Saint Eucher, illustre
par sa famille, et plus encore par ses vertus, naquit près
d'Orléans; sa mère eut, avant sa naissance, révélation de son
avenir: un Ange lui prédit qu'il serait évêque d'Orléans.
L'étudiant, le moine, l'évêque, sont également admirables en ce
personnage prédestiné.
A mesure qu'il avançait
dans la connaissance de la parole de Dieu, son âme débordait du feu
de la charité. La science, loin d'enfler son cœur, n'était pour lui
qu'un moyen de s'unir à Dieu davantage et d'avancer de plus en plus
dans le chemin de la vertu. Tous ses succès, il les rapportait à la
bonté céleste. Jésus-Christ étant la règle de son intelligence et de
sa volonté, les efforts de l'ennemi du salut pour perdre cette belle
âme par la fausse gloire n'aboutirent qu'à fortifier son espérance
en Dieu et à lui faire redoubler d'ardeur pour la prière et la
mortification.
Il fut reçu à bras
ouverts dans le couvent de Jumièges, où il se présenta à l'âge de
vingt-sept ans. Dès lors, son ardeur pour la perfection ne connut
plus de bornes, et il devint le modèle de ses frères par sa ferveur
aux offices divins et par son zèle dans la pratique de tous les
devoirs religieux.
Rempli de grâces
extraordinaires dans la sainte Communion, il aimait à rester au pied
du Tabernacle et ne pouvait se résoudre à interrompre ses douces
communications avec Jésus-Hostie; l'obéissance seule pouvait
l'éloigner du pied des autels.
Sa dévotion spéciale à
Marie fut pour lui la source d'une angélique pureté; il demandait
sans cesse à cette Mère céleste de lui conserver cette vertu sublime
qui nous rapproche de Dieu.
Le mérite d'Eucher ne
pouvait demeurer le secret du cloître; les honneurs vinrent chercher
celui qui les avait fuis, et il dut accepter le siège épiscopal
d'Orléans.
Rarement évêque montra
plus de vigueur à combattre le mal et à défendre les droits de Dieu.
A Charles Martel, roi de France, qui s'emparait des biens des
églises:
"Comment, écrivait-il, osez-vous opprimer l'Église, que Dieu vous a
chargé de défendre? Sachez que Jésus-Christ vous demandera compte
des maux que vous aurez fait souffrir à Ses membres; en touchant aux
biens des églises, vous vous attaquez à Dieu Lui-même!"
Il mourut en se
recommandant à la Très Sainte Trinité et en disant: "Seigneur, je
remets mon âme entre Vos mains."
Dieu a honoré son
tombeau par de nombreux miracles. Parmi d'autres merveilles, on
rapporte que des cierges allumés près de son corps vénéré, brûlèrent
longtemps sans se consumer.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |