Dominique SAVIO
jeune salésien, disciple de S. Jean
Bosco
(1842-1857)
"Dominique est la plus délicieuse figure de la geste de
don Bosco" (Daniel-Rops).
C'est
le deuxième enfant d'une famille qui devait en compter dix. Domenico naît en
1842 à Riva presso di Chieri, à une vingtaine de km à l'est de Turin. Sa famille
est pauvre, ce qui oblige son père à exercer à tour de rôle les métiers de
forgeron ou de paysan suivant les nécessités et à changer plusieurs fois de lieu
d'habitation. Deux ans après la naissance de Dominique, ses parents retournent
dans leur pays d'origine, le hameau de Murialdo, village natal de Don Bosco. Dès
l'âge de cinq ans, Dominique suit la messe quotidiennement et lorsque, parfois
l'église n'est pas encore ouverte, il s'agenouille à la porte et prie, quel que
soit le temps. Le curé raconte: "Encore très jeune et de petite taille, il ne
pouvait transporter le missel; c'était curieux de le voir s'approcher de
l'autel, se hausser sur la pointe des pieds, tendre les bras tant qu'il pouvait,
faire tout son possible pour atteindre le porte-missel. Si le prêtre ou
quelqu'un d'autre voulait lui faire un plaisir immense, il devait, non pas
transporter le missel, mais le lui rapprocher suffisamment, et alors, tout
joyeux, il le portait de l'autre côté de l'autel." Il n'est pas étourdi et
dissipé comme les garçons de son âge. Très pieux, on n'a pas besoin de lui
rappeler ses prières. C'est plutôt lui qui les rappelle à ses parents quand,
pressés par la tâche, ils les oublient.
Bien qu'à
l'époque on ne fasse la première communion qu'à 11 ou 12 ans, Dominique est si
avancé qu'on lui permet de la faire à 7 ans. Il s'y prépare avec joie, et
demande pardon à ses parents pour les peines qu'il leur a causées (!), car en
fait il ne leur procurait que des joies. Conscient de ce à quoi il s'engage, il
écrit ceci: "Résolutions prises par moi, Dominique Savio, en 1849, quand j'ai
fait ma première communion à 7 ans: 1) Je me confesserai très souvent et je
communierai toutes les fois que mon confesseur me le permettra. 2) Je veux
sanctifier les jours de fête. 3) Mes amis seront Jésus et Marie. 4) La mort mais
pas de péchés. " Ces résolutions, souvent répétées, orientent toute sa vie. Et
don Bosco de conclure par cette réflexion: "Soyons persuadés qu'une première
communion bien faite constitue un solide fondement moral pour toute la vie; et
il est rare de trouver quelqu'un qui ait bien accompli ce devoir solennel qui
n'ait pas mené ensuite une vie bonne et vertueuse. Au contraire, on compte par
milliers les jeunes gens pervertis, qui désolent leur parents et ceux qui
s'occupent d'eux; cherchez la racine du mal, vous verrez que le début de leur
mauvaise conduite coïncide avec une première communion peu ou aucunement
préparée. Il vaut mieux la renvoyer à plus tard ou même ne pas la faire du tout
que de la mal faire."
Dominique travaille très bien et il aimerait continuer son
instruction mais sa famille est pauvre et la seule école valable, celle de
Castelnuovo, est éloignée. Sa ténacité vainc tous les obstacles: il fera 4 fois
par jour le chemin qui le mène à cette école, soit en tout 17 ou 18 km, sans se
plaindre de la fatigue et des intempéries, ou craindre la marche en solitaire,
car il se sait protégé par son Ange gardien, et Dieu, dit-il, est "un patron qui
paie bien". Ces marches quotidiennes ne durent que quelques mois, car en octobre
1852, ses parents viennent s'établir à Mondonio et là se trouve une bonne école.
Dominique est un élève excellent et sa conduite est irréprochable. Mais un jour
une grosse bêtise est commise – on a bourré le poêle de la classe avec de la
neige et des cailloux – et dans la peur d'être renvoyés, les coupables prennent
les devants et accusent Dominique. Celui-ci accepte les reproches du professeur
sans rien dire. Il expliquera plus tard: "L'autre, déjà coupable de plusieurs
sottises, aurait peut-être été chassé de l'école. Pour moi j'espérais être
pardonné puisque c'était la première faute dont j'étais accusé à l'école et puis
je pensais à notre Dieu Sauveur qui fut injustement calomnié." Dominique fuit
les occasions de péché, refusant, par exemple, d'aller à la baignade, parce que
c'est défendu, que plusieurs s'y sont noyés et que, surtout, beaucoup s'y sont
laissés entraîner au péché.
Don Bosco passant dans la région en octobre 1854 avec un
certain nombre de ses garçons, on lui parle de Dominique Savio avec éloges et ce
dernier vient le voir, accompagné de son père. Après un bref examen, don Bosco
accepte son admission sans délai au vu de ses qualités tant intellectuelles que
spirituelles. Il est "stupéfait de découvrir l'œuvre que la grâce divine avait
déjà accomplie en un garçon si jeune." Dominique se rend donc à Turin avec son
père, à la maison de l'Oratoire. Arrivé dans la chambre de don Bosco, son regard
s'arrête sur un carton où sont écrits en gros caractères les mots suivants
familiers à Saint François de Sales: "Da mihi animas, cœtera tolle" (Gn 14,21),
ce qu'on traduit au sens spirituel par "Donne-moi des âmes, prends tout le
reste". Don Bosco en a fait sa devise. Elle deviendra aussi celle de Dominique.
C'est un
régal pour lui d'écouter les sermons, car il est convaincu que la Parole de Dieu
est le guide de l'homme sur le chemin du ciel; aussi toutes les leçons pratiques
qu'il entend dans les sermons se gravent en lui et il ne les oublie plus.
Instructions et catéchismes, si longs qu'ils fussent, sont toujours un plaisir
pour lui. La fête de l'Immaculée Conception du 8 décembre 1854 est l'occasion
pour lui de faire un grand pas dans la vie spirituelle. C'est le jour de la
proclamation du dogme de l'Immaculé Conception par le bienheureux Pape Pie IX.
Le soir de ce grand jour, Dominique se consacre à la Sainte Vierge et renouvelle
les promesses faites à sa première communion, puis répète textuellement à
plusieurs reprises les phrases suivantes: "Marie je vous donne mon cœur; faites
qu'il soit toujours vôtre. Jésus et Marie, soyez toujours mes amis, mais de
grâce, faites-moi mourir plutôt que d'avoir le malheur de commettre un seul
péché." Dès lors sa vie en paraît tellement transformée qu'à partir de ce jour,
don Bosco se met à noter ses faits et gestes pour ne pas les oublier. Dominique
est un bon camarade, toujours joyeux, pur, serviable, fervent pour l'apostolat,
héroïque parfois comme lorsqu'il s'interpose entre deux camarades plus âgés que
lui qui veulent se battre à coups de pierres.
La dernière étape de sa vie est encore mariale. (C'est la
dévotion à Marie qui fera sa gloire dans le ciel, comme il le révèlera après sa
mort à don Bosco en lui apparaissant dans un songe.) Donc le 8 juin 1856 – il
avait encore 9 mois à vivre – il fonde avec un groupe d'amis la Compagnie de
l'Immaculée. Le but de cette compagnie est d'assurer à ses membres la protection
de la Sainte Mère de Dieu pendant leur vie et surtout à l'heure de la mort.
Dominique est dévoré de zèle et cela n'est pas sans
influer sur sa santé. Consciencieusement, don Bosco le fait examiner par
plusieurs médecins. "Tous, dit-il, admirent sa jovialité, sa présence d'esprit
et le bon sens de ses réponses. L'un de ces médecins, le docteur François
Vallavri, d'heureuse mémoire, dit plein d'admiration: - Quelle perle, cet
enfant! – Mais d'où vient le mal qui l'affaiblit régulièrement d'un jour à
l'autre? demande don Bosco. – Sa complexion chétive, son intelligence précoce,
sa tension d'esprit continuelle sont comme des limes qui lui rongent
insensiblement les forces vitales." Dominique doit donc quitter l'Oratoire et
rentrer chez lui. Il est navré car il sait, malgré ce que lui dit don Bosco,
qu'il ne reviendra plus. Le médecin de son pays croit bien faire en le
soumettant à un remède très prisé à l'époque: la saignée. Dominique en subit 10
en 4 jours, avec un courage au-dessus de son âge. Le médecin est très satisfait
du résultat; apparemment en effet il va mieux, mais Dominique ne se fait pas
d'illusion et il demande le Viatique. Peu après, alors que le médecin et son
entourage le croient hors de danger, il demande le Sacrement des malades et on
lui donne en même temps la 'bénédiction papale'. Il en éprouve une grande joie.
"Deo gratias et semper Deo gratias!" dit-il. C'est le 9 mars, 4e jour
de sa maladie, le dernier de sa vie. Le soir, son curé vient le voir. Il se
réveille et d'une voix claire et joyeuse, il dit en présence de ses parents:
"Adieu, mon cher papa, adieu! Monsieur le Curé voulait encore me dire autre
chose, et je n'arrive plus à me le rappeler....Oh! que c'est beau ce que je
vois..." A ces mots et toujours en souriant, le visage lumineux, il expire les
mains jointes et croisées sur la poitrine, sans le moindre mouvement.
Telle fut la vie d'un saint. Elle fut écrite pas un autre
saint, don Bosco, lequel ne pouvait évoquer son souvenir sans pleurer. Saint
Dominique Savio, canonisé en 1954, est le plus jeune des confesseurs non-martyrs
canonisés (il n'avait pas encore tout à fait 15 ans). Mais depuis cette 'limite
d'âge' a été considérablement reculée avec la béatification des enfants de
Fatima, la petite Jacinta n'ayant pas encore atteint ses 10 ans. En instaurant
la communion pour les enfants, Pie X disait: "Il y aura des saints parmi les
enfants" et Jean Paul II a rajouté: "et des apôtres".
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