Smeralda
Calafato naît en 1434 à Messine en Sicile (Italie). C’est l’époque
du mouvement de réforme de l’Ordre franciscain. Très marquée par
cette spiritualité (car de célèbres franciscains viennent prêcher à
Messine), sa mère l’éduque pieusement. Très jeune, on veut lui
arranger un mariage, mais elle se réfugie chez les clarisses (ordre
fondé par sainte Claire sur le modèle de la règle franciscaine). Ses
frères, furieux, menacent de brûler le couvent et ramènent Smeralda
à la maison, mais ensuite, constatant le sérieux de sa vocation, ils
la laissent revenir chez les moniales. Elle entre en religion, en
1446, sous le nom de sœur Eustochia. Mais en fait, la supérieure,
entraînant sa communauté, est contre le mouvement de réforme. Déçue,
sœur Eustochia obtient la permission de vivre avec quelques autres
selon la pauvreté primitive. Elles font un premier essai dans un
hôpital délabré. À cause de l'effondrement du toit de l'église, les
pauvres recluses sont contraintes de changer de domicile, puis elles
s’établissent non loin de là au Mont de la Vierge, Montevirgine.
Ainsi naît un nouveau couvent de clarisses dont elle est élue
abbesse. Sa vie est marquée par une austère pénitence et dans son
amour de Jésus-Christ, elle veut partager les souffrances de Celui
qui est son Époux, allant jusqu’à lui demander : « O mon amour, ou
bien retire-moi de cette vie, ou envoie-moi des souffrances, car je
ne pourrais vivre autrement, étant donné que tu es mort pour moi au
milieu de tant de peines. Je ne puis vivre sans toi ». Elle se
distingue aussi par un grand amour de l’eucharistie, passant des
heures entières à terre devant le Saint-Sacrement, mais se tenant à
une certaine distance par respect et par conscience de son
indignité. Quand elle communie, elle est secouée par les larmes. Son
grand amour pour le Christ la pousse à contempler la vie de Jésus
dans les Écritures, ainsi que dans les écrits de sainte Brigitte.
Elle dit à ses sœurs : « Rappelez constamment à votre esprit les
paroles douces comme le miel que le doux Seigneur nous adresse dans
les Saintes Écritures ». Et elle est capable, des heures durant, de
leur expliquer ‘toutes les déclarations du Seigneur’. Même amour
enflammé pour sa ‘très douce Mère’. Sœur Eustochia est très
attentive à la célébration des heures canoniales. Quand elle exerce
les fonctions d'abbesse, elle ne donne pas des ordres péremptoires.
Elle préfère faire appel à la bonne volonté de chaque religieuse en
disant simplement: "Qui parmi vous voudra faire ceci?" Mais quand
elle les voit tomber en quelque faute, elle en souffre et n'omet pas
de les corriger avec affection.
Sa charité
dépasse les frontières du monastère, comme l’explique bien le Pape
dans son homélie : « De sa cellule du monastère de Montevergine,
elle étendait sa prière et la valeur de ses pénitences au monde
entier. Elle voulait ainsi être proche de tout frère, calmer toute
douleur, demander pardon pour les péchés de tous. (…) Quand on
adhère au Christ, on l’aime avec son Cœur même, lequel a une
capacité de charité infinie. »
Sentant approcher
l’heure de sa mort, Sœur Eustochia exhorte ses consœurs à l'exercice
de la charité réciproque et à l'observance de la règle. Elle meurt
en 1491 après avoir récité toute la nuit les versets de psaume
qu’elle aimait. Sa charité envers tous les hommes et les miracles
opérés sur sa tombe, ainsi que la conservation de son corps, font
que la population l’a tout de suite adoptée et considérée comme
sainte. En 1782, le pape Pie VI confirme son culte. En 1988,
Jean-Paul II fait reprendre l’examen de sa cause et la canonise à
Messine, dont elle est la patronne, devant une grande foule.
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