Catholicisme
et philosophie maçonnique:
deux paradigmes inconciliables,
deux conceptions du monde incompatibles.
Le débat n'est
pas nouveau, puisque vingt et un ans seulement après la
création de la maçonnerie moderne, spéculative, le Pape
Clément XII la condamnait par “une constitution valable à
perpétuité”, condamnation
reprise
par de nombreux papes, jusqu'à Jean-Paul II (sur proposition
de Mgr Ratzinger en novembre 1983). Cependant il a toujours
été de bon ton parmi les fidèles et même les
ecclésiastiques, surtout en France, de faire preuve
d'indépendance vis-à-vis de recommandations pourtant
motivées du Magistère : le coq gaulois est toujours fier de
son indépendance et il ne chante pas seulement dans les
basses-cours, mais aussi dans les sacristies ! C'est ainsi
que l'on a vu le R. P Riquet et Allec Mellor faire
l'apologie de la maçonnerie dans les années soixante. Vingt
ans plus tard, c'était Mgr Thomas de Versailles qui
“flirtait” avec J. J Gabut, Grand Maître de la Grande Loge
de France. Et le 9 décembre 1999, on pouvait lire avec
effarement la notice “auto-nécrologique” de l'abbé
Jean-Claude Desbrosse dans le Figaro, avec tous ses titres
maçonniques. Il trouva malencontreusement un soutien
posthume de son ancien Évêque, Mgr Le Bourgeois, dans le
journal La Croix, contredit très rapidement par son
successeur Mgr Seguy du diocèse d'Autun. Depuis, d'autres
Évêques français, et non des moindres, ont soutenu le point
de vue romain : Mgr Bonfils dans les Nouvelles Religieuses
(n°161), Mgr Brincard sur le site internet de son diocèse du
Puy-en-Velay, Mgr Rey de Toulon dans un article de La NEF de
décembre 2004, Mgr de Germiny de Blois.
Personnellement, je suis témoin et je ne suis que témoin,
mais converti et baptisé à cinquante ans, j'ai été
franc-maçon du Grand Orient de France pendant quinze années,
et voilà vingt-sept ans que je suis chrétien. Étant
catholique aussi convaincu et actif que j'ai été franc-maçon
militant, je me permets d'affirmer, en dehors de toute
interdiction magistrale, malheureusement mal ressentie même
par des catholiques pratiquants, qu'il est absurde,
philosophiquement contradictoire, de prétendre être à la
fois vrai catholique et franc-maçon authentique, quelles que
soient les obédiences (mais qui se soucie aujourd'hui du
principe de non-contradiction ?). Je précise que j'ai
fréquenté des maçons de toutes obédiences, notamment en
Fraternelle.
Chirurgien
gynécologue et urologue, j'ai participé en paroles et en
actions dès 1966 à la contraception artificielle, aux
stérilisations, à l'avortement, partageant les combats de
francs-maçons publiquement connus, comme Lucien Neuwirth,
Jean-Pierre Prouteau, Pierre Simon, Henri Caillavet, pour la
légalisation et la pratique de ces actes.
De 1970 à 1985,
j'ai gravi les grades initiatiques d'apprenti jusqu'au 18°
(Chevalier Rose-Croix), j'ai été Vénérable de loge, délégué
au Convent (député à l'assemblée nationale annuelle), membre
de la Fraternelle des Hauts Fonctionnaires.
Depuis le début
de ma conversion en 1984, j'ai témoigné, en de nombreuses
occasions, de ma joie d'avoir rencontré notre Seigneur
Jésus-Christ, par écrit (sept livres : cliquez sur LIVRES)
et oralement (plus de soixante conférences: cliquez sur
CONFERENCES et une trentaine d'interviews). J'ai la fierté
aujourd'hui d'être devenu membre sociétaire de l'Association
des Écrivains Catholiques de langue française, membre du
comité d'honneur de l'Alliance pour les Droits de la Vie et
je dispose de ce site-blog sur le réseau internet, visité
par plus de 60.000 internautes par an.
Qu'est-ce que la franc-maçonnerie?
Officiellement,
il s'agit d'une association philosophique et
philanthropique, qui, sous sa forme spéculative est apparue
au début du XVIIIe siècle. Les obédiences sont
des fédérations de loges. Dans toutes les obédiences, il
existe au moins trois structures parallèles de nature
différente.
Une structure
que l'on peut qualifier de démocratique, regroupant les
ateliers ou loges bleues ou de Saint Jean, qui gère les
trois premiers grades d'apprenti, de compagnon et de maître.
Tous les responsables, Officiers et Vénérable de loge,
Délégué au Convent, membres de Conseil de l'Ordre, Grand
Maître et ses adjoints sont élus et non reconductibles
au-delà de deux ou trois ans. Ces loges font l'objet de
déclaration, comme association loi de 1901, auprès des
Préfectures, et sont souvent à la une des hebdomadaires avec
photo du Grand Maître à l'appui. Il existe à ce niveau une
Constitution, des Statuts et une justice maçonnique chargée
de régler les conflits entre maçons.
Une seconde
structure, initiatique, est beaucoup moins connue, voire
ignorée des “profanes”: il s'agit des ateliers de
perfectionnement, cloisonnés en quatre niveaux, du 4e
au 33e grade selon certains rites (REAA), sans
communication des ateliers supérieurs vers les inférieurs.
Le recrutement d'un niveau à l'autre se fait par cooptation,
et la gestion de cet ensemble est assuré par un collège de
grands initiés, inconnus des maçons de base et encore plus
de la presse, et présidé par un Grand Commandeur élu à vie.
Notons au passage cette affirmation pour le moins
surprenante d'un “Grand Commandeur” américain, Albert Pike
en juillet 1889 : “Lucifer le Dieu de la Lumière et le Dieu
du Bien lutte pour l'humanité contre Adonaï, la Dieu de
l'obscurité et du mal” (cité par J.C Lozac'hmeur). Plus
discret, Oswald Wirth, grand initié et initiateur, écrivait
dans le “Livre du compagnon” : “...le Serpent inspirateur de
désobéissance, d'insubordination et de révolte, fut maudit
par les anciens théocrates, alors qu'il était en honneur
parmi les initiés”.
La troisième
structure n'a même pas de statut officiel dans les
obédiences : il s'agit des fraternelles qui regroupent des
maçons selon leur profession ou leurs intérêts, ce qui ouvre
la porte à toutes sortes de compromissions et corruptions,
d'autant plus que s'y retrouvent des maçons appartenant à
des obédiences différentes, qui, publiquement, n'hésitent
pas à se lancer des anathèmes, comme celui d'être une
maçonnerie “irrégulière” ! Pour s'en convaincre il suffit de
consulter le site Hiram réalisé par des maçons, écœurés, qui
tentent de contrer ces dérives affairistes.
Enfin, sept
maîtres peuvent constituer une loge “sauvage”, qui n'a de
compte à rendre à personne. J'ai été sollicité pour en faire
partie. Il existe aussi des clubs spécifiquement
maçonniques, comme les “Clubs des 50”, cinquante des maçons
les plus influents de chaque grande ville, qui se réunissent
dans de grands restaurants.
Tout oppose la philosophie maçonnique et la
religion catholique.
1°) Historiquement
Chacun connaît
Saint Pierre, premier Évêque de Rome à qui Jésus a confié
son Église.
Les origines de
la maçonnerie spéculative sont plus discutables ; cependant,
beaucoup d'historiens admettent que celle-ci a résulté de la
transformation de la maçonnerie opérative (bâtisseurs de
cathédrales) à Londres en 1717, sous l'impulsion de deux
pasteurs, Anderson presbytérien et Désaguliers anglican,
influencés en sous-main par le physicien Isaac Newton,
hérétique notoire, pratiquant la magie et l'alchimie, et
admirateur de Nostradamus et des Lumières ! Du reste, les
Constitutions fondatrices, dites d'Anderson (1723) ne
mentionnent Dieu qu'une seule fois, dans une tête de
chapitre, et jamais la Sainte Trinité, le péché, le salut,
la Résurrection, l'Ascension ni la Pentecôte, la venue du
Saint Esprit. En France la maçonnerie apparaît dès 1725 avec
Montesquieu, et ses membres, nobles, grands bourgeois voire
ecclésiastiques sont gallicans, c'est-à-dire opposés à la
prééminence de l'Évêque de Rome. En tous cas, la FM, qu'elle
soit opérative ou spéculative est une résurgence de la
Gnose, hérésie déjà condamnée par Saint Irénée au II° siècle
et que l'on retrouve dans tous les ordres initiatiques.
2°) Les
fondements sont
– pour le
christianisme, le kérygme, c'est-à-dire l'annonce par des
témoins oculaires, dont l'apôtre Saint Jean, de la mort et
de la résurrection de Jésus pour notre salut; (lire à ce
sujet la Deuxième Épître de Pierre) ;
– pour la
maçonnerie, des mythes, dont le mythe central d'Hiram,
architecte du temple de Salomon qui aurait été assassiné par
trois mauvais compagnons, ce qui ne repose sur aucune preuve
historique, pas plus que la transmission par Saint Jean d'un
enseignement secret de Jésus aux ordres initiatiques
successifs en passant par les Templiers, pas plus que la
transmission des rites initiatiques depuis l'antiquité
égyptienne jusqu'aux francs-maçons modernes, transmission
soutenue par le franc-maçon et talentueux romancier
Christian Jacq. Rappelons qu'entre la mort de Saint Jean et
l'apparition des Templiers près d'un millénaire s'est
écoulé, sans qu'un historien ait trouvé trace d'une relation
entre eux.
3°) Les
principes de base sont aussi opposés.
– Le
christianisme est une religion révélée par Dieu lui-même,
d'abord à Moïse, puis en et par Jésus le Messie, et il
comporte un certain nombre de dogmes, inclus dans le Credo,
qu'un catholique bien formé et convaincu ne peut contester
sans renier sa Foi (Dieu trinitaire, Incarnation,
Résurrection, Ascension, Immaculée Conception, Assomption de
la Vierge Marie). L'Église affirme détenir la Vérité sur les
relations entre Dieu et l'Homme. Enfin, le chrétien compte
plus sur la Grâce miséricordieuse de Dieu que sur ses
propres œuvres pour accéder au salut.
– La
Franc-maçonnerie prône une philosophie humaniste consacrée à
la recherche de la vérité, mais qu'elle estime inaccessible.
Elle rejette tout dogme et soutient le relativisme :
– relativisme
religieux qui met toutes les religions sur le même plan,
alors qu'elle s'érige au-dessus d'elles, dès 1723, comme
“centre de l'union” (indifférentisme) ;
– relativisme
moral, aucune règle morale n'étant pour elle d'essence
divine et donc intangible : sa morale évolue au gré du
consensus des sociétés, ce qui ressort également du
naturalisme : “En toutes choses, la nature ou la raison
humaine doit être maîtresse et souveraine” (Léon XIII dans
son encyclique mettant à jour la maçonnerie qu'il qualifie
de secte). En quelques mots et toutes obédiences confondues,
c'est l'indépendance de l'Homme vis-à-vis de Dieu et la
négation de tout phénomène surnaturel : c'est la cité
terrestre de Saint Augustin... “l'amour de soi porté
jusqu'au mépris de Dieu”. En tous cas, c'est le refus de
tout phénomène surnaturel : théophanies, apparitions,
miracles.
4°) Les
enseignements
– dans l'Église
Catholique sont accessibles à tous ; il n'y a pas
d'enseignement secret, n'en déplaise à Dan Brown et aux
gnostiques : Catéchisme, comptes rendus des Conciles,
Encycliques destinées aux Évêques et cependant divulguées
urbi et orbi ;
– dans la
franc-maçonnerie une formation ésotérique, secrète est
donnée aux initiés selon leur grade, qui révélerait
progressivement les mystères cachés par les dignitaires de
la religion exotérique que serait l'Église apostolique et
romaine (et pourquoi les Églises orthodoxes et protestantes
dissimuleraient-elles les mêmes mystères, alors qu'elles ont
longtemps combattu l'Église romaine ?). Tous les rituels
font miroiter aux yeux des initiés la “Connaissance” d'une
soi-disant “Tradition primordiale” préhistorique et d'une
“Lumière”, qui au mieux est celle d'une meilleure
connaissance psychologique de l'initié par lui-même, mais en
aucun cas celle de la Transfiguration au Thabor ou celle
d'un Saint Séraphin de Sarov en présence de Motovilov.
5°) La
conception de Dieu est profondément différente :
– pour un
chrétien, Dieu est un être personnel, trois personnes en
une, mais un Dieu-personne entretenant une relation d'amour
avec la créature humaine : c'est du théisme ;
– pour un
franc-maçon, ce peut être au mieux le Grand Architecte de
l'Univers, Dieu abstrait, mais c'est seulement le
“Créateur-maître horloger” comme le désigne le pourtant
pasteur Désaguliers et plus tard Voltaire, initié sur le
tard : c'est du déisme. Ce GADLU n'intervient pas dans les
affaires des hommes : il n'est même pas cité dans la
première version des Constitutions d'Anderson !
6°)
L'eschatologie, les fins dernières
– dans le
christianisme, c'est la Vie Éternelle, accordée par grâce,
dans une adoration et une louange sans fin, face à face
amoureux avec le Seigneur ;
– dans la
franc-maçonnerie, c'est le “passage à l'Orient éternel”,
espérance de l'abbé J. C Desbrosse, qui échappe à toute
définition ou description, hormis le respect des initiés
vis-à-vis de leurs défunts.
7°) Le
perfectionnement de l'Homme
– pour le
chrétien, consiste, avec la grâce de Dieu et les sacrements,
à s'acheminer vers la sainteté, dans l'imitation de Jésus
Christ, l'humilité et la charité ;
– pour le
franc-maçon, c'est l'élitisme des initiations successives,
forme d'animisme (selon René Guénon et Mircéa Eliade), et la
recherche du bien qui n'est nulle part précisé, puisque la
morale évolue, dans la sincérité qui, chacun le sait, n'est
pas synonyme de vérité : le franc-maçon est un self-made
man. Cela rappelle le pélagianisme combattu par Saint
Augustin.
8°) La
relation avec les autres religions
– pour le
catholique, c'est un respect des croyants des autres
religions, dans la tolérance due aux personnes qui n'ont pas
encore été éclairées par l'Esprit Saint, mais dans la
préservation jalouse de la doctrine de l'Église, transmise
aux Apôtres et leurs successeurs ; c'est le véritable esprit
de la rencontre d'Assise de 1986 ;
– pour le
franc-maçon, c'est une tolérance générale vis-à-vis de
toutes les croyances et philosophies, avec un goût prononcé
pour le syncrétisme, c'est-à-dire la combinaison peu
cohérente de différentes doctrines spirituelles : c'est
aussi la Gnose, subversion de la vraie Foi, affadissement du
sel de la terre !
9°) La
relation au corps et au plaisir
– pour le
catholique n'a pas été puritaine, sauf pour les Cathares et
les Jansénistes, et elle ne l'est pas dans les écrits du
Saint Père, Jean-Paul II, qui célèbre l'acte conjugal comme
un “véritable acte d'adoration”, mais le corps et les sens
doivent rester soumis à la conscience et à la loi morale et
subordonnés à l'amour véritable ;
– pour le
franc-maçon, elle doit être d'une liberté totale entre
adultes consentants ; cet hédonisme a conduit la
franc-maçonnerie à promouvoir toutes les lois favorisant le
divorce, la contraception, l'avortement, le PACS, les
manipulations embryonnaires et bientôt la dépénalisation des
drogues dites douces, ainsi que la légalisation de
l'euthanasie : “c'est tout le concept de famille qui en
train de basculer” selon le pronostic du Docteur Pierre
Simon (De la vie avant toute chose ; Ed. Mazarine 1979).
Conclusion
Le catholique
ne doit pas se laisser séduire par les idéaux maçonniques,
qui sont ceux de notre République : liberté, égalité,
fraternité, qui n'ont pas le même sens dans l'esprit d'un
chrétien et d'un franc-maçon.
La liberté,
pour un chrétien, est un moyen, un instrument accordé par
Dieu à l'Homme pour aller vers le Bien et l'amour. Pour un
franc-maçon c'est un but sans fin, qui doit abattre tous les
tabous et tous les interdits de la morale naturelle.
L'égalité, pour
les chrétiens résulte du fait qu'ils sont tous fils d'un
même Père et frères et sœurs de Jésus.
Pour un
franc-maçon, c'est une illusion puisqu'il distingue profanes
et initiés et, par ailleurs les francs-maçons eux-mêmes en
33 grades bien étanches.
La fraternité
chrétienne est universelle et celle des francs-maçons se
limite ou se concentre sur le cercle restreint des initiés,
tout en aspirant à l'avènement d'un gouvernement mondial...
dirigé par les initiés, bien entendu !
Mgr Girotti
vient de rappeler la condamnation romaine de 1983 : le
catholique qui appartient à une organisation maçonnique est
“en état de péché grave” et “ne peut accéder à la Sainte
Communion” (Le Figaro du 5 mars 2007). Du reste aucun texte
des Pères de l'Église ne suggère l'intérêt spirituel pour un
baptisé de se soumettre à une quelconque initiation ; Saint
Irénée, par contre, dans son “Traité des Hérésies” combat la
Gnose qui tentait déjà de corrompre la vraie Foi.
En 1936, lors
de leur première rencontre à Châteauneuf-de-Galaure, Marthe
Robin, grande mystique, déclara au Père Finet que “parmi les
erreurs qui allaient sombrer, il y aurait le communisme, le
laïcisme et la franc-maçonnerie”
Le communisme n'a déjà plus beaucoup d'avenir. Prions donc
pour la conversion des francs-maçons qui, souvent de bonne
foi, sont dans l'erreur et les ténèbres, alors qu'ils
croient avoir reçu la Lumière.
La Lumière qui
éclaire tout homme c'est Jésus le Christ ce n'est pas
Lucifer ! Maurice Caillet
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Prière: Père
infiniment bon, tu vois dans le secret des cœurs et des
loges ; tu sais que beaucoup de francs-maçons, égarés par
une philosophie trompeuse, recherchent de vaines vérités ;
libère-les, Seigneur, des esprits qui les abusent ; que
l'Esprit Saint, l'Esprit de vérité, investisse leur
intelligence et leur cœur et leur révèle la Vérité prime et
ultime, l'Alpha et l'Oméga : ton fils, Jésus le Christ, sa
vie, son enseignement : la Bonne Nouvelle de ton Amour.
Par Maurice
Caillet,
vendredi 28 octobre 2011
http://www.cailletm.com/
NOTA:
Nous tenons à remercier Monsieur Maurice Caillet de nous
avoir autorisés à publier cet article.
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