Né à Pise, en Italie,
Bernardo PAGANELLI était probablement prieur de Saint Zénon
quand il rencontra Saint
Bernard, en 1138. Devenu moine à Clairvaux,
il en repartit à l’automne 1139 pour aller fonder en Italie. D’abord
implantée près de Farfa, la nouvelle communauté, sur l’ordre
d’Innocent II se transféra le 25 octobre 1140 au monastère des
Saints Vincent et Anastase, à Tre Fontane, aux portes de Rome.
Cinq ans plus tard, à
la mort de Lucius II, Bernardo, qui depuis 1141 était abbé de Tre
Fontane, est élu pape à l’unanimité sous le nom de Eugène III, le
15 février 1145. Saint Bernard confie à ses correspondants ses
appréhensions devant ce choix d’une personne « inexperte et
faible ». Mais l’un d’eux répond : « le Seigneur daigna lui accorder
sur le champ de telles grâces, qu’il l’emporta sur nombre de ses
prédécesseurs en grandes actions et en réputation. »
Son pontificat fut
troublé par des difficultés politiques chroniques, notamment avec le
Sénat de Rome, ce qui l’obligea souvent à résider hors de Rome.
Inquiet de la situation des lieux saints, il suscita la seconde
croisade et demanda à Saint Bernard de la prêcher (6 mars 1146).
Il entreprit en France
en 1147-1148 un voyage qui lui permit de revoir Saint Bernard,
Clairvaux et Cîteaux, voyage marqué par les Conciles de Paris, les
synodes de Trèves et Reims, où furent examinées entre autres les
positions doctrinales de Gilbert de la Porrée et les visions
d’Hildegarde de Bingen.
En décembre 1149, il
retourne à Rome sous la protection de Roger II de Sicile, mais il
doit en repartir, car l’hostilité du Sénat romain reste vive. Eugène
commence alors à traiter avec Conrad III, puis avec son successeur,
Frédéric I Barberousse.
Eugène meurt à Tivoli
le 8 juillet 1153.
Cistercien de cœur,
Eugène faisait partie de ceux qui « désirent rester aux pieds du
Seigneur avec Marie, et qui se voient ramenés à nourrir les foules
et à servir avec Marthe » (Lettre 412 de St Bernard). Il garda
toujours la simplicité de vie et l’habit cistercien, et on sait que
Saint Bernard écrivit pour lui le Traité « de Consideratione »,
où sont évoqués les devoirs du pontife. Jean de Salisbury le décrit
comme « une âme pleine de délicatesse et d’autorité, de grandeur et
d’humilité ».
Eugène a été enseveli
dans la Basilique Saint-Pierre, près de l’autel de la Vierge, dans
le chœur des chanoines, là où fut aussi inhumé le Pape Grégoire III.
Mais sa dépouille n’est plus localisable aujourd’hui, ayant été
jointe à d’autres dans un « polyandre » (sépulture commune) qui
regroupe les restes des saints, dans les Grottes vaticanes, mais
auquel les fidèles n’ont pas accès. Son épitaphe était la suivante :
Hic habet eugenius defunctus
carne sepulchrum, / quem pia cum christo vivere cura facit. / Pisa
virum genuit, quem claraevallis alumnum / exhibuit, sacrae
religionis opus. / Hinc ad anastasii translatus martyris aedem / ex
abbate pater summus in orbe fuit. / Eripuit solemne iubar mundique
decorem / iulius octavam sole ferente diem : / conceptum sacrae
referebant virginis anni / centum bis seni mille quaterque decem.
« En ce sépulcre est
déposé le corps mortel d’Eugène, que la divine bonté fait vivre
auprès du Christ. Pise a engendré l’homme et Clairvaux le disciple
dans la sainteté de la vie religieuse. Passé de ce lieu au monastère
du Martyr Saint Anastase, d’abbé, il devint pontife universel. Au
mois de juillet, quand le soleil éveillait le huitième jour, il
l’emporta, phare de lumière et splendeur du monde, en l’année 1153
de la conception de la Vierge ».
Déjà considéré comme
saint de son vivant, les miracles se multiplièrent près de sa tombe
tout de suite après sa mort. Pie IX le béatifia en 1872.
(D’après Virgilio
card. NOÈ, in : Le tombe e i
monumenti funebri dei papi nella Basilica di San Pietro in Vaticano,
Franco Cosimo Panini Editore, Modena, 2000).
http://www.ocso.org/HTM/net/stsbm-fr.htm |