Troisième partie

Contemplons l’Amour qui aime

Chapitre 2

L’Être sans avant, sans après,
et pourtant QUELQU’UN

“Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des Cieux est à eux!” La pauvreté que Dieu aime, c’est la pauvreté du cœur, c’est la pauvreté du cœur humble qui sait que Dieu EST. L’humilité, dit-on, c’est la vérité, et l’unique Vérité c’est de savoir que seul Dieu EST, et que les créatures, toutes les créatures, ne sont rien, ou plutôt ne sont que par le désir de l’ÊTRE qui veut les faire exister. De moi-même je ne suis rien, je ne peux rien, tous mes efforts, même les plus grands ne peuvent que me conduire à mettre mon néant et mon impuissance en évidence. Je ne suis rien, Dieu seul EST, Dieu seul peut, Dieu seul est QUELQU’UN par Lui-même.

Seigneur, toutes nos méditations sur la pauvreté aboutissent à cette même constatation: je ne suis rien, par moi-même je ne peux rien; je n’existe que parce que Dieu veut que j’existe, et je dépends entièrement de sa volonté à LUI. Nous ne sommes rien, vraiment, et quand nous pensons à cela, nous avons parfois une curieuse impression, comme si nous sentions notre être se vider, disparaître, se perdre complètement. Sensation étrange et redoutable qui nous fait soudain très peur...

Et nous nous redisons : “Qui suis-je? Est-ce que j’existe vraiment? Et pourquoi? La mort définitive et inévitable est-elle obligatoire? Dois-je disparaître à tout jamais? Alors, que valent les œuvres des hommes, même les plus belles, les plus parfaites, humainement parlant ? À quoi bon “faire quelque chose”, à quoi bon essayer de mieux faire, de devenir bon, de se fatiguer, si tout cela doit disparaître définitivement, et même, est-ce que tout cela existe, ou a jamais existé!”

Ces réflexions nous font sombrer alors dans l’horrible vertige métaphysique, l’horrible tentation de l’Agonie de Jésus. “Vanité des vanités, et tout est vanité!”  Un mal affreux  indéfinissable nous étreint. Un mal métaphysique qui n’existe peut-être pas...  Et notre extrême pauvreté se tourne encore vers Dieu, l’unique espoir. Et voici que nous contemplons la Grande Main de Dieu, la Grande Main qui contient toute la Création. Et nous nous rassurons: ”Père, voici que nous contemplons ta Création. Elle est tout entière dans ta Main, comme blottie dans le creux de ta Main. Tu la contemples, et Tu l’aimes. Père, Tu aimes ta Création tout entière et Tu l’aimes, Tu l’aimes tout entière, dans ses grandes merveilles, dans ses grandes galaxies, dans son infinie petitesse aussi...”

Père, nous Te contemplons contemplant ta Grande Main qui contient l’univers entier. Tu aimes cet univers grandiose qui contient une petite planète et ses habitants, presque invisibles, sauf de Toi. Tu aimes les hommes que Tu fis avec Amour, un Amour infini, car tous prédestinés à être les cellules constitutives du Corps mystique de ton Verbe. Et Toi, Père Infini, hors du temps, hors des choses, Toi, Amour créateur, Tu aimes les hommes, ces merveilles que Tu créas pour ton Fils, ces merveilles dont Tu fais tes délices. Comment fais-Tu, Seigneur, pour nous voir? Nous sommes si petits et si pauvres, si démunis, si impuissants, et pire, nous ne savons pas aimer, nous ne savons pas répondre à ton Amour. Seigneur,  quel vertige!

Seigneur-Dieu, chacun d’entre nous est l’un de ces hommes tellement petits que Toi seul peut savoir qu’ils existent vraiment. Tu nous vois, et nous, nous cherchons ta face... Tu nous as faits pour T’aimer, et beaucoup d’hommes T’aiment, mais vois-Tu, Seigneur, ils voudraient tous Te voir, ils voudraient tous T’entendre, ils voudraient tous T’aimer, mais ils ne savent pas faire. Beaucoup savent que Tu nous as envoyé ton Fils, ton Bien-Aimé, ton Fils qui nous aima tellement!

Mais nous L’avons tué, nous L’avons crucifié... Et nous sommes tellement malheureux... Bien sûr, Tu as ressuscité ton Fils obéissant: voici qu’Il est vivant au milieu de nous, mais le croyons-nous vraiment?

Écoute, Seigneur, la prière de tes enfants! Écoute Seigneur la prière que tous Te crient. Écoute, Seigneur les mots que chacun d’eux fait monter vers Toi. Tous, ils Te disent, pleins d’espérance:

“Laisse-moi, Seigneur, Te regarder, un peu, depuis l’infiniment petit que Toi seul peut voir. Laisse-moi Te contempler un peu, mon Seigneur, car je ne suis qu’un pauvre petit être sensible qui a besoin des sens que Tu lui as donnés pour qu’il puisse T’aimer. Mon Seigneur, dans mon extrême petitesse, je crie vers Toi, entends ma prière, entends ma voix, entends ma plainte, entends l’angoisse de mon cœur qui Te cherche. Entends, Seigneur, la plainte de tes enfants.” 

Nous sommes si pauvres et si finis. Mais nous sommes dans la Main de Dieu, dans le Cœur de Dieu, le Cœur de l’Amour. Nos esprits se perdent quand ils ont, parfois, l’intuition fugitive d’être dans la Main de l’Être qui seul est, et qui est sans avant et sera sans après. Nos cœurs et nos esprits sont bouleversés quand ils réalisent que le seul ÊTRE sans avant, sans après, l’ÊTRE qui est QUELQU’UN, l’ÊTRE éternel qui est AMOUR nous connaît et nous aime, chacun d’entre nous, et individuellement.

Seigneur, quand nous avons pris conscience de ton Amour, nous ne savons plus rien, et pourtant nos cœurs savent qu’ils T’aiment car Tu les aimes.

Et nous ne pouvons plus que T’adorer, Seigneur... Nous ne savons plus rien faire d’autre... Nous ne savons plus rien, nous savons seulement que Tu es le Tout Autre et pourtant QUELQU’UN.

Tout Autre et pourtant QUELQU’UN.

Seigneur, voici que nous sommes comme plongés dans une sorte de vertige: nos repères changent d’échelles, et nous nous imaginons “contemplant” la grande main de Dieu. Et nous ”voyons” la Main de Dieu contenant notre univers, tous les univers: le nôtre et peut-être d’autres; mais au fond, c’est sans importance puisque, s’ils existent, ces autres univers, nous ne les connaîtrons jamais... En réalité c’est tout le cosmos, toute la Création que nous “contemplons” dans la grande Main de Dieu.

Nous “contemplons ?” Non, car en réalité nous ne voyons rien. Nous arrivons à imaginer les cosmos, mais la Main de Dieu??? Pourtant Dieu contient toute sa Création, mais Il est le Tout Autre, indéfinissable, hors de nous et cependant en nous, infiniment puissant tandis que nous ne sommes rien, même dans le cosmos. Alors que sommes-nous? Lorsque nous venons de communier, Jésus-Christ, Fils du Père, Verbe de Dieu, est en nous. Nous contenons Celui qui nous contient et que nous ne pouvons contenir. Et nous vivons dans le mystère le plus total, le plus profond. Nous ne sommes rien, et cependant nous sommes. Nous ne pouvons rien, et pourtant nous devons agir... mais pour quoi faire? Oh! Seigneur!

Nous “contemplons” Dieu contemplant sa Création qu’Il contient, qu’Il tient dans sa main. Nous disons “sa main”, mais Dieu n’a pas de main, alors où et comment nous contient-Il? Mais voilà que Dieu “se penche” sur sa Création.

Voilà que Dieu contemple une petite terre et des petits hommes insignifiants et pourtant grands, car Dieu a décidé de construire avec ces hommes-là le Corps mystique de son Christ et d’en peupler la Jérusalem nouvelle. Dieu aime son Christ, son Verbe, la deuxième personne de sa Trinité glorieuse. Le Père aime le Fils qui L’aime, et de cet Amour jaillit l’Esprit. Mais cet Amour infini aime aussi sa création, émanation de son Amour. Et pour que la Création puisse répondre par un amour à l’Amour, il fallait des êtres intelligents et sensibles, libres et capables d’aimer. Mon Dieu, que ces choses sont difficiles!!!

Les anges peuvent aimer, mais ils ne sont qu’esprits: c’est insuffisant, car Dieu aime aussi la matière qu’Il a faite. Alors il fallait des êtres matière et esprit, et ce sont les hommes. On dit que l’univers chante, crie, hurle la gloire de Dieu. Mais cette gloire est sans amour: l’univers obéit à ses lois qui gèrent son chaos, mais ce sont des lois sans connaissance, sans amour, des lois aveugles. Dieu-Amour veut davantage: Dieu veut une libre réponse d’amour, venant à la fois de l’esprit et de la matière... Pour cela il a fait les hommes, les hommes capables d’aimer comme ils sont capables de penser. Dieu a donné des lois aux hommes, des lois de bonheur, des lois d’amour pour être aptes à être les pierres vivantes de la finale, du but, de sa Création: la Jérusalem nouvelle.

Oh ! Seigneur ! Vous êtes hors du temps, Vous êtes immuable. Le temps, les temps devrions-nous dire, les milliards de temps nés des divers mouvements des milliards de galaxies, le temps ne concerne que les créatures “matière”. Donc, nous sommes à la fois dans notre temps terrestre, et peut-être aussi dans d’autres temps galactiques, tout en étant en Dieu qui est hors du temps. Seigneur! Nous nous perdons, nous T’appelons, Seigneur. Où sommes-nous? Comment avons-nous pu nous détacher de Toi en transgressant ta Loi d’amour? Seigneur, soudain nous avons peur, viens vite à notre aide. Nous avons mangé le fruit défendu de l’Arbre de la connaissance, nous avons voulu être comme Toi, alors que nous ne sommes rien... Et nous le payons bien cher. Aie pitié de nous, Seigneur!

Et voici l’extraordinaire: Dieu “se penche” sur ses créatures, Dieu ”écoute” et “entend” le cri de ses enfants, de son peuple. Dieu “écoute”, Dieu “entend”, Dieu “voit”... Dieu se penche comme une mère se penche vers son petit enfant qui pleure... Comme une mère aimante, Dieu panse les petits bobos de son petit qui est tombé... Comme une mère aimante, Dieu console ses enfants. Dieu Père et Mère à la fois, s’intéresse à ses enfants malheureux quand ils L’appellent. Dieu aime tous ses enfants, car Il est l’Amour. Mais Dieu aime d’un amour plus spécial les enfants qui L’aiment et qui sont heureux, car ils font sa volonté... Dieu les aime, ces petits qui L’aiment, et Dieu s’émeut dans sa tendresse divine.

Car Dieu est Dieu, le Tout-Autre, et cependant Il est aussi QUELQU’UN, une Personne qui connaît chacune de ses créatures capables d’aimer. Il les connaît même mieux et plus qu’elles ne se connaissent elles-mêmes. Quel nouveau mystère: Dieu, le Tout-puissant, le Tout-Autre, l’Infini, est aussi QUELQU’UN qui se tourne vers le fini, le regarde, l’aime, et l’enveloppe de toute sa tendresse divine.

Dieu est QUELQU’UN, quelqu’un qui nous connaît, nous aime, et nous aime même tendrement. Dieu, le Tout-Autre nous aime tendrement, et en pensant à cela notre cœur fond d’amour...

Tout autre... À cause d’Abraham, par la foi et l’espérance nous touchons la Trinité

Abraham monte la colline au sommet de laquelle il sacrifiera son fils Isaac, le fils de la promesse. Dieu, contemple Abraham et son obéissance douloureuse. Dieu est loin, si loin, si grand, et pourtant Dieu contemple et admire Abraham...

Dieu contemple la minuscule fourmi qui, par obéissance et par amour pour Lui va sacrifier son fils bien-aimé. Et Dieu pense déjà à la future Incarnation de son Fils bien-aimé. Dieu le Père pense au Fils, son Unique qui sera sacrifié, Lui aussi, crucifié pour réparer les fautes du monde. Dieu pense au Fils, sa Grande Victime, dont le sacrifice sera la base, la tête et le Cœur du Corps mystique du Christ, l’Église de Dieu...

Dieu regarde Abraham et pense... Dieu sacrifiera son Fils, un jour, mais pour Le ressusciter. Par contre, l’homme ne doit pas tuer, Dieu ne le veut pas: alors Dieu arrête le bras d’Abraham, et le bénit, et toute sa descendance avec lui. Ce faisant, Dieu bénit le lointain descendant d’Abraham qui sera le Fils de la Promesse, le Christ Seigneur, le Fils du Père, incarné pour réunir tous les éléments de la Création: les éléments spirituels et les éléments matériels. Dieu voit l’Eucharistie du Fils qui unira et liera tous les hommes entre eux et au Fils Bien-Aimé pour en faire un seul Corps.

Dans son œuvre : Le porche du mystère de la deuxième vertu, Charles Péguy fait parler Dieu: “La foi, ça ne m’étonne pas, dit Dieu, j’éclate tellement dans ma création... mais l’espérance...” C’est vrai, la Création est tellement parfaite, merveilleuse, étonnante de beauté, d’équilibre, de régularité, de forces terrifiantes aussi, que seule une Puissance intelligente et bien organisée pouvait accomplir une telle œuvre, et la maintenir en fonctionnement. Mais on pourrait objecter, et beaucoup d’hommes l’ont fait, que cette Intelligence n’est qu’intelligence aveugle et insensible, force monstrueuse et impersonnelle, qui se soucie bien peu, ou même pas du tout, des êtres sensibles qu’elle a créés. Cette intelligence est, mais elle n’est pas quelqu’un.

“La foi, ça ne m’étonne pas”, dit Dieu. Pourtant, c’est tellement étonnant! Croire dans la Création et dans une Puissance créatrice, ça n’est pas très étonnant; mais croire en QUELQU’UN, çà, çà étonne. Et seule la venue de Jésus, Fils de Dieu, Verbe de Dieu, peut nous donner la foi en QUELQU’UN. Et si nous avons la foi en un Dieu bon, personnel, miséricordieux, vivant et sensible, c’est parce que Jésus est vraiment ressuscité. Jésus parce qu’Il est vraiment ressuscité peut être dit vraiment Dieu et vraiment homme. C’est parce que Dieu est QUELQU’UN manifesté humainement aux hommes, que les hommes peuvent avoir foi en Lui, foi en Dieu, foi en Dieu qui aime sa création, qui aime tous les hommes, et chacun d’entre eux...

Notre foi, c’est la Résurrection de Jésus, et la Passion n’aurait aucune valeur, on n’en parlerait d’ailleurs plus depuis longtemps, si Jésus n’était pas ressuscité. Mais Il est ressuscité: c’est là notre foi, c’est là notre espérance, car c’est là que Dieu-QUELQU’UN, s’est mis à notre portée, nous montrant que, bien que Tout Autre, Il est aussi QUELQU’UN que nous pouvons connaître et aimer.

Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine, et nous sommes les plus malheureux des hommes. Alors, chacun peut se dire : “Je suis vraiment néant, voué au néant, et ce que je fais en ce monent, ce n’est que du néant... Oui, mais quel néant ? Un néant qui existerait? Et comment ? Et comment en aurais-je conscience ? Et qui aurait créé ce néant qui par définition n’existe pas ?” Incroyable et atroce vertige ! Vertige que Jésus a connu après l’abandon du Père, car Jésus s’était fait péché pour nous délivrer du péché, et le Père a horreur du péché...

Vertige épouvantable qui soudain s’apaise quand Dieu Incarné vient vivre chez nous pour nous dire que Dieu nous aime, pour nous dire que Dieu est QUELQU’UN. Et nous T’adorons, Seigneur !

Nous T’adorons, Seigneur !

Nous T’adorons, Seigneur, Toi le seul ÊTRE, l’ÊTRE unique et tout-puissant, l’ÊTRE Créateur, mais créateur parce qu’Amour. Tu es AMOUR, Seigneur, et nous ne comprenons pas ces choses qui nous dépassent infiniment, que nous ne pouvons pas saisir. Ces choses que nous ne connaissons pas nous donnent un vertige épouvantable. Comment es-Tu Amour? Comment es-Tu un Père? Comment es-Tu tout-puissant et Miséricorde? Comment es-Tu ÊTRE, infini, tout puissant, et en même temps AMOUR qui se penche avec une sollicitude infinie sur les pauvres petits êtres que nous sommes, qui ne sommes même pas capables d’obéir à ton mode d’emploi d’amour, ta Loi merveilleuse, reflet de ton Amour.

Nous T’adorons, Seigneur. Nous T’adorons et nous T’aimons, mais d’un amour tellement petit que nous n’arrivons pas à saisir que Tu puisses nous connaître personnellement, que Tu puisses demeurer près de chacun, que Tu puisses nous aimer, et nous aimer tendrement. Tu nous aimes tendrement, Seigneur, comme QUELQU’UN d’affectueux, de tendre, plein d’attentions et de délicatesses. Oui, Tu es vraiment QUELQU’UN, Seigneur, Tu es QUELQU’UN, toujours près de nous, Tu nous accompagnes sur tous nos chemins, Tu nous guides, comme Tu guides chacun de tes enfants. Ton Cœur étreint notre cœur pour le conserver près de Lui. Tu es toujours avec nous, Seigneur... Comment ne pas fondre d’amour?

Tu es QUELQU’UN Seigneur, QUELQU’UN de vivant, d’infiniment vivant et Tu nous donnes la vie. Tu es notre seule vie, et nous T’aimons. Et nous pouvons Te parler... Nous ne comprenons pas toujours tes réponses car le langage d’amour ne s’apprend pas du premier coup. Mais parfois nous avons comme l’intuition que Toi qui ES, Toi qui es VIE, Tu nous fais entrer dans ta Vie, dans ton ÊTRE. C’est étonnant, inexprimable, il n’y a pas de mot pour le dire; et pourtant, c’est vrai, Tu es QUELQU’UN, Tu nous aimes, Tu nous fais entrer dans ta vie, ta vie éternelle, sans avant, sans après, Tu nous fais entrer dans ta vie quand nous T’aimons vraiment.

Ô Esprit-Saint, inspire-nous! Aide-nous à rejoindre le Coeur de Dieu, le Coeur de Jésus! Car nous sommes si petits, si petits... Et par nous-mêmes nous ne pouvons rien faire. Nous sommes venus au monde mais tout en nous s’est fait tout seul: nous n’avons rien eu à faire pour faire notre corps, pour construire notre intelligence, pour apprendre à aimer. Nous n’avons rien eu à faire, qu’à manger un peu, qu’à nous laisser enseigner, et cela n’était pas tellement désagréable!

Nous n’avons rien eu à faire pour venir au monde et grandir, et constituer notre nature humaine. Nous n’avons rien eu à faire, et aujourd’hui encore, nous dépendons de tout. Nous sommes entièrement contingents, soumis aux moindres événements du monde, aux moindres aléas de la nature que nous ne maîtrisons pas, pas plus que nous ne maîtrisions notre croissance. Nous existons parce que Dieu l’a voulu, mais nous dépendons de tout, nous dépendons entièrement de Dieu; par nous-mêmes nous ne pouvons rien. Nous sommes si petits, non seulement par rapport à Dieu, mais même par rapport à toute la création. Il est impossible de se resituer dans l’immensité de l’univers, à l’échelle de la création, sans être saisi d’un effroyable vertige. Un vertige qui nous ramène à Dieu, à QUELQU’UN, à QUELQU’UN qui est Trinité.

La Trinité? Le Fils, Jésus, adore le Père avec une humanité qu’Il sanctifie, sanctifiant sa création. Mais, le Père et le Fils n’étant qu’UN, l’adoration amoureuse du Père qui engendre le Fils, lequel Lui rend Amour pour Amour, c’est le tourbillon de feu de l’Amour d’où procède l’Esprit, -l’Esprit d’Amour du Père et du Fils jailli du Coeur du Père et du Fils-, c’est-à-dire le Coeur de Dieu. Le Cœur du Père et du Fils est aussi le Coeur de l’Esprit qui est Dieu. Et merveille, l’Esprit qui procède du Père et du Fils et qui englobe, qui enveloppe Dieu-Père-et-Fils, cet Esprit qui englobe Dieu nous couvre aussi puisque Jésus a pris notre humanité pour adorer le Père. Qui peut comprendre ces choses?

Marie

Dieu est QUELQU’UN, QUELQU’UN qui nous aime, qui nous parle, qui nous dirige, qui nous aide, et qui nous pardonne quand nous nous égarons. Dieu est QUELQU’UN, et pour que nous le comprenions, pour que nous en ayions la certitude, Dieu-Père, nous donnant son Verbe-Incarné, nous a aussi donné Marie.

Imaginons une Croix gigantesque sur laquelle se trouve le Christ, mais le Christ ressuscité au Coeur éblouissant. La Croix gigantesque portant Jésus Ressuscité porte aussi, confondu avec le Corps glorieux du Ressuscité, son Corps mystique, donc l’Église.  Et Jésus, qui du haut de sa Croix nous a donné sa Mère, continue à nous la donner, car Marie, Reine de l’univers, est aussi la Mère des hommes, donc la Mère du Corps mystique...

Marie, créature comme nous, qui avait été la Mère de Jésus, fut aussi la Mère du Crucifié douloureux et glorieux. Maintenant elle est la Mère du Crucifié glorieux, du Christ total, ce Christ qui rassemble tous les mondes dans sa Croix glorieuse. Marie est donc la Mère du Corps mystique, Mère de l’Église. Elle est derrière la Croix de Jésus, comme en filigrane, et son Coeur Immaculé se confond avec le Coeur Immaculé et Sacré de son Fils. Épouse de l’Esprit-Saint, Marie, Mère de l’Église, donc de chacun de nous, se doit de nous donner à Jésus, de donner à Jésus les âmes qu’Il veut épouser. Mais avant, ces âmes doivent se faire belles, se purifier, et cela, c’est toujours le rôle de Marie, le rôle de la douce Maman.

Donc, quand nous demandons à Marie, notre maman, de nous donner à Jésus, de nous préparer pour Lui, pour qu’Il soit content, et consolé dans son agonie qui durera jusqu’à la fin du monde, quand nous demandons à Marie de nous donner son Fils et de nous donner à Lui, nous sommes dans le vrai.

Lorsqu’Il s’adresse à ses âmes choisies, celles que nous appelons mystiques, Jésus leur dit toujours: “Pendant ma Passion, J’ai pris tous vos péchés, je me suis fait péché pour vous.” Cela, on le savait. Mais quand Il ajoute: “Toutes vos souffrances, Je les ai connues, Je les ai prises, Je les ai souffertes. Toutes!” Cela, c’est plus difficile à admettre, car aucun homme n’aurait pu, ni ne pourra jamais supporter les souffrances de Jésus.

Dieu est QUELQU’UN. Dieu connaît vraiment toutes nos souffrances puisque son Fils, son Verbe, les a vécues, en Jésus, Dieu-incarné. Mais Jésus mort et ressuscité peut nous sembler encore trop grand, trop puissant, trop loin... Alors, Jésus, Jésus dont l’Amour est trop infini pour nous, mais qui veut nous faire comprendre qu’Il est tout proche de nous, Jésus nous donne Marie, créature comme nous.

prendre qu’Il est vraiment une PERSONNE vivante, aimante, à notre portée malgré son infinitude, Il s’incarne... Et pour que nous ne puissions pas nous plaindre de sa situation exceptionnelle: Dieu-le-Fils-incarné dans un corps d’homme, Jésus, Dieu-Homme, nous donne sa Mère.

Tout cela est incompréhensible. Dieu est QUELQU’UN, et pour nous faire com

Dieu sans avant, sans après, hors du temps, entre dans notre temps et se crée une Mère, la Mère du fils Bien-Aimé, pour nous dire qu’Il est QUELQU’UN.

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