Didier de Cahors
Évêque, Saint
† 654

Saint Didier naquit dans le territoire d'Albi, d'une famille noble de Gaulois, vers l'an 580. Il fut élevé avec ses deux frères, Rustique et Syagrius, à la cour de Clotaire II. Rustique ayant embrassé l'état ecclésiastique, fut fait diacre de l'église de Rodez, puis abbé ou maître de la chapelle du Roi, et enfin évêque de Cahors. Siagrius fut comte d'Albi, et premier magistrat de Marseille.

Didier fit de grands progrès dans les lettres, et s'acquit beaucoup de célébrité par son éloquence. Il fut fait trésorier de l'épargne, ou garde du trésor du Roi, et il remplit cette charge avec un désintéressement admirable. Il vivait à la cour comme le religieux le plus exemplaire ; les moments qu'il pouvait dérober à l'exercice de sa charge, étaient consacrés à la prière, à la lecture des livres saints et à la méditation de la loi du Seigneur. Il s'interdisait tous les plaisirs profanes, dont le propre est de porter la corruption dans le cœur. Il s'animait de plus en plus à la vertu, par les conseils et les exemples de plusieurs saints personnages, qui étaient alors à la cour, comme saint Arnoux, saint Ouen, saint Eloi. Il se sentait encore fortifié par les instructions contenues dans les lettres que lui écrivait la pieuse Erchénéfrède, sa mère. Elle lui recommandait surtout de ne point perdre de vue la présence de Dieu, de l'aimer, de le craindre, d'éviter tout ce qui pouvait l'offenser ; d'être fidèle au Roi, d'aimer ceux avec lesquels il était obligé de vivre, et de les porter, par sa conduite, à glorifier le Seigneur.

Le Roi Dagobert eut, comme Glotaire, son père, une grande confiance en Didier. Il le combla même de nouveaux honneurs. Il le donna pour successeur à son frère Syagrius, que la mort avait enlevé, à condition toutefois qu'il continuerait de rester à la cour. Peu de temps après, Rustique, autre frère de Didier, fut assassiné par quelques scélérats de Cahors. Un tel attentat fut puni comme il méritait de l'être. Lorsqu'on sut à Cahors que le Roi verrait avec plaisir Didier succéder à Rustique, le clergé et le peuple s'empressèrent de le lui demander pour pasteur. Le brevet que le Roi donna en cette occasion est trop remarquable pour que nous ne le rapportions pas.

« Dagobert, Roi des Français, aux évêques, aux ducs et à tout le peuple des Gaules. Nous devons apporter » nos soins à ce que notre choix soit agréable à Dieu et » aux hommes ; et puisque le Seigneur nous a confié le gouvernement des royaumes, nous ne devons donner les dignités qu'à ceux qui sont recommandables par la sagesse de leur conduite, par la probité de leurs mœurs, et par la noblesse de leur extraction. C'est pourquoi ayant reconnu que Didier, notre trésorier, s'est distingué par sa piété depuis sa jeunesse, comme un véritable soldat de Jésus-Christ, sous la livrée du monde, et que la bonne odeur de ses mœurs angéliques, et de la conduite vraiment sacerdotale qu'il a tenue, s'est répandue jusque dans les provinces éloignées, nous accordons aux suffrages des citoyens et des abbés de Cahors, qu'il soit leur évêque. Nous croyons que c'est le choix et la volonté de Dieu que nous suivons, puisque nous nous faisons violence à nous mêmes, en nous privant d'un officier si nécessaire. Mais : quelque chose qui puisse nous en coûter, nous devons procurer aux églises des pasteurs qui conduisent selon Dieu les peuples que nous confions à leurs soins. C'est pourquoi, suivant la demande des citoyens, et notre propre volonté qui s'accorde avec la leur, nous voulons et ordonnons que Didier soit sacré évêque de Cahors, afin qu'il prie pour nous et pour tous les ordres de l'Église ; et nous espérons que, par le mérite des prières d'un si saint Pontife, Dieu nous prolongera la vie. » Cet acte est du mois d'avril 629.

Didier, devenu évêque, se livra tout entier a l'exercice des fonctions augustes dont il était chargé ; il travaillait à détruire le vice et à établir le règne de la piété ; il assistait les malheureux, et ne se servait du crédit qu'il avait, que pour la gloire de Dieu et l'avantage des pauvres. Il décora les églises, et en fit bâtir de nouvelles. Avant lui, il n'y avait point de monastère à Cahors, il en fit construire deux. Il choisit pour le lieu de sa sépulture le premier, qui était peu éloigné de la maison épiscopale et dédié en l'honneur de saint Amand de Rodez. Plusieurs fidèles, à son exemple, fondèrent aussi des monastères, qui furent mis sous la règle de saint Colomban et de saint Benoît, qu'on tâchait alors de réunir, autant qu'il était possible. Il paraît que c'est par erreur qu'on a compté le monastère de Moissac parmi ceux qui furent alors établis ; on en rapporte communément la fondation au temps de Clovis. Notre Saint étendit son zèle jusque dans l'Albigeois, et il y fit aussi de pieux établissements.

Son grand âge et ses infirmités l'avertissant qu'il approchait de sa fin, il fit son testament. Il légua tous ses biens à son église ; mais il lui recommanda en même temps de pourvoir à la subsistance des pauvres qu'il avait nourris. Il mourut dans le territoire d'Albi, le 15 novembre 654. Son corps fut rapporté à Cahors, et enterré dans l'église de Saint-Amant. Il s'est opéré plusieurs miracles à son tombeau. Il y a une église paroissiale de son nom à Cahors ; mais son corps n'y est plus

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

 

 

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