Saint Edibe, ou
Herlabe, est le onzième évoque de Soissons. Il succéda à Onésime II,
et fut le prédécesseur immédiat de saint Prince ou Principe. On a
constaté par les monuments qu'Edibe occupait le siège de Soissons en
451. A cette époqae, il y avait déjà près de soixante-dix ans que
son église cathédrale, primitivement dédiée à la Sainte Vierge,
avait été reconstruite sur le même emplacement et mise sous le
patronage spécial de saint Gervais et de saint Protais.
Edibe montra
pendant son épiscopat une grande fermeté de caractère. H fit la
guerre aux vices avec tant de succès, qu'il vainquit l'opiniâtreté
des pécheurs les plus endurcis. Le Seigneur récompensa sa foi vive
et son zèle ardent par le don des miracles. II guérit beaucoup de
malades et chassa plusieurs fois les démons des corps des possédés.
Mais l'action qui le rendit à jamais célèbre et digne de la
reconnaissance des Soissonnais, fut la victoire que l'ascendant de
sa vertu et de son éloquence remporta sur le féroce Attila. Ce roi
des Huns, surnommé si justement le fléau de Dieu, s'était abattu
avec ses hordes barbares sur l'empire romain et voulait l'anéantir à
son profit. Sur son passage, il mettait tout à feu et à sang, et
rasait les villes après en avoir égorgé les habitants qui avaient
osé lui résister.
Metz venait de
succomber et d'être réduite en cendres Arras et Reims avaient été
prises d'assaut. Soissons était dans la consternation et s'attendait
aux derniers malheurs. Saint Edibe, confiant en la puissance du
Très-Haut, ne perdit pas l'espoir de sauver du pillage et de la mine
sa ville épiscopale. H prescrivit des jeûnes et des prières.
Prosterné lui-même au pied des autels et devant les ossements
vénérés des saints martyrs Crépin et Crépinien, il suppliait le Dieu
des miséricordes d'épargner à son peuple un châtiment peut-être bien
mérité, il est vrai, mais qui pouvait être détourné de-dessus sa
tête par le repentir et la pénitence. Lors donc qu'Edibe sentit en
lui-même que le Seigneur commençait à se laisser toucher par tant de
larmes, il se leva plein de confiance et d'une sainte hardiesse et
se dirigea avec tout son clergé vers le camp du barbare, à qui il
fit demander une audience. L'air farouche d'Attila ne déconcerta pas
le saint évoque. Soutenu par une force toute divine, il parla avec
tant d'éloquence, que le redoutable conquérant se laissa persuader
que son intérêt était de prendre une autre route. C'est ainsi que
Soissons fut sauvé par la piété et le courage de saint Edibe.
Huit ou dix ans
après cet événement, Edibe alla recevoir dans le ciel la récompense
de ses vertus et de ses travaux apostoliques. Ses reliques furent
déposées dans l'église de Saint-Crépin le Grand mais la ville de
Soissons n'a plus aujourd'hui le bonheur de les posséder.
SOURCE : Petits Bollandistes. |