Saint Louis-Marie
Grignion de Montfort
(1673-1716)

(suite)

Je vous salue donc, ô Marie immaculée,
tabernacle vivant de la divinité,
où la Sagesse éternelle cachée
veut être adorée des anges et des hommes.

 3-4-Le Secret de Marie

Le Secret de Marie[1] s’adresse aux âmes prédestinées, dit le Père de Montfort.

“C’est le secret que le Très-Haut m’a appris. Vous vous en servirez pour devenir sainte et céleste, car ce secret ne devient grand qu’à mesure qu’une âme en fait usage.” (1)

La volonté de Dieu, c’est que nous devenions saints comme Lui. Louis-Marie Grignion de Montfort écrit: “L’acquisition de cette sainteté est votre vocation assurée; et c’est là que toutes vos pensées, paroles et actions, vos souffrances et tous les mouvements de votre vie doivent tendre, ou vous résistez à Dieu en ne faisant pas ce pour quoi Il vous a créés et vous conserve maintenant... Mais c’est un ouvrage difficile en lui-même et impossible à la seule nature; il n’y a que Dieu qui, par une grâce, et une grâce abondante et extraordinaire, puisse en venir à bout...” (3)

    3-4-1-Que faire pour trouver la grâce de Dieu?[2] 

“Pour trouver la grâce de Dieu, il faut trouver Marie, parce que:

        – C’est Marie seule qui a trouvé grâce devant Dieu, et pour soi et pour chaque homme en particulier... (7)

        – C’est elle qui a donné l’être et la vie à l’Auteur de toute grâce et, à cause de cela, elle est appelée la Mère de la grâce... (8)

        – Dieu le Père... en lui donnant son Fils lui a donné toutes ses grâces... (9)

        – Dieu l’a choisie pour être la trésorière, l’économe et la dispensatrice de toutes ses grâces... Elle donne à qui elle veut, comme elle veut, quand elle veut et autant qu’elle veut, les grâces du Père éternel, les vertus de Jésus-Christ et les dons du Saint-Esprit. (10)

        – Dans l’ordre de la grâce, il faut qu’un vrai enfant de l’Église ait Dieu pour père et Marie pour mère... (11)

        – Quiconque donc veut être membre de Jésus-Christ, plein de grâce et de vérité, doit être formé en Marie par le moyen de la grâce de Jésus-Christ, qui réside en elle en plénitude, pour être communiquée en plénitude aux vrais membres de Jésus-Christ et à ses vrais enfants. (12)

        – Le Saint-Esprit ayant épousé Marie... continue à produire tous les jours en elle et par elle, d’une manière mystérieuse et véritable, les prédestinés. (13)

        – Marie a reçu de Dieu une domination particulière sur les âmes pour les nourrir et faire croître en Dieu. (14)

        – Quiconque a la Sainte Vierge demeurant chez soi, la laisse y jeter les racines d’une profonde humilité, d’une ardente charité et de toutes les vertus. (15)

Marie est le grand moule de Dieu, fait par le Saint-Esprit, pour former au naturel un Homme Dieu par l’union hypostatique, et pour former un homme Dieu par la grâce... Quiconque y est jeté et se laisse manier aussi, y reçoit tous les traits de Jésus-Christ, vrai Dieu, d’une manière douce et proportionnée à la faiblesse humaine, sans beaucoup d’agonie et de travaux. (17)

Marie est le Paradis de Dieu et son monde ineffable où le Fils de Dieu est entré pour y opérer des merveilles... (19) Heureuse et mille fois heureuse est l’âme ici-bas, à qui le Saint-Esprit révèle le secret de Marie pour le connaître; et à qui il ouvre ce jardin clos pour y entrer, cette fontaine scellée pour y puiser et boire à longs traits les eaux vives de la grâce. Cette âme ne trouvera que Dieu seul, sans créature, dans cette aimable créature; mais Dieu en même temps infiniment saint et relevé, infiniment condescendant et proportionné à sa faiblesse... Partout ailleurs, il est le Pain des forts et des anges; mais, en Marie, il est le Pain des enfants.“(20)

    3-4-2-Des mises en garde très importantes

“Qu’on ne s’imagine donc pas, avec quelques faux illuminés, que Marie, étant créature, elle soit un empêchement à l’union au Créateur; ce n’est plus Marie qui vit, c’est Jésus-Christ seul, c’est Dieu seul qui vit en elle... Marie n’est faite que pour Dieu, et tant s’en faut qu’elle arrête une âme à elle-même; au contraire, elle la jette en Dieu et l’unit à lui avec d’autant plus de perfection que l’âme s’unit davantage à elle.

Marie est l’écho admirable de Dieu qui ne répond que: DIEU! lorsqu’on lui crie: MARIE! (21)

Marie étant mère des vivants, donne à tous ses enfants des morceaux de l’Arbre de vie qui est la Croix de Jésus. (22)

Aller à Jésus par Marie, c’est véritablement honorer Jésus-Christ, parce que c’est marquer que nous ne sommes pas dignes d’approcher de sa sainteté infinie directement par nous-mêmes à cause de nos péchés, et que nous avons besoin de Marie, sa Sainte Mère, pour être notre avocate et notre médiatrice auprès de lui qui est notre médiateur... En un mot, c’est pratiquer l’humilité qui ravit toujours le Cœur de Dieu.(36)

3-5-L’œuvre majeure de saint Louis-Marie Grignion de Montfort:  Le Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge

L’essentiel de la doctrine de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort sur ce qui concerne la dévotion à la très sainte Vierge, et des bienfaits qu’elle procure, est résumé dans les œuvres dont nous avons parlé ci-dessus, notamment le Secret admirable du très saint Rosaire et le Secret de Marie. Nous nous attarderons maintenant sur l’œuvre fondamentale du Père de Montfort, son Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge.[3]  

Le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge est le recueil des enseignements donnés par le Père de Montfort durant ses missions. Afin qu’il échappât aux troubles de la Révolution française, le manuscrit fut caché dans un coffre lui-même enterré dans un champ voisin de la chapelle Saint Michel, à Saint-Laurent-sur-Sèvre. Il y fut oublié jusqu’en 1842... Sa première édition date de 1843, 127 ans après la mort de son auteur.

    3-5-1-Nécessité de la dévotion à Marie, particulièrement dans les derniers temps.

Avec le Saint-Esprit, Marie a produit la plus grande chose qui se puisse imaginer, Jésus, l’Homme-Dieu. À la fin des temps, c’est elle qui formera les grands saints “car il n’y a que cette Vierge singulière... qui puisse produire, en union avec le Saint-Esprit, les choses singulières et extraordinaires.” (35)

Les textes qui suivent ont déjà été rapportés plus haut; il était impossible de ne pas les rappeler ici. (Paragraphe 2-2)

“Vers la fin du monde, les plus grands saints, les âmes les plus riches en grâce et en vertus, seront les plus assidus à prier la Très Sainte Vierge et à l’avoir toujours présente comme leur parfait modèle à imiter, et leur aide puissante pour les secourir. (46)

J’ai dit que cela arriverait particulièrement à la fin du monde, et bientôt, parce que le Très-Haut avec sa Sainte Mère doivent se former de grands saints qui surpasseront autant en sainteté la plupart des autres saints, que les cèdres du Liban surpassent les arbrisseaux... (47) Ces âmes pleines de grâce et de zèle seront choisies pour s’opposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la Sainte Vierge, éclairées par sa lumière, nourries de son lait, et conduites par son esprit... (48)

“C’est par Marie que le salut du monde a commencé, et c’est par Marie qu’il doit être consommé... (49) Dieu veut donc révéler et découvrir Marie, le chef-d’œuvre de ses mains, dans ces derniers temps.”

En voici plusieurs raisons[4]: Marie est très humble, “elle est l’aurore qui précède et découvre le Soleil de justice qui est Jésus-christ... Étant la voie par laquelle Jésus-Christ est venu à nous la première fois, elle le sera encore lorsqu’il viendra la seconde... Celui qui trouvera Marie trouvera la vie, c’est-à-dire Jésus-Christ qui est la voie, la vérité, la vie...”

En conséquence[5], “Marie doit éclater plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce dans ces derniers temps... Marie doit être terrible au démon et à ses suppôts, comme une armée rangée en bataille...“ Principalement dans les derniers temps, Satan “suscitera bientôt de cruelles persécutions, et mettra de terribles embûches aux serviteurs fidèles et aux vrais enfants de Marie... (50) C’est principalement de ces dernières et cruelles persécutions, qui augmenteront jusqu’au règne de l’Antéchrist, qu’on doit entendre cette prédiction de Dieu portée à propos du serpent: “Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, et ta race et la sienne; elle-même t’écrasera la tête, et tu mettras des embûches à son talon.”(51) Toutefois, c’est “l’humilité de Marie qui humilie Satan plus que le pouvoir divin... (52) Ce que Lucifer a perdu par orgueil, Marie l’a gagné par humilité... (53)

Mais le pouvoir de Marie sur tous les diables éclatera particulièrement dans les derniers temps, où Satan mettra des embûches à son talon, c’est-à-dire à ses humbles esclaves et à ses pauvres enfants qu’elle suscitera pour lui faire la guerre.. Ils seront petits et pauvres selon le monde, et abaissés devant tous comme le talon, foulés et persécutés comme le talon l’est à l’égard des autres membres du corps; mais en échange, ils seront riches en grâces de Dieu que Marie leur distribuera abondamment... (54) Ils connaîtront les grandeurs de cette souveraine, et ils se consacreront entièrement à son service, comme ses sujets et ses esclaves d’amour...

Ils connaîtront les miséricordes dont elle est pleine, et les besoins où ils sont de son secours, et ils auront recours à elle en toutes choses comme à leur chère avocate et médiatrice auprès de Jésus-Christ. Ils sauront qu’elle est le moyen le plus assuré, le plus aisé, le plus court et le plus parfait pour aller à Jésus-Christ.”(55)

    3-5-2-Qui seront ces serviteurs, esclaves et enfants de Marie?

“Ce seront des apôtres véritables des derniers temps... Ils dormiront sans or ni argent et qui plus est, sans soin, au milieu des autres prêtres et ecclésiastiques et clercs... (58) 

Ce seront de vrais disciples de Jésus-Christ, qui, marchant sur les traces de sa pauvreté, humilité, mépris du monde et charité, enseigneront la voie étroite de Dieu dans la pure vérité, selon le Saint Évangile...

Ils porteront sur leurs épaules l’étendard ensanglanté de la Croix, le Crucifix dans la main droite, le chapelet dans la gauche, les sacrés noms de Jésus et de Marie sur leur cœur, et la modestie et mortification de Jésus-Christ dans toute leur conduite.” (59)

    3-5-3-Et pratiquement:

“Jésus-Christ notre Sauveur, vrai Dieu et vrai homme, doit être la fin dernière de toutes nos dévotions, autrement elles seraient fausses et trompeuses. Jésus-Christ est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de toutes choses... (60) Il n’a point été donné d’autre nom sous le ciel, que le nom de Jésus, par lequel nous devions être sauvés... (61)

Si donc nous établissons la solide dévotion à la Très Sainte Vierge, ce n’est que pour établir plus parfaitement celle de Jésus-Christ, ce n’est que pour donner un moyen aisé et assuré pour trouver Jésus-Christ. Si la dévotion à la Sainte Vierge éloignait de Jésus-Christ, il faudrait la rejeter comme une illusion du diable, mais tant s’en faut... (62) 

Louis-Marie[6] se tourne alors vers Jésus car il sait qu’il y a une liaison entre Jésus et Marie: “Vous êtes, Seigneur, toujours avec Marie, et Marie est toujours avec Vous et ne peut être sans Vous: autrement elle cesserait d’être ce qu’elle est. Elle est tellement transformée en Vous par la grâce qu’elle ne vit plus; c’est vous seul, mon Jésus, qui vivez et régnez en elle, plus parfaitement qu’en tous les anges et les bienheureux... (63)

Le Saint-Esprit nous compare:

– 1° à des arbres plantés le long des eaux de la grâce, dans le champ de l’Église, qui doivent donner leurs fruits en leur temps.

– 2° aux branches d’une vigne dont Jésus-Christ est le cep, qui doivent rapporter de bons raisins.

– 3° à un troupeau dont Jésus-Christ est le pasteur, qui doit multiplier et donner du lait.

– 4° à une bonne terre dont Dieu est le laboureur, et dans laquelle la semence se multiplie et rapporte au trentuple, soixantuple ou centuple... Tout cela nous prouve que Jésus-Christ veut recevoir quelques fruits de nos chétives personnes, savoir: nos bonnes œuvres. Jésus-Christ est l’unique principe, et doit être l’unique fin de toutes nos bonnes œuvres, et que nous le devons servir, non seulement comme des serviteurs à gages, mais comme des esclaves d’amour.” (69)

    3-5-4-Qu’est-ce que l’esclavage d’amour?

“C’est l’esclavage de volonté, le plus parfait et le plus glorieux à Dieu, qui regarde le cœur, et qui demande le cœur, et qui s’appelle le Dieu du cœur.” (70)

“Le Baptême nous a rendus esclaves de Jésus-Christ... (73) Ce que je dis absolument de Jésus-Christ, je le dis relativement de la Sainte Vierge... Tout ce qui convient à Dieu par nature, convient à Marie par grâce... ils ont tous deux les mêmes sujets, serviteurs et esclaves... (74) On peut donc se dire et se faire l’esclave amoureux de la Très Sainte Vierge, afin d’être par là plus parfaitement esclave de Jésus-Christ.”  Car “la plus forte inclination de Marie, est de nous unir à Jésus-Christ, son Fils.” (75)

“Nous avons besoin d’un médiateur auprès du Médiateur même, et Marie est celle qui est la plus capable de remplir cet office charitable... Marie, notre Mère, est bonne, elle est tendre; il n’y a rien en elle d’austère ni rebutant, rien de trop sublime et de trop brillant; en la voyant, nous voyons notre pure nature... Elle est si charitable qu’elle ne rebute personne de ceux qui demandent son intercession... Il n’a jamais été ouï dire, depuis que le monde est monde, qu’aucun ait eu recours à la Vierge Marie avec confiance et persévérance, et en ait été rebuté... (85) Tout ceci est tiré de Saint Bernard et de Saint Bonaventure.” (86)

    3-5-5-Principales pratiques[7] de dévotion à Marie.

Les principales dévotions sont intérieures. Il faut:

        1-L’honorer comme la digne Mère de Dieu, du culte d’hyperdulie, c’est-à-dire l’estimer et honorer par-dessus tous les autres saints, comme le chef-d’œuvre de la grâce et la première après Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.

        2-Méditer ses vertus.

        3-Contempler ses grandeurs.

        4-Lui faire des actes d’amour, de louange et de reconnaissance.

        5-L’invoquer cordialement.

        6-S’offrir et s’unir à elle.

        7-Faire ses actions en vue de lui plaire.

        8-Commencer, continuer et finir toutes ses actions par elle, en elle, avec elle et pour elle. (115)

La plus parfaite pratique de dévotion à la Sainte Vierge est la consécration à Jésus-Christ car toute notre perfection consiste à être conformes, unis et consacrés à Jésus-Christ. “Or, Marie étant la plus conforme à Jésus-Christ de toutes les créatures, il s’ensuit que de toutes les dévotions, celle qui consacre et conforme le plus une âme à Notre-Seigneur est la dévotion à la Très Sainte Vierge, sa Sainte Mère, et que plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle le sera à Jésus-Christ... (120)

Par cette dévotion on donne à Jésus-Christ, de la manière la plus parfaite, puisque c’est par les mains de Marie, tout ce qu’on peut lui donner, et beaucoup plus que par les autres dévotions... Ici, tout est donné et consacré, jusqu’au droit de disposer de ses biens intérieurs... (123) Il s’ensuit qu’une personne qui s’est ainsi volontairement consacrée et sacrifiée à Jésus-christ par Marie ne peut plus disposer de la valeur d’aucune de ses bonnes actions.” (124) En fait, “on se consacre tout ensemble à la Très Sainte Vierge et à Jésus-Christ...” (125)

Cette dévotion pourrait être appelée une parfaite rénovation des vœux du Baptême. “Dans cette dévotion, c’est par soi-même, c’est volontairement, c’est avec connaissance de cause, que l’on se donne à Jésus-Christ.” (126)

    3-5-6-Les qualités de la vraie dévotion[8] 

        1-La vraie dévotion est intérieure... Elle part de l’esprit et du cœur... (105)

        2-Elle est tendre, pleine de confiance en la Très Sainte Vierge, comme d’un enfant dans sa bonne mère. (107)

        3-La vraie dévotion est sainte; elle porte une âme à éviter le péché et à imiter les vertus de la Très Sainte Vierge, particulièrement son humilié profonde, sa foi vive, son obéissance aveugle, son oraison continuelle, sa mortification universelle, sa pureté divine, sa charité ardente, sa patience héroïque, sa douceur angélique et sa sagesse divine. (108)

        4-Elle est constante

        5-Elle est désintéressée, c’est-à-dire qu’elle inspire à une âme de ne se point rechercher, mais Dieu seul dans sa Sainte Mère. (110)

    3-5-7-La dévotion à la Sainte Vierge nous livre entièrement au service de Dieu.

Elle nous fait imiter l’exemple donné par Jésus sur la terre, et pratiquer l’humilité... “C’est à l’humilité qu’engage cette pratique de dévotion puisqu’elle apprend à n’approcher jamais par soi-même de Notre Seigneur,... mais à se servir toujours de l’intercession de Marie.” (143) Il en résulte que la valeur de toutes nos bonnes œuvres est employée à la plus grande gloire de Dieu. (151)

Enfin, “cette dévotion est un chemin aisé, court, parfait et assuré pour arriver à l’union avec Notre Seigneur, où consiste la perfection du chrétien.” (152)

“Là où est Marie, là l’esprit malin n’est pas; et une des plus infaillibles marques qu’on est conduit par le bon Esprit, c’est quand on est bien dévôt à Marie... (166)

La dévotion à Marie est un chemin frayé par Jésus-Christ, la Sagesse incarnée... C’est un chemin aisé, à cause de la plénitude de la grâce et de l’onction du Saint-Esprit... C’est un chemin court qui, en peu de temps, nous mène à Jésus-christ. C’est un chemin parfait, où il n’y a aucune boue, aucune poussière, ni la moindre ordure du péché. C’est enfin un chemin assuré qui nous conduit à Jésus-Christ et à la vie éternelle d’une manière droite et assurée, sans détourner ni à droite ni à gauche. (168)

Cette pratique de dévotion donne une grande liberté intérieure qui est la liberté des enfants de Dieu... Par cette dévotion on se rend esclave de Jésus-Christ, en se consacrant tout à Lui... (169) et on procure de grands biens au prochain puisqu’on lui donne, par les mains de Marie, tout ce qu’on a de plus cher, qui est la valeur satisfactoire et impétratoire de toutes nos bonnes œuvres... (171) C’est à la fidélité de Marie que l’on se fie, c’est sur sa puissance que l’on s’appuie, c’est sur sa miséricorde et sa charité que l’on se fonde...” (173)

Car Marie[9] “est la vierge fidèle qui, par sa fidélité à Dieu, répare les pertes qu’a faites Ève l’infidèle, par son infidélité, et qui obtient la fidélité à Dieu et la persévérance à ceux et celles qui s’attachent à elle.” (175)

Il faut verser dans le sein et le cœur de Marie toutes ses grâces et toutes ses vertus: “C’est un vaisseau d’esprit, c’est un vaisseau d’honneur, c’est un vaisseau insigne de dévotion.” (178)

Marie ne se laisse jamais vaincre en amour et en libéralité. (181) ”Elle aime tendrement ceux qui l’aiment... et son amour est pour eux actif et effectif... (202) Elle donne de bons conseils... (204) Elle nous revêt avec des habits propres, neufs, précieux et parfumés, c’est-à-dire de Jésus-Christ... (206) Elle nous fait obtenir la bénédiction du Père céleste... (207) Elle donne à manger le pain de vie qu’elle a formé, c’est-à-dire Jésus... (208)

La Sainte Vierge conduit et dirige ses fidèles serviteurs selon la volonté de son fils... (209) Elle les protège et les défend contre leurs ennemis... Elle les cache sous les ailes de sa protection, comme une poule ses poussins... (210) Enfin, Marie prie pour ses fidèles dévôts, elle intercède pour eux auprès de son Fils et l’apaise par ses prières, et elle les unit à lui d’un lien très intime et les y conserve.” (211)

    3-5-8-Les effets merveilleux que cette dévotion[10] produit dans les âmes fidèles sont:

– La connaissance de soi, ce qui est souvent très inconfortable.

– La foi. Marie partage sa foi qui, sur la terre, a été plus grande que celle des patriarches, des prophètes ou des apôtres. C’est une foi pure, vive, animée par la charité; une foi ferme, inébranlable comme un rocher; une foi agissante, courageuse, “une foi qui sera votre flambeau enflammé, votre vie divine, votre trésor caché de la divine Sagesse.” (214)

– La grâce du pur amour, grâce qui fait aimer Dieu comme un bon Père.

– La Sainte Vierge “vous remplira aussi d’une grande confiance en  Dieu et en elle-même.” (216)

Enfin, les âmes sont rapidement transformées en Marie, à l’image de Jésus-Christ. En effet, ”si Marie, qui est l’Arbre de vie, est bien cultivée en votre âme par la fidélité aux pratiques de cette dévotion, elle portera son fruit en son temps; et son fruit, n’est autre que Jésus-Christ.” (218) Les âmes qui embrassent ce secret de grâce sont comme des fondeurs et mouleurs qui, ayant trouvé le beau moule de Marie, où Jésus-Christ a été naturellement et divinement formé... se jettent et se perdent en Marie pour devenir le portrait naturel de Jésus-Christ... (220) Mais souvenez-vous qu’on ne jette en moule que ce qui est fondu et liquide: il faut donc détruire et fondre en nous le vieil Adam, pour devenir le nouveau en Marie. (221)

Et tout cela se fait pour la plus grande gloire de Dieu... (222) car l’âme ”ne mettant son appui et sa complaisance que dans les dispositions de Marie pour approcher de Jésus-Christ, et même pour Lui parler, elle pratique beaucoup plus l’humilité que les âmes qui agissent par elles-mêmes.” (223)

“Si vous dites Marie, Marie dit Dieu.” (225)

    3-5-9-Petite pratique

Les fidèles  qui se sont consacrés à Marie peuvent, tous les mois et tous les jours, renouveler tout ce qu’ils ont fait, par ce peu de paroles:  TUUS totus ego sum, et omnia mea tua sunt. Je suis tout à vous, tout ce que j’ai vous appartient, ô mon aimable Jésus, par Marie, votre sainte Mère...” (233) Cette manière de parler montre l’union intime qu’il y a entre Jésus et Marie. Ils sont unis si intimement que l’un est tout dans l’autre: Jésus est tout en Marie, et Marie toute en Jésus; ou plutôt, elle n’est plus, mais Jésus tout seul en elle. (247)

    3-5-10-Les meilleures prières pour prier et louer Marie

L’Ave Maria est la plus belle de toutes les prières après le Pater”. C’est le plus parfait compliment que l’on puisse faire à Marie, et, de plus, il met le diable en fuite. (252 et 253)

Le magnificat” est la seule prière et le seul ouvrage que la Sainte Vierge ait composés, ou plutôt que Jésus a faits en elle, car il parlait par sa bouche.” (255)

Il faut faire toutes ses actions: “Par Marie, avec Marie, en Marie, et pour Marie.”

Louis-Marie Grignion de Montfort sait que la dévotion[11] à Marie sera souvent attaquée ou mal comprise au cours des siècles qui viendront. Aussi affirme-t-il ce qui sera une véritable prédiction:

“Je prévois bien des bêtes frémissantes, qui viennent en furie pour déchirer avec leurs dents diaboliques ce petit écrit et celui dont le Saint-Esprit s’est servi pour l’écrire, ou du moins pour l’envelopper dans les ténèbres et le silence d’un coffre, afin qu’il ne paraisse point; ils attaqueront même et persécuteront ceux et celles qui le liront et le mettront en pratique.” (114)

Curieuse prédiction quand on sait que ce manuscrit fut caché dans un coffre pendant la Révolution Française, et qu’il ne fut retrouvé qu’en 1842, et publié pour la première fois qu’en 1843, soit 127 ans après la mort de son auteur!

Le Père de Montfort a beaucoup lutté pour développer la dévotion à la Sainte Vierge, car il savait que Marie nous conduit toujours à Jésus, et que Marie n’a qu’un seul désir, nous faire aimer Jésus. La Prière embrasée du Père de Montfort en est un témoignage.  

    3-5-11-La prière embrasée [12] (67)

“Vous êtes, ô Christ, mon Père Saint, mon Père plein de miséricorde, mon Roi infiniment grand. Vous êtes mon pasteur charitable, mon unique maître, mon aide plein de bonté, mon bien-aimé d’une beauté ravissante, mon pain de vie, mon prêtre éternel. Vous êtes mon guide vers la patrie, ma vraie lumière, ma douceur toute sainte, ma voie sans détour. Vous êtes ma sagesse brillante par son éclat, ma simplicité sans tache, ma paix et ma douceur. Vous êtes enfin toute ma sauvegarde, mon héritage précieux, mon salut éternel.

Ô Jésus-Christ, aimable Maître, pourquoi, dans toute ma vie, ai-je aimé, ai-je désiré autre chose que Vous, Jésus, mon Dieu? Où étais-je quand je ne pensais pas à Vous? Ah! du moins, à partir de ce moment, que mon cœur n’ait de désirs et d’ardeurs que pour le Seigneur Jésus; qu’il se dilate pour n’aimer que Lui seul. Désirs de mon âme, courez désormais, c’est assez de retard; hâtez-vous d’atteindre le but auquel vous aspirez, cherchez en vérité celui que vous cherchez. Ô Jésus, anathème à qui ne vous aime pas! Que celui qui ne vous aime pas soit rempli d’amertume! Ô doux Jésus, soyez l’amour, les délices et l’adoration de tout cœur dignement consacré à votre gloire.

Dieu de mon cœur et mon partage, divin Jésus, que mon cœur tombe dans une sainte défaillance; soyez Vous-même ma vie; que dans mon âme s’allume un charbon brûlant de votre amour et qu’il y soit le principe d’un incendie tout divin; qu’il brûle sans cesse sur l’autel de mon cœur, qu’il embrase le plus intime de mon être, qu’il consume le fond de mon âme; qu’enfin, au jour de ma mort, je paraisse devant vous tout consumé dans votre Amour. Amen!

3-6-Réflexions à partir du Secret de Marie et du Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge

    3-6-1-La dévotion à Marie est nécessaire

“C’est par la Très Sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu dans le monde, et c’est aussi par elle qu’il dit régner dans le monde.(1) Marie a été très cachée dans sa vie: c’est pourquoi elle est appelée par le Saint-Esprit et l’Église: Alma Mater, Mère cachée et secrète. (2)

Marie est l’excellent chef-d’œuvre du Très-Haut dont il s’est réservé la connaissance et la possession... Marie est la fontaine scellée et l’Épouse fidèle du Saint-Esprit où il n’y a que Lui qui entre. Marie est le sanctuaire et le repos de la Sainte Trinité...(4) C’est la magnificence du Très-Haut, où il a caché, comme en son sein, son fils unique... (6) Les neuf chœurs des anges, les hommes, sont obligés de l’appeler bienheureuse, bon gré, mal gré, par la force de la vérité...  (8) Toute la terre est pleine de sa gloire...(9) et on n’a point encore assez loué, exalté, honoré, aimé et servi Marie. Elle mérite encore plus de louanges, de respects, d’amour et de services...” (10)

Pourtant, remarque Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, on est obligé de constater que “Marie a été inconnue jusques ici, et c’est une des raisons pourquoi Jésus-Christ n’est point connu comme il doit l’être.”(13)

    3-6-2-Pourtant Marie n’est qu’une créature

Souvent le Père de Montfort insiste sur le fait que Marie n’est, elle aussi, qu’une créature sortie des mains du Très-Haut. Comparée à Dieu, elle est moins qu’un atome. Mais c’est par elle que Dieu veut accomplir son Œuvre. En particulier:

“Le Fils de Dieu s’est fait homme pour notre salut, mais en Marie et par Marie. Dieu le Saint-Esprit a formé Jésus-Christ en Marie, mais après lui avoir demandé son consentement. (16) Et, admirable Sagesse de Dieu, “Jésus-Christ a plus donné de gloire à Dieu son Père par la soumission qu’il a eue à sa Mère pendant trente années, qu’il ne lui en eût donné en convertissant toute la terre par l’opération des plus grandes merveilles... (18) Jésus a voulu commencer ses miracles par Marie. Il a sanctifié Jean dans le sein de sa mère, sainte Élisabeth, par la parole de Marie... Il changea, aux noces de Cana, l’eau en vin, à son humble prière.  (19)

Dieu le Père a fait “un assemblage de toutes ses grâces qu’il a appelé Marie... Ce trésor immense n’est autre que Marie, que les saints appellent le trésor du Seigneur. (23)

Dieu le Fils a fait de sa Mère “la trésorière de tout ce que son Père lui a donné en héritage... C’est son canal mystérieux, c’est son aqueduc par où il fait passer doucement et abondamment ses miséricordes. (24)

Dieu le Saint-Esprit “a communiqué à Marie, sa fidèle Épouse, ses dons ineffables, et il l’a choisie pour être la dispensatrice de tout ce qu’il possède. Telle est la volonté de Dieu qui a voulu que nous ayons tout par Marie.” (25)

Les prières de Marie sont très puissantes auprès de Dieu, “et sa Majesté ne résiste jamais à la prière de sa Mère, parce qu’elle est toujours humble et conforme à sa volonté... (27) Pour récompense de son humilité profonde, Dieu lui a donné le pouvoir et la commission de remplir de saints les trônes vides dont les anges apostats sont tombés par orgueil...” (28)

“Dieu le Saint-Esprit veut se former en Marie, et par elle se donner des élus. Il lui dit[13]: “Jetez, ma Bien-Aimée et mon Épouse, les racines de toutes vos vertus dans mes élus, afin qu’ils croissent de vertu en vertu et de grâce en grâce... Reproduisez-vous dans mes élus: que je vois en eux avec complaisance les racines de votre foi invincible, de votre humilité profonde, de votre mortification universelle, de votre oraison sublime, de votre charité ardente, de votre espérance ferme et de toutes vos vertus...  (34)

    3-6-3-Le résultat de tout ceci?

“Quand Marie a jeté ses racines dans une âme, elle y produit des merveilles de grâce qu’elle seule peut produire parce qu’elle est seule la Vierge féconde qui n’a jamais eu ni n’aura jamais sa semblable en pureté et en fécondité. (35)

“Quand le Saint-Esprit, son Époux, a trouvé Marie dans une âme, il y vole, il y entre pleinement, il se communique à cette âme abondamment et autant qu’elle donne de place à l’Épouse[14]... (36)

Une vraie dévotion à Marie est donc indispensable. Mais, selon Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, en quoi consiste la vraie dévotion à Marie?

    3-6-4-En quoi consiste la vraie dévotion à Marie?

Conditions préalables

          – Tout d’abord, s’acquitter de ses devoirs de chrétien en évitant le péché mortel, en agissant plus par amour que par crainte et priant de temps en temps la Sainte Vierge et l’honorant comme la Mère de Dieu, sans aucune dévotion spéciale envers elle.

          – Avoir pour la Sainte Vierge des sentiments plus parfaits d’estime, d’amour, de confiance et de vénération. [15] (25 et 26)

    3-6-5-Et maintenant, la pratique parfaite

Ces deux dévotions, excluant le péché, sont bonnes mais insuffisantes pour unir les âmes à Jésus-Christ. Voici en quoi consiste la pratique parfaite de la dévotion à Marie. Attention! Il faut savoir que Louis-Marie Grignion de Montfort s’adresse à une âme prédestinée.

“Elle consiste à se donner tout entier, en qualité d’esclave, à Marie et à Jésus par elle; ensuite, à faire toute chose avec Marie, en Marie, par Marie et pour Marie... (28) Il faut remarquer ici qu’on fait sacrifice, par cette dévotion, à Jésus et à Marie, de tout ce qu’une âme a de plus cher et dont aucune religion (congrégation religieuse) n’exige le sacrifice, qui est du droit qu’on a de disposer de soi-même et de la valeur de ses prières et de ses aumônes... (29)  Après l’oblation qu’on en a faite, on n’est plus maître de tout le bien qu’on fait. (30) On met bien ses mérites entre les mains de la Sainte Vierge. (31)

L’esclavage dont il s’agit ici[16], “c’est l’esclavage d’amour et de volonté; et c’est celui par lequel nous devons nous consacrer à Dieu par Marie, de la manière la plus parfaite dont une créature se puisse servir pour se donner à son Créateur. (32) Heureuse, mille fois heureuse est l’âme libérale qui se consacre à Jésus par Marie, en qualité d’esclave d’amour, après avoir secoué par le Baptême l’esclavage tyrannique du démon.” (34)

Cette pratique[17] est excellente parce que: ”se donner ainsi à Jésus par les mains de Marie c’est imiter Dieu le Père qui ne nous a donné son Fils que par Marie... C’est imiter Dieu le Fils qui n’est venu à nous que par Marie... C’est imiter le Saint-Esprit qui ne nous communique ses grâces et ses dons que par Marie.  (35)

    3-6-6-Pourquoi et comment cette dévotion?

En nous consacrant ainsi à Jésus par Marie[18] nous mettons entre les mains de Marie toutes nos bonnes actions. C’est peu de chose, “mais mettons-le dans les mains de Marie par cette dévotion... et ainsi, comme ses domestiques et ses esclaves, après nous être dépouillés de tout pour l’honorer, nous aurons doubles vêtements. (38) Cette dévotion rend vraiment libre de la liberté des enfants de Dieu.” (41)

Le Père de Montfort a dit que cette dévotion consistait “à faire toutes choses avec Marie, en Marie, par Marie et pour Marie.” (43) Ainsi:

          – Il faut faire toutes ses actions avec Marie... c’est-à-dire la prendre pour le modèle accompli de ce que l’on doit faire. (45)

          – Il faut faire toute chose en Marie, c’est-à-dire qu’il faut s’accoutumer peu à peu à se recueillir au-dedans de soi-même pour y former une petite idée ou image spirituelle de la très Sainte Vierge. Elle sera, à l’âme, l’Oratoire pour y faire toutes ses prières à Dieu, sans crainte d’être rebuté. (47)

          – Il faut n’aller à Notre Seigneur que par son intercession. (48)

          – Il faut faire toutes ses actions pour Marie... et répéter souvent du fond du cœur: ô ma chère Maîtresse, c’est pour vous que je vais ici ou là, que je fais ceci ou cela, que je souffre cette peine ou cette injure.” (49)

Cette dévotion est précieuse.[19] “Fidèlement pratiquée, elle produit une infinité d’effets dans l’âme... Elle établit ici-bas la vie de Marie dans une âme, en sorte que ce n’est plus l’âme qui vit, mais Marie en elle, ou l’âme de Marie devient son âme pour ainsi dire... (55) Comme Marie est partout Vierge féconde, elle porte dans tout l’intérieur où elle est la pureté du cœur et de corps, la pureté en ses intentions et ses desseins, la fécondité en bonnes œuvres... (56) 

Enfin, Marie devient toute chose à cette âme auprès de Jésus-Christ: elle éclaire son esprit par sa pure foi. Elle approfondit son cœur par son humilité, elle l’élargit et l’embrase par la charité, elle le purifie par sa pureté, elle l’anoblit et l’agrandit par sa maternité... Il n’y a que l’expérience qui apprend ces merveilles de Marie...” (57)

“Je vous salue Marie, Fille bien-aimée du Père Éternel; je vous salue Marie, Mère admirable du Fils; je vous salue, Marie, Épouse très fidèle du Saint-Esprit. Je vous salue, Marie, mon aimable Maîtresse et ma puissante Souveraine, je vous salue, ma joie, ma gloire, mon cœur et mon âme!” (68)

    3-6-7-Quelques précisions sur le Saint esclavage d’amour[20] 

“Le Saint esclavage d’amour, c’est un secret inconnu de presque tout le monde. Si vous avez trouvé le trésor caché dans le champ de Marie, la perle précieuse de l’Évangile, il faut tout vendre pour l’acquérir; il faut que vous fassiez un sacrifice de vous-même entre les mains de Marie, et vous perdre heureusement en elle pour y trouver Dieu seul.“ (70)

Cette dévotion, c’est le véritable Arbre de Vie que le Saint-Esprit plante dans nos âmes. “C’est le grain de sénevé dont il est parlé dans l’Évangile...” (70)

    3-6-8-Comment cultiver cet Arbre de Vie[21]?

“Cet Arbre étant planté dans un cœur bien fidèle, veut être en plein vent, sans aucun appui humain; cet Arbre étant divin, veut toujours être sans créature qui pourrait l’empêcher de s’élever vers son principe qui est Dieu. Ainsi, il ne faut point s’appuyer de son industrie humaine ou de ses talents purement naturels ou du crédit et de l’autorité des hommes: il faut avoir recours à Marie et s’appuyer sur son secours... (71)

... Il faut arroser continuellement cet Arbre divin, de ses communions, ses messes et autres prières publiques et particulières; sans quoi cet arbre cesserait de porter du fruit... (76) Il donnera son fruit d’honneur et de grâce en son temps, c’est-à-dire l’aimable et adorable Jésus qui a toujours été et qui sera l’unique fruit de Marie. (78)

Cette dévotion à la Sainte Vierge sera nécessairement attaquée et contredite; mais pourvu qu’on persévère à le cultiver, il n’y a rien à craindre.” (77)

“Jésus-Christ notre Sauveur, vrai Dieu et vrai homme,
doit être la fin dernière de toutes nos dévotions,
autrement elles seraient fausses et trompeuses.
Jésus-Christ est l’alpha et l’oméga,
le commencement et la fin de toutes choses...

“Écoutons les anges chanter... (1)
Jour et nuit, brûlant d’un saint feu
ils chantent les grandeurs de Dieu. 4)
En chantant ils brûlent d’Amour.
Chantons, brûlons à notre tour. (5) (Cantique
[22] N°1)

3-7-Les “petites” œuvres traitant de la dévotion à la Sainte Vierge Marie

    3-7-1-La Petite Couronne de la Sainte Vierge

Dans la Petite Couronne de la Sainte Vierge, le Père de Montfort nous fait prier Marie comme suit:

Je vous salue, Marie, ma chère Maîtresse, ma bonne Mère, la Reine de mon cœur, ma vie, ma douceur et mon espérance après Jésus, mon cœur et mon âme; je suis tout à vous, et tout ce que j’ai vous appartient... Ô Vierge fidèle! mettez-vous comme un cachet amoureux sur mon cœur, afin que par vous et en vous, je sois trouvé fidèle à mon Dieu.

    3-7-2-Aux Habitants de Montbernage, une paroisse de Poitiers où il prêcha une mission, le Père de Montfort conseille:

Souvenez-vous, mes chers enfants, ma joie, ma gloire et ma couronne, d’aimer ardemment Jésus-Christ, de l’aimer par Marie, de faire éclater partout et devant tous votre dévotion à la très Sainte vierge, notre bonne Mère, afin d’être partout la bonne odeur de Jésus-Christ... (2)

4
Les cantiques

4-1-Le Cœur de Jésus et Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

On le sait moins, mais le Père de Montfort fut un grand amoureux du Cœur de Jésus. Voici, entre autres, un conseil que le Père de Montfort donne à ses prêtres Missionnaires de la Compagnie de Marie:

“Qu’ils ne limitent pas la grâce de Dieu ni leur zèle dans les seules campagnes... Qu’ils aillent indifféremment faire la mission, dans les villes comme dans les campagnes, selon la volonté de Dieu marquée par leurs supérieurs, ils participent cependant aux plus tendres inclinations du Cœur de Jésus leur modèle... ce qui les fait ordinairement préférer la campagne à la ville, et les pauvres aux riches.” (Ce conseil est inséré dans les Règles des Prêtres Missionnaires de la Compagnie de Marie.)

Pour le Père de Montfort l’Amour de Jésus, son Cœur et sa Croix sont inséparables. Voici un autre conseil donné, cette fois, à des laïcs, associés de la Compagnie de Marie: “Ne craignez point les railleurs. Écoutez Jésus-Christ qui vous dit: “C’est moi, ne craignez point. C’est moi qui vous ai choisis. C’est moi qui suis votre Bon Pasteur... Je vous connais comme mes brebis... Ne vous étonnez point si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier... Jésus veut que vous espériez de lui de grandes choses, et que cette espérance vous comble de joie.”

Pourtant, curieusement, le Père de Montfort n’a pas laissé de Traité sur le Cœur de Jésus. C’est dans ses cantiques que l’on trouve l’essentiel de sa doctrine. Cela peut se comprendre aisément: en effet, le Père de Montfort s’était rapidement rendu compte que la doctrine chrétienne se retenait beaucoup plus facilement en la chantant sur des airs simples qu’en lisant des livres savants, trop coûteux et difficiles à lire pour le peuple peu scolarisé de son époque. Prédicateur au cœur de feu, il avait compris l’importance irremplaçable du chant pour préparer, prolonger et mémoriser l’enseignement dispensé pendant les missions et il composait lui-même les cantiques dont il avait besoin. C’est la raison pour laquelle de très nombreux thèmes sont abordés dans ses cantiques dont l’ensemble représente un véritable traité de la doctrine chrétienne.

4-2-L’Amour de Dieu dans les cantiques du Père de Montfort[23]

    Cantique n°5

Aimez ce Dieu qui veut qu’on l’aime,
C’est son plus grand commandement,
Aimez ou soyez anathème
Et maudits éternellement. (strophe 14)

Aimez Dieu, il est véritable,
Aimez-le donc à votre tour;
Il est tout bon et tout aimable,
Donnez-lui donc tout votre amour. (strophe 15)

    Cantique 7

Jésus est votre ami fidèle,
Votre Sauveur, votre Époux.
C’est moi, dit-il, je vous appelle,
Ne craignez rien, confiez-vous. (strophe 8)

    Cantique 21

Chantons tous et brûlons des flammes
du zèle du salut des âmes
C’est l’effet de l’amour de Dieu,
qui ne saurait souffrir qu’on offense notre Dieu,
notre souverain, ni qu’on attaque le prochain. (strophe 1)

Les anges font autant de fêtes
que le zèle fait de conquêtes.
Mais quelle joie au doux Sauveur!
Il voit par là son sang qui fructifie,
Il retrouve un enfant perdu,
le prix de son sang répandu. (strophe 4)

Imitons cet exemple rare:
ce très bon Maître se compare à la poule
avec ses poussins qui jour et nuit
les cache sous ses ailes,
les appelle tout doucement,
les nourrit très soigneusement,
sans écarter les plus rebelles. (strophe 19)

    Prière du soir - Cantique 53

Bénissons à jamais le Seigneur dans ses bienfaits.
Ô que c’est un bon Père!
Qu’Il a grand soin de nous! Il nous conserve tous,
Il nous supporte tous, Il nous enseigne tous,
Il nous pardonne à tous, malgré notre misère.

4-3-Le Cœur de Jésus-Le Sacré-Cœur

    4-3-1-Le Cœur de Jésus: ce qu’il est

    Cantique 40

Anges, dîtes-moi, je vous prie,
quel est ce beau brasier de feu?
C’est le Cœur du Fils de Marie
et du Fils unique de Dieu. (str 4)

Ce Cœur, dès que l’homme l’aborde,
élève Dieu son Créateur,
Exalte sa Miséricorde
et lui rend un parfait honneur. (strophe 7)

Chose étonnante, il s’humilie
devant son Père, à tout moment.
Il loue, il adore, il supplie,
il parle pour nous puissamment. (strophe 8)

Ô merveille tout ineffable!
Cœur plein de la divinité!
Cœur infiniment adorable,
dans la Très Sainte Trinité! (strophe 9)

Oh! que de flammes vers son Père
ce Cœur jette en haut nuit et jour!
Oh! qu’il aime l’homme son frère
d’un pur et ardent amour! (str 10)

Ô grand Cœur! Ô fournaise ardente!
Ô brasier tout miraculeux
Qui jette une flamme abondante
pour brûler la terre et les cieux! (strophe 11)

Depuis qu’il est Cœur, il nous aime
sans cesser d’aimer un moment.
Il nous aime autant que lui-même,
avec excès, infiniment. (str 12)

Il est le Cœur des cœurs sublimes,
le Cœurs des vrais prédestinés.  (strophe 13)

Dans ce Cœur, les plus saintes âmes,
les plus grands amis du Sauveur
Ont puisé leurs plus pures flammes,
leur plus ineffable ferveur. (strophe 14)

Voici le trésor véritable
de la grâce de Jésus-Christ,
Voici la fontaine admirable
de tous les dons du Saint-Esprit. (strophe 15)

C’est ici la source de vie
en qui tous les saint ont puisé,
C’est ici le bel incendie
dont le cœur était embrasé. (strophe 16)

    Cantique 40

Le Cœur de Jésus, c’est aussi
“la plus sainte retraite
où l’on évite tout péché (strophe 18),
c’est la ville du refuge,
la vraie arche du déluge... (strophe 19)

Dans ce Cœur, l’âme est embaumée
de l’odeur des plus doux parfums,
C’est en lui qu’elle est enflammée
des feux qui ne sont pas communs. (strophe 23)

Ce Cœur est notre arche vivante
qui renferme toute la loi,
Les secrets de l’âme innocente
et les mystères de la foi. (strophe 24)

C’est en ce Cœur que notre Maître
forma tous ses secrets d’amour,
Avant de les faire connaître,
avant de les produire au jour. (strophe 25)

Ce Cœur est le trou de la pierre
où l’on trouve une douce paix,
C’est le paradis sur la terre
où logent les hommes parfaits. (strophe 29)

C’est par ce Cœur qu’ils se disposent
à ses plus sublimes vertus. (strophe 30)

Ô grand Cœur, ô profond abîme
de la profonde humilité!
Ô grand Cœur, ô trône sublime
de la parfaite charité. (strophe 31)

    4-3-2-Les excès amoureux du Cœur de Jésus

    Cantique 41

Pénétrons jusqu’au fond du Temple,
entrons dans ce Cœur merveilleux... (strophe 1)

Voyons dans le Cœur de Marie,
ce petit Cœur qui n’est que feu... (str 2)

Mon cœur est prêt, mon Dieu,
mon Père, à faire votre volonté.
Ici, dans le sein de ma Mère
je m’y soumets en vérité. (strophe 3)

Je vous adore et je vous aime,
me voilà, disposez de moi,
Je place au milieu de moi-même,
et votre Croix et votre loi. (str 4)

Vous me faites voir à cette heure
qu’il faut que j’embrasse la Croix,
Et qu’il faut même que j’y meure.
Je le veux, mon Dieu, c’est mon choix. (strophe 5)

Jésus dit, s’adressant à sa Mère:
“ma Mère, vous m’êtes très chère,
je vous comble de mes faveurs,
Afin que vous soyez la mère
et le refuge des pécheurs. (strophe 7)

Car le Cœur de Jésus “est doux et traitable!
Il converse avec les enfants;
Qu’il est affable et charitable,
que ses attraits sont triomphants! (strophe 14)

Ce Cœur court où l’amour l’entraîne...(strophe 16)

Le voyez-vous qui s’humilie
aux pieds du malheureux Judas,
Son Cœur lui dit, son Cœur lui crie:
“Mon ami, ne te damne pas.” (strophe 21)

L’amour qui lui ravit la vie
le fait survivre après sa mort,
Il se met dans l’Eucharistie.
Ô Cœur, que votre amour est fort! (strophe 23)

On le cloue, on le crucifie,
son Cœur est toujours aussi doux! (strophe 28)

Ce Cœur dit plus haut que sa bouche:
”Ô mon Père, pardonnez-leur,
Par là, comme leur mal me touche,
vous diminuerez ma douleur. “(strophe 32)

Enfin la fournaise est ouverte,
Enfin, ce grand Cœur est ouvert. (strophe 35)

    4-3-3-L’Amoureuse dévotion au Cœur de Jésus

    Cantique 42

Pour M’aimer d’un amour immense,
entre en mon Cœur qui t’aime tant. (strophe 4)

J’ouvre ainsi sur la fin du monde,
aux pécheurs mon Cœur plein d’ardeur,
Mais tant s’en faut qu’on y réponde,
on n’a pour lui que des froideurs. (strophe 15)

On foule aux pieds toutes mes peines,
mon sang, mon Cœur, ma charité,
Et, malgré le sang de mes veines,
on m’accable d’iniquités.  (strophe 16)

C’est mon Cœur seul qui fortifie,
Il est puissant en ses attraits;
C’est mon Cœur seul qui pacifie,
il est le centre de la paix. (strophe 19)

Veux-tu la divine Sagesse
qui fait un sage selon Dieu?
Veux-tu cette divine ivresse?
Mon Cœur est son trône de feu. (strophe 25)

Veux-tu brûler bien à ton aise?
Jette-toi vite dans mon Cœur,
C’est un, feu, c’est une fournaise,
ou plutôt, c’est l’Amour vainqueur. (strophe 26)

Si tu désires aimer Marie
et d’un amour comme infini,
Aime par mon Cœur, je te prie,
Car mon Cœur au sien est uni. (strophe 27)

Nos cœurs n’étaient qu’une victime
lorsqu’ils vivaient en ces bas-lieux,
Tous deux par un lien  intime,
ne font qu’un même amour aux cieux. (strophe 28)

    Cantique 44

Aimons ce Cœur, puisqu’il nous aime,
l’amour se paie par l’amour,
Mais aimons d’un amour extrême
et purement et nuit et jour. (strophe 2)

Adorons donc, il le mérite,
puisqu’il est le grand Cœur de Dieu. (strophe 3)

Et par amour, et par justice,
il faut nous consacrer à Lui. (str 4)

Rendons-lui très souvent visite...
ce bon Cœur nous en sollicite. (strophe 7)

Tandis que mille âmes charnelles
ne cherchent que leur propre bien,
Cherchons Jésus, âme fidèle,
pour son honneur n’épargnons rien. (strophe 19)

    Cantique 135

Qu’il est doux de chanter nuit et jour,
le cantique du bel amour!
Ô mon Jésus, mon amour, je vous aime,
je ne veux rien aimer que vous.

L’on ne connaît point quel bonheur
c’est de vous aimer mon Sauveur.
J’aime Jésus, chrétiens dites de même,
goûtez combien l’amour est doux. (strophe 1)

Ô Dieu d’amour, feu consumant,
soyez notre doux conquérant.
Embrasez-nous de vos divines flammes,
que nos cœurs soient votre séjour.
Pardon divine charité,
de vous avoir tant résisté. (strophr 5)

    4-3-4-L’amoureux de Jésus

    Cantique 54

Jésus est mon amour,
Jésus est ma richesse,
Et la nuit et le jour
je répète sans cesse: l’Amour.
Jésus est mon amour,
et la nuit et le jour. (strophe 1)

Enfin chantez mon cœur,
jour et nuit ce cantique:
Jésus est mon vainqueur
et mon amour unique. (strophe 13)

    Cantique 55

Qu’est-ce que mon Jésus?
Nul ne le peut bien dire,
Tout esprit est vaincu,
l’Ange n’y peut suffire. Amour.

Jésus est mon amour
et la nuit et le jour. (strophe 1)

C’est mon bon médecin,
c’est mon chef adorable,
C’est mon Époux divin,
mon ami véritable. (strophe 24)

Ô mortels dites tous:
mon Jésus, je vous aime. (strophe 27)

Je n’aime que Jésus,
je n’aime que Marie,
Qu’on ne me parle plus
d’autre amour dans la vie. (strophe 28)

    Cantique 56

Tais-toi monde trompeur,
je foule aux pieds ta gloire,
Jésus ce grand vainqueur
chante sur moi victoire. (strophe 29

Il m’importe bien peu
que je vive ou je meure,
Pourvu que le saint feu
de l’amour me demeure. (strophe 34)

Âme, je suis à toi,
dit-il en son langage,
Mon épouse aime-Moi,
aime-Moi davantage. (strophe 37)

Je lui dis à mon tour:
mon Jésus, je suis vôtre,
Vous êtes mon amour,
et je n’en veux point d’autre. (strophe 38)

Vive en mon cœur Jésus,
vive en mon cœur, Marie,
Qu’on ne me parle plus
d’autre amour dans la vie... (strophe 40)

    4-3-5-Les outrages faits au Cœur de Jésus

    Cantique 43

Nos églises abandonnées,
notre Dieu sans adorateur,
Des jours, que dis-je? des années,
sans qu’on adore ses grandeurs. (strophe 14)

Souvent ce Maître et Roi de gloire
est délaissé sur nos autels,
Sans que personne en ait mémoire,
délaissé de tous les mortels. (strophe 16)

Il nous dit comme à ses apôtres:
on m’abandonne, mes amis,
Voulez-vous me quitter, vous autres,
et vous joindre à mes ennemis? (strophe 33)

Ah! Je souffrais ces injures
de mes ennemis déclarés,
Mais ceux que j’aime sans mesure
m’outrageront! Amis, pleurez. (strophe 34)

Ah! mon Cœur est à l’agonie,
on m’attaque dans ma maison,
On m’y trahit, on m’y renie,
on change mon sang en poison. (strophe 35)

Mon Cœur vous aime et vous désire,
c’est pour vous qu’il est transpercé,
Après votre cœur il soupire,
Eh! quoi! serai-je délaissé?  (strophe 38)

    4-3-6-Amende Honorable au Cœur de Jésus

    Cantique 47

“Ô Cœur de Dieu, Cœur adorable,
Cœur objet de tous les amours,
Ô Cœur infiniment aimable,
qui m’aimez et m’aimez toujours (strophe 1)

Quoique très pauvre et misérable,
et quoique le plus grand des pécheurs;
Je fais une amende honorable
à votre Cœur, à vos grandeurs. (strophe 2)

Pardon, divin Cœur, on oublie
votre Cœur au Saint-Sacrement,
Pardon pour ce chrétien impie
qui le profane incessamment. (strophe 6)

Cœur amoureux je vous embrasse,
je me donne à vous tout entier.
Il est juste que je le fasse,
vous m’avez aimé le premier. (strophe 18)

Que ne puis-je courir la terre
pour m’écrier en tous les lieux:
Pécheurs ne faites plus la guerre
au Cœur de Jésus amoureux! (strophe 20)

Par le Sacré-Cœur de Marie,
honneur au vôtre, mon Jésus!
Écoutez ce Cœur qui vous prie
et qui vous honore le plus. (strophe 27)

Enfin, ma demande est hardie,
chassez de moi mon cœur pécheur,
Et que je n’aie en cette vie,
point d’autre cœur que votre Cœur. (strophe 30)

    4-3-7-L’humilité et le repentir chez les pénitents comme Marie-Madeleine

    Cantique 94

Ce bon Pasteur m’a cherchée
parmi mes égarements.
Il m’a vue, Il m’a trouvée;
Il m’a doucement portée,
Il m’a saintement forcée.
Je veux l’aimer, il est temps. (strophe 5)

Marie est ma bonne Mère,
à qui j’ai toujours recours
Pour supporter ma misère,
pour apaiser Dieu mon Père.
C’est par elle que j’espère
de persévérer toujours. (strophe 9)

Où me trouver en plénitude,
Sinon au Très Saint Sacrement?
J’y suis caché en solitude,
C’est mon véritable élément.
(Cantique 5)

4-4-Le Saint-Sacrement

Où trouver Jésus? Dans l’Eucharistie

Jésus avait dit à ses apôtres: “Je ne vous laisserai pas orphelins.”  Aussi, nous a-t-il envoyé son Esprit-Saint. Mais, connaissant notre faiblesse, il nous aussi donné sa Présence réelle dans le pain et le vin consacrés de son Eucharistie. Tant que nous sommes sur la terre, nous trouvons Jésus dans son Saint-Sacrement.

    Cantique 24 

Vous trouvez-vous chagrin et rempli de faiblesse?
Pensez à Dieu, vous trouverez en Lui
La joie et l’allégresse, le soutien et l’appui. (strophe 6)

Cette sainte présence est le soleil de l’âme
Qui détruit ses péchés, qui fait fuir les voleurs,
Qui l’éclaire et l’enflamme des plus douces ferveurs. (strophe 7)

On pourrait regarder Jésus-Christ en personne
Et se l’imaginer présent sensiblement.
Cette présence est bonne quand on va simplement. (strophe 16)

On peut se voir en Dieu, la manière est sublime,
Plongé dans l’océan de toute sainteté,
Dans le profond abîme de son immensité. (strophe 20)

Dieu s’est choisi nos cœurs pour trône et pour domaine,
Il nous attire là pour goûter nuit et jour
Sa beauté souveraine et son divin amour. (strophe 24)

Seigneur gravez en moi votre divine face
Pour vous avoir présent partout et sans effort,
Sans que rien vous efface, non, pas même la mort. (strophe 37)

Mon âme entre en ton cœur, laisse la bagatelle;
Tous les biens du dehors te sont des biens d’autrui.
À ton cœur Dieu t’appelle, tout ton bien est chez lui. (strophe 38)

    Cantique 128

Je suis hors de moi-même
 voyant l’abaissement
Où la grandeur suprême
est au Saint-Sacrement.

J’y vois notre vrai Dieu,
j’y vois le Roi de gloire
Caché dedans l’obscurité,
sans éclat et sans majesté.
Oh! qui pourrait le croire? (strophe 1)

C’est là que nuit et jour
il est en sa présence...(du Père) (strophe 2)

Il s’y est fait hostie
pour calmer son courroux,
Sans cesse il le supplie
d’avoir pitié de nous. (strophe 3)

Il est en sa présence
en adoration,
Rempli de révérence
et d’amour pour son nom? (strophe 4)

Puisque Jésus s’abaisse
par un excès d’amour,
Sa charité nous presse
d’user d’un grand retour.

Visitons-le souvent dedans ce grand mystère:
Amen à tout ce qu’il y dit,
à ce qu’il y fait jour et nuit
Pour honorer le Père. (strophe 6)

    Cantique 129

Jésus possède en vérité,
dedans l’Eucharistie plénitude de charité,
Plénitude de vie. Il est le trésor
infini puisqu’il est la Sagesse,
Mais son éclat n’est pas terni
quoiqu’à nous il s’abaisse. (strophe 2)

Tous ses trésors sont en son Cœur,
c’est là leur tabernacle,
Pour les répandre avec douceur
si l’on n’y met obstacle;
Ce saint Cœur désire ardemment
de donner, de répandre,
Il nous appelle incessamment,
mais qui le veut entendre? (str 6)

    Cantique 130

C’est un Maître sans pareil,
il éclaire notre âme,
Et comme un divin soleil
il l’échauffe et l’enflamme.  (strophe 2)

L’amour de l’humilité
l’attire de la gloire,
Pour cacher sa majesté
dans un pauvre ciboire;
C’est là qu’il nous fait
à tous sa leçon ordinaire:
Apprenez que je suis humble
et doux, un agneau débonnaire. (strophe 4)

Ce mystère est tout d’amour
ou plutôt l’amour même,
Jésus s’y tient nuit et jour,
pour montrer qu’il nous aime. (strophe 7)

    Cantique 131

Ce Cœur est ouvert à toute heure
pour se faire notre demeure
Et notre refuge assuré.
Il est à tous un rempart imprenable
où l’ennemi n’entre jamais,
C’est le royaume de la paix,
où l’on devient insurmontable. (str 2)

Mon Saint Cœur devient toute chose
à toute âme qui s’y repose,
Il donne mais sans s’appauvrir,
il enrichit, il aide, il encourage,
Sans cesse il défend, il instruit,
il embrasse et conduit,
Il est à tous tout sans partage. (strophe 7)

Viens me voir, âme toute pure,
abandonne la créature,
Je t’attends au Saint Sacrement,
entre en mon Cœur,
Demeures-y cachée,
Ne crains rien, car c’est ta maison,
savoures-y combien je suis bon
À tout jamais ma bien-aimée (strophe 9)

    Cantique 132

Mon Cœur s’est épuisé pour vous,
afin que vous deveniez tous
les enfants de mon Père.
Il est ouvert pour vous loger,
Pour vous défendre et soulager.
C’est un très grand mystère.
Loué soit le Saint-Sacrement! (strophe 7)

    Cantique 134

Son Saint Cœur est un incendie,
un buisson ardent tout en feu
Qui ne trouve que dans son Dieu
l’Être, l’entretien et la vie.
Il brûle sans se consumer
Car il ne peut jamais assez aimer. (strophe 7)

    Cantique 158

Ô merveille d’obéissance!
À la voix d’un homme mortel,
Dieu descendu sur l’autel
sans résistance. (strophe 3)

On voit combien un Dieu nous aime,
combien il aime éperdument
En ce divin Sacrement,
c’est l’excès même.

En nous y donnant tout,
il nous tient ce langage:
prends, mange-moi,
Je suis à toi;
dans mes transports,
prends tous mes trésors. (strophe 5)

Je languis d’amour,
je soupire vers vous,
mon aimable Sauveur
Élancez-vous dans mon cœur,
ou bien j’expire.

Être un moment sans vous,
c’est un enfer très rude.
Ô puissant Roi,
régnez en moi.
Ô chaste Époux
je n’entends que vous.
Ô cher Époux,
hâtez-vous,
et soyez ma béatitude. (strophe 10)

4-5-Les cantiques aussi louent Marie et nous disent comment aimer Dieu par Marie  

    4-5-1-Comment aimer Dieu?

    Cantique 5

Le secret est d’aimer Marie,
Pour aimer Jésus nuit et jour,
Elle est la Mère et l’incendie
Du bel et parfait Amour. (strophe 38)

Voilà mon corps, voilà mon âme:
Tout à vous, ô Reine des cieux,
Allumez partout votre flamme,
Sacrifiez tout à vos feux. (strophe  41)

Divin Jésus, amour suprême,
C’est vous seul que j’aime ici-bas... (strophe  45)

    4-5-2-Le Cœur de Marie et le Cœur de Jésus sont si étroitement unis qu’ils ne font plus qu’un

    Cantique 40

En louant ce Cœur adorable,
Je loue avec proportion
Le Cœur de sa Mère admirable,
tant est grande leur union (strophe 33)

Ce n’est que vous seul que j’adore,
Cœur de mon Dieu, Cœur glorieux,
Mais en vous adorant, j’honore
Le Cœur de la Reine des Cieux. (strophe 34)

Chrétiens, par le Cœur de Marie
On aime le Cœur de Jésus,
Puisque Jésus a pris la vie
Dans son Cœur et dans ses vertus. (strophe 35)

Du sang de son Cœur tout de flamme
Le Cœur de Jésus est formé.
Ils n’ont qu’un cœur, ils n’ont qu’une âme,
L’un et l’autre doit être aimé. (strophe 36)

Âme perdez-vous sans partage
Dans ces deux Cœurs miraculeux... (strophe 37)

    4-5-3-Offrande de Jésus au Père par les mains de Marie

    Cantique 49

Mon Dieu, je viens m’offrir à vous
Par les mains de Marie,
Afin de m’immoler pour tous
En qualité d’hostie.

Voilà mon corps, voilà mon sang,
Voilà ma chère Mère:
Immolez tout dès maintenant,
Si vous voulez, mon Père.(strophe 3)

    4-5-4-Louis-Marie de Montfort chante aussi Marie

    Cantique 134

Jésus ne peut quitter Marie
tant l’amour qui les lie est fort. (strophe 1)

Banni du cœur de l’homme impie,
Jésus vient dans ce sacré-cœur
recevoir un parfait honneur. (strophe 3)

C’est alors que par sa prière
Elle obtient de notre Sauveur
Le pardon au pauvre pécheur.
Il est son Fils, elle est sa Mère.
Son saint Cœur et son chaste sein
Lui font tomber les armes de la main. (strophe 9)

C’est de vous, ô Vierge Marie
que nous vient ce corps et ce sang,
Qui nous met dans un si haut rang
que l’ange même nous envie.

Vous, soyez bénite en tous lieux
pour nous avoir fait ce don précieux. (strophe 11)

    Cantique 104

Si quelqu’un prétend du ciel
obtenir tout sans peine,
Qu’à Marie en premier lieu
il vienne pour trouver Dieu. (strophe 1)

Qui veut brûler de l’amour,
sans scrupule et sans gêne,
Qu’il vienne à Marie, en Dieu
toute pleine de ce feu. (strophe 9)

    Cantique 155

C’est par Marie que le ciel
veut nous charmer...
Qu’il est doux, qu’il est doux!
À son ombre cachons-nous. (str 1)

C’est sous ses ailes qu’à l’ombre
de sa bonté les pécheurs sont en sûreté.
Les plus rebelles deviennent les plus fidèles. (strophe 2)

Tout doit se rendre à ce refuge assuré
jusqu’au pécheur désespéré.
Rien de si tendre,
allons-y donc sans attendre. (strophe 11)

Pleine de grâces par l’ombre du Saint-Esprit,
Formez en mon cœur Jésus-Christ. (strophe 16)

    Cantique 63

Ô Vierge merveilleuse,
ô prodige étonnant,
Ô Vierge bienheureuse,
votre bonheur est grand;
Le nôtre l’est aussi,
vous nous donnez la vie.
Puisque vous brisez nos liens,
Vous nous comblez de mille biens,
Que vous soyez bénie. (strophe 2)

Que vous êtes charmante
dans votre pureté!
Que vous êtes puissante
dans votre humilité!

Vous avez ravi Dieu,
vous l’avez fait descendre;
Attiré par votre beauté,
il a pris notre humanité,
Il n’a pu s’en défendre. (strophe 5)

Par vous puissante Reine,
Dieu vient en ces bas lieux,
Et la nature humaine
s’élève jusqu’aux cieux.

Ô miracle étonnant!
Dieu devient notre frère,
vous formez votre Créateur,
Vous enfantez votre Sauveur,
et votre Propre Père. (strophe 6)

Ô les douces tendresse,
ô les tendres souris,
ô les saintes caresses
Que vous fait ce cher Fils!
Heureux est votre sein,
Vierge pure et fidèle,
d’avoir compris l’immensité,
D’avoir nourri, d’avoir porté
la Sagesse éternelle! (strophe 9)

    Cantique 75

Qu’on publie partout Marie
dans sa beauté et dans sa charité! (strophe 2)

Elle est née immaculée,
jamais péché n’a terni sa beauté. (strophe 19)

L’impossible devient possible,
tout est aisé quand Marie a parlé. (strophe 23)

Vierge mère je vous révère,
je vous bénis avec votre cher Fils.
Vite! vite! prenez mon cœur
et le donnez à Jésus mon Sauveur. (strophe 31)

    Cantique 77

Que mon âme chante et publie,
à la gloire de mon Sauveur
Les grandes bontés de Marie
envers son pauvre serviteur. (strophe 1)

Marie est ma grande richesse
et mon tout auprès de Jésus,
C’est mon honneur, c’est ma tendresse,
C’est le trésor de mes vertus. (strophe 4)

Elle est mon arche d’alliance
où je trouve la sainteté,
Elle est ma robe d’innocence
dont je couvre ma pauvreté. (strophe 5)

Elle est ma ville de refuge
où je ne suis point outragé,
C’est mon arche dans le déluge,
où je ne suis point submergé. (strophe 7)

Je fait tout en elle et par elle,
c’est un secret de sainteté
Pour être à Dieu toujours fidèle,
pour faire en tout sa volonté. (strophe 39)

    Cantique 81

Vous êtes seule Vierge et Mère,
Vos grandeurs sont de grands secrets
Que l’on ne comprendra jamais.

Vous êtes par un grand mystère,
La fleur de la virginité,
Le prodige de la maternité. (strophe 5)

Vous êtes mon unique Reine,
votre Fils mon unique Roi,
Que vous deux me fassiez la loi.

Lui, souverain, vous, souveraine.
Je ne crains point mes ennemis,
Ayant pour moi deux si puissants amis.  (strophe 8)

    Cantique 83 (d’après Saint Bernard)

Souvenez-vous, Vierge Marie,
que votre cœur est si bénin,
Que c’est une chose inouïe
qu’aucun vous ait prié en vain. (strophe 1)

Non, personne avec confiance
n’a demandé votre faveur
sans recevoir votre assistance,
sans éprouver votre douceur. (strophe 2)

Le cœur contrit, ô Vierge Mère,
j’ose invoquer votre saint nom,
Et malgré mes péchés,
j’espère avoir votre protection. (strophe 3)

Montrez quelle est votre clémence,
en m’obtenant de votre Fils
le repentir et l’indulgence
des grands péchés que j’ai commis. (strophe 4)

De grâce, soyez-moi propice,
que je ne sois point rebuté,
Car mes péchés et ma malice
sont moindres que votre bonté. (strophe 5)

    4-5-5-L’humilité et la douceur de Marie

    Cantique 8

En chantant je découvre une rare beauté
Qui se cache et se couvre: la sainte humilité.
Elle est petite et basse, à peine la voit-on,
Mais faisons voir sa grâce et sa perfection.  (strophe 1)

L’humble abaisse son âme, Dieu qui l’aime y descend.
S’il le prie et réclame, il l’exauce, il l’entend.
Son humble révérence lui plaît infiniment,
Et même son silence le ravit puissamment. (strophe 5)

Dieu ne voit en Marie que son humilité,
Comme elle le publie en toute vérité.
Il la prend pour sa Mère, rend son nom glorieux,
Et la fait la première de la terre et des cieux. (strophe 12)

Ce n’est que par l’échelle de vraie humilité
Qu’un cœur humble et fidèle atteint la sainteté,
Parvient à la victoire de toute iniquité,
Et monte dans la gloire à toute éternité. (strophe  24)

Seigneur je vous demande l’humilité de cœur,
Afin que je vous rende un plus parfait honneur;
Afin que, prenant place parmi les tous derniers,
Je devienne par grâce un jour, tout des premiers. (strophe  41)

    Cantique 9. 

Voyez la sœur aînée de toute humilité
Et sa compagne ornée de toute charité.
On la nomme douceur: c’est le sucre, c’est l’huile,
C’est le baume du cœur, sans froideur et sans bile. (strophe 1)

Un Dieu tout débonnaire et rempli de douceurs
Est venu pour la faire triompher en nos cœurs.
Il se nomme un agneau, ou bien la douceur même.
Qu’il est doux, qu’il est beau, qu’il mérite qu’on l’aime! (str 3)

Que sa conduite est douce envers tous les pécheurs!
Bien loin qu’il les repousse, il leur charme les cœurs.
Avec quelle douceur gagna-t-il Madeleine,
Et se fit-il vainqueur de la Samaritaine! (strophe 7)

A-t-on vu dans Marie quelque signe d’aigreur?
La Mère de la vie engendre la douceur.
Son air doux et joyeux chassait toute tristesse
Et remplissait les yeux et le cœur d’allégresse. (strophe 12)

Ô digne Mère de Jésus
Ô grande Reine des vertus
et leur parfait modèle!
Si je suis votre serviteur,
Que je sois votre imitateur!
ô Vierge très fidèle,
Que vos vertus viennent dans moi,
surtout la Sagesse et la Foi.
(Cantique 4)

4-6-Les vertus chères à saint Louis-Marie Grignion de Montfort dans les Cantiques et autres écrits

    4-6-1-La foi

    Cantique 6

La Sainte Vierge n’est louée,
Que pour sa foi dans le Seigneur.
C’est la foi qui l’a consacrée
La Mère de son Créateur. (strophe 22)

    4-6-2-L’Espérance

    Cantique 7

Marie est votre bonne mère
Et le refuge du pécheur.
Espérez tout de sa prière,
Attendez tout de sa faveur.  (strophe 9)

Imitez la vierge fidèle,
Occupez-vous à la servir,
Mettez votre espérance en elle,
Et vous ne pouvez pas périr.  (strophe 34)

    4-6-3-La pauvreté

    Cantique 108  Jésus dit:

Je trouve dans la pauvreté
Tant d’éclat et de majesté,
Que je l’ai épousée.
Les biens de ce monde trompeur
Ne me sont qu’un sujet d’horreur,
J’abhorre toutes ses grandeurs,
Ses faux trésors, ses vains honneurs
Et sa gloire enchantée. (strophe 6)

    Cantique 26

Il sait notre faiblesse, notre incapacité
Et notre petitesse et notre pauvreté;
Il ne veut pour ses dons rien d’extraordinaire,
Il veut que nous l’en bénissions
Et que nous les reconnaissions:
Ce que nous pouvons faire. (strophe 4

Plus une âme est choisie, plus elle a de retour,
On le voit en Marie toute pleine d’amour;
Elle était nuit et jour dans la reconnaissance,
Elle bénissait son Seigneur,
Elle en publiait la douceur
Et le pouvoir immense. (strophe 7)

On voit la gratitude
dans un humble de cœur,
Mais toute ingratitude
dans l’orgueil du pécheur (strophe 15)

    Cantiques 18 et 20

Dieu dit:

Ô chers pauvres de cœur j’entends vos justes plaintes,
Je sens votre douleur, j’ai les mêmes atteintes.
Patientez un peu, vous verrez ma colère,
Je suis grand, je suis Dieu, mais je suis votre Père. (strophe 7)

Vous êtes mes aînés, mes amis véritables,
Mes chers prédestinés, mes temples agréables.
Tout le mal qu’on vous fait, on le fait à moi-même.
Quand on vous satisfait, on témoigne qu’on m’aime. (strophe 8)

    Cantique 20

Voici la perle précieuse,
voici le trésor si caché
Et la vertu si généreuse
que j’ai si longtemps recherchés.

Mais il n’est pas facile à prendre.
Quiconque veut le posséder
doit, pour l’avoir,
Donner et vendre
tout ce qu’il a sans marchander. (strophe 1)

Un Dieu qui ne peut se défendre
des beautés de la pauvreté,
Et qui l’aime jusqu’à se rendre
très pauvre en notre humanité. (strophe 4)

Sa première béatitude,
le plus grand mot qui soit écrit
Qui demande une longue étude:
“Bienheureux les pauvres d’esprit!” (strophe 7)

Pour finir ce chapitre sur la pauvreté, voici quelques maximes:[24] 

“La pauvreté d’esprit est absolument nécessaire au salut soit dans l’abondance des richesses, soit dans la grande pauvreté. Mais dans l’une et l’autre extrémité, elle est si rare que presque tous les riches et les gueux se damnent. (4)

La pauvreté réelle et volontaire est la plus glorieuse à Dieu, la plus salutaire à l’âme, la plus utile au prochain, et la plus terrible au démon. (5)

La plus glorieuse à Dieu:

1-Il nous en a donné l’exemple.
2-C’est le trésor caché, c’est la perle précieuse de l’Évangile.
3-Selon le sentiment et l’exemple des plus grands saints. (6)

Sur elle et par elle, toutes les vertus sont fondées, engendrées et conférées facilement... Elle nous rend semblable à Jésus-Christ. (7)

    4-6-4-L’Abandon à la Providence

    Cantique 28

Il faut que la confiance que vous avez mise en Dieu
Soit jointe à la prudence selon le temps et le lieu.

Quoique Dieu fasse une affaire et que nous ne fassions rien,
Il faut pourtant la faire, et même y travailler bien. (strophe 21)

Soyez tranquilles et paisibles dans vos desseins renversés
Car le trouble est très nuisible, mais Dieu seul et c’est assez.
N’aimez que Dieu qui vous aime et qui ne vous quitte pas... (strophe 23)

Reconnaissez sa tendresse et son cœur compatissant. (strophe 24)

    4-6-5-L’humilité et la douceur[25] 

“L’humilité est une vertu qui réprime le désir déréglé que nous avons de l’honneur et qui nous fait désirer le mépris, parce que nous sommes un néant malicieux, qui avons tout reçu de Dieu, qui ne pouvons rien faire sans son secours et qui l’avons infiniment offensé.

La pratique consiste,  entre autres:

          – À fuir les nouveautés, les singularités, les schismes et les hérésies.

          – À fuir les honneurs, les dignités, les emplois honoraires, les louanges et les vains applaudissements...

          – À excuser les fautes du prochain.

          – À parler bas, à ne se point mettre en colère, comme si on nous faisait tort. (pages 1704 et 1705)

“Aimez la vie cachée, pauvre et anéantie, car c’est l’objet de mes délices.[26](60)

    4-6-6-Jésus notre modèle

Jésus a été le plus humble de tous les hommes

L’humilité et la douceur de Jésus [27] 

“Ne vous désespérez, ni ne vous troublez jamais, quand vous tomberez en quelque péché, mais humiliez-vous en Me demandant pardon.” [28]  

          – parce qu’il avait infiniment plus de grâces. Plus on a de biens spirituels, plus on est humble; plus on a de biens du monde, plus on est superbe.
          – parce qu’il avait plus de lumières. L’humilité est fille de la vérité: pour être humble, il faut parfaitement connaître Dieu et l’homme.

          L’humble a deux yeux: l’un pour contempler la majesté de Dieu. Le deuxième pour voir la bassesse de l’homme et son néant, et son péché.

Jésus est doux. Il le fut, pendant toute sa vie:[29] 

          – petit envers les enfants,
          – familier avec les pauvres,
          – charitable envers les apôtres,
          – miséricordieux envers les pécheurs,
          – patient envers ses ennemis.

Et Jésus est doux à présent plus que jamais...

Jésus s’est rendu si familier et si abordable que tout le monde peut le voir sans être ébloui...

Enfin, Jésus est encore à présent aussi miséricordieux que jamais...

Il n’est monté dans le ciel que pour nous en ouvrir la porte et nous attirer à lui.

“Il vous faut devenir comme un petit enfant, si vous voulez entrer dans le ciel, c’est-à-dire simple, obéissant, innocent et doux comme un petit enfant[30] .” (61)

    4-6-7-La chasteté

    Cantique 12

Marie a fait la première
le vœu de la chasteté,
Elle en est seule la mère,
le modèle et la beauté.
Ce n’est qu’en elle et par elle
qu’on devient vierge fidèle. (strophe 14)

L’ange ne l’eût point gagnée
pour être mère de Dieu,
S’il ne l’eût bien assurée
qu’elle garderait son vœu;
La Sainte Vierge on la nomme,
qui n’a jamais connu d’homme. (strophe 15)

Jésus vierge avec sa mère,
vierge Jean son favori,
Vierge Saint Joseph son père
et tout vrai vierge est à lui.

Oh! que je suis donc heureuse!
J’ai la perle précieuse. (strophe 16)

    4-6-8-Enfin, la charité

Extraits du livre des sermons [31] 

Sur la charité[32] (pages 1713 à1717) et ses qualités

“Rien n’est si facile, si utile ni en même temps si nécessaire (que la charité). Si facile: notre cœur est fait pour aimer; rien ne peut l’empêcher d’aimer.

La charité est active:

          – active comme un feu. C’est une semence qui germe, une racine qui pousse, une eau qui coule, un feu qui brûle.
          – forte comme la mort. On doit en aimant Dieu l’imiter en son amour qui ne se lasse point, qui ne se sépare jamais le premier, qui ne se rebute point de nos rébellions;

          – douce comme le miel.
          – attirante comme l’aimant.
          – durable comme l’éternité.
          – infinie comme Dieu.
          – pure comme l’or.

          – fidèle à la loi de Dieu, de tout notre cœur, c’est-à-dire courageusement malgré les obstacles; de toute notre pensée, c’est-à-dire souverainement et discrètement:  c’est l’amour appréciatif.
          – de toute notre âme, c’est-à-dire entièrement sans partage et intérieurement sans hypocrisie: c’est l’amour tendre.
          – courageusement pour tout faire, tout abandonner et tout souffrir pour Dieu: c’est l’amour fort.”

    4-6-9-La charité pour le prochain

    Cantique 14

Le Très-Haut veut absolument
Que l’homme aime l’homme son frère... (strophe 3)

Voici mon grand commandement,
Nous dit à tous Jésus-Christ même,
Que vous vous aimiez tendrement
Et de même que je vous aime.

Il est nouveau dans sa douceur,
Il est ancien dans sa grandeur. (strophe 10)

Mais comment nous a-t-il aimés?
Sans intérêt et sans mesure,
Jusqu’à mourir tout consumé
De la charité la plus pure.

Jésus est tout de feu pour nous,
Et nous tous de glace envers tous. (strophe 11)

Les saints étaient brûlants d’amour
Et de charité pour leurs frères,
Ils leur donnaient et nuit et jour
Quelques secours dans leurs misères.
L’exemple d’un Dieu mort pour nous
Les rendaient de cœur, tout à tous. (strophe 15)

L’amour est doux et patient
Et plein de support pour son frère.
Il est docile et complaisant,
Exempt de trouble et de colère.

Supportez-le dans ses défauts,
Dieu vous charge de ses fardeaux. (strophe 28)

     Et l’aumône

    Cantique 17

Quand je vois la Reine des cieux,
notre unique espérance,

Mettre au pauvre dans ces bas-lieux
toute sa confiance,
Nous donner tout par charité,
se faire notre mère,
Je dis: l’aumône en vérité,
est grande et nécessaire.
(strophe 10)


[1] Tous les numéros entre parenthèses renvoient aux paragraphes du livre Le Secret de Marie  

[2] Le Secret de Marie

[3] Les numéros entre parenthèses renvoient  au  Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge - Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, publiées par les Éditions du Seuil

[4] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[5]Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge  

[6] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[7] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[8] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[9] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[10] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[11] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[12] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge

[13] Les numéros entre parenthèses renvoient au Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge.

[14] Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge.

[15] Le Secret de Marie

[16] Le Secret de Marie

[17] Le Secret de Marie

[18] Le Secret de Marie

[19] Le Secret de Marie

[20] Le Secret de Marie

[21] Le Secret de Marie

[22] Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil. Les nombres entre parenthèses sont les numéros des strophes des cantiques auxquels ils renvoient.

[23]Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil. Les nombres entre parenthèses sont les numéros des strophes des cantiques auxquels ils renvoient.

[24] “Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil, pages 1695 à 1698 - Règles de la pauvreté volontaire de la Primitive Église - Les nombres entre parenthèses sont les numéros des paragraphes aux ils renvoient.

[25]“Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil, pages 1699 à 1705  -  Quatre abrégés de méditations sur la vie religieuse - 

[26] Maximes et leçons de la divine Sagesse

[27]“Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil,  pages 1707 à 1787 -  Le livre des sermons - 9ème sermon

[28] Maximes et leçons de la divine Sagesse  N° 78

[29]“Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil,  pages 1707 à 1787   Le livre des sermons 

[30] Maximes et leçons de la divine Sagesse

[31]“Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil,  pages 1707 à 1787 -  Le livre des sermons 

[32]“Œuvres complètes de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort”  publiées par les Éditions du Seuil,  pages 1707 à 1787 -  Le livre des sermons  - 8ème sermon.

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