Cette vierge
illustre, qu'il ne faut pas confondre avec son homonyme, sainte
Eulalie de Barcelone (12 février), naquit à Mérida (Estrémadure), de
parents nobles et chrétiens. Son père, appelé Libère, ta fit
instruire dans la foi
dès sa plus tendre jeunesse, avec une autre
vierge, nommée Julie, par Donat, très-saint prêtre de leur
ville.
Apprenant que Dacien était arrivé en Espagne pour y persécuter les
chrétiens et voyant l'ardeur que sa fille témoignait d'endurer le
martyre, dans la crainte qu'elle ne s'allât produire d'elle-même au
juge pour donner son sang à Jésus-Christ, comme elle lui avait déjà
consacré son corps par le vœu de virginité, il l'envoya, avec
quelques domestiques et le prêtre Félix, à une maison de campagne
qu'il avait à trente milles de la ville, vers les frontières de la
province d'Andalousie.
Cependant Dacien
vint à Mérida et y laissa Calpurnien pour tourmenter les fidèles.
Eulalie, en ayant été informée, se déroba de la maison où elle était
et s'en revint avec Julie, sa plus fidèle compagne, trouver ce
tyran. « Pourquoi êtes-vous venu ici lui dit-elle d'abord, « vous
qui êtes l'ennemi de Dieu à qui cette ville est déjà entièrement
dévouée, et pourquoi persécutez-vous les chrétiens, ses fidèles
serviteurs ? )) « Que dites-vous, petite fille 7 lui répondit
Calpurnien, t; et qui vous fait si hardie de me parler de la sorte ?
» « Il est vrai, répliqua la Sainte, que je suis encore petite, car
je n'ai que douze à treize ans, mais je ne crains point, pour cela,
vos menaces ni vos supplices, et j'ai déjà assez vécu sur la terre
ponr souhaiter d'aller vivre éternellement dans le ciel ». Le juge,
ayant entendu ce discours, tâcha de la gagner par la douceur; mais,
voyant qu'il perdait sa peine, il la livra à des bourreaux pour la
fouetter avec toute sorte de rigueur et de cruauté. Ce supplice ne
servit qu'à l'encourager davantage à bénir Jésus-Christ et à
mépriser les païens. Lorsqu'on la ramena au président, elle lui dit,
avec une nouvelle vigueur, qu'il lui était inutile de la tourmenter,
parce que son pouvoir, qui s'étendait sur son corps, n'avait et ne
pouvait avoir aucune prise sur son âme que, du reste, elle lui
déclarait hautement qu'elle avait ses divinités en horreur et les
empereurs mêmes qui les adoraient. Sur cette réponse, elle fut
conduite en prison, et, le lendemain, Calpurnien ayant fait dresser
son siège au milieu de la place publique, il la fit revenir devant
lui, Là on la fouetta une seconde fois avec des baguettes mouillées,
on lui versa de l'huile bouillante sur le sein, on la plongea dans
un bain de chaux embrasée et on lui jeta du plomb fondu sur tout le
corps mais comme tous ces tourments ne la défiguraient point « Qu'on
la mené de ce pas hors de la ville dit Calpurnien, « qu'on l'étende
sur le chevalet, qu'on lui arrache les ongles, qu'on lui brûle les
flancs avec des torches ardentes et qu'on la jette ensuite toute
vive dans les flammes t Cette sentence terrible ne fit que donner de
la joie à Eulalie. On la traîna par les cheveux au lieu du supplice,
en exécutant sur elle, sans miséricorde, tout ce que le tyran avait
ordonné. Ce fut dans ta rigueur de ces peines que, se tournant vers
le persécuteur, elle lui dit avec une constance surprenante « Ouvrez
les yeux, Calpurnien, et considérez mon visage. Reconnaissez-moi
bien, afin que vous puissiez me discerner au jour terrible du
jugement dernier. Nous y comparaîtrons tous deux devant
Jésus-Christ, notre commun Seigneur moi, pour la récompense des
tourments que j'endure; vous, pour le châtiment de votre inhumanité
envers les chrétiens ». Plusieurs des assistants, entendant ces
paroles si fermes et si généreuses, reconnurent la vérité de notre
religion et détestèrent l'idolâtrie. Pour les bourreaux, voulant
ôter la parole à cette vierge toujours constante, toujours
invincible, et exécuter sur elle le dernier article de son arrêt,
ils la couvrirent de charbons ardents pour achever de la consumer.
Alors elle ouvrit sa bouche sacrée comme pour avaler la flamme, et,
en même temps, on en vit sortir son âme sous la figure d'une colombe
qui s'envola vers le ciel.
Le tyran commanda
qu'on laissât son corps pendant trois jours exposé aux insultes des
païens mais la divine Providence le couvrit tout à coup de neige,
qui le nettoya, le blanchit et lui donna une beauté merveilleuse il
fut ensuite enterré avec beaucoup d'honneur à Mérida, par les
chrétiens. Depuis, il a été transporté à Oviédo, et on le voit dans
la grande église, dans une chapelle qui lui est dédiée. On le porte
en procession dans les nécessités publiques, et on reçoit alors de
grands secours par la force de son intercession auprès de Dieu.
On représente
sainte Eulalie de Mérida 1« déchirée sur le chevalet et exposée h
flamme des torches
20
exhalant son
âme
son: la
figure
d'une
colombe;
3°
en compagnie
de
sainte Julie,
sa
compagne de
martyre
4°
ayant le
corps
recouvert
d'une
neige
abondante. |