Au temps de la
persécution de Dioclétien, il y avait à Nantes un jeune homme nommé
Donatien, d’une haute
naissance,
mais recommandable surtout par ses vertus. Plus heureux que son
frère Rogatien, il avait
embrassé la foi chrétienne et travaillait à
faire connaître Jésus-Christ autour de lui. Il eut le bonheur
d’éclairer son frère et de lui donner le courage de professer une
religion dont les disciples étaient voués à la souffrance et à la
mort. Le zèle de Donatien l’avait mis en vue : il fut le premier de
tous, conduit devant le gouverneur : "J’apprends, Donatien, lui dit
celui-ci, que non content de refuser à Jupiter et à Apollon les
honneurs qui leur sont dûs, vous cherchez à répandre la religion
d’un crucifié.
— On ne vous a dit que
la vérité, répond Donatien ; j’adore Celui qui seul doit être adoré.
— Cessez de propager
cette doctrine ; sinon, la mort vous attend.
— La mort, je ne la
crains pas pour moi, mais pour vous."
Pendant que Donatien
était livré aux tortures et jeté dans un cachot, Rogatien parut à
son tour : "J’ai été informé, lui dit le gouverneur, de votre
résolution de professer la religion des chrétiens. Prenez bien garde
d’encourir la colère de l’empereur !" La réponse du jeune homme ne
fut pas moins ferme que celle de son frère, et le juge décida que le
lendemain les deux prisonniers auraient la tête tranchée, pour avoir
outragé les dieux et les empereurs.
Une seule chose
chagrinait Rogatien : il n’était encore que catéchumène et n’avait
pas reçu le baptême ; mais Donatien et lui prièrent ensemble toute
la nuit, afin que Dieu voulût bien accepter que l’effusion du sang
produisît dans le martyr l’effet du saint Baptême.
Le lendemain, le juge,
assis à son tribunal, se fit amener les deux confesseurs de la foi
et chercha encore à les épouvanter par la menace des supplices.
"Nous sommes prêts, répondirent-ils, à souffrir pour Jésus-Christ
tout ce que pourra inventer la cruauté des bourreaux."
Les généreux enfants, à
la suite de cette belle réponse, sont placés sur le chevalet et
tourmentés cruellement ; mais leur courage surpasse la fureur des
bourreaux, et ils soutiennent sans faiblir ce douloureux supplice.
On leur donne ensuite le coup de la mort en leur tranchant la tête.
La ville et le diocèse de Nantes ont conservé une dévotion
traditionnelle à ces deux illustres martyrs, populaires en ce pays
sous le nom immortel des deux Enfants Nantais. |