Victoire Eulalie Viel
(1815-1877), en religion Mère Placide, est née le 26 septembre 1815
au foyer d'Hervé Viel,
au
lieu-dit le Val Vacher, non loin de Quettehou dans le Cotentin, au
cœur du Val de Saire.
Baptisée le jour de sa
naissance, Eulalie Victoire Jacqueline, l'enfant fut spontanément
appelée Victoire en souvenir d'une sœur morte en bas âge qui portait
ce même prénom. Ses parrain et marraine furent Jeanne Viel et
Jacques Tournaille.
Elle fréquenta l'école
du village tout en aidant ses parents aux travaux des champs et de
la maison, et fit sa première communion avant l'âge requis, le curé
de Quettehou, l'abbé Lepoitevin de Duranville l'ayant estimée apte à
le faire. Selon les propres paroles de sœur Placide, rapportées
ultérieurement, il lui avait dit : « J'ignore, ma bien chère enfant,
ce que Notre-Seigneur demandera de vous, mais je suis persuadé qu'il
a sur votre âme des desseins tout particuliers, auxquels il faut dès
maintenant vous préparer à répondre en l'aimant de tout votre cœur
et en cherchant toujours à suivre son adorable volonté ».
Afin d'acquérir
l'apprentissage normal des filles de cette époque, ses parents
l'envoyèrent apprendre la couture chez une couturière du bourg,
Madame Gilles, où elle ne resta que quelques mois avant de regagner
la ferme familiale.
Victoire était une
jeune fille saine, robuste, au caractère agréable, gaie, mais
parfois aussi timide et un peu renfermée. Pendant toute son
adolescence, elle prit à cœur d'enseigner le catéchisme aux enfants
du pays, et de leur apprendre des cantiques.
C'est en visitant
régulièrement sa cousine, sœur Marie, religieuse à Tamerville, puis
à Saint-Sauveur-le-Vicomte, qu'elle rencontra sainte Marie-Madeleine
Postel, fondatrice des Sœurs des Écoles chrétiennes de la
Miséricorde.
Entrée à son tour dans
cette congrégation, elle prend l'habit le 1er mai 1835 et
reçoit le nom de Sœur Placide. Accueillie chaleureusement par la
mère Marie-Madeleine Postel qui lui avait dit à son entrée au
couvent que : « Les anges portent les croix de celles qui entrent de
bonne heure au service de Dieu », elle fut d'abord préposée aux
cuisines, tandis que la communauté tentait de reconstruire les murs
de l'abbaye en ruine. Elle prononça ses vœux perpétuels le 21
septembre 1838, alors que la communauté adoptait les constitutions
des Frères des Écoles chrétiennes.
Rapidement sa
supérieure lui confia plusieurs missions. Le 20 août 1840, elle fut
chargée de présider à la fondation d'une congrégation à La
Chapelle-sur-Vire afin d'y accueillir les pèlerins de Notre-Dame de
la Miséricorde. Elle lui facilita aussi la poursuite
d'indispensables études que son enfance laborieuse ne lui avait pas
permis de faire. Sœur Placide séjourna aussi à Avranches afin d'y
installer un asile et un ouvroir, et le 1er janvier 1842,
elle était élue assistante de la mère supérieure avec la charge du
noviciat.
La reconstruction de
l'abbaye était longue et coûteuse, d'autant plus que le clocher,
laborieusement rebâti, s'était effondré dans la nuit du 24 au 25
novembre 1842 lors d'une tempête. Il avait fallu toute l'énergie de
la mère supérieure pour que les travaux puissent reprendre surtout
que l'argent manquait. C'est alors qu'elle décida d'envoyer sœur
Placide demander des subsides en lui disant : « Dieu veut que notre
pauvre Institut se propage, mais il veut que l'église soit réparée.
Il faut qu'on y travaille toujours et l'argent ne manquera pas tant
qu'elle ne sera pas achevée : vous demanderez et on vous donnera..
Voici une lettre à l'adresse de la Reine des Français, partez pour
Paris. ».
Passant par Coutances
afin d'obtenir l'accord de l'évêque, sœur Placide en compagnie de
sœur Xavier, partit pour Paris. Elle fit ainsi plusieurs voyages :
de janvier 1844 à juin
1844
d'octobre 1844 à avril
1845
d'octobre 1845 à juin
1846
C'est à cette occasion
qu'elle rencontra la reine Marie-Amélie.
Elle fit aussi une
tournée en Bretagne, passant par Rennes, Nantes, Saint-Brieuc, à la
fin du printemps 1845. Sou après sou, après de longues démarches
dans les ministères et les administrations, les religieuses
réussirent à obtenir quelques fonds pour la reconstruction de leur
abbaye.
Le 16 juillet 1846 la
mère supérieure, Marie-Madeleine Postel mourut. Lors de l'élection
de la nouvelle supérieure, le 5 septembre 1846, ce fut sœur Placide
qui fut élue, à l'unanimité moins deux voix.
Mère Placide, devant assumer la double tâche de l'administration
matérielle et morale de l'abbaye, et de la recherche de fonds pour
la reconstruction, reprit ses voyages et nomma sœur Marie assistante
pour la représenter au monastère et en assurer la direction en son
absence.
Partie de Paris,
le 14 septembre 1849, mère Placide arriva à Vienne le 18 en passant
par Bruxelles, Cologne, Berlin et Breslau. À Vienne, elle est reçue
par la baronne de Pongrâce et rend visite au vicaire général de
l'archevêque. Le 19 septembre, elle arrive au château de Froshsdorf
où elle est reçue par Henri V et son épouse Marie-Thérèse. Sur le
chemin du retour, mère Placide se rend à Potsdam et obtient une
audience du roi de Prusse Frédéric-Guillaume qui lui fit aussi une
offrande.
À l'image de la
fondatrice, mère Placide eut à cœur d'augmenter les effectifs de sa
congrégation tout en donnant à ses filles une solide formation
spirituelle.
Plus de 110
institutions furent créées, dont la plus importante fut celle de la
Maison du Saint Cœur de Marie, à Paris, rue de Picpus. Cet
établissement, qui avait pour vocation d'assurer l'éducation
d'adolescentes issues de milieux populaires, fut confié à sœur
Elysée. Si les débuts furent difficiles, l'établissement devint
ensuite florissant. De 50 jeunes filles accueillies en 1848, son
effectif passa à 500 en 1870.
Dès 1862, une autre
maison fut fondée en Allemagne, à Heilbad Heiligenstadt.
A la suite de la
capitulation de Sedan, et de l'exode des populations civiles,
l'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte vit arriver les sœurs qui
étaient en poste dans les territoires envahis, mais aussi des
soldats blessés et mourants. Durant l'hiver 1870-1871, l'abbaye fut
transformée en hôpital où les sœurs se dépensèrent sans compter pour
soulager et réconforter les blessés. 8317 malades s'y succédèrent.
L'abbaye Saint-Sauveur actuelle (2007)
En 1846, à la mort de
Marie-Madeleine Postel, les murs étaient pratiquement reconstruits.
En 1849, le chœur était achevé. Le 10 août 1855, il fut possible de
transférer les restes de la fondatrice dans la chapelle de la Croix,
à la gauche du transept, où un tombeau avait été aménagé à cette
intention.
Peu de temps après, le
21 novembre, l'abbé Delamare venait bénir l'église pour l'ouvrir au
culte, et c'est le même abbé, devenu entre temps évêque de Luçon,
qui consacra solennellement l'église de l'abbaye en présence de
l'évêque de Coutances.
Il fallut plus de 12
années pour que la restauration soit achevée, grâce à la pugnacité
de Mère Marie-Madeleine Postel et de mère Placide ensuite.
Mère Placide Viel
s'éteignait le 4 mars 1877. La congrégation comptait alors 1100
religieuses et 104 écoles.
Elle a été béatifiée le
6 mai 1951 par le pape Pie XII, sa fête a été fixée le 4 mars.
« J'aimerais une maison
remplie d'enfants et dans laquelle le Bon Dieu serait bien servi »
A propos de ses
quêtes : « J'allais sans crainte ayant la foi la plus entière dans
les paroles de ma Supérieure et persuadée que j'accomplissais
l'œuvre de Dieu. »
« Si Jésus dit à un
cœur impatient : sois patient, il le sera ; s'il dit à un cœur froid
et peu charitable : sois brûlant et charitable, il le sera ; s'il
dit à un cœur rempli d'affection pour le monde : sois détaché,
aussitôt il sera changé. Qu'il est grand et puissant, celui qui
opère tant de merveilles... »
***
La Douceur
victorieuse, Placide Viel - André Merlaud - Editions Sos -
01/1977
Monographie sur
Placide Viel - 1988 - R.Dorey, curé de Barfleur - (disponible à
l'abbaye Saint-Sauveur)
***
Les Sœurs de Ste Marie-Madeleine POSTEL
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Placide_Viel
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