitive ce sacrement était reçu par les fidèles sous les deux
espèces, cependant il serait par la suite reçu par les célébrants
sous les deux espèces, et par les laïcs sous l'espèce du pain
seulement, puisqu'on doit très fermement croire et qu'on ne peut
douter que le Corps et le Sang entiers du Christ soient vraiment
contenus aussi bien sous l'espèce du pain que sous l'espèce du vin.
Ainsi donc, puisque cette coutume a été raisonnablement établie par
l'Église et par les saints Pères et qu'elle est observée depuis très
longtemps, elle doit être considérée comme une loi qu'il n'est pas
permis de récuser ni de changer à sa guise sans l'autorisation de
l'Église.
1200 Pour cette raison, dire qu'il est
sacrilège et illicite d'observer cette coutume ou loi doit être
considéré comme erroné et ceux qui affirment obstinément le
contraire de ce qui précède doivent être considérés comme
hérétiques.
1201 1. La sainte Église universelle,
constituée de l'ensemble des prédestinés, est unique. Plus bas, il
poursuit : I1 n'y a qu'une sainte Église universelle comme il n'y a
qu'un seul ensemble de tous les prédestinés.
1202 2. Paul ne fut jamais membre du
diable, bien qu'il ait commis certains actes semblables aux actes de
l'Église des méchants.
1203 3. Les “presciti” ne sont pas des
parties de l'Église puisque aucune partie de celle-ci n'en est
retranchée à la fin, étant donné que la charité de la
prédestination, qui l'unifie, ne disparaît pas 1Co 13,8.
1204 4. Deux natures, la divinité et
l'humanité, sont un seul Christ.
1205 5. Le “prescitus”, même s'il est
en grâce selon la justice présente, ne fait cependant jamais partie
de la sainte Église et le prédestiné demeure toujours membre de
l'Église, même s'il déchoit parfois de la grâce adventice, mais non
de la grâce de la prédestination.
1206 6. Si l'on conçoit l'Église comme
l'assemblée des prédestinés, que celle-ci soit ou ne soit pas en
grâce selon la justice présente, elle est de cette manière un
article de foi.
1207 7. Pierre ne fut pas et il n'est
pas la tête de la sainte Eglise catholique.
1208 8. Les prêtres vivant dans le
péché de quelque façon que ce soit ternissent le pouvoir du
sacerdoce et, comme des fils infidèles, ils ont une conception
infidèle des sept sacrements des clés, des offices, des censures,
des moeurs, des cérémonies et des choses saintes de l'Église, de la
vénération des reliques, des indulgences et des ordres.
1209 9. La dignité papale s'est
développée à partir de César, et la prééminence et l'institution du
pape sont issues du pouvoir de César.
1210 10. Personne n'affirmerait
raisonnablement à son propre sujet, ou au sujet d'un autre, sans une
révélation qu'il est la tête d'une sainte église particulière ; et
le pontife romain n'est pas la tête de l'Église romaine.
1211 11. Il ne faut pas croire que
quelque pontife romain particulier est la tête de quelque sainte
église particulière, à moins que Dieu ne l'ait prédestiné.
1212 12. Personne ne tient la place du
Christ ou de Pierre, à moins de l'imiter par sa conduite : aucune
autre façon de les suivre n'est plus pertinente et ne reçoit de Dieu
le pouvoir d'agir à titre de procureur ; la conformité des moeurs et
l'autorité de celui qui institue sont requises pour cet offre de
vicaire.
1213 13. Le pape n'est pas le
successeur vrai et manifeste du prince des apôtres, Pierre, s'il vit
d'une manière contraire à celle de Pierre ; s'il est avide de biens,
il est alors vicaire de Judas Iscariote. Pour la même raison
évidente, les cardinaux ne sont pas les successeurs vrais et
manifestes du collège des autres apôtres du Christ, à moins qu'ils
ne vivent comme les apôtres en observant les commandements et les
conseils de notre Seigneur Jésus-Christ.
1214 14. Les docteurs qui soutiennent
que celui qui doit être corrigé par une censure ecclésiastique doit
être livré au jugement séculier, s'il ne veut pas se corriger,
suivent assurément ces grands prêtres, scribes et pharisiens, qui
livrèrent au jugement séculier le Christ qui ne voulait pas leur
obéir en tout, en disant : Il ne nous est pas permis de mettre
quelqu'un à mort Jn 18,31, en raison de quoi ceux-ci sont des
homicides plus coupables que Pilate.
1215 15. L'obéissance ecclésiastique
est une obéissance controuvée par les prêtres de l'Église, en dehors
de l'autorité expresse de l'Écriture.
1216 16. La division immédiate entre
les actes humains consiste en ce qu'ils sont ou vertueux ou
vicieux : si un homme est vicieux, il agit de manière vicieuse en
tous ses actes ; s'il est vertueux, il agit vertueusement en tous
ses actes. Car, de même que le vice qui est appelé crime, ou péché
mortel, infecte en totalité les actes de l'homme vicieux, de même la
vertu vivifie tous les actes de l'homme vertueux.
1217 17. Le prêtre du Christ qui vit
selon sa loi, possède une connaissance de l'Écriture et désire
édifier le peuple, doit prêcher, nonobstant une prétendue
excommunication. Et, plus loin: si le pape ou quelque supérieur
ordonne à un prêtre qui se trouve dans cette situation de ne pas
prêcher, le subordonné ne doit pas obéir.
1218 18. Quiconque accède au sacerdoce
reçoit par mandat la fonction de prêcher ; et il doit exercer ce
mandat, nonobstant une prétendue excommunication.
1219 19. Par les sanctions
ecclésiastiques d'excommunication, de suspense et d'interdit, le
clergé se soumet pour sa propre exaltation le peuple laïc, multiplie
l'avarice, protège la malice et prépare la voie à l'Antéchrist. Le
signe évident en est que les sanctions, qu'on appelle fulminations
dans leurs procès et dont le clergé se sert la plupart du temps
contre ceux qui mettent à nu l'iniquité de l'Antéchrist, que le
clergé s'est appropriée pour la plus grande part, proviennent de
l'Antéchrist.
1220 20. Si le pape est mauvais, et
surtout s'il est réprouvé, il est, comme Judas l'Iscariote, un
diable, un voleur et un fils de perdition, et non la tête de la
sainte Église militante puisqu'il n'en est même pas membre.
1221 21. La grâce de la prédestination
est le lien par lequel le corps de l'Eglise et chacun de ses membres
sont liés indissolublement à la tête elle-même.
1222 22. Un pape ou un prélat mauvais
réprouvé n'est pasteur que d'une manière équivoque ; en réalité,
c'est un voleur et un brigand.
1223 23. Le pape ne doit pas être
appelé très saint, même en raison de sa fonction, car alors le roi
devrait être appelé très saint en raison de sa fonction, et les
tortionnaires et les messagers seraient appelés très saints ; bien
plus, le diable lui-même devrait être appelé très saint, puisqu'il
tient sa fonction de Dieu.
1224 24. Si le pape vit d'une manière
contraire au Christ, même s'il a été promu en vertu d'une élection
correcte et légitime selon les règles humaines communes, cependant
il a été promu autrement que par le Christ, étant donné qu'il n'a
accédé à cette charge que par une élection faite principalement par
Dieu. Car Judas Iscariote a été élu correctement et légitimement à
l'apostolat par le Christ Jésus, et cependant « il s'est introduit
dans la bergerie par une autre voie ».
1225 25. La condamnation des
quarante-cinq articles de Jean Wyclif faite par les docteurs est
déraisonnable, inique et mauvaise, et le motif allégué par eux est
inventé, à savoir qu'aucun de ces articles n'est catholique, mais
que chacun est soit hérétique, soit erroné, soit scandaleux.
1226 26. Du fait que des électeurs ou
la majorité d'entre eux se sont mis d'accord de vive voix sur une
personne, conformément aux rites des hommes, cette personne n'est
pas par le fait même légitimement élue, ou encore, elle n'est pas
par là même le successeur ou le vicaire vrai et manifeste de
l'apôtre Pierre ou d'un autre apôtre dans une fonction
ecclésiastique. En conséquence, que les électeurs aient bien ou mal
élu, nous devons nous fier aux œuvres de l'élu. Car, du fait que
quelqu'un agit davantage d'une façon méritoire pour le progrès de
l'Église, il possède pour cela un plus grand pouvoir venant de Dieu.
1227 27. Il n'existe pas le moindre
indice apparent qu'il faille une seule tête pour gouverner l'Église
en matière spirituelle, (tête) qui devrait toujours être en rapport
avec l'Église militante.
1228 28. Sans ces têtes monstrueuses,
le Christ dirigerait mieux son Eglise par ses vrais disciples
répandus par toute la terre.
1229 29. Les apôtres et les prêtres
fidèles du Christ ont dirigé fermement l'Église pour les choses
nécessaires au salut avant que la fonction de pape ne soit
introduite ; et ils feraient ainsi jusqu'au jour du jugement, en cas
de défaillance tout à fait possible du pape.
1230 30. Personne n'est seigneur civil,
personne n'est prélat, personne n'est évêque, alors qu'il est en
état de péché mortel 1165 .
1235 La proposition : Tout tyran peut
et doit licitement et méritoirement être tué par n'importe lequel de
ses vassaux ou sujets, même en recourant à des pièges, à la
flagornerie ou à la flatterie, nonobstant tout serment ou alliance
contractée avec lui, et sans attendre la sentence ou l'ordre de
quelque juge que ce soit,... est erronée en matière de foi et de
moeurs, et le concile la réprouve comme hérétique, scandaleuse,
séditieuse et prêtant aux fraudes, aux tromperies, aux mensonges,
aux trahisons et aux parjures. De plus il déclare, décide et définit
que ceux qui soutiennent avec entêtement cette doctrine très
pernicieuse sont hérétiques.
MARTIN V : 11 novembre 1417 – 20 février 1431
1247 5. De même s'il croit, tient et
affirme que tout concile général, et aussi celui de Constance,
représente l'Église universelle.
1248 6. De même s'il croit que le saint
concile de Constance représentant l'Église universelle, a approuvé
et approuve en faveur de la foi et pour le salut des âmes, cela doit
être approuvé et tenu par tous les fidèles du Christ : et que ce
qu'il a condamné et condamne comme contraire à la foi et aux bonnes
moeurs, cela doit être tenu, cru et affirmé comme tel par tout
catholique.
1249 7. De même s'il croit que les
condamnations de John Wyclif d'Angleterre, de Jean Hus de Bohème et
de Jérôme de Prague prononcées par le saint concile général de
Constance concernant leurs personnes, leurs écrits et leurs
doctrines, l'ont été de façon légitime et juste, et qu'elles doivent
être tenues et affirmées fermement comme telles par tout catholique.
1250 8. De même s'il croit, tient et
affirme que John Wyclif d'Angleterre, Jean Hus de Bohème et Jérôme
de Prague ont été hérétiques et doivent être désignés et reconnus
comme tels, et que leurs livres et leurs doctrines étaient et sont
faux, et que c'est à cause d'eux et de leur obstination qu'ils ont
été condamnés comme hérétiques par le saint concile de Constance.
1251 11. De même on demandera à un
homme cultivé s'il croit que le jugement porté par le saint concile
de Constance sur les quarante-cinq articles de John Wyclif et les
trente de Jean Hus reproduits plus haut est vrai et catholique,
c'est-à-dire que les quarante-cinq articles de John Wyclif et les
trente de Jean Hus ne sont pas catholiques, mais que certains
d'entre eux sont manifestement hérétiques, certains erronés,
d'autres téméraires et séditieux, et que d'autres offensent les
oreilles pies.
1252 12. De même s'il croit et affirme
qu'il n'est licite dans aucun cas de prêter serment.
1253 13. De même s'il croit qu'il est
licite de prêter serment de dire la vérité par mandat du juge, ou de
le faire pour toute autre raison opportune, y compris pour se laver
d'un déshonneur.
1254 14. De même s'il croit qu'un
parjure commis sciemment, quelle qu'en soit la raison ou l'occasion,
pour conserver sa propre vie ou celle d'autrui, même en faveur de la
foi, est un péché mortel.
1255 15. De même s'il croit que
quiconque, de façon délibérée, méprise le rite de l'Église, les
cérémonies de l'exorcisme, du catéchisme et de la consécration de
l'eau du baptême, commet un péché mortel.
1256 16. De même s'il croit qu'après la
consécration faite par le prêtre il n'y a plus dans le sacrement de
l'autel, sous le voile du pain et du vin, du pain et du vin
matériels, mais en tout le même Christ qui a souffert sur la croix
et qui siège à la droite du Père.
1257 17. De même s'il croit et affirme
qu'après la consécration faite par le prêtre, sous la seule espèce
du pain et indépendamment de l'espèce du vin, la vraie chair du
Christ, son sang, son âme, sa divinité, tout le Christ est présent ;
et que c'est le même corps absolument sous chacune de ces espèces
prises séparément.
1258 18. De même s'il croit que la
coutume observée par l'Église universelle, et approuvée par le saint
concile de Constance de communier les personnes laïques uniquement
sous l'espèce du pain, doit être respectée en ce sens qu'il n'est
pas permis de la réprouver ou de la modifier à son gré sans
l'autorisation de l'Église. Et que ceux qui disent le contraire de
ce qui précède doivent être écartés et punis comme hérétiques ou
comme sentant l'hérésie.
1259 19. De même s'il croit qu'un
chrétien qui méprise la réception des sacrements de la confirmation,
de l'extrême-onction ou de la solennisation du mariage, commet un
péché mortel.
1260 20. De même s'il croit qu'un
chrétien est tenu, pour être nécessairement sauvé, en plus de la
contrition de son coeur, quand il peut trouver un prêtre qualifié,
de se confesser au prêtre seulement et non à un laïc ou à des laïcs,
si bons et si pieux qu'ils soient.
1261 21. De même s'il croit que le
prêtre, dans le cas où il a la juridiction, peut absoudre de ses
péchés un pécheur qui les confesse et qui a la contrition, et qu'il
peut lui imposer une pénitence.
1262 22. De même s'il croit qu'un
mauvais prêtre qui, avec la matière et la forme prescrites, a
l'intention de faire ce que fait l'Église, consacre vraiment
l'eucharistie, absout vraiment, baptise vraiment, confère vraiment
les autres sacrements.
1263 23. De même s'il croit que le
bienheureux Pierre a été le vicaire du Christ, ayant le pouvoir de
lier et de délier sur terre.
1264 24. De même s'il croit que le pape
canoniquement élu, qui est celui du moment, après la proclamation de
son nom propre est le successeur du bienheureux Pierre, ayant
l'autorité suprême dans l'Église de Dieu.
1265 25. De même s'il croit que le
pouvoir de juridiction du Pape, d'un archevêque ou d'un évêque, pour
lier et délier, est plus grand que le pouvoir d'un simple prêtre,
même ayant charge d'âme.
1266 26. De même s'il croit que le pape
peut, pour de justes et pieuses raisons, concéder des indulgences
pour la rémission des péchés à tous les chrétiens vraiment contrits
qui se sont confessés, surtout à ceux qui visitent des saints lieux
et qui leur tendent une main secourable.
1267 27. S'il croit que ceux qui,
profitant d'une telle concession, visitent les églises et leur
tendent une main secourable, peuvent recevoir les indulgences.
1268 28. De même s'il croit que les
évêques peuvent concéder à leurs sujets, dans les limites des saints
canons, des indulgences de cette sorte.
1269 29. De même s'il croit et affirme
qu'il est permis que les reliques et les images des saints soient
vénérées par les fidèles.
1270 30. De même s'il croit que les
ordres reconnus par l'Église ont été introduits de façon légitime et
raisonnable par les saints Pères.
1271 31. De même s'il croit que le pape
ou un autre prélat, après mention du pape du moment, ou leurs
vicaires, peuvent excommunier pour désobéissance leur sujet
ecclésiastique ou séculier, et que celui-ci doit être considéré
comme excommunié.
1272 32. De même s'il croit que si la
désobéissance ou la révolte de l'excommunié s'accroît, les prélats
ou leurs vicaires ont le pouvoir d'aggraver et d'aggraver encore, de
jeter l'interdit et de faire appel au bras séculier, et que les
sujets doivent obéir à ces censures.
1273 33. De même s'il croit que le pape
et d'autres prélats et leurs vicaires pour les affaires spirituelles
ont le pouvoir d'excommunier les prêtres et les laïcs désobéissants
et révoltés, et de les suspendre de leur office, de leur bénéfice,
de l'entrée dans l'église et de l'administration des sacrements.
1274 34. De même s'il croit qu'il est
permis sans péché aux personnes ecclésiastiques d'avoir des
possessions de ce monde et des biens temporels.
1275 35. De même s'il croit qu'il n'est
pas permis aux laïcs de les leur enlever de leur propre initiative ;
qu'au contraire, s'ils soustraient ces biens ecclésiastiques, les
enlèvent et les occupent ainsi, ils doivent être punis comme
sacrilèges, même si les personnes ecclésiastiques qui possèdent ces
biens menaient mauvaise vie.
1276 36. De même s'il croit qu'une
telle privation ou occupation, quel que soit le prêtre, même menant
mauvaise vie, à qui elle aura été infligée ou imposée de façon
téméraire et violente, implique un sacrilège.
1277 37. De même s'il croit qu'il est
permis aux laïcs de l'un et l'autre sexe, à savoir aux hommes et aux
femmes, de prêcher librement la Parole de Dieu.
1278 38. De même s'il croit qu'il est
permis à tout prêtre de prêcher librement la Parole de Dieu, où,
quand et à qui il le veut, même sans en avoir reçu la mission.
1279 39. De même s'il croit que tous
les péchés mortels, et en particulier ceux qui sont manifestes,
doivent être corrigés et extirpés publiquement.
1290 Éprouvant pour vous et pour votre
monastère le sentiment d'un amour paternel, Nous nous soucions
volontiers de vos avantages et Nous acquiesçons de bonne grâce à vos
requêtes, en particulier à celles par lesquelles il est répondu à
vos préjudices. C'est pourquoi, voulant vous conférer à vous et au
monastère lui-même une prérogative de grâce et d'honneur, Nous te
concédons, à toi, mon fils abbé, en vertu de l'autorité apostolique
et par les présentes, la permission et aussi la faculté — à chaque
fois que cela sera opportun à partir de maintenant et pour cinq ans
— de réconcilier toutes les églises qui dans leur entier ou en
partie relèvent du droit de collation, de provision, de présentation
et de tout autre droit qui est le tien et celui de l'assemblée des
tiens ainsi que les membres dudit monastère qui se trouvent dans le
diocèse de Meissen et leurs cimetières qui ont été souillés par du
sang ou de la semence, comme aussi de conférer tous les ordres
sacrés à tous les moines de ce même monastère et à toutes les
personnes qui te sont soumises en tant qu'abbé, sans que soit
requise pour cela la permission de l'évêque du lieu et nonobstant
toute constitution ou tout édit apostoliques qui y seraient
contraires.
EUGENE IV : 3 mars 1431 – 23 février 1447
1300 Donc au nom de la sainte Trinité,
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, avec l'approbation de ce saint
concile universel de Florence, nous définissons cette vérité de foi
afin qu'elle soit crue et reçue par tous les chrétiens, et qu'ainsi
tous le professent : que le Saint-Esprit est éternellement du Père
et du Fils, et qu'il tient son essence et son être subsistant du
Père et du Fils à la fois, et qu'il procède éternellement de l'un et
de l'autre comme d'un seul principe et d'une spiration unique (voir
le 2e concile de Lyon 850 ).
1301 déclarant que ce que disent les
saints docteurs et les Pères, à savoir que le Saint-Esprit procède
du Père par le Fils, tend à cette conception que par là est signifié
que le Fils aussi est, selon les Grecs la cause, selon les Latins le
principe de la subsistance du Saint-Esprit, aussi bien que le Père.
Et puisque tout ce qui est du Père, le Père
lui-même l'a donné à son Fils unique en l'engendrant, sauf le fait
d'être Père, ceci même que le Saint-Esprit procède du Fils, le Fils
lui-même le tient éternellement du Père par lequel il a été aussi
éternellement engendré.
1302 Nous définissons de plus
l'explication contenue dans ces mots « et du Fils » a été ajoutée au
symbole de façon licite et raisonnable afin d'éclairer la vérité et
par une nécessité alors pressante.
1303 De même, dans le pain de froment,
qu'il soit azyme ou fermenté, le Corps du Christ est véritablement
formé et les prêtres doivent former le Corps même du Seigneur dans
l'un ou l'autre de ces pains, c'est-à-dire selon la coutume de son
Église, soit occidentale, soit orientale.
Le sort des
défunts
1304 De même, si ceux qui se repentent
véritablement meurent dans l'amour de Dieu, avant d'avoir par des
fruits dignes de leur repentir réparé leurs fautes commises par
actions ou par omission, leurs âmes sont purifiées après leur mort
par des peines purgatoires et, pour qu'ils soient relevés de peines
de cette sorte, leur sont utiles les suffrages des fidèles vivants,
c'est-à-dire : offrandes de messes, prières et aumônes et autres
œuvres de piété qui sont accomplies d'ordinaire par les fidèles pour
d'autres fidèles, selon les prescriptions de l'Église.
1305 Et les âmes de ceux qui après
avoir reçu le baptême n'ont été souillées d'absolument aucun péché,
celles aussi qui après avoir été souillées par le péché, soit étant
dans leurs corps, soit une fois dépouillées de ces mêmes corps, sont
purifiées ainsi qu'il a été dit plus haut, elles sont aussitôt
reçues au ciel et contemplent clairement Dieu trine et un lui-même,
tel qu'il est ; toutefois certaines plus parfaitement que d'autres
selon la diversité de leurs mérites.
1306 Quant aux âmes de ceux qui
disparaissent en état effectif de péché mortel ou seulement
originel, elles descendent aussitôt en enfer, pour y être punies
cependant de peines inégales 856-858 .
1307 De même nous définissons que le
Saint-Siège apostolique et le pontife romain détiennent le primat
sur tout l'univers et que le pontife romain est quant à lui le
successeur du bienheureux Pierre prince des apôtres et le vrai
vicaire du Christ, la tête de l'Église entière, le père et le
docteur de tous les chrétiens, et que c'est à lui qu'a été transmis
par notre Seigneur Jésus Christ, dans le bienheureux Pierre, le
pouvoir plénier de paître, de diriger et de gouverner l'Église
universelle, ainsi qu'il est contenu dans les actes des conciles
oecuméniques et dans les saints canons.
1308 Nous renouvelons de plus l'ordre
attesté par les canons pour les autres vénérables patriarches, de
telle sorte que le patriarche de Constantinople soit le deuxième
après le très saint pontife romain, celui d'Alexandrie le troisième,
celui d'Antioche le quatrième et celui de Jérusalem le cinquième,
étant bien sûr intacts tous leurs privilèges et leurs droits.
1309 (Les membres du concile de
Bâle)... ont publié trois propositions qu'ils appellent des vérités
de foi, déclarant en quelque sorte hérétiques nous et tous les
princes, prélats et autres fidèles dévoués au Siège apostolique, et
dont voici la teneur mot pour mot :
La vérité sur le pouvoir du concile général
représentant l'Église universelle, déclaré supérieur à celui du pape
et de n'importe quel autre par les conciles généraux de Constance et
présentement de Bâle, est une vérité de foi catholique.
Cette vérité que le pape ne peut en aucune
manière, de sa propre autorité, dissoudre un concile général
représentant l'Église universelle légitimement réuni sur une des
questions énoncées dans la précédente vérité ou sur l'une d'elles,
ni le renvoyer à une autre date, ni le transférer en un autre lieu,
sans le consentement de ce concile, est une vérité de foi
catholique.
Qui s'oppose avec obstination aux précédentes
vérités doit être considéré comme hérétique.
(Condamnation :)... les propositions
elles-mêmes recopiées ci-dessus selon l'interprétation perverse de
ces gens de Bâle, qu'ils montrent par le fait, contraire à la saine
intention de la sainte Écriture, des saints Pères et du concile de
Constance lui-même, sans oublier la prétendue sentence ci-dessus de
déclaration ou de privation avec tout ce qui s'en est suivi et qui
pourrait s'ensuivre à l'avenir, comme impies et scandaleuses, et
aussi tendant à une scission manifeste de l'Église de Dieu et à la
confusion de tout l'ordre ecclésiastique et du principat chrétien.
(sont cités tout d'abord :
1 - la profession de Constantinople , avec
l'insertion du “Filioque” 150
2 - la définition du Concile de Chalcédoine sur
les deux natures dans le Christ 301-303
3 - La définition du Concile sur les deux
volontés du Christ 557
4 - Le décret sur l'autorité du concile de
Chalcédoine et de Léon le Grand.)
1310 En cinquième lieu nous avons
résumé la vérité des sacrements de l'Église, pour une plus facile
instruction des Arméniens actuels comme des futurs, sous la très
brève formule suivante : les sacrements de la nouvelle Loi sont au
nombre de sept, à savoir le baptême, la confirmation, l'eucharistie,
la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre et le mariage, qui
diffèrent beaucoup des sacrements de l'ancienne Loi. Ceux-ci en
effet n'étaient pas cause de la grâce, ils étaient seulement la
figure de celle qui devait être donnée par la Passion du Christ. Les
nôtres en revanche contiennent la grâce et la confèrent à ceux qui
les reçoivent comme il convient.
1311 Les cinq premiers d'entre eux ont
été ordonnés pour la perfection spirituelle de chaque homme en
soi-même, les deux derniers pour la conduite et la multiplication de
l'Église entière. Par le baptême en effet nous renaissons
spirituellement ; par la confirmation nous croissons dans la grâce
et nous sommes fortifiés par la foi. Nés à nouveau et fortifiés,
nous sommes nourris par l'aliment de la divine eucharistie. Et si,
par le péché, nous tombons dans une maladie de l'âme, nous sommes
guéris spirituellement par la pénitence. Spirituellement et
corporellement, selon qu'il convient à l'âme par l'extrême-onction.
Mais par l'ordre l'Église est gouvernée et multipliée
spirituellement, par le mariage elle est accrue corporellement.
1312 Tous ces sacrements sont accomplis
par trois constituants : des choses qui en sont comme la matière,
des paroles qui en sont comme la forme, et la personne du ministre
qui confère le sacrement avec l'intention de faire ce que fait
l'Église. Si l'un de ces constituants manque, le sacrement n'est pas
accompli.
1313 Parmi ces sacrements il y en a
trois, le baptême, la confirmation et l'ordre, qui impriment dans
l'âme un caractère, c'est-à-dire un certain signe spirituel qui
distingue de tous les autres, indélébile. C'est pourquoi ils ne sont
pas réitérés dans la même personne. Les quatre autres n'impriment
pas de caractère et admettent la réitération.
1314 La première place de tous les
sacrements est tenue par le saint baptême, qui est la porte de la
vie spirituelle ; par lui nous devenons membres du Christ et du
corps de l'Église. Et comme par le premier homme la mort est entrée
en tous Rm 5,12, si nous ne renaissons pas par l'eau et
l'esprit nous ne pouvons, comme dit la Vérité, entrer dans le
Royaume des cieux Jn 3,5.
La matière de ce sacrement est l'eau vraie et
naturelle, et il n'importe pas qu'elle soit froide ou chaude.
Sa forme est : « moi je te baptise au nom du
Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Cependant nous ne nions pas
que par les mots « que tel serviteur du Christ soit baptisé au nom
du Père, du Fils et du Saint-Esprit », ou : « par mes mains est
baptisé un tel au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » ne soit
accompli un véritable baptême. Puisque la cause principale d'où le
baptême tient sa vertu est la sainte Trinité, la cause instrumentale
le ministre qui donne le sacrement externe, si l'acte qui est
exécuté par ce ministre est exprimé avec invocation de la sainte
Trinité, le sacrement est accompli.
1315 Le ministre de ce sacrement est le
prêtre à qui il incombe de par sa charge de baptiser ; mais en cas
de nécessité, ce n'est pas seulement un prêtre ou un diacre, mais
même un laïc ou une femme, bien plus un païen et un hérétique qui
peut baptiser, pourvu qu'il respecte la forme de l'Église et ait
l'intention de faire ce que fait l'Église.
1316 L'effet de ce sacrement est la
rémission de toute faute originelle et actuelle, et de tout
châtiment qui est dû pour cette faute ; par conséquent aucune
réparation ne doit être imposée aux baptisés pour leurs péchés
passés, mais s'ils meurent avant d'avoir commis une faute
quelconque, ils parviennent aussitôt au Royaume des cieux et à la
vision de Dieu.
1317 Le deuxième sacrement est la
confirmation dont la matière est le chrême fait d'huile, qui
signifie la lumière de la conscience, et de baume, qui signifie
l'odeur de la bonne réputation, béni par l'évêque.
La forme est « Je te signe du signe de la croix
et te confirme par le chrême du salut au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit ».
1318 Son ministre ordinaire est
l'évêque. Et alors que le simple prêtre peut appliquer toutes les
onctions, seul l'évêque doit conférer celle-ci, parce qu'on lit des
seuls apôtres, dont les évêques tiennent le rôle, qu'ils donnaient
le Saint-Esprit par l'imposition de la main comme le montre la
lecture des Actes des Apôtres, « Car comme les apôtres, est-il dit,
qui étaient à Jérusalem avaient appris que la Samarie avait reçu le
Verbe de Dieu, ils envoyèrent vers eux Pierre et Jean qui une fois
arrivés prièrent pour eux afin qu'ils reçoivent le Saint-Esprit ;
car il n'était encore venu en aucun d'eux, mais ils étaient baptisés
seulement au nom du Seigneur Jésus ; alors ils leur imposaient la
main et eux recevaient l'Esprit Saint » Ac 8,14-17. Au lieu
de cette imposition de la main, dans l'Église on donne la
confirmation. On lit cependant quelquefois que par une dispense du
Siège apostolique pour un motif raisonnable et tout à fait urgent un
simple prêtre avec du chrême confectionné par l'évêque a administré
le sacrement de confirmation.
1319 L'effet de ce sacrement est, parce
que en lui est donné le Saint-Esprit pour la force, comme il a été
donné aux apôtres le jour de la Pentecôte, qu'assurément le chrétien
confesse audacieusement le nom du Christ. C'est pourquoi celui qui
doit être confirmé est oint sur le front où est le siège de la
pudeur, pour qu'il ne rougisse pas de confesser le nom du Christ et
surtout sa croix qui est « scandale pour les juifs, mais pour les
païens une folie » 1Co 1,23, selon l'Apôtre ; c'est à cause
de cela qu'on se signe le front du signe de la croix.
1320 Le troisième sacrement est
l'eucharistie, dont la matière est le pain de froment et le vin de
la vigne, auquel avant la consécration doit être mêlé un tout petit
peu d'eau. On y mêle de l'eau pour la raison que d'après les
témoignages des saints Pères et docteurs de l'Église présentés
récemment dans la discussion on croit que le Seigneur lui-même a
institué ce sacrement au moyen de vin mêlé d'eau.
En outre parce que cela convient à la
représentation de la Passion du Seigneur. Le bienheureux pape
Alexandre, le cinquième à partir du bienheureux Pierre dit en effet
" Dans les offrandes des sacrements qui au cours des solennités des
messes sont offertes au Seigneur, que soient offerts en sacrifice
seulement du pain et du vin mêlé d'eau. Car dans le calice du
Seigneur on ne doit pas offrir seulement du vin ou seulement de
l'eau, mais un mélange des deux, parce que les deux, c'est-à-dire le
sang et l'eau ont coulé du flanc du Christ, lit-on Jn 19,34.
Puis aussi parce que cela convient pour
signifier l'effet de ce sacrement qui est l'union du peuple chrétien
au Christ. L'eau en effet signifie le peuple selon ce passage de
l'Apocalypse : nombreuses eaux, nombreux peuples Ap 17,15 . Et le
pape Jules, le deuxième après le bienheureux Silvestre, dit : « Le
calice du Seigneur selon la prescription des canons doit être offert
mêlé de vin et d'eau, parce que nous voyons que par l'eau on entend
le peuple, et par le vin on comprend le sang du Seigneur ; donc
quand dans le calice se mêlent le vin et l'eau, le peuple est uni au
Christ et la foule des fidèles est attachée et jointe à celui en qui
elle croit ».
Donc puisque la sainte Église romaine instruite
par les très bienheureux apôtres Pierre et Paul aussi bien que
toutes les autres Églises des Latins et des Grecs, dans lesquelles
ont brillé les lumières de toute sainteté et savoir, ont respecté
cet usage depuis le commencement de l'Église naissante et le
respectent aujourd'hui, il paraît tout à fait inconvenant qu'une
autre région quelconque soit en désaccord avec cette observance
universelle et raisonnable. Nous décrétons donc que les Arméniens,
eux aussi, se conforment à tout le monde chrétien et que leurs
prêtres, lors de l'offrande du calice, mêlent au vin un tout petit
peu d'eau, comme il a été dit.
1321 La forme de ce sacrement, ce sont
les paroles du Sauveur pour lesquelles il a effectué ce sacrement.
Car le prêtre effectue ce sacrement en parlant en la personne du
Christ. En effet par la vertu de ces paroles la substance du pain se
change en corps du Christ et celle du vin en son sang, en sorte
cependant que le Christ est contenu tout entier sous l'apparence du
pain et tout entier sous l'apparence du vin. Sous n'importe quelle
partie aussi de l'hostie consacrée et du vin consacré, une fois la
séparation faite, le Christ est tout entier.
1322 L'effet de ce sacrement, qu'il
opère dans l'âme de celui qui le reçoit dignement, est l'union de
l'homme au Christ. Et parce que par la grâce l'homme est incorporé
au Christ et uni à ses membres, il en résulte que par ce sacrement
la grâce est accrue chez ceux qui le reçoivent dignement, et tout
l'effet que la nourriture et la boisson matérielle produisent en ce
qui concerne la vie corporelle, en la soutenant, l'accroissant, la
réparant et la délectant, ce sacrement l'opère en ce qui concerne la
vie spirituelle, car par lui, comme le dit le pape Urbain (IV) ;
846 , nous repassons en pensée le souvenir plein de grâce de notre
Sauveur, nous sommes retirés du mal, confortés par le bien et nous
progressons vers un surcroît de vertus et de grâces.
1323 Le quatrième sacrement est la
pénitence, dont la matière en quelque sorte est constituée par les
actes de pénitence qui se divisent en trois sortes : la première est
la contrition du coeur à laquelle se rapporte la douleur du péché
commis avec la résolution de ne plus pécher désormais. La deuxième
est la confession de bouche pour laquelle il importe que le pécheur
confesse intégralement à son prêtre tous les péchés dont il a le
souvenir. La troisième est la réparation pour les péchés selon le
jugement du prêtre ; elle se fait surtout par l'oraison, le jeûne et
l'aumône.
La forme de ce sacrement ce sont les paroles de
l'absolution que prononce le prêtre quand il dit : « Moi je
t'absous ». Le ministre de ce sacrement est le prêtre ayant
l'autorité pour absoudre soit ordinaire soit par délégation d'un
supérieur. L'effet de ce sacrement est l'absolution des péchés.
1324 Le cinquième sacrement est
l'extrême-onction dont la matière est l'huile d'olive bénite par
l'évêque. Ce sacrement ne doit être donné qu'à un malade dont on
craint la mort il doit être oint en ces endroits : sur les yeux à
cause de la vue, sur les oreilles à cause de l'ouïe, sur les narines
à cause de l'odorat, sur la bouche à cause du goût et de la parole,
sur les mains à cause du tact, sur les pieds à cause de la marche,
sur les reins à cause de la délectation qui y a sa vigueur.
La forme de ce sacrement est celle-ci : « Par
cette onction et sa miséricorde pleine de pitié, que le Seigneur te
pardonne toutes les fautes que tu as commises par la vue » et
pareillement sur tous les autres organes.
1325 Le ministre de ce sacrement est le
prêtre. Quant à son effet il est la guérison de l'esprit et, pour
autant que cela est utile à l'âme, celle aussi du corps. De ce
sacrement le bienheureux apôtre Jacques dit : « L'un de vous est-il
malade ? qu'il fasse venir les prêtres de l'église pour qu'ils
prient sur lui, l'oignant avec de l'huile au nom du Seigneur ; et la
prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera, et
s'il est dans les péchés, ils lui seront remis » Jc 5,14.
1326 Le sixième est le sacrement de
l'ordre dont la matière est ce par transmission de quoi est conféré
l'ordre. Par exemple la prêtrise est transmise par l'acte de tendre
le calice avec le vin et la patène avec le pain. Le diaconat par la
dation du livre des évangiles et le sous-diaconat par la remise du
calice vide avec la patène vide placée au-dessus. Et pareillement
des autres par l'assignation des objets concernant leurs ministères.
La forme du sacerdoce est la suivante :
« Reçois le pouvoir d'offrir le sacrifice dans l'Église pour les
vivants et les morts, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ».
Et ainsi des formes des autres ordres, comme elles sont contenues
amplement dans le pontifical romain. Le ministre ordinaire de ce
sacrement est l'évêque. Son effet est l'accroissement de la grâce,
pour que quelqu'un soit ministre qualifié du Christ.
1327 Le septième est le sacrement du
mariage qui est le signe de l'union du Christ et de l'Église selon
l'Apôtre qui dit « C'est un grand sacrement, moi je vous le dis,
dans le Christ et dans l'Église » Ep 5,32. La cause
efficiente du mariage est régulièrement le consentement mutuel
exprimé de vive voix par des paroles.
On assigne un triple bien au mariage. Le
premier est d'avoir des enfants et de les élever en vue du culte de
Dieu. Le deuxième est la fidélité que chacun des époux doit garder
envers l'autre. Le troisième est l'indivisibilité du mariage, pour
la raison qu'il signifie l'union indivisible du Christ et de
l'Église. Et quoique, pour motif de fornication, il soit licite de
faire la séparation de lit, il n'est pourtant pas permis de
contracter un autre mariage, puisque le lien du mariage légitimement
contracté est perpétuel.
(suivent : 6 - la profession de foi dite
d'Athanase [?] 7 - le décret d'union avec les Grecs [?] ; 8 - un
décret prescrivant que certaines fêtes doivent être célébrées en
commun avec l'Église romaine ; ensuite tout se termine ainsi :)
1328 Une fois ces points expliqués, les
susdits orateurs des Arméniens en leur nom propre et au nom de leur
patriarche et de tous les Arméniens acceptent, reconnaissent et
embrassent avec une entière dévotion et obéissance ce très salutaire
décret synodal avec tous ses chapitres, déclarations, définitions,
enseignements, prescriptions et statuts, et toute la doctrine
enregistrée dans ce décret ainsi que tout ce que soutient et
enseigne le Saint-Siège apostolique et l'Église romaine. Ils
reconnaissent aussi avec respect les docteurs et saints Pères
qu'approuve l'Église romaine. Et toutes les personnes et tout ce que
l'Église romaine réprouve et condamne, eux aussi les tiennent pour
réprouvés et condamnés.
1330 La très sainte Église romaine,
fondée par la voix de notre Seigneur et Sauveur, croit fermement,
professe et prêche un seul vrai Dieu, tout-puissant, immuable et
éternel ; le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; un en essence, trine
en personnes, le Père inengendré, le Fils engendré par le Père, le
Saint-Esprit procédant du Père et du Fils ; le Père n'est pas le
Fils ou le Saint-Esprit, le Saint-Esprit n'est pas le Père ou le
Fils, mais le Père est seulement le Père, le Fils est seulement le
Fils, le Saint-Esprit est seulement le Saint-Esprit. Le Père seul a
engendré de sa substance le Fils. Le Fils seul est né du Père seul.
Le Saint-Esprit seul procède à la fois du Père et du Fils. Ces trois
personnes sont un seul Dieu, non trois dieux, parce que des trois
une est la substance, une l'essence, une la nature, une la divinité,
une l'infinité, une l'éternité, et toutes choses sont une, là où ne
se rencontre pas l'opposition d'une relation.
1331 « En raison de cette unité le Père
est tout entier dans le Fils, tout entier dans le Saint-Esprit, le
Fils est tout entier dans le Père, tout entier dans le Saint-Esprit,
le Saint-Esprit tout entier dans le Père, tout entier dans le Fils.
Aucun ne précède l'autre par son éternité ou ne l'excède en grandeur
ou ne le surpasse en pouvoir. Car c'est éternellement et sans
commencement que le Fils naît du Père, et éternellement et sans
commencement que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils ».Tout
ce que le Père est ou a, il l'a non pas d'un autre, mais de soi et
il est principe sans principe. Tout ce que le Fils est ou a, il l'a
du Père, et il est principe issu d'un principe. Tout ce que le
Saint-Esprit est ou a, il l'a à la fois du Père et du Fils. Mais le
Père et le Fils ne sont pas deux principes du Saint-Esprit, mais un
seul principe, de même que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne
sont pas trois principes de la créature, mais un seul principe.
1332 Donc tous ceux qui pensent des
choses opposées ou contraires, l'Église les condamne, les réprouve,
les anathématise et les dénonce comme étrangers au corps du Christ
qu'est l'Église. Par suite elle condamne Sabellius qui confond les
personnes et ôte complètement la distinction réelle entre elles,
elle condamne les ariens, les eunomiens, les macédoniens qui disent
que le Père est seul vrai Dieu et placent le Fils et le Saint-Esprit
au rang des créatures. Elle condamne aussi tous les autres qui
établissent des degrés ou une inégalité dans la Trinité.
1333 Elle croit très fermement,
professe et prêche que vrai Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, est le
créateur de toutes choses visibles et invisibles, qui, quand il l'a
voulu a créé par bonté toutes les créatures tant spirituelles que
corporelles, bonnes assurément parce qu'elles ont été faites par le
souverain Bien, mais muables, parce qu'elles ont été faites à partir
du néant, et elle affirme que le mal n'est pas de nature, parce que
toute nature, en tant qu'elle est nature, est bonne.
1334 Elle professe qu'un seul et même
Dieu est l'auteur de l'Ancien et du Nouveau Testament, c'est-à-dire
de la Loi et des prophètes, et des évangiles, car c'est par
l'inspiration du même Esprit Saint qu'ont parlé les saints de l'un
et l'autre Testament, dont l'Église reconnaît et vénère les livres
qui sont contenus sous les titres suivants.
1335 Cinq de Moïse, c'est-à-dire :
Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome ; Josué, Juges, Ruth,
quatre livres des Rois, deux de Paralipomènes, Esdras, Néhémie,
Tobie, Judith, Esther, Job, les Psaumes de David, les Paraboles,
l'Ecclésiaste, les Cantiques des Cantiques, la Sagesse,
l'Ecclésiastique, Isaïe, Jérémie, Baruch, Ezéchiel, Daniel, les
douze petits prophètes, c'est-à-dire : Osée, Joël, Amos, Abdias,
Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie,
les deux livres des Maccabées, les quatre évangiles de Matthieu, de
Marc, de Luc, de Jean ; les quatorze épîtres de Paul, aux Romains,
les deux aux Corinthiens, aux Galates, aux Éphésiens, aux
Philippiens, les deux aux Thessaloniciens, aux Colossiens, les deux
à Timothée et à Tite, à Philémon, aux Hébreux ; deux de Pierre ;
trois de Jean ; une de Jacques ; une de Jude ; les Actes des
Apôtres, et l'Apocalypse de Jean.
1336 C'est pourquoi elle anathématise
la folie des manichéens qui ont posé deux premiers principes, l'un
des choses visibles, l'autre des invisibles et ont dit qu'il y a un
Dieu du Nouveau Testament et un autre de l'Ancien.
1337 Elle croit fermement, professe et
prêche qu'une seule personne de la Trinité, vrai Dieu Fils de Dieu
né du Père, consubstantiel et coéternel au Père, dans la plénitude
de temps disposée par l'inscrutable profondeur du dessein divin a
pour le salut du genre humain assumé dans le ventre immaculé de la
Vierge Marie la vraie et entière nature d'un homme et se l'est
attachée dans l'unité d'une personne avec une si profonde unité que
tout ce qui en elle est de Dieu n'est pas séparé de l'homme et tout
ce qui est de l'homme n'est pas divisé de la divinité, mais qu'il
est un seul et même indivisible, chacune des deux natures subsistant
dans ses propriétés, Dieu et homme, Fils de Dieu et Fils de l'homme
égal au Père selon la divinité, inférieur au Père selon son
humanité" (Profession de foi du Pseudo-Athanase : II. Schéma
bipartite trinitaire-christologique, immortel et éternel de par la
nature de la divinité, passible et temporel de par la condition de
l'humanité assumée.
1338 Elle croit fermement, professe et
prêche que le Fils de Dieu dans l'humanité assumée est véritablement
né de la Vierge, a véritablement souffert, est véritablement mort et
a été enseveli, est véritablement ressuscité d'entre les morts, est
monté aux cieux, siège à la droite du Père, et viendra à la fin des
siècles pour juger les vivants et les morts.
1339 Elle anathématise, exècre et
condamne toute hérésie soutenant des thèses contraires. Et d'abord
elle condamne Ebio, Cérinthe, Marcion, Paul de Samosate, Photin et
tous ceux qui blasphèment semblablement qui, ne pouvant comprendre
l'union personnelle de l'humanité au Verbe Jésus Christ, notre
Seigneur, ont nié qu'il soit vrai Dieu, le reconnaissant seulement
comme homme qui, par une participation plus grande à la grâce divine
qu'il avait reçue par le mérite de sa vie plus sainte, s'était
appelé homme divin.
1340 Elle anathématise aussi Mani et
ses sectateurs qui, imaginant que le Fils de Dieu a assumé non point
un vrai corps, mais un corps apparent, ont entièrement supprimé la
vérité dans le Christ.
1341 Et aussi Valentin qui prétend que
le Fils de Dieu n'a rien pris de la Vierge Mère, mais a assumé un
corps céleste et a traversé l'utérus de la Vierge comme s'écoule
l'eau d'un aqueduc.
1342 Arius aussi qui, prétendant que le
corps assumé au sortir de la Vierge manquait d'âme, a voulu qu'au
lieu d'une âme il y ait eu la divinité.
1343 Apollinaire encore qui, comprenant
que si l'on niait une âme qui informe le corps, il n'y avait pas non
plus dans le Christ d'humanité véritable, a posé seulement une âme
sensitive, mais dit que la divinité du Verbe tenait lieu d'âme
rationnelle.
1344 Elle anathématise aussi Théodore
de Mopsueste et Nestorius qui prétendent que l'humanité a été unie
au Fils de Dieu par la grâce, et que pour cela il y a dans le Christ
deux personnes, de même qu'ils professent qu'il y a deux natures,
car ils ne pouvaient comprendre qu'il y ait eu union hypostatique de
l'humanité au Verbe et pour cette raison niaient qu'elle ait reçu la
substance du Verbe. Car selon ce blasphème ce n'est pas le Verbe qui
s'est fait chair, mais le Verbe par la grâce a habité dans la chair,
c'est-à-dire que ce n'est pas le Fils de Dieu qui s'est fait homme,
mais plutôt le Fils de Dieu qui a habité dans l'homme.
1345 Elle anathématise aussi, exècre et
condamne l'archimandrite Eutychès, qui, comprenant que selon le
blasphème de Nestorius la vérité de l'Incarnation est exclue et que
par conséquent il faut que l'humanité ait été unie au Verbe de Dieu
de telle sorte qu'il y eût une seule et même personne de la divinité
et de l'humanité et de plus ne pouvant concevoir l'unité de la
personne si la pluralité des natures restait, de même qu'il a posé
qu'il y a dans le Christ une seule personne de la divinité et de
l'humanité, il a de même prétendu qu'il y a une seule nature,
admettant avec un blasphème et une impiété extrêmes ou bien que
l'humanité s'était changée en divinité ou bien la divinité en
humanité.
1346 L'Église anathématise aussi,
exècre et condamne Macaire d'Antioche et tous ceux qui professent
des thèses semblables, qui, tout en soutenant avec vérité la dualité
des natures et l'unité de la personne, s'est pourtant démesurément
trompé sur les opérations du Christ, disant que dans le Christ les
deux natures n'avaient qu'une seule opération et une seule volonté.
La sacro-sainte Église romaine anathématise tous ces hommes avec
leurs hérésies, en affirmant qu'il y a dans le Christ deux volontés
et deux opérations.
1347 Elle croit fermement, professe et
enseigne que jamais être conçu d'un homme et d'une femme n'a été
délivré de la domination du diable, sinon par la foi en notre
Seigneur Jésus Christ médiateur entre Dieu et les hommes 1Tm 2,5,
qui, conçu, né et mort sans péché, a seul par sa mort abattu
l'ennemi du genre humain, en détruisant nos péchés, qui a de nouveau
ouvert l'entrée du Royaume céleste que le premier homme avait perdue
par son propre péché avec toute sa descendance, et dont la future
venue a été annoncée par tous les saints sacrifices, sacrements et
cérémonies de l'Ancien Testament.
1348 Elle croit fermement, professe et
enseigne que les prescriptions légales de l'Ancien Testament qui se
divisent en cérémonies, saints sacrifices, sacrements, parce qu'ils
avaient été institués pour signifier quelque chose de futur, bien
qu'en ce temps-là ils aient été adaptés au culte divin, une fois
venu notre Seigneur Jésus Christ qui était signifié par eux, ont
pris fin et qu'ont commencé les sacrements du Nouveau Testament.
Quiconque encore après la Passion met son espoir dans les
prescriptions légales et se soumet à elles en les croyant
nécessaires au salut, comme si la foi dans le Christ ne pouvait
sauver sans elles, a péché mortellement. Elle ne nie pas cependant
que, depuis la Passion du Christ jusqu'à la promulgation de
l'Évangile, elles ont pu être respectées du moins dans la mesure où
on les croyait si peu que ce fût nécessaires au salut. Mais, après
la promulgation de l'Évangile, l'Église affirme qu'elles ne peuvent
être respectées sans l'anéantissement du salut éternel.
Donc elle dénonce comme étrangers à la foi du
Christ tous ceux qui depuis ce temps-là observent la circoncision,
le sabbat et les autres prescriptions légales, et affirme qu'ils ne
peuvent pas du tout avoir part au salut éternel, sauf si un jour ils
reviennent de ces erreurs. Donc à tous ceux qui se glorifient du nom
de chrétiens, elle prescrit de manière absolue qu'à n'importe quel
moment soit avant soit après le baptême il faut renoncer à la
circoncision, que l'on place en elle ou non son espoir, elle ne peut
être respectée sans anéantissement du salut éternel.
1349 Au sujet des enfants, en raison du
péril de mort qui peut souvent se rencontrer, comme il n'est pas
possible de leur porter secours par un autre remède que par le
sacrement du baptême, par lequel ils sont arrachés à la domination
du diable et sont adoptés comme enfants de Dieu, elle avertit qu'il
ne faut pas différer le baptême pendant quarante ou quatre-vingts
jours ou une autre durée, comme font certains, mais qu'il doit être
conféré le plus tôt qu'il sera commodément possible, mais de telle
sorte que, s'il y a péril de mort immédiat, ils soient baptisés sans
aucun délai, même par un laïc ou une femme, dans la forme de
l'Église, si un prêtre fait défaut, comme il est contenu plus
complètement dans le décret des Arméniens 1315.
1350 Elle croit fermement, professe et
prêche que toute créature de Dieu est bonne « et que rien n'est à
rejeter, si on le reçoit avec action de grâces » 1Tm 4,4,
parce que selon la parole du Seigneur : « Ce n'est pas ce qui entre
dans la bouche qui souille l'homme » Mt 15,11, et elle
affirme que la différence que fait la Loi de Moïse entre aliments
purs et impurs appartient à ce qui est cérémoniel, qui avec
l'apparition de l'Évangile s'est effacé et a cessé d'être efficace.
Elle dit aussi que l'interdiction faite par les apôtres « des
viandes immolées aux idoles, du sang, de la chair étouffée » Ac
15,29, convenait à ce temps-là où, des juifs et des gentils qui
vivaient avec des cérémonies et des mœurs différentes, naissait une
seule Église, de sorte que, les gentils aussi observaient certaines
choses en commun avec les juifs, et que l'occasion était offerte de
se rassembler dans un même culte de Dieu et la même foi, et qu'un
sujet de dissension était supprimé, puisque les juifs en raison de
leur antique tradition considéraient comme abominable le sang et la
chair étouffée, et on pouvait penser qu'en mangeant la viande
immolée les gentils reviendraient à l'idolâtrie. Mais quand la
religion chrétienne se fut propagée jusqu'à un point tel qu'on ne
voyait plus en elle un seul juif charnel, mais que tous ceux qui
passaient à l'Église communiaient dans les mêmes rites et cérémonies
de l'Évangile, croyant qu’« aux purs tout est pur » Tt 1,15,
la cause de cette interdiction apostolique ayant cessé, elle prit
fin.
Elle proclame donc qu'aucune sorte de
nourriture qu'accepte la société humaine ne doit être condamnée, et
qu'aucune distinction ne doit être faite entre les animaux par qui
que ce soit, homme ou femme, et de quelque genre de mort qu'ils
périssent, bien que pour la santé du corps, pour l'entraînement à la
vertu, pour la discipline régulière et ecclésiastique beaucoup
d'entre eux qui ne sont pas interdits doivent être écartés ; car
selon l'Apôtre « toutes sont permises, mais toutes ne sont pas
avantageuses » 1Co 6,12 ; 1Co 10,23.
1351 Elle croit fermement, professe et
prêche qu’« aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l'Église
catholique, non seulement païens mais encore juifs ou hérétiques et
schismatiques ne peuvent devenir participants à la vie éternelle,
mais iront “dans le feu éternel qui est préparé par le diable et ses
anges” Mt 25,41, à moins qu'avant la fin de leur vie ils ne
lui aient été agrégés ; elle professe aussi que l'unité du corps de
l'Église a un tel pouvoir que les sacrements de l'Église n'ont
d'utilité en vue du salut que pour ceux qui demeurent en elle, pour
eux seuls jeûnes, aumônes et tous les autres devoirs de la piété et
exercices de la milice chrétienne enfantent les récompenses
éternelles, et que “personne ne peut être sauvé, si grandes que
soient ses aumônes, même s'il verse son sang pour le nom du Christ,
s'il n'est pas demeuré dans le sein et dans l'unité de l'Église
catholique” ».
1352 Mais parce que dans le décret des
Arméniens rapporté ci-dessus n'a pas été expliquée la formule qu'a
toujours eu coutume d'employer, dans la consécration du Corps et du
Sang du Seigneur la sacro-sainte Église romaine, affermie par la
doctrine et l'autorité des apôtres Pierre et Paul, nous pensons
qu'il faut l'introduire dans les présentes. Dans la consécration du
Corps du Seigneur elle utilise cette formule : « Ceci est mon
corps » ; dans celle du Sang : « Car ceci est le calice de mon sang,
nouvelle et éternelle alliance, mystère de foi, qui pour vous et
pour beaucoup sera répandu en rémission des péchés ».
Quant au pain de froment dans lequel
s'accomplit le sacrement, il est absolument sans importance qu'il
ait été cuit ce jour-là, ou plus tôt ; car pourvu que la substance
du pain subsiste, il ne faut absolument pas douter que, après que
les mots cités de la consécration du Corps ont été prononcés par le
prêtre avec l'intention de l'accomplir, il sera aussitôt
transsubstantié dans le vrai Corps du Christ.
1353 Puisque, assure-t-on, certains
rejettent comme condamnées des quatrièmes noces, pour qu'on ne croie
pas qu'il y ait un péché là où il n'y en a pas, comme selon l'Apôtre
quand le mari est mort l'épouse est libérée de sa loi et a la
permission d'épouser qui elle veut dans le Seigneur Rm 7,2 ; 1Co
7,39, et qu'il ne distingue pas si le mort est son premier, son
deuxième ou son troisième mari, nous déclarons que peuvent être
licitement contractées non seulement des deuxièmes et des
troisièmes, mais encore des quatrièmes et davantage, si n'y fait pas
obstacle un empêchement canonique. Cependant nous disons que sont
plus louables celles qui s'abstenant ensuite du mariage demeureront
dans la chasteté, parce que nous estimons que si la virginité est
préférable au veuvage, de même un chaste veuvage est loué, à juste
titre comme préférable à des noces.

NICOLAS V : 6 mars 1447 – 24/25 mars 1455
CALIXTE III : 8 avril 1455 – 6 Août 1458
1355 Une supplique qui Nous a été
récemment adressée disait que depuis très longtemps, et de mémoire
d'homme on ne se souvient plus du contraire, dans différentes
parties de l'Allemagne, pour le bien commun des hommes parmi les
habitants de ces contrées et ceux qui y séjournent, s'était établie
et avait été gardée jusqu'à présent la coutume suivante :
les habitants et les résidents, ceux du moins à
qui leur condition ou leur avantage leur en suggérait l'utilité,
avaient l'habitude de vendre les revenus ou rentes annuelles en
marcs, florins et gros — monnaies qui ont cours dans ces pays —
provenant de leurs biens, maisons, champs, fonds, possessions ou
héritages et, pour chaque marc, florin ou gros, de recevoir en
espèces des acquéreurs de ces revenus ou rentes un prix déterminé
convenable, variant selon les époques, selon les conventions
intervenues à ce sujet entre les vendeurs et les acheteurs
eux-mêmes, hypothéquant de façon efficace par le paiement de ces
revenus ou rentes ceux des biens, des terres, des champs, des fonds,
des possessions et des héritages qui étaient expressément mentionnés
dans ces contrats ; en faveur de ces vendeurs ; il était ajouté
ceci :
Si ceux-ci restituent aux acheteurs en tout ou
en partie la somme reçue d'eux, ils sont entièrement libres, en
proportion de cette restitution, de l'obligation de payer les
revenus ou rentes afférant à la somme restituée, mais que ces mêmes
acheteurs, même si ces biens, maisons, terres, champs, possessions
et héritages ont été entièrement détruits ou dévastés avec le temps,
ne pouvaient pas recouvrer la somme versée elle-même, même en
recourant aux tribunaux.
1356 Certains cependant sont hésitants
et inquiets, se demandant si les contrats de ce genre doivent être
considérés comme licites. C'est pourquoi certains qui les
considèrent comme usuraires en prennent occasion pour refuser le
paiement des revenus et des rentes qu'ils doivent. ...
1357 Nous donc..., pour lever à ce
sujet toute équivoque et toute incertitude, en vertu de notre
autorité apostolique, nous déclarons par les présentes que les
contrats précités sont licites et conformes au droit, et que ces
vendeurs, toute opposition cessant, sont tenus effectivement au
paiement de ces rentes et de ces revenus conformément à la teneur
des contrats en question.
PIE II : 19 Août 1458 – 14 Août 1464
1361 (1) Le monde doit être consumé et
prendre fin de façon naturelle, la chaleur du soleil consumant
l'humidité de la terre et de l'air en sorte que les éléments
s'enflamment.
1362 (2) Et tous les chrétiens doivent
être sauvés.
1363 (3) Et aussi : Dieu a créé un
autre monde encore que celui-ci, et dans le temps de ce dernier il a
existé beaucoup d'autres hommes et de femmes, et que par conséquent
Adam n'a pas été le premier homme.
1364 (4) De même Jésus Christ n'a pas
souffert et n'est pas mort pour la Rédemption par amour pour le
genre humain mais en raison de l'influence nécessitante des astres.
1365 (5) De même : Jésus Christ, Moïse
et Mahomet ont dirigé le monde selon leur bon plaisir.
1366 (6) De même : notre Seigneur Jésus
Christ est né illégitime, et il n'est pas dans l'hostie consacrée
selon l'humanité mais seulement selon la divinité.
1367 (7) La luxure en dehors du mariage
n'est un péché qu'à raison de son interdiction par des lois
positives, et c'est pourquoi elles ont moins bien réglé les choses,
et c'est seulement par son interdiction par l'Église qu'il est
empêché de suivre l'opinion d'Épicure comme vraie.
1368 (8) En outre : s'emparer de choses
d'autrui n'est pas un péché mortel, même si cela se fait contre le
gré du propriétaire.
1369 (9) Enfin la Loi chrétienne
prendra fin de par la succession d'une autre loi, de même que la Loi
de Moise a pris fin de par la Loi du Christ.
1375 En ce temps de tempête est né cet
abus exécrable et inconnu des temps anciens que certains, imbus
d'esprit de rébellion, non pas par désir d'un jugement plus sain,
mais pour échapper à un péché qu'ils ont commis, osent faire appel
du pontife romain, le vicaire du Christ, à qui il a été dit dans la
personne du bienheureux Pierre « Pais mes brebis » Jn 21,17
et « Tout ce que tu auras lié sur terre sera lié aussi dans les
cieux » Mt 16,19, à un concile futur. ... C'est pourquoi,
voulant rejeter loin de l'Église du Christ ce poison pernicieux...,
nous condamnons les appels de cette sorte et nous les réprouvons
comme erronés et détestables.
1385 (...) En vertu de l'autorité
apostolique Nous statuons et ordonnons par les présentes que
désormais il ne sera plus permis à aucun des Frères précités
(Mineurs et Prêcheurs) de disputer, de prêcher et de parler
publiquement ou en privé au sujet de la question douteuse susdite,
ou d'en persuader d'autres que c'est manifestement une hérésie ou un
péché que de tenir ou de croire (comme il est présupposé) que le
très saint sang était à part ou séparé de quelque façon que ce soit
de la divinité durant les trois jours de la Passion de notre
Seigneur Jésus Christ, et cela jusqu'au moment où par une décision
concernant ce doute il aura été défini par Nous et par le Siège
apostolique ce qui doit être tenu.
PAUL II : 30 août 1464 – 26 juillet 1471
SIXTE IV : 9 août 1471 – 12 août 1484
1391 (1) Lorsqu'en Luc 1 Élisabeth
parle et dit à la bienheureuse Vierge Marie « Bienheureuse es-tu qui
as cru, parce que s'accomplira en toi ce qui t'a été dit par le
Seigneur » Lc 1,45, elle semble donner à entendre que ces
propositions, à savoir « « Tu enfanteras un fils et tu lui donneras
nom de Jésus ; il sera grand » etc. Lc 1,31 s. n'avaient pas
encore de vérité.
1392 (2) De même : lorsqu'à la fin de
Luc le Christ dit après la Résurrection « Il faut que s'accomplisse
tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les prophètes
et les Psaumes » Lc 24,44, il semble avoir donné à entendre
que de telles propositions étaient auparavant dénuées de vérité.
1393 (3) De même He 10 où
l'Apôtre dit : « La loi a l'esquisse des biens à venir » et « non
l'expression des réalités elles-mêmes » He 10,1, il semble
donner à entendre que les propositions de la Loi ancienne, qui
portent sur le futur, n'avaient pas encore de vérité déterminée.
1394 (4) De même, qu'il ne suffit pas
pour la vérité d'une proposition concernant le futur qu'une chose
sera, mais il est requis qu'elle sera sans qu'il puisse y être mis
obstacle.
1395 (5) De même il est nécessaire de
dire l'un des deux ou bien qu'il n'y a pas dans les articles de foi
concernant le futur de vérité présente ou actuelle, ou bien que ce
qui est signifié par eux n'a pas pu être empêché par la volonté
divine.
1396 (Censure :) scandaleuses et qui
dévient du chemin de la foi catholique.
1398 Et pour procurer le salut des âmes
dans le temps surtout où plus que jamais elles ont besoin des
suffrages des autres et où moins que jamais elles peuvent s'aider
elles-mêmes, Nous voulons en vertu de notre autorité apostolique
venir au secours, avec le trésor de l'Église, des âmes séjournant au
purgatoire qui ayant quitté la lumière du jour unis au Christ par
l'amour ont mérité, durant leur vie, que leur soit accordée une
telle indulgence ; animés d'une affection paternelle, autant que
Nous le pouvons avec Dieu, Nous concédons et accordons, confiants en
la miséricorde divine et en la plénitude du pouvoir, que si des
parents, des amis, ou d'autres fidèles du Christ animés par la
piété, donnent — pour le bénéfice de ces âmes qui au purgatoire sont
exposées au feu pour l'expiation des peines dues au péché — durant
ladite période de dix ans et lors de la visite de l'église une somme
déterminée ou une valeur en vue de la réfection de l'église de
Saintes, selon ce qu'a ordonné le doyen et le chapitre de ladite
église ou notre collecteur, ou s'ils l'envoient par un messager à
choisir par eux durant la même période de dix ans, Nous voulons que
cette indulgence plénière par mode de suffrage 1405 vale pour la
rémission des péchés de ces âmes du purgatoire pour lesquelles —
comme il est présupposé — on aura acquitté ladite somme d'argent ou
valeur, et qu'elle soit à leur bénéfice.
L'immaculée
Conception de Marie.
1400 Lorsque nous scrutons, en
recherchant avec une considération, les marques insurpassables des
mérites grâce auxquels la reine des cieux, la glorieuse Marie Mère
de Dieu portée dans les hauteurs du ciel, resplendit parmi les
astres comme l'étoile du matin..., nous jugeons qu'il est digne, ou
plutôt qu'il est un devoir, d'inviter tous les fidèles du Christ
pour le pardon et la rémission de leurs péchés, à rendre grâces et
louanges au Dieu tout-puissant pour l'admirable conception de la
Vierge immaculée. Sa providence considérant de toute éternité
l'humilité de cette Vierge, voulant réconcilier avec son Créateur la
nature humaine assujettie à la mort par la chute du premier homme,
en a fait la demeure de son Fils unique en la préparant par le
Saint-Esprit ; d'elle il a pu prendre la chair de notre condition
mortelle pour racheter son peuple, cependant qu'elle demeurait
vierge après son enfantement. Nous invitons les fidèles à célébrer
la messe et les autres offices divins institués à cette fin dans
l'Église de Dieu et à y assister, pour que, par les mérites et
l'intercession de cette même Vierge, ils deviennent dignes de la
grâce divine.
1405 Il Nous a donc été rapporté ces
derniers mois, qu'à l'occasion de la publication de l'indulgence
concédée à une autre occasion à l'Église de Saintes 1398, plusieurs
scandales et dangers ont surgi, et que certains prédicateurs... ont
mal interprété notre écrit, et qu'à l'occasion de l'indulgence
susdite que Nous avons concédée par mode de suffrage pour les âmes
du purgatoire, ils ont affirmé et affirment encore publiquement
qu'il n'est plus nécessaire de prier ou de présenter de pieux
suffrages pour ces âmes. De ce fait beaucoup ont été retenus de bien
faire.
Voulant parer à de tels scandales et de telles
erreurs en vertu de notre office de pasteur, Nous avons écrit par
nos Brefs à divers prélats de cette région pour qu'ils expliquent
aux fidèles du Christ que cette indulgence plénière par mode de
1406 Il y a peu cependant Nous avons
appris, non sans grand déplaisir pour notre cœur, que certains ont
interprété ces paroles de façon moins juste et tout autrement que
selon ce qu'a été et est notre intention. ... En effet Nous...
n'avons pas écrit et expliqué aux prélats susdits que l'indulgence
plénière précitée semble profiter autant aux âmes séjournant au
purgatoire que si des prières dévotes étaient faites et des aumônes
pies étaient faites ; non qu'il ait été ou qu'il soit dans notre
intention ou que Nous voulions inférer que l'indulgence ne profite
et ne peut pas davantage que les aumônes et les prières, ou que les
aumônes et les prières profitent et peuvent autant qu'une indulgence
par mode de suffrage, puisque Nous savons que les prières et les
aumônes sont très éloignées d'une indulgence par mode de suffrage ;
mais Nous disions qu'elle vaut « autant », ce qui veut dire de la
manière, « que si » ce qui veut dire de la manière dont valent mes
prières et les aumônes. Et parce que les prières et les aumônes
valent comme des suffrages accomplis pour les âmes, Nous, à qui est
conférée d'en haut la plénitude du pouvoir, désireux d'apporter aux
âmes du purgatoire aide et suffrage puisés dans le trésor de
l'Église universelle qui consiste dans les mérites du Christ et de
ses saints et qui Nous a été confié, Nous avons concédé l'indulgence
susdite, de telle sorte cependant que les fidèles eux-mêmes
présentent ces suffrages pour les âmes que les âmes des défunts ne
peuvent plus présenter par elles-mêmes. C'est cela que Nous avons
pensé et pensons dans nos écrits...
1407 De même que notre désir saint et
louable ne peut donc être condamné par personne à bon droit, de même
l'intention et la saine compréhension qui vise seulement un bien
manifeste ne doivent pas être combattues par le moyen de
l'ambiguïté, puisque selon la règle de la science théologique toute
proposition qui contient en elle un sens douteux doit toujours être
comprise selon le sens qui conduit à une affirmation vraie.
C'est pourquoi... par les présentes Nous
décidons et déclarons de notre propre mouvement que dans tous nos
écrits notre intention a toujours été et est aussi maintenant que
cette indulgence plénière par mode de suffrage pour les âmes
séjournant au purgatoire ainsi concédée, vaut et porte secours de la
manière dont la position commune des docteurs reconnaît qu'elles
valent et portent secours.
1411 (1) La confession des péchés en
détail, qui provient en réalité d'un statut de l'Église universelle,
n'est pas connue de par le droit divin.
1412 (2) Pour ce qui est de la faute et
de la peine, les péchés mortels sont effacés dans l'autre monde sans
confession par la seule contrition du coeur,
1413 (3) et les pensées dépravées le
sont par le seul déplaisir.
1414 (4) Que la confession soit secrète
n'est pas exigé de façon nécessaire.
1415 (5) Ceux qui se confessent ne
doivent pas être absous avant d'avoir accompli la pénitence.
1416 (6) Le pontife romain ne peut pas
remettre les peines du purgatoire,
1417 (7) ni dispenser de ce qui a été
déterminé par l'Église universelle.
1418 (8) Pour ce qui concerne la
collation de la grâce, le sacrement de la pénitence est un sacrement
de la nature, mais non de l'institution du Nouveau ou de l'Ancien
Testament.
1419 (Censure :) Pour prendre une
mesure de prudence plus grande, Nous déclarons... que les
propositions précitées sont fausses, toutes et chacune, contraires à
la sainte foi catholique, erronées et scandaleuses et totalement
étrangères à la vérité de l'Évangile, et contraires aussi aux
décrets des saints Pères et à d'autres constitutions apostoliques,
et qu'elles contiennent une hérésie manifeste.
L'Immaculée
Conception de Marie.
1425 Bien que la sainte Église romaine
célèbre publiquement et solennellement la fête de la conception de
l'immaculée et toujours Vierge Marie et qu'elle a institué un office
spécial et particulier à son sujet, certains prédicateurs de divers
ordres, comme Nous l'avons appris, n'ont pas eu honte jusqu'ici
d'affirmer publiquement au peuple de diverses villes et régions, et
ne cessent de prêcher chaque jour, que pèchent mortellement ou sont
hérétiques tous ceux qui tiennent ou affirment que cette même
glorieuse et immaculée Mère de Dieu a été conçue sans la tache du
péché originel, et qu'ils pèchent mortellement ou sont hérétiques
s'ils célèbrent l'office de cette Immaculée Conception et qu'ils
écoutent les sermons de ceux qui affirment qu'elle a été conçue sans
cette tache.
1426 (...) Dans l'intention de Nous
opposer à ces hardiesses téméraires..., Nous réprouvons et
condamnons — de notre propre mouvement, non à 1a demande d'une
requête quelconque qui nous aurait été présentée à ce sujet, mais
suite uniquement à notre propre délibération et de science certaine
— ces assertions de ces prédicateurs et des autres, quels qu'ils
soient, qui osent affirmer que ceux qui croient et tiennent que la
mère de Dieu a été préservée du péché originel dans sa conception
seraient à cause de cela entachés d'hérésie ou qu'ils pécheraient
mortellement, ou que s'ils célèbrent cet office de la conception ou
entendent ces sermons ils encourraient la faute d'un péché ; ces
affirmations Nous les réprouvons et les condamnons par les
présentes, en vertu de l'autorité apostolique, comme fausses,
erronées et totalement contraires à la vérité, ainsi que les livres
précités qui ont été publiés avec ce contenu ;... Nous soumettons à
la même peine et à la même censure ceux qui osent affirmer que les
tenants de l'opinion contraire, à savoir que la glorieuse Vierge
Marie a été conçue sans le péché originel, se rendent coupables
d'hérésie ou d'un péché mortel, puisque la chose n'a pas encore été
décidée par l'Église romaine et par le Siège apostolique.
INNOCENT VIII : 29 août 1484 – 25 juillet 1492.
1435 Comme Nous l'a fait savoir une
requête qui Nous a présentée il y a peu et venant de toi, il t'a été
concédé, en vertu de privilèges et d'indults apostoliques, à toi et
aux abbés des quatre monastères précités, pour le temps où ils
exercent leur fonction, que soient en vigueur les autorisations de
conférer tous les ordres mineurs aux personnes de cet ordre à
l'intérieur des monastères précités, de bénir les nappes d'autel et
d'autres ornements d'Église, de faire usage de la mitre, de l'anneau
et des autres insignes pontificaux, ainsi que de donner dans leur
propre monastère et dans les autres monastères ou prieurés qui leur
sont soumis, et dans les églises paroissiales ou autres qui leur
appartiennent en totalité ou en partie — même si elles ne devaient
pas leur être soumises de plein droit —,la bénédiction solennelle
après la célébration de la messe, des vêpres et des matines, dès
lors qu'aucun évêque ou légat du Siège apostolique n'est présent
lors d'une telle bénédiction... :
Nous qui entourons cet ordre avant les autres
d'un amour affectueux et qui avons l'intention de le gratifier de
grâces et de privilèges qui ne soient pas moindres que ce qu'ont
accordé nos prédécesseurs, disposés à répondre à tes demandes sur ce
point, Nous t'accordons par les présentes comme une faveur spéciale,
en vertu de l'autorité apostolique et de science certaine, à toi et
à tes successeurs et aux abbés susdits des autres quatre monastères
précités, que maintenant et durant le temps où ils exerceront leur
fonction, vous et eux vous pourrez à l'avenir, de façon libre et
licite, bénir les vêtements et les ornements d'Église mentionnés
ci-dessus et tous les autres..., consacrer les calices..., consacrer
les autels en tous les lieux de l'ordre avec le saint chrême reçu
auparavant d'un évêque catholique, et aussi donner la bénédiction
solennelle après la célébration de la messe, des vêpres et des
matines, et pour que les moines de l'ordre susdit ne soient pas
contraints de courir de-ci, de-là en dehors du monastère pour
recevoir les ordres du sous-diaconat et du diaconat, vous pourrez
conférer régulièrement ces autres ordres du sous-diaconat et du
diaconat à ceux que vous aurez trouvés aptes, toi et tes
successeurs, à tous les moines de l'ordre susdit, et les quatre
abbés précités et leurs successeurs aux religieux des monastères
susmentionnés...
ALEXANDRE VI : 11 août 1492 – 18 août 1503
PIE III : 22 septembre – 18 octobre 1503
JULES II : 31 octobre 1503 – 21 février 1513
·
5e
concile du LATRAN (18e
œcuménique) 3 mai 1512-16 mars 1517
LÉON X : 11 mars 1513 – 1er décembre 1521
1440 De nos jours... le semeur de
zizanie, l'antique ennemi du genre humain Mt 13,25, a osé à
nouveau semer et multiplier dans le champ du Seigneur des erreurs
très pernicieuses, qui ont toujours été rejetées par les fidèles, au
sujet de l'âme et principalement de l'âme raisonnable, à savoir que
celle-ci serait mortelle et unique en tous les hommes. Et certains,
s'adonnant à la philosophie avec témérité, soutiennent que cela est
vrai, au moins selon la philosophie :
Désirant appliquer un remède opportun contre
cette peste, avec l'approbation de ce saint concile, Nous condamnons
et réprouvons tous ceux qui affirment que l'âme intellective est
mortelle ou unique en tous les hommes, ou qui sont dans le doute à
ce sujet.
En effet, non seulement celle-ci est vraiment,
par soi et essentiellement forme du corps humain, comme il est dit
dans le canon de notre prédécesseur, le pape Clément V, publié au
concile de Vienne 902 , mais elle est à la vérité immortelle,
sujette à la multiplicité selon la multiplicité des corps dans
lesquels elle est infusée, effectivement multipliée et sujette à
être multipliée dans l'avenir. ...
1441 Puisque la vérité ne peut
aucunement être contraire à la vérité, Nous définissons donc comme
étant complètement fausse toute assertion contraire à la vérité de
la foi éclairée 3017 , et Nous interdisons avec la plus grande
rigueur de permettre que soit enseignée une position différente. Et
Nous décidons que tous ceux qui adhèrent à l'affirmation d'une telle
erreur, en disséminant de la sorte les hérésies les plus
condamnables, doivent être totalement évités et punis, comme étant
de détestables et abominables hérétiques et infidèles qui ébranlent
la foi catholique.
1442 Certains maîtres et docteurs
disent que ces monts ne sont pas licites lorsque, après un certain
temps, les administrateurs de tels monts exigent des pauvres mêmes à
qui le prêt est fait quelque chose de plus que le capital ; pour
cette raison, ces monts n'échapperaient pas au crime d'usure...
puisque notre Seigneur, comme l'atteste l'évangéliste Luc Lc
6,34 ss., nous a obligés par un précepte clair à ne pas
attendre d'un prêt plus que le capital. En effet, il y a précisément
usure lorsque, par suite de l'usage d'une chose qui ne produit pas
de fruits, l'on s'efforce d'obtenir un surplus et un fruit sans
effort, sans frais et sans risques. ...
1443 De nombreux autres maîtres et
docteurs affirment... que, pour un bien si grand et si nécessaire à
la chose publique, rien ne doit être exigé ni espéré en raison du
seul prêt, mais que, pour indemniser ces mêmes monts pour les
dépenses des mêmes administrateurs et pour tout ce qui se rattache à
leur nécessaire entretien, il est permis, sans faire preuve de lucre
et pourvu que ce soit nécessaire et modéré, d'exiger et de prélever
quelque chose de la part de ceux qui sont avantagés par un tel prêt,
puisque la règle de droit prévoit que celui qui profite du bienfait
doit aussi porter le fardeau, en particulier lorsque l'autorité
apostolique y consent. Ces derniers maîtres et docteurs montrent
d'autre part que cette position a été approuvée par nos
prédécesseurs, les pontifes romains d'heureuse mémoire, Paul II,
Sixte IV, Innocent VIII, Alexandre VI et Jules II.
1444 Nous voulons donc Nous occuper de
cette question comme il convient par souci de justice, d'une part,
afin de ne pas ouvrir l'abîme de l'usure, par amour de la piété et
de la vérité, d'autre part, afin de subvenir aux besoins des
pauvres. En entretenant ces deux préoccupations, puisqu'elles
paraissent concerner la paix et la tranquillité de toute république
chrétienne, avec l'approbation du saint concile, Nous déclarons et
définissons que les monts-de-piété déjà mentionnés, créés par les
républiques et approuvés et confirmés depuis ce temps par l'autorité
du Siège apostolique, dans lesquels, en compensation et en
indemnisation des seules dépenses encourues pour leurs
administrateurs et les autres choses qui concernent leur maintien,
on reçoit quelque chose de modéré en plus du prêt, sans lucre et à
titre d'indemnité, ne présentent pas d'apparence de mal, n'incitent
pas au péché et ne doivent d'aucune façon être condamnés ; bien
plus, Nous déclarons et définissons qu'un tel prêt est méritoire,
qu'il doit être loué et approuvé, qu'il ne doit aucunement être
réputé usuraire...
Nous voulons que tous... ceux qui désormais
oseront prêcher ou disputer, oralement ou par écrit, à l'encontre de
la présente déclaration et décision... encourent la peine d'une
excommunication déjà portée...
1445 Nous estimons ne pas pouvoir ni
devoir, sans manquer à notre conscience..., être retenu ni empêché
de révoquer cette (Pragmatique) Sanction (de Bourges) si néfaste, ni
ce qu'elle contient.
Le fait que cette même Sanction et son contenu
aient été publiés au concile de Bâle et que, pendant la tenue du
concile, ils aient été reçus et acceptés par l'assemblée de Bourges,
ne doit pas Nous impressionner puisque tout cela a été fait après le
transfert du même concile de Bâle (à Ferrare, le 18 septembre 1437)
par le pape Eugène IV, notre prédécesseur, par le conciliabule de
Bâle... et ne pouvait donc plus avoir aucune valeur. En effet, non
seulement au témoignage de la sainte Écriture, des affirmations des
saints Pères et des autres pontifes romains, nos prédécesseurs, et
des décrets des saints canons, mais aussi du propre aveu de ces
mêmes conciles, il apparaît clairement que seul le pontife romain en
exercice, du fait qu'il a autorité sur tous les conciles, a plein
droit et plein pouvoir de convoquer, de transférer et de dissoudre
les conciles...
1447 (...) Pour qu'à l'avenir personne
ne puisse alléguer qu'il ignore la doctrine de l'Église romaine sur
ces indulgences et leur efficacité, ni s'excuser en prétextant
l'ignorance, ni recourir à une protestation sans fondement, mais
pour qu'on puisse convaincre ces gens d'être coupables de mensonge
notoire et les condamner justement, Nous avons pensé devoir vous
signifier par cette lettre ce que l'Église romaine, que les autres
doivent suivre comme leur mère, a enseigné :
1448 Le pontife romain, successeur de
Pierre, détenteur des clés et vicaire de Jésus Christ sur terre, en
vertu du pouvoir des clés qui ouvrent le Royaume des cieux en
enlevant dans les fidèles ce qui y fait obstacle, c'est-à-dire la
coulpe et la peine due pour les péchés actuels : la coulpe, au moyen
du sacrement de pénitence, la peine temporelle due, selon la justice
divine, au moyen de l'indulgence de l'Église, peut, pour de justes
raisons, concéder à ces fidèles, membres du Christ par le lien de la
charité, qu'ils soient en cette vie ou au purgatoire, des
indulgences tirées de la surabondance des mérites du Christ et des
saints. Quand, en vertu de son autorité apostolique, il concède
l'indulgence pour les vivants comme pour les morts, il distribue
selon sa coutume le trésor des mérites de Jésus Christ et des
saints, en appliquant l'indulgence elle-même par l'absolution ou en
l'appliquant par manière d'intercession.
C'est pourquoi tous ceux, vivants ou morts, qui
ont reçu vraiment cette indulgence, sont libérés de la peine
temporelle due, selon la justice divine, pour leurs péchés actuels,
dans la mesure équivalente à l'indulgence concédée ou acquise.
1449 Et nous décrétons en vertu de
l'autorité apostolique et par la teneur des présentes, qu'ainsi tous
doivent penser et prêcher sous peine d'excommunication latæ
sententiæ.
1451 1. C'est une opinion hérétique,
mais fréquente, que les sacrements de la Loi nouvelle donnent la
grâce sanctifiante à ceux qui n'y mettent pas obstacle.
1452 2. Nier que le péché demeure dans
un enfant après le baptême est fouler aux pieds tout à la fois Paul
et le Christ.
1453 3. Le foyer du péché empêche
l'entrée du ciel pour l'âme qui quitte son corps, même s'il n'y a
pas de péché actuel.
1454 4. La charité imparfaite du
mourant comprend nécessairement une grande crainte qui par elle-même
suffit à entraîner la peine du purgatoire et qui empêche d'entrer au
ciel.
1455 5. Les trois parties de la
pénitence, contrition, confession et satisfaction, n'ont de
fondement ni dans la sainte Écriture, ni chez les saints docteurs
anciens du christianisme.
1456 6. La contrition, que préparent la
recherche, la récapitulation et la détestation des péchés, lorsqu'on
repense à sa vie dans l'amertume de son coeur Is 38,15, en
pesant la gravité, le nombre et la laideur des péchés, en voyant la
béatitude éternelle perdue et la damnation éternelle encourue, cette
contrition rend hypocrite et même plus pécheur.
1457 7. Très vrai et plus excellent que
tous les enseignements donnés jusqu'à ce jour sur les sortes de
contrition est le proverbe : « Ne pas faire le mal à l'avenir est
souveraine pénitence ; la meilleure pénitence, c'est la vie
nouvelle ».
1458 8. N'aie nullement la présomption
de confesser les péchés véniels ni même tous les pêchés mortels, car
il est impossible que tu connaisses tous tes péchés mortels. Voilà
pourquoi dans la primitive Église, on confessait seulement les
péchés mortels manifestes.
1459 9. Quand nous voulons confesser
tous nos péchés clairement, nous voulons équivalemment ne rien
laisser pardonner à la miséricorde de Dieu.
1460 10. Personne n'a ses péchés remis
s'il ne croit qu'ils sont remis quand le prêtre les remet ; bien
plus, le péché demeurerait si l'on ne croyait qu'il est remis ; car
la remise des péchés et la donation de la grâce ne suffisent pas,
mais il faut encore croire que le péché est remis.
1461 11. Tu ne dois nullement avoir
confiance d'être absous à cause de ta contrition, mais à cause de la
parole du Christ « Ce que tu délieras », etc. Mt 16,19. C'est
pourquoi, je te le dis, aie confiance si tu as obtenu l'absolution
du prêtre, et crois fortement que tu es absous tu seras vraiment
absous, quoi qu'il en soit de la contrition.
1462 12. Si par impossible un pénitent
n'était pas contrit, ou si le prêtre ne l'absolvait pas
sérieusement, mais par plaisanterie, si pourtant le pénitent se
croit absous, il l'est en toute vérité.
1463 13. Dans le sacrement de pénitence
et dans la rémission des péchés, le pape ou un évêque ne fait pas
plus que le moindre des prêtres ; bien plus, là où il n'y aurait pas
de prêtre, n'importe quel chrétien, même une femme ou un enfant, en
peut tout autant.
1464 14. Personne n'est obligé de
répondre au prêtre qu'il est contrit, et le prêtre ne doit pas le
demander.
1465 15. Grande est l'erreur de ceux
qui s'approchent du sacrement de l'eucharistie en ayant confiance de
s'être confessés, de n'être conscients d'aucun péché mortel, d'avoir
fait précéder des prières et des préparations : tous ceux-là mangent
et boivent leur jugement. Mais s'ils croient et s'ils ont confiance
d'obtenir la grâce, cette seule foi les rend purs et dignes.
1466 16. Il semble opportun que
l'Église décide dans un concile commun de donner la communion aux
laïcs sous les deux espèces et les gens de Bohème qui communient
sous les deux espèces ne sont pas des hérétiques mais des
schismatiques.
1467 17. Les trésors de l'Église d'où
le pape donne les indulgences, ne sont pas les mérites du Christ et
des saints.
1468 18. Les indulgences sont une
pieuse fraude pour les fidèles et une dispense des bonnes oeuvres ;
elles sont du nombre des choses permises, pas du nombre des choses
utiles.
1469 19. Les indulgences pour ceux qui
les gagnent vraiment, n'ont pas de valeur pour remettre la peine due
aux péchés actuels devant la justice de Dieu.
1470 20. Se fourvoient ceux qui croient
que les indulgences sont salutaires et utiles au profit spirituel.
1471 21. Les indulgences ne sont
nécessaires que pour les fautes graves publiques, et elles ne sont
réellement accordées qu'aux gens endurcis et aux impatients.
1472 22. Il est six espèces d'hommes
pour lesquels les indulgences ne sont ni nécessaires ni utiles : les
morts ou les moribonds, les malades, ceux qui ont un empêchement
légitime, ceux qui n'ont pas commis de fautes graves ceux qui ont
commis des fautes graves mais non publiques ceux qui font des
oeuvres meilleures.
1473 23. Les excommunications ne sont
que des peines extérieures et elles ne privent pas l'homme des
prières spirituelles communes de l'Eglise.
1474 24. Il faut enseigner aux
chrétiens d'aimer l'excommunication plutôt que de la craindre.
1475 25. Le pontife romain successeur
de Pierre, n'est pas le vicaire du Christ établi par le Christ
lui-même, dans la personne de Pierre, sur toutes les Églises du
monde entier.
1476 26. La parole du Christ à Pierre
« tout ce que tu lieras sur la terre, etc. » Mt 16,19
s'étend uniquement à ce que Pierre lui-même a lié.
1477 27. Il est certain qu'il n'est
aucunement au pouvoir de l'Église ou du pape d'établir des articles
de foi, et moins encore des lois concernant les mœurs ou les bonnes
œuvres.
1478 28. Si le pape pensait de telle ou
telle matière avec une grande partie de l'Église, il ne se
tromperait pas ; cependant, ce n'est ni un péché ni une hérésie de
penser le contraire, surtout dans une question qui n'est pas
nécessaire au salut, jusqu'à ce que le concile universel ait
condamné une opinion et approuvé l'autre.
1479 29. Le chemin nous est ouvert pour
énerver l'autorité des conciles, contredire leurs actes, juger leurs
décrets, confesser avec confiance ce qui semble vrai, que cela ait
été approuvé ou réprouvé par un concile quel qu'il soit.
1480 30. Certains articles de Jean Hus
qui ont été condamnés au concile de Constance sont tout à fait
chrétiens, très vrais et évangéliques : pas même l'Église entière ne
pourrait les condamner.
1481 31. En toute œuvre bonne le juste
pèche.
1482 32. Une oeuvre bonne parfaitement
accomplie est un péché véniel.
1483 33. Que des hérétiques aient été
brûlés est contraire à la volonté de l'Esprit.
1484 34. Se battre contre les Turcs,
c'est s'opposer à Dieu qui par eux visite nos iniquités.
1485 35. Personne n'est certain qu'il
ne pèche pas sans cesse naturellement, en raison du vice très caché
de l'orgueil.
1486 36. Le libre arbitre, après le
péché, n'est quelque chose que de nom ; et aussi longtemps qu'il
fait ce qui est en son pouvoir, il pèche mortellement.
1487 37. On ne peut pas prouver le
purgatoire par un texte de la sainte Écriture qui soit dans le
canon.
1488 38. Les âmes du purgatoire ne sont
pas sûres de leur salut, du moins pas toutes. Aucune raison et aucun
texte d'Écriture ne prouve qu'elles ne sont pas dans un état où
elles méritent et où leur charité augmente.
1489 39. Les âmes du purgatoire ne
cessent de pécher aussi longtemps qu'elles cherchent le repos et ont
horreur des peines.
1490 40. Les âmes libérées du
purgatoire grâce aux suffrages des vivants sont moins heureuses que
si elles avaient satisfait par elles-mêmes.
1491 41. Les prélats ecclésiastiques et
les princes séculiers n'agiraient pas mal s'ils détruisaient tous
les mendiants.
1492 (Censure :) Tous et chacun des
articles ou des erreurs précités, nous les condamnons, les
réprouvons et les rejetons totalement, selon le cas, comme
hérétiques, ou scandaleux, ou faux, ou comme offensant les oreilles
pies ou comme induisant en erreur les esprits simples et comme
opposés à la vérité catholique.
ADRIEN VI: 9 janvier 1522-14 septembre 1523
CLÉMENT VII : 19 novembre 1523-25 septembre 1534
PAUL III: 13 octobre 1534-10 novembre 1549
1495 Il est parvenu à notre
connaissance que pour faire reculer ceux qui, bouillonnant de
cupidité, sont animés d'un esprit inhumain à l'égard du genre
humain, l'empereur des Romains Charles (V) a interdit par un édit
public à tous ses sujets que qui que ce soit ait l'audace de réduire
en esclavage les Indiens occidentaux ou ceux du Sud, ou de les
priver de leurs biens.
Puisque Nous voulons que ces Indiens, même
s'ils se trouvent en dehors du sein de l'Église, ne soient pas pour
autant privés de leur liberté ou de la disposition de leurs biens,
ou considérés comme devant l'être du moment que ce sont des hommes
et par conséquent capables de croire et de parvenir au salut, qu'ils
ne soient pas détruits par l'esclavage mais invités à la vie par des
prédications et par l'exemple,
et puisque en outre Nous désirons contenir les
entreprises si infâmes de ces impies et pourvoir à ce qu'ils ne
soient pas moins enclins à embrasser la foi du Christ parce qu'ils
auront été révoltés par les injustices et les torts qu'ils auront
subis, Nous demandons... à ta prudence que tu... interdises avec une
très grande sévérité. sous peine d'excommunication portée d'avance,
à tous et à chacun, quel que soit son rang. d'oser réduire en
esclavage les Indiens précités, de quelque façon que ce soit, ou de
les dépouiller de leurs biens.
1497 S'agissant de leur [?] mariage,
nous décrétons qu'il faut observer ceci : ceux qui avant la
conversion avaient plusieurs femmes selon leurs coutumes et qui ne
se souviennent pas quelle est celle qu'ils ont prise la première,
lorsqu'ils se convertissent à la foi chrétienne prendront l'une
d'entre elles — celle qu'ils voudront — et ils contracteront mariage
avec elle par les paroles portant sur le présent comme il est de
coutume ; mais ceux qui se souviennent quelle est celle qu'ils ont
prise la première, garderont celle-ci en laissant les autres.

1ère
période de Trente : 1ère - 8e session -
décembre 1545- 1547
Période de
Bologne : 9e et 10e session :
Mars 1547
(février 1548) - septembre 1549
2e
de Trente : 11 à 16e session : mai 1551 - avril 1552
3e
de Trente : 17 à 25e session : janvier 1562 -
décembre 1563
1500 Ce saint concile œcuménique et
général de Trente, réuni légitimement dans l'Esprit Saint, sous la
présidence des trois légats du Siège apostolique, a considéré
l'importance des choses à traiter, particulièrement celles qui sont
comprises sous les titres de l'éradication des hérésies et de la
réforme des mœurs, raisons principales de la réunion, (...) a estimé
qu'il fallait exprimer le Symbole de foi qu'utilise la sainte Église
romaine comme étant le principe dans lequel se retrouvent
nécessairement tous ceux qui professent la foi du Christ, et
l'unique fondement contre lequel les portes de l'enfer ne
prévaudront jamais Mt 16,18, en reprenant les mots avec
lesquels il est dit dans toutes les églises.
(suit le symbole de Nicée-Constantinople
150 )
1501 Le saint concile œcuménique et
général de Trente, légitimement réuni dans l'Esprit Saint, ...
garde toujours devant les yeux le propos, en
supprimant les erreurs, de conserver dans l'Église la pureté même de
l'Évangile, lequel, promis auparavant par les prophètes dans les
saintes Écritures, a été promulgué d'abord par la bouche même de
notre Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu qui ordonna ensuite qu'il
soit prêché à toute créature paf ses apôtres comme source de toute
vérité salutaire et de toute règle morale Mt 16,15.
Il voit clairement aussi que cette vérité et
cette règles sont contenues dans les livres écrits et dans les
tradition non écrites qui, reçues par les apôtres de la bouche du
Christ lui-même ou transmises comme de main en main par les apôtres
sous la dictée de l'Esprit Saint, sont parvenues jusqu'à nous.
C'est pourquoi, suivant l'exemple des pères
orthodoxes, le même saint concile reçoit et vénère avec le même
sentiment de piété et le même respect tous les livres tant de
l'Ancien Testament que du Nouveau Testament, puisque Dieu est
l'auteur unique de l'un et de l'autre, ainsi que les traditions
elles-mêmes concernant aussi bien la foi que les moeurs, comme ou
bien venant de la bouche du Christ ou dictées par l'Esprit Saint et
conservées dans l'Église catholique par une succession continue.
Il a jugé bon de joindre à ce décret une liste
des livres saints, afin qu'aucun doute ne s'élève pour quiconque sur
les livres qui sont reçus par le concile. Ces livres sont mentionnés
ci-dessous.
1502 De l'Ancien Testament cinq livres
de Moïse, c'est-à-dire la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les
Nombres, le Deutéronome ; les livres de Josué, des Juges, de Ruth,
les quatre livres des Rois, les deux livres des Paralipomènes, le
premier livre d'Esdras et le second, dit Néhémie, Tobie, Judith,
Esther, Job, le psautier de David comprenant cent cinquante psaumes,
les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse,
l'Ecclésiastique, Isaïe, Jérémie avec Baruch, Ezéchiel, Daniel, les
douze petits prophètes, c'est-à-dire Osée, Joël, Amos, Abdias,
Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie,
les deux livres des Maccabées, le premier et le second.
1503 Du nouveau Testament : les quatre
évangiles, selon Matthieu, Marc, Luc et Jean ; les Actes des Apôtres
écrits par l'évangéliste Luc ; les quatorze épîtres de l'apôtre
Paul, aux Romains, deux aux Corinthiens, aux Galates, aux Ephésiens,
aux Philippiens, aux Colossiens deux aux Thessaloniciens, deux à
Timothée, à Tite, à Philémon, aux Hébreux, deux de l'apôtre Pierre,
trois de l'apôtre Jean, une de l'apôtre Jacques, une de l'apôtre
Jude et l'Apocalypse de l'apôtre Jean.
1504 Si quelqu'un ne reçoit pas ces
livres pour sacrés et canoniques dans leur totalité, avec toutes
leurs parties, tels qu'on a coutume de les lire dans l'Église
catholique et qu'on les trouve dans la vieille édition de la Vulgate
latine ; s'il méprise en connaissance de cause et de propos délibéré
les traditions susdites : qu'il soit anathème.
1505 Que tous comprennent ainsi l'ordre
et la voie que le concile suivra, après avoir posé les fondements de
la confession de la foi, et particulièrement les témoignages et les
appuis dont il usera pour confirmer les dogmes et restaurer les
mœurs dans l'Église.
1506 De plus le même saint concile a
considéré qu'il pourrait être d'une grande utilité pour l'Église de
Dieu de savoir, parmi toutes les éditions latines des livres saints
qui sont en circulation, celle que l'on doit tenir pour
authentique : aussi statue-t-il et déclare-t-il que la vieille
édition de la Vulgate, approuvée dans l'Église même par un long
usage de tant de siècles, doit être tenue pour authentique dans les
leçons publiques, les discussions, les prédications et les
explications, et que personne n'ait l'audace ou la présomption de la
rejeter sous quelque prétexte que ce soit 3825.
1507 En outre. pour contenir les
esprits indociles. il décrète que personne, dans les choses de la
foi ou des moeurs concernant l'édifice de la foi chrétienne, ne
doit, en s'appuyant sur un seul jugement, oser interpréter
l'Écriture sainte en détournant celle-ci vers son sens personnel
allant contre le sens qu'a tenu et que tient notre sainte Mère
l'Église, elle à qui il revient de juger du sens et de
l'interprétation véritables des saintes Écritures, ou allant encore
contre le consentement unanime des Pères, même si des
interprétations de ce genre ne devaient jamais être publiées. ...
1508 Mais le saint concile veut aussi,
comme il est juste, imposer une règle en ce domaine aux
imprimeurs... aussi décrète-t-il et statue-t-il que désormais la
sainte Écriture, particulièrement cette édition ancienne de la
Vulgate, soit imprimée le plus correctement possible ; qu'il ne soit
permis à personne d'imprimer ou de faire imprimer tout livre
traitant des choses sacrées sans nom d'auteur, ni de le vendre à
l'avenir ou de le garder chez soi, si auparavant ces livres n'ont
pas été examinés et approuvés par l'Ordinaire...
1510 Pour que notre foi catholique,
« sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu » He 11,6,
une fois débarrassée des erreurs, demeure intègre et sans tache dans
sa pureté, et pour que le peuple chrétien ne soit pas "emporté à
tout vent de doctrine" Ep 4,14
– puisque l'antique serpent Ap 12,9 ;
Ap 20,2, ennemi perpétuel du genre humain, parmi les nombreux
maux qui troublent de nos jours l'Église de Dieu, a suscité au sujet
du péché originel et de son remède non seulement de nouvelles, mais
même d'anciennes querelles —, le saint concile oecuménique et
général de Trente... veut entreprendre de ramener ceux qui errent et
d'affermir ceux qui vacillent.
Aussi, suivant le témoignage des saintes
Écritures, des saints Pères et des conciles les plus approuvés,
ainsi que le jugement et l'accord de l'Église elle-même, il statue,
confesse et déclare ce qui suit au sujet du péché originel.
1511 1. Si quelqu'un ne confesse pas
que le premier homme, Adam, après avoir transgressé le commandement
de Dieu dans le paradis, a immédiatement perdu la sainteté et la
justice dans lesquelles il avait été établi et a encouru, par
l'offense que constituait cette prévarication, la colère et
l'indignation de Dieu et, par la suite, la mort dont il avait été
auparavant menacé par Dieu, et avec la mort la captivité sous le
pouvoir de celui qui ensuite « a eu l'empire de la mort,
c'est-à-dire le diable » He 2,14 ; et que par l'offense que
constituait cette prévarication Adam tout entier, dans son corps et
dans son âme a été changé en un état pire 371 : qu'il soit
anathème.
1512 2. « Si quelqu'un affirme que la
prévarication d'Adam n'a nui qu'à lui seul et non à sa
descendance », et qu'il a perdu la sainteté et la justice reçues de
Dieu pour lui seul et non aussi pour nous, ou que, souillé par le
péché de désobéissance, « il n'a transmis que la mort » et les
punitions « du corps à tout le genre humain, mais non pas le péché,
qui est la mort de l'âme » : qu'il soit anathème, « puisqu'il est en
contradiction avec l'Apôtre qui dit : “Par un seul homme, le péché
est entré dans le monde, et par le péché, la mort et ainsi la mort a
passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui” » Rm 5,12
372 .
1513 3. Si quelqu'un affirme que ce
péché d'Adam — qui est un par son origine et. transmis par
propagation héréditaire et non par imitation, est propre à chacun —,
est enlevé par les forces de la nature humaine ou par un autre
remède que le mérite de l'unique médiateur notre Seigneur Jésus
Christ 1347 qui nous a réconciliés avec Dieu dans son sang
Rm 5,9 s, « devenu pour nous justice, sanctification et
Rédemption » 1Co 1,30 ou s'il nie que ce mérite de Jésus
Christ soit appliqué aussi bien aux adultes qu'aux enfants par le
sacrement conféré selon la forme et l'usage de l'Église : qu'il soit
anathème.
Car « il n'est pas d'autre nom sous le ciel qui
ait été donné aux hommes par lequel nous devons être sauvés » Ac 4,12.
D'où cette parole : « Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui ôte
les péchés du monde » Jn 1,19, et celle-ci « Vous tous qui
avez été baptisés. vous avez revêtu le Christ » Ga 3,27 .
1514 4. « Si quelqu'un nie que les
tout-petits, qui viennent de naître de leur mère, doivent être
baptisés », même s'ils viennent de parents baptisés. « ou bien dit
qu'ils sont certes baptisés pour la rémission des péchés, mais
qu'ils ne portent rien du péché originel venant d'Adam qu'il est
nécessaire d'expier par le bain de régénération » pour obtenir la
vie éternelle, d'où il suit que pour eux la forme du baptême pour la
rémission des péchés n'a pas un sens vrai, mais faux : qu'il soit
anathème.
Car on ne peut pas comprendre autrement ce que
dit l'Apôtre : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde,
et par le péché, la mort, et ainsi la mort a passé dans tous les
hommes, tous ayant péché en lui » Rm 5,12, si ce n'est comme
l'a toujours compris l'Église catholique répandue en tous lieux.
C'est en effet à cause de cette règle de foi venant de la tradition
des apôtres « que même les tout-petits, qui n ont pas encore pu
commettre aucun péché par eux-mêmes, sont pourtant vraiment baptisés
pour la rémission des péchés, afin que soit purifié en eux par la
régénération ce qu'il ont contracté par la génération » 223
. En effet « nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit Saint, ne
peut entrer dans le Royaume de Dieu » Jn 3,5.
1515 Si quelqu'un nie que, par la grâce
de notre Seigneur Jésus Christ conférée au baptême, la culpabilité
du péché originel soit remise, ou même s'il affirme que tout ce qui
a vraiment et proprement caractère de péché n'est pas totalement
enlevé, mais est seulement rasé ou non imputé : qu'il soit anathème.
En effet en ceux qui sont nés de nouveau rien
n'est objet de la haine de Dieu, car « il n'y a pas de
condamnation » Rm 8,1 pour ceux qui sont vraiment « ensevelis
dans la mort avec le Christ par le baptême » Rm 6,4, « qui ne
marchent pas selon la chair » Rm 8,1. mais qui dépouillant le
vieil homme et revêtant l'homme nouveau, qui a été créé selon Dieu
Ep 4,22-24 ; Col 3,9 s, sont devenus innocents, sans
souillure, purs, irréprochables et fils aimés de Dieu, « héritiers
de Dieu et cohéritiers du Christ » Rm 8,17, en sorte que rien
ne fasse obstacle à leur entrée au ciel.
Que la concupiscence ou le foyer du péché
demeure chez les baptisés, ce saint concile le confesse et le
pense ; cette concupiscence étant laissée pour être combattue, elle
ne peut nuire à ceux qui n'y consentent pas et y résistent
courageusement par la grâce du Christ. Bien plus, « celui qui aura
lutté selon les règles sera couronné » 2Tm 2,5. Cette
concupiscence, que l'Apôtre appelle parfois « péché »
Rm 6,12-15 ; Rm 7,7 ; Rm 7,14-20, le saint concile déclare que
l'Église catholique n'a jamais compris qu'elle fût appelée péché
parce qu'elle serait vraiment et proprement péché chez ceux qui sont
nés de nouveau, mais parce qu'elle vient du péché et incline au
péché. Si quelqu'un pense le contraire : qu'il soit anathème.
1516 6. Cependant ce même saint concile
déclare qu'il n'est pas dans son intention de comprendre dans ce
décret, où il est traité du péché originel, la bienheureuse et
immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, mais que l'on doit observer
les constitutions du pape Sixte IV, d'heureuse mémoire, sous la
menace des peines qui y sont contenues et il les renouvelle [?]
s,.
1520 Ce n'est pas sans la perte de
nombreuses âmes et un grave détriment pour l'unité de l’Église que
s'est répandue en notre temps une doctrine erronée concernant la
justification. Aussi, pour la louange et la gloire du Dieu
tout-puissant, pour la paix de l’Église et le salut des âmes, le
saint concile œcuménique et général de Trente... se propose
d'exposer à tous les chrétiens la véritable et sainte doctrine de la
justification qu'a enseignée le Christ Jésus, soleil de justice
Ml 4,2, auteur de notre foi, qui la mène à sa perfection
He 12,2, que les apôtres nous ont transmise et que l’Église
catholique, sous l'inspiration de l'Esprit Saint, a toujours
conservée, en interdisant sévèrement que personne n'ose à l'avenir
croire, prêcher ou enseigner autrement que ce qui est statué et
déclaré par le présent décret.
1521 En premier lieu. le saint concile
déclare que. pour avoir une intelligence exacte et authentique de la
doctrine de la justification, il faut que chacun reconnaisse et
confesse que, tous les hommes ayant perdu l'innocence dans la
prévarication d'Adam Rm 5,12 ; 1Co 15,22 239, 3devenus
impurs3 Is 64,6 et (comme le dit l'Apôtre) « enfants de
colère par nature » Ep 2,3 comme cela a été exposé dans le
décret sur le péché originel, ils étaient à ce point « esclaves du
péché » Rm 6,20 et sous le pouvoir du diable et de la mort,
que non seulement les païens, par la force de la nature 1551,
mais aussi les juifs, par la lettre même de la Loi de Moïse, ne
pouvaient se libérer ou se relever de cet état, même si le libre
arbitre n'était aucunement éteint en eux 1555, bien
qu'affaibli et dévié en sa force 378.
1522 D'où il arriva que le Père
céleste, « Père des miséricordes et Dieu de toute consolation »
2Co 1,3, envoya aux hommes le Christ Jésus. son Fils 1551,
annoncé et promis aussi bien avant la Loi qu'au temps de la Loi à de
nombreux saints Pères Gn 49,10 ; Gn 49,18, lorsque vint cette
bienheureuse « plénitude des temps » Ep 1,10 ; Ga 4,4, afin
que, d'une part, « il rachète les juifs sujets de la Loi » Ga 4,5
et que, de l'autre, « les païens qui ne poursuivaient pas de
justice, atteignent la justice » Rm 9,30, et que tous
reçoivent l'adoption filiale Ga 4,5. C'est lui que « Dieu a
établi victime propitiatoire par son sang moyennant la foi »
Rm 3,25 « pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais
aussi pour ceux du monde entier » 1Jn 2,2.
1523 Mais, bien que lui soit « mort
pour tous » 2Co 5,15, tous cependant ne reçoivent pas le
bienfait de sa mort. mais ceux-là seulement auxquels le mérite de sa
Passion est communiqué. En effet, de même qu'en toute vérité les
hommes ne naîtraient pas injustes s'ils ne naissaient de la
descendance issue corporellement d'Adam, puisque, quand ils sont
conçus, ils contractent une injustice personnelle par le fait qu'ils
descendent corporellement de lui, de même ils ne seraient jamais
justifiés s'ils ne renaissaient pas dans le Christ [?] ,
puisque, grâce à cette renaissance, leur est accordé par le mérite
de sa Passion la grâce par laquelle ils deviennent justes. Pour ce
bienfait l'Apôtre nous exhorte à toujours « rendre grâce au Père qui
nous a rendus dignes d'avoir part à l'héritage des saints dans la
lumière et nous a arrachés à la puissance des ténèbres et transférés
dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la
Rédemption et la rémission des péchés » Col 1,12-14.
1524 Ces mots esquissent une
description de la justification de l'impie, comme étant un transfert
de l'état dans lequel l'homme naît du premier Adam à l'état de grâce
et d'adoption des fils de Dieu Rm 8,15, par le second Adam,
Jésus Christ, notre Sauveur. Après la promulgation de l’Évangile, ce
transfert ne peut se faire sans le bain de la régénération 1618
ou le désir de celui-ci, selon ce qui est écrit « Nul ne peut
entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne renaît pas de l'eau et de
l'Esprit Saint » Jn 3,5.
1525 Le concile déclare, en outre, que
la justification elle-même chez les adultes a son origine dans la
grâce prévenante de Dieu par Jésus Christ 1553, c'est-à-dire
dans un appel de Dieu par lequel ils sont appelés sans aucun mérite
en eux. De la sorte, ceux qui s'étaient détournés de Dieu par leurs
péchés, poussés et aidés par la grâce, se disposent à se tourner
vers la justification que Dieu leur accorde, en acquiesçant et
coopérant librement à cette même grâce 1554-1555. De cette
manière, Dieu touchant le cœur de l'homme par l'illumination de
l'Esprit Saint, d'une part l'homme lui-même n'est pas totalement
sans rien faire, lui qui accueille cette inspiration qu'il lui est
possible de rejeter, d'autre part, pourtant, sans la grâce de Dieu,
il ne lui est pas possible, par sa propre volonté, d'aller vers la
justice en présence de Dieu 1553. Aussi, lorsqu'il est dit
dans la sainte Écriture : « Tournez-vous vers moi et moi je me
tournerai vers vous » (Za 1,3), notre liberté nous est
rappelée ; lorsque nous répondons « Tourne-nous vers toi, Seigneur,
et nous nous convertirons » Lm 5,21, nous reconnaissons que
la grâce de Dieu nous prévient.
1526 Les hommes sont disposés à la
justice elle-même 1557-1559 lorsque, poussés et aidés par la
grâce divine, concevant en eux la foi qu'ils entendent prêcher
Rm 10,17, ils vont librement vers Dieu, croyant qu'est vrai tout
ce qui a été divinement révélé et promis 1562-1564 et, avant
tout que Dieu justifie l'impie « par sa grâce, au moyen de la
Rédemption qui est dans le Christ Jésus » Rm 3,24 ; lorsque,
aussi, comprenant qu'ils sont pécheurs et passant de la crainte de
la justice divine, qui les frappe fort utilement 1558, à la
considération de la miséricorde de Dieu, ils s'élèvent à
l'espérance, confiants que Dieu, à cause du Christ, leur sera
favorable, commencent à l'aimer comme source de toute justice, et,
pour cette raison, se dressent contre les péchés, animés par une
sorte de haine et de détestation 1559, c'est-à-dire par
cette pénitence que l'on doit faire avant le baptême Ac 2,38 ;
lorsque, enfin, ils se proposent de recevoir le baptême, de
commencer une vie nouvelle et d'observer les commandements divins.
1527 De cette disposition il est
écrit : « Celui qui approche de Dieu doit croire qu'il est et qu'il
récompense ceux qui le cherchent » He 11,6, et : « Aie
confiance, mon fils, tes péchés te sont remis » Mt 9,2, et
« La crainte du Seigneur chasse les péchés » Si 1,27, et :
« Faites pénitence et que chacun de vous soit baptisé au nom de
Jésus Christ, pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez le
don de l'Esprit Saint » Ac 2,38, et « Allez donc, enseignez
toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai
commandé » Mt 28,19-20, et : « Préparez vos cœurs pour le
Seigneur » 1S 7,3.
1528 Cette disposition ou préparation
est suivie par la justification elle-même, qui n'est pas seulement
rémission des péchés 1561 , mais à la fois sanctification et
rénovation de l'homme intérieur par la réception volontaire de la
grâce et des dons. Par là, d'injuste l'homme devient juste, d'ennemi
ami, en sorte qu'il est « Héritier, en espérance, de la vie
éternelle » Tt 3,7.
1529 Les causes de cette justification
sont celles-ci : cause finale, la gloire de Dieu et du Christ, et la
vie éternelle ; cause efficiente : Dieu qui, dans sa miséricorde,
lave et sanctifie gratuitement 1Co 6,11 par le sceau et
l'onction 2Co 1,21-22 de l'Esprit Saint promis « qui est le
gage de notre héritage » Ep 1,13-14 ; cause méritoire : le
Fils unique bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ qui,
« alors que nous étions ennemis » Rm 5,10, « à cause du grand
amour dont il nous a aimés » Ep 2,4, par sa très sainte
Passion sur le bois de la croix nous a mérité la justification
1560 et a satisfait pour nous à Dieu son Père ; cause
instrumentale, le sacrement du baptême, « sacrement de la foi » sans
laquelle il n'y a jamais eu de justification pour personne.
Enfin l'unique cause formelle est la justice de
Dieu, « non pas celle par laquelle il est juste lui-même, mais celle
par laquelle elle nous fait justes » 1560-1561, c'est-à-dire
celle par laquelle, l'ayant reçue en don de lui, nous sommes
« renouvelés par une transformation spirituelle de notre esprit »
Ep 4,23, nous ne sommes pas seulement réputés justes, mais nous
sommes dits et nous sommes vraiment justes 1Jn 3,1, recevant
chacun en nous la justice, selon la mesure que l'Esprit Saint
partage à chacun comme il le veut 1Co 12,11 et selon la
disposition et la coopération propres à chacun.
1530 En effet, bien que personne ne
puisse être juste que si les mérites de la Passion de notre Seigneur
Jésus Christ lui sont communiqués, c'est cependant ce qui se fait
dans la justification de l'impie, alors que, par le mérite de cette
très sainte Passion, la charité de Dieu est répandue par l'Esprit
Saint dans les cœurs Rm 5,5 de ceux qui sont justifiés et
habite en eux 1561. Aussi, avec la rémission des péchés,
l'homme reçoit-il dans la justification même par Jésus Christ, en
qui il est inséré, tous les dons suivants infus en même temps
la foi, l'espérance et la charité.
1531 Car la foi à laquelle ne se
joignent ni l'espérance ni la charité n'unit pas parfaitement au
Christ et ne rend pas membre vivant de son corps. Pour cette raison,
l'on dit en toute vérité que la foi sans les œuvres est morte et
inutile Jc 2,17-20 1569, et que dans le Christ Jésus
ni la circoncision, ni l'incirconcision n'ont de valeur, mais la foi
« qui opère par la charité » Ga 5,6 ; Ga 6,15.
C'est elle que, selon la tradition des apôtres,
les catéchumènes demandent à l’Église avant le sacrement du baptême,
quand ils demandent «la foi qui procure la vie éternelle» que, sans
l'espérance et la charité, la foi ne peut procurer. Aussi
entendent-ils immédiatement la parole du Christ : « Si tu veux
entrer dans la vie, observe les commandements » Mt 19,17
1568-1570. C'est pourquoi lorsqu'ils reçoivent la justice
véritable et chrétienne, cette première robe Lc 15,22 qui
leur est donnée par le Christ à la place de celle que, par sa
désobéissance, Adam a perdue pour lui et pour nous, il est ordonné
aussitôt à ceux qui viennent de renaître de la conserver blanche et
sans tache, pour l'apporter devant le tribunal de notre Seigneur
Jésus Christ et avoir la vie éternelle.
1532 Lorsque l'Apôtre dit que l'homme
est 3justifié par la foi3 1559 et gratuitement Rm 3,22-24,
il faut comprendre ces mots dans le sens où l'a toujours et
unanimement tenu et exprimé l’Église catholique, à savoir que si
nous sommes dits être justifiés par la foi, c'est parce que « la foi
est le commencement du salut de l'homme », le fondement et la racine
de toute justification, que sans elle « il est impossible de plaire
à Dieu » He 11,6 et de parvenir à partager le sort de ses
enfants 2P 1,4 ; et nous sommes dits être justifiés
gratuitement parce que rien de ce qui précède la justification, que
ce soit la foi ou les œuvres, ne mérite cette grâce de la
justification. En effet «si c'est une grâce, elle ne vient pas des
œuvres ; autrement (comme le dit le même Apôtre) la grâce n'est plus
la grâce» Rm 11,6.
1533 Bien qu'il soit indispensable de
croire que les péchés ne sont et n'ont jamais été remis que
gratuitement par miséricorde divine à cause du Christ, cependant
personne ne doit, en se targuant de la confiance et de la certitude
que ses péchés sont remis et en se reposant sur cela, dire que ses
péchés sont ou ont été remis, alors que cette confiance vaine et
éloignée de toute piété peut exister chez des hérétiques et des
schismatiques, bien plus que de notre temps elle existe et est
prêchée à grand bruit contre l’Église catholique 1562 .
1534 Mais il ne faut pas non plus
affirmer que tous ceux qui ont été vraiment justifiés doivent être
sans aucune hésitation convaincus en eux-mêmes qu'ils ont été
justifiés, ni que personne n'est absous de ses péchés et justifié,
sauf celui qui croit avec certitude qu'il a été absous et justifié,
et que c'est par cette seule foi que se réalise l'absolution et la
justification 1564, comme si celui qui ne croit pas cela
mettait en doute les promesses de Dieu et l'efficacité de la mort et
de la Résurrection du Christ. En effet, de même qu'aucun homme pieux
ne doit mettre en doute la miséricorde de Dieu, les mérites du
Christ, la vertu et l'efficacité des sacrements, de même quiconque
se considère lui-même, ainsi que sa propre faiblesse et ses
mauvaises dispositions, peut être rempli d'effroi et de crainte au
sujet de sa grâce 1563, puisque personne ne peut savoir,
d'une certitude de foi excluant toute erreur, qu'il a obtenu la
grâce de Dieu.
1535 Ainsi donc, ceux qui ont été
justifiés et sont devenus « amis de Dieu » et « membres de sa
famille » Jn 15,15 ; Ep 2,19 marchant « de vertu en vertu »
Ps 83,8, se renouvellent (comme dit l'Apôtre) de jour en jour
2Co 4,16, c'est-à-dire en mortifiant les membres de leur
chair Col 3,5 et en les présentant comme des armes à la
justice pour la sanctification Rm 6,13-19, par l'observation
des commandements de Dieu et de l’Église ; ils croissent dans cette
justice reçue par la grâce du Christ, la foi coopérant aux bonnes
œuvres Jc 2,22 et ils sont davantage justifiés 1574 ;
1582, selon ce qui est écrit : « Celui qui est juste, sera
encore justifié » Ap 22,11 et aussi : « Ne crains pas d'être
justifié jusqu'à la mort » Si 18,22 et encore « Vous voyez
que l'homme est justifié par les œuvres et non par la foi seule »
Jc 2,24. Cet accroissement de justice, la sainte Église le
demande quand elle dit dans la prière : « Seigneur, augmente en nous
la foi, l'espérance et la charité ».
1536 Personne, si justifié soit-il, ne
doit penser qu'il est libéré de l'observation des commandements
1570. Personne ne doit user de cette expression téméraire et
interdite sous peine d'anathèmes par les Pères, à savoir que pour
l'homme justifié les commandements de Dieu sont impossibles à
observer 1568 ; 1572 ; 397. « Car Dieu ne
commande pas de choses impossibles, mais en commandant il t'invite à
faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas », et il
t'aide pour que tu le puisses ; ses commandements ne sont pas
pesants 1Jn 5,3, son joug est doux et son fardeau léger
Mt 11,30. En effet, ceux qui sont enfants de Dieu aiment le
Christ ; ceux qui l'aiment (comme il en témoigne lui-même) gardent
ses paroles Jn 14,23, ce qui leur est toujours possible avec
l'aide de Dieu.
1537 Bien qu'en cette vie mortelle,
aussi saints et justes qu'ils soient, ils tombent parfois au moins
dans les péchés légers et quotidiens, qu'on appelle aussi véniels
1573, ils ne cessent pas pour autant d'être justes. En effet
l'expression humble et authentique des justes est celle-ci :
« Remets-nous nos dettes » Mt 6,12 229 ss. .
C'est pourquoi les justes eux-mêmes doivent se
sentir d'autant plus obligés à marcher dans la voie de la justice
que, désormais « libérés du péché, devenus serviteurs de Dieu »
Rm 6,22, vivant « dans la tempérance, la justice et la piété »
Tt 2,12, ils peuvent progresser par le Christ Jésus qui leur
a ouvert l'accès à cette grâce Rm 5,2. Car ceux qu'il a
justifiés une fois, « Dieu ne les abandonne pas, à moins qu'il ne
soit d'abord abandonné par eux ».
1538 C'est pourquoi personne ne doit se
rassurer dans la foi seule 1559 ; 1569 ; 1570,
pensant que par la foi seule il a été constitué héritier et
obtiendra l'héritage, même s'il ne souffre pas avec le Christ pour
être glorifié avec lui Rm 8,17. Car le Christ lui-même (comme
le dit l'Apôtre), « tout Fils de Dieu qu'il fût, a appris par ses
souffrances à obéir, et, ayant tout accompli, est devenu cause de
salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent » He 5,8-9.
C'est pourquoi l'Apôtre lui-même avertit ceux
qui ont été justifiés en ces termes : « Ne savez-vous pas que, dans
les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ?
Courez de manière à le remporter. Pour moi, donc, c'est ainsi que je
cours, non à l'aventure ; c'est ainsi que je combats, non comme en
frappant dans le vide. Mais je châtie mon corps et je le réduis en
esclavage, de peur qu'après avoir prêché aux autres je ne sois
moi-même éliminé » 1Co 9,24 ss. Et Pierre, le prince
des Apôtres « Appliquez-vous à rendre certaine votre vocation et
votre élection par vos bonnes œuvres ; en agissant ainsi vous ne
pécherez jamais » 2P 1,10.
1539 Il est par là évident qu'ils
s'opposent à la doctrine orthodoxe de la religion ceux qui disent
que, dans toute bonne action, le juste pèche au moins véniellement
1575 ; 1481 ss. ou (ce qui est plus
intolérable) mérite les peines éternelles ; de même aussi ceux qui
déclarent que les justes pèchent dans toutes leurs actions, si,
voulant secouer en eux l'indolence et s'encourager à courir dans le
stade, ils considèrent, en même temps que la glorification mise en
premier lieu, la récompense éternelle 1576 ; 1581,
alors qu'il est écrit : « J'ai disposé mon cœur à la pratique de tes
prescriptions à cause de la récompense » Ps 118,112, et que
l'Apôtre dit de Moïse qu'il « avait les yeux fixés sur la
récompense » He 11,26.
1540 Personne non plus, aussi longtemps
qu'il vit dans la condition mortelle, ne doit présumer du mystère
caché de la prédestination divine qu'il déclare avec certitude qu'il
est absolument du nombre des prédestinés 1565, comme s'il
était vrai qu'une fois justifié ou bien il ne puisse plus pécher
1573 ou bien, s'il venait à pécher, il doive se promettre une
repentance certaine. Car, à moins d'une révélation spéciale, on ne
peut savoir ceux que Dieu s'est choisis 1566.
1541 Il en est de même du don de la
persévérance 1566. Il est écrit à son sujet : « Celui qui
persévérera jusqu'à la fin sera sauvé » Mt 10,22 ; Mt 24,13 :
cela ne peut se faire que par celui qui « a le pouvoir de maintenir
celui qui est debout pour qu'il continue de l'être » Rm 14,4
et de relever celui qui tombe. Que personne donc ne se promette rien
de sûr avec une certitude absolue, bien que tous doivent placer et
faire reposer dans le secours de Dieu la plus ferme espérance. Car
Dieu, s'ils ne sont pas infidèles à sa grâce, mènera à son terme la
bonne œuvre, comme il l'a déjà commencée Ph 1,6, opérant en
eux le vouloir et le faire Ph 2,13 1572.
Pourtant, que ceux qui se croient être debout,
veillent à ne pas tomber 1Co 10,12 et travaillent à leur
salut avec crainte et tremblement Ph 2,12 dans les fatigues,
les veilles, les aumônes, les prières et les offrandes, dans le
jeûne et la chasteté 2Co 6,5-6. Sachant, en effet, qu'ils
sont nés de nouveau dans l'espérance de la gloire 1P 1,3 mais
pas encore dans la gloire, ils doivent avoir des craintes concernant
le combat qui leur reste contre la chair, contre le monde, contre le
diable, combat dans lequel ils ne peuvent être vainqueurs que si,
avec la grâce de Dieu, ils obéissent aux paroles de l'Apôtre :
« Nous ne sommes plus tenu, vis-à-vis de la chair, de vivre selon la
chair. Si vous vivez, en effet, selon la chair, vous mourrez. Mais
si par l'Esprit vous faites mourir les œuvres de la chair, vous
vivrez » Rm 8,12-13.
1542 Ceux qui, après avoir reçu la
grâce de la justification, en sont déchus par le péché pourront être
de nouveau justifiés 1579 lorsque, poussés par Dieu, ils
feront en sorte de retrouver la grâce perdue au moyen du sacrement
de la pénitence, grâce aux mérites du Christ. Ce mode de
justification est le relèvement du pécheur, que les saints Pères ont
fort bien appelé « la seconde planche après le naufrage qu'est la
perte de la grâce ». En effet pour ceux qui tombent dans le péché
après le baptême, le Christ Jésus a institué le sacrement de la
pénitence, lorsqu'il dit « Recevez le Saint-Esprit, à ceux à qui
vous remettrez les péchés, ils seront remis, et ils seront retenus à
ceux à qui vous les retiendrez » Jn 20,22-23.
1543 Aussi faut-il enseigner que la
pénitence du chrétien après une chute est très différente de la
pénitence baptismale. Elle comprend non seulement l'abandon des
péchés et leur détestation, ou « un cœur contrit et humilié »
Ps 50,19, mais aussi la confession sacramentelle de ceux-ci, ou
du moins le désir de la faire en temps opportun, l'absolution par un
prêtre, et, de plus, la satisfaction par le jeûne, les aumônes, les
prières et autres pieux exercices de la vie spirituelle, non pour
remettre la peine éternelle — laquelle est remise en même temps que
la faute par le sacrement ou le désir du sacrement —, mais pour
remettre la faute temporelle 1580 qui (comme l'enseigne
l’Écriture sainte) n'est pas toujours totalement remise, comme elle
l'est au baptême, à ceux qui, ingrats envers la grâce de Dieu qu'ils
ont reçue, ont contristé l'Esprit Saint Ep 4,30 et n'ont pas
craint de violer le Temple de Dieu 1Co 3,17.
Il est écrit de cette pénitence :
« Souviens-toi d'où tu es tombé, fais pénitence et reviens à tes
premières œuvres » Ap 2,51 et aussi : « La tristesse selon
Dieu produit une pénitence pour un salut durable » 2Co 7,10,
et encore « Faites pénitence » Mt 3,2 ; Mt 4,17, et « Faites
de dignes fruits de pénitence » Mt 3,8 ; Lc 3,8.
1544 Contre les esprits rusés de
certains hommes qui, 3par de doux discours et des bénédictions,
séduisent les cœurs simples3 Rm 16,18, il faut affirmer que
la grâce de la justification, qui a été reçue, se perd non seulement
par l'infidélité 1577, par laquelle se perd aussi la foi
elle-même, mais aussi par n'importe quel péché mortel, bien qu'alors
ne se perde pas la foi 1578. On défend ainsi la doctrine de
la Loi divine qui exclut du Royaume de Dieu non seulement les
infidèles, mais aussi les fidèles fornicateurs, adultères,
efféminés, sodomites, voleurs, avares, ivrognes, médisants, rapaces
1Co 6,9-10 et tous les autres qui commettent des péchés
mortels dont, avec l'aide de la grâce divine, ils peuvent s'abstenir
et à cause desquels ils sont séparés de la grâce du Christ 1577.
1545 C'est donc dans cette perspective
qu'il faut proposer aux hommes justifiés, qu'ils aient sans cesse
gardé la grâce reçue ou qu'ils l'aient recouvrée après l'avoir
perdue, les mots de l'Apôtre : « Soyez riches de toute œuvre bonne,
sachant que votre labeur n'est pas vain dans le Seigneur »
1Co 15,58, car « Dieu n'est pas injuste au point d'oublier ce
que vous avez fait et la charité dont vous avez fait preuve en son
nom » He 6,10, et : « Ne perdez pas votre confiance ; elle
aura une grande récompense » He 10,35. Et c'est pourquoi, à
ceux qui agissent bien « jusqu'à la fin » Mt 10,22 ; Mt 24,13
et qui espèrent en Dieu, il faut proposer la vie éternelle à la fois
comme la grâce miséricordieusement promise par le Christ Jésus aux
fils de Dieu et « comme la récompense », que Dieu, selon la promesse
qu'il a faite lui-même, accordera à leurs œuvres bonnes et à leurs
mérites 1576 ; 1582. Telle est, en effet, « la
couronne de justice » dont l'Apôtre disait qu'elle lui était
« réservée après son combat et sa course et lui serait donnée par le
juste juge, non seulement à lui, mais aussi à tous ceux qui
attendent avec amour son avènement » 2Tm 4,7-8.
1546 Le Christ Jésus lui-même
communique constamment sa force à ceux qui ont été justifiés, comme
la tête aux membres Ep 4,15, comme le cep aux sarments Jn 15,5,
force qui toujours précède, accompagne et suit leurs bonnes œuvres
et sans laquelle celles-ci ne pourraient en aucune manière être
agréables à Dieu et méritoires 1552. Aussi faut-il croire
qu'il ne manque rien d'autre aux justifiés eux-mêmes pour qu'ils
soient estimés avoir pleinement satisfait à la Loi de Dieu, dans les
conditions de cette vie, par ces œuvres qui ont été faites en Dieu
Jn 3,21, et avoir vraiment mérité d'obtenir, en son temps, la
vie éternelle 1582 , si toutefois ils meurent dans la grâce
Ap 14,13. Le Christ notre Sauveur ne dit-il pas : « Si
quelqu'un boit de l'eau que je lui donnerai, il n'aura jamais soif ;
elle deviendra en lui une source d'eau jaillissant pour la vie
éternelle » Jn 4,14.
1547 Ainsi notre justice personnelle
n'est pas établie comme venant personnellement de nous 2Co 3,5
et la justice de Dieu n'est ni méconnue ni rejetée Rm 10,3.
En effet cette justice est dite nôtre, parce que nous sommes
justifiés par cette justice qui habite en nous 1560 ; 1561 ;
et cette même justice est celle de Dieu, parce qu'elle est répandue
en nous par Dieu et par les mérites du Christ.
1548 Il ne faut pas omettre ceci : la
sainte Écriture attribue, certes, une telle valeur aux bonnes œuvres
que le Christ promet que même celui qui donne à l'un de ses plus
petits un verre d'eau fraîche ne perdra pas sa récompense
Mt 10,42 ; Mc 9,40 ; et l'Apôtre atteste que notre « légère
tribulation d'un instant nous prépare au-delà de toute mesure un
poids éternel de gloire dans les cieux » 2Co 4,17. Cependant,
loin de nous de penser que le chrétien se confie ou se glorifie en
lui-même et non pas dans le Seigneur 1Co 1,31 ; 2Co 10,17,
dont la bonté envers les hommes est si grande qu'il veut que ses
dons soient leurs mérites 1582 ; 248.
1549 Et parce que «nous péchons tous en
bien des choses» Jc 3,2 1573, chacun doit avoir devant
les yeux non seulement la miséricorde et la bonté, mais aussi la
sévérité et le jugement, et l'on ne doit pas se juger soi-même, même
si on n'est conscient d'aucune faute. Car toute la vie des hommes
doit être examinée et jugée non pas par un jugement d'homme, mais
par celui de Dieu « qui éclairera les secrets des ténèbres et rendra
manifestes les secrets des cœurs ; et alors chacun recevra de Dieu
la louange qui lui revient » 1Co 4,4 s., lui qui,
comme il est écrit, « rendra à chacun selon ses œuvres » Rm 2,6.
1550 Après avoir exposé la doctrine
catholique concernant la justification 1583, que chacun
recevra fidèlement et fermement pour être justifié, le saint concile
a jugé bon d'y joindre les canons suivants, pour que tous sachent
non seulement ce qu'ils doivent tenir et suivre, mais aussi ce
qu'ils doivent éviter et fuir.
1551 1. Si quelqu'un dit que l'homme
peut être justifié devant Dieu par ses œuvres — que celles-ci soient
accomplies par les forces de la nature humaine ou par l'enseignement
de la loi — sans la grâce divine venant par Jésus Christ : qu'il
soit anathème 1521.
1552 2. Si quelqu'un dit que la grâce
divine venant par Jésus Christ n'est donnée que pour que l'homme
puisse plus facilement vivre dans la justice et mériter la vie
éternelle, comme si, par le libre arbitre et sans la grâce, il
pouvait parvenir à l'une et à l'autre chose, toutefois péniblement
et difficilement : qu'il soit anathème 1524 ss.
1553 3. Si quelqu'un dit que, sans
l'inspiration prévenante du Saint-Esprit et sans son aide, l'homme
peut croire, espérer et aimer, ou se repentir, comme il le faut,
pour que lui soit accordée la grâce de la justification : qu'il soit
anathème 1525.
1554 4. Si quelqu'un dit que le libre
arbitre de l'homme, mû et poussé par Dieu, ne coopère en rien quand
il acquiesce à Dieu, qui le pousse et l'appelle à se disposer et
préparer à obtenir la grâce de la justification, et qu'il ne peut
refuser d'acquiescer, s'il le veut, mais que tel un être inanimé il
ne fait absolument rien et se comporte purement passivement : qu'il
soit anathème 1525.
1555 5. Si quelqu'un dit que, après le
péché d'Adam, le libre arbitre de l'homme a été perdu et éteint, ou
qu'il est une réalité qui n'en porte que le nom, bien plus un nom
sans réalité, une fiction enfin introduite par Satan dans l’Église :
qu'il soit anathème 1521 ; 1525 ; 1486.
1556 6. Si quelqu'un dit qu'il n'est
pas au pouvoir de l'homme de s'engager dans les voies du mal, mais
que ses mauvaises comme ses bonnes actions sont l’œuvre de Dieu, non
seulement parce qu'il les permet, mais encore proprement et par
lui-même, tellement que la trahison de Judas ne serait pas moins son
œuvre propre que la vocation de Paul : qu'il soit anathème.
1557 7. Si quelqu'un dit que toutes les
œuvres accomplies avant la justification, de quelque façon qu'elles
le soient, sont vraiment des péchés et méritent la haine de Dieu, ou
que plus on fait d'efforts pour se disposer à la grâce, plus on
pèche gravement : qu'il soit anathème 1526.
1558 8. Si quelqu'un dit que la crainte
de l'enfer, par laquelle, en nous affligeant de nos péchés, nous
nous réfugions dans la miséricorde de Dieu ou nous nous abstenons de
pécher, est un péché ou rend les hommes encore pires : qu'il soit
anathème 1526 ; 1456.
1559 9. Si quelqu'un dit que l'impie
est justifié par la seule foi, entendant par là que rien d'autre
n'est requis pour coopérer à l'obtention de la grâce, et qu'il ne
lui est en aucune manière nécessaire de se préparer et disposer par
un mouvement de sa volonté : qu'il soit anathème 1532 ;
1538 ; 1465 ; 1460 ss .
1560 10. Si quelqu'un dit que les
hommes sont justifiés sans la justice du Christ, par laquelle il a
mérité pour nous, ou qu'ils sont formellement justes par cette
justice : qu'il soit anathème 1523 ; 1529.
1561 11. Si quelqu'un dit que les
hommes sont justifiés ou bien par la seule imputation de la justice
du Christ, ou bien par la seule rémission des péchés, à l'exclusion
de la grâce et de la charité qui est répandue dans leurs cœurs par
l'Esprit Saint Rm 5,5 et habite en eux, ou encore que la
grâce par laquelle nous sommes justifiés est seulement la faveur de
Dieu : qu'il soit anathème 1528-1531 1545 ss .
1562 12. Si quelqu'un dit que la foi
qui justifie n'est rien d'autre que la confiance en la miséricorde
divine, qui remet les péchés à cause du Christ, ou que c'est par
cette seule confiance que nous sommes justifiés : qu'il soit
anathème. 1533.
1563 13. Si quelqu'un dit qu'il est
indispensable à tout homme, pour obtenir la rémission des péchés, de
croire avec certitude et sans aucune hésitation venant de sa
faiblesse personne1le ou de son manque de disposition que ses péchés
lui sont remis : qu'il soit anathème 1533 s ; 1460-1464.
1564 14. Si quelqu'un dit que l'homme
est absous de ses péchés et justifié parce qu'il croit avec une
certitude qu'il est absous et justifié, ou que n'est vraiment
justifié que celui qui croit qu'il est justifié, et que cette seule
foi réalise l'absolution et la justification : qu'il soit anathème.
1533 s ; 1460-1464.
1565 15. Si quelqu'un dit que l'homme
né de nouveau et justifié est tenu par la foi de croire qu'il est
certainement au nombre des prédestinés : qu'il soit anathème 1540.
1566 16. Si quelqu'un dit avec une
certitude absolue et infaillible qu'il aura certainement le grand
don de la persévérance jusqu'à la fin Mt 10,22 ; Mt 24,13, à
moins qu'il ne l'ait appris par une révélation spéciale : qu'il soit
anathème 1540 s
1567 17. Si quelqu'un dit que la grâce
de la justification n'échoit qu'à ceux qui sont prédestinés à la vie
et que tous les autres qui sont appelés, le sont assurément, mais ne
reçoivent pas la grâce, parce que prédestinés au mal par la
puissance divine : qu'il soit anathème.
1568 8. Si quelqu'un dit que les
commandements de Dieu sont impossibles à observer même pour l'homme
justifié et établi dans la grâce : qu'il soit anathème 1536s.
1569 19. Si quelqu'un dit que rien
n'est commandé dans l’Évangile en dehors de la foi, que les autres
choses sont indifférentes, ni commandées, ni défendues, mais libres,
ou que les dix commandements ne concernent pas les chrétiens : qu'il
soit anathème 1536s.
1570 20. Si quelqu'un dit que l'homme
justifié, aussi parfait qu'il soit, n'est pas tenu d'observer les
commandements de Dieu et de l’Église, mais seulement de croire,
comme si l’Évangile était une pure et simple promesse de la vie
éternelle sans la condition d'observer les commandements : qu'il
soit anathème 1536 s.
1571 21. Si quelqu'un dit que le Christ
Jésus a été donné par Dieu aux hommes comme rédempteur, en qui se
confier, et non pas aussi comme législateur à qui obéir : qu'il soit
anathème.
1572 22. Si quelqu'un dit que le
justifié soit peut persévérer dans la justice sans un secours
spécial de Dieu, soit ne le peut pas avec ce secours : qu'il soit
anathème 1541.
1573 23. Si quelqu'un dit que l'homme
une fois justifié ne peut plus pécher ni perdre la grâce, et que
donc celui qui tombe et pèche n'a jamais été vraiment justifié : ou,
au contraire, qu'il peut dans toute sa vie éviter tous les péchés,
même véniels, à moins que ce soit par un privilège spécial de Dieu,
comme l’Église le tient au sujet de la bienheureuse Vierge : qu'il
soit anathème 1537 ; 1549.
1574 24. Si quelqu'un dit que la
justice reçue ne se conserve pas et même ne s'accroît pas devant
Dieu par les bonnes œuvres, mais que ces œuvres ne sont que le fruit
et le signe de la justification obtenue et non pas aussi la cause de
son accroissement : qu'il soit anathème 1535.
1575 25. Si quelqu'un dit qu'en toute
bonne œuvre le juste pèche au moins véniellement ou (ce qui est plus
intolérable) mortellement, et qu'il mérite pour cela les peines
éternelles ; qu'il n'est pas damné à cause de cela seulement, parce
que Dieu n'impute pas ses œuvres pour la damnation : qu'il soit
anathème 1539 ; 1481s .
1576 26. Si quelqu'un dit que, pour les
bonnes œuvres qu'ils ont faites en Dieu Jn 3,21, les justes
ne doivent pas attendre et espérer de rétribution éternelle de la
part de Dieu, en raison de sa miséricorde et des mérites de Jésus
Christ, s'ils persévèrent jusqu'à la fin à faire le bien et à garder
les commandements divins Mt 10,22 ; Mt 24,13 : qu'il soit
anathème 1538.
1577 27. Si quelqu'un dit qu'il n'y a
aucun péché mortel, sauf celui d'infidélité, ou que la grâce une
fois reçue ne peut être perdue par aucun autre péché, aussi grave et
énorme soit-il, sauf par celui de l'infidélité : qu'il soit anathème
1544.
1578 28. Si quelqu'un dit qu'une fois
la grâce perdue par le péché, en même temps la foi est pour toujours
perdue ou que la foi qui reste n'est pas une vraie foi, puisqu'elle
n'est pas vivante Jc 2,26, ou bien que celui qui a la foi
sans la charité n'est pas un chrétien : qu'il soit anathème 1544.
1579 29. Si quelqu'un dit que celui qui
est tombé après le baptême ne peut pas se relever avec la grâce de
Dieu, ou qu'il peut certes recouvrer la justice perdue, mais par la
seule foi, sans le sacrement de la pénitence, comme l'a jusqu'ici
professé, gardé et enseigné la sainte Église romaine universelle,
instruite par notre Seigneur et les apôtres : qu'il soit anathème
1542.
1580 30. Si quelqu'un dit que, après
avoir reçu la grâce de la justification, tout pécheur pénitent voit
sa faute remise et sa condamnation à la peine éternelle annulée, en
sorte que ne reste aucune condamnation à une peine temporelle à
expier, ou dans ce monde ou dans le monde à venir au purgatoire,
avant que ne puisse s'ouvrir l'entrée au royaume des cieux qu'il
soit anathème 1543.
1581 31. Si quelqu'un dit que le
justifié pèche en faisant le bien en vue d'une récompense
éternelle : qu'il soit anathème 1539.
1582 32. Si quelqu'un dit que les
bonnes œuvres de l'homme justifié sont les dons de Dieu, en telle
sorte qu'elles ne soient pas aussi de bons mérites de justifié ; ou
que, par les bonnes œuvres qu'il fait par la grâce de Dieu et les
mérites du Christ (dont il est un membre vivant), le justifié ne
mérite pas vraiment un accroissement de la grâce, la vie éternelle
et (s'il meurt dans la grâce) l'entrée dans la vie éternelle, ainsi
que l'accroissement de gloire : qu'il soit anathème 1548 ;
1545-1550.
1583 33. Si quelqu'un dit que, par
cette doctrine catholique sur la justification exposée par le saint
concile dans le présent décret, il fait tort en partie à la gloire
de Dieu ou aux mérites de Jésus Christ notre Seigneur et non plutôt
que sont ainsi mises en lumière la vérité de notre foi et la gloire
de Dieu et du Christ Jésus : qu'il soit anathème.
1600 Pour compléter cette doctrine
salutaire sur la justification, promulguée lors de la précédente
session avec le consentement unanime de tous les pères, il a paru à
propos de traiter des sacrements très saints de l'Église. C'est par
eux que toute véritable justice ou commence, ou, une fois commencée,
s'accroît, ou, perdue, est réparée.
C'est pourquoi le saint concile œcuménique et
général de Trente, veut éliminer les erreurs et extirper les
hérésies qui, apparues de notre temps, concernant les très saints
sacrements, sont nées d'hérésies autrefois condamnées par nos Pères
ou bien même ont été découvertes, nuisant grandement à la pureté de
l'Église catholique et ,au salut des âmes, attaché à l'enseignement
des saintes Écritures, aux traditions apostoliques et à l'accord
unanime des Pères des autres conciles, ce saint concile a décidé de
statuer et de décréter les canons suivants. Ceux qui restent encore
pour porter à son terme l’œuvre commencée seront, avec l'aide de
l'Esprit Saint, publiés plus tard.
1601 1. Si quelqu'un dit que les
sacrements de la Loi nouvelle n'ont pas été tous institués par Jésus
Christ notre Seigneur ou bien qu'il y en a plus ou moins que sept, à
savoir : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence,
l'extrême-onction, l'ordre et le mariage, ou encore que l'un de ces
sept n'est pas vraiment et proprement un sacrement : qu'il soit
anathème.
1602 2. Si quelqu'un dit que ces
sacrements de la Loi nouvelle ne diffèrent des sacrements de la Loi
ancienne que parce que les cérémonies sont autres et que sont autres
les rites extérieurs : qu'il soit anathème.
1603 3. Si quelqu'un dit que ces sept
sacrements sont si égaux entre eux que d'aucune façon l'un n'est
plus digne que l'autre : qu'il soit anathème.
1604 4. Si quelqu'un dit que les
sacrements de la Loi nouvelle ne sont pas nécessaires au salut, mais
superflus, et que, sans eux ou sans le désir de ceux-ci, les hommes
obtiennent de Dieu la grâce de la justification 1559, étant
admis que tous ne sont pas nécessaires à chacun : qu'il soit
anathème.
1605 5. Si quelqu'un dit que ces
sacrements n'ont été institués que pour nourrir la foi : qu'il soit
anathème.
1606 6. Si quelqu'un dit que les
sacrements de la Loi nouvelle ne contiennent pas la grâce qu'ils
signifient ou qu'ils ne confèrent pas cette grâce elle-même à ceux
qui n'y mettent pas d'obstacle 1451, comme s'ils n'étaient
que les signes extérieurs de la grâce et de la justice reçus par la
foi, et des marques de profession chrétienne par lesquelles les
fidèles sont distingués des infidèles parmi les hommes : qu'il soit
anathème.
1607 7. Si quelqu'un dit que par de
tels sacrements la grâce n'est pas donnée toujours et à tous, pour
ce qui est de Dieu, même s'ils sont reçus comme il convient, mais
seulement parfois et à quelques-uns : qu'il soit anathème.
1608 8. Si quelqu'un dit que la grâce
n'est pas conférée ex opere operato par ces sacrements de la
Loi nouvelle, mais que seule la foi en la promesse divine suffit
pour obtenir la grâce : qu'il soit anathème.
1609 9. Si quelqu'un dit que dans les
trois sacrements du baptême, de la confirmation et de l'ordre n'est
pas imprimé dans l'âme un caractère, c'est-à-dire une marque
spirituelle et indélébile telle qu'on ne peut les réitérer : qu'il
soit anathème.
1610 10. Si quelqu'un dit que tous les
chrétiens ont pouvoir sur la parole et sur l'administration des
sacrements : qu'il soit anathème.
1611 11. Si quelqu'un dit que chez les
ministres, alors qu'ils réalisent et confèrent les sacrements,
l'intention n'est pas requise de faire au moins ce que fait
l'Église : qu'il soit anathème. 1262.
1612 12. Si quelqu'un dit qu'un
ministre en état de péché mortel, du moment qu'il observe tout ce
qui est essentiel concernant la réalisation ou la collation du
sacrement, en réalise ou ne confère par un sacrement : qu'il soit
anathème 1154.
1613 13. Si quelqu'un dit que les rites
reçus et approuvés de l’Église catholique, en usage dans
l'administration solennelle des sacrements, peuvent être ou méprisés
ou omis sans péché, au gré des ministres, ou encore être changés en
d'autres nouveaux par tout pasteur des églises : qu'il soit
anathème.
1614 1. Si quelqu'un dit que le baptême
de Jean a eu la même force que le baptême du Christ : qu'il soit
anathème.
1615 2. Si quelqu'un dit que l'eau
vraie et naturelle n'est pas chose nécessaire pour le baptême et si,
en conséquence, il détourne au sens d'une métaphore les paroles de
notre Seigneur Jésus Christ : « Si l'on ne renaît pas de l'eau et de
l'Esprit Saint » Jn 3,5 ; qu'il soit anathème.
1616 3. Si quelqu'un dit que dans
l'Église romaine, qui est Mère et maîtresse de toutes les Églises,
ne se trouve pas la vraie doctrine sur le sacrement de baptême :
qu'il soit anathème.
1617 4. Si quelqu'un dit que le
baptême, même donné par des hérétiques au nom du Père et du Fils et
du Saint-Esprit, avec l'intention de faire ce que fait l'Église,
n'est pas un vrai baptême : qu'il soit anathème.
1618 5. Si quelqu'un dit que le baptême
est libre, c'est-à-dire n'est pas nécessaire pour le salut : qu'il
soit anathème 1524.
1619 6. Si quelqu'un dit que le baptisé
ne peut pas, même s'il le voulait, perdre la grâce, quelque nombreux
que soient ses péchés, sauf s'il ne veut pas croire : qu'il soit
anathème 1544.
1620 7. Si quelqu'un dit que les
baptisés, par leur baptême, ne sont pas obligés qu'à la foi, mais
non à l'observation de toute la Loi du Christ : qu'il soit anathème.
1621 8. Si quelqu'un dit que les
baptisés sont libres par rapport à tous les commandements de la
sainte Église, aussi bien ceux qui sont écrits que ceux qui sont
transmis, en sorte qu'ils ne soient tenus de les observer que s'ils
veulent spontanément s'y soumettre : qu'il soit anathème.
1622 9. Si quelqu'un dit que l'on doit
rappeler aux hommes le souvenir du baptême, de telle manière qu'ils
comprennent que tous les vœux faits après le baptême sont nuls, en
vertu de la promesse déjà faite lors du baptême lui-même, comme si
ces vœux portaient atteinte et à la foi qu'ils ont alors professée
et au baptême lui-même : qu'il soit anathème.
1623 10. Si quelqu'un dit que tous les
péchés commis après le baptême sont remis ou rendus véniels par le
seul souvenir et par la foi du baptême qui a été reçu : qu'il soit
anathème.
1624 11. Si quelqu'un dit que le vrai
baptême, conféré selon les rites, doit être réitéré pour celui qui a
renié la foi du Christ parmi les infidèles, lorsqu'il s'est converti
et a fait pénitence : qu'il soit anathème.
1625 12. Si quelqu'un dit que personne
ne doit être baptisé qu'à l'âge où le Christ a été baptisé ou bien à
l'article de la mort : qu'il soit anathème.
1626 13. Si quelqu'un dit que les
petits enfants, par le fait qu'ils ne font pas acte de foi, ne
doivent pas être comptés parmi les fidèles, après qu'ils ont reçu le
baptême, et que, pour cette raison, ils doivent être rebaptisés
quand ils sont arrivés à l'âge de discrétion, ou qu'il est
préférable d'omettre leur baptême plutôt que de les baptiser dans la
seule foi de l'Église, eux qui ne croient pas par un acte personnel
de foi : qu'il soit anathème.
1627 14. Si quelqu'un dit que l'on doit
demander à ces petits enfants ainsi baptisés, lorsqu'ils ont grandi,
s'ils veulent ratifier ce que les parrains ont promis en leur nom
quand ils ont été baptisés et que ceux qui répondent qu'ils ne le
veulent pas, on doit les laisser à leur libre arbitre et ne les
contraindre par aucune peine à une vie chrétienne, sauf en les
écartant de la réception de l'eucharistie et des autres sacrements
jusqu'à ce qu'ils s'amendent : qu'il soit anathème.
1628 1. Si quelqu'un dit que la
confirmation des baptisés est une cérémonie vaine et non pas plutôt
un sacrement véritable et proprement dit, ou qu'elle ne fut
autrefois rien d'autre qu'une catéchèse, par laquelle ceux qui
approchaient de l'adolescence rendaient compte de leur foi en
présence de l'Église : qu'il soit anathème.
1629 2. Si quelqu'un dit que font
injure à l'Esprit Saint ceux qui attribuent quelque vertu au saint
chrême de la confirmation : qu'il soit anathème.
1630 3. Si quelqu'un dit que le
ministre ordinaire de la confirmation n'est pas l'évêque seul, mais
n'importe quel simple prêtre : qu'il soit anathème 1318.
·
Continuation du Concile de Trente sous
Jules III
1635 Le saint concile œcuménique et
général de Trente... s'est réuni, non sans être particulièrement
conduit et gouverné par l'Esprit Saint, dans le but d'exposer la
véritable et antique doctrine sur la foi et les sacrements et pour
porter remède à toutes les hérésies et à tous les autres très graves
dommages qui, aujourd'hui, troublent malheureusement l'Église de
Dieu et la divisent en de nombreuses et diverses parties. Il a
cependant, dès le début, eu spécialement à cœur d'arracher jusqu'à
la racine l'ivraie des erreurs et schismes exécrables que l'ennemi,
en ces temps malheureux qui sont les nôtres, a semé Mt 13,15
dans la doctrine de la foi, dans l'usage et le culte de la sainte
eucharistie, elle que notre Seigneur a pourtant laissée dans son
Église comme le symbole de cette unité et de cet amour par lesquels
il a voulu que tous les chrétiens soient unis et reliés entre eux.
C'est pourquoi ce même saint concile,
transmettant la saine et authentique doctrine concernant ce
vénérable et divin sacrement de l'eucharistie, que l'Église
catholique, instruite par Jésus Christ notre Seigneur lui-même et
par les apôtres, enseignées par l'Esprit Saint lui rappelant de jour
en jour la vérité tout entière Jn 14,26, a toujours gardée et
conservera jusqu'à la fin du monde, interdit à tous les chrétiens
d'oser croire, enseigner ou prêcher désormais sur la très sainte
eucharistie autre chose que ce qui est expliqué et défini par le
présent décret.
1636 En premier lieu, le saint concile
enseigne et professe ouvertement et sans détour que, dans le
vénérable sacrement de la sainte eucharistie, après la consécration
du pain et du vin, notre Seigneur Jésus Christ, vrai Dieu et vrai
homme, est vraiment, réellement et substantiellement 1651
contenu sous l'apparence de ces réalités sensibles. Il n'y a en
effet aucune opposition à ce que notre Sauveur lui-même siège
toujours dans les cieux à la droite du Père, selon un mode
d'existence qui est surnaturel, et à ce que néanmoins il soit pour
nous sacramentellement présent en de nombreux autres lieux en sa
substance, par un mode d'existence que nous pouvons à peine exprimer
par des mots, et que nous pouvons cependant reconnaître et
constamment croire comme possible à Dieu Mt 19,26 ; Lc 18,27,
par notre pensée éclairée par la foi.
1637 C'est ainsi en effet que tous nos
ancêtres, qui ont tous été dans la véritable Église du Christ et ont
traité de ce très saint sacrement, ont professé très ouvertement que
notre Rédempteur a institué ce sacrement si admirable lors de la
dernière Cène, lorsque, après avoir béni le pain et le vin, il
attesta en termes clairs et précis qu'il leur donnait son propre
Corps et son propre Sang. Ces paroles, rappelées par les saints
évangélistes Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ; Lc 22,19-20 et
répétées ensuite par saint Paul 1Co 11,24-25, se présentent
en un sens propre et très clair, selon ce que les Pères ont compris.
Aussi est-ce le scandale le plus indigne de voir certains hommes
querelleurs et pervers les ramener à des figures de style sans
consistance et imaginaires, par lesquels est niée la vérité de la
Chair et du Sang du Christ, contre le sentiment universel de
l'Église, elle qui en tant que « colonne et fondement de la vérité »
1Tm 3,15 déteste comme sataniques ces inventions imaginées
par des hommes impies, elle qui reconnaît, d'un esprit qui sait
toujours rendre grâces et se souvenir, cet insigne bienfait du
Christ.
1638 Donc, notre Sauveur, allant
quitter ce monde pour le Père, a institué ce sacrement dans lequel
il a en quelque sorte répandu les richesses de son amour divin pour
les hommes, « laissant un mémorial de ses merveilles » Ps 110,4,
et il nous a donné dans la réception de ce sacrement de célébrer sa
mémoire Lc 22,19 ; 1Co 11,24 et d'annoncer sa mort jusqu'à ce
qu'il vienne 1Co 11,26 pour juger lui-même le monde.
Il a voulu ce sacrement comme aliment spirituel
des âmes Mt 26,26 qui nourrit et fortifie ceux qui vivent de
sa vie 1655, lui qui a dit «qui me mange vivra lui-même par
moi» Jn 6,57, et comme antidote nous libérant des fautes
quotidiennes et nous préservant des péchés mortels.
Il a voulu, en outre, que ce soit le gage de
notre gloire à venir et de notre félicité éternelle, en même temps
qu'un symbole de cet unique corps dont il est lui-même la tête
1Co 11,3 ; Ep 5,23 et auquel Il a voulu que nous, en tant que
ses membres, nous soyons attachés par les liens les plus étroits de
la foi, de l'espérance et de la charité, en sorte que nous disions
tous la même chose et qu'il n'y ait pas de divisions parmi nous
1Co 1,10.
1639 La très sainte eucharistie a,
certes, ceci de commun avec les autres sacrements qu'elle est «le
symbole d'une réalité sainte et la forme visible d'une grâce
invisible». Mais ce que l'on trouve en elle d'excellent et de
particulier est que les autres sacrements ont la vertu de sanctifier
lorsque quelqu'un y a recours, alors que dans l'eucharistie se
trouve l'auteur même de la sainteté avant qu'on ne la reçoive
1654.
1640 En effet, les apôtres n'avaient
pas encore reçu l'eucharistie de la main du Seigneur Mt 26,26 ;
Mc 14,22 qu'il affirmait pourtant que c'était vraiment son Corps
qu'il présentait ; et ce fut toujours la foi dans l'Église de Dieu
que, immédiatement après la consécration, le véritable Corps et le
véritable Sang de notre Seigneur se trouvaient sous les espèces du
pain et du vin en même temps que son âme et sa divinité. Certes, si
le Corps se trouve sous l'espèce du pain, et le Sang sous l'espèce
du vin par la vertu des paroles, le Corps lui-même est aussi sous
l'espèce du vin, et le Sang sous l'espèce du pain, et l'âme sous les
deux espèces, en vertu de cette connexion naturelle et de cette
concomitance qui unissent entre elles les parties du Christ Seigneur
qui, ressuscité des morts, ne meurt plus Rm 6,9. La divinité
est unie, à cause de cette admirable union hypostatique avec son
corps et son âme 1651 ; 1653 .
1641 C'est pourquoi il est tout à fait
vrai que le Christ est contenu sous l'une ou l'autre espèce et sous
les deux espèces ensemble. En effet, le Christ est totalement et
intégralement sous l'espèce du pain et sous n'importe quelle partie
de cette espèce il est de même totalement sous l'espèce du vin et
sous les parties de celle-ci 1653.
1642 Parce que le Christ notre
Rédempteur a dit qu'était vraiment son corps ce qu'il offrait sous
l'espèce du pain Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ; Lc 22,19 ;
1Co 11,24-26, on a toujours été persuadé dans l'Église de Dieu —
et c'est ce que déclare de nouveau aujourd'hui ce saint concile —
que par la consécration du pain et du vin se fait un changement de
toute la substance du pain en la substance du corps du Christ notre
Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son
sang. Ce changement a été justement et proprement appelé, par la
sainte Église catholique, transsubstantiation 1652 .
1643 C'est pourquoi il ne reste aucune
raison de douter que tous les chrétiens selon la coutume reçue
depuis toujours dans l'Église catholique, rendent avec vénération le
culte de latrie, qui est dû au vrai Dieu, à ce très saint sacrement
1656.
En effet, celui-ci ne doit pas être moins adoré
parce qu'il a été institué par le Christ Seigneur pour nous nourrir
Mt 26,26-29. Car nous croyons qu'en lui est présent ce même
Dieu que le Père éternel a introduit dans le monde en disant «Et que
tous les anges de Dieu l'adorent» He 1,6 ; Ps 96,7, lui que
les mages ont adoré en se prosternant Mt 2,11, lui enfin dont
toute l'Écriture témoigne qu'il fut adoré en Galilée par les apôtres
Mt 28,17 ; Lc 24,52.
1644 En outre, le saint concile déclare
que la coutume a été pieusement et religieusement introduite dans
l'Église de Dieu de célébrer chaque année, en un jour de fête
particulier, ce sacrement éminent et vénérable dans une vénération
et une solennité spéciales, et de porter celui-ci avec respect et
honneur dans des processions à travers les rues et les places
publiques. 846
Il est, en effet, très juste qu'il y ait des
jours saints fixés où tous les chrétiens, par des manifestations
singulières et extraordinaires, attestent de leur reconnaissance et
de leur mémoire envers leur commun Seigneur et Rédempteur pour un
bienfait si ineffable et vraiment divin, par lequel sont représentés
sa victoire et son triomphe sur la mort. Et ainsi a-t-il fallu que
la vérité victorieuse du mensonge et de l'hérésie triomphe, pour que
ses adversaires, placés face à une si grande splendeur et à la joie
si grande de l’Église universelle, ou bien affaiblis et brisés
dépérissent, ou bien, pris de honte et de confusion, viennent un
jour à résipiscence.
1645 La coutume de conserver la sainte
eucharistie en un lieu sacré est si ancienne que le siècle du
concile de Nicée la connaissait déjà. En outre, porter cette sainte
eucharistie aux malades et, pour ce faire, la conserver
soigneusement dans les églises non seulement est chose très
équitable en même temps que conforme à la raison, mais est aussi
prescrit par de nombreux conciles et observé par une très ancienne
coutume de l'Église catholique. C'est pourquoi ce saint concile a
statué qu'il fallait garder absolument cette coutume salutaire et
nécessaire 1657 .
1646 S'il ne convient pas que qui que
ce soit s'approche d'une fonction sacrée si ce n'est saintement, à
coup sûr plus un chrétien découvre la sainteté et le caractère divin
de ce sacrement céleste, plus il doit diligemment veiller à ne s'en
approcher pour le recevoir qu'avec grand respect et sainteté 1661
, d'autant plus que nous lisons dans l'Apôtre ces mots pleins de
crainte : « Qui mange et boit indignement, mange et boit sa
condamnation, ne discernant pas le corps du Christ » 1Co 11,29.
C'est pourquoi il faut rappeler à qui veut communier le
commandement : « Que l'homme s'éprouve lui-même » 1Co 11,28.
1647 La coutume de l'Église montre
clairement que cette épreuve est nécessaire pour que personne en
ayant conscience d'un péché mortel, quelque contrit qu'il s'estime,
ne s'approche de la sainte eucharistie sans une confession
sacramentelle préalable.
Ce saint concile a décrété que cela devait être
observé toujours par tous les chrétiens, même par les prêtres qui
sont tenus par office de célébrer, du moment qu'ils peuvent avoir
recours à un confesseur. Que si, en raison d'une nécessité urgente,
un prêtre a dû célébrer sans confession préalable qu'il se confesse
le plus tôt possible 2058 .
1648 Pour ce qui est de l'usage, nos
pères ont justement et sagement distingué trois manières de recevoir
ce saint sacrement. Ils ont enseigné que certains ne le reçoivent
que sacramentellement en tant que pécheurs. D'autres ne le reçoivent
que spirituellement : ce sont ceux qui, mangeant par le désir le
pain céleste qui leur est offert avec cette « foi » vive « qui opère
par la charité » Ga 5,6, en ressentent le fruit et l'utilité.
D'autres, enfin, le reçoivent à la fois sacramentellement et
spirituellement 1658 : ce sont ceux qui s'éprouvent et se
préparent de telle sorte qu'ils s'approchent de cette table divine
après avoir revêtu la robe nuptiale Mt 22,11-14.
Dans la réception sacramentelle, l'usage a
toujours été dans l'Église de Dieu que les laïcs reçoivent la
communion des prêtres et que les prêtres qui célèbrent se communient
eux-mêmes 1560 ; cette coutume, en tant que venant de la
tradition apostolique, doit être maintenue à juste titre et à bon
droit.
1649 Enfin, avec une affection
paternelle, le saint concile avertit, exhorte, demande et conjure,
« par les entrailles de la miséricorde de Dieu » Lc 1,78,
tous et chacun de ceux qui portent le nom de chrétiens de se
retrouver enfin désormais ne formant qu'un seul cœur, dans ce
« signe », dans ce « lien de la charité », dans ce symbole de
l'accord des cœurs ; se souvenant de la majesté si grande et de
l'amour si admirable de notre Seigneur Jésus Christ, qui a donné sa
chère vie pour prix de notre salut et sa chair pour que nous la
mangions Jn 6,48-58, qu'ils croient et vénèrent les saints
mystères de son Corps et de son Sang avec une foi si constante et
ferme, avec un cœur si dévot, avec une piété et un respect tels
qu'ils puissent recevoir fréquemment ce pain supersubstantiel
Mt 6,11. Qu'il soit vraiment la vie de leur âme et la santé
perpétuelle de leur esprit ; que, fortifiés par sa vigueur
1R 19,8, ils soient à même de terminer le chemin de leur
malheureux pèlerinage pour entrer dans la patrie céleste, où ils
seront nourris sans aucun voile par ce pain des anges Ps 77,25
qu'ils mangent seulement sous des voiles sacrés.
1650 Puisqu'il ne suffit pas de dire la
vérité si l'on ne fait apparaître et si l'on ne réfute pas les
erreurs, le saint concile a décidé d'ajouter les canons suivants
pour que tous, une fois bien connue la doctrine catholique,
comprennent aussi quelles hérésies doivent être écartées et évitées.
1651 1. Si quelqu'un dit que dans le
très saint sacrement de l'eucharistie ne sont pas contenus vraiment,
réellement et substantiellement le Corps et le Sang en même temps
que l'âme et la divinité de notre Seigneur Jésus Christ et, en
conséquence, le Christ tout entier, mais dit qu'ils n'y sont qu'en
tant que dans un signe ou en figure ou virtuellement qu'il soit
anathème 1636 ; 1640 .
1652 2. Si quelqu'un dit que, dans le
très saint sacrement de l'eucharistie, la substance du pain et du
vin demeure avec le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ,
et s'il nie ce changement admirable et unique de toute la substance
du pain en son Corps et de toute la substance du vin en son Sang,
alors que demeurent les espèces du pain et du vin, changement que
l'Église catholique appelle d'une manière très appropriée
transsubstantiation : qu'il soit anathème 1642.
1653 3. Si quelqu'un nie que, dans le
vénérable sacrement de l'eucharistie, le Christ tout entier soit
contenu sous chaque espèce et sous chacune des parties de l'une ou
l'autre espèce, après leur séparation : qu'il soit anathème 1641.
1654 4. Si quelqu'un dit que, une fois
achevée la consécration, le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus
Christ ne sont pas dans l'admirable sacrement de l'eucharistie, mais
seulement quand on en use en le recevant, ni avant, ni après, et que
le vrai Corps du Seigneur ne demeure pas dans les hosties ou les
parcelles consacrées qui sont gardées ou restent après la
communion : qu'il soit anathème 1639s.
1655 5. Si quelqu'un dit ou bien que le
fruit principal de la très sainte eucharistie est la rémission des
péchés ou bien qu'elle ne produit pas d'autres effets : qu'il soit
anathème 1638.
1656 6. Si quelqu'un dit que, dans le
saint sacrement de l'eucharistie, le Christ, Fils unique de Dieu, ne
doit pas être adoré d'un culte de latrie, même extérieur et que, en
conséquence, il ne doit pas être vénéré par une célébration festive
particulière, ni être porté solennellement en procession selon le
rite ou la coutume louables et universels de la sainte Église, ni
être proposé publiquement à l'adoration du peuple, ceux qui
l'adorent étant des idolâtres : qu'il soit anathème 1643s.
1657 7. Si quelqu'un dit qu'il n'est
pas permis de garder la sainte eucharistie dans le tabernacle, mais
qu'elle doit nécessairement être distribuée aux assistants
immédiatement après la consécration, ou qu'il n'est pas permis de la
porter avec honneur aux malades : qu'il soit anathème 1645.
1658 8. Si quelqu'un dit que le Christ
présenté dans l'eucharistie est mangé seulement spirituellement et
non pas aussi sacramentellement et réellement : qu'il soit anathème
1648.
1659 9. Si quelqu'un nie que, une fois
qu'ils ont atteint l'âge de discrétion, tous et chacun des chrétiens
de l'un et l'autre sexe sont tenus de communier chaque année au
moins à Pâques, conformément au commandement de notre sainte mère
l'Église : qu'il soit anathème 812.
1660 10. Si quelqu'un dit qu'il n'est
pas permis au prêtre qui célèbre de se communier lui-même : qu'il
soit anathème 1648.
1661 11. Si quelqu'un dit que la foi
seule est une préparation suffisante pour recevoir le sacrement de
la très sainte eucharistie : qu'il soit anathème 1646.
Et pour qu'un si grand sacrement ne soit pas
reçu indignement et donc pour la mort et la condamnation, ce saint
concile statue et déclare que ceux dont la conscience est chargée
d'un péché mortel, quelque contrits qu'ils se jugent, doivent
nécessairement au préalable se confesser sacramentellement, s'il se
trouve un confesseur.
Si quelqu'un a l'audace d'enseigner, prêcher ou
affirmer opiniâtrement le contraire ou même le défendre dans des
disputes publiques, qu'il soit par le fait même, excommunié 1647.
1667 Le saint concile œcuménique et
général de Trente... a largement parlé, à l'occasion du décret sur
la justification 1542s ; 1579, du sacrement de
pénitence, une certaine nécessité l'exigeant à cause de la relation
entre les sujets. Néanmoins la multitude d'erreurs diverses sur ce
sacrement est si grande qu'il a jugé d'une utilité publique d'en
donner une définition plus exacte et plus complète. Par là, une fois
démasquées et repoussées toutes les erreurs, sous la protection de
l'Esprit Saint, la vérité catholique deviendra claire et nette.
C'est elle que ce saint concile expose à tous les chrétiens pour
qu'ils la gardent toujours.
1668 S'il y avait dans tous les
régénérés une telle reconnaissance envers Dieu qu'ils gardent
constamment la justice, reçue dans le baptême de sa bonté et de sa
grâce, il n'aurait pas été besoin d'instituer un autre sacrement que
celui du baptême pour la rémission des péchés 1702. Mais
parce que « Dieu, riche en miséricorde » Ep 2,4, « sait de
quoi nous sommes faits » Ps 102,14, il a aussi donné un
remède rendant la vie à ceux qui se sont ensuite livrés à
l'esclavage du péché et au pouvoir du démon : le sacrement de la
pénitence 1701, par lequel le bienfait de la mort du Christ
est appliqué à ceux qui sont tombés après le baptême.
1669 Pour tous les hommes qui se sont
souillés de quelque péché mortel, la pénitence fut certes nécessaire
en tout temps pour obtenir la grâce et la justice, même pour ceux
qui avaient demandé à être lavés par le sacrement du baptême, pour
que, ayant rejeté et amendé toute perversité, ils détestent une si
grande offense faite à Dieu en ressentant en même temps la haine du
péché et une sainte douleur dans leur âme. Aussi le prophète
dit-il : « Convertissez-vous et faites pénitence de toutes vos
iniquités, et votre iniquité ne sera pas pour votre ruine »
Ez 18,30 . Le Seigneur dit aussi : « Si vous ne faites
pénitence, vous périrez tous de la même manière » Lc 13,3 .
Et le chef des apôtres, Pierre, disait, en recommandant la pénitence
aux pécheurs qui allaient recevoir le baptême : « Faites pénitence,
et que chacun de vous soit baptisé » Ac 2,38.
1670 Mais, avant la venue du Christ, la
pénitence n'était pas un sacrement ; et après sa venue, elle n'en
est un pour personne avant le baptême. Or le Seigneur a
principalement institué ce sacrement de pénitence lorsque,
ressuscité des morts, il souffla sur les disciples en disant :
« Recevez l'Esprit Saint ; les péchés seront remis à ceux à qui vous
les remettrez ; ils seront retenus à ceux à qui vous les
retiendrez » Jn 10,22-23.
Que, par un fait hors du commun et des paroles
si claires, le pouvoir de remettre et de retenir les péchés, afin de
réconcilier les fidèles tombés après le baptême, ait été communiqué
aux apôtres et à leurs successeurs légitimes, les Pères l'ont
toujours compris unanimement 1703 ; et l'Église a eu
grandement raison de rejeter et de condamner comme hérétiques les
novatiens qui, autrefois, niaient avec obstination le pouvoir de
remettre les péchés.
C'est pourquoi ce saint concile, approuvant et
faisant sienne cette signification très authentique des paroles du
Seigneur, condamne les interprétations mensongères de ceux qui
détournent faussement ces paroles pour les appliquer au pouvoir de
prêcher la Parole de Dieu et l'Évangile du Christ et pour s'opposer
à l'institution de ce sacrement.
1671 D'ailleurs on discerne que, par
bien des aspects, ce sacrement diffère du baptême 1702. En
effet, outre le fait que la matière et la forme, qui constituent
l'essence du sacrement, sont très différentes, il est absolument
évident qu'il ne faut pas que le ministre du baptême soit un juge,
puisque l'Église n'exerce de jugement sur personne qui ne soit
d'abord entré dans l'Église par la porte du baptême. « Qu'ai-je à
faire en effet (dit l'Apôtre) de juger ceux du dehors ? »
1Co 5,12.
Il en va autrement de ceux qui sont de la
famille de la foi Ga 6,10, que le Seigneur Christ a faits une
fois pour toutes membres de son corps par le bain du baptême
1Co 12,12-13. En effet il a voulu pour ceux-là que, s'ils se
souillent ensuite de quelque faute, ils ne soient pas lavés par un
baptême qu'on répéterait, puisque cela n'est en aucune façon permis
dans l'Église catholique, mais qu'ils se présentent en coupables
devant ce tribunal pour que, par la sentence des prêtres, ils
puissent être libérés, non pas une seule fois, mais toutes les fois
que, se repentant des péchés commis, ils cherchent refuge en lui.
1672 En outre, autre est le fruit du
baptême et autre celui de la pénitence. En effet, revêtant le Christ
par le baptême Ga 3,27, nous devenons en lui une créature
nouvelle, alors que nous obtenons une rémission pleine et entière de
tous les péchés. Nous ne pouvons nullement parvenir à cette
nouveauté et à cette intégrité par le sacrement de la pénitence,
sans de grandes larmes et peines de notre part, ce qu'exige la
justice divine. Aussi la pénitence a-t-elle été dite à juste titre
par les Pères « un baptême laborieux ». Ce sacrement de la pénitence
est nécessaire au salut pour ceux qui sont tombés après le baptême,
comme l'est le baptême lui-même pour ceux qui n'ont pas encore été
régénérés 1706.
1673 Le saint concile enseigne en outre
que la forme du sacrement de la pénitence, dans laquelle réside
principalement sa vertu, est placée dans ces paroles du ministre :
« Je t'absous, etc. », paroles auxquelles, selon la coutume de la
sainte Église, sont ajoutées de manière louable certaines prières
qui, cependant, ne concernent nullement l'essence de cette forme et
ne sont pas nécessaires pour l'administration de ce sacrement.
Sont quasi matière de ce sacrement les actes du
pénitent lui-même : la contrition, la confession et la satisfaction
1704. Dans la mesure où ces actes sont requis, parce que
d'institution divine, chez le pénitent pour l'intégrité du
sacrement, pour une pleine et parfaite rémission des péchés, ils
sont dits pour cette raison parties de la pénitence.
1674 Pour ce qui concerne la vertu et
l'efficacité du sacrement, la réconciliation avec Dieu en est la
réalité et l'effet ; chez les hommes pieux et qui reçoivent ce
sacrement avec dévotion, elle produit habituellement paix et
sérénité en même temps que grande consolation spirituelle.
1675 En disant tout cela sur les
parties et l'effet de ce sacrement, le saint concile condamne en
même temps les affirmations de ceux qui prétendent que les terreurs
qui s'emparent de la conscience et la foi sont des parties de la
pénitence 1704.
1676 La contrition, qui tient la
première place parmi les actes du pénitent dont il a été parlé, est
une douleur de l'âme et une détestation du péché commis, avec le
propos de ne pas pécher à l'avenir. En tout temps ce mouvement de
contrition a été nécessaire pour obtenir le pardon des péchés ; dans
celui qui est tombé après le baptême, il prépare encore à la
rémission des péchés s'il est joint à la confiance en la miséricorde
divine et au désir de faire tout le reste requis pour recevoir ce
sacrement comme il convient.
Le saint concile déclare donc que cette
contrition comprend non seulement l'abandon du péché, le propos et
le début d'une vie nouvelle, mais aussi la haine de la vie ancienne,
conformément à ces paroles : « Rejetez loin de vous toutes les
iniquités par lesquelles vous avez prévariqué, et faites-vous un
cœur nouveau et un esprit nouveau » Ez 18,31.
Et assurément celui qui aura considéré ces cris
des saints : « Contre toi seul j'ai péché et en ta présence j'ai
fait le mal » Ps 50,6 ; « j'ai peiné en gémissant, chaque
nuit, je baigne ma couche » Ps 6,7 ; « je me rappellerai pour
toi toutes mes années dans l'amertume de mon âme » Is 38,15,
et d'autres de ce genre, comprendra aisément qu'elles provenaient
d'une violente haine de la vie passée et d'une très grande
détestation des péchés.
1677 Le saint concile enseigne en outre
que, même s'il arrive parfois que cette contrition soit rendue
parfaite par la charité et réconcilie l'homme avec Dieu avant que ce
sacrement ne soit effectivement reçu, il ne faut néanmoins pas
attribuer cette réconciliation à cette seule contrition sans le
désir du sacrement, désir qui est inclus en elle.
1678 La contrition imparfaite 1705,
qu'on appelle attrition, parce qu'on la conçoit en général ou bien
en considérant la laideur du péché ou bien par crainte de l'enfer et
des châtiments, si elle exclut la volonté de pécher jointe à
l'espoir du pardon, le saint concile déclare que non seulement elle
ne fait pas de l'homme un hypocrite et un plus grand pécheur 1456,
mais qu'elle est aussi un don de Dieu, une impulsion de l'Esprit
Saint qui, n'habitant pas encore le pénitent, mais le mouvant
seulement, lui vient en aide, pour qu'il prépare pour lui-même le
chemin vers la justice. Et bien que sans le sacrement de la
pénitence elle ne puisse pas par elle-même conduire le pécheur
jusqu'à la justification, cependant elle le dispose à obtenir la
grâce de Dieu dans le sacrement de la pénitence. C'est fort
utilement frappés par cette crainte que les gens de Ninive firent
une pénitence complète à la prédication terrifiante de Jonas et
obtinrent miséricorde du Seigneur Jon 3.
C'est pourquoi on calomnie faussement des
écrivains catholiques, comme s'ils avaient enseigné que le sacrement
de la pénitence conférait la grâce sans aucun bon mouvement de la
part de ceux qui le reçoivent ; jamais l'Église de Dieu n'a enseigné
ni pensé cela. Mais fausse est la doctrine qui enseigne que la
contrition est extorquée et forcée, et non pas libre et volontaire
1705.
1679 De l'institution du sacrement de
la pénitence qu'on a déjà expliquée, l'Église universelle a toujours
compris que l'entière confession des péchés avait été aussi
instituée par le Seigneur Jc 5,16 ; 1Jn 1,9 ; Lc 5,14 ; Lc 7,14,
et qu'elle était de droit divin nécessaire pour tous ceux qui sont
tombés après le baptême 1707. Alors qu'il allait monter de la
terre au ciel, notre Seigneur Jésus Christ a laissé les prêtres pour
tenir sa place Mt 16,19 ; Mt 18,18 ; Jn 20,23 en tant que
présidents et juges auxquels seraient déférées toutes les fautes
mortelles dans lesquelles tomberaient les chrétiens, afin que, en
vertu du pouvoir des clés, ils prononcent la sentence qui remet ou
retient les péchés. Il est, en effet, évident que les prêtres ne
pourraient exercer ce jugement si la cause ne leur était pas connue,
et qu'ils ne pourraient agir équitablement dans l'injonction des
peines si les pénitents déclaraient leurs péchés d'une manière
générale et non pas plutôt en les spécifiant et en les précisant.
1680 Il ressort de cela que doivent
être énumérés par les pénitents, dans la confession, tous les péchés
mortels dont ils ont conscience à la suite d'un sérieux examen
d'eux-mêmes, même si ces péchés sont très cachés et commis seulement
contre les deux derniers commandements du Décalogue Ex 20,17 ; Dt 5,21 ;
Mt 5,28 : parfois ceux-ci blessent plus gravement l'âme et sont
plus dangereux que ceux qui sont faits à la vue des autres. Quant
aux péchés véniels, qui ne nous excluent pas de la grâce de Dieu et
dans lesquels nous tombons assez fréquemment, bien qu'il soit juste,
utile et nullement présomptueux de les dire en confession 1707,
comme le montre la pratique des hommes pieux, ils peuvent cependant
être tus sans qu'il y ait faute et être expiés par de nombreux
autres remèdes. Mais comme tous les autres péchés mortels, même
commis en pensée, rendent les hommes « enfants de colère » Ep 2,4
et ennemis de Dieu, il est indispensable d'en chercher le pardon de
la part de Dieu par une confession franche et pleine de confusion.
C'est pourquoi, en s'efforçant de confesser
tous les péchés qui leur viennent en mémoire, les chrétiens les
proposent tous, sans qu'on puisse en douter, au pardon de la
miséricorde divine 1707. Ceux qui font autrement et en
cachent quelques-uns sciemment, ne proposent à la bonté divine rien
qui soit remis par l'intermédiaire du prêtre. « En effet, si le
malade rougit de découvrir au médecin une plaie que celui-ci ignore,
le médicament ne guérit pas ».
1681 Il s'ensuit, en outre, que doivent
aussi être expliquées en confession les circonstances qui changent
l'espèce du péché 1707, parce que sans elles ces péchés ne
sont pas entièrement exposés par les pénitents ni connus des juges ;
il ne peut se faire que ceux-ci soient à même de juger de la gravité
des fautes et d'imposer aux pénitents la peine qu'il faut pour ces
fautes. C'est donc sans raison que l'on enseigne que ces
circonstances ont été inventées par des hommes désœuvrés ou qu'il ne
faut confesser qu'une seule circonstance, par exemple qu'on a péché
contre son frère.
1682 Il est aussi impie de dire que la
confession que l'on prescrit de faire de cette manière est chose
impossible 1708 ou de l'appeler torture des consciences ; il
est, en effet, évident que, dans l'Église, il n'est rien exigé
d'autre de la part des pénitents que, après s'être sérieusement
examinés et après avoir exploré les replis et les coins secrets de
la conscience, de confesser les péchés par lesquels on se souvient
avoir mortellement offensé son Seigneur et son Dieu. Quant aux
autres péchés qui ne se présentent pas à l'esprit de qui réfléchit
sérieusement, il est entendu qu'ils sont compris dans l'ensemble de
cette confession ; pour eux, nous disons avec foi les paroles du
prophète : « Seigneur, purifie-moi de mes péchés cachés » Ps 9,13.
La difficulté d'une telle confession et la honte de devoir découvrir
ses péchés pourraient paraître lourdes si elles n'étaient pas
allégées par le nombre et l'importance des avantages et des
consolations que l'absolution apporte très certainement à tous ceux
qui s'approchent dignement de ce sacrement.
1683 D'autre part, pour la manière de
se confesser en secret à un prêtre seul, sans doute le Christ
n'a-t-il pas défendu que l'on confesse publiquement ses fautes comme
châtiment de ses fautes et acte d'humilité personnelle, aussi bien
pour donner l'exemple aux autres, que pour édifier l'Église qui a
été offensée. Cependant, ce précepte ne vient pas d'un commandement
divin, et il serait peu prudent qu'une loi humaine commande qu'on
doive révéler par une confession publique des fautes, surtout des
fautes secrètes 1706.
Aussi, les Pères les plus saints et les plus
anciens, par un consentement général et unanime, ayant toujours
recommandé la confession secrète sacramentelle, dont la sainte
Église a usé depuis le commencement et use encore maintenant, est
manifestement réfutée la vaine calomnie de ceux qui ne craignent pas
d'enseigner qu'elle est étrangère au commandement divin, que c'est
une invention humaine et qu'elle a commencé avec les Pères
rassemblés lors du (IVe) concile du Latran 1708.
En effet, par le concile du Latran, l'Église n'a pas statué que les
chrétiens se confesseraient — elle avait compris que cela était
nécessaire et institué de droit divin —, mais que le précepte de la
confession serait accompli au moins une fois par an par tous et
chacun de ceux qui auraient atteint l'âge de raison. D'où il vient
que, dans l'Église universelle et avec un grand fruit pour les âmes,
est observée cette coutume salutaire de se confesser au temps saint
et très propice du carême, coutume que ce saint concile approuve
grandement et embrasse comme pieuse et à garder à juste titre
1708 ; 812.
1684 Au sujet du ministre de ce
sacrement, le saint concile déclare que sont fausses et entièrement
étrangères à la vérité de l'Évangile toutes les doctrines qui
étendent pernicieusement le ministère des clés à toutes sortes
d'hommes en dehors des évêques et des prêtres 1710. Leurs
auteurs pensent que ces paroles du Seigneur : « Tout ce que vous
aurez lié sur la terre sera lié au ciel, ce que vous aurez délié sur
la terre sera délié dans le ciel » Mt 18,18, et : « A ceux à
qui vous remettrez les péchés, ceux-ci seront remis ; à ceux à qui
vous les aurez retenus, ceux-ci seront retenus » Jn 20,23,
ont été dites à tous les chrétiens indifféremment et
indistinctement, en contradiction avec l'institution du sacrement,
en sorte que n'importe qui ait le pouvoir de remettre les péchés,
les péchés publics par la correction, avec l'accord de celui qui est
corrigé, les péchés secrets par une confession spontanée faite à
n'importe qui.
Le saint concile enseigne aussi que même les
prêtre en état de péché mortel exercent, en tant que ministres du
Christ la fonction de remettre les péchés par la vertu de l'Esprit
Saint qu'ils ont reçue par l'ordination, et que c'est une opinion
erronée de prétendre que ce pouvoir n'existe pas chez les mauvais
prêtres.
1685 Bien que l'absolution du prêtre
soit la dispensation d'un bienfait qui ne lui appartient pas, elle
n'est pourtant pas le seul et simple ministère ou d'annoncer
l'Évangile ou de déclarer que les péchés sont remis, mais elle est à
l'image d'un acte judiciaire par où une sentence est prononcée par
le prêtre comme par un juge 1709.
C'est pourquoi le pénitent ne doit pas
tellement s'appuyer sur sa propre foi qu'il pense que, même s'il n'y
a en lui aucune contrition ou si le prêtre n'a pas l'intention
d'agir sérieusement et de l'absoudre vraiment, il soit pourtant
vraiment absous devant Dieu à cause de sa seule foi. En effet, la
foi ne procurerait aucune rémission des péchés sans la pénitence, et
il aurait une très grande négligence de son salut, celui qui saurait
qu'un prêtre l'absout par plaisanterie et n'en rechercherait
soigneusement un autre qui agisse avec sérieux 1462.
1686 Donc, parce que la nature et la
constitution d'un jugement demandent que la sentence soit portée sur
des sujets, on a toujours été persuadé dans l'Église de Dieu — et ce
concile confirme que cela est très vrai - que ne doit avoir aucune
valeur l'absolution prononcée par un prêtre sur quelqu'un sur lequel
il n'a pas de juridiction ordinaire ou déléguée.
1687 Mais un point a paru à nos très
saints Pères concerner spécialement la discipline du peuple
chrétien que certains péchés, des plus atroces et des plus graves,
ne puissent être absous par n'importe quel prêtre, mais seulement
par ceux du plus haut rang. Aussi est-ce à juste titre que les
souverains pontifes, en vertu du pouvoir suprême qui leur a été
donné dans l'Église universelle, ont pu réserver à leur jugement
particulier certaines causes délictueuses plus graves.
Et l'on ne doit pas douter, puisque tout ce qui
vient de Dieu a été disposé par ordre Rm 13,1, que cela soit
permis à chaque évêque dans son propre diocèse, « pour
l'édification, non pour la destruction » 2Co 10,8 ; 2Co 13,10,
en vertu de l'autorité qui leur a été donnée sur leurs sujets et qui
dépasse celle des autres prêtres inférieurs, surtout pour les fautes
auxquelles est attachée une censure d'excommunication. C'est en
plein accord avec l'autorité divine que cette réservation des fautes
a valeur non seulement dans la discipline extérieure, mais aussi
devant Dieu 1711.
1688 Néanmoins pour que personne ne
vienne à périr à cause de cela, il a toujours été très pieusement
maintenu dans l'Église de Dieu qu'il n'y a plus aucune réservation à
l'heure de la mort et que, par suite, tous les prêtres peuvent
absoudre tous les pénitents de tous les péchés et censures
possibles. Hors l'article de la mort, les prêtres, puisqu'ils ne
peuvent rien dans les cas réservés, s'efforceront uniquement de
persuader les pénitents de recourir aux juges supérieurs et
légitimes pour bénéficier de l'absolution.
1689 Enfin pour ce qui est de la
satisfaction : parmi toutes les parties de la pénitence, autant elle
a été de tout temps recommandée au peuple chrétien par nos Pères,
autant, à notre époque, elle est extrêmement attaquée, sous couvert
essentiellement de piété, par ceux qui ont les apparences de la
piété, mais renient ce qui en est la force 2Tm 3,5. Le saint
concile déclare donc qu'il est totalement faux et contraire à la
Parole de Dieu de dire que la faute n'est jamais remise par le
Seigneur sans que la peine entière soit aussi gracieusement remise.
On trouve, en effet, dans la sainte Écriture des exemples évidents
et bien connus qui, en dehors de la tradition divine, réfutent très
manifestement cette erreur (voir Gn 3,16-19 ; Nb 12,14 ;
2S 12,13-14.)
1690 Assurément le caractère de la
justice divine semble exiger que ceux qui ont péché par ignorance
avant le baptême rentrent en grâce autrement que ceux qui, une fois
délivrés de l'esclavage du péché et du démon, après avoir reçu le
don du Saint-Esprit, n'ont pas craint de violer sciemment le Temple
de Dieu 1Co 3,17 et de contrister l'Esprit Saint Ep 4,30.
Il convient que la clémence divine ne nous
remette pas nos péchés sans aucune satisfaction si bien que,
saisissant l'occasion et estimant nos péchés assez légers, nous
tomberions dans de plus graves, faisant outrage et injure à l'Esprit
Saint He 10,29, et amassant contre nous des trésors de colère
pour le jour de la colère Rm 2,5 ; Jc 5,3. Sans aucun doute,
en effet, ces peines expiatoires écartent grandement du péché,
retiennent comme un frein, et rendent les pénitents plus prudents et
plus vigilants pour l'avenir ; elles sont aussi un remède pour les
séquelles du péché et enlèvent les habitudes vicieuses prises par
une mauvaise vie en faisant accomplir des actions vertueuses
opposées à ces habitudes.
Et aucune voie n'a jamais été estimée plus sûre
dans l'Église de Dieu pour écarter la peine dont menace le Seigneur
Mt 3,2 ; Mt 3,8 ; Mt 4,17 ; Mt 11,21 que de se consacrer
assidûment à ces œuvres de pénitence avec une vraie douleur de cœur.
À cela s'ajoute que, en souffrant lorsque nous
satisfaisons pour nos péchés, nous devenons conformes au Christ
Jésus qui a satisfait pour nos péchés Rm 5,10 ; Jn 2,1-2, lui
de qui vient notre capacité 2Co 3,5, ayant aussi l'assurance
très certaine que si nous souffrons avec lui, avec lui nous serons
glorifiés Rm 8,17.
1691 Mais cette satisfaction, que nous
acquittons pour nos péchés, n'est pas nôtre de telle sorte qu'elle
ne soit pas par Jésus Christ ; en effet nous qui, de nous-mêmes, ne
pouvons rien qui vienne de nous, avec l'aide de celui qui nous rend
forts, nous pouvons tout Ph 4,13. Ainsi l'homme n'a rien dont
il se glorifie, mais toute notre glorification est dans le Christ
1Co 1,31 ; 2Co 10,17 ; Ga 6,14 en qui nous vivons Ac 17,28,
en qui nous méritons, en qui nous satisfaisons, faisant de dignes
fruits de pénitence Lc 3,8; Mt 3,8, qui tirent de lui leur
force, sont offerts par lui au Père et sont acceptés grâce à lui par
le Père 1713ss.
1692 Les prêtres du Seigneur doivent
donc, autant que l'esprit et la prudence le suggéreront, imposer les
satisfactions salutaires et qui conviennent, en rapport avec la
nature des péchés et les possibilités des pénitents. S'ils venaient
à fermer les yeux sur les péchés et à se montrer trop indulgents
avec les pénitents en imposant des œuvres très légères pour des
fautes très graves, ils participeraient aux péchés des autres
1Tm 5,22. Qu'ils aient devant les yeux la pensée que la
satisfaction qu'ils imposent ne vise pas seulement à sauvegarder la
vie nouvelle et à guérir la faiblesse, mais aussi à venger et
châtier les péchés passés. En effet, les anciens Pères eux aussi
croient et enseignent que le pouvoir des clés a été accordé aux
prêtres non pas seulement pour délier, mais aussi pour lier
Mt 16,19 ; Mt 18,18 ; Jn 20,23 1705.
Et ils n'ont pas, à cause de cela, estimé que
le sacrement de la pénitence était un tribunal de colères et de
peines — ce qu'aucun catholique n'a jamais pensé — ni que, par de
telles satisfactions de notre part, était ou obscurcie ou diminuée
en partie la force du mérite de notre Seigneur Jésus Christ. En ne
voulant pas comprendre cela, les novateurs enseignent de telle
manière que la meilleure pénitence est une vie nouvelle 1457,
qu'ils suppriment toute force propre à la satisfaction et tout
recours à celle-ci 1713.
1693 Le concile enseigne encore que si
étendue est la munificence divine, que non seulement les peines que
nous nous infligeons spontanément en châtiment du péché ou qui sont
imposées par la volonté du prêtre selon la mesure de la faute, mais
aussi (ce qui est la plus grande marque d'amour) que les épreuves
temporelles infligées par Dieu et supportées par nous dans la
patience, peuvent satisfaire auprès de Dieu le Père par le Christ
Jésus 1713 .
1694 Il a semblé bon au saint concile
d'ajouter a la doctrine précédente sur la pénitence ce qui suit sur
le sacrement de l'extrême-onction, dont les Pères ont estimé qu'il
était la consommation non seulement du sacrement de la pénitence,
mais aussi de toute la vie chrétienne, qui doit être une pénitence
perpétuelle.
C'est pourquoi voici d'abord ce qu'il déclare
et enseigne au sujet de son institution. Notre très clément
Rédempteur a voulu que ses serviteurs soient en tout temps pourvus
de remèdes salutaires contre tous les traits de tous les ennemis. De
même qu'il a préparé dans les autres sacrements les plus grands
secours par lesquels les chrétiens pourraient se garder, tant qu'ils
vivraient, indemnes de tout grave dommage spirituel, de même, par le
sacrement de l'extrême-onction il a fortifié la fin de leur vie
comme d'une très solide protection 1716. En effet bien que
notre adversaire cherche et saisisse pendant toute notre vie des
occasions lui permettant par tous les moyens de dévorer nos âmes
1P 5,8, il n'est cependant aucun temps où il tende avec plus de
violence toutes les cordes de sa ruse pour nous perdre totalement
et, s'il le pouvait, nous détourner aussi de la confiance en la
miséricorde divine, que lorsqu'il voit que s'approche pour nous la
fin de la vie.
1695 Cette onction sainte des malades a
été instituée par le Christ notre Seigneur comme étant véritablement
un sacrement de la Nouvelle Alliance ; ce sacrement a été indiqué
dans Marc Mc 6,13, recommandé et promulgué par Jacques,
apôtre et frère du Seigneur 1716. « Quelqu'un parmi vous
est-il malade ?, dit-il, qu'il appelle les presbytres de l’Église,
et que ceux-ci prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du
Seigneur. La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le
soulagera ; et, s'il est dans les péchés, ceux-ci lui seront remis »
Jc 5,14-15.
Par ces mots, comme l'Église l'a appris,
transmis de main en main par la tradition apostolique, il enseigne
quels sont la matière, la forme, le ministre propre et l'effet de ce
sacrement salutaire. L'Église a, en effet, compris que la matière
était l'huile bénie par l'évêque ; car l'onction représente très
adéquatement la grâce de l'Esprit Saint, dont l'âme du malade est
ointe invisiblement. Et la forme, ce sont ces mots : « Par cette
onction, etc. »
1696 La réalité et l'effet de ce
sacrement sont expliqués par ces mots : « La prière de la foi
sauvera le malade et le Seigneur le soulagera ; et, s'il est dans
les péchés, ceux-ci lui seront remis » Jc 5,15. La réalité
est, en effet, cette grâce du Saint-Esprit dont l'onction nettoie
les fautes, si certaines sont encore à expier, et les séquelles du
péché ; elle soulage et fortifie l'âme du malade 1717,
suscitant en lui une grande confiance en la miséricorde divine.
Allégé par cette grâce, le malade d'une part supporte plus aisément
les difficultés et les peines de la maladie, d'autre part résiste
plus facilement aux tentations du démon qui cherche à le mordre au
talon Gn 3,15, parfois enfin, obtient la santé du corps,
quand cela est utile au salut de l'âme.
1697 Ce qui est prescrit concernant
ceux qui doivent recevoir et administrer ce sacrement nous a été
aussi transmis sans ambiguïté dans les paroles citées plus haut. Il
nous y est en effet montré que les ministres de ce sacrement sont
les presbytres de l'Église 1719. Par ce nom il faut ici
entendre non pas ceux qui sont plus âgés ou plus dignes dans le
peuple, mais ou bien les évêques ou bien les prêtres régulièrement
ordonnés par ceux-ci par 3l'imposition des mains du presbyterium3
1Tm 4,14 1719.
1698 Il y est aussi déclaré que cette
onction doit être faite aux malades, surtout à ceux qui sont en si
grand danger qu'ils semblent arrivés au terme de la vie ; aussi
est-il également appelé sacrement des mourants. Si les malades
retrouvent la santé après cette onction, ils pourront de nouveau
être aidés et soutenus par ce sacrement, au cas où leur vie se
trouverait une autre fois en un danger semblable.
1699 C'est pourquoi il ne faut pour
aucune raison écouter ceux qui enseignent, contrairement à
l'affirmation si évidente et si claire de l'apôtre Jacques Jc 5,14
s., que cette onction ou bien est une invention humaine ou bien est
un rite reçu des Pères, qui ne s'appuie ni sur un commandement de
Dieu ni sur une promesse de la grâce 1716 ; ni ceux qui
affirment que cette onction est maintenant finie, comme si elle ne
se rapportait qu'à la grâce des guérisons dans l'Église primitive .
ni ceux qui disent que le rite et l'usage observés par la sainte
Église romaine dans l'administration de ce sacrement sont a l'opposé
de ce que dit l'apôtre Jacques et doivent être changés ; ni, enfin,
ceux qui affirment que les fidèles peuvent sans péché mépriser cette
extrême-onction 1718.
En effet toutes ces propositions vont très
manifestement à l'encontre des paroles claires d'un si grand apôtre.
L'Église romaine, mère et maîtresse de toutes les autres, en
administrant cette onction, ne fait assurément rien d'autre, pour ce
qui touche à la substance du sacrement, que ce qu'a prescrit saint
Jacques. On ne pourrait mépriser un si grand sacrement sans
commettre un grand crime et sans faire injure à l'Esprit Saint
lui-même.
1700 Tel est donc ce que ce saint
concile œcuménique professe et enseigne sur les sacrements de
pénitence et d'extrême-onction, et qu'il propose de croire et de
tenir à tous les chrétiens. Il donne les canons suivants pour qu'ils
soient inviolablement observés ; il condamne et anathématise à
jamais ceux qui affirment le contraire.
1701 1. Si quelqu'un dit que, dans
l'Église catholique, la pénitence n'est pas vraiment et proprement
un sacrement institué par le Christ notre Seigneur pour réconcilier
avec Dieu les fidèles toutes les fois qu'ils tombent dans le péché
après le baptême / qu'il soit anathème 1668-1670.
1702 2. Si quelqu'un, confondant les
sacrements, dit que le baptême lui-même est le sacrement de la
pénitence, comme si ces deux sacrements n'étaient pas distincts, et
qu'il n'est donc pas juste d'appeler la pénitence la « seconde
planche du salut » : qu'il soit anathème 1542 ; 1671.
1703 3. Si quelqu'un dit que ces
paroles du Seigneur et Sauveur : « Recevez le Saint-Esprit : à ceux
à qui vous remettrez les péchés, ceux-ci sont remis ; et à ceux à
qui vous les retiendrez, ils seront retenus » Jn 20,22-23, ne
doivent pas être comprises du pouvoir de remettre et de retenir les
péchés dans le sacrement de la pénitence, comme l'Église catholique
l'a toujours compris dès le début, et, s'opposant à l'institution de
ce sacrement, en détourne le sens pour qu'elles signifient le
pouvoir de prêcher l'Évangile : qu'il soit anathème 1670.
1704 4. Si quelqu'un nie que, pour une
entière et parfaite rémission des péchés, trois actes sont requis
chez le pénitent comme matière du sacrement de la pénitence, à
savoir la contrition, la confession et la satisfaction, qui sont
dites les trois parties de la pénitence ; ou s'il dit qu'il n'y a
que deux parties de la pénitence : les terreurs qui frappent la
conscience en reconnaissant son péché et la foi née de l'Évangile ou
l'absolution par laquelle on croit les péchés remis par le Christ:
qu'il soit anathème 1673 ; 1675 .
1705 5. Si quelqu'un dit que la
contrition que préparent l'examen, le rappel et la détestation des
péchés, et par laquelle on pense à ses années dans l'amertume de son
cœur Is 38,15, en pesant la gravité, l'abondance et la
laideur de ses péchés, ainsi que la perte du bonheur éternel et la
damnation éternelle encourue, avec le ferme propos d'une vie
meilleure, que cette contrition n'est pas une douleur véritable et
utile et ne prépare pas à la grâce, mais qu'elle rend l'homme
hypocrite et davantage pécheur ; que, enfin, elle est une douleur
contrainte et non pas libre et volontaire : qu'il soit anathème
1456 ; 1676.
1706 6. Si quelqu'un nie que la
confession sacramentelle a été instituée ou est nécessaire pour le
salut de droit divin ; ou s'il dit que se confesser secrètement à un
prêtre seul — ce que l'Église catholique a toujours observé et
observe depuis le début —, est contraire à l'institution et au
commandement du Christ et que c'est une institution humaine : qu'il
soit anathème 1679-1684.
1707 7. Si quelqu'un dit que, dans le
sacrement de la pénitence, pour la rémission des péchés, il n'est
pas nécessaire, de droit divin, que l'on confesse tous et chacun des
péchés mortels dont on se souvient après avoir réfléchi comme il se
doit et sérieusement, même les péchés cachés et ceux qui sont contre
les deux derniers commandements du Décalogue, ni les circonstances,
qui changent l'espèce du péché, mais que cette confession ne sert
seulement qu'à instruire et à conso1er le pénitent, et qu'elle n'a
jadis été utilisée que pour imposer une satisfaction canonique ; ou
s'il dit que ceux qui s'efforcent de confesser tous leurs péchés ne
veulent rien laisser au pardon de la miséricorde divine ; ou
qu'enfin il n'est pas permis de confesser les péchés véniels : qu'il
soit anathème 1679-1684.
1708 8. Si quelqu'un dit que la
confession de tous les péchés, telle que l'observe l'Église, est
impossible et est une tradition humaine que les âmes pieuses doivent
abolir ; ou que tous et chacun des chrétiens des deux sexes n'y sont
pas tenus une fois par an, conformément à la constitution du grand
concile du Latran, et que, pour cela, on doit persuader les
chrétiens de ne pas se confesser au moment du carême : qu'il soit
anathème 1682s.
1709 9. Si quelqu'un dit que
l'absolution sacramentelle. du prêtre n'est pas un acte judiciaire,
mais un simple ministère qui prononce et déclare que les péchés sont
remis à celui qui les confesse, pourvu seulement qu'il croie qu'il
est absous, ou si le prêtre ne l'absout pas sérieusement, mais par
plaisanterie ; ou s'il dit que la confession du pénitent n'est pas
requise pour que le prêtre puisse l'absoudre : qu'il soit anathème
1462 ; 1685.
1710 10. Si quelqu'un dit que les
prêtres en état de péché mortel n'ont pas le pouvoir de lier et de
délier, ou que les prêtres ne sont pas seuls à être ministres de
l'absolution, mais que c'est à tous et à chacun des chrétiens qu'il
a été dit : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le
ciel» Mt 18,18 et : « à ceux à qui vous remettrez les péchés,
ceux-ci seront remis, à ceux à qui vous les retiendrez, ils seront
retenus » Jn 20,23 ; qu'en vertu de ces paroles n'importe qui
peut absoudre les péchés, les péchés publics au moins par la
correction, avec l'accord de celui qui est corrigé, les péchés
secrets par une confession spontanée : qu'il soit anathème 1684.
1711 11. Si quelqu'un dit que les
évêques n'ont pas le droit de réserver des cas, sauf pour ce qui
relève de la discipline extérieure et que, par suite, la réservation
des cas n'empêche pas un prêtre d'absoudre vraiment des cas
réservés : qu'il soit anathème 1687.
1712 12. Si quelqu'un dit que toute la
peine est toujours remise par Dieu en même temps que la faute, et
que la satisfaction des pénitents n'est pas autre chose que la foi
par laquelle ils saisissent que le Christ a satisfait pour eux :
qu'il soit anathème 1689.
1713 13. Si quelqu'un dit que, pour ce
qui est de la peine temporelle, on ne satisfait nullement à Dieu
pour les pêchés par les mérites du Christ ni par le moyen de peines
infligées par Dieu et supportées avec patience, ni par le moyen de
celles imposées par le prêtre, les prières, les aumônes ou les
autres œuvres de piété, et que, en conséquence, la meilleure
pénitence est seulement une vie nouvelle : qu'il soit anathème
1690-1692.
1714 14. Si quelqu'un dit que les
satisfactions, par lesquelles les pénitents rachètent leurs pêchés
par Jésus Christ, ne sont pas un culte rendu à Dieu, mais des
traditions humaines qui obscurcissent la doctrine de la grâce, le
vrai culte rendu à Dieu et le bienfait même de la mort du Christ :
qu'il soit anathème 1692.
1715 15. Si quelqu'un dit que le
pouvoir des clés n'a été donné à l'Église que pour délier et non
aussi pour lier et que, à cause de cela, les prêtres, en imposant
des peines à ceux qui se confessent, agissent à l'encontre de ce
pouvoir et de l'institution du Christ ; et que c'est une invention
de penser que, une fois la peine éternelle enlevée par le pouvoir
des clés, il reste la plupart du temps une peine temporelle à
expier : qu'il soit anathème 1692.
1716 1. Si quelqu'un dit que
l'extrême-onction n'est pas vraiment et proprement un sacrement
institué par le Christ notre Seigneur Mc 6,13 et promulgué
par l'apôtre saint Jacques Jc 5,14-15, mais seulement un rite
reçu par les Pères ou un invention humaine qu'il soit anathème
1695 ; 1699.
1717 2. Si quelqu'un dit que la sainte
onction des malades ne confère pas la grâce, ne remet pas les
péchés, ne soulage pas les malades, mais qu'elle n'existe plus,
comme si elle avait été autrefois seulement une grâce de guérison :
qu'il soit anathème 1696 ; 1699.
1718 3. Si quelqu'un dit que le rite et
l'usage de l'extrême-onction, observés par la sainte Église romaine,
sont à l'opposé des paroles du saint apôtre Jacques et, par suite,
doivent être changés ; qu'ils peuvent être méprisés sans péché par
les chrétiens : qu'il soit anathème 1699 .
1719 4. Si quelqu'un dit que les
presbytres de l'Église, que saint Jacques recommande de faire venir
pour oindre un malade, ne sont pas des prêtres ordonnés par
l'évêque, mais les plus âgés dans toute communauté et que, pour
cette raison, le ministre propre de l'extrême-onction n'est pas le
prêtre seul qu'il soit anathème 1697.
·
Continuation et fin du Concile de Trente
sous Pie IV
1725 Le saint concile œcuménique et
général de Trente... a pensé que, puisque, par les artifices du très
pervers démon, se sont répandus en divers lieux différentes erreurs
monstrueuses concernant le redoutable et très saint sacrement de
l'eucharistie, erreurs qui semblent avoir écarté un grand nombre de
la foi et de l'obéissance de l'Église catholique en certaines
provinces, il fallait exposer ici ce qui concerne la communion sous
les deux espèces et la communion des enfants. C'est pourquoi il est
interdit à tous les chrétiens d'oser à l'avenir croire, enseigner ou
prêcher à ce sujet autre chose que ce qui est expliqué et défini par
les décrets suivants.
1726 C'est pourquoi ce même saint
concile, instruit par l'Esprit Saint, qui est «Esprit de sagesse et
d'intelligence, Esprit de conseil et de piété» Is 11,2, et
suivant le jugement et la coutume de l'Église elle-même, déclare et
enseigne qu'aucun commandement divin n'oblige les laïcs et les
clercs qui ne célèbrent pas à recevoir le sacrement de l'eucharistie
sous les deux espèces ; et que l'on ne peut en aucune façon douter,
sans léser la foi, que la communion sous l'une des deux espèces leur
suffise pour leur salut.
1727 En effet, sans doute, le Seigneur
Christ, lors de la dernière Cène, a-t-il institué et donné aux
apôtres ce vénérable sacrement sous les espèces du pain et du vin
Mt 26,26-29 ; Mc 14,22-25 ; Lc 22,19 ; 1Co 11,24. Cependant
cette institution et ce don n'ont pas pour objet d'astreindre tous
les chrétiens, par un décret du Seigneur, à recevoir les deux
espèces 1731 ; 1732.
Et l'on ne conclut pas avec raison, des paroles
que l'on trouve au chapitre 6 de Jean, que la communion sous les
deux espèces a été commandée par le Seigneur 1733 , de
quelque manière qu'on les comprenne en suivant les diverses
interprétations des saints et des docteurs. En effet, celui qui a
dit : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et si vous ne
buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous » Jn 6,53, a
dit aussi : « Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra
éternellement » Jn 6,58. Et celui qui a dit : « Qui mange ma
chair et boit mon sang a la vie éternelle », Jn 6,54 et dit
aussi « Le pain que je vous donnerai est ma chair pour la vie
éternelle » Jn 6,51. Enfin celui qui a dit : « Qui mange ma
chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » Jn 6,56,
a dit néanmoins : « Qui mange ce pain vivra éternellement » Jn 6,58.
1728 Le concile déclare, en outre, que
dans l'administration des sacrements il y eut toujours dans l'Église
le pouvoir de décider ou de modifier, la substance de ces sacrements
étant sauve, ce qu'elle jugerait mieux convenir à l'utilité de ceux
qui les reçoivent et au respect des sacrements eux-mêmes, selon la
diversité des choses, des temps et des lieux. Ce que l'Apôtre a
semblé indiquer assez nettement en disant : « Que l'on nous
considère comme des ministres du Christ et les dispensateurs des
mystères de Dieu » 1Co 4,1. Et il est assez évident qu'il a
lui-même usé de ce pouvoir aussi bien pour de nombreuses autres
choses que pour ce sacrement lui-même, lorsqu'il dit, après avoir
pris quelques ordonnances sur son usage : « Je réglerai le reste
quand je viendrai » 1Co 11,34.
C'est pourquoi, bien qu'au début de la religion
chrétienne l'usage des deux espèces n'ait pas été rare, cette
coutume ayant très généralement changé avec le cours du temps, notre
sainte Mère l'Église, sachant quelle autorité est la sienne dans
l'administration des sacrements, fut amenée par des graves et justes
causes à approuver cette coutume de communier sous l'une des deux
espèces et à décréter que ce serait une loi qu'il n'est pas permis
de blâmer ou de changer à son gré sans l'autorité de l'Église
elle-même 1732.
1729 Il déclare en outre que, bien que
notre Rédempteur, comme il a été dit plus haut, lors de la dernière
Cène, ait institué et donné aux apôtres ce sacrement sous les deux
espèces il faut pourtant reconnaître que même sous l'une des deux
espèces seulement on reçoit le Christ totalement et entièrement
ainsi que le sacrement en toute vérité, et qu'en conséquence, en ce
qui concerne le fruit du sacrement, ceux qui reçoivent une seule
espèce ne sont privés d'aucune grâce nécessaire au salut 1733.
1730 Enfin le même saint concile
enseigne qu'aucune nécessité n'oblige les enfants, qui n'ont pas
l'âge de raison, à la communion sacramentelle de l'eucharistie
1734, puisque régénérés par le bain du baptême Tt 3,5 et
incorporés au Christ, ils ne peuvent pas à cet âge perdre la grâce
des enfants de Dieu qu'ils ont reçue.
Et pourtant il ne faut pas pour cela condamner
l'Antiquité, si on y a parfois observé cette habitude en certains
lieux. En effet, de même que ces très saints Pères ont eu un motif
louable d'agir en raison de leur temps, de même faut-il très
certainement croire sans contestations qu'ils ont agi ainsi sans
qu'il y ait aucune nécessité pour le salut.
1731 1. Si quelqu'un dit que, en raison
d'un commandement de Dieu ou par nécessité pour le salut, tous et
chacun des chrétiens doivent recevoir les deux espèces du très saint
sacrement de l'eucharistie : qu'il soit anathème 1726s.
1732 2. Si quelqu'un dit que la sainte
Église catholique n'a pas été amenée par de justes causes et raisons
à ce que les laïcs, ainsi que les clercs qui ne célèbrent pas, ne
communient que sous la seule espèce du pain, ou qu'elle a erré en
cela qu'il soit anathème 1728.
1733 3. Si quelqu'un nie que le Christ,
source et auteur de toutes les grâces soit reçu totalement et
entièrement sous la seule espèce du pain, parce que - comme certains
l'affirment faussement - il n'est pas reçu sous les deux espèces
conformément à l'institution du Christ lui-même : qu'il soit
anathème 1726s.
1734 4. Si quelqu'un dit que la
communion eucharistique est nécessaire aux enfants avant qu'ils
aient l'âge de raison : qu'il soit anathème 1730.
1738 Pour que l'on garde dans la sainte
Église catholique la foi et la doctrine anciennes, absolues et en
tout point parfaites sur le grand mystère de l'eucharistie, et qu'on
les conserve dans leur pureté, après avoir repoussé erreurs et
hérésies, le saint concile œcuménique et général de Trente...
instruit par la lumière de l'Esprit Saint, enseigne, déclare et
décrète ce qui suit, qui doit être prêché aux peuples fidèles,
concernant l'eucharistie en tant que véritable et unique sacrifice.
1739 Parce que la perfection n'avait
pas été réalisée sous la première Alliance, au témoignage de
l'apôtre Paul, en raison de la faiblesse du sacerdoce lévitique, il
a fallu, Dieu le Père des miséricordes l'ordonnant ainsi, que se
lève un autre prêtre « selon l'ordre de Melchisédech » Ps 110,4 ;
He 5,6 ; He 5,10 ; He 7,11 ; He 7,17 ; Gn 14,18 notre Seigneur
Jésus Christ, qui pourrait amener à la plénitude He 10,14 et
conduire à la perfection tous ceux qui devaient être sanctifiés.
1740 Sans doute, lui, notre Dieu et
Seigneur, allait-il s'offrir lui-même une fois pour toutes à Dieu le
Père sur l'autel de la croix par sa mort He 7,27, afin de
réaliser pour eux (là même) une Rédemption éternelle. Cependant,
parce qu'il ne fallait pas que son sacerdoce fût éteint par la mort
He 7,24 lors de la dernière Cène, « la nuit où il fut livré »
1Co 11,23, il voulut laisser à l'Église, son épouse
bien-aimée, un sacrifice qui soit visible (comme l'exige la nature
humaine). Par là serait représenté le sacrifice sanglant qui devait
s'accomplir une fois pour toutes sur la croix, le souvenir en
demeurerait jusqu'à la fin du monde, et sa vertu salutaire serait
appliquée à la rémission de ces péchés que nous commentons chaque
jour.
Se déclarant établi prêtre pour toujours selon
l'ordre de Melchisédech Ps 110,4 ; He 5,6 ; He 7,17, il
offrit à Dieu le Père son Corps et son Sang sous les espèces du pain
et du vin ; sous le symbole de celles-ci, il les donna aux apôtres
(qu'il constituait alors prêtres de la Nouvelle Alliance) pour
qu'ils les prennent ; et à ceux-ci ainsi qu'à leurs successeurs dans
le sacerdoce, il ordonna de les offrir en prononçant ces paroles :
« Faites ceci en mémoire de moi » Lc 22,19 ; 1Co 11,24, etc.,
comme l'a toujours compris et enseigné l'Église catholique 1752.
1741 En effet, ayant célébré la Pâque
ancienne, que la multitude des enfants d'Israël immolait en souvenir
de la sortie d'Égypte Ex 12, il institua la Pâque nouvelle où
lui-même doit être immolé par l'Église par le ministère des prêtres,
sous des signes visibles en mémoire de son passage de ce monde à son
Père, lorsque, par l'effusion de son sang il nous racheta et « nous
arracha à la puissance des ténèbres et nous fit passer dans son
Royaume » Col 1,13.
1742 Et c'est là l'oblation pure, qui
ne peut être souillée par aucune indignité ou malice de ceux qui
l'offrent, dont le Seigneur a prédit par Malachie qu'elle devrait
être offerte pure en tout lieu en son nom, qui serait grand parmi
les nations Ml 1,11, que l'apôtre Paul a désigné sans
ambiguïté lorsque, écrivant aux Corinthiens, il dit : ceux qui se
sont souillés en participant à la table des démons ne peuvent
participer à la table du Seigneur 1Co 10,21, entendant par le
mot «table», dans l'un et l'autre cas, l'autel. C'est elle enfin,
qui, au temps de la nature et de la Loi, était figurée par les
diverses images des sacrifices Gn 4,4 ; Gn 8,20 ; Gn 12,8 ; Gn 22,1-19
(Ex : passim), en tant que renfermant en elle tous les biens que
ceux-ci signifiaient, en étant la consommation et la perfection de
tous.
1743 Parce que, dans ce divin sacrifice
qui s'accomplit à la messe, ce même Christ est contenu et immolé de
manière non sanglante, lui qui s'est offert une fois pour toutes de
manière sanglante sur l'autel de la croix He 9,14 ; He 9,27,
le saint concile enseigne que ce sacrifice est vraiment
propitiatoire 1753 , et que par lui il se fait que, si nous
nous approchons de Dieu avec un cœur sincère et une foi droite, avec
crainte et respect, contrits et pénitents, « nous obtenons
miséricorde, et nous trouvons la grâce d'un secours opportun »
He 4,16. Apaisé par l'oblation de ce sacrifice, le Seigneur, en
accordant la grâce et le don de la pénitence, remet les crimes et
les péchés, même ceux qui sont énormes. C'est, en effet, une seule
et même victime, c'est le même qui, s'offrant maintenant par le
ministère des prêtres, s'est offert alors lui-même sur la croix, la
manière de s'offrir étant seule différente.
Les fruits de cette oblation — celle qui est
sanglante — sont reçus abondamment par le moyen de cette oblation
non sanglante ; tant il s'en faut que celle-ci ne fasse en aucune
façon tort à celle-là 1754. C'est pourquoi, conformément à la
tradition des apôtres, elle est légitimement offerte, non seulement
pour les péchés, les peines, les satisfactions et les autres besoins
des fidèles vivants, mais aussi pour ceux qui sont morts dans le
Christ et ne sont pas encore pleinement purifiés 1753.
1744 Bien que l'Église ait coutume de
célébrer parfois quelques messes en l'honneur et en mémoire des
saints, elle enseigne que ce n'est pourtant pas à eux que le
sacrifice est offert, mais à Dieu seul qui les a couronnés 1755.
Aussi le prêtre n'a-t-il pas l'habitude de dire : « Je vous offre le
sacrifice, Pierre et Paul », mais, en rendant grâces à Dieu de leurs
victoires, il implore leur protection, «pour que daignent intercéder
pour nous dans les cieux ceux mêmes dont nous faisons mémoire sur la
terre».
1745 Comme il convient que les choses
saintes soient saintement administrées et comme la plus sainte de
toutes est ce sacrifice, pour qu'il soit offert et reçu avec dignité
et respect, l'Église catholique a institué, il y a de nombreux
siècles, le saint canon si pur de toute erreur 1756, qu'il
n'est rien en lui qui ne respire grandement la sainteté et la piété
et n'élève vers Dieu l'esprit de ceux qui l'offrent. Il apparaît
clairement, en effet, qu'il est fait soit des paroles mêmes du
Seigneur, soit des traditions des apôtres et des pieuses
instructions des saints pontifes.
1746 La nature humaine est telle
qu'elle ne peut facilement s'élever à la méditation des choses
divines sans les aides extérieures. C'est pourquoi notre pieuse Mère
l'Église a institué certains rites, pour que l'on prononce à la
messe certaines choses à voix basse 1759 et d'autres à voix
plus haute. Elle a aussi introduit des cérémonies 1757,
telles que les bénédictions mystiques, les lumières, les
encensements, les vêtements et de nombreuses autres choses de ce
genre, reçues de l'autorité et de la tradition des apôtres. Par là
serait soulignée la majesté d'un si grand sacrifice, et les esprits
des fidèles seraient stimulés, par le moyen de ces signes visibles
de religion et de piété, à la contemplation des choses les plus
hautes qui sont cachées dans ce sacrifice.
1747 Le saint concile souhaiterait,
certes, que les fidèles assistant à chaque messe ne communient pas
seulement par un désir spirituel, mais aussi par la réception
sacramentelle de l'eucharistie, par quoi ils recueilleraient un
fruit plus abondant de ce très saint sacrifice. Cependant, s'il n'en
est pas toujours ainsi, il ne condamne pas pour cela, comme privées
et illicites 1758, les messes où seul le prêtre communie
sacramentellement ; mais il les approuve et les recommande, puisque
ces messes doivent elles aussi être regardées comme vraiment
publiques, en partie parce que le peuple y communie spirituellement,
en partie parce qu'elles sont célébrées par un ministre public de
l'Église, non pas pour lui seulement, mais pour tous les fidèles qui
appartiennent au corps du Christ.
1748 Le saint concile avertit ensuite
que l'Église a prescrit aux prêtres de mêler de l'eau au vin que
l'on doit offrir dans le calice 1759 , aussi bien parce que
l'on croit que le Seigneur Christ a fait ainsi que, aussi, parce que
de son côté a coulé de l'eau en même temps que du sang Jn 19,34,
ce que le sacrement rappelle par ce mélange. Et puisque, dans
l'Apocalypse de saint Jean, les eaux sont dites être les peuples
Ap 17,15, ainsi est représentée l'union du peuple fidèle avec le
Christ, sa tête.
1749 Bien que la messe contienne un
grand enseignement pour le peuple fidèle, il n'a pas cependant paru
bon aux pères qu'elle soit célébrée çà et là en langue vulgaire
1759. C'est pourquoi, tout en gardant partout le rite antique
propre à chaque Église et approuvé par la sainte Église romaine,
Mère et maîtresse de toutes les Églises, pour que les brebis du
Christ ne meurent pas de faim et que les petits ne demandent pas du
pain et que personne ne leur en donne Lm 4,4, le saint
concile ordonne aux pasteurs et à tous ceux qui ont charge d'âme de
donner quelques explications fréquemment, pendant la célébration des
messes, par eux-mêmes ou par d'autres, à partir des textes lus à la
messe, et, entre autres, d'éclairer le mystère de ce sacrifice,
surtout les dimanches et les jours de fête.
1750 Mais parce que, aujourd'hui,
contre cette foi ancienne fondée sur le saint Évangile, sur les
traditions des apôtres et sur l'enseignement des saints Pères, de
nombreuses erreurs se sont répandues, et quantité de choses ont été
enseignées et discutées par quantité de gens, le saint concile,
après avoir abondamment, sérieusement et mûrement traité de ces
choses, a l'unanimité de tous les pères, a décidé de condamner et
d'éliminer de la sainte Église ce qui va à l'encontre de cette foi
très pure et de cette sainte doctrine, par les canons ci-dessous.
1751 1. Si quelqu'un dit que, dans la
messe, n'est pas offert à Dieu un véritable et authentique sacrifice
ou qu’« être offert » ne signifie pas autre chose que le fait que le
Christ nous est donné en nourriture : qu'il soit anathème.
1752 2. Si quelqu'un dit que par ces
mots : « Faites ceci en mémoire de moi » 1Co 11,25 ; 1Co 11,24
le Christ n'a pas institué les apôtres prêtres, ou qu'il n'a pas
ordonné qu'eux et les autres prêtres offrent son Corps et son Sang
qu'il soit anathème 1470.
1753 3. Si quelqu'un dit que le
sacrifice de la messe n'est qu'un sacrifice de louange et d'action
de grâces, ou simple commémoration du sacrifice accompli sur la
croix, mais n'est pas un sacrifice propitiatoire ; ou qu'il n'est
profitable qu'à celui-là seul qui reçoit le Christ et qu'il ne doit
pas être offert pour les vivants et les morts, ni pour les péchés,
les peines, les satisfactions et les autres nécessités : qu'il soit
anathème 1743.
1754 4. Si quelqu'un dit que, par le
sacrifice de la messe, on commet un blasphème contre le très saint
sacrifice du Christ accompli sur la croix ou qu'il en constitue un
amoindrissement : qu'il soit anathème 1743.
1755 5. Si quelqu'un dit que c'est une
imposture de célébrer la messe en l'honneur des saints et pour
obtenir leur intercession auprès de Dieu, comme l'entend l'Église :
qu'il soit anathème 1744.
1756 6. Si quelqu'un dit que le canon
de la messe contient des erreurs et qu'il doit être abrogé : qu'il
soit anathème 1745.
1757 7. Si quelqu'un dit que les
cérémonies, les vêtements et les signes extérieurs dont l'Église se
sert dans la célébration de la messe sont plutôt des dérisions de
l'impiété que des marques de piété : qu'il soit anathème 1746.
1758 8. Si quelqu'un dit que les messes
où seul le prêtre communie sacramentellement sont illicites et
doivent donc être abrogées : qu'il soit anathème 1747.
1759 9. Si quelqu'un dit que le rite de
l'Église romaine, selon lequel une partie du canon et les paroles de
la consécration sont prononcées à voix basse, doit être condamné ;
ou que la messe ne doit être célébrée qu'en langue vulgaire ; ou que
l'eau ne doit pas être mêlée, dans le calice, au vin que l'on doit
offrir, parce que cela est contraire à l'institution du Christ :
qu'il soit anathème 1746 ; 1748.
1760 De plus, le même saint concile,
dans sa dernière session, s'était réservé d'examiner et de définir
en un autre temps, quand l'occasion s'en présenterait, deux articles
qui lui avaient été proposés par ailleurs et n'avaient pas encore
été discutés : Les raisons pour lesquelles la sainte Église
catholique a été amenée à donner la communion aux laïcs et aussi aux
prêtres qui ne célèbrent pas sous la seule espèce du pain
doivent-elles être retenues en sorte que l'usage du calice ne soit
permis à personne pour aucune raison ? — et : Si l'usage du calice,
pour des raisons honnêtes et conformes à la charité chrétienne, doit
être accordé à un pays ou à un royaume, sous quelles conditions cela
doit-il être concédé ? et quelles sont ces conditions ?
Voulant maintenant pourvoir au mieux au salut
de ceux pour qui la demande a été faite, le concile a décrété que
toute l'affaire devrait être déférée à notre très Saint-Père, comme
il le défère par le présent décret ; selon sa singulière prudence,
celui-ci fera ce qu'il jugera devoir être utile pour les États
chrétiens et salutaire pour ceux qui demandent l'usage du calice.
1763 Doctrine véritable et catholique
sur le sacrement de l'ordre pour condamner les erreurs de notre
temps, décrétée par le concile de Trente et publiée dans la septième
session (sous Pie IV).
1764 Sacrifice et sacerdoce ont été si
unis par une disposition de Dieu que l'un et l'autre ont existé dans
toute loi. C'est pourquoi, comme l'Église catholique a reçu dans le
Nouveau Testament, par une institution du Seigneur, le saint
sacrifice visible de l'eucharistie, il faut aussi reconnaître qu'il
y a en elle un nouveau sacerdoce visible et extérieur 1771,
dans lequel est passé l'ancien sacerdoce He 7,12. Ce
sacerdoce a été institué par ce même Seigneur, notre Sauveur
1773 ; aux apôtres et à leurs successeurs dans le sacerdoce a
été donné le pouvoir de consacrer, d'offrir et d'administrer son
Corps et son Sang, ainsi que celui de remettre et de retenir les
péchés : voilà ce que montre l'Écriture sainte et ce qu'a toujours
enseigné la tradition de l'Église catholique 1771.
1765 Comme le ministère d'un si saint
sacerdoce est une chose divine, il convenait, pour qu'il puisse être
exercé plus dignement et avec un plus grand respect, qu'il y eût,
dans la structure parfaitement ordonnée de l'Église, plusieurs
ordres différents de ministères, qui seraient, par leur fonction, au
service du sacerdoce, répartis de telle sorte que ceux qui auraient
reçu la tonsure cléricale s'élèvent des ordres mineurs aux ordres
majeurs 1772.
En effet, la sainte Écriture ne fait pas
clairement mention seulement des prêtres, mais aussi des diacres ;
elle enseigne, par les expressions les plus graves, ce à quoi il
faut être très attentif en ordonnant ceux-ci Ac 6,5 ; Ac 21,8 ;
1Tm 3,8-13 ; Ph 1,1. Dès le début de l'Église on sait qu'ont été
en usage, bien qu'à des degrés divers, les noms des ordres suivants
et les ministères propres à chacun d'eux : sous-diacres, acolytes,
exorcistes, lecteurs et portiers. En effet le sous-diaconat est
rattaché aux ordres majeurs par les Pères et les saints conciles,
dans lesquels nous lisons très fréquemment des mentions concernant
les autres ordres inférieurs.
1766 Comme le témoignage de l'Écriture,
la tradition apostolique et l'accord des Pères montrent clairement
que la sainte ordination, qui est donnée par des paroles et des
signes extérieurs, confère la grâce, personne ne doit douter que
l'ordre est vraiment et proprement l'un des sept sacrements de la
sainte Église 1773 . L'Apôtre dit en effet : «Je t'exhorte à
raviver la grâce de Dieu qui est en toi par l'imposition de mes
mains. Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de
force, d'amour et de modération» 2Tm 1,6 ; 1Tm 4,14.
1767 Parce que, dans le sacrement de
l'ordre, comme dans le baptême et la confirmation, est imprimé un
caractère 1774 qui ne peut être ni détruit ni enlevé, le
saint concile condamne à juste titre la pensée de ceux qui affirment
que les prêtres du Nouveau Testament ont seulement un pouvoir
temporaire, et qu'une fois ordonnés selon les règles, ils peuvent
redevenir laïcs, s'ils n'exercent pas le ministère de la Parole de
Dieu 1771.
Si quelqu'un affirme que tous les chrétiens,
sans distinction, sont les prêtres du Nouveau Testament, ou que tous
sont dotés d'un même pouvoir spirituel entre eux, il semble ne rien
faire d'autre que d'effacer la hiérarchie ecclésiastique 1776,
laquelle est comme « une armée rangée en bataille » Ct 6,3 ;
Ct 6,9 ; comme si, à l'encontre de l'enseignement de saint Paul
1Co 12,28-29 ; Ep 4,11 tous étaient apôtres et tous
prophètes, tous évangélistes, tous pasteurs, tous docteurs.
1768 Aussi le saint concile
déclare-t-il que, outre les autres degrés ecclésiastiques, les
évêques, qui ont succédé aux apôtres, appartiennent à titre
principal à cet ordre hiérarchique ; qu'ils ont été placés (comme
dit le même apôtre) par l'Esprit Saint « pour gouverner l'Église de
Dieu » Ac 20,28 ; qu'ils sont supérieurs aux presbytres ;
qu'ils confèrent le sacrement de la confirmation ; qu'ils ordonnent
les ministres de l'Église ; qu'ils peuvent accomplir plusieurs
autres choses pour lesquelles les autres d'un ordre inférieur n'ont
aucun pouvoir 1777.
1769 En outre, le saint concile
enseigne que, dans l'ordination des évêques, des prêtres et des
autres ordres, ne sont requis ni le consentement, ni l'appel, ni
l'autorité du peuple ou de quelque puissance ou magistrature civile,
comme si, sans cela, l'ordination était nulle. Bien plutôt, il
décrète que ceux qui appelés et institués par le peuple ou par une
puissance ou par une magistrature, s'élèvent à l'exercice de ce
ministère, et ceux qui les prennent pour eux, dans leur témérité
doivent être tenus, non pour des ministres de l'Église, mais pour
des voleurs et des brigands qui ne sont pas entrés par la porte
Jn 10,1 ; 1778 .
1770 Tel est ce qu'il a semblé bon au
saint concile d'enseigner d'une manière générale aux chrétiens sur
le sacrement de l'ordre. Il a décidé de condamner de la manière
suivante ce qui est contraire à des canons précis et propres, pour
que, avec l'aide du Christ, tous, utilisant la règle de la foi, au
milieu des ténèbres de tant d'erreurs, puissent connaître et tenir
plus facilement la foi catholique.
1771 1. Si quelqu'un dit qu'il n'y a
pas dans le Nouveau Testament de sacerdoce visible et extérieur, ou
qu'il n'y pas un pouvoir de consacrer et d'offrir le vrai Corps et
le vrai Sang du Seigneur et de remettre ou de retenir les péchés,
mais seulement une fonction et un simple ministère de la prédication
de l'Évangile ; ou que ceux qui ne prêchent pas ne sont pas prêtres
qu'il soit anathème 1764 ; 1767.
1772 2. Si quelqu'un dit qu'en plus du
sacerdoce il n'y a pas dans l’Église catholique d'autres ordres
majeurs et mineurs, par lesquels, comme par degrés, on s'avance
jusqu'au sacerdoce : qu'il soit anathème 1765.
1773 3. Si quelqu'un dit que l'ordre ou
la sainte ordination n'est pas vraiment et proprement un sacrement
institué par le Christ Seigneur ; ou que c'est une invention
humaine, imaginée par des hommes qui n'entendent rien aux choses de
l'Église ; ou que c'est seulement un rite par lequel on choisit les
ministres de la Parole de Dieu et des sacrements : qu'il soit
anathème 1766.
1774 4. Si quelqu'un dit que l'Esprit
Saint n'est pas donné par la sainte ordination et que c'est donc en
vain que les évêques disent : « Reçois l'Esprit Saint » ; ou que
l'ordination n'imprime pas un caractère ; ou que celui qui est
devenu prêtre une fois pour toutes peut redevenir laïc : qu'il soit
anathème 1767.
1775 5. Si quelqu'un dit que la sainte
onction dont l'Église use au cours de l'ordination, non seulement
n'est pas requise, mais doit être méprisée et est pernicieuse, et
qu'il en est de même pour les autres cérémonies de l'ordre : qu'il
soit anathème.
1776 6. Si quelqu'un dit qu'il n'y a
pas dans l'Église catholique une hiérarchie instituée par une
disposition divine, composée d'évêques, de prêtres et de ministres :
qu'il soit anathème 1768.
1777 7. Si quelqu'un dit que les
évêques ne sont pas supérieurs aux prêtres ; ou qu'ils n'ont pas le
pouvoir de confirmer et d'ordonner ; ou que le pouvoir qu'ils ont
leur est commun avec les prêtres ; ou que les ordres conférés par
eux sans l'accord ou l'appel du peuple ou de quelque puissance
civile sont nuls ; ou que ceux qui n'ont pas été légitimement
ordonnés ni envoyés par une autorité ecclésiastique et canonique,
mais viennent d'ailleurs, sont des ministres légitimes de la Parole
et des sacrements : qu'il soit anathème 1768s.
1778 8. Si quelqu'un dit que les
évêques qui sont choisis par l'autorité du pontife romain ne sont
pas de légitimes et véritables évêques, mais une invention humaine :
qu'il soit anathème.
1797 Sous l'inspiration du
Saint-Esprit, le premier Père du genre humain a proclamé le lien
perpétuel et indissoluble du mariage quand il a dit « Voilà
maintenant l'os de mes os, la chair de ma chair. C'est pourquoi
l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et
ils seront deux en une seule chair » Gn 2,23 ; Mt 19,5 ; Ep 5,31.
1798 Que par ce lien ne sont unis que
deux êtres, le Christ notre Seigneur l'a assez clairement enseigné
lorsque, rappelant ces paroles comme prononcées par Dieu, il a dit :
« C'est pourquoi ils ne sont plus deux, mais une seule chair»
Mt 19,6, et il confirma immédiatement après ces paroles, la
solidité de ce lien proclamé si longtemps auparavant par Adam «Donc,
ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas » Mt 19,6 ;
Mc 10,9.
1799 La grâce qui porterait cet amour
naturel à sa perfection affirmerait cette unité indissoluble et
sanctifierait les époux, le Christ lui-même, qui a institué et porté
à leur perfection les vénérables sacrements, nous l'a méritée par sa
Passion. C'est ce que l'apôtre Paul nous suggère quand il dit :
« Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l'Église et s'est
livré lui-même pour elle » Ep 5,25, en ajoutant aussitôt « Ce
sacrement est grand, je le dis : dans le Christ et dans l'Église »
Ep 5,32.
1800 Comme le mariage dans la Loi
évangélique l'emporte en grâce, par le Christ, sur les noces de
l'ancienne Loi, c'est à juste titre que nos saints Pères, les
conciles et la tradition de l'Église universelle ont toujours
enseigné qu'il fallait le compter parmi les sacrements de la Loi
nouvelle. Allant contre cette tradition, des hommes impies de ce
siècle, déraisonnant, non seulement ont eu des opinions fausses sur
ce vénérable sacrement, mais à leur habitude, introduisant la
liberté de la chair sous le couvert de l'Évangile, par écrit et
oralement, ont répandu nombre d'éléments étrangers au sentiment de
l'Église catholique et aux coutumes approuvées depuis le temps des
apôtres, et cela non sans grand dommage pour les fidèles.
Désirant faire face à la témérité de ces
hommes, le saint concile universel a jugé qu'il fallait exterminer
les hérésies et erreurs notables des schismatiques susdits, pour que
leur pernicieuse contagion n'en attire pas un grand nombre à eux
aussi décrète-t-il contre ces hérétiques et leurs erreurs les
anathématismes suivants.
1801 1. Si quelqu'un dit que le mariage
n'est pas vraiment et proprement l'un des sept sacrements de la Loi
évangélique que le Christ notre Seigneur a institués, mais qu'il a
été inventé dans l'Église par les hommes et qu'il ne confère pas la
grâce : qu'il soit anathème 1800.
1802 2. Si quelqu'un dit qu'il est
permis aux chrétiens d'avoir en même temps plusieurs épouses, et que
cela n'a été défendu par aucune Loi divine Mt 19,9 : qu'il
soit anathème 1798.
1803 3. Si quelqu'un dit que seuls les
degrés de consanguinité et d'affinité exprimés dans le Lévitique
Lv 18,6-18 peuvent empêcher de contracter mariage et rendent nul
celui qui a été contracté, que l’Église ne peut dispenser d'aucun
d'entre eux ni décider qu'un plus grand nombre soit cause
d'empêchement et de nullité : qu'il soit anathème 2659.
1804 4. Si quelqu'un dit que l'Église
n'a pas pu établir des empêchements dirimant le mariage, ou qu'elle
s'est trompée en les établissant : qu'il soit anathème.
1805 5. Si quelqu'un dit que le lien du
mariage peut être rompu en raison de l'hérésie, ou bien d'une vie en
commun insupportable, ou bien en l'absence voulue d'un conjoint :
qu'il soit anathème.
1806 6. Si quelqu'un dit qu'un mariage
contracté et non consommé n'est pas annulé par la profession
religieuse solennelle de l'un des conjoints : qu'il soit anathème.
1807 7. Si quelqu'un dit que l'Église
se trompe quand elle a enseigné et enseigne, conformément à
l'enseignement de l'Évangile et de l'Apôtre Mt 5,32 ; Mt 19,9 ;
Mc 10,11-12 ; Lc 16,18 ; 1Co 7,11, que le lien du mariage ne
peut pas être rompu par l'adultère de l'un des époux, et que ni l'un
ni l'autre, même l'innocent qui n'a pas donné motif à l'adultère, ne
peut, du vivant de l'autre conjoint, contracter un autre mariage ;
qu'est adultère celui qui épouse une autre femme après avoir renvoyé
l'adultère et celle qui épouse un autre homme après avoir renvoyé
l'adultère : qu'il soit anathème.
1808 8. Si quelqu'un dit que l'Église
se trompe lorsqu'elle décrète que, pour de nombreuses raisons, les
époux peuvent vivre séparés, sans vie conjugale ou sans vie en
commun, pour un temps indéterminé ou déterminé : qu'il soit
anathème.
1809 9. Si quelqu'un dit que les clercs
qui ont reçu les ordres sacrés ou les réguliers qui ont fait
profession solennelle de chasteté peuvent contracter mariage, qu'un
tel mariage est valide, malgré la Loi de l'Église ou leur vœu, et
qu'affirmer le contraire n'est rien d'autre que condamner le
mariage ; que peuvent contracter mariage tous ceux qui n'ont pas le
sentiment d'avoir le don de chasteté (même s'ils en ont fait vœu) :
qu'il soit anathème. Puisque Dieu ne refuse pas ce don à ceux qui le
demandent comme il faut, et qu'il ne permet pas que nous soyons
tentés au-dessus de nos forces 1Co 10,13.
1810 10. Si quelqu'un dit que l'état du
mariage doit être placé au-dessus de l'état de virginité ou de
célibat, et qu'il n'est ni mieux ni plus heureux de rester dans la
virginité ou le célibat que de contracter mariage Mt 19,11 ;
1Co 7,25 ; 1Co 7,38-40.
1811 11. Si quelqu'un dit que
l'interdiction de la solennité des noces à des temps déterminés de
l'année est une superstition tyrannique issue d'une superstition des
païens, Ou s'il condamne les bénédictions et autres cérémonies dont
use l'Église : qu'il soit anathème.
1812 12. Si quelqu'un dit que les
causes matrimoniales ne relèvent pas des juges ecclésiastiques :
qu'il soit anathème 2598 ; 2659.
1813 Chap. 1 (Motif et teneur de la
loi) On ne doit certes pas douter que les mariages clandestins, qui
se sont faits avec le libre consentement des contractants, sont des
mariages valides et véritables, tant que l'Église ne les a pas
rendus invalides ; aussi est-ce à bon droit que doivent être
condamnés, comme le saint concile les condamne par anathème, ceux
qui nient que ces mariages sont véritables et valides et affirment
faussement que les mariages contractés par les fils de famille, sans
le consentement de leurs parents, sont invalides et que les parents
peuvent les faire valides ou invalides. La sainte Église néanmoins,
pour de très justes raisons, a toujours eu ces mariages en horreur
et les a défendus.
1814 Mais le saint synode s'aperçoit
que ces défenses ne servent plus à rien en raison de la
désobéissance des hommes ; il pèse la gravité des péchés venant de
ces mariages clandestins, particulièrement pour ceux qui demeurent
dans l'état de damnation lorsque, après avoir abandonné la première
épouse avec laquelle ils avaient secrètement contracté mariage, ils
contractent publiquement un mariage avec une autre et vivent avec
elle en un perpétuel adultère ; l'Église qui ne porte pas de
jugement sur les choses secrètes, ne peut apporter remède à ce mal
qu'en recourant à un remède plus efficace. C'est pourquoi, mettant
ses pas dans les pas du saint concile du Latran (IV) tenu sous
Innocent III 817, le concile ordonne ce qui suit. A l'avenir,
avant que soit contracté un mariage, trois fois, trois jours de fête
consécutifs, le curé des parties contractantes annoncera
publiquement dans l'église, pendant la célébration des messes, entre
qui le mariage doit être contracté. Ces annonces faites, si ne s'y
oppose aucun empêchement légitime, on procédera à la célébration du
mariage devant l'Église, après avoir interrogé l'homme et la femme ;
une fois bien compris qu'il y a consentement mutuel de leur part, le
curé dira : « Je vous unis par le mariage, au nom du Père, et du
Fils et du Saint-Esprit » ; ou bien il se servira d'une autre
formule, conformément au rite reçu de chaque province.
1815 (Restriction de la loi) S'il y
avait un soupçon plausible que le mariage peut être empêché par la
mauvaise foi, s'il est précédé de tant d'annonces ; soit on ne fera
qu'une seule annonce, soit même le mariage sera célébré en présence
du curé et de deux ou trois témoins ; ensuite, avant la consommation
du mariage, les annonces seront faites dans l'église afin que, s'il
demeure quelques empêchements, ceux-ci soient plus facilement
découverts, à moins que l'Ordinaire lui-même ne juge expédient
d'omettre les susdites annonces, ce que le saint concile laisse à sa
prudence et à son jugement.
1816 (Sanction) Quant à ceux qui
entreprendront de contracter mariage autrement qu'en présence du
curé ou d'un autre prêtre autorisé par le curé ou l'Ordinaire, et
devant deux ou trois témoins, le saint concile les rend absolument
inhabiles à contracter de la sorte et décrète que de tels contrats
sont invalides et nuls, comme par le présent décret il les rend
invalides et les annule.
Décret sur le
purgatoire, 3 décembre 1563
1820 L'Église catholique, instruite par
l'Esprit Saint, à partir de la sainte Écriture et de la tradition
ancienne des Pères, a enseigné dans les saints conciles et tout
dernièrement dans ce concile œcuménique qu'il y a un purgatoire
1580 et que les âmes qui y sont retenues sont aidées par les
suffrages des fidèles, et surtout par le sacrifice de l'autel si
agréable à Dieu 1743 ; 1753. Aussi le saint concile
prescrit-il aux évêques de tout faire pour que la saine doctrine du
purgatoire, transmise par les saints Pères et les saints conciles,
soit l'objet de la foi des fidèles, que ceux-ci la gardent, et
qu'elle soit enseignée et proclamée en tous lieux.
On exclura des prédications populaires auprès
des gens sans instruction les questions plus difficiles et subtiles,
qui ne sont d'aucune utilité pour l'édification, et desquelles la
plupart du temps la piété ne tire aucun profit. On ne permettra pas
que soient divulgués et abordés des points incertains ou qui sont
apparemment faux. On interdira, comme scandaleux et offensant pour
les fidèles, tout ce qui relève d'une certaine curiosité ou de la
superstition ou tout ce qui a indécemment un goût de lucre. ...
1821 Le saint concile enjoint à tous
les évêques et à tous les autres ayant la charge et le devoir
d'enseigner que, conformément à l'usage de l'Église catholique et
apostolique, reçu dès les premiers temps de la religion chrétienne,
et conformément au sentiment unanime des saints Pères et aux décrets
des saints conciles, ils instruisent diligemment les fidèles,
particulièrement sur l'intercession des saints et leur invocation,
les honneurs dus aux reliques et le légitime usage des images. Aussi
leur enseigneront-ils que les saints qui règnent avec le Christ
offrent à Dieu leurs prières pour les hommes qu'il est bon et utile
de les invoquer humblement et, pour obtenir de Dieu des bienfaits
par son Fils Jésus Christ notre Seigneur, qui est notre seule
Rédempteur et Sauveur, de recourir à leurs prières, à leur aide et à
leur assistance. Ceux qui nient que l'on doit invoquer les saints
qui jouissent dans le ciel d'un bonheur éternel ; ou bien ceux qui
affirment que ceux-ci ne prient pas pour les hommes ou que les
invoquer pour qu'ils prient pour chacun de nous est de l'idolâtrie,
ou que cela va à l'encontre de la Parole de Dieu et s'oppose à
l'honneur de Jésus Christ, seul médiateur entre Dieu et les hommes
1Tm 2,5 ; ou bien encore qu'il est stupide de supplier
vocalement ou mentalement ceux qui règnent dans les cieux : tous
ceux-là pensent d'une manière impie.
1822 Les fidèles doivent aussi vénérer
les saints corps des martyrs et des autres saints qui vivent avec le
Christ, eux qui ont été des membres vivants du Christ et le Temple
du Saint-Esprit 1Co 3,16 ; 1Co 6,15 ; 1Co 6,19 ; 2Co 6,16 et
qui seront ressuscités et glorifiés par lui pour la vie éternelle ;
par eux Dieu accorde de nombreux bienfaits aux hommes. Aussi, ceux
qui affirment qu'on ne doit ni honneur ni vénération aux reliques
des saints, ou bien que c'est inutilement que les fidèles les
honorent ainsi que les autres souvenirs sacrés, et qu'il est vain de
visiter les lieux de leur martyre pour obtenir leur soutien, tous
ceux-là doivent être totalement condamnés, comme l'Église les a déjà
condamnés autrefois et les condamne encore aujourd'hui.
1823 De plus, on doit avoir et garder,
surtout dans les églises, les images du Christ, de la Vierge Marie
Mère de Dieu et des autres saints, et leur rendre l'honneur et la
vénération qui leur sont dus. Non pas parce que l'on croit qu'il y a
en elles quelque divinité ou quelque vertu justifiant leur culte, ou
parce qu'on doit leur demander quelque chose ou mettre sa confiance
dans des images, comme le faisaient autrefois les païens qui
plaçaient leur espérance dans des idoles Ps 135,15-17, mais
parce que l'honneur qui leur est rendu renvoie aux modèles originaux
que ces images représentent. Aussi, à travers les images que nous
baisons, devant lesquelles nous nous découvrons et nous prosternons,
c'est le Christ que nous adorons et les saints, dont elles portent
la ressemblance, que nous vénérons. C'est ce qui a été défini par
les décrets des conciles, spécialement du deuxième concile de Nicée,
contre les adversaires des images 600-603.
1824 Les évêques enseigneront avec soin
que, par le moyen de l'histoire des mystères de notre Rédemption
représentés par des peintures ou par d'autres moyens semblables, le
peuple est instruit et affermi dans les articles de foi, qu'il doit
se rappeler et vénérer assidûment. Et l'on retire aussi grand fruit
de toutes les images saintes, non seulement parce que sont enseignés
au peuple les bienfaits et les dons que lui confère le Christ, mais
parce que, aussi, sont mis sous les yeux des fidèles les miracles de
Dieu accomplis par les saints et les exemples salutaires donnés par
ceux-ci de la sorte, ils en rendent grâces à Dieu, ils conforment
leur vie et leurs mœurs à l'imitation des saints et sont poussés à
adorer et aimer Dieu et à cultiver la piété. Si quelqu'un enseigne
ou pense des choses contraires à ces décrets : qu'il soit anathème.
1825 Si certains abus s'étaient glissés
dans ces saintes et salutaires pratiques, le saint concile désire
vivement qu'ils soient entièrement abolis, en sorte qu'on expose
aucune image porteuse d'une fausse doctrine et pouvant être
l'occasion d'une erreur dangereuse pour les gens simples.
S'il arrive parfois que l'on exprime par des
images les histoires et les récits de la sainte Écriture, parce que
cela sera utile pour des gens sans instruction, on enseignera au
peuple qu'elles ne représentent pas pour autant la divinité, comme
si celle-ci pouvait être vue avec les yeux du corps ou exprimée par
des couleurs et par des formes.
On supprimera donc toute superstition dans
l'invocation des saints, dans la vénération des reliques ou dans un
usage sacré des images ; toute recherche de gains honteux sera
éliminée ; enfin toute indécence sera évitée, en sorte que les
images ne soient ni peintes ni ornées d'une beauté provocante...
Pour que cela soit plus fidèlement observé, le
saint concile statue qu'il n'est permis à personne, dans aucun
lieu... de placer ou faire placer une image inhabituelle, à moins
que celle-ci n'ait été approuvée par l'évêque. On ne reconnaîtra pas
de nouveaux miracles, on ne recevra pas de nouvelles reliques sans
l'examen et l'approbation de l'évêque. |