LIVRE X

I

LA PAIX QUE DIEU NOUS A ACCORDÉE

A Dieu tout-puissant et roi de l'univers, grâces en toutes choses ; très pleines actions de grâces aussi au Sauveur et au Rédempteur de nos âmes, Jésus-Christ, par qui nous prions continuellement pour que nous soit gardée ferme et inébranlable la paix à l'égard des embarras du dehors et des dispositions de l'esprit.

En même temps que ces prières, nous avons encore ajouté ici le dixième livre de "l'Histoire ecclésiastique" à ceux qui précèdent et nous te le dédierons, Paulin très sacré pour moi, en te proclamant, pour ainsi dire, le sceau de toute l'entreprise. A bon droit, nous insérerons ici dans un nombre parfait, le discours parfait, le panégyrique de la restauration des églises, obéissant en quelque sorte à un esprit divin qui m'invite ainsi : " Chantez au Seigneur un cantique nouveau, car il a fait des merveilles : sa droite l'a sauvé et son bras saint. Le Seigneur a manifesté son salut, à la face des nations il a révélé sa justice. "

Suivant l'ordre de cet oracle, chantons donc le cantique nouveau pour le présent, parce que, après les spectacles et les récits terribles et sombres, nous avons été jugés dignes de voir maintenant de tels prodiges, de célébrer de telles merveilles, que beaucoup d'hommes avant nous, réellement justes et témoins de Dieu, ont désiré voir sur la terre et n'ont pas vues, entendre et n'ont pas entendues. Mais ces hommes, s'étant hâtés le plus qu'ils ont pu, ont obtenu dans les cieux mêmes des biens de beaucoup supérieurs et dans le paradis ils se sont emparés des délices divines. Quant à nous, en confessant que ces biens sont plus grands que nous ne le méritons, nous sommes frappés de stupeur par la libérale magnificence de leur auteur ; nous l'admirons aussi justement de toute la force de notre âme, le vénérant et rendant témoignage à la vérité de l'Écriture, où il est dit : " Venez et voyez les œuvres du Seigneur, les prodiges qu'il a accomplis sur la terre, supprimant les guerres jusqu'aux extrémités de la terre. Il brisera l'arc et il rompra les armes et il brûlera les boucliers dans le feu. " Réjouissons-nous de ces merveilles qui ont été manifestement accomplies pour nous et continuons la suite de notre ouvrage.

Elle a donc disparu, de la manière indiquée plus haut, toute la race des ennemis de Dieu ; elle s'est évanouie, tout d'un coup, de la vue des hommes, de telle sorte qu'à nouveau la parole divine a eu son accomplissement, celle qui dit : " J'ai vu l'impie élevé et exalté comme les cèdres du Liban ; et j'ai passé et voici qu'il n'était plus. J'ai cherché sa place et ne l'ai pas trouvée. " Déjà du reste un jour brillant et lumineux, que n'assombrissait aucun nuage, éclairait des traits d'une lumière céleste les Églises du Christ par toute la terre habitée. Même ceux qui étaient en dehors de notre confrérie, rien ne les empêchait de jouir sinon de biens égaux aux nôtres, du moins du rayonnement et de la participation de ces biens qui nous étaient accordés par Dieu.

II

LA RESTAURATION DES ÉGLISES

Tous les hommes donc étaient délivrés de l'oppression des tyrans et exempts des maux anciens. Chacun de son côté reconnaissait comme seul vrai Dieu celui qui avait combattu en faveur des hommes pieux. Mais pour nous surtout, qui avions placé nos espérances dans le Christ de Dieu, une joie indicible, un bonheur divin s'épanouissaient pour tous dans tous les édifices qui avaient été peu auparavant renversés par les impiétés des tyrans, et qui revivaient en quelque sorte comme d'une longue et mortelle dévastation. Nous voyions les temples se relever à nouveau de leurs ruines jusqu'à une hauteur infinie, et recevoir une splendeur de beaucoup supérieure à celle des temples qui autrefois avaient été détruits.

Mais les empereurs du rang le plus élevé fortifiaient encore pour nous, accroissaient et étendaient, par des législations continuelles en faveur des chrétiens, ce qui venait de la magnificence de Dieu. De plus, les évêques recevaient personnellement et d'une manière courante des lettres, des honneurs, de riches cadeaux de l'empereur. Il ne sera peut-être pas hors de propos, selon l'occasion convenable du récit, d'insérer dans ce livre, comme sur une stèle sacrée, les termes mêmes de ces documents traduits du latin en grec, afin qu'ils soient conservés dans la mémoire de tous ceux qui viendront après nous.

III

LES DÉDICACES CÉLÉBRÉES EN TOUT LIEU

En outre, nous fut procuré le spectacle désiré et souhaité par nous tous : fêtes de dédicaces dans chaque ville, consécrations d'églises récemment construites, assemblées d'évêques réunis à cette fin, concours de fidèles venus de loin et de partout, sentiments d'amitié des peuples pour les peuples, union des membres du corps du Christ en une seule harmonie d'hommes assemblés. Conformément à l'annonce prophétique qui d'avance signifiait l'avenir d'une manière mystique, c'était donc ainsi que se réunissait l'os à l'os, la jointure à la jointure, et que la parole prophétisée par énigmes s'accomplissait sans erreur. Une même force de l'Esprit divin circulait à travers tous les membres ; une seule âme pour tous, la même et unique ardeur de la foi ; un seul hymne pour glorifier Dieu. Oui, c'étaient vraiment de parfaites adorations des chefs, des rites sacrés des prêtres et, dans l'église, des institutions dignes de Dieu, manifestées tantôt par le chant des psaumes, par l'audition des paroles que Dieu nous a transmises, tantôt par l'accomplissement de liturgies divines et mystiques : c'étaient des symboles ineffables de la passion du Sauveur. Ensemble, tous les âges, hommes et femmes, de toute la force de la pensée, l'esprit et l'âme réjouis, glorifiaient Dieu auteur des biens, par des prières et des actions de grâces. Et chacun des chefs présents prononçait des panégyriques, selon la mesure de son talent, pour célébrer la fête.

IV

PANÉGYRIQUE SUR L'ÉTAT BRILLANT DES AFFAIRES

Un homme, de ceux qui étaient convenablement doués, s'avança au milieu d'une assemblée ; il avait composé un discours. Dans une église comble, en présence d'un très grand nombre de pasteurs qui, en silence et en ordre, prêtaient l'oreille, devant un évêque en tout excellent et aimé de Dieu, par le zèle et l'activité de qui avait été bâti le temple de Tyr, le plus beau de ceux de Phénicie, il prononça les paroles suivantes :

 PANÉGYRIQUE SUR L'ÉRECTION DES ÉGLISES,
ADRESSÉ A PAULIN, ÉVÊQUE DE TYR

Amis de Dieu, prêtres revêtus de la sainte tunique, parés de la couronne céleste de la gloire, oints de l'onction divine, vêtus de la robe sacerdotale de l'Esprit Saint. Et toi, jeune ornement du saint temple de Dieu, honoré par Dieu de la prudence des vieillards, toi qui as montré des œuvres magnifiques et des actions d'une vertu nouvelle et dans tout son éclat ; toi, à qui Dieu lui-même, qui contient le monde entier, a accordé ce don choisi de construire et de restaurer sa maison sur la terre, pour le Christ son Verbe Fils unique et premier né, et pour sa sainte et pieuse épouse ; on pourrait t'appeler nouveau Béséléel, constructeur d'une tente divine, ou encore Salomon, roi d'une Jérusalem nouvelle, de beaucoup supérieure à l'ancienne, ou encore nouveau Zorobabel, qui apporte une gloire beaucoup plus grande que la première au temple de Dieu. Et vous aussi, rejetons du troupeau sacré du Christ, foyer des bons discours, école de sagesse, religieux auditoire, vénérable et aimé de Dieu.

Autrefois, c'est en entendant lire les textes divins que nous avons connu les merveilleux signes de Dieu, les bienfaits des miracles du Seigneur envers les hommes. Ainsi formés, il nous a été permis d'adresser à Dieu des hymnes et des cantiques et de dire : " O Dieu, nous avons entendu de nos oreilles ; nos pères nous ont annoncé l'œuvre que tu as faite dans leurs jours, dans les jours anciens. "

Mais maintenant, ce n'est plus seulement par des récits, par des bruits de paroles que nous connaissons le bras élevé et la céleste main de notre Dieu très bon et roi de toutes choses ; c'est, pour ainsi dire, par des œuvres, par nos yeux mêmes, que nous voyons combien les choses d'autrefois, transmises par la mémoire, sont fidèles et vraies. Il nous est permis de chanter pour la seconde fois l'hymne de la victoire, de le proclamer très haut et de dire : " Comme nous l'avons entendu, c'est ainsi que nous l'avons vu dans la cité du Seigneur des armées, dans la cité de notre Dieu. " Dans quelle cité, sinon dans celle-ci, qui a été récemment fondée et bâtie par Dieu ? " Elle est l'Église du Dieu vivant, la colonne et le fondement de la vérité. " C'est à son sujet qu'une autre parole divine annonce ainsi une nouvelle : " Des choses glorieuses ont été dites de toi. cité de Dieu. " C'est en elle que le Dieu de toute bonté nous a rassemblés par la grâce de son Fils unique et que chacun des invités chante et même crie en disant : " Je me suis réjoui de ce qui m'a été dit : nous irons dans la maison du Seigneur ", et encore : " Seigneur j'ai aimé la beauté de votre maison et le lieu ou réside votre gloire. "

Et que non seulement chacun le dise pour soi, mais que tous ensemble, d'un seul esprit et d'une seule âme, nous l'honorions et le bénissions, en disant : " Grand est le Seigneur et pleinement digne de louange dans la cité de notre Dieu, sur sa montagne sainte. " En effet, il est véritablement grand, " grande est sa demeure, élevée et large " ; elle est " éclatante de beauté au-dessus des fils des hommes. " Grand est le Seigneur, " qui accomplit seul des merveilles. " Grand " celui qui fait de grandes choses, incompréhensibles, glorieuses, extraordinaires, sans nombre. " Grand " celui qui change les circonstances et les temps, qui dépose les rois et les établit ", " qui fait lever le pauvre de la terre, qui du fumier relève le mendiant. " " Il a renversé les puissants de leurs sièges et il a exalté les humbles au-dessus de la terre ; il a rempli de biens les affamés ", et il a brisé " les bras des orgueilleux ".

Ce n'est pas seulement à des fidèles, mais aussi à des infidèles qu'il a confirmé le souvenir des récits anciens, lui, le thaumaturge, l'ouvrier des grandes œuvres, le maître de l'univers, le démiurge du monde entier, le tout-puissant, le tout bon, l'unique et seul Dieu, à qui nous devons chanter un chant nouveau, l'adressant en pensée " à celui qui seul fait des merveilles, parce que sa miséricorde est pour l'éternité ; à celui qui a frappé de grands rois et qui a fait périr des rois puissants, parce que sa miséricorde est pour l'éternité ; parce que, dans notre bassesse, il s'est souvenu de nous et qu'il nous a délivrés de nos ennemis. "

Et puissions-nous ne jamais cesser de célébrer ainsi le Père de toutes choses. Quant à celui qui est pour nous la seconde cause des biens, l'introducteur dans la connaissance de Dieu, le maître de la véritable piété, le destructeur des impies, le tueur des tyrans, le redresseur de la vie. le sauveur des désespérés que nous étions, Jésus, ayons son nom à la bouche et honorons-le. Seul, en effet, étant l'Enfant absolument unique et très bon du Père très-bon, selon la pensée de la philanthropie du Père, il a revêtu très volontiers notre nature, à nous qui étions plongés dans la corruption d'en-bas. Comme le meilleur des médecins, qui, pour le salut des malades, " regarde les maux, touche les choses répugnantes et sur les malheurs d'autrui récolte des chagrins pour lui-même ", il nous a sauvés, nous qui n'étions pas seulement malades et atteints de plaies terribles ou de blessures purulentes, mais encore couchés au milieu des morts ; il nous a attirés à lui des abîmes mêmes de la mort, parce qu'aucun autre de ceux qui sont au ciel n'avait assez de force pour nous procurer sans dommage le salut de tels maux.

Seul donc il a encore touché la corruption de notre profonde misère ; seul il a supporté nos labeurs ; seul il a pris sur lui les peines de nos impiétés. Il nous a relevés, lorsque nous étions non pas à moitié morts, mais déjà complètement corrompus et puants, dans les tombeaux et dans les sépulcres. Autrefois et maintenant, avec l'ardeur de son amour pour les hommes, il nous sauve contrairement à toute espérance de qui que ce soit et donc aussi de la nôtre, et il nous donne l'abondance des biens de son Père, lui, le vivificateur, le guide vers la lumière, notre grand médecin, roi et Seigneur, le Christ de Dieu.

Mais autrefois, quand le genre humain tout entier était plongé dans une nuit ténébreuse et une ombre profonde, par suite de l'égarement causé par des démons néfastes et les activités des esprits impies, il parut une fois pour toutes et délia les multiples chaînes de nos impiétés comme une cire qui fond sous les traits de la lumière même. Et maintenant, après une telle grâce et une telle bienfaisance, la jalousie haineuse du démon ami du mal a, pour ainsi dire, fait éclater et mobilisé contre nous toutes ses puissances de mort. Et d'abord, comme un chien enragé qui se brise les dents contre les pierres qu'on lui lance, et qui exerce contre des objets inanimés sa colère à l'égard de ceux qui le repoussent, le démon a tourné sa fureur sauvage contre les pierres des églises et les matériaux sans vie des maisons de prière : il nous a ainsi, comme il le pensait, privés d'églises. Ensuite, il a lancé de terribles sifflements, ses cris de serpent, tantôt par les menaces de tyrans impies, tantôt par les ordonnances blasphématoires de princes pervers. Puis, il a vomi la mort, dont il est l'auteur, et infecté les âmes qu'il avait conquises par des poisons vénéneux et mortels ; bien plus, il les a complètement fait périr, par des sacrifices mortels offerts aux idoles mortes, et il a excité contre nous comme en cachette toute bête à forme humaine, et toute espèce d'animaux sauvages.

Alors de nouveau, l'ange du grand conseil, le grand archistratège de Dieu, après l'exercice suffisant qu'avaient accompli les plus grands soldats de son royaume avec une constance et une fermeté totales, a paru tout à coup, et il rejeté les forces ennemies et adverses dans l'obscurité et le néant, si bien qu'elles semblèrent n'avoir jamais été nommées. Quant à ses amis et à ses familiers, il les a conduits au-delà de la gloire, en présence non seulement de tous les hommes, mais encore des puissances célestes, du soleil, de la terre, des étoiles, du ciel tout entier et de l'univers.

Par conséquent à ce moment, chose qu'on n'avait jamais vue, les empereurs les plus éminents de tous, conscients de l'honneur qu'ils avaient obtenu de lui, se mirent à cracher à la face des idoles mortes, à fouler aux pieds les cérémonies impies des démons, à se moquer de l'erreur antique et traditionnelle, à reconnaître comme le seul et unique Dieu, le bienfaiteur commun de tous les hommes et d'eux-mêmes, à confesser le Christ enfant de Dieu, roi souverain de toutes choses, à le proclamer Sauveur sur des inscriptions, inscrivant en caractères impériaux, pour une impérissable mémoire, ses heureux succès, ses victoires contre les impies, au milieu de la ville qui règne sur les villes de la terre. Ainsi, seul de ceux qui furent jamais, Jésus-Christ, notre Sauveur, fut non seulement reconnu par ceux-là mêmes qui sont les plus puissants sur la terre, comme un roi ordinaire né d'entre les hommes, mais il fut encore adoré par eux comme le véritable enfant du Dieu de l'univers et Dieu lui-même.

Et c'était à bon droit. Qui, en effet, de ceux qui ont jamais régné est parvenu à ce degré de vertu, qu'il a rempli de son nom l'oreille et la langue de tous les hommes (qui sont) sur la terre ? Quel roi, après avoir établi des lois aussi pieuses et aussi sages, a pu les faire connaître suffisamment pour être entendu par tous les hommes, depuis les extrémités de la terre jusqu'aux limites du monde habité ? Qui a changé les mœurs barbares et sauvages des nations grossières par ses lois douces et très amies des hommes ? Qui, après avoir été combattu de tous pendant des siècles entiers, a manifesté une puissance surhumaine, telle qu'elle fleurit chaque jour et se renouvelle à travers le monde entier ? Qui a fondé un peuple, dont on n'avait jamais entendu parler, non pas en le cachant dans un coin perdu de la terre, mais (en l'établissant) sur toute la terre qui est sous le soleil ? Qui a ainsi muni ses soldats des armes de la piété, au point que leurs âmes ont paru plus fortes que le diamant dans les combats contre leurs adversaires ? Quel roi est aussi puissant, dirige son armée après sa mort, dresse des trophées contre ses ennemis, remplit tout lieu, toute contrée, toute cité, tant grecque que barbare, des dédicaces de ses maisons royales et de ses temples divins, tels que les ornements et les offrandes magnifiques de ce temple où nous sommes ? Elles sont vraiment vénérables et grandes, dignes de provoquer l'étonnement et l'admiration, et sont comme des preuves manifestes de la royauté de notre Sauveur, qui aujourd'hui encore " a parlé et tout a existé ; il a ordonné et tout a été créé. " Qui en effet pouvait s'opposer à la volonté du roi souverain, du chef suprême, du Verbe de Dieu lui-même ? Ces (ornements et ces offrandes) auraient besoin d'un discours spécial pour qu'on en fit à loisir l'exacte description et explication.

Car l'activité de ceux qui se sont donné de la peine pour construire cet édifice n'est pas jugée aussi grande par celui qui est célébré comme Dieu, lorsqu'il regarde le temple animé que vous êtes tous et lorsqu'il considère la maison faite de pierres vivantes et bien fixées, qui est fortement et solidement établie " sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire " qu'ont rejetée non seulement les artisans de cette maison ancienne qui n'est plus, mais encore ceux de la construction faite par la plupart des hommes, et qui subsiste jusqu'à présent, architectes mauvais d'œuvres mauvaises. Mais le Père a éprouvé cette pierre angulaire ; et alors et maintenant il l'a établie comme tête d'angle de cette Église qui nous est commune.

Tel est donc ce temple vivant d'un Dieu vivant, qui est construit de nous-mêmes, je parle de ce sanctuaire très grand et véritablement digne de Dieu, dont l'intérieur est impénétrable, invisible au plus grand nombre, réellement saint et saint des saints. Qui, l'ayant contemplé, oserait en parler ? Qui serait capable de se baisser pour regarder dans ses enceintes sacrées, sinon le seul grand pontife de l'univers, à qui seul il est permis de scruter les mystères de toute âme raisonnable ? Peut-être aussi est-il encore permis à un autre d'occuper la seconde place après celui-ci, mais seulement à un seul autre pris parmi ses égaux, à celui qui a été établi le chef de cette armée ici présente, que lui-même, le premier et grand pontife, a honoré du second rang des sacerdoces d'ici-bas, au Pasteur de votre divin troupeau, qui a obtenu la direction de votre peuple par l'élection et le jugement du Père, comme s'il l'avait établi lui-même son serviteur et son interprète, le nouvel Aaron ou Melchisédech rendu semblable au Fils de Dieu, demeurant avec nous et conservé par lui pour longtemps, grâce aux prières communes de nous tous.

A cet homme seul donc, après le premier et suprême pontife, qu'il soit permis, sinon au premier rang, du moins au second, de voir et d'examiner le spectacle intérieur de vos âmes. L'expérience et la longueur du temps lui ont permis de connaître exactement chacun de vous ; son zèle et ses soins vous ont tous établis dans le bon ordre et la doctrine de la piété, et, plus que tous, il est réellement capable d'exposer dans des discours qui rivalisent avec ses œuvres, les grandes entreprises qu'il a accomplies avec l'aide de la puissance divine.

Notre premier et grand pontife a dit que ce qu'il voit faire à son Père, le Fils le fait semblablement. Votre pasteur, lui aussi, comme s'il regardait vers le premier maître avec les yeux purs de l'intelligence, tout ce qu'il lui voit faire, il l'exécute en utilisant ces actions comme modèles et archétypes et il en reproduit les images, en y mettant toute la ressemblance qu'il est possible. Il ne le cède en rien à ce Béséléel, que Dieu lui-même a rempli d'esprit de sagesse et d'intelligence, et de toute autre connaissance technique et scientifique, et qu'il a appelé à être l'artisan de la construction du temple selon les symboles des types célestes. Celui-ci donc lui aussi, de la même manière, porte dans son âme l'image du Christ entier, le Verbe, la Sagesse, la Lumière. Il est impossible de dire avec quelle grandeur d'âme, avec quelle main généreuse et inépuisable en ressources, avec quelle émulation de la part de vous tous, avec quelle magnanimité des donateurs dans les offrandes que vous lui avez faites vous avez rivalisé d'ardeur avec lui pour n'être aucunement laissés en arrière. Cet homme s'est donc mis à bâtir ce temple magnifique du Dieu très Haut, semblable par sa nature au modèle du temple parfait, dans la mesure où le visible peut être semblable à l'invisible.

Cet emplacement, dont il est juste de parler avant tout, était encombré, par les mauvais desseins des ennemis, de toute sorte de matériaux impurs. Il ne l'a pas dédaigné et il n'a pas cédé à la méchanceté de ceux qui avaient agi de la sorte, bien qu'il lui fût possible d'aller ailleurs, - il y avait dans la ville un grand nombre de lieux favorables - de trouver des facilités de travail et d'éviter des embarras. Lui-même d'abord s'excita à l'ouvrage ; puis il fortifia le peuple entier par son zèle, et les ayant rassemblés comme en une seule grande main (faite) de toutes les mains, il commença par mener ce premier combat. Il pensait que cette église, qui avait été spécialement détruite par les ennemis, qui avait été la première à la peine, qui avait subi avant nous les mêmes persécutions que nous, qui, comme une mère, avait été privée de ses enfants, devait jouir avec eux de la magnificence du Dieu tout bon.

Lors donc que le grand pasteur eut écarté les bêtes sauvages, les loups, et toutes les espèces d'animaux féroces et cruels, lorsqu'il eut brisé " les dents des lions ", ainsi que le disent les Ecritures divines, et qu'il eut jugé bon de rassembler à nouveau ses enfants en un seul corps, ce fut aussi très justement qu'il releva la bergerie du troupeau " pour couvrir de honte l'ennemi et le persécuteur ", et pour opposer une réfutation aux audaces que les impies avaient dirigées contre Dieu. Et maintenant, ils ne sont plus les ennemis de Dieu, parce qu'ils n'étaient pas. Après avoir, pour un peu de temps, provoqué des bouleversements, ils ont, eux aussi, été bouleversés, puis ils ont reçu un châtiment d'une incontestable justice, entraînant dans une ruine complète eux-mêmes, leurs amis et leurs maisons, de telle sorte que les prophéties, gravées autrefois sur des stèles sacrées, ont été confirmées comme vraies par les faits. Parmi celles-ci, entre autres, la parole divine disait vrai lorsqu'elle déclarait à leur sujet : "Les pécheurs ont tiré le glaive ; ils ont tendu leur arc pour frapper le pauvre et le mendiant, pour égorger ceux qui ont le cœur droit ". " Que leur glaive pénètre dans leur cœur et que leurs arcs soient brisés. " Et " leur mémoire à son tour a péri avec l'écho, et leur nom a été effacé pour le siècle et pour le siècle du siècle ", parce que, plongés dans les maux, "ils ont crié et il n'y a eu personne pour les sauver ; ils ont crié vers le Seigneur et il ne les a pas écoutés. " Mais " leurs pieds ont été entravés et ils sont tombés ; nous, au contraire, nous nous sommes relevés et nous avons été redressés. " Et sous les yeux de tous a été manifestée la vérité de cette prophétie : " Seigneur, c'est dans ta ville que tu as réduit leur image à néant. "

Mais ceux-ci, à la manière des géants, avaient entrepris une lutte contre Dieu, et ils ont obtenu la même fin catastrophique de leur vie. Au contraire, les résultats de la constance à l'égard de Dieu, délaissée et méprisée des hommes, sont tels que nous les voyons, comme le proclamait à son sujet la prophétie d'Isaïe en ces termes : " Réjouis-toi, désert altéré ; exulte, désert, et fleuris comme un lis : les déserts fleuriront et exulteront. Fortifiez-vous, mains défaillantes et genoux affaiblis. Consolez-vous, pusillanimes ; fortifiez-vous, ne craignez pas. Voici que notre Dieu rend justice et rendra justice ; lui-même viendra et nous sauvera parce que, dit-il, de l'eau a jailli dans le désert et une source dans une terre altérée ; et celle qui était sans eau sera changée en marécage et sur une terre altérée jaillira une source d'eau. " Et ces paroles autrefois prophétisées oralement, ont été confiées aux livres sacrés. Mais maintenant ce n'est plus par des mots, c'est par des réalités elles-mêmes que les faits nous ont été transmis. Cette église était déserte, elle était aride, elle était dépouillée et privée de défense. " Comme dans une forêt on coupe du bois à coups de hache, ils avaient enfoncé " ses portes ; " ensemble, avec la cognée et le marteau ", ils l'avaient saccagée ; ils avaient détruit ses livres ; " ris avaient incendié le sanctuaire de Dieu ; ils avaient profané, en le jetant à terre, le tabernacle de son nom. " " Tous ceux qui passaient sur la route " vendangeaient cette église, après en avoir franchi les haies ; " le sanglier sorti de la forêt la dévastait et la bête solitaire la ravageait". Maintenant, par l'étonnante puissance du Christ, lorsque celui-ci l'a voulu, elle est devenue " comme un lis ". En effet, c'était alors par sa volonté qu'elle était châtiée comme par un père vigilant, " car celui qu'aimé le Seigneur, il le châtie et il fouette tout fils qu'il accueille. "

Lors donc qu'elle eut été corrigée de façon mesurée, ainsi qu'il le fallait, elle reçut d'en haut l'ordre de se réjouir de nouveau ; elle fleurit " comme un lis " ; elle parfume tous les hommes de l'odeur divine, parce que, dit l'Écriture, " une eau a jailli dans le désert ", le flot de la régénération divine que confère le bain salutaire. Et maintenant, ce qui était il y a peu de temps le désert est devenu " un marécage, et dans la terre altérée " a jailli " une source d'eau " vive, et " les mains qui autrefois étaient sans vigueur " sont devenues véritablement fortes. Les présents travaux sont les preuves grandes et manifestes de la force de nos mains. Mais, eux aussi, les genoux, autrefois débiles et sans force, ont repris leur démarche habituelle et ils suivent, en allant droit devant eux, la route de la connaissance de Dieu, en se hâtant vers leur propre troupeau, celui du très bon pasteur. Et si quelques-uns ont des âmes engourdies par les menaces des tyrans, même ceux-là le Verbe Sauveur ne les laisse pas sans soins. Bien au contraire, il les soigne, eux aussi, et les excite à se laisser consoler par Dieu en disant : " Consolez-vous, cœurs pusillanimes, soyez forts, ne craignez pas. "

La parole qui prédisait que celle qui était devenue déserte à cause de Dieu devait jouir de ces biens, notre nouveau et splendide Zorobabel l'a entendue grâce à l'ouïe aiguisée de son esprit, après cette amère captivité et l'abomination de la désolation. Il n'a pas méprisé le cadavre sans vie. Avant toute autre chose, par des supplications et des sacrifices, il s'est rendu le Père propice avec le concours unanime de vous tous. Puis, ayant pris comme allié et comme auxiliaire celui qui seul ressuscite les morts, il a relevé celle qui était tombée, après l'avoir auparavant purifiée et guérie de ses maux. Il l'a revêtue d'une robe qui n'était pas l'ancienne robe d'autrefois, mais celle dont il avait été instruit par les oracles divins, qui disaient clairement : " Et sera la gloire dernière de cette maison plus grande que la première. "

Pour cette église, il a donc délimité tout l'emplacement, beaucoup plus grand (que le premier). Il en a fortifié le périmètre extérieur par une muraille qui l'entoure entièrement, de manière à constituer un rempart très sûr de l'ensemble. Il a déployé un grand vestibule, dressé en hauteur, du côté des rayons du soleil levant, et il a donné à ceux qui sont loin au dehors des enceintes sacrées une large vue de ce qui est à l'intérieur ; il invite pour ainsi dire ceux qui sont étrangers à la foi à tourner les regards vers les premières entrées. Personne d'ailleurs ne passerait devant le temple qu'il n'ait d'abord l'âme pénétrée de douleur au souvenir de l'abandon d'autrefois et de l'étonnante merveille réalisée maintenant. Peut-être l'évêque a-t-il espéré que l'homme, ainsi pénétré de cette douleur, serait attiré et poussé à entrer à la vue même (du monument).

A l'intérieur, il n'a pas permis à celui qui franchissait les portes de pénétrer immédiatement avec des pieds souillés et non lavés dans le sanctuaire ; mais il a laissé aussi grand que possible l'espace compris entre le temple et les premières entrées, et il l'a orné de quatre portiques fermés sur eux-mêmes; il a fait de ce lieu une sorte d'enceinte à quatre côtés, avec des colonnes qui s'élèvent de partout : les intervalles qui séparent ces colonnes sont fermés par des barrières en bois, disposées en réticule, qui s'élèvent à une hauteur convenable. Il a laissé vide le milieu pour qu'on puisse voir le ciel, accordant ainsi (aux visiteurs) un air brillant et librement exposé aux rayons du soleil. C'est là qu'il a placé les symboles des purifications sacrées : il a disposé en face du temple des fontaines pour fournir en abondance de l'eau vive où peuvent se laver ceux qui pénètrent dans les enceintes du temple. Ce premier endroit par lequel passent ceux qui entrent, offre à tous de la beauté et de l'agrément ; et à ceux qui ont encore besoin des premières initiations, il présente la demeure assortie à leurs exigences. Mais il fit mieux que d'offrir le spectacle de cette entrée. Par le moyen de vestibules intérieurs encore plus nombreux, il ouvrit des entrées vers le temple. Les disposant face aux rayons du soleil, il ouvrit trois portes d'un seul côté, et il lui plut que celle du milieu fût beaucoup plus grande que les deux autres, en hauteur et en largeur ; il la décora d'appliques de bronze, réunies par des attaches de fer ; il l'orna de ciselures variées en relief et, ainsi qu'à une reine, il établit les deux autres à ses côtés comme des gardes du corps. De la même manière, il pourvut les portiques, situés de part et d'autre de l'ensemble du temple, du même nombre de vestibules. Pour éclairer par en haut ces vestibules d'une lumière plus abondante, il imagina différentes ouvertures percées dans l'édifice et il les orna également d'une manière variée par des travaux en bois.

Quant à la basilique elle-même, il la construisit avec des matériaux encore plus riches et précieux, et il fut dans les dépenses d'une libéralité sans réserve. Ici, je crois qu'il est superflu de décrire la longueur et la largeur de l'édifice, sa beauté éclatante, sa grandeur supérieure à toute parole, l'aspect brillant des ouvrages que je parcours par la parole, leur hauteur qui atteint les cieux, les cèdres précieux du Liban qui sont placés au-dessus de l'édifice. De ceux-ci, l'oracle divin lui-même n'a pas passé la mention sous silence : " Les arbres du Seigneur se réjouiront, dit-il, et les cèdres du Liban qu'il a plantés. "

Que me faut-il maintenant décrire exactement l'ordonnance pleine de sagesse et d'art architectural, la beauté extrême de chacune des parties, alors que le témoignage de la vue dispense de l'enseignement qui se transmet par le moyen des oreilles ? Lorsqu'il eut ainsi achevé le temple, il l'orna de trônes très élevés pour l'honneur de ceux qui président, et en outre de bancs disposés en ordre pour ceux du commun, ainsi qu'il est convenable. Ensuite, il disposa au milieu le saint autel des saints mystères ; et, pour qu'il demeurât inaccessible à la multitude, il l'entoura de barrières en bois réticulé, qui, jusqu'au sommet, étaient travaillées avec un art délicat, de manière à offrir aux spectateurs un admirable spectacle. Le pavé ne fut pas non plus négligé par lui : il l'orna à la perfection d'un marbre de toute beauté.

Il pensa également aux parties extérieures du temple: il fit élever avec art, de chaque côté, des exèdres et des bâtiments très grands qui se joignent l'un à l'autre en s'adossant aux flancs de la basilique et s'unissent à elle par des passages débouchant sur le bâtiment central. Quant aux locaux nécessaires pour ceux qui avaient encore besoin de la purification et des ablutions conférées par l'eau et par l'Esprit-Saint, notre très pacifique Salomon, après avoir édifié le temple de Dieu, les fit encore construire, de sorte que la prophétie citée plus haut ne fut plus seulement une parole, mais une réalité.

Maintenant en effet, il est vrai que " la gloire de cette maison, la dernière, est plus grande que celle de la première ". Car il fallait et il était convenable, après que son Pasteur et Maître eut une fois pour toutes subi la mort pour elle, après qu'il eut, à la suite de la Passion, transféré dans l'éclat et la gloire le corps qu'il avait revêtu à cause de ses souillures ; après qu'il eut ramené la chair, qu'il avait rachetée, de la corruption à l'incorruption, il fallait, dis-je, que cette église retirât semblablement les fruits de l'économie du Sauveur. Et parce qu'elle a reçu de lui la promesse de biens supérieurs de beaucoup à ceux d'ici-bas, elle désire recevoir d'une façon durable, pour les siècles à venir, la gloire beaucoup plus grande de la régénération dans la résurrection d'un corps incorruptible, dans la compagnie du chœur des anges de lumière, dans les palais de Dieu au delà des cieux, avec le Christ Jésus lui-même, l'universel bienfaiteur et Sauveur.

 Mais en effet, et dans le temps présent, celle qui était autrefois abandonnée et délaissée est maintenant, par la grâce de Dieu, entourée de fleurs. Elle est vraiment devenue comme un lis, selon que le dit la prophétie ; elle a repris la robe nuptiale et ceint la couronne d'honneur ; elle a été instruite par Isaïe à conduire le chœur, pour "hanter l'action de grâces à Dieu notre roi, en le glorifiant avec des paroles de bénédiction. Ecoutons-la dire : " Que mon âme se réjouisse dans le Seigneur ; car il m'a revêtue d'un vêtement de salut et d'une tunique de joie ; il a entouré ma tête d'un diadème comme pour un époux ; et comme une épouse il m'a parée d'un ornement. Et comme une terre qui fait croître sa fleur, comme un jardin qui fait éclore ses semences, ainsi le Seigneur a fait germer la justice et l'allégresse en présence de toutes les nations." C'est par ces paroles qu'elle conduit le chœur. D'autre part, c'est en termes semblables que l'époux, le Verbe céleste, Jésus-Christ lui-même, lui répond. Ecoute ce que dit le Seigneur : " Ne crains pas parce que tu as été couverte de honte ; ne rougis pas parce que tu as été outragée. Oublie ta honte éternelle ; ne te souviens plus de l'opprobre de ta viduité. Ce n'est pas comme une femme abandonnée et pusillanime que le Seigneur t'a appelée, ni comme une femme haïe depuis sa jeunesse. Ton Dieu a dit : Un peu de temps je t'ai abandonnée, et j'aurai pitié de toi dans une grande pitié ; c'est sans grande colère que j'ai détourné de toi mon visage, mais c'est dans une pitié éternelle que j'aurai pitié de toi, dit le Seigneur qui t'a délivrée. Lève-toi, lève-toi, toi qui as bu de la main du Seigneur la coupe de sa colère, car la coupe du vertige, le vase de ma colère, tu l'as bu et tu l'as vidé. Et il n'y avait personne pour te consoler, de tous les enfants que tu as enfantés et il n'y en avait pas un qui te prît par la main. Voici, j'ai enlevé de ta main la coupe du vertige, le vase de ma colère et tu n'auras plus à le boire désormais. Et je le remettrai dans les mains de ceux qui ont commis l'injustice envers toi et qui t'ont humiliée. Lève-toi, lève-toi, revêts ta force, revêts ton éclat. Secoue la poussière et lève-toi. Assieds-toi, détache le lien de ton cou. Lève les yeux autour de toi et vois tes enfants rassemblés. Voici, ils se sont rassemblés et ils sont venus à toi. Moi, je vis, dit le Seigneur; tu seras revêtue d'eux tous, comme d'une parure ; tu en seras entourée comme d'un ornement d'épouse. Car tes déserts, tes terres dévastées, celles qui sont maintenant, ruinées, seront trop étroites pour ceux qui t'habitent et ceux qui te dévoraient seront éloignés de toi. [52] Tes fils que tu avais perdus diront en effet à tes oreilles : " Ce lieu est étroit pour moi ; fais-moi un lieu pour que j'y habite ". Et tu diras dans ton cœur : " Qui me les a engendrés ? Moi, je suis stérile et veuve. Qui me les a nourris ? Moi, j'ai été abandonnée toute seule. D'où me viennent-ils donc ? "

Voilà ce qu'a prophétisé Isaïe et tout cela a été. bien longtemps avant nous, consigné à notre sujet dans les livres sacrés, mais il fallait en quelque sorte que la vérité de ces prophéties fût maintenant apprise par des faits. Mais après que l'Epoux, le Verbe eut dit ces paroles à son épouse, l'Église sainte et sacrée, il était convenable que le paranymphe qui est ici présent, qui, par les prières communes de vous tous, a élevé vos mains, il fallait, dis-je, qu'il relevât cette délaissée, cette femme qui gisait comme un cadavre, celle qui était sans espoir de la part des hommes, et qu'il la ressuscitât par la volonté de Dieu, le roi universel, et par la manifestation de la puissance de Jésus-Christ, et que, l'ayant ressuscitée, il l'établît telle que le lui avaient enseigné les oracles sacrés.

C'est là donc en vérité une grande merveille et surpassant toute admiration, surtout pour ceux qui appliquent leur esprit à la seule apparence des choses du dehors. Mais ce qui est encore plus merveilleux que ces merveilles, ce sont les archétypes et leurs prototypes intelligibles, leurs modèles divins, je veux dire le renouvellement de l'édifice divin et raisonnable dans les âmes. L'Enfant de Dieu lui-même a fait cet édifice selon son image, et, partout et en tout, lui a donné la ressemblance divine, une nature incorruptible, incorporelle, raisonnable, étrangère à toute matière terrestre, une essence par elle-même intelligente. Une fois qu'il l'eut fait passer du néant à l'être, il en a fait, pour lui et pour le Père, une sainte épouse, un temple entièrement sacré. C'est ce que lui-même manifeste clairement en déclarant : " J'habiterai parmi eux, dit-il, et je marcherai avec eux ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple ". Telle était l'âme parfaite et purifiée, créée de la sorte dès le commencement, en tant qu'elle portait l'image du Verbe céleste.

Mais, par suite de la jalousie et de l'envie du démon ami du mal, elle est devenue l'amie des sensations et du mal, en vertu d'un libre choix. La divinité s'étant retirée d'elle, comme si elle était abandonnée de son protecteur, elle devint une proie facile, prête à tomber dans les embûches, et fut vaincue par ceux qui depuis longtemps la jalousaient. Renversée par les machines et les engins des ennemis invisibles et des adversaires spirituels, elle tomba d'une chute extraordinaire, telle qu'il ne resta plus debout en elle pierre sur pierre de sa vertu : elle était tout entière à terre, entièrement morte et tout à fait privée des pensées innées relatives à Dieu.

Alors, lorsque fut tombée celle qui avait été faite à l'image de Dieu, ce ne fut pas ce sanglier sorti de la forêt visible pour nous, qui la ravagea, mais un démon corrupteur et des bêtes sauvages spirituelles, qui allumèrent en elle des passions semblables, comme avec les flèches enflammées de leur propre méchanceté : " ils incendièrent par le feu le sanctuaire " réellement divin " de Dieu ; ils jetèrent par terre le tabernacle de son nom ". Puis, ayant enfoui la malheureuse sous un amas de terre, ils la jetèrent dans une situation sans aucun espoir de salut.

Mais son défenseur, le Verbe, qui est lumière divine et Sauveur, après qu'elle eut subi le juste châtiment de ses péchés, la reçut de nouveau, obéissant à l'amour pour les hommes du Père très bon.

Ayant choisi d'abord avant les autres les âmes des empereurs les plus élevés en dignité, le Verbe commença par purifier toute la terre de tous les hommes impies et cruels et des tyrans eux-mêmes pervers et ennemis de Dieu par le moyen des princes très aimés de Dieu. Ensuite, il fit sortir au grand jour les hommes qui étaient ses amis, ceux qui autrefois lui avaient été consacrés pour la vie et qui se cachaient sous sa protection, dissimulés comme dans une tempête de maux ; il les honora dignement des magnificences du Père. Puis elles aussi, les âmes qui, peu auparavant, avaient été souillées et qui étaient ensevelies sous les amas de matériaux de toutes sortes que contenaient les ordonnances impies, il les purifia et les nettoya par l'intermédiaire de ceux-ci (les évoques fidèles), avec des pics et des hoyaux à deux pointes, c'est-à-dire avec les enseignements pénétrants de ses doctrines. Après avoir rendu splendide et éclatant le sol de votre intelligence à vous tous, il confia pour l'avenir cette tâche à notre chef ici présent, très sage et très aimé de Dieu. Et celui-ci, d'ailleurs plein de jugement et de prudence, sut bien reconnaître et discerner l'intelligence des âmes qui lui avaient été confiées. Du premier jour, pour ainsi dire, il n'a pas encore cessé de construire jusqu'à présent. Il ajuste en vous tous tantôt l'or éclatant, tantôt l'argent éprouvé et pur, et les pierres précieuses et de grand prix, de sorte qu'il accomplit en vous par ses œuvres la prophétie sacrée et mystique, par laquelle il est dit : " Voici que je te prépare une escarboucle comme ta pierre ; pour tes fondements un saphir ; pour tes créneaux le jaspe ; pour tes portes du cristal de roche ; pour ton enceinte des pierres choisies ; et tous tes fils seront enseignés par Dieu et tes enfants seront dans une grande paix, et tu seras bâtie dans la justice. "

Oui, c'est dans la justice qu'il bâtit et c'est selon le mérite du peuple entier qu'il divise les pouvoirs. Les uns, il les environne de la seule enceinte extérieure, en les entourant, comme d'un mur, d'une foi sans erreur : grande est la multitude de ceux qui sont incapables de supporter un édifice plus considérable. A d'autres, il confie les entrées de la maison, et leur ordonne de garder les portes et de guider ceux qui entrent : on les regarde non sans raison comme les propylées du temple. D'autres, il les a appuyés sur les premières colonnes extérieures qui sont autour des quatre côtés de l'atrium : il les fait avancer sur les premières approches de la lettre des quatre évangiles. D'autres encore, il les rapproche étroitement de chaque côté de la basilique : ils sont encore catéchumènes et établis dans la croissance et le progrès sans être pourtant éloignés pour longtemps de la vue des objets intérieurs (que contemplent) les fidèles. Parmi ces derniers, il choisit les âmes pures qui sont purifiées à la manière de l'or, par un bain divin ; et ici, il appuie les uns sur des colonnes beaucoup plus fortes que celles du dehors, sur les doctrines mystiques les plus intérieures de l'Écriture ; les autres, il les éclaire par des ouvertures orientées vers la lumière. Il orne le temple entier de l'unique très grande porte d'entrée de la glorification du roi souverain, le seul et unique Dieu, et dispose de chaque côté de la souveraineté du Père les rayons seconds de la lumière, le Christ et l'Esprit Saint. Pour le reste, à travers l'église entière, il montre sans jalousie et d'une manière très variée, la clarté et la lumière de la vérité dans son détail. Partout et de tous côtés, il a choisi les pierres vivantes, solides, bien ajustées des âmes ; et, avec elles toutes, il prépare la grande demeure royale, éclatante, pleine de lumière, au dedans et au dehors, parce que non seulement l'âme et la pensée, mais aussi le corps resplendit en eux de la multiple beauté fleurie de la chasteté et de la sobriété.

Il y a encore dans ce sanctuaire des trônes et d'innombrables bancs et sièges ; ce sont, en autant d'âmes où ils reposent, les dons de l'Esprit Saint, tels qu'on les vit autrefois chez les saints apôtres et leurs compagnons à qui se manifestèrent " des langues divisées, semblables à du feu et arrêtées sur chacun d'entre eux ". Mais dans le chef de tous repose justement le Christ tout entier lui-même : tandis que dans ceux qui sont au second rang après lui, il repose proportionnellement, selon ce que chacun le contient par les divisions de sa puissance et de celle du Saint-Esprit. Peut-être les sièges sont-ils les âmes de certains anges qui sont donnés à chacun d'eux pour son éducation et sa garde. Quant au vénérable, grand et unique autel, quel serait-il sinon le saint des saints très pur [de l'âme] du prêtre commun à tous ? A sa droite, se tient debout le grand Pontife de l'univers lui-même, Jésus, le Fils unique de Dieu. Il reçoit avec un visage joyeux et les mains levées l'encens de bonne odeur qu'offrent tous les fidèles, et les sacrifices non sanglants et non matériels qui sont offerts par le moyen des prières, et il les envoie au Père qui est dans le ciel, au Dieu de l'univers. Le premier, il l'adore lui-même, et, seul, il rend au Père l'hommage conforme à sa dignité ; puis il lui demande de demeurer bienveillant et favorable à nous tous pour toujours.

Tel est le grand temple que, dans toute la terre habitée qui est sous le soleil, a bâti le Verbe, le grand démiurge de l'univers, après avoir formé sur la terre cette image intelligible des voûtes célestes de l'au-delà, de sorte qu'en lui est honoré et révéré le Père, par l'intermédiaire de la création tout entière et des êtres vivants et raisonnables qui sont sur la terre. Quant à la région supracéleste et aux exemplaires qui s'y trouvent des choses d'ici-bas, à la Jérusalem que l'on appelle la Jérusalem d'en haut et la montagne céleste de Sion, la ville supracosmique du Dieu vivant, dans laquelle des myriades de chœurs angéliques et une Église de premiers nés inscrits dans les cieux célèbrent, par des théologies ineffables et inaccessibles à notre raison, leur créateur et le chef suprême de l'univers, nul mortel n'est capable de la chanter dignement, parce que " l'œil n'a pas vu et l'oreille n'a pas entendu et il n'est pas monté au cœur de l'homme ce que Dieu a préparé à ceux qui l'aiment. "

Ayant déjà été jugés dignes d'avoir part à ces biens, hommes, enfants et femmes, petits et grands, tous ensemble, dans un seul esprit et une seule âme, ne cessons pas de confesser et de bénir l'auteur de si grands bienfaits, " celui qui est tout à fait propice à toutes nos iniquités, celui qui guérit toutes nos maladies, celui qui délivre notre vie de la corruption, celui qui nous couronne dans la pitié et la compassion, celui qui comble de biens notre désir, parce que ce n'est pas selon nos péchés qu'il a agi envers nous, ni selon nos iniquités qu'il a agi à notre égard ; parce que, autant que l'Orient est éloigné de l'Occident, il a éloigné de nous nos iniquités : comme un père a compassion de ses fils, le Seigneur a eu compassion de ceux qui le craignent ". Ranimons la mémoire de ces bontés divines maintenant et pour tout le temps à venir. Quant au Christ, l'auteur et chef de la présente assemblée, de cette journée brillante et très éclatante, voyons-le en esprit, de nuit et de jour, à toute heure et, pour ainsi dire, à chaque respiration ; chérissons-le, vénérons-le avec toute la force de notre âme. Et maintenant, levons-nous et supplions-le avec de bonnes dispositions, à voix haute, qu'il nous garde jusqu'à la fin dans sa bergerie, qu'il nous sauve, et qu'il nous décerne le prix, la paix infrangible, inébranlable, éternelle, dans le Christ Jésus notre Sauveur, par qui soit rendue à Dieu la gloire dans tous les siècles des siècles. Amen!"

V

COPIE DES CONSTITUTIONS IMPÉRIALES SE RAPPORTANT AUX CHRÉTIENS

Et maintenant, citons enfin les ordonnances impériales de Constantin et de Licinius, traduites de la langue latine.

Copie des ordonnances impériales, traduites de la langue latine.

" Depuis longtemps déjà, considérant qu'il ne faut pas refuser la liberté de la religion, mais qu'il faut accorder à la raison et à la volonté d'un chacun la faculté de s'occuper des choses divines, chacun selon sa préférence, nous avions invité les chrétiens à conserver la foi de leur secte et de leur religion". Mais puisque de nombreuses et différentes conditions paraissaient clairement avoir été ajoutées dans le rescrit, où une telle permission avait été accordée à ces mêmes chrétiens, peut-être est-il arrivé que certains d'entre eux ont été peu après repoussés et empêchés de pratiquer ce culte.

Lorsque moi, Constantin Auguste, et moi Licinius Auguste, nous sommes venus sous d'heureux auspices à Milan et que nous y recherchions tout ce qui importait à l'avantage et au bien publics, parmi les autres choses qui nous paraissaient devoir être utiles à tous à beaucoup d'égards, nous avons décidé, en premier lieu et avant tout, de donner des ordres de manière à assurer le respect et l'honneur de la divinité, c'est-à-dire nous avons décidé d'accorder aux chrétiens et à tous les autres le libre choix de suivre la religion qu'ils voudraient, de telle sorte que ce qu'il peut y avoir de divinité et de pouvoir céleste puisse nous être bienveillant, à nous et à tous ceux qui vivent sous notre autorité.

Ainsi donc, dans un dessein salutaire et tout à fait droit, nous avons décidé que notre volonté est qu'il ne faut refuser absolument à personne la liberté de suivre et de choisir l'observance ou la religion des chrétiens, et qu'à chacun soit accordée la liberté de donner son adhésion réfléchie à cette religion qu'il estime lui être utile, de telle sorte que la divinité puisse nous fournir en toutes occasions sa providence habituelle et sa bienveillance.

Ainsi, il était convenable qu'il nous plût de donner ce rescrit, afin que, après la suppression complète des conditions contenues dans nos lettres antérieurement envoyées à Ta Dévotion au sujet des chrétiens, fût aboli ce qui paraissait tout à fait injuste et étranger à notre douceur, et que maintenant, librement et simplement chacun de ceux qui ont pris la libre détermination de garder la religion des chrétiens, la garde sans être aucunement gêné. Voilà ce que nous avons décidé de déclarer très complètement à Ta Sollicitude, afin que tu saches que nous avons donné un pouvoir libre et sans entrave aux dits chrétiens de pratiquer leur religion. Puisque Ta Dévotion voit que nous leur accordons cette liberté sans aucune restriction, elle voit également qu'aux autres aussi qui le veulent est accordé le pouvoir de suivre leur observance et leur religion, ce qui évidemment est convenable pour la tranquillité de nos temps : de la sorte, chacun a le pouvoir de choisir et de pratiquer la religion qu'il veut. Cela a été décidé par nous de telle sorte que nous ne paraissions diminuer pour personne aucun rite ou religion.

Et, en outre, voici ce que nous décidons en ce qui regarde les chrétiens. Leurs locaux, où ils avaient coutume de s'assembler auparavant, et au sujet desquels, dans une lettre envoyée précédemment à Ta Dévotion, une autre règle avait été fixée dans le temps antérieur, si des gens paraissent les avoir achetés, soit à notre fisc, soit à quelque autre, qu'ils les restituent aux dits chrétiens sans paiement et sans réclamer aucune compensation, toute négligence et équivoque étant mise de côté. Et si certains ont reçu ces locaux en présent, qu'ils les restituent au plus vite aux dits chrétiens. Ainsi, si les acquéreurs de ces dits locaux ou ceux qui les ont reçus en présent réclament quelque chose à notre bienveillance, qu'ils se présentent au tribunal du magistrat local, afin que, par notre générosité, une compensation leur soit accordée. Tous ces biens devront être rendus au corps des chrétiens par tes soins sans aucun retard et intégralement.

Et puisque lesdits chrétiens ne possédaient pas seulement les locaux dans lesquels ils avaient coutume de se réunir, mais puisqu'on les connaît comme propriétaires encore d'autres locaux qui n'appartenaient pas à chacun d'eux, mais au domaine de leur corps, c'est-à-dire au corps des chrétiens, tu ordonneras que tous ces biens, selon la loi que nous avons citée précédemment, soient rendus absolument, sans aucune contestation, aux dits chrétiens, c'est-à-dire à leur corps et assemblée. Les dispositions susdites doivent être manifestement observées, de telle sorte que ceux qui les restitueront sans en recevoir le prix, comme nous l'avons dit précédemment, aient l'espoir d'une indemnité pour eux-mêmes, en vertu de notre générosité. En tout cela, tu dois accorder au susdit corps des chrétiens le zèle le plus efficace, afin que notre ordonnance soit accomplie le plus rapidement possible, afin aussi qu'en cette affaire il soit pourvu par notre bienveillance à la tranquillité commune et publique.

En effet, par cette disposition, ainsi qu'il a été dit plus haut, la sollicitude divine à notre égard, dont nous avons déjà fait l'épreuve en maintes circonstances, demeurera ferme en tout temps. Et, afin que les termes de notre présente loi et de notre générosité puissent être portés à la connaissance de tous, il est convenable que ce que nous avons écrit soit affiché par ton ordre, soit publié partout et parvienne à la connaissance de tous, de telle sorte que la loi due à notre générosité ne puisse échapper à personne.

COPIE D'UNE AUTRE ORDONNANCE IMPÉRIALE,
QUI A ÉTÉ FAITE ENCORE POUR PRESCRIRE DE FAIRE LA DONATION
A LA SEULE ÉGLISE CATHOLIQUE.

" Salut, Anulinus, notre très vénérable. Telle est la coutume de notre amour du bien de vouloir que tout ce qui appartient à un domaine étranger non seulement ne soit pas troublé, mais encore soit restitué, très vénérable Anulinus. Par suite, nous voulons que, lorsque tu recevras cette lettre, si quelqu'un des biens qui appartenaient à l'Église catholique des chrétiens, en quelque ville ou d'autres lieux, est retenu maintenant, soit par des citoyens soit par d'autres, tu le fasses restituer sur-le-champ à ces mêmes Églises, puisque nous avons décidé que les propriétés que possédaient auparavant ces mêmes Églises soient restituées à leur domaine.

Puisque donc Ta Dévotion comprend que l'ordonnance le notre commandement est très manifeste, empresse-toi de leur restituer au plus vite toutes choses, jardins, maisons, ou quoi que ce soit qui appartenait au domaine desdites Églises, afin que nous apprenions que tu as apporté l'obéissance la plus exacte à notre présente ordonnance. Porte-toi bien, Anulinus, notre très vénérable et très cher. "

COPIE DE LA LETTRE DE L'EMPEREUR PAR LAQUELLE IL ORDONNE DE TENIR A ROME
UN SYNODE D'ÉVÊQUES, POUR L'UNION ET LA CONCORDE DES ÉGLISES.

" Constantin Auguste à Miltiade, évêque des Romains et à Marc. De nombreux et importants écrits m'ont été envoyés par Anulinus, le clarissime proconsul d'Afrique, dans lesquels il est rapporté que Cécilianus, l'évêque de la cité de Carthage, est blâmé en beaucoup de points par quelques-uns de ses collègues qui siègent en Afrique : il me semble très pénible que, dans ces provinces que la divine Providence a librement remises à Ma Dévotion et dans lesquelles il y a une nombreuse foule de peuple, règne de l'agitation pour une question des plus minimes, si bien qu'il y aurait des dissensions et des différends entre évêques. En conséquence de quoi, il m'a semblé bon que Cécilianus lui-même s'embarque pour Rome, accompagné de dix évêques de ceux qui semblent le blâmer et de dix autres que lui-même supposerait nécessaires à sa propre cause, afin que là, en votre présence, et en présence aussi de Réticius, de Maternus et de Marinus, vos collègues, à qui, à cette fin, j'ai ordonné de venir en hâte à Rome, il puisse être entendu, comme vous savez qu'il est conforme à la très auguste loi.

D'ailleurs, afin que vous puissiez avoir une très entière connaissance de toutes ces affaires, j'ai joint à ma lettre les copies des documents qui m'ont été envoyés par Anulinus, et je les ai aussi envoyées à vos susdits collègues. Après les avoir lues, Votre Fermeté jugera de quelle manière il faut examiner en détail la susdite cause et la terminer selon la justice. Il n'échappe pas à Votre Sollicitude que, présentement, je porte un tel respect à la légitime Église catholique que je ne veux pas que vous tolériez en quelque manière aucun schisme ou division en quelque lieu que ce soit.

Que la divinité du grand Dieu vous garde de nombreuses années,

très vénérable. "

COPIE DE LA LETTRE DE L'EMPEREUR, PAR LAQUELLE IL ORDONNE
DE TENIR UN SECOND SYNODE, POUR ENLEVER TOUTE DIVISION ENTRE ÉVÊQUES.

" Constantin Auguste à Chrestus évêque des Syracusains. Déjà antérieurement, lorsque d'une façon méchante et perverse, quelques-uns commencèrent à se diviser au sujet de la religion de la sainte et céleste puissance et du culte catholique, voulant couper court à de telles querelles de leur part, j'avais décidé de faire venir de Gaule quelques évêques et d'appeler d'Afrique ceux qui, dans chacun des partis opposés, combattaient les uns contre les autres d'une manière obstinée et persévérante, afin qu'en présence de l'évêque de Rome, la question qui paraissait l'objet des disputes pût, grâce à leur présence, recevoir une solution équitable à la suite d'un examen complet et soigneux de l'affaire.

Mais, ainsi qu'il arrive, quelques-uns ont oublie même leur propre salut et la vénération qui est due à la très sainte religion, et, maintenant encore, ils ne cessent pas de prolonger leurs inimitiés, sans vouloir se conformer au jugement déjà porté. Ils affirment que ce fut seulement un petit nombre de personnes qui ont exprimé leurs opinions et porté leurs sentences, ou bien encore que, sans avoir auparavant examiné avec soin tout ce qui devait être recherché, ils se sont hâtés de prononcer le jugement d'une manière rapide et précipitée. Il résulte de tout cela que ceux-là mêmes qui devraient avoir entre eux une concorde fraternelle et unanime, se sont divisés entre eux d'une manière honteuse, ou plutôt infâme, et qu'ils donnent, aux hommes dont les âmes sont étrangères à la très sainte religion, un prétexte de dérision. Par suite, j'ai eu à pourvoir à ce que l'affaire, qui aurait dû cesser par un libre assentiment après le jugement déjà porté, puisse maintenant du moins prendre fin en présence d'un grand nombre.

Nous avons donc ordonné à un grand nombre d'évêques, venus de lieux différents et très nombreux, de s'assembler dans la cité d'Arles, aux calendes d'août, et nous avons jugé bon de t'écrire de prendre, chez le clarissime Latronianus, correcteur de Sicile, la poste publique, après t'être adjoint deux hommes du second rang que tu auras jugé bon de choisir, et avoir pris encore trois serviteurs capables de vous servir en chemin, afin que tu le trouves au susdit lieu le jour indiqué. De la sorte, par le moyen de Ta Fermeté et par celui de la conscience unanime et commune des autres évêques assemblés, cette querelle qui s'est prolongée jusqu'à présent d'une manière misérable, grâce à des rivalités honteuses, une fois que ce qui doit être dit aura été entendu par des hommes maintenant séparés les uns des autres et à qui nous avons semblablement ordonné d'être présents, pourra, si tardivement que ce soit, céder la place à l'état convenable de la religion, de la foi et de l'unanimité fraternelle.

Que le Dieu tout-puissant te carde en santé pour de nombreuses années. "

VI

COPIE DE LA LETTRE IMPÉRIALE,
PAR LAQUELLE DES RICHESSES SONT ACCORDÉES AUX ÉGLISES.

" Constantin Auguste à Cecilianus, évêque de Carthage. Comme il m'a paru bon, dans toutes les provinces, dans les Afriques, les Numidies et les Maurétanies, de fournir quelque chose pour leurs dépenses à certains serviteurs désignés de la très sainte religion catholique, reconnue par les lois, j'ai envoyé une lettre au perfectissime Ursus, rationalis d'Afrique, et je lui ai notifié qu'il ait à faire diligence pour compter trois milles folles à Ta Fermeté. Quant à toi, lorsque tu auras fait constater le paiement de ladite somme (d'argent), ordonne que ces biens soient distribués à tous ceux qui ont été antérieurement désignés dans le mémorandum qu'Ossius t'a envoyé. Mais si tu apprends qu'il manque quelque chose pour accomplir ma décision sur ce point envers tous ceux-là, tu dois demander à Héraclidès, le procurateur de nos biens, ce que tu auras appris sans contestation être nécessaire. En effet, j'ai ordonné en sa présence que, si Ta Fermeté lui demande de l'argent, il ait soin de le compter sans aucune hésitation.

Et comme j'ai appris que certaines gens de pensée mal établie veulent détourner le peuple de la très sainte Église catholique vers une mauvaise doctrine falsifiée, sache que j'ai donné des ordres au proconsul Anulinus et aussi à Patricius, le vicaire des préfets, qui étaient présents, pour qu'ils accordent l'attention convenable dans toutes les autres matières et surtout en celle-ci et ne se permettent pas de négliger une telle affaire. C'est pourquoi, si tu vois de tels hommes persévérer dans cette folie, recours sans aucune hésitation aux susdits juges, et porte cette affaire devant eux, afin qu'ils puissent détourner ces gens de leur erreur, comme je le leur ai ordonné de vive voix. Que la divinité du grand Dieu te garde pour de nombreuses années. "

VII

COPIE DE LA LETTRE IMPÉRIALE, PAR LAQUELLE IL EST ORDONNÉ
QUE LES CHEFS DES ÉGLISES SOIENT EXEMPTÉS DE TOUTE CHARGE PUBLIQUE.

" Salut, notre très vénérable Anulinus. Parmi un grand nombre de faits, le mépris de la religion, dans laquelle est conservé le respect suprême de la très sainte puissance céleste, apporte manifestement de grands dangers aux affaires publiques, tandis que, si on la reçoit et si on la garde conformément aux lois, elle vaut une très grande prospérité au nom romain et un bonheur particulier à toutes les affaires des. hommes : ce sont les bienfaits de Dieu qui procurent ces avantages. En conséquence, il a semblé bon que les hommes qui, par la sainteté qu'ils doivent pratiquer et par l'attachement à cette loi, donnent leurs soins personnels au service de la religion divine, reçoivent les récompenses de leurs propres fatigues, très vénérable Anulinus.

C'est pourquoi, ceux qui, à l'intérieur de la province qui t'a été confiée, exercent, dans l'Église catholique à laquelle est préposé Cécilianus, leur ministère en vue de cette sainte religion et qu'on a coutume de dénommer " clercs ", je veux qu'ils soient exemptés simplement, une fois pour toutes, de toutes les charges publiques, afin qu'ils ne soient pas détournés par quelque erreur ou déviation sacrilège du service dû à la divinité, mais que, au contraire, ils obéissent à leur propre loi sans aucun dérangement. S'ils rendent à la divinité une très grande adoration, il semble qu'il en découlera pour les affaires publiques le plus grand bien. Salut, Anulinus, très vénérable et très cher. "

VIII

LA PERVERSION DE LICINIUS, QUI SE MANIFESTA PLUS TARD ET SA FIN TRAGIQUE

Tels étaient donc les présents que nous accordait la grâce divine et céleste de la manifestation de notre Sauveur ; telle était aussi pour tous les hommes l'abondance des biens qui étaient procurés par notre paix. Et ainsi nos affaires s'accomplissaient-elles dans les réjouissances et les assemblées de fête. Mais pour la jalousie qui hait le bien et pour le démon qui aime le mal, la vue de ce spectacle n'était pas supportable. Ainsi donc, même pour Licinius, ce qui était arrivé aux tyrans dont on a parlé plus haut ne se trouva pas suffisant pour (l'amener à) une réflexion prudente. Lui, qui avait été jugé digne de posséder le pouvoir dans la prospérité, d'avoir l'honneur du second rang après le grand empereur Constantin, d'entrer par le mariage dans sa famille et d'acquérir (ainsi) la plus haute alliance, il abandonna l'imitation des bons, et devint envieux de la mauvaise conduite et de la méchanceté des tyrans impies. Bien qu'il eût vu, de ses propres yeux, la fin tragique de leur vie, il choisit de suivre leur sentiment, plutôt que de rester (fidèle) à l'amitié et à l'affection de son supérieur. Rempli d'envie envers celui qui l'avait comblé de bienfaits, il porta contre lui une guerre criminelle et très cruelle, sans obéir aux lois de la nature, sans garder en son esprit le souvenir des serments, du sang, des traités. A lui, en effet, le très bon empereur avait offert des témoignages d'une véritable bienveillance : il n'avait pas dédaigné une parenté avec lui ; il ne lui avait pas refusé un mariage brillant, l'union avec sa propre sœur. Bien plus, il l'avait jugé digne de le rendre participant à la noblesse qu'il tenait de ses pères, au sang impérial qu'il devait à ses aïeux ; il lui avait accordé le pouvoir de jouir de la puissance souveraine, comme à un parent et à un co-empereur ; il lui avait fait la faveur de gouverner et de régir une partie non moindre (que lui) des peuples soumis aux Romains. Mais lui, au contraire, Licinius agissait d'une manière opposée (à celle-ci) : il ourdissait chaque jour des machinations contre son supérieur, et imaginait toutes sortes d'embûches, comme pour répondre par des méchancetés à son bienfaiteur. Tout d'abord donc, essayant de dissimuler ses préparatifs, il faisait semblant d'être son ami ; et, s'appliquant le plus souvent à la ruse et à la tromperie, il espérait arriver facilement au résultat attendu. Mais pour l'autre (Constantin), Dieu était un ami, un protecteur et un gardien; il amena à la lumière les complots machinés dans le secret et dans l'ombre, et il les confondit. Elle est extrêmement efficace la grande arme de la piété pour assurer la protection contre les ennemis et sauvegarder notre salut personnel. Protégé par cette arme, notre empereur très aimé de Dieu échappa aux complots de ce fourbe au nom funeste.

Voyant que ses préparatifs secrets ne lui réussissaient nullement selon son gré, parce que Dieu rendait manifeste toute ruse et toute méchanceté à l'empereur aimé de Dieu, et n'étant plus capable de dissimuler, il engagea une guerre ouverte. En même temps qu'il décidait de lutter contre Constantin, il se disposait déjà à combattre aussi contre le Dieu de l'univers qu'il savait honoré par lui. Ensuite, il entreprit d'attaquer, tout d'abord modérément et silencieusement, les hommes religieux qui lui étaient soumis, et qui n'avaient jamais absolument montré des dispositions hostiles à son pouvoir. Et il agissait ainsi, poussé par sa méchanceté naturelle à se méprendre cruellement. Il ne plaçait pas, en effet, devant ses yeux la mémoire de ceux qui, avant lui, avaient persécuté les chrétiens, ni de ceux dont lui-même avait été le destructeur et dont il avait vengé les impiétés qu'ils avaient commises ; mais, détourné de la sage raison, l'esprit manifestement troublé par la folie, il s'était décidé à faire la guerre à Dieu lui-même, comme au protecteur de Constantin et non pas au protégé.

Et d'abord, il chassa de sa maison tous les chrétiens, se privant lui-même, le malheureux, de la prière qu'ils adressaient à Dieu en sa faveur, de la prière que, d'après l'enseignement traditionnel, ils doivent faire pour tous les hommes. Puis, il ordonne de mettre à part, dans chaque ville, les soldats et de les priver de la dignité de leur grade, s'ils n'acceptent pas de sacrifier aux démons. Et encore, cela était peu de chose par comparaison avec des (mesures) plus graves. Pourquoi faut-il rappeler, l'un après l'autre et en détail, les actes de l'ennemi de Dieu, et comment cet homme absolument sans loi inventa des lois illégales ? Il décréta que les malheureux qui étaient dans les prisons ne seraient plus traités avec humanité et ne recevraient plus de distributions de nourriture, que ceux qui étaient dans les fers, rongés par la faim, ne bénéficieraient d'aucune pitié. Il décida que personne absolument ne serait bon, et que ceux qui, par leur nature même, étaient attirés vers la sympathie à l'égard du prochain, ne feraient pas le bien. Et parmi ses lois, celle-ci était absolument impudente et cruelle ; elle dépassait tout sentiment naturel et civilisé. Cette loi décrétait un châtiment contre ceux qui avaient eu de la pitié, à savoir qu'ils souffriraient la même peine que ceux dont ils avaient eu pitié, qu'ils seraient enfermés dans les chaînes et les prisons, et que ceux qui avaient exercé la philanthropie seraient soumis au même châtiment que ceux qui étaient condamnés.

Telles étaient les ordonnances de Licinius. Pourquoi faut-il dénombrer ses nouveautés au sujet des mariages ou ses innovations au sujet de ceux qui quittaient la vie ? Osant par là abroger les anciennes lois des Romains, bien et sagement établies, il mit, à leur place, des lois barbares et sauvages, véritablement illégales et contraires aux lois. Il inventa des milliers de sujets d'accusation contre les nations soumises, toutes sortes d'exactions à payer en or et en argent, de nouveaux arpentages de terre et des amendes très profitables infligées à des hommes qui n'étaient plus à la campagne mais qui étaient morts depuis longtemps. Quelles peines d'exil, cet ennemi des hommes ne trouva-t-il pas contre des gens qui n'avaient pas commis d'injustice ? Quelles arrestations d'hommes bien nés et dignes de considération, dont il faisait divorcer les épouses légitimes, pour les livrer à des familiers corrompus qui les outrageaient par de honteuses actions ? A combien de femmes mariées et de jeunes filles vierges, ce vieillard décrépit lui-même n'insultait-il pas, pour satisfaire le désir sans retenue de son âme ? Que faut-il prolonger cette (liste), alors que l'excès de ses derniers actes prouve que les premiers étaient peu de chose et même rien du tout ?

Dans le paroxysme de sa folie, il s'en prit aux évêques, car il estimait déjà qu'en tant que ministres du Dieu souverain, ils étaient opposés à ce qu'il faisait ; il leur dressait des embûches non pas encore au grand jour, par crainte de (l'empereur) supérieur, mais en cachette et par ruse, et il faisait périr, grâce aux embûches que leur tendaient les gouverneurs, les plus réputés d'entre eux. Et le genre de mort employé contre eux était étrange et tel qu'on n'en avait jamais entendu parler. Les événements arrivés à Amasie et dans les autres villes du Pont ont dépassé tout excès de cruauté. Là, parmi les églises de Dieu, les unes furent de nouveau jetées à bas, du faîte jusqu'aux fondations ; les autres furent fermées à clé pour que personne de ceux qui en avaient l'habitude ne pût s'y réunir et y rendre à Dieu les adorations qui lui étaient dues Il ne pensait pas, en effet, qu'on y adressait des prières pour lui, imaginant cela dans sa mauvaise conscience, mais il était persuadé que nous faisions tout pour l'empereur aimé de Dieu et que nous nous rendions Dieu favorable. C'est à partir de ce moment qu'il commença à lancer sa colère contre nous. Alors, les flatteurs qui se trouvaient parmi les gouverneurs, persuadés d'accomplir ce qu'aimait cet impie, accablaient un certain nombre d'évêques des châtiments qu'on emploie pour les criminels : bien qu'ils n'eussent commis aucune injustice, ils étaient arrêtés et frappés sans le moindre prétexte comme des assassins. Quelques-uns même subissaient une mort toute nouvelle : avec un glaive, on dépeçait leur corps en plusieurs morceaux et, après ce spectacle barbare et de nature à faire frissonner, on le jetait dans les profondeurs de la mer, pour être la pâture des poissons.

Alors les hommes religieux recommencèrent à s'enfuir, et de nouveau les campagnes, de nouveau les forêts désertes et les montagnes reçurent les serviteurs du Christ. Comme l'impie réussissait en usant de ces mesures, il conçut le projet d'exciter une persécution contre nous tous ; il se fortifia dans cette pensée et rien ne pouvait l'empêcher de passer à l'action, si, très rapidement, Dieu, qui combat pour les âmes de ses serviteurs, n'avait prévu ce qui allait arriver. Comme, dans une ténèbre profonde et une nuit très obscure, on allume subitement pour tous un grand luminaire qui est le salut de tous, Dieu conduisit par la main son serviteur Constantin, " à bras élevé ", vers ce pays.

IX

LA VICTOIRE DE CONSTANTIN ET LES BIENFAITS QU'IL PROCURA
AUX SUJETS DE LA PUISSANCE ROMAINE

C'est donc à cet homme que, du haut du ciel, comme un fruit digne de sa piété, Dieu accorda les trophées de la victoire sur les impies. Quant au criminel, il le jeta tête baissée, avec tous ses conseillers et ses amis, aux pieds de Constantin. Comme, en effet, Licinius avait poussé jusqu'aux extrémités de la folie ses entreprises contre lui, l'empereur ami de Dieu conclut qu'il ne pouvait plus être supporté, et concerta le prudent dessein de mélanger la fermeté de la justice à l'amour des hommes. Il jugea bon de secourir ceux qui avaient été rendus malheureux par le tyran et il se hâta à sauver la plus grande partie du genre humain en se débarrassant du petit nombre des fléaux.

Précédemment, en effet, il avait usé de la seule humanité, et il avait eu pitié de cet homme qui était peu digne de sympathie. Or celui-ci ne montrait aucune amélioration et ne mettait pas fin à sa méchanceté, mais bien plutôt, accroissait sa rage contre les peuples qui lui étaient soumis D'autre part, à ceux qui étaient maltraités, il n'était laissé aucun espoir de salut, car ils étaient tyrannisés par une bête cruelle. C'est pourquoi, mélangeant son amour du bien à sa haine du mal, le défenseur des bons s'avance avec son fils, le très bienveillant empereur Crispus, tendant à tous ceux qui périssaient un bras sauveur. Puis, comme ils avaient pour guides et alliés Dieu, le Roi souverain et l'Enfant de Dieu sauveur de tous, tous deux, le père et le fils ensemble, après avoir divisé leur armée contre les ennemis de Dieu, les encerclent et remportent une facile victoire, car tout ce qu'ils avaient concerté leur avait été facilité à souhait par Dieu. Alors, tout d'un coup et plus vite qu'on ne peut le dire, ceux qui hier et avant-hier respiraient la mort et la menace, n'étaient plus ; on ne se souvenait même plus de leur nom ; leurs images et leurs statues recevaient la honte méritée, et ce que Licinius avait vu de ses propres yeux (arriver) aux tyrans impies d'autrefois, il le subit semblablement lui-même, parce qu'il n'avait pas reçu l'enseignement et qu'il n'avait pas été rendu sage par les coups de fouet donnés à ses voisins. Ayant suivi le même chemin de l'impiété, il fut justement amené au même précipice qu'eux. Mais tandis qu'il gisait, frappé de cette manière, le très grand vainqueur Constantin, resplendissant de toutes les vertus que la piété lui avait octroyées, et Crispus, son fils, empereur très aimé de Dieu, en tout semblable à son père, reprenaient l'Orient qui était leur bien propre, et rétablissaient un seul empire des Romains, dans son unité, comme il était autrefois.

Depuis le soleil levant, la terre entière, dans les deux directions du nord en même temps que du midi, jusqu'aux extrémités du jour à son déclin, fut amenée sous leur gouvernement pacifique. Toute crainte de ceux qui, auparavant, les foulaient aux pieds était donc enlevée aux hommes. Ceux-ci célébraient des jours brillants de fête et de joyeuses assemblées. Tout était rempli de lumière, et c'est avec des visages souriants, des yeux étincelants que se regardaient les uns les autres ceux qui naguère baissaient les yeux. Avec des chœurs de danse, des hymnes dans les villes et dans les campagnes, ils honoraient, avant tout le reste, Dieu le souverain roi, car c'est ainsi qu'ils avaient appris à agir, et ensuite le pieux empereur avec ses fils aimés de Dieu.

C'était l'oubli des maux anciens, la perte du souvenir de toute impiété, la jouissance des biens présents, et, plus encore, l'espérance des biens futurs. On promulguait donc, en tout lieu, les ordonnances pleines d'humanité de l'empereur victorieux, et les lois qui contenaient les manifestations de sa piété magnifique et véritable. Ainsi assurément toute tyrannie était abolie, et le gouvernement de l'empire qui leur appartenait était conservé ferme et non contesté pour le seul Constantin et pour ses fils. Avant toutes leurs autres actions, ils firent disparaître du monde la haine de Dieu. Ainsi de tous les biens que Dieu leur avait sagement accordés, ils manifestèrent surtout l'amour de la vertu, l'amour de Dieu, la piété et la reconnaissance à l'égard de la divinité, par le moyen des actions qu'ils accomplirent à la vue de tous les hommes.

   

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