Sainte Marguerite-Marie
(1647-1690)

Ô mon unique Amour! Combien vous suis-je redevable
de m’avoir prévenue dès ma plus tendre jeunesse,
en Vous rendant le Maître et le possesseur de mon cœur ,
quoique Vous connussiez bien les résistances qu’il Vous ferait
(Marguerite-Marie)

Avertissement

Quelques conseils concernant le discernement des esprits

Avant d’aborder la vie de Sainte Marguerite-Marie et de remercier le Seigneur pour le don qu’il nous a fait, à travers elle, de la révélation de son Amour et de son Sacré-Cœur, il convient de se demander si ces révélations viennent vraiment de Dieu ou si elles ne sont que le résultat d’un esprit imaginatif plus ou moins déréglé. C’est le Seigneur lui-même qui nous éclairera, car Marguerite-Marie, inquiète face aux phénomènes étranges dont elle était l’objet, se posait déjà les mêmes questions que nous et craignait toujours d’être trompée par Satan dans les faveurs qu’elle recevait.

Aussi, pour la rassurer, Jésus récapitule-t-il les marques qu’il lui donne pour reconnaître les grâces qui viennent de Lui. Voici les signes qui permettent de vérifier que les grâces en question sont des dons gratuits de Dieu:

     – En premier lieu, ces faveurs doivent toujours être accompagnées de quelque humiliation, contradiction ou mépris de la part des créatures.

     – Après avoir reçu ces grâces, l’âme doit se sentir plongée dans un abîme d’anéantissement et de confusion intérieure qui lui fait reconnaître son indignité.

     – Ces grâces et connaissances ne doivent produire en elle aucune pensée de mésestime envers le prochain quelle que soit l’étendue de ses misères, mais cela ne doit la porter qu’à des sentiments de compassion et de charité.  

     – Ces grâces doivent également conduire l’âme qui en est favorisée à toujours plus d’obéissance à ses supérieurs. [1] 

1
La vie de Sainte Marguerite-Marie

1-1-La jeunesse

La vie de Sainte Marguerite-Marie est de celles dont on dit qu’elles sont admirables, mais non imitables, ou du moins très difficilement imitables. Marguerite Alacoque, plus connue sous le nom de Marguerite-Marie, son nom religieux de Visitandine de Paray-le-Monial, naquit le 22 juillet 1647, dans le Charolais, d’une famille de notaires. Elle appartenait donc à la bourgeoisie aisée. Malheureusement son père mourut très jeune, à l’âge de quarante ans, le 11 décembre 1651. Marguerite n’avait que huit ans.

Elle est alors placée en pension chez les Clarisses de Macon où elle fit sa première communion vers l’âge de neuf ans.

De 1657 à 1661 elle est atteinte d’une maladie osseuse qui la tient paralysée pendant près de quatre ans. Après s’être consacrée à Marie, pour toujours, elle retrouva subitement la santé. Marie devient alors véritablement sa Maîtresse. Mais une nouvelle épreuve attendait Marguerite. Sa mère, Madame Alacoque, qui ne connaissait rien à la gestion des affaires, et particulièrement de ses biens fonciers importants, signa, en faveur de son beau-frère, Toussaint Delaroche, une renonciation à ses revenus, en échange de laquelle son entretien et celui de ses cinq enfants devait être assuré.

Malheureusement la famille Delaroche s’installa dans la maison, confisqua tout usage des biens de la maison et rélégua la propriétaire au rang de domestique. Ce fut, pour Marguerite et sa mère, une douloureuse et longue période de persécutions. Démunie de tout, Marguerite est formée, au plan spirituel, par le Seigneur Lui-même, qui lui fit comprendre que sa vie, ce serait la Croix. 

1-2-La vie d’oraison de la jeune Marguerite

À cette époque, la plus rude des croix de Marguerite-Marie était de ne pouvoir adoucir celles de sa mère. Cependant le Seigneur continuait à la former régulièrement, et, tout particulièrement, à lui enseigner l’oraison: “Mon Souverain Maître m’apprit comme il voulait que je la fisse; ce qui m’a servi toute ma vie. Il me faisait prosterner humblement devant Lui, pour Lui demander pardon de tout en quoi je L’avais offensé, et puis, après L’avoir adoré, je Lui offrais mon oraison sans savoir comment il m’y fallait prendre. Ensuite, Il se présentait Lui-même à moi dans le mystère où Il voulait que je Le considérasse, et Il appliquait si fort mon esprit en tenant mon âme et toutes mes puissances englouties dans Lui-même, que je ne sentais point de distraction, mais mon cœur se sentait consommé (sic) [2] du désir de L’aimer, et cela me donnait un désir insatiable de la Sainte Communion et de souffrir.”

1-3-La vie religieuse

La première fois que Marguerite Alacoque vint à Paray-le-Monial, chez les Visitandines, il lui fut dit intérieurement: “C’est ici que je te veux.”  

Et le Seigneur lui fit cet amoureux reproche: “Regarde, ma fille, si tu trouveras un père blessé d’amour pour son fils unique, qui ait pris autant de soin de lui donner des marques de son amour que je t’en ai donné du mien jusques à présent, que j’ai eu tant de peine à diriger ton cœur et le cultiver selon mes desseins, t’attendant doucement sans me rebuter de toutes tes résistances. Souviens-toi donc que si tu oubliais de la reconnaissance que tu me dois, ne me déférant la gloire de tout, ce serait le moyen de tarir pour toi cette source ineffable de tout bien.” [3] 

Plus tard le Seigneur lui dit: “Reconnais donc que tu ne peux rien sans moi qui ne t’abandonnerai point, pourvu que tu tiennes toujours ton néant et ta faiblesse abîmés dans ma force.” Après bien des vicissitudes, Marguerite put enfin entrer, en 1671, au monastère de la Visitation de Paray-le-Monial. Après son postulat elle fut admise avec difficulté au noviciat: ”La petite mystique entrait en extase trop fréquemment... Si elle voulait rester dans la congrégation, elle devait abandonner tous ces phénomènes insolites.” [4] Comme cela ne dépendait pas d’elle, elle se plaignit au Seigneur qui l’orienta vers l’obéissance à ses supérieures, Lui, Jésus, “se réservant la conduite de son intérieur et particulièrement de son coeur, dans lequel, ayant établi l’empire de son pur Amour, il ne le cèdera jamais à d’autres.” 

Elle fut enfin admise au noviciat le 25 août 1671. C’est alors que le Seigneur lui fit connaître le mystère de sa mort et de sa Passion, ce qui lui donna tant d‘amour pour la Croix qu’elle ne pouvait plus vivre un moment sans souffrir, mais, dit-elle, “souffrir en silence, sans consolation, sans soulagement ni compassion; et mourir avec ce Souverain de mon âme, accablée sous la Croix de toutes sortes d’opprobres, de douleur, d’humiliations, d’oublis et de mépris; ce qui m’a duré toute ma vie, laquelle par sa miséricorde, s’est toute passée dans ces sortes d’exercices, qui sont ceux du pur Amour...”  

Le Seigneur lui dit quelques jours plus tard: ”Tu ne dois plus avoir de volonté que comme n’en ayant plus, en me laissant vouloir pour toi en tout et partout... Vouloir comme ne voulant plus, sans jugement, sans désir, sans affection et sans volonté que celle de mon bon plaisir qui doit faire tous tes délices.” [5] 

Marguerite-Marie vécut dès lors une expérience d’amour absolu de Dieu, d’un amour plus fort que la mort, plus fort que la souffrance, de la puissance de l’amour brûlant du Christ, dans la paix et dans la joie. Jésus prépare celle qui sera sa messagère aux grandes apparitions de son Sacré-Cœur.

1-4-Voici les résolutions que le Seigneur lui dicta lors de sa retraite de profession.

Après que la jeune professe eut reçu Jésus dans son cœur, ce dernier lui dit:

Voici la plaie de mon Côté pour y faire ta demeure actuelle et perpétuelle. C’est où tu pourras conserver la robe d’innocence dont j’ai revêtu ton âme, afin que tu vives désormais de la vie d’un homme-Dieu: vivre comme ne vivant plus, afin que je vive parfaitement en toi; ne pensant plus à ton corps et à tout ce qui t’arrivera, comme s’il n’était plus; agissant comme n’agissant plus, mais moi seul en toi. Il faut pour cela que tes puissances et tes sens demeurent ensevelis dans moi et que tu sois sourde, muette, aveugle et insensible à toutes les choses terrestres: vouloir comme ne voulant plus, sans jugement, sans désir, sans affection et sans volonté que celle de mon bon plaisir qui doit faire toutes tes délices, ne cherchant rien hors de moi, si tu ne veux faire injure à ma puissance, et m’offenser grièvement, puisque je te veux être toutes choses.

Sois toujours disposée à me recevoir, je serai toujours prêt à me donner à toi, parce que tu seras souvent livrée à la fureur de tes ennemis. Mais ne crains rien, je t’environnerai de ma puissance et serai le prix de tes victoires. Prends garde de ne jamais ouvrir les yeux pour te regarder hors de moi; et qu’aimer et souffrir à l’aveugle soit ta devise. Un seul cœur, un seul amour, un seul Dieu!”

Marguerite-Marie a-t-elle vraiment eu des révélations sur la Passion de Jésus?

On ne peut en douter en lisant ce qui suit, et ce qui se passa également pendant sa retraite de profession: “C’est dans ce temps que je reçus de si grandes grâces que je n’en avais point encore eu de semblables, surtout ce qu’il me fit connaître particulièrement sur le mystère de sa Passion. Mais je supprime tout, étant trop long à écrire. Je dirai seulement que c’est ce qui m’a donné tant d’amour pour la Croix, que je ne peux vivre sans souffrir, mais souffrir en silence, sans consolation ni soulagement, et mourir avec ce Souverain de mon âme, accablée sous la croix de toutes sortes de souffrances...”

Et voici plus étonnant encore. Marguerite-Marie connaissait aussi la plaie de Jésus à l’épaule qui porta sa Croix. Dans une de ses lettres, on peut lire, parmi les conseils qu’elle donne à sa correspondante, quelques pratiques pour aider les âmes distraites à se tenir en présence de Dieu. Puis  Marguerite-Marie continue:

“Le samedi, il faut honorer la plaie sacrée de l’épaule, regardant Notre-Seigneur comme un vrai et parfait ami, qui s’est chargé de nos péchés en se rendant notre caution envers son Père éternel... “

1-5-L’époque des grandes révélations du Sacré-Cœur de Jésus

    1-5-1-Le “beau” Cœur de Jésus

Quelques mois après sa profession, Marguerite-Marie écrivit: “Une veille de communion, je demandai à Jésus d’unir mon cœur au sien... mais je me disais en moi-même comment se pourrait-il faire d’unir le néant au tout. Je sais que cela ne se peut que par votre amour. Il me fit voir, par la suprême pointe de mon entendement, ce beau Cœur, plus éclatant que le soleil et d’une grandeur infinie, et un petit point qui ne semblait qu’un atome et qui était tout noir et défiguré, qui faisait tous ses efforts pour s’approcher de cette belle lumière, mais c’était en vain, si ce Cœur amoureux ne l’eût attiré lui-même en disant:

– Abîme-toi dans ma grandeur et prends garde de n’en jamais sortir, parce que si tu en sors, tu n’y entreras plus...”

    1-5-2-Vision de Jésus couvert de plaies

Elle écrit encore, alors qu’il lui semblait qu’on lui disait sans cesse qu’elle était sur le bord d’un précipice, qu’elle s’adressât à Notre-Seigneur, en confiance en disant: “Unique Amour de mon âme, faites-moi connaître ce qui m’inquiète.”

Alors, dès qu’elle fut en oraison, Jésus se présenta à son âme, tout couvert de plaies, “lui disant de regarder l’ouverture de son sacré Côté, qui était un abîme sans fond, qui avait été fait par une flèche sans mesure, qui est celle de l’amour; et que si elle voulait éviter cet abîme dont elle était dans l’ignorance, il fallait se perdre dans celui-ci, par lequel on évitait tous les autres; que c’était la demeure des amants où ils rencontraient deux vies, l’une pour l’âme et l’autre pour le cœur: l’âme y rencontrant la source des eaux vives pour se purifier et recevoir en même temps la vie de la grâce que le péché lui avait ôté; et le cœur y trouve une fournaise d’amour qui ne le laisse plus vivre que d’une vie d’amour. L’une s’y sanctifie et l’autre s’y consomme; (sic) et comme l’ouverture est fort étroite, il faut être petit et dénué de toutes choses pour y pouvoir entrer.” [6] 

    1-5-3-L’échange des cœurs

Jésus lui demande son cœur, grâce mystique excessivement rare:“... Ensuite il me demanda mon cœur, lequel je le suppliai de prendre; ce qu’il fit et le mit dans le sien adorable, dans lequel il me fit voir comme un petit atome qui se consumait dans cette ardente fournaise, d’où le retirant comme une flamme ardente en forme de cœur, il le remit à sa place, me disant:

– Voilà, ma bien-aimée, un précieux gage de mon amour, qui renferme dans ton côté une petite étincelle de ses vives flammes, pour te servir de cœur et le consumer jusqu’au dernier moment de ta vie. L’ardeur ne s’éteindra jamais, ni ne pourra trouver de rafraîchissement que quelque peu dans la saignée, dont je marquerai tellement le sang de ma croix, qu’elle t’apportera plus d’humiliations et de souffrances que de soulagement. C’est pourquoi je veux que tu la demandes simplement, tant pour pratiquer ce qui vous est ordonné, que pour te donner la consolation de répandre ton sang sur la croix des humiliations. Et pour marque que la grande grâce que je viens de te faire n’est point une imagination, et qu’elle est le fondement de toutes celles que j’ai encore à te faire, quoique j’aie refermé la plaie de ton côté, la douleur t’en restera pour toujours, et si, jusqu’à présent, tu n’as pris que le nom de mon esclave, je te donne le nom de la disciple bien-aimée de mon Sacré-Coeur.” [7] 

Cette douleur au côté dura jusqu’à la fin de la vie de Marguerite-Marie. Cependant cette douleur particulière était plus spécialement renouvelée les premiers vendredis du mois de cette manière:

 “ Ce Sacré-Cœur m’était représenté comme un soleil brillant d’une éclatante lumière, dont les rayons tout ardents donnaient à plomb sur mon cœur qui se sentait d’abord embrasé d’un feu si ardent, qu’il me semblait m’aller réduire en cendres, et c’était particulièrement en ce temps-là que ce divin Maître m’enseignait ce qu’il voulait de moi, et me découvrait les secrets de cet aimable Cœur. “

Une autre fois, Jésus lui redemanda son cœur:

“Ma fille, veux-tu bien me donner ton cœur pour faire reposer mon amour souffrant que tout le monde méprise?

– Mon Seigneur, vous savez bien que je suis toute à vous; faites de moi selon vos desseins. Il me dit:

– Sais-tu bien à quelle fin je te donne mes grâces si abondamment? C’est pour te rendre un sanctuaire où le feu de mon amour brûle continuellement; et ton cœur sera comme un autel où rien de souillé ne touche, l’ayant choisi pour offrir à mon Père éternel des sacrifices ardents, pour apaiser sa justice et lui rendre une gloire infinie, par l’offrande que tu lui feras de moi-même dans ces sacrifices, y unissant celui de ton être pour honorer le mien.” [8]

    1-5-4-Autres visions

Plus tard le Seigneur lui montra “une grande croix dont elle ne pouvait voir le bout. Elle était toute couverte de fleurs.” Jésus lui dit:

Voilà le lit de mes chastes épouses, où je te ferai consommer les délices de mon pur amour. Peu à peu ces fleurs tomberont et il ne te restera que les épines qu’elles cachent à cause de ta faiblesse.”

Se souvenant des grandes révélations, Marguerite-Marie dit aussi: “Une autre fois, allant à la sainte communion, la sainte Hostie me parut si resplendissante qu’elle paraissait comme un soleil dont je ne pouvais soutenir l’éclat. Notre Seigneur, au milieu, tenait une couronne d’épines...” [9] 

Un autre jour, Jésus lui découvrit son Cœur et dit:

Voici le lieu de ta demeure éternelle, où tu pourras conserver sans tache la robe dont j’ai revêtu ton âme.”

Et depuis ce temps-là, “il ne me souvient pas, écrit Marguerite-Marie, d’être jamais sortie de cet aimable Cœur. Je m’y trouve toujours, mais d’une manière et avec des sentiments qu’il ne m’est pas possible d’exprimer.” [10] 

    1-5-5-Marguerite-Marie, et l’Ange

Marguerite-Marie était dans une grande souffrance. Notre Seigneur la consola en disant:

“Ma fille, ne t’afflige pas car je te veux donner un gardien fidèle qui t’accompagnera partout et t’assistera dans tous tes besoins et qui empêchera que ton ennemi ne prévaudra point contre toi. Et toutes les fautes où il croira te faire tomber par ses suggestions retourneront à sa confusion. Cette grâce, dit Marguerite-Marie, me donna une telle force qu’il me semblait n’avoir plus rien à craindre; car ce fidèle gardien de mon âme m’assistait avec tant d’amour, qu’il m’affranchit de toutes mes peines. Mais, je ne le voyais sensiblement que lorsque mon Seigneur me cachait sa présence sensible pour me plonger dans des douleurs très rigoureuses de sa sainteté de justice. C’était alors qu’il me consolait par ses familiers entretiens. Il me dit une fois:

– Je veux vous dire qui je suis, afin que vous connaissiez l’amour que votre Époux vous porte [11]. Je suis l’un de ceux qui sont plus proches du trône de la divine Majesté, et qui participent le plus aux ardeurs du Sacré-Cœur de Jésus-Christ, et c’est à dessein de vous les communiquer autant que vous serez capable de les recevoir.”  

1-6-Claude La Colombière dans la vie de Sainte Marguerite-Marie

Nota: Il y a dans ce qui suit des redites avec ce qui a été rapporté ci-dessus dans le chapitre consacré à saint Claude la Colombière. Ces redites sont volontaires afin que ce qui concerne Marguerite-Marie soit parfaitement clair et précis.

Marguerite-Marie, comblée de telles grâces extraordinaires, ne pouvait qu’être incomprise, et même persécutée, y compris par ceux-là mêmes qui auraient dû la soutenir et la conseiller. Mais le Seigneur lui avait promis qu’Il lui enverrait “un sien serviteur”, spécialement préparé, pour la rassurer dans sa voie: “Mon souverain Maître me promit, quelque temps après m’être consacrée à lui, qu’il m’enverrait un sien serviteur, auquel il voulait que je manifestasse, selon l’intelligence qu’il m’en donnerait, tous les trésors et secrets de son Sacré-Cœur qu’il m’avait confiés, parce qu’il me l’envoyait pour me rassurer dans sa voie, et pour lui départir de grandes grâces de son Sacré-Cœur, qui les répandrait abondamment dans nos entretiens.”

C’est au début de l’année 1675 que Claude de la Colombière, jeune Jésuite de trente quatre ans, fut nommé supérieur de la Maison des Jésuites de Paray-le-Monial. Dès qu’il se présenta à la Visitation, Marguerite-Marie entendit clairement ces paroles intimes: “Voici celui que Je t’envoie.”

Marguerite-Marie put ouvrir son cœur et le Père La Colombière la comprit immédiatement.

Elle écrit: “Il me dit qu’il n’y avait rien à craindre en la conduite de cet esprit d’autant qu’il ne me retirait point de l’obéissance; que je devais suivre ses mouvements en lui abandonnant tout mon être, pour me sacrifier et immoler selon son bon plaisir... Il m’apprit à estimer les dons de Dieu, et à recevoir avec respect et humilité les fréquentes communications et familiers entretiens dont il me gratifiait, dont je devrais être dans de continuelles actions de grâces envers une si grande bonté.” [12] 

Le Seigneur ordonna à Marguerite-Marie de rapporter ses paroles au Père de La Colombière qui fut immédiatement certain de la véracité des visions. Le Père La Colombière comprit que “ce qui se passait en elle était du bon Esprit, assurant que les marques en étaient trop fortes pour en douter, surtout celle d’une sincère humilité.” [13] 

Jésus voulait montrer à sa confidente que ce prêtre était aussi, pour Lui, un instrument choisi pour la gloire de Dieu. C’est au cours d’une messe célébrée par le Père de La Colombière que la volonté de Dieu se manifesta: “Lorsque je m’approchai pour la sainte communion, Notre Seigneur me montra son Sacré-Coeur comme une ardente fournaise, et deux autres coeurs qui s’y allaient unir et s’abîmer, me disant:

– C’est ainsi que mon pur amour unit ces trois coeurs pour toujours.

Et après, Il me fit entendre que cette union était toute pour la gloire de son Sacré-Coeur, dont Il voulait que je lui découvrisse les trésors, afin qu’il en fît connaître et en publiât le prix et l’utilité; et que pour cela Il voulait que nous fussions comme frère et soeur, également partagés de biens spirituels.”

Concernant le Père la Colombière, Jésus dira aussi:

“Le Père La Colombière a obtenu que la très sainte Compagnie de Jésus soit gratifiée, après notre cher Institut, (la Visitation) de toutes les grâces et privilèges particuliers de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus-Christ.

Peu de temps avant son départ pour Londres, le Père La Colombière avait donné quelques consignes à la Sœur Alacoque:

“Il faut vous souvenir que Dieu demande tout de vous et qu’il ne demande rien. Il demande tout parce qu’il veut régner sur vous et dans vous, comme dans un fonds qui est à lui en toutes manières, de sorte qu’il dispose de tout, que rien ne lui résiste, que tout plie, tout obéisse au moindre signe de sa volonté. Il ne demande rien de vous, parce qu’il veut tout faire en vous, sans que vous vous mêliez de rien, vous contentant d’être le sujet sur qui, en qui il agit, afin que toute la gloire soit à lui et que lui seul soit connu, loué et aimé éternellement.” [14] 

1-7-Départ et mort du Père Claude La Colombière

Dès lors les apparitions et aussi les épreuves vont se multiplier pour Marguerite-Marie. Plusieurs de ses soeurs en religion la crurent possédée du démon et la traitèrent comme telle. En septembre 1676 le Père La Colombière est envoyé en Angleterre. Il ne reviendra à Paray, malade, qu’en août 1681. Il y mourut le 15 février 1682, à l’âge de 41 ans.

Marguerite-Marie ayant appris sa mort, par une de ses correspondantes, vers cinq heures du matin, dit tristement: “Priez et faites prier partout pour lui.“ Mais à dix heures elle écrivait: “Cessez de vous affliger; invoquez-le; ne craignez rien, il est plus puissant pour vous secourir que jamais.”

Elle s’expliqua plus tard à sa supérieure qui s’étonnait que Marguerite-Marie ne priât pas pour lui: “Ma chère sœur, il n’en a pas besoin; il est en état de prier Dieu pour nous, étant bien placé dans le ciel, par la bonté et miséricorde du Sacré-Cœur de Jésus, Notre-Seigneur. Seulement, pour satisfaire à quelque négligence qui lui était restée en l’exercice du divin amour, son âme a été privée de voir Dieu dès la sortie de son corps, jusques au moment où il fut déposé dans le tombeau.”

1-8-Les dernières années de Marguerite-Marie

En mai 1684, Marguerite-Marie, Soeur Alacoque, est élue assistante, et nommée directrice du noviciat le 31 décembre 1684. La dévotion au Sacré-Coeur de Jésus se développe. Les apparitions continuent.

    1-8-1-Le Père Croiset

À partir de 1689, un jeune Jésuite, le Père Croiset, devait recueillir les confidences de Marguerite-Marie. Une confiance profonde s’établit entre ces deux âmes que Jésus avait choisies pour faire connaître au monde la dévotion à son divin Cœur. Marguerite-Marie lui écrivit souvent pour lui découvrir les secrets de son cœur. Le  Père Croiset, de son côté,  s’activa à sa tâche. 

Mais les œuvres de Dieu ne peuvent s’accomplir que dans la souffrance, aussi le Père Croiset, comme Marguerite-Marie le lui avait prédit, eut-il à supporter de nombreuses contradictions et humiliations, dont, entre autres, la mise à l’index de son livre L’excellence de la dévotion au Cœur adorable de Jésus-Christ, dans lequel il cherchait à promouvoir la dévotion au Sacré-Cœur. Ce livre ne fut retiré de l’index qu’en 1888.

Voici la dernière phrase de la dernière lettre de Marguerite-Marie au Père Croiset: “Je prie le divin époux de nos âmes que, puisqu’il nous a faits uniquement pour l’aimer, il vous consomme (sic) tout en son pur amour, afin que nous ne cessions pas un moment de l’aimer.”

    1-8-2-La mort d’une sainte

Marguerite-Marie dut s’aliter neuf jours avant sa mort et se prépara longuement à sa Grande Rencontre avec l’Époux. Très oppressée, elle disait souvent:

“Hélas! je brûle, je brûle; mais si c’était de l’amour divin, quelle consolation! Mais je n’ai jamais su aimer mon Dieu parfaitement.”

Et s’adressant à ses sœurs présentes:

“Demandez-lui-en pardon pour moi et l’aimez bien de tout votre cœur, pour réparer tous les moments que je ne l’ai pas fait. Quel bonheur d’aimer Dieu! Ah! quel bonheur! Aimez donc cet Amour, mais aimez-le parfaitement!” [15] 

Le 17 octobre 1690 elle mourait, comme elle l’avait prédit, entre les bras de deux de ses anciennes novices. Elle était âgée de quarante trois ans.  

1-9 Le don de la grâce et de l’Amour

Remarque:

Le Seigneur avait longuement préparé Marguerite-Marie à devenir la confidente de son Sacré-Cœur de Jésus; en particulier, il avait voulu qu’elle se fît Visitandine.  Or, curieusement, voici ce que, de son vivant, Saint François de Sales disait déjà à ses filles:

“Les religieuses de la Visitation qui seront si heureuses que d’observer leurs règles, pourront porter le nom de filles angéliques, établies particulièrement en ce siècle pour être les imitatrices des deux plus chères vertus du Sacré-Cœur du Verbe incarné: la douceur et l’humilité qui sont la base et le fondement de leur Ordre, et leur donnant ce privilège et la grâce incomparable de porter le nom de Filles du Cœur de Jésus.”

2
Le Sacré-Cœur de Jésus révélé à Sainte Marguerite-Marie

“La Croix est ma gloire, l’amour m’y conduit,
l’amour me possède, l’amour me suffit.” 

2-1-La préparation

    2-1-1-Sainte Marguerite-Marie et l’oraison

Dans Le Mémoire des contemporaines, il est écrit:“Le Saint-Esprit lui enseigna lui-même le principal point de la vie intérieure, en lui donnant l’esprit, car elle en eut dès lors un don très grand, et sans avoir jamais appris à faire méditation, ni en avoir aucun usage, elle se trouva tout d’un coup élevée au plus haut degré de la contemplation.”

Marguerite-Marie se plaignit un jour de ce que le Seigneur permettait qu’elle restât sans rien faire en sa présence. Jésus lui fit ce reproche:“ Si je te veux en ma présence, sourde, aveugle et muette, n’en dois-tu pas être contente?” Il lui dit aussi que: “lorsqu’il fait sa demeure dans une âme, il voulait un entendement sans curiosité, un esprit sans jugement, un jugement sans volonté et un cœur sans autres mouvements que ceux de son amour... “

Voici plus étonnant, qui rejoint ce que Ste Thérèse d’Avila avait décrit, longtemps avant, dans son Livre des Demeures. Marguerite-Marie écrit en effet, à propos de son oraison:

“Je me mets à ses pieds comme une hostie vivante, qui n’a d’autre désir que de lui être immolée et sacrifiée, pour me consumer comme un holocauste dans les pures flammes de son amour, où je sens mon cœur se perdre comme dans une fournaise ardente, sans que j’en aie plus la jouissance.

Il me semble quelquefois que mon esprit s’éloigne de moi pour aller s’unir et se perdre dans l’immense grandeur de son Dieu... Mon entendement demeure dans un aveuglement, qu’il n’y a aucune lumière ni connaissance que celle que ce soleil de justice lui communique de temps en temps, dont je n’ai autre impression ni mouvement que celui de l’aimer...  Le Seigneur fait jouir mon âme de sa divine présence et d’une si grande paix, qui me remet aussitôt dans ma première tranquillité, par ces paroles qu’il me répète souvent:  que l’enfant ne périra pas entre les bras d’un Père tout-puissant.”

Les oraisons lui paraissent alors généralement très courtes, bien que parfois “elle les passe à souffrir avec son Jésus souffrant.”

    2-1-2-Jésus, la Croix et Marguerite-Marie

Jésus se présentera fréquemment à sa messagère à travers des épisodes de sa Passion: “Une autre fois, dans un temps de carnaval, cinq semaines avant le mercredi des Cendres, Il se présenta à moi après la sainte communion sous la figure d’un Ecce Homo, chargé de sa Croix, tout couvert de plaies et de meurtrissures. Son sang adorable découlait de toute part, disant d’une voix douloureusement triste: N’y aura-t-il personne qui ait pitié de Moi et qui veuille compatir et prendre part à ma douleur dans le pitoyable état où les pécheurs Me mettent, surtout à présent?” [16] 

Parlant à son épouse, Jésus dit: “Souviens-toi que c’est un Dieu crucifié que tu veux épouser; c’est pourquoi il te faut rendre conforme à Lui, en disant adieu à tous les plaisirs de la vie, puisqu’il n’y en aura plus pour toi qui ne soient traversés par la Croix.” [17] 

Et Marguerite-Marie écrit: “L’Amour pur ne peut rien souffrir de dissemblable aux amants et ne donne point de repos qu’il n’ait rendu l’amante conforme à son Bien-Aimé. Autrement jamais elle n’en viendrait à l’union qui ne se fait que par la conformité. Mon Dieu m’ayant donc fait connaître que je me devais étudier à devenir une vivante image de son Amour crucifié et que, pour cela, il fallait travailler à la destruction de mon être et effacer en moi la figure du vieil Adam, afin qu’il pût imprimer la sienne en moi, qui me ferait vivre d’une vie toute crucifiée,... et que, lorsque cette image serait conforme à la sienne, il l’attacherait à la Croix.” [18] 

Un jour Jésus dit à Marguerite-Marie: “Mon Père Éternel m’a livré entre les mains cruelles des impitoyables bourreaux pour me crucifier: et moi, Je me sers à ton égard, des personnes qui me sont dévouées et consacrées, et au pouvoir desquelles Je t’ai livrée.” [19] Car le Seigneur voulait aussi d’elle des sacrifices de l’esprit, et qu’elle soit “dans un continuel état de sacrifice.” [20] 

Il est bien évident que les exigences imposées à Sainte Marguerite-Marie sont souvent exceptionnelles; il est tout aussi évident que, parmi ces exigences, nombreuses sont celles qui relèvent d’une ascèse totalement oubliée de nos jours, mais qui, pourtant,  s’adresse encore à tous les vrais chrétiens.

    2-1-3-Quelques conseils de Jésus à Marguerite-Marie pour sa vie religieuse

Comme Marguerite-Marie s’affligeait de ce qu’elle ne se voyait pas en conformité avec son Époux, Jésus lui dit: “Laisse-Moi faire chaque chose en son temps, car je veux que tu sois maintenant le jouet de mon amour qui se veut jouer de toi, selon son bon plaisir, comme les enfants font de leurs poupées. Il faut que tu sois ainsi abandonnée, sans vue ni résistance, me laissant contenter à tes dépens, mais tu n’y perdras rien.”

Une autre fois, Jésus lui fit cette leçon: “Apprends que je suis un Maître saint qui enseigne la sainteté. Je suis pur et ne peux souffrir la moindre tache. C’est pourquoi il faut que tu agisses en simplicité de cœur, avec une intention droite et pure en ma présence.... Je ne peux supporter les âmes tièdes et lâches. Même si je suis doux à supporter tes faiblesses, je ne serai pas moins sévère et exact à corriger et punir tes infidélités.”

Jésus reprenait aussi sévèrement le manque de respect et d’attention devant le Très Saint Sacrement, surtout dans le temps de l’office et de l’oraison, les défauts de droiture et de pureté dans les intentions, et la vaine curiosité.

Après sa profession, Jésus lui dit intérieurement: “Laisse-moi faire chaque chose en son temps... Sois prête à me recevoir, car je veux désormais faire ma demeure en toi.

À l’occasion d’un jubilé (peut-être celui de 1675) le Seigneur lui fit connaître la prière qui lui serait la plus agréable pour ce temps, c’était de demander trois choses:

“La première, d’offrir au Père éternel les amples satisfactions qu’il a faites à sa justice pour les pécheurs, sur l’Arbre de la Croix...

La seconde, lui offrir les ardeurs de son divin Cœur, pour satisfaire à la tiédeur et lâcheté de son peuple choisi...

La troisième, d’offrir la soumission de sa volonté au Père éternel, lui demandant par ses mérites, la consommation de toutes ses grâces et l’accomplissement de toutes ses volontés.” [21] 

Le Seigneur lui dit encore: “Je ne puis supporter les âmes tièdes et lâches... Je te ferai comprendre... que je suis un sage et savant directeur, qui sait conduire les âmes sans danger, lorsqu’elles s’abandonnent à moi, s’oubliant d’elles-mêmes.”

2-2-Les grandes révélations

    2-2-1-Premières apparitions

La première apparition eut lieu le 27 décembre 1673, devant le Saint Sacrement. Jésus fit d’abord reposer sa privilégiée longuement sur sa poitrine et lui découvrit les merveilles de son amour et les secrets inexprimables de son Coeur, secrets tenus jusqu’alors cachés. Jésus lui dit, entre autres:

“Mon divin Coeur est si passionné d’amour pour les hommes... que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen et qu’il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires pour les retirer de l’abîme de perdition.”

 

La seconde manifestation du Coeur de Jésus eut lieu probablement au printemps de 1674. Marguerite-Marie écrit:

Le divin Coeur me fut présenté comme dans un trône de flammes, plus rayonnant qu’un soleil et transparent comme un cristal, avec cette plaie adorable. Il était environné d’une couronne d’épines qui signifiaient les piqûres que nos péchés Lui faisaient, et d’une croix au-dessus qui signifiait que, dès les premiers instants de son Incarnation, c’est-à-dire que ce Sacré-Cœur fût formé, la Croix y fut plantée, et Il fut rempli, dès ces premiers instants, de toutes ces amertumes qui devaient Lui causer les humiliations, pauvretés, douleurs et mépris que son humanité sacrée devait souffrir pendant tout le cours de sa vie et dans la sainte Passion... Il me fit voir que l’ardent désir qu’Il avait d’être aimé des hommes et de les retirer de la voie de perdition où Satan les précipite en foule, Lui avait fait former ce dessein de manifester son Cœur aux hommes, avec tous les trésors d’amour, de miséricorde, de grâces, de sanctification et de salut qu’Il contenait.”

Le Cœur de Dieu, il convient de l’honorer sous la figure du Cœur de chair du Seigneur. Jésus promit que là où l’image de son Cœur serait exposée pour être honorée, Il répandrait ses grâces, et Il indiqua “que cette dévotion était comme un dernier effort de son Amour qui voulait favoriser les hommes, en ces derniers siècles de cette rédemption amoureuse, pour les retirer de l’emprise de Satan.” [22] 

Jésus l’avait encore assurée “qu’il prenait un singulier plaisir d’être honoré sous la figure de ce Cœur de chair dont il voulait que l’image fût exposée en public afin, ajouta-t-il, de toucher le cœur insensible des hommes; promettant à Marguerite-Marie qu’il répandrait avec abondance, sur le cœur de tous ceux qui l’honoreront, tous les trésors de grâces dont il est rempli et que, partout où cette image serait exposée pour y être singulièrement honorée, elle attirerait toutes sortes de bénédictions.”

Jésus lui dit aussi le même jour:

“J’ai une soif ardente d’être honoré des hommes dans le Saint Sacrement et je ne trouve presque personne qui s’efforce, selon mon désir, de me désaltérer, usant envers moi de quelque retour.” [23] 

Un peu plus tard, probablement en juillet 1674, alors que le Saint Sacrement était exposé, Jésus se manifesta de nouveau d’une manière éclatante. Marguerite- Marie raconte:

“Alors que le Saint Sacrement était exposé, après m’être sentie retirée toute au-dedans de moi-même par un recueillement extraordinaire de tous les sens et puissances, Jésus-Christ mon doux Maître, se présenta à moi, tout éclatant de gloire avec ses cinq plaies, brillantes comme cinq soleils, et de cette sacrée Humanité sortaient des flammes de toutes parts, mais surtout de son adorable poitrine qui ressemblait à une fournaise; et s’étant ouvert, il me découvrit son tout aimant et tout aimable Cœur qui était la vive source de ces flammes. Ce fut alors qu’il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur Amour, et jusqu’à quel excès il l’avait porté à aimer les hommes dont Il ne recevait que des ingratitudes et des méconnaissances, [24] ce qui m’est beaucoup plus sensible, me dit-il, que tout ce que j’ai souffert en ma Passion; d’autant que s’ils me rendaient quelque retour d’amour j’estimerais peu tout ce que j’ai fait pour eux, et voudrais, s’il se pouvait, en faire encore davantage; mais ils n’ont que des froideurs et du rebut pour tous mes empressements à leur faire du bien. Mais, du moins, donne-moi ce plaisir de suppléer à leurs ingratitudes autant que tu en pourras être capable.”

Marguerite-Marie s’effraie,” et, me remontrant mon impuissance, Jésus me répondit:

— Tiens, voilà de quoi suppléer à tout ce qui te manque.

Et en même temps, ce divin Cœur s’étant ouvert, il en sortit une flamme si ardente que je pensai en être consommée; (sic) car j’en fus toute pénétrée, et ne pouvant plus la soutenir, lorsque je lui demandai d’avoir pitié de ma faiblesse:

— Je serai ta force, me dit-il, ne crains rien, mais sois attentive à ma voix et à ce que je te demande pour te disposer à l’accomplissement de mes desseins.”

Le Sacré-Cœur ajoute ensuite quelques prescriptions pratiques:

 

“Tu communieras tous les premiers vendredis de chaque mois. Et toutes les nuits du jeudi au vendredi je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j’ai bien voulu sentir au jardin des Oliviers, et laquelle tristesse te réduira, sans que tu la puisses comprendre, à une espèce d’agonie plus rude à supporter que la mort.

Et pour m’accompagner dans cette humble prière que je présentai alors à mon Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre onze heures et minuit pour te prosterner pendant une heure avec moi, la face contre terre, tant pour apaiser la colère divine, en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon l’amertume que je sentais de l’abandon de mes apôtres, qui m’obligea à leur reprocher qu’ils n’avaient pu veiller une heure avec moi, et, pendant cette heure, tu feras ce que je t’enseignerai.” [25] 

Remarque:

Ces consignes sont d’abord adressées personnellement à Marguerite-Marie, mais plus tard il lui sera dévolue la tâche d’introduire dans l’Église ces deux exercices de piété en l’honneur de la Passion: la communion du premier vendredi du mois, et l’Heure Sainte dans la nuit du jeudi au vendredi.

    2-2-2-Les plus grandes révélations et apparitions

Un an plus tard, entre le 13 et le 20 juin 1675, eut lieu la grande apparition, et probablement la révélation décisive. Découvrant son Cœur, Jésus lui dit: “Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à épuiser et se consommer (sic) pour leur témoigner son amour; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce Sacrement d’amour. Mais ce qui m’est le plus sensible est que ce sont des coeurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi. C’est pour cela que je te demande que le premier vendredi d’après l’octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en communiant ce jour-là, et en lui faisant une réparation d’honneur par une amende honorable, pour réparer les indignités qu’il a reçues pendant le temps qu’il a été exposé sur les autels.” [26]

Les révélations du Sacré-Cœur continuent. Un jour, tandis qu’elle filait du chanvre dans une petite cour, elle est saisie par une nouvelle extase:

“Je me sentis d’abord toute recueillie intérieurement et extérieurement, et me fut en même temps représenté l’aimable Cœur de mon adorable Jésus plus brillant qu’un soleil; il était au milieu des flammes de son pur amour, environné de séraphins qui chantaient d’un concert admirable: l’amour triomphe, l’amour jouit, l’amour du Saint Cœur réjouit. Et comme ces esprits bienheureux m’invitèrent de m’unir avec eux dans ces louanges de ce divin Cœur, je n’osais pas le faire, mais ils m’en reprirent et me dirent qu’ils étaient venus afin de m’associer pour lui rendre un continuel hommage d’amour, d’adoration et de louange, et que pour cela, ils tiendraient ma place devant le Saint Sacrement, afin que je le puisse aimer sans discontinuation par leur entremise et que, de même ils participeraient à mon amour, souffrant en ma personne comme je jouirais en la leur... Cette grâce dura environ deux ou trois heures.” [27]

2-3-Le Coeur de Jésus, ce qu’il est

Nous avons rapporté ci-dessus les principales apparitions du Sacré-Coeur à Sainte Marguerite-Marie, apparitions qui ont notablement accéléré le culte à rendre au Cœur de Jésus et à l’Amour qu’il a pour les hommes. Mais les révélations de Jésus à sa confidente se sont poursuivies tout au long de sa vie. Dans des révélations relativement peu connues, Jésus donne, non seulement une véritable image de ce qu’Il est vraiment, et de l’immensité de son Amour, mais Il présente comme un résumé de ses exigences envers tous les chrétiens, et plus particulièrement envers les âmes religieuses.

    2-3-1-Le Coeur de Jésus, c’est d’abord l’Amour

Un jour, le Seigneur demanda à Marguerite-Marie à quelle fin il lui donnait ses grâces si abondamment. Il dit:

-“C’est pour te rendre comme un sanctuaire où le feu de mon amour brûle continuellement.”[28] Une autre fois le Seigneur lui découvrit son Cœur amoureux en disant:

-“Voici le Maître que je te donne, lequel t’apprendra tout ce que tu dois faire pour mon Amour. C’est pourquoi tu en seras la disciple bien-aimée.” [29] 

Un vendredi après la sainte communion, Notre Seigneur lui montra son Cœur. Marguerite-Marie raconte: “Une lumière sortait de la plaie de son adorable côté et s’élançait dans mon cœur, ce qui me faisait ressentir une très grande ardeur, avec ces paroles: c’est ainsi que mon Amour fait un continuel écoulement dans le cœur que je t’ai donné qui, par un autre écoulement, renvoie les biens dans leur source.” [30]  

    2-3-2-Le Coeur de Jésus, et la plaie du côté

Jésus dit: “Voici la plaie de mon Côté pour y faire ta demeure actuelle et perpétuelle. C’est où tu pourras conserver la robe d’innocence dont je t’ai revêtue... vivant comme ne vivant plus, agissant comme n’agissant plus, mais Moi seul en toi.” [31] 

Une autre fois, pendant l’oraison, Jésus se présenta à sa confidente, couvert de plaies et “lui dit de regarder l’ouverture de son Sacré Côté qui était un abîme sans fond qui avait été fait d’une flèche sans mesure qui est celle de l’Amour... que c’était la demeure de tous ses amants, où ils rencontrent deux vies: l’une pour l’âme, l’autre pour le coeur. L’âme y rencontre la source des eaux vives pour se purifier et y recevoir la vie de la grâce que le péché lui avait ôtée; et le coeur y trouve une fournaise d’amour ardente qui ne le laisse plus vivre que d’amour. L’une s’y sanctifie et l’autre s’y consomme. (sic) Et comme l’entrée en est petite, il faut être petit pour y entrer et être dénué de toutes choses.” [32] 

    2-3-3-Le Coeur de Jésus et les âmes du Purgatoire.

A de très nombreuses reprises Marguerite-Marie fut invitée à prier pour les âmes du Purgatoire. Plusieurs personnes lui apparurent pour lui demander de prier pour leur soulagement. Tel, notamment un religieux bénédictin qui “tout d’un coup se présenta devant moi comme une personne toute en feu, dont les ardeurs me pénétrèrent si fort qu’il me semblait que je brûlais avec elle. L’état pitoyable où elle me fit voir qu’elle était en Purgatoire me fit verser d’abondantes larmes...” [33]   

    2-3-4-Le Coeur de Jésus, la Justice et la Miséricorde de Dieu

Dans la vie de Sainte Marguerite-Marie, l’Amour de Dieu, l’Amour de Jésus sont intensément présents. Mais si le Seigneur dévoile sa Miséricorde, sa Justice est souvent prédominante, ce qui donne à l’ensemble des révélations de Sainte Marguerite-Marie et de sa vie un aspect assez terrifiant pour les hommes du XXème siècle, aspect terrible, tempéré toutefois par le fait que des âmes-victimes peuvent réparer et souffrir pour le salut des autres. A propos d’une âme religieuse infidèle Jésus déclara:

“S’il ne s’amende, je lui ferai sentir le poids de ma justice vengeresse, puisqu’une âme juste peut obtenir le pardon pour mille âmes criminelles... Pleure et soupire sans cesse mon Sang répandu inutilement sur tant d’âmes qui en font un si grand abus... Malheur à ces âmes qui demeurent souillées et altérées au milieu de la source des eaux vives!... Il me fit connaître que la plus agréable prière que je pouvais faire... c’était de demander trois choses en son nom:

      – la première: offrir au Père éternel les amples satisfactions qu’Il a faites à sa justice pour les pécheurs sur l’arbre de la Croix, en le priant de rendre efficace le mérite de son Précieux Sang à toutes les âmes criminelles à qui le péché a donné la mort, afin que, ressuscitant à la grâce, elles le glorifient éternellement.

     – la deuxième: lui offrir les ardeurs de son divin Cœur pour satisfaire à la tiédeur de tant d’âmes lâches de son peuple choisi, en lui demandant que, par l’ardent amour qui lui a fait souffrir la mort, il lui plaise échauffer leur cœur tiède à son service et les embraser de son amour, afin qu’il en soit aimé éternellement.

     – la troisième: offrir la soumission de sa volonté à son Père éternel pour lui demander, par les mérites d’icelle, la consommation de ses grâces et l’accomplissement de toutes ses volontés.” [34] 

2-4-Les souffrances de Marguerite-Marie

De telles grâces s’accompagnent toujours de très grandes souffrances, soit physiques, soit morales. Marguerite-Marie n’échappa pas à cette règle, mais le Seigneur lui donnait toujours la force dont elle avait besoin et il était constamment présent auprès d’elle. Elle écrit dans ses diverses relations: “Depuis ce jour, j’ai eu sans cesse ce divin Sauveur intimement présent. Il m’instruit, il me soutient, il m’avertit de mes fautes. Il ne laisse pas de croître en moi par sa grâce et le désir ardent de m’aimer et de souffrir pour son amour. Cette divine présence imprime en moi tant de respect qu’elle me tient comme anéantie.” [35] 

La rigueur de Jésus pour celle qu’Il aimait peut nous sembler extrême. C’est que les fautes de ses saints, même les plus petites, sont de graves blessures à l’amour.

Écoutons la Sœur Alacoque: “Cent fois je me suis étonnée comme il ne m’anéantissait pas, après tant de fautes. Quelques grandes qu’elles fussent, il ne me privait pas de son aimable présence, mais me la rend si terrible lorsque je lui ai déplu en quelque chose, qu’il n’y a point de tourment qui ne fût plus doux et auquel je ne me sacrifiasse plutôt mille fois que de supporter cette divine présence et y paraître devant la sainteté de Dieu, ayant l’âme souillée de quelques péchés. J’aurais voulu me cacher en ce temps-là, si j’avais pu; mais tous mes efforts étaient inutiles, trouvant partout ce que je fuyais, avec des tourments si effroyables qu’il me semblait être en Purgatoire.

Tout souffrait en moi sans nulle consolation, ce qui me faisait dire dans ma plus amère amertume:

— Ah! qu’il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant!

Voilà la manière dont il purifiait mes fautes, lorsque je n’étais pas assez prompte et fidèle à m’en punir moi-même, mais toujours dans une paix inaltérable. Il me semblait que rien ne la pouvait troubler, quoique la partie inférieure fût souvent agitée, soit par mes passions ou par mon ennemi, qui faisait tous ses efforts pour cela.”

Car la divine présence est toujours souffrance pour les pécheurs que nous sommes:

“Je souffrais, dit Marguerite-Marie, de croire que j’étais en horreur à toutes les créatures, et qu’elles avaient grande peine à me supporter, en ayant beaucoup à me souffrir moi-même.” [36] Jésus ira jusqu’à lui dire: “Mon Père éternel m’a livré entre les mains cruelles des impitoyables bourreaux pour me crucifier; et moi, je me sers pour cet effet, à ton égard, des personnes qui me sont dévouées et consacrées, et au pouvoir desquelles je t’ai livrée, et pour le salut desquelles je veux que tu m’offres tout ce qu’elles te font souffrir.”  

D’où l’aveu à sa supérieure: “Ô ma chère mère! Qu’il est dur de vivre sans aimer Dieu! Et comment aimer un Dieu crucifié sans vivre et mourir sur la Croix?”

Notre Sainte avait parfaitement compris cette nécessité et ses pénitences étaient tellement effrayantes, qu’un jour Jésus lui interdit certaines pratiques particulièrement terribles qu’elle voulait s’imposer, car ”il voulait la rendre en santé à sa supérieure, lui disant qu’il agréait plus les sacrifices qu’elle lui ferait de ses désirs que si elle les exécutait, puisque, étant esprit, il voulait des sacrifices d’esprit. “ [37] 

Remarque : Le Seigneur est toujours plus sage que les hommes, même si ce sont des géants de la sainteté... et même si les souffrances que les saints s’imposent ont pour seul but le salut des âmes. Et Marguerite-Marie “s’affligeait jusqu’à l’excès lorsqu’elle pensait qu’il y aurait un lieu dans le monde, où, pendant toute l’éternité, un nombre infini d’âmes rachetées par le sang de Jésus-christ n’aimeront nullement cet aimable Sauveur.” Et elle s’interrogeait: “Eh quoi!, est-il raisonnable qu’il y ait un lieu dans le monde où Jésus-Christ ne soit pas aimé?”

Pour sauver des âmes coupables, Marguerite-Marie eut à connaître la rigueur de la Justice de Dieu. Elle écrit: “Une autre fois, ce Souverain de mon âme me dit:

— Je te veux être toute chose -ta joie et ta consolation- mais Je serai aussi ton supplice. Je connus l’effet de ces paroles... n’ayant jamais rien senti de si douloureux que cette sainteté de justice qui s’imprime dans l’âme d’une manière si terrible... Ce que je trouve de plus rigoureux, c’est la présence de mon Souverain lorsqu’Il m’en favorise en cet état. Il donne des impressions de sa pureté qu’il est impossible à l’âme de supporter, quand elle se voit dans un état si abominable.” [38] 

Pourtant, dans ces situations éminemment pénibles, Marguerite-Marie bénéficiait de l’assistance constante de son Ange Gardien; mais ”elle ne le voyait que lorsque son Seigneur lui cachait sa présence sensible pour la plonger dans les douleurs très rigoureuses de sa sainteté de justice.” [39]

Cette sainteté de justice est celle qui écrasa Jésus au Jardin des Oliviers. Laissons parler Jésus, s’épanchant dans le cœur de sa confidente:

“C’est ici que j’ai plus souffert qu’en tout le reste de ma Passion, me voyant dans un délaissement général du Ciel et de la terre, chargé de tous les péchés des hommes. J’ai paru devant la sainteté de Dieu qui, sans avoir égard à mon innocence, m’a froissé en sa fureur, me faisant boire le calice qui contenait tout le fiel et l’amertume de sa juste indignation, et, comme s’il eût oublié le Nom de Père pour me sacrifier à sa juste colère. Il n’y a point de créature qui puisse comprendre la grandeur des tourments que Je souffris alors. C’est cette même douleur que l’âme ressent, lorsqu’étant présentée devant le tribunal de la sainteté divine qui s’appesantit sur elle, la froisse, l’opprime et l’abîme en sa juste rigueur.”[40]

2-5-Les exigences de Jésus envers Marguerite-Marie

Un jour le Bien-Aimé se présenta devant Marguerite-Marie et, découvrant son Cœur, il lui fit lire ces paroles:

“Mon amour règne dans la souffrance, il triomphe dans l’humilité et il jouit dans l’unité.” [41] Et encore: “Voici une chose que cet Adorable Cœur demande de ses amis: la pureté dans l’intention, l’humilité dans l’opération et l’unité dans la prétention.” [42] 

    2-5-1-L’obéissance et l’humilité

La Sœur Alacoque écrira: “Jésus voulait que je reçusse toutes choses comme venant de lui, sans me rien procurer; et lui tout abandonner sans disposer de rien; lui rendre grâce des souffrances comme de la jouissance; et dans les occasions les plus douloureuses et humiliantes, penser que cela m’était dû et encore plus, et offrir la peine que je souffrais pour les personnes qui m’affligeaient... Il me défendait de ne jamais juger, accuser, ni condamner que moi-même.”

Marguerite-Marie devait devenir l’apôtre du Sacré-Cœur de Jésus. Beaucoup de traverses gênèrent son apostolat, mais elle savait patienter et faire patienter, disant: “Le Sacré-Cœur veut tout par amour et rien par force; ainsi, il faut attendre le temps qu’il a destiné.”

Elle disait aussi: “Aimons le divin Cœur de Jésus, mais aimons-le sans réserve, sans exception. Donnons tout et sacrifions tout pour avoir ce bonheur; et nous aurons tout en possédant le divin Cœur de Jésus, qui veut être toutes choses au cœur qui l’aime, mais ce ne sera qu’en souffrant pour lui...[43] Mon désir n’est plus que de procurer de la gloire à ce Sacré-Cœur.” [44] 

Jésus demande beaucoup d’humilité à tous ses saints. Aussi Marguerite-Marie suppliait-elle le Seigneur de lui accorder cette grâce de l’humilité: “Je demande sans cesse à Dieu qu’il me fasse la grâce d’être inconnue, anéantie et ensevelie dans un éternel oubli; et je regarde cette grâce comme la plus grande de toutes celles qu’il m’a faites.” [45] 

Et voici un conseil que Marguerite-Marie écrit à l’une de ses supérieures:[46] ”Voici une chose que cet adorable Cœur demande de ses amis: c’est la pureté dans l’intention, l’humilité dans l’opération, et l’unité dans la prétention. Je ne doute pas que vous compreniez mieux cela que moi.”  (Cette phrase sera volontairement répétée dans une autre partie de cette étude)

De sa confidente, Jésus exigea une obéissance absolue à ses supérieures. Quand on lui commanda d’écrire ce qui se passait dans son âme, Marguerite-Marie ressentit beaucoup de répugnance pour le faire. C’est pourquoi le Seigneur lui dit: “Pourquoi refuses-tu d’obéir à ma voix et d’écrire ce qui vient de Moi et non de toi?”  [47] 

Jésus confia souvent des missions à sa bien-aimée, mais il exigeait toujours que ses demandes fussent soumises à l’obéissance. Alors que Marguerite-Marie redisait à Jésus qu’elle ne ferait que ce que sa supérieure lui ordonnerait, elle entendit sa réponse:

— “Je ne l’entends pas autrement, car tout puissant que je suis, je ne veux rien de toi qu’avec la dépendance de ta supérieure. Écoute bien les paroles de la bouche de la vérité: tous religieux séparés et désunis de leurs supérieurs se doivent regarder comme des vases de réprobation dans lesquels toutes les bonnes liqueurs sont changées en corruption sur lesquelles le divin soleil de justice venant à darder, opère le même effet que le soleil luisant sur la boue...”  [48]

Au cours de sa retraite de 1678, le Seigneur dit à sa confidente: “Lorsque Je te ferai connaître que la justice divine est irritée contre des pécheurs... tu m’offriras à mon Père Éternel... pour apaiser sa juste colère et fléchir sa Miséricorde à leur pardonner; et tu ne feras point de résistance à ma volonté lorsque je te la ferai connaître, non plus qu’aux dispositions que Je ferai de toi par l’obéissance, car je veux que tu me serves d’instrument pour attirer des cœurs à mon Amour.”

Et le Seigneur lui rappela qu’elle était la victime de son Cœur et qu’elle devait toujours être disposée à être immolée par la charité, qu’elle devait toujours agir sans en avoir aucune prétention... car l’ouvrage n’appartient pas à l’outil dont le maître s’est servi pour le faire. Enfin le Seigneur assura:

“Tu ne saurais me plaire davantage que par une constante fidélité à marcher sans détour dans les voies de ta règle.” [49] 

    2-5-2-Jésus veut la charité dans les coeurs

Un soir, pendant l’oraison, Marguerite-Marie priait le Sauveur de lui faire connaître les moyens de contenter le désir qu’elle avait de l’aimer. Le Seigneur lui fit voir “qu’elle ne pouvait mieux lui témoigner son amour, qu’en aimant le prochain pour l’amour de lui-même et qu’elle devait oublier ses intérêts pour épouser ceux du prochain... Notre Seigneur lui fit connaître que c’était le rétablissement de la charité dans les cœurs qu’il demandait... et que cette divine vertu prenait sa naissance dans le Cœur de Dieu même.” [50]

    2-5-3-Jésus veut qu’on s’abandonne à son amour, et qu’on attende tout de Lui

Marguerite-Marie écrit: “Il voulait que je reçusse toute chose comme venant de lui, sans me rien procurer; et de lui tout abandonner sans disposer de rien; lui rendre grâce des souffrances comme de la jouissance... et offrir la peine que je souffrais pour les personnes qui m’affligeaient.” [51] 

Jésus a fait de Marguerite-Marie son épouse. Plus que d’autres elle doit s’abandonner, s’immoler et obéir comme une victime. “Le Seigneur épousa mon âme en l’excès de sa charité... changeant mon coeur en une flamme de feu dévorant de son pur Amour... Toute destinée à rendre un continuel hommage à son état d’hostie et de victime au Très Saint Sacrement, je devais, en ces mêmes qualités Lui immoler continuellement mon être par amour d’adoration, d’anéantissement et de conformité à la vie de mort qu’il a dans la Sainte Eucharistie...

A son imitation il veut que je m’abandonne entre les mains de mes supérieures, quelles qu’elles puissent être... Mon Jésus a été obéissant jusqu’à la mort de la Croix, je veux donc obéir jusqu’au dernier soupir de ma vie, pour rendre hommage à l’obéissance de Jésus en l‘hostie, dont la blancheur m’apprend qu’il faut être une pure victime pour lui être immolée, sans tache pour Le posséder, pure de corps, de coeur, d’intention, d’affection; et pour se transformer toute en Lui, il faut mener une vie sans curiosité, d’amour et de privation, me réjouissant de me voir méprisée et oubliée, pour réparer l’oubli et le mépris que mon Jésus reçoit dans l’hostie.” [52] 

Alors qu’on venait de lui interdire d’exposer les images du Sacré-Coeur, et qu’affligée, Marguerite-Marie se plaignait à Jésus, Celui-ci lui dit:

“Ne crains rien, je régnerai malgré mes ennemis et tous ceux qui voudront s’y opposer.” [53] Et encore:

“Pourquoi crains-tu, puisque je t’ai donné pour asile le lieu (le Coeur de Jésus) où tout est rendu facile.” [54] 

    2-5-4-Jésus veut tout de ceux qu’Il s’est choisis

S’adressant à Marguerite-Marie pendant son noviciat, Jésus lui fit comprendre “qu’Il ne voulait point d’un coeur partagé, et que, si elle ne se retirait des créatures, Il se retirerait d’elle.” [55] 

Jésus lui fit comprendre aussi “que lorsqu’Il faisait sa demeure dans une âme, Il voulait un entendement sans curiosité, un esprit sans jugement et un jugement sans volonté, et un coeur sans mouvements autres que ceux de son Amour...[56] car il faut tout quitter pour trouver Dieu. Notre coeur est fait pour Dieu, malheur donc à lui s’il se contente de moins que de Dieu ou s’il se laisse brûler d’autre feu que de celui de son pur amour!“

Enfin, Jésus lui apprit cette prière: “Mon Dieu, mon unique et mon tout, Vous êtes tout pour moi et je suis toute pour Vous!” [57] 

2-6-Promesses et avertissements au monde

Pour aimer Dieu, il faut être très pur, détaché des choses de ce monde. Au Père Bourguignet lui demandant pourquoi notre amour envers Dieu n’était pas aussi fort que celui de Dieu pour nous, elle répondit:

“Je crois que notre amour n’est pas véritable à l’égard de Dieu comme celui de Dieu envers nous. C’est qu’il est trop mélangé des choses de la terre. Car tant qu’il y aura quelque chose qui occupera notre cœur, nous ne pourrons jamais aimer Notre-Seigneur véritablement comme il nous aime.” [58]             

    2-6-1-Les promesses

Dans une lettre adressée à la Mère de Saumaise, Marguerite-Marie écrit: “Notre-Seigneur m’a découvert des trésors d’amour et de grâces pour les personnes qui se consacreront et sacrifieront tout à lui rendre et procurer tout l’honneur, l’amour et la gloire qui sera en leur pouvoir: mais des trésors si grands qu’il m’est impossible de m’en exprimer.

Cet aimable Cœur a un désir infini d’être connu et aimé de ses créatures, dans lesquelles il veut établir son empire comme la source de tout bien, afin de pourvoir à tous leurs besoins. C’est pour cela qu’il veut que l’on s’adresse à lui avec une grande confiance, et il me semble qu’il n’y a point de moyen plus efficace d’obtenir ce qu’on lui demande que de le faire par l’entremise du très saint sacrifice de la messe, un vendredi, en faisant dire trois ou cinq messes, à l’honneur des cinq plaies. Plusieurs personnes ont été guéries par ce moyen. On fait prendre au malade cinq billets où on écrit: “Le Sacré-Cœur de Jésus vous guérisse!” Et de l’autre côté: “Louée soit la très pure et Immaculée Conception de la Sainte Vierge!”

Remarque : les trois lignes qui précèdent n’ont été rapportées ici que parce que l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge était mentionnée.

Marguerite-Marie continue: “Une autre fois, il me semble qu’il me fut dit, après la Sainte communion:

— Je te promets, dans l’excès de la Miséricorde de mon Cœur, que son Amour tout puissant accordera à tous ceux qui communieront neuf premiers vendredis de chaque mois, tout de suite, la grâce de la pénitence finale, ne mourant point dans ma disgrâce, ni sans recevoir leurs sacrements et qu’il se rendra leur asile assuré, cette heure dernière...” [59] 

Ces demandes et promesses de Notre-Seigneur sont si importantes que Jésus les répéta à plusieurs reprises et que Marguerite-Marie les écrivit de nombreuses fois.

    2-6-2-Les avertissements

Un jour, Dieu fit entendre sa voix: “Mon peuple choisi (non précisé, mais peut-être est-ce la France?) me persécute secrètement et ont (sic!) irrité ma justice; mais je manifesterai ses péchés secrets par des châtiments visibles; car je les criblerai dans le crible de ma sainteté, pour les séparer d’avec mes bien-aimés; et, les ayant séparés, je les environnerai de cette même sainteté qui se met entre le pécheur et ma miséricorde; et, depuis que ma sainteté l’a une fois environné, il lui est impossible qu’il se reconnaisse: sa conscience demeure sans remords, l’entendement sans lumière et le cœur sans contrition, et meurt enfin dans son endurcissement. Ensuite, me découvrant son Cœur amoureux, déchiré et transpercé de coups:

-Voilà, me dit-il, mes blessures que je reçois de mon peuple choisi. Les autres se contentent de frapper mon corps, mais ceux-ci attaquent mon Cœur qui n’a jamais cessé de les aimer. Mais mon Amour, enfin, cédera à ma juste colère, pour châtier ces âmes orgueilleuses, attachées à la terre, et qui me méprisent et ne recherchent que ce qui m’est contraire, me quittant pour les créatures, fuyant l’humilité pour ne chercher que l’estime d’eux-mêmes, et, leurs cœurs étant vides de charité, il ne leur reste plus que le nom de religieux... [60] 

Suit un avertissement explicitement destiné à la France

“Une fois, Notre Seigneur se présenta à moi tout couvert de plaies et son corps tout sanglant, son Cœur tout déchiré de douleur, et comme lassé. Me prosternant à ses pieds avec une grande crainte qui s’était imprimée en moi et n’osant lui rien dire, il me dit:  Voilà l’état où me réduit mon peuple choisi, que j’avais destiné pour apaiser ma justice. Il me persécute secrètement.

S’ils ne s’amendent, je les châtierai sévèrement. Je retirerai mes justes et j’immolerai le reste de ma juste colère qui s’embrasera contre eux.” [61] 

Et voici pour les âmes consacrées

“Il me dit en ce même temps (après la communion) que toutes les nuits de jeudi au vendredi je me lèverais à l’heure qu’Il me dirait, pour dire cinq Pater et Ave, prosternée contre terre, avec cinq actes d’adoration qu’il m’avait appris, pour lui rendre hommage dans l’extrême douleur qu’il souffrait la nuit de sa Passion.”

Mais le Seigneur précisa à Marguerite-Marie, qui posait une question, que tout ceci ne pouvait se faire que dans l’obéissance à sa supérieure, car “les religieux séparés et désunis de leurs supérieurs se doivent regarder comme des vases de réprobation, dans lesquels toutes les bonnes liqueurs sont changées en corruption, sur lesquels ce divin soleil de justice venant à donner, opère le même effet que le soleil qui donne sur la boue. Ces âmes sont tellement rejetées de mon Cœur, que plus elles tâchent de s’en approcher par le moyen des sacrements, oraisons et autres exercices, plus je m’éloigne d’elles pour l’horreur que j’en ai. Elles iront d’un enfer à l’autre, car c’est cette désunion qui en a tant perdues et qui en perdra toujours davantage, puisque tout supérieur tient ma place, soit bon ou mauvais. C’est pourquoi l’inférieur pensant le heurter, se fait autant de blessures mortelles en l’âme; et, après tout, c’est en vain qu’il gémit à la porte de la Miséricorde: il ne sera point exaucé si je n’entends la voix du supérieur...” [62] 

Un autre vendredi, après avoir reçu la sainte communion dans une hostie qui avait été exposée, il me dit:

— Ma fille, je viens dans le cœur que je t’ai donné, afin que, pour son ardeur, tu répares les injures que j’ai reçues de ces cœurs tièdes et lâches qui me déshonorent dans le Saint Sacrement. Cette âme que je t’ai donnée, tu l’offriras à Dieu, mon Père, pour détourner les peines que ces âmes infidèles ont méritées; et, par mon esprit, tu l’adoreras sans cesse avec vérité, pour tous ces esprits feints, qui ne l’adorent qu’avec dissimulation et fausse apparence, et cela pour mon peuple choisi, que je t’ai fait un si grand don.” [63] 

3
La “doctrine” de Sainte Marguerite-Marie

Il faut tout quitter pour trouver Dieu:
 “Notre cœur n’est fait que pour Dieu.
Malheur donc à lui s’il se contente de moins que de Dieu,
ou s’il se laisse brûler de quelque autre feu que de celui de son pur amour.”

Le message de Sainte Marguerite-Marie

Marguerite-Marie détestait écrire. Heureusement pour nous,  l’obéissance la contraignit souvent et on possède encore 144 de ses lettres. C’est toujours la sainte qui ne vit que pour Dieu qui parle et qui laisse l’Esprit s’exprimer. Elle écrivait au fil de la plume, sans jamais se relire, et sans se souvenir, disait-elle, de ce qu’elle venait d’écrire. Nous donnerons ci-dessous quelques extraits des lettres adressées:

     – à la Mère de Saumaise son ancienne supérieure,

     – à la Mère Greyfié, sa supérieure,

    – à la Mère de Soudeilles, une amie, âme d’élite que Marguerite-Marie croit capable d’atteindre la perfection,

     – à la Sœur de la Barge, avec qui Marguerite-Marie se révèle une extraordinaire directrice spirituelle,

     – au Père Croiset qu’elle exhorte à développer le culte envers le Sacré-Cœur de Jésus,

     – à ses frères, Jacques (curé du Bois-Sainte-Marie) et Chrysostome Alacoque,

     – à diverses autres personnes et à des religieuses qui lui demandaient des conseils.

     – Enfin on a cité aussi quelques-unes de ses notes de retraite et des avis qu’elle rédigea pour ses novices ou d’autres religieuses.

Marguerite-Marie fut, par ailleurs, toujours par obéissance, amenée à écrire les relations de ce que le Seigneur lui révélait de son Cœur et de son Amour pour le faire connaître au monde.  

L’ensemble des écrits de Marguerite-Marie constitue une œuvre considérable qui révèle une femme équilibrée, solide et pleine de bon sens, que l’on a plaisir à lire. Par ailleurs, et curieusement, les conseils qu’elle donne, qui jaillissent de son cœur formé et instruit par Jésus lui-même, sont, pour nous, d’une étonnante actualité. Malgré des expressions littéraires qui peuvent avoir un peu vieilli, on découvre un enseignement jeune, remarquablement actuel et moderne, que l’on aurait intérêt à mieux connaître, et  auquel il serait certainement bon de revenir.  

Afin d’aborder plus facilement ce que l’on pourrait appeler la “doctrine” ou le message de Sainte Marguerite-Marie, il a été procédé au classement des différents thèmes abordés par Marguerite-Marie dans ses lettres et écrits rassemblés dans le tome 2 de l’ouvrage “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page 21

3-1-Le Cœur de Jésus

    3-1-1-Les visions et les révélations. Le côté de Jésus

“Aussitôt que je fus à l’oraison, Jésus se présenta à mon âme, couvert de plaies, et me disant de regarder l’ouverture de son côté, qui était un abîme sans fond qui avait été fait d’une flèche sans mesure, celle de l’amour... que c’était la demeure de tous ses amants où ils rencontrent deux vies: l’une pour l’âme et l’autre pour le cœur. L’âme y rencontre la source des eaux vives pour se purifier et y recevoir la vie de la grâce que le péché lui avait ôtée; et le cœur y trouve une fournaise d’amour, ardente, qui ne le laisse plus vivre que d’amour. L’une s’y sanctifie et l’autre s’y consume. Et comme l’entrée en est petite, il faut être petit pour y entrer et être dénué de toute chose.” [64] 

Un jour, encore pendant l’oraison, Jésus lui fit une grande grâce:

“Une lumière sortait de la plaie de son adorable Côté et s’élançait dans mon cœur, ce qui me faisait ressentir une très profonde ardeur, avec ces paroles:

– C’est ainsi que mon amour fait un continuel écoulement dans le cœur que je t’ai donné qui, par un autre écoulement, renvoie les biens dans leur source; grâce qui te sera continuelle.” [65] 

De sa retraite de 1664, Marguerite-Marie relate: “Le premier jour il me présenta son Sacré-Cœur comme une ardente fournaise où je me sentis jetée et d’abord pénétrée et embrasée de ses vives ardeurs, qu’il me semblait m’aller réduire en cendres. Ces paroles me furent dites: 

– Voici le divin purgatoire de mon amour où il te faut purifier le temps de cette vie purgative; puis je t’y ferai trouver un séjour de lumière et ensuite d’union et de transformation...

La nuit du jour de ma confession je me sentis réveiller [66] et d’abord tous mes péchés me furent représentés, comme tous écrits, que je n’eus qu’à les lire, en me confessant, mais avec tant de larmes et de contrition qu’il me semblait que mon chétif cœur s’allait fendre de regret d’avoir offensé cette bonté infinie...

Après trois jours de vie purgative, j’ai été mise dans un séjour de gloire et de lumière où moi, chétif néant, ai été comblée de tant de faveurs qu’une heure de ces jouissances est suffisante pour récompenser les tourments de tous les martyrs.

Premièrement, il épousa mon âme en l’excès de sa charité, mais d’une manière et union inexplicables, changeant mon cœur en flammes de feu dévorant de son pur amour, afin qu’il consume tous les amours terrestres qui s’en approcheraient; me faisant entendre que m’ayant toute destinée à rendre un continuel hommage à son état d’hostie et de victime au très Saint Sacrement, je devais, en ces mêmes qualités, lui immoler continuellement mon être par amour d’adoration, d’anéantissement et de conformité à la vie de mort qu’il a dans la sainte Eucharistie... [67] 

    3-1-2-Autres grâces

Dans la vie de Sainte Marguerite-Marie, il n’y eut pas que les grandes révélations que tout le monde connait; sa vie est jalonnée de nombreuses autres visions et révélations dont certaines mettent en cause, soit la Vierge Marie, soit des saints proches de sa Congrégation, ou encore le Père La Colombière. Ainsi, on peut lire, dans une lettre de 1688, adressée à la Mère de Saumaise:

“Il me fut représenté un lieu fort éminent, spacieux et admirable en sa beauté, au milieu duquel il y avait un trône de flammes, dans lequel était l’aimable Cœur de Jésus avec sa plaie, laquelle jetait des rayons si ardents et si lumineux que tout ce lieu en était éclairé et échauffé. La Sainte Vierge était d’un côté et Saint François de Sales de l’autre avec le saint Père de la Colombière; et les Filles de la Visitation paraissaient en ce lieu avec leurs bons anges à leur côté, qui tenaient chacun un cœur en main, et la Sainte Vierge nous invitant par ces paroles: Venez, mes bien-aimées filles, approchez-vous car je vous veux rendre comme les dépositaires de ce précieux trésor que le divin Soleil de justice a formé dans la terre virginale de mon cœur, où il a été caché neuf mois, après lesquels il s’est manifesté aux hommes, qui, n’en connaissant pas le prix, l’ont méprisé parce qu’ils l’ont vu mêlé et couvert de leur terre...

Et cette Reine de bonté continuant à parler, dit en leur montrant ce divin Cœur:

-Voilà ce précieux trésor qui vous est particulièrement manifesté, par le tendre amour que mon Fils a pour votre institut qu’il regarde et aime comme son cher Benjamin, et pour cela le veut avantager de cette portion par-dessus les autres... Ensuite, se tournant vers le bon Père de la Colombière, cette Mère de bonté lui dit: Pour vous fidèle serviteur de mon divin Fils, vous avez grande part à ce précieux trésor; car s’il est donné aux Filles de la Visitation de le connaître et distribuer aux autres, il est réservé aux Pères de votre Compagnie d’en faire voir et connaître l’utilité et la valeur, afin qu’on en profite en le recevant avec le respect et la reconnaissance dus à un si grand bienfait.” [68] 

Un jour de fête du Cœur de Marie, Notre Seigneur fit voir trois cœurs, dont l’un, celui de Marguerite-Marie, était quasiment imperceptible: “Les deux autres étaient tout lumineux et éclatants, et l’un (celui de Jésus) surpassait l’autre, (celui de Marie) incomparablement et Marguerite-Marie entendit ces paroles:

– C’est ainsi que mon pur amour unit ces trois cœurs pour toujours.

Et les trois n’en firent plus qu’un.” [69] 

Mais les grâces reçues par Marguerite-Marie ne sont pas pour elle seule. Jésus lui fit entendre “que les grâces qu’il avait à me faire n’étaient pas tant pour moi que pour ceux qu’il m’enverrait, auxquels je devais répondre simplement ce qu’il me mettrait en pensée, puisqu’il y attacherait l’onction de ses grâces par lesquelles il attirerait beaucoup de cœurs à son amour.” [70]

3-2-Les désirs de Jésus et ses exigences

Souvent, dans ces révélations, Jésus exprime ses désirs et ses exigences. Marguerite-Marie ne manque pas d’en faire part à ses correspondants. Ainsi, à la Sœur Marie-Madeleine des Escures, elle écrit: “Il me semble que le grand désir que Notre Seigneur a que son Sacré-Cœur soit honoré par quelque hommage particulier, est afin de renouveler dans les âmes les effets de sa Rédemption, en faisant de ce Sacré-Cœur comme un second Médiateur envers Dieu” [71] 

Et elle énumère, suscités par Jésus, des vœux pour sa Congrégation: “Je nous souhaite toutes au Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour ne vivre plus que de sa vie, n’aimer que par son pur amour, n’agir et pâtir que dans ses saintes intentions, en le laissant faire en nous et de nous selon son bon plaisir.” [72] 

Marguerite-Marie ouvre son cœur à son ancienne supérieure, à propos de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus: “Si je ne me trompe, j’y suis, (dans le Cœur de Jésus) comme dans un abîme sans fond, où il me découvre des trésors d’amour et de grâces pour les personnes qui se consacreront et sacrifieront à lui rendre et procurer tout l’honneur, l’amour et la gloire qui sera à leur pouvoir... C’est l’ardent désir qu’il a de les communiquer aux âmes et aux cœurs bien disposés qui le fait désirer d’être connu, aimé et glorifié de ses créatures, dans lesquelles il veut établir son empire comme la source de tout bien, afin de pourvoir à leurs besoins. C’est pour cela qu’il veut qu’on s’adresse à lui avec une grande confiance... Il a, de plus, promis à son indigne esclave, pour qu’elle s’applique uniquement à l’aimer, qu’il priera lui-même son Père pour les personnes qui se recommanderont à ses prières.” [73] 

“Il faut l’aimer ce Sacré-Cœur, de toutes nos forces et de toute notre capacité. Oui, il faut l’aimer, et Il établira son empire, et Il régnera malgré tous ses ennemis et leurs oppositions.” [74] 

3-3-Pourquoi ces visions et ses révélations?

    3-3-1-Des grâces pour la Visitation

Quelques-unes des grâces de Jésus passant à travers son épouse choisie sont destinées aux religieuses de la Visitation. Marguerite-Marie écrit: “ll (Jésus) m’a fait voir cette dévotion de son Cœur adorable comme un bel arbre, qu’il avait destiné de toute éternité pour prendre son germe et ses racines au milieu de notre Institut, pour étendre ensuite ses branches dans les maisons qui le composent... Mais il veut, ce divin Cœur, que les Filles de la Visitation distribuent les fruits de cet arbre sacré avec abondance à tous ceux qui désireront en manger, sans craindre qu’il leur en manque... parce qu’il prétend... par ce moyen, redonner la vie à plusieurs, en les retirant du chemin de perdition, en ruinant l’empire de Satan dans les âmes, pour y établir celui de son amour qui n’en laissera périr aucune de toutes celles qui lui seront consacrées... Mais il ne veut pas s’en arrêter là...

    3-3-2-Jésus s’adresse aussi aux rois

“Il désire, ce me semble, entrer avec pompe et magnificence dans la maison des princes et des rois, pour y être honoré autant qu’il y a été outragé, méprisé et humilié en sa Passion. Et voici les paroles que j’entendis au sujet de notre roi:

– “Fais savoir au fils aîné de mon Sacré-Cœur, que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu’il fera de lui-même à mon Cœur adorable qui veut triompher du sien, et par son entremise de celui des grands de la terre. Il veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes, pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis... “

Et encore à la Mère de Saumaise: “Le Père éternel voulant réparer les amertumes et angoisses que l’adorable Cœur de son divin Fils a ressenties dans la maison des princes de la terre, parmi les humiliations et outrages de sa Passion, veut établir son empire dans la cour de notre grand monarque, duquel il se veut servir pour l’exécution de ce dessein...” [75] 

Dans la même lettre, Marguerite-Marie précise que Dieu a choisi pour l’exécution de ce dessein, le Révérend Père de la Chaise,  confesseur du roi.

    3-3-3 Les jésuites sont également concernés:

“Notre bon Père de la Colombière a obtenu que la très sainte Compagnie de Jésus sera gratifiée, après notre cher Institut, de toutes les grâces et privilèges particuliers de cette dévotion du Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ... Ce divin Cœur désire ardemment d’être connu; aimé, honoré particulièrement de ces bons pères auxquels il promet, si je ne me trompe, de répandre tellement l’onction de son amour sur leurs paroles avec des grâces fortes et puissantes, qu’elles seront comme un glaive à deux tranchants qui pénétreront les cœurs les plus endurcis des plus obstinés pécheurs, pour en faire sortir la source d’une véritable pénitence qui purifie et sanctifie les âmes...“ [76]

    3-3-4-Autres enseignements de Jésus

“Apprends que plus tu te retires dans ton néant, plus ma grandeur s’abaisse pour te trouver.”[77] Après une de ses confessions annuelles, et après la communion, il lui fut dit: “Moi, ton Époux et ton amour, ma bien-aimée, je suis venu pour revêtir ton âme de la robe d’innocence, afin que tu ne vives que de la vie d’un Homme-Dieu, et pour cela je simplifierai et purifierai toutes tes puissances, afin qu’elles ne reçoivent plus aucune impression étrangère.” [78] 

Voici ce qu’enseigna encore Jésus à sa fidèle épouse. Elle écrit: “Jésus me conseilla de me défier de moi comme du plus cruel et puissant ennemi que je puisse avoir; mais que si je mets toute ma confiance en lui, il me défendra; de ne me jamais troubler de rien, quoi que ce puisse être, regardant tous les événements dans l’ordre de sa sainte Providence et volonté, laquelle, quand il lui plaît, peut tourner toutes choses à sa gloire.” [79] 

Et surtout, le Seigneur exige, d’elle et de tous ses consacrés, une parfaite obéissance.

    3-3-5-Conseils reçus de Jésus

Comme Marguerite-Marie s’étonnait de recevoir tant de consolations, Jésus lui dit que c’était pour la fortifier parce qu’elle avait encore beaucoup à souffrir:

– “Bois et mange, me dit-il, à la table de mes délices pour te rafraîchir, afin que tu chemines courageusement à la force de ce pain;  car tu as encore un long, pénible et rigoureux chemin à faire, et dans lequel tu auras souvent besoin de prendre haleine et repos dans mon Sacré-Cœur qui pour cela te sera toujours ouvert tandis que tu marcheras dans ses voies...

Lorsque je te ferai connaître que la divine justice est irritée contre les pécheurs... tu m’offriras à mon Père éternel, comme je te l’enseignerai, pour apaiser sa juste colère et fléchir sa miséricorde à leur pardonner... et tu ne feras point de résistance aux dispositions que je ferai de toi par l’obéissance, car je veux que tu me serves d’instrument pour attirer les cœurs à mon amour... Ne t’oublies jamais de ton néant et que tu es la victime de mon Cœur, qui doit toujours être disposée d’être immolée par la charité... L’ouvrage n’appartient pas à l’outil dont le maître s’est servi pour le faire.” [80] 

“Le divin Amour ne nous prêche que l’amour, ne nous veut remplir que d’amour, afin que par lui-même nous lui puissions rendre tout l’amour qu’il attend de nous: amour fort qui ne se laisse point abattre; amour pur qui aime sans mélange et sans intérêt; amour crucifié qui n’a de joie qu’en la souffrance pour se conformer à son Bien-Aimé; amour de préférence, d’oubli et d’abandon de soi-même pour laisser agir le Bien-aimé, pour lui laisser couper, brûler et anéantir en nous tout ce qui lui déplaît, le suivant à l’aveugle, sans nous amuser à regarder ni réfléchir sur nous-mêmes, pour voir ce que nous faisons... Cheminez à l’aveugle, oubliez-vous vous-même, et le laissez faire, car Il vous aime; mais pour vouloir trop faire, vous l’empêchez d’avancer l’œuvre de votre perfection... Agir, souffrir par amour et se taire, c’est le vrai secret des amants du Bien-Aimé, dans le Cœur sacré duquel je suis tout à vous.” [81] 

“Entrez dans le Cœur de Jésus... Si nous sommes lâches, froids, impurs et imparfaits, n’est-il pas une fournaise ardente où il nous faut perfectionner et purifier comme l’or dans le creuset, pour lui être comme une hostie vivante toute immolée et sacrifiée à ses adorables desseins. Quittez-vous vous-même, et vous trouverez tout. Oubliez-vous et Il pensera en vous. Abîmez-vous dans votre néant, et vous le posséderez... Le Sacré-Cœur veut vous apprendre à vivre sans appui, sans ami, sans plaisir. Et à mesure que vous vous occuperez de ses paroles, il vous en donnera l’intelligence.” [82] 

    3-3-6-Conseils donnés probablement au Père La Colombière

“Les trésors de bénédictions et de grâces que le Sacré-Cœur renferme sont infinis; je ne sache pas qu’il y ait nul exercice de dévotion dans la vie spirituelle qui soit plus propre pour élever en peu de temps une âme à la plus haute perfection, et pour lui faire goûter les véritables douceurs qu’on trouve au service de Jésus-Christ... Ah! qu’il est doux de mourir après avoir eu une tendre et constante dévotion au Sacré-Cœur de Jésus-Christ!

Mon divin Maître m’a fait connaître que ceux qui travaillent au salut des âmes travailleront avec succès et sauront l’art de toucher les cœurs les plus endurcis, s’ils ont une tendre dévotion à son Sacré-Cœur, et s’ils travaillent à l’inspirer et à l’établir partout.”

3-4-Les promesses du Sacré-Cœur

Marguerite-Marie écrit à la Mère de Saumaise qu’il lui semblait que Jésus lui avait promis “que tous ceux qui seraient dévoués à son Sacré-Cœur ne périraient jamais, et que, comme il est la source de toutes bénédictions, il les répandrait avec abondance dans tous les lieux où serait posée l’image de cet aimable Cœur, pour y être aimé et honoré... Il me semble que vous feriez une chose bien agréable à Dieu de vous consacrer et sacrifier à ce Sacré-Cœur, si vous ne l’avez déjà fait...” [83] 

À la Mère Greyfié, elle dit la même chose mais précise davantage: ”Le Sacré-Cœur m’a confirmé que le plaisir qu’il prend d’être aimé, connu et honoré des créatures est si grand que, si je ne me trompe, il m’a promis que tous ceux qui lui seront dévoués et consacrés ne périront jamais; et que, comme il est la source de toutes bénédictions, il les répandra avec abondance dans tous les lieux où sera exposée et honorée l’image de son divin Cœur; qu’il réunira les familles divisées, et protégera et assistera celles qui seraient en quelque nécessité et qui s’adresseront à lui avec confiance; qu’il répandra la suave onction de son ardente charité sur toutes les communautés qui l’honoreront et se mettront sous sa spéciale protection; qu’il en détournera tous les coups de la divine justice pour les remettre en grâce lorqu’elles en seront déchues. Il m’a donné à connaître que son Sacré-Cœur est le Saint des saints, le Saint d’amour; qu’il voulait qu’il fût connu à présent pour être le médiateur entre Dieu et les hommes, car il est tout puissant pour faire leur paix, en détournant les châtiments que nos péchés ont attirés sur nous, nous obtenant miséricorde.” [84] 

3-5-Les relations que nous devons avoir avec le Sacré-Cœur

“Dieu est si bon qu’il nous laisse approprier le trésor des vrais pauvres qui est le Sacré-Cœur de Jésus, dont la céleste abondance peut contenter sans défaut notre nécessiteuse indigence.”

Le Sacré-Cœur, c’est“notre vraie société et notre délicieuse retraite... C’est le Cœur adorable où nous vivrons à l’abri de tous les orages, et où nous nous verrons et apprendrons à nous connaître... [85] Ah! qu’il fait bon l’aimer seul pour l’amour de lui-même!... Sans cet amour la vie n’est qu’une dure mort. Jésus-Christ est le vrai ami de nos cœurs, qui ne sont faits que pour lui seul; aussi ne peuvent-ils trouver de repos, de joie ni de plénitude qu’en lui...[86] Le Seigneur ne se venge de mes perfidies que par des excès d’amour.”

3-6-La sainteté de Dieu et sa justice

    3-6-1-La sainteté de justice

Rien ne me fait plus souffrir que sa sainteté de justice. C’est un tourment intérieur qui n’a point de remède que des croix, des douleurs, des peines, des humiliations de toutes sortes, sous lesquelles je succomberais mille fois si sa miséricordieuse bonté ne me soutenait extraordinairement.”

    3-6-2-La sainteté

Pour arriver à la perfection que Dieu désire “il faut faire à son Sacré-Cœur un entier sacrifice de vous-même et de tout ce qui dépend de vous, sans réserve, pour ne plus rien vouloir que par la volonté de cet aimable Cœur, ne rien affectionner que par ses affections, n’agissant que par ses lumières, n’entreprenant jamais rien sans lui demander son conseil et son secours, lui donnant la gloire de tout, et lui rendant même action de grâces dans les mauvais comme dans les bons succès de nos entreprises, demeurant toujours contentes sans nous troubler de rien: car pourvu que ce divin Cœur soit content, aimé et glorifié, cela doit nous suffire...” [87] 

À son frère, Curé du Bois Sainte-Marie, parlant du Sacré-Cœur: “Ah! si vous pouviez comprendre comme il fait bon l’aimer et être aimé de lui!” Plus tard elle lui parlera de la sainteté que Jésus veut de lui: “La perfection que Dieu demande de vous, c’est de  faire de vous un saint. Oui, il en veut faire un saint, si vous voulez correspondre à ses desseins, suivant les lumières qu’il vous en donne; et j’espère qu’il ne vous refusera pas les grâces nécessaires pour cela... Veillez donc soigneusement sur votre petit troupeau, et leur soyez un charitable père qui pourvoie à tous leurs besoins spirituels; et surtout, faites que votre vie leur soit un exemple de vertu et de bonne odeur, et le Seigneur vous comblera de ses saintes bénédictions....

Point de respect humain lorsqu’il s’agira de la gloire de Dieu. Soyez doux et patient envers tous, afin de donner la confiance à un chacun, et surtout aux pauvres, de s’adresser à vous dans leurs besoins.” [88] 

Toujours à son frère curé: “Il nous faut comme eux, (les saints) combattre contre nous-mêmes jusqu’à la fin, et mourir les armes en main, car la couronne n’est donnée qu’aux victorieux. Vous voyez bien, mon cher frère, que je n’entends pas par là à vous inviter à de grandes austérités, mais, oui, bien à une généreuse mortification de nos passions et inclinations; à détacher notre cœur et le vider de tout le terrestre et humain; être charitable envers tous les prochains, libéral envers les pauvres misérables; ne regarder que Dieu en tout ce que vous faites, et le chercher en simplicité, pureté et humilité de cœur, ne cherchant qu’à lui plaire, lui attribuant la gloire de tout, sans nous soucier d’acquérir aucune estime ni réputation parmi les créatures.” [89]   

    3-6-3-Mais la sainteté de la justice de Dieu a souvent de terribles rigueurs

Il est difficile à une créature d’exprimer les effets de la sainteté d’amour et de la justice de Dieu, et Marguerite-Marie le sait bien, elle qui avoue “n’avoir jamais rien senti de si douloureux que cette sainteté de justice... Ce que je trouve de plus rigoureux c’est la présence de mon Souverain... lorsqu’il me donne des impressions de sa pureté qu’il est impossible à l’âme se supporter, se voyant dans un état si abominable...  La sainteté d’amour donne à l’âme un désir si ardent d’être unie à Dieu, qu’elle n’a de repos ni jour, ni nuit, car le lit et la table lui semblent un gibet où elle ne va que pour se crucifier...

Alors l’âme n’a plus d’intérêts, ni de désirs et d’empressements que pour son unique Amour. Le reste lui semble superflu ou inutile.”  [90] 

Cependant, il ne faut pas oublier “qu’une âme juste peut obtenir le pardon pour mille criminelles” [91] 

3-7-Marguerite-Marie et la Sainte Vierge

Jésus enseigna trois dispositions à Marguerite-Marie, qu’elle devait apporter aux exercices les plus importants:

“Le premier est la Sainte Messe que je devais entendre dans la même disposition de la Sainte Vierge au pied de la Croix, la priant de nous obtenir la participation des mérites du sacrifice, de la mort et Passion de son divin Fils, en qualité de son esclave, lui demandant la même grâce aux stations que je ferais au pied de la Croix. Pour la sainte communion, il me faut demander les dispositions qu’elle avait au moment de l’Incarnation, tâchant d’y entrer le plus qu’il me sera possible par son intercession, disant avec elle: ‘Voici la Servante du Seigneur; me soit fait selon sa parole.’ Et pour l’oraison, offrir les dispositions que la Sainte Vierge avait lorsqu’elle fut présentée au Temple.” [92]


[1] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  77

[2] Expression encore utilisée à l’époque; on dirait aujourd’hui: consumé.

[3] Extrait du “Mémoire des contemporaines” N° 50 intégralement rapporté dans “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 1

[4] “Sainte Marguerite -Marie, la Messagère du Sacré-Coeur”  d’Yvan GOBRY - Éditions TÉQUI

[5] “Sainte Marguerite -Marie, la Messagère du Sacré-Coeur”  d’Yvan GOBRY  - Éditions TÉQUI - Chapître 2

[6] Mémoire des contemporaines N° 104

[7] “Sainte Marguerite -Marie, la Messagère du Sacré-Coeur”  d’Yvan GORY  - Éditions TÉQUI - Chapître 3

[8] Mémoire des contemporaines N° 106

[9] Mémoire des contemporaines N° 219

[10] Mémoire des contemporaines N°256

[11] Mémoire des contemporaines N°293

[12] “Autobiographie”  N° 81  intégralement rapportée dans “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 1

[13]   Mémoire des contemporaines N° 81

[14]   Mémoire des contemporaines N°159

[15] Mémoire des contemporaines N°308

[16] “Autobiographie”  N° 108

[17] “Mémoires des contemporaines”  N° 70

[18] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page 30

[19] “Autobiographie”  N° 86

[20] “Autobiographie”  N° 90

[21] “Mémoire des contemporaines N° 95

[22] “Sainte Marguerite -Marie, la Messagère du Sacré-Coeur”  d’Yvan GOBRY  - Éditions TÉQUI - Chapître 3

[23] Mémoire des contemporaines N°256

[24] “Autobiographie”  N° 55 et 56

[25] “Autobiographie”  N° 57

[26]  “Autobiographie”  N° 92

[27] “Autobiographie”  N° 101

[28]  “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  35

[29] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  37

[30] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  59

[31] “Mémoires des contemporaines”  N°  76

[32] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page 33

[33] “Autobiographie”  N° 98

[34] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page 34

[35] Mémoire des contemporaines N°228

[36] “Autobiographie”  N° 85

[37]  Mémoire des contemporaines” N°222

[38] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  36

[39] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  51

[40] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  56

[41] “Mémoires des contemporaines”  N° 88

[42] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 1 - page 445

[43] Mémoire des contemporaines N°238

[44] Mémoire des contemporaines N°242

[45] Mémoire des contemporaines N°255

[46] Lettre à la Mère Greyfié

[47] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page 21

[48] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  70

[49] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  88

[50] “Mémoires des contemporaines”  N° 68

[51] “Autobiographie”  N° 91

[52] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  91

[53] “Autobiographie”  N° 95

[54] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page 21

[55] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2  - page 15

[56] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2  - page 18

[57] “Vie et oeuvres de Sainte Marguerite-Marie” - Éditions Saint Paul -  Tome 2 - page  60

[58] Mémoire des contemporaines N°231

[59] Mémoire des contemporaines N°277

[60] Mémoire des contemporaines N°279

[61] Mémoire des contemporaines N° 105

[62] Mémoire des contemporaines N°280

[63] Mémoire des contemporaines N°281

[64] Extrait des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise  N° 22 Éditions Saint-Paul

[65] Extrait des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise  N° 56 Éditions Saint-Paul

[66] Elle sentit qu’on la réveillait

[67] Extraits des  Notes de retraites de Sainte Marguerite-Marie Tome 2   Éditions Saint-Paul

[68] Lettre à la Mère de Saumaise (Juillet 1688)

[69] Extrait des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise  N° 55

[70] Lettre à la Mère de Saumaise (Mars1687)

[71] Lettre à Sœur Marie-Madeleine des Escures (21 Juin 1686)

[72] Lettre à la Mère de Soudeilles (15 septembre 1686)

[73] Lettre à la Mère de Saumaise (Mai 1688)

[74] Lettre à la Mère de Saumaise (Juin 1688)

[75] Lettre à la Mère de Saumaise (28 août 1689)

[76] Lettre à la Mère de Saumaise (Juin 1689)

[77] Extrait des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise  N° 19

[78] Extraits de “Fragments”Publiés dans Vie et Œuvres de Sainte Marguerite-Marie Tome 2   Éditions Saint-Paul

[79] Extraits de “Fragments”Publiés dans Vie et Œuvres de Sainte Marguerite-Marie Tome 2   Éditions Saint-Paul

[80] Extraits des Notes de retraite de 1678

[81] Lettre à  Sœur Félice-Madeleine de la Barge (Juin 1688)

[82] Lettre à Sœur Félice-Madeleine de la Barge (12 août 1688)

[83] Lettre à la Mère de Saumaise (24 août 1685)

[84] Lettre à la Mère Greyfié (1685)

[85] Lettre à la Sœur de Soudeilles (1679 ?)

[86] Lettre à la Mère de Saumaise (1682)

[87] Lettre à la Mère de  Soudeilles (1684)

[88] Lettre à son frère, curé du Bois-Sainte-Marie (14 avril 1687)

[89] Lettre à son frère, curé du Bois-Sainte-Marie (1688)

[90] Extrait des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise  N° 26

[91] Extrait des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise  N° 23

[92] Extrait des écrits de Sainte Marguerite-Marie, par ordre de la Mère de Saumaise  N° 46.

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