Deuxième partie

  L’Eucharistie dans nos méditations

“Marqués du goût de vivre, du goût de vivre en Toi,

Père, nous n’avons pas d’autre faim

que la faim du pain rompu.”

“Comme une biche qui désire l’eau vive,

ainsi mon âme Te cherche ô mon Dieu.

Elle a soif de Toi,

Dieu de toute vie.

Quand viendrai-je et verrai-je

la face de Dieu?”

 L’Eucharistie,
Miséricorde de Dieu

Le Père Derobert, l’un des biographes du célèbre franciscain Padre Pio, a écrit: “Dans sa miséricorde et sa sagesse, Dieu a voulu près de son Divin Fils des co-rédempteurs qui, à la suite de la Vierge Marie, l’aideraient à sauver le monde. C’est pourquoi on peut dire que la folie de la Croix est la suprême sagesse” C’est une autre manière de dire, comme Saint Paul: ‘J’achève dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est l’Église.’ et, ‘ce qui est folie pour l’homme est sagesse pour Dieu.’”

Introduction

Jeudi-Saint. Jésus livre son Cœur.

Jésus a livré son Cœur Eucharistique pour demeurer, jusqu’à la fin du monde, avec les hommes aux prises avec la grande Épreuve. Jésus a livré son Cœur Eucharistique pour être toujours proche du Cœur de tous les hommes, car le Cœur Eucharistique de Jésus c’est l’Amour qui se donne, c’est l’Amour qui partage l’amour à tous les hommes que Dieu aime, les hommes de tous les temps et de toutes origines. Jésus a livré son Cœur Eucharistique qui sauve le monde et multiplie à l’infini les étincelles d’amour, nourriture éternelle des âmes immortelles.

Jeudi-Saint! Jésus livre son Cœur, source éternelle de Vie et d’Amour. Par l’amour de son Cœur Eucharistique, Jésus nous donne son Amour. Jésus qui ne voulait pas nous laisser orphelins, savait que lorsqu’Il serait remonté vers le Père, Il nous enverrait l’Esprit Consolateur. Mais Jésus, sachant aussi que les hommes de la terre sont des êtres sensibles qui ne peuvent connaître que par leurs sens, nous donna son Eucharistie pour aider notre foi, pour guider notre espérance, et nous faire croître dans l’Amour.

Jeudi-Saint, Jésus livre son Cœur. Demain, Vendredi-Saint, Il livrera son Corps. Il le fallait, c’était écrit: le Serviteur devait mourir pour nous donner sa vie. Le Christ eucharistié devait mourir pour vivifier l’Eucharistie et donner la Vie de Dieu au Pain et au Vin consacrés, devenus Corps et Sang du Seigneur. Vendredi-Saint, c’est le Sacrifice suprême de Jésus qui boit le Calice présenté par le Père...

On ne peut qu’adorer et se taire devant un tel mystère. Pourtant, des questions peuvent naître dans nos cœurs d’hommes du XXIème siècle: comment les prêtres et les savants du Temple n’ont-ils pas reconnu le Messie, comment ceux qui auraient dû manifester au moins de la clémence ou un peu d’humanité, ont-ils pu livrer un homme juste à un tel supplice? Comment des gens qui avaient vu et peut-être bénéficié des miracles de Jésus ont-ils pu hurler avec les loups et accabler leur bienfaiteur en danger mortel? Et comment les disciples et les apôtres ont-ils pu abandonner Jésus? C’est un mystère profond, et curieusement, au lieu d’accabler tous ces pauvres humains, nous avons parfois envie de les excuser.

Quand, du haut de sa Croix, Jésus a dit: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font!” Il devait bien savoir de quoi Il parlait. Demandons-nous ce que aurions fait si nous nous étions trouvés, un jour ou l’autre, dans la position d’un des docteurs ou des étudiants du Temple. Pendant des années nous aurions appris, par cœur, les textes anciens, leurs diverses interprétations et les  commentaires. Nous aurions, naturellement, fait confiance à nos maîtres et nous nous serions certainement rangés à leurs positions. Alors, comment aurions-nous réagi face à un enseignement qui semblait remettre en cause les bases mêmes de la nation juive. Probablement pas mieux que Saul avant qu’il ne devienne Paul...

Et puis, il y avait aussi ceux qui travaillaient dans l’entourage d’Hérode. Ils ne l’approuvaient certainement pas, mais c’était leur gagne-pain, la sécurité matérielle de leur famille. On peut invoquer n’importe quel prétexte du genre de: “Ils auraient dû...” on ne peut pas se mettre dans le cœur ou la sensibilité des gens de cette époque. Nous devons bien avouer que probablement nous n’aurions pas fait mieux.

Et il y a les soldats, les Romains et tous les autres. C’étaient des hommes durs, formés à la dure, qui devaient se soucier bien peu des habitants des pays conquis. Pourvu que la paix et la tranquillité romaines règnent, le reste importait peu. Et nous nous disons encore: “À leur place, nous en aurions peut-être fait autant, avec quand même la cruauté en moins. Mais qui sait?...”

Jésus, nous sommes devant Toi et nous T’entendons dire: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font!” Nous sommes devant Toi, Jésus, et tout en T’adorant nous avons terriblement envie de les excuser ces malheureux hommes, car nous nous rendons bien compte que nous ne valons pas mieux qu’eux...

Jésus, nous sommes devant Toi et nous T’adorons. Nous adorons ta bonté et ta Miséricorde. Nous pleurons sur tes souffrances, sur tes douleurs. Les supplices que Tu subis nous font frémir, et, pensant à tes martyrs nous nous disons que nous comprenons de mieux en mieux ceux qui, par faiblesse et par peur, ont momentanément apostasié. Ta Passion, Jésus, est beaucoup trop grande pour nous. Mieux que nous Tu le savais Jésus. Tu connaissais nos misères humaines, Tu savais le péché que l’Ennemi avait introduit dans nos âmes. Tu savais que souvent nous ne savons pas ce que nous faisons. Et avec une reconnaissance infinie nous T’écoutons, Jésus, et nous Te bénissons quand Tu cries vers le Père: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.”

Jésus, qui donc es-Tu? Qui donc es-Tu Jésus pour avoir voulu vivre avec nous, au milieu de nous, sachant très bien le sort que nous Te réserverions. Qui donc es-Tu Jésus, qui, même après la Passion que nous T’avons fait subir, veux toujours demeurer avec nous pour nous enseigner l’amour? Qui donc es-Tu Jésus pour désirer traverser les siècles avec nous, et nous accompagner même à travers les vicissitudes terrifiantes de nos haines, de nos guerres, de nos mondes sans amour? Qui donc es-Tu, Jésus, qui viens prendre nos cœurs pour ta consolation?

Cœur Eucharistique de Jésus, Cœur suppliant qu’on L’aime. Jésus, quel amour infini se cache sous les espèces consacrées? Tu nous découvres ta tendresse, et nos cœurs dans le tien, vivant et vibrant avec le tien, s’ouvrent aux extraordinaires richesses de ton Cœur brûlant pour nous. Car Tu nous aimes, Jésus, Tu nous aimes parce que Tu nous as créés pour cela: aimer et aimer Dieu. Tu nous aimes et tes délices sont de vivre avec les enfants des hommes, les hommes qui savent parfois T’aimer comme Tu veux qu’ils T’aiment.

Le bonheur de Dieu c’est d’être aimé par des créatures libres et conscientes, faites pour aimer librement l’Amour qui les crée à chaque instant. Le bonheur de Dieu c’est que ses créatures soient heureuses, et elles ne peuvent être heureuses que dans l’Amour que Dieu leur donne. Le Cœur de Dieu, c’est un miracle d’Amour éternel et infini. Le Cœur de Dieu, c’est aussi le Cœur de Jésus qui, pour mieux nous faire comprendre l’amour dont Dieu nous aime, nous révéla le mystère de son Cœur, de son Sacré Cœur, en nous donnant l’Eucharistie.

Cœur Eucharistique de Jésus, quelle merveille! Cœur Eucharistique de Jésus, nous T’adorons et nous T’aimons. Mais pourquoi, Jésus, ton Cœur quête-t-il ainsi notre amour, pourquoi nous supplie-t-il de L’aimer? Tu es bienheureux au Ciel, au sein de la divine Trinité, pourquoi as-Tu besoin de notre amour, un tel besoin que Tu nous supplies de T’aimer?

Jésus, ton Cœur nous supplie de l’aimer car ton Cœur aime nos cœurs. Ton Sacré-Cœur s’est révélé à Marguerite-Marie pour nous dire: “Voici ce Cœur qui a tant aimé le monde, et qui ne reçoit en échange qu’indifférence et outrages.” Ton Cœur, Jésus, nous aime tant, et Tu nous supplies pour que nous T’aimions. Tu désires aussi que nous Te priions car Tu es le Foyer brûlant de l’Amour qui nous donne ses grâces. Mais comment cela peut-il se faire? Comment, Jésus, Verbe de Dieu, comment peux-Tu nous aimer ainsi?

Il y a, nous a dit Jésus, plus de joie au Ciel pour un seul pécheur qui fait pénitence que pour quatre vingt dix neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence. Tout le Ciel se réjouit quand le Bon Berger ramène au bercail, en la portant sur son dos, la brebis égarée. Jésus est venu chez nous pour sauver tous les hommes perdus à cause de Satan. Pour nous montrer à quel point Il nous aimait, Il a accepté toutes les peines et les douleurs de l’humanité tout entière. Il a pris sur Lui tous nos péchés, toutes nos fautes, tous nos refus d’aimer, et Il les a portés durant toute sa vie terrestre, la transformant ainsi en une longue passion, jusqu’à sa Grande Passion, son Chemin de Croix et sa crucifixion.

Le Cœur de Jésus se réjouit quand les pécheurs écoutent les appels de son Amour suppliant et se convertissent enfin. Alors, le Cœur de Jésus est consolé de ses peines, le Cœur de Jésus devient action de grâce, devient Eucharistie. Le Cœur Eucharistique de Jésus est consolé chaque fois qu’un pécheur se convertit. Le Cœur de Jésus est consolé chaque fois qu’un cœur accepte son Amour et se met à L’aimer. Le Cœur Eucharistique de Jésus est consolé chaque fois qu’un pécheur décide de devenir un juste selon l’Écriture, c’est-à-dire un saint.

Le Cœur de Jésus, ce Cœur qui mendie notre amour, qui supplie qu’on L’aime, est consolé chaque fois qu’un cœur se tourne vers Lui, et, renonçant à sa vie passée et découvrant l’Amour infini qui nous aime et qui nous attend, dit enfin: “Oui, Jésus, je Viens vers Toi car je T’aime, mais apprends-moi à T’aimer comme Tu veux que je T’aime.” Alors, le Cœur de Jésus est consolé.

Le Cœur de Jésus est consolé chaque fois qu’une âme égarée, perdue, comprenant la vérité de L’Amour qui l’attend et la misère de sa vie, accepte la conversion que Jésus lui tend, et devient sa consolation. Jésus lui dit alors: “Ce n’étaient pas tes œuvres que Je désirais, encore moins tes talents car ils sont tous à moi et Je pourrais te les retirer quand Je le voudrais; ce que Je voulais de toi, c’est ton impuissance, ta détresse, ton agonie cachée. Ce que Je voulais de toi, c’est l’humilité qui reconnaît sa faiblesse, ses fautes, ses péchés. Ce que Je voulais de toi, c’est que tu reconnaisses enfin que tu ne peux rien, que tu ne sais rien.

Ce que Je voulais de toi, c’est ta conversion, c’est ta petitesse, et ton émerveillement devant ma bonté, ma miséricorde, ma patience et ma sollicitude. Ce que Je veux de toi, c’est que tu reconnaisses que tu as tout reçu de Moi, et que toi, tu n’es que néant. Ce que je veux de toi, c’est ton amour. Alors, enfin, tu pourras être ma consolation.”

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