Troisième partie

Contemplons l’Amour qui aime

Chapitre 4

Un enfant turbulent

Souvent, devant l’indifférence de tant d’hommes qui ne connaissent plus Dieu, devant, aussi, nos propres difficultés, car la foi, ce n’est pas toujours facile, nous Vous demandons, Seigneur, de Vous montrer un peu. C’est normal, nous avons tellement envie de voir Dieu...

Vous nous aimez Jésus, nous le savons parce que Vous nous l’avez dit. Vous êtes venu chez nous, vous êtes venu vivre avec nous, et Vous nous avez comblés de vos bienfaits. Vous avez pardonné tous nos péchés... Vous nous avez sauvés, et Vous avez multiplié vos appels, vos nombreux appels auxquels nous répondons si mal. Car nous sommes comme des enfants turbulents, indisciplinés, et désobéissants... Nous sommes comme des petits enfants qui font ce qui est interdit et qui en subissent les conséquences; nous sommes des enfants turbulents qui ne savent pas rester propres et qui souillent leurs vêtements. Mais Dieu voit notre confusion et Dieu, comme une maman très aimante, vient nous consoler et réparer nos malheurs. Voici un exemple qui nous fera comprendre comment:

Jean est un petit enfant, turbulent qui aime jouer dans des endroits dangereux et interdits. Malgré les avertissements de sa maman, ce petit désobéissant échappe parfois à la surveillance, pourtant vigilante, pour aller là où il ne faut pas. Aujourd’hui, Jean est allé avec son chien, jusqu’au fond du jardin, près d’un grand trou dans lequel sont déposés des ordures et des objet cassés ou devenus inutiles. L’endroit est particulièrement nauséabond et repoussant, sans aucun autre intérêt que celui de débarrasser la famille de ce qui est devenu dangereux pour elle.

Pourtant, ce matin, un objet étrange attire l’attention du petit garçon. Comme c’est intéressant! Jean veut voir de près cette chose étonnante: il se penche, tend ses bras trop petits, se penche encore... et tombe dans le trou plein d’immondices. Jean crie, appelle, mais la maman est trop loin: elle ne peut pas entendre... Alors, après maintes difficultés, Jean réussit à s’extraire du trou d’ordures. Il est un peu sale, aussi s’en va-t-il vers le robinet voisin. Un peu d’eau, et tout ira bien: maman ne verra rien. Hélas! un peu d’eau ne suffit pas à réparer les dégâts, et le spectacle de ce qu’il est devenu effraie notre petit garçon qui, soudain, pense à sa maman: non, elle ne va pas être contente de son petit désobéissant...

Jean pleure sur ses malheurs, puis, au bout d’un moment, tout penaud, tout égratigné, griffé, avec des vêtements sales, déchirés, et puants... il se décide à rentrer à la maison. Il ose à peine se plaindre ou pleurer tant il sait qu’il est dans son tort, et qu’il a désobéi. Pas fier du tout, il revient cependant vers sa maman, car à qui irait-il? elle seule a les paroles de réconfort et d’amour.

Dans un premier temps, en apercevant son enfant si sale, la maman n’est pas contente, mais alors pas du tout; elle montre sa colère et sa peine. Elle gronde vertement l’enfant désobéissant. Que va-t-elle faire d’un tel garnement, plein de crasse, plein de boue, repoussant, innommable. Pourtant, au fond de son coeur plein de miséricorde, elle s’apitoie un peu. Le pauvre petit, il a dû se laisser entraîner...

Alors la maman conduit son petit dans la grande baignoire et commence à le nettoyer. Oh! Ce n’est pas facile, il faut s’y reprendre à plusieurs fois tant la saleté s’est incrustée partout. Quand l’enfant commence à reprendre visage humain, alors la maman voit les blessures. Son coeur fond, mais elle se garde bien de le montrer à son garnement de fils. Doucement elle commence à nettoyer les plaies, à panser les égratignures et les écorchures. Elle les désinfecte soigneusement. Ça fait un peu mal. Tant pis pour lui! Ça lui apprendra à obéir!

Quand tout est terminé, quand son enfant est propre et soigné, en voie de guérison, alors la maman peut s’attendrir. Elle grondait, mais au fond elle avait très peur. Maintenant qu’elle est rassurée, elle peut enfin embrasser son petit et lui dire: “Je t’aime.”

Cette image, cette parabole de l’enfant turbulent explique bien ce qui se passe quand une âme se convertit et revient à Dieu. L’âme sortie de ses marécages peccamineux et boueux est tellement contente qu’elle ne voit pas tout de suite son état. Une petite confession, et tout ira bien, elle pourra rentrer à la maison...

Oui, mais quand elle arrive à la maison, dans la lumière de Dieu, elle s’aperçoit avec effroi qu’elle est encore très sale, et malade. Un grand nettoyage, peut-être une confession générale, ou du moins plus approfondie s’avère indispensable. Mais cela se révèle vite insuffisant, et il faut aller plus loin dans sa toilette, dans sa conversion; des plaies apparaissent, car certaines conséquences du péché surgissent tout à fait inopinément. Devenue plus délicate, l’âme perçoit la nécessité de panser des blessures, les siennes, et celles dont elle est la cause, et de réparer les conséquences visibles et invisibles de ses péchés.

Et puis, un jour, le coeur en voie de guérison comprend que c’est le Coeur de Dieu Lui-même qui a été blessé par son péché. Le coeur coupable et cependant aimant voit des choses qui lui étaient jusque-là cachées. Il devine à quel point le mal s’était incrusté en lui sans qu’il en ait conscience. Il comprend à quel point il a blessé le Coeur de Dieu, de Dieu-Amour. Il comprend un peu ce qu’est vraiment l’Amour, et comment, sans le vouloir, sans même le savoir, on peut blesser l’Amour.

Alors, pendant encore longtemps, le passé de l’âme blessée, de l’âme au coeur meurtri, le passé de l’âme convertie mais pas encore totalement purifiée, lui sera présenté pour qu’elle puisse retrouver, avec un cœur contrit et vraiment repentant, la pureté sans laquelle elle ne peut rencontrer Dieu. Peu à peu elle découvrira l’immensité de l’Amour de Dieu pour nous. Peu à peu elle rencontrera QUELQU’UN, Dieu-Père, Dieu-Amour, Dieu qui nous aime et qui l’aime, elle...

Et elle pourra alors crier sa reconnaissance envers le Père qui nous a donné son Fils, le Fils qui a donné sa vie pour que les pécheurs retrouvent la vie éternelle. Elle reconnaîtra son Seigneur qui a donné sa vie pour tous les hommes alors qu’ils étaient encore pécheurs. Alors, pleine de confusion, l’âme chantera: ”Que rendrais-je au Seigneur pour tout le bien qu’Il m’a fait? Oui, que pourrais-je Lui rendre?” Et la réponse  arrivera, étonnante: “Rien! Que peux-tu rendre au Seigneur, toi qui n’as rien et qui n’es rien? Il n’attend que ton amour, et ton humilité.”

Pour rejoindre le Seigneur il faut être humble, et c’est seulement quand elle a touché le fond de sa misère, qu’une âme peut acquérir au moins une ombre d’humilité qui lui permettra d’approcher Dieu qui l’attend.

pour toute suggestion ou demande d'informations