FATIMA
PORTUGAL

Evénements de Fatima

Apparitions de la Mère de Jésus
à Fatima au Portugal

Introduction

Après les événements dramatiques et cruels du vingtième siècle, un des siècles les plus cruciaux de l'histoire de l'humanité, qui trouve son point culminant avec l'attentat sanglant envers le “doux Christ sur la terre”, s'ouvre donc un voile sur une réalité qui marque l'histoire et qui l'interprète en profondeur, selon une dimension spirituelle à laquelle la mentalité actuelle, souvent empreinte de rationalisme, est réfractaire.

Apparitions et signes surnaturels scandent l'histoire, elles entrent dans le vif des vicissitudes humaines et accompagnent le chemin du monde, surprenant croyants et non-croyants. Ces manifestations, qui ne peuvent pas contredire le contenu de la foi, doivent converger vers l'objet central de l'annonce du Christ : l'amour du Père qui suscite chez les hommes la conversion et qui donne la grâce pour s'abandonner à Lui avec une dévotion filiale. Tel est aussi le message de Fatima qui, avec l'appel déchirant à la conversion et à la pénitence, porte en réalité au cœur de l'Évangile.

Fatima est sans aucun doute la plus prophétique des apparitions modernes. La première et la deuxième parties du “secret” qui sont publiées dans l'ordre pour l'intégralité de la documentation concernent avant tout la vision épouvantable de l'enfer, la dévotion au Cœur immaculé de Marie, la deuxième guerre mondiale, ainsi que la prédiction des très graves dommages que la Russie, abandonnant la foi chrétienne et adhérant au totalitarisme communiste, devait apporter à l'humanité.

En 1917, personne n'aurait pu imaginer tout cela ; les trois “pastorinhos” de Fatima voient, écoutent, gardent tout en mémoire, et Lucie, témoin survivant, à partir du moment où elle en a reçu l'ordre par l'évêque et la permission de Notre-Dame, le met par écrit.

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Pie XII, s'adressant au Portugal en portugais, le 31 octobre 1942, lors de la clôture des commémorations des noces d'argent des apparitions de Fatima, consacra le monde entier au Cœur immaculé de Marie. Dix années plus tard, le 7 juillet 1952, il fit la Consécration de la Russie au même Cœur immaculé : « D'une façon toute particulière, nous vouons et consacrons tous les peuples de la Russie au même Cœur immaculé. »

Paul VI, lors de la clôture de la troisième session du concile Vatican II, le 21 novembre 1964, a prononcé les paroles suivantes devant tous les évêques de l'Église catholique  : « Notre regard s'ouvre vers les horizons sans fin du monde entier... que notre prédécesseur Pie XII, de vénérable mémoire, non sans une inspiration venue d'en haut, consacra solennellement au Cœur Immaculé de Marie. Cet acte de consécration, nous le jugeons opportun et nous nous en souvenons aujourd'hui d'une manière particulière. À cette fin, nous décidons d'envoyer prochainement, par le biais d'une mission spéciale, la Rose d'Or au sanctuaire de Notre-Dame de Fatima...

À ton Cœur immaculé, ô ! Marie, nous recommandons finalement toute l'humanité » conclut le pape. Ce fut la première fois, dans l'histoire bimillénaire de l'Église qu'une révélation particulière fut mentionnée durant un concile œcuménique. Par un autre geste significatif, également unique dans l'histoire de l'Église, le Pape présenta la voyante Lucia à la foule immense qui était rassemblée sur l'esplanade de la Cova da Iria, quand Paul VI visita ce sanctuaire à l'occasion du cinquantenaire des apparitions, le 13 mai 1967.

Jean-Paul II a peut-être dépassé tous ses prédécesseurs dans la compréhension et la mise en pratique du message de Fatima. En annonçant en 1982, sa visite au Sanctuaire, il a déclaré expressément : « De fait, ce n'est pas seulement pour exprimer ma gratitude à Notre-Dame que je me suis rendu en pèlerinage à Fatima. Je vais aussi dans ce lieu béni, pour écouter de nouveau, au nom de l'Église entière, le message qui a résonné il y a 65 ans sur les lèvres de notre Mère commune. »

Uni à tous les pasteurs de l'Église, le jour de sa première visite à Fatima, le 13 mai 1982, il consacra le monde entier au Cœur immaculé de Marie, en rajoutant ces paroles significatives : « D'une façon spéciale nous vous remettons et nous vous consacrons ces hommes et ces nations qui ont particulièrement besoin de vous être confiés et consacrés. »

Ce que pense Jean-Paul II au sujet des manifestations de Notre-Dame à Fatima, peut se résumer aux paroles qu'il a prononcées le 26 juillet 1987, durant l'année de Marie : « Les apparitions de sainte Marie à Fatima, renforcées par les signes extraordinaires intervenus en 1917, forment comme un point de référence et de rayonnement pour notre siècle. »

Vierge Marie : « En octobre, je ferai un miracle qui permettra à tout le monde de voir et de croire» assure-t-elle le 13 juillet. Le 19 août : « Le dernier mois, je ferai le miracle pour qu'ils y croient tous. » Le 13 septembre, elle répète de nouveau : « En octobre, je ferai le miracle pour qu'ils y croient tous. »

Ce miracle et d'autres faits extraordinaires conduisirent l'évêque de Leiria, D. José Alves Correia da Silva à déclarer lors de sa pastorale du 13 octobre 1930 :

« Nous avons l'honneur :

1. De déclarer comme dignes de confiance les visions des enfants de la Cova da Iria, paroisse de Fatima, de ce diocèse, du 13 mai au 13 octobre 1917 ;

2. De permettre officiellement le culte de Notre-Dame de Fatima. »

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« L'Église a toujours enseigné, et continue à proclamer que la révélation de Dieu a été accomplie de manière pleine et entière en Jésus Christ, et “qu'il n'y a pas lieu d'attendre une autre révélation publique, avant la glorieuse manifestation de Notre Seigneur Jésus Christ” (Const. Dei Verbum, 4). Cette même Église apprécie et juge les apparitions privées selon le critère de leur conformité avec cette unique révélation publique. Ainsi, si l'Église a accepté le message de Fatima, c'est surtout parce que ce message contient une vérité et un appel qui, dans leur contenu fondamental, sont la vérité et l'appel de l'Évangile lui-même. »

1916

Première apparition de l'ange

Au printemps 1916, alors que les trois pastoureaux, Lucia, Francisco et Jacinta, étaient en train de jouer à la Loca do Cabeço, ils virent venir vers eux, passant au-dessus de l'oliveraie « un jeune garçon d'environ 14 ou 15 ans, d'une grande beauté, plus blanc que neige et que le soleil rendait transparent comme s'il était en cristal.

En arrivant près de nous il dit :

 N'ayez pas peur. Je suis l'Ange de la paix. Priez avec moi. Et, s'agenouillant à terre, il courba la tête jusqu'au sol, et il nous fit répéter trois fois ces paroles :

 Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, n'adorent pas, n'espèrent pas et ne Vous aiment pas.

Puis, se relevant, il dit :

 Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos suppliques.

Et il disparut. L'atmosphère de surnaturel qui nous enveloppa était si intense que pendant un long moment, nous n'eûmes pratiquement plus conscience de notre propre existence, restant dans la position dans laquelle l'Ange nous avait laissés, répétant toujours la même prière.

Ses paroles se gravèrent d'une manière telle dans notre esprit, que jamais nous ne les avons oubliées. Et à partir de là, nous avons continué longtemps à les répéter, prosternés, jusqu'à tomber de fatigue. »

La seconde apparition de l'Ange

Elle eut lieu, non pas à l'endroit de la première, mais sur le puits du jardin potager de la famille de Lucia, où les trois pastoureaux jouaient, à l'abri des ardeurs du soleil.

« Soudain, nous avons vu près de nous la figure de l'Ange :

 Que faites-vous ? Priez ! Priez beaucoup ! Les Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très-Haut prières et sacrifices.

 Comment devons-nous faire des sacrifices ? ai-je demandé.

 De toutes les manières que vous pourrez, offrez un sacrifice en guise de réparation pour les péchés pour lesquels Il est offensé et de supplique pour la conversion des pécheurs. Attirez ainsi la paix sur votre patrie. Je suis son Ange gardien, l'Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez avec soumission la souffrance que le Seigneur vous envoie.

Ces paroles de l'Ange se gravèrent dans notre esprit, comme une lumière qui nous faisait comprendre qui était Dieu, comment il nous aimait et désirait être aimé, la valeur du sacrifice et comment il Lui était agréable ; comment, par ce biais, Il convertissait les pécheurs. De fait, à partir de ce moment, nous commençâmes à offrir au Seigneur tout ce qui nous mortifiait. »

Troisième apparition de l'ange

Trois mois après, l'envoyé céleste descendit de nouveau avec le message le plus sublime à Loca do Cabeço, le lieu de la première apparition.

« Je pense que la troisième apparition a dû avoir lieu en octobre ou à la fin du mois de septembre...

Dès que nous sommes arrivés là, à genoux, face contre terre, nous avons commencé à répéter la prière de l'Ange  : Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime, etc. J'ignore combien de fois nous avions répété cette prière, lorsque nous avons vu briller sur nous une lumière inconnue.

Nous nous sommes redressés pour voir ce qui se passait et nous avons vu l'Ange tenant dans la main gauche un calice dans lequel tombaient quelques gouttes de sang, depuis l'hostie suspendue au-dessus. Il s'agenouilla près de nous et nous fit répéter trois fois :

Très sainte Trinité, Père, Fils, Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus Christ, présent dans tous les tabernacles de la Terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences dont Lui-même est offensé. Et, par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

Puis, se levant, il prit de nouveau dans sa main le calice et il me donna l'hostie. Ce que contenait le calice, il le donna à boire à Jacinta et à Francisco, tout en disant :

― Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus Christ horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu.

De nouveau, il se prosterna à terre et il répéta avec nous la prière, trois fois de plus : très Sainte Trinité, etc. et il disparut. Portés par la force du surnaturel qui nous enveloppait, nous imitâmes l'Ange totalement, c'est-à-dire en nous prosternant comme lui et en répétant les prières qu'il disait. La force de la présence de Dieu était si intense qu'elle nous absorbait et nous annihilait presque complètement. Elle sembla même nous priver de l'usage de nos sens pendant un long moment. »

Le message de l'Ange

Serait-ce le même ange qui lors de la première apparition se présente comme l'Ange de la paix, lors de la deuxième comme l'Ange du Portugal et qui à l'occasion de la troisième, se manifeste comme étant l'Ange de la Réparation Eucharistique ? Lucia répond textuellement : « Il me semble que c'est toujours le même » et elle déclare ne pas avoir noté de différence à son sujet, entre la première et la seconde apparition. De ce fait, le Rév. Dr Sebastião Martins dos Reis conclut : « L'Ange de toutes ces apparitions est certainement le même, puisque les voyants eurent la sensation et la conviction qu'il était identique. En effet, ils se réfèrent invariablement, non pas à un ange ou à un autre, mais au même ange, qui est toujours celui du Portugal. »

*****

Le Portugal, la seule nation du monde qui depuis le XVIe siècle (6.6.1504) célébrait la fête liturgique de son Ange gardien, a vu récompensée cette dévotion par l'apparition de cet Être Céleste qui veille sur son bien. L'Ange recommande la prière, la réparation et le sacrifice pour attirer la paix vers la nation qui lui est confiée. (…)

À Fatima, cette attitude révérencieuse apparaît également. Lors de la première apparition, l'Ange s'est agenouillé à terre en « courbant la tête jusqu'au sol » et en faisant répéter trois fois aux pastoureaux les actes de foi, d'espérance et de charité. Lors de la troisième visite, il s'est agenouillé de nouveau et, avec le visage contre terre, il a prononcé un acte de réparation hautement théologique, dirigé vers la Sainte Trinité : « Très Sainte Trinité, Père, Fils, Saint Esprit, je Vous adore profondément… etc. »  (…)

Les deux prières enseignées par le Messager Céleste, nous les trouvons tellement belles et parfaites qu'elles nous paraissent ne pas pouvoir avoir une origine terrestre. Nous les commenterons donc.

Les demandes de l'Ange : Prière, Sacrifice, Eucharistie.

Lors de sa première visite, il demande des prières et il enseigne une belle supplique « simple dans sa forme et très riche de contenu... Tout théologien en ayant pris connaissance, ne pourra que l'admirer. À travers la simplicité de l'expression de la doctrine, parfaitement compréhensible pour n'importe quel enfant, on retrouve les actes des plus hautes vertus chrétiennes : des vertus théologales, les plus importantes, et de la reine des vertus morales, la religion... jusqu'à la prière pour ceux qui ne croient pas... en passant par l'exercice de la réparation. »

L'Ange garantit : « Les Cœurs de Jésus et Marie sont attentifs à la voix de vos suppliques. » Une telle recommandation fait écho aux promesses du Seigneur, tant de fois répétées dans l'Évangile, lorsqu'il s'engage à rester toujours à l'écoute de nos prières  : « Demandez et vous recevrez; cherchez et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira. » (Mt. 7, 7)

À la prière constituant la seule demande de cette apparition, l'Ange ajoute, lors de sa seconde visite, une demande de sacrifices  : « Priez ! Priez beaucoup ! Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices... De toutes les manières que vous pourrez, offrez un sacrifice. » (…)

Durant la troisième visite, l'Ange apporte aux trois enfants « le Corps et le Sang de Jésus Christ horriblement outragé par les hommes ingrats » et il leur enseigne un très bel acte de réparation (…) qu'il répète avec eux six fois, trois fois avant et trois fois après la sainte communion.

Le cycle Marial

1917 : première apparition

Au terme de la soigneuse préparation réalisée par l'Ange, les voyants restèrent sensibilisés aux confidences de la Mère de Dieu.

Le dimanche 13 mai 1917, vers midi, les trois petits pastoureaux, Lucia (10 ans), et ses cousins, Francisco (9 ans) et Jacinta (7 ans), virent « au-dessus d'un chêne vert, une Dame vêtue entièrement de blanc, plus brillante que le soleil, resplendissant d'une lumière plus claire et plus intense que celle d'un verre de cristal rempli d'une eau cristalline et traversé par les rayons du soleil le plus ardent.

Nous nous sommes arrêtés, surpris par l'apparition. Nous étions si près que nous nous sommes retrouvés à l'intérieur de la lumière qui l'entourait ou dont elle resplendissait, à environ un mètre et demi de distance.

Notre-Dame nous a alors dit :

― N'ayez pas peur. Je ne vous veux aucun mal.

― D'où êtes-vous ? lui demandai-je.

― Je suis du Ciel.

― Et que voulez-vous de moi ?

― Je suis venue pour vous demander que vous veniez ici les six prochains mois, le 13 de chaque mois, à cette même heure. Par la suite, je dirai qui je suis et ce que je veux. Ensuite, je reviendrai encore ici une septième fois.

― Et moi, est-ce que j'irai également au Ciel ?

― Oui, tu iras.

_ Et Jacinta ?

― Elle aussi.

― Et Francisco ?

― Lui aussi, mais il doit réciter beaucoup de chapelets.

J'ai alors eu l'idée de demander pour deux filles qui étaient mortes récemment. Elles étaient mes amies et elles venaient chez moi apprendre à tisser avec ma sœur aînée :

― Est-ce que Maria das Neves est déjà au ciel ?

― Oui, elle y est.

― Et Amélia ?

― Elle restera au purgatoire jusqu'à la fin du monde.

― Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu'Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés dont Il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs ?

― Oui, nous le voulons.

― Vous allez donc avoir beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort.

Ce fut en prononçant ces paroles « la grâce de Dieu, etc. » qu'elle ouvrit les mains pour la première fois et nous communiqua une lumière très intense (comme un reflet qui aurait émané d'elles) pénétrant en nous par la poitrine et jusqu'au plus intime de notre âme, nous faisant nous voir nous-mêmes en Dieu, qui était cette Lumière, plus clairement que ce nous aurions pu voir dans le meilleur des miroirs. »

Notre-Dame annonce aux pastoureaux une vie de souffrance : « Vous allez avoir beaucoup à souffrir. » Pour qu'ils puissent supporter une croix aussi lourde, elle leur promet l'aide d'une grâce dont elle leur permet de ressentir la mystérieuse réalité.

« Alors, sous l'effet d'une impulsion intérieure qui nous fut également communiquée, nous sommes tombés à genoux et nous avons répété du fond du cœur :

― Ô ! Très Sainte Trinité, je Vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je Vous aime dans le Très Saint Sacrement.

Après ces premiers instants, Notre-Dame ajouta :

― Récitez le chapelet tous les jours pour que le monde puisse obtenir la paix et la fin de la guerre.

Ensuite, elle commença à s'élever tranquillement, montant en direction du levant, jusqu'à disparaître dans l'immensité du ciel. »

Au cours de cette apparition, Notre-Dame a demandé trois choses :

Premièrement : de se rendre en ce lieu lors des six mois suivants, le 13 du mois, à cette même heure. Nous savons que malgré la persécution, la contestation et les punitions, les pastoureaux furent toujours présents à la Cova da Iria, le 13 du mois, à l'heure indiquée par Notre-Dame.

Deuxièmement : de réciter le chapelet chaque jour, chose qui représentait un intérêt tout particulier pour le salut de Francisco. Sur ce point, les voyants furent également des exécuteurs fidèles des demandes de la Mère de Dieu et ce, dès le jour même de l'apparition. Le soir même ils demandèrent et ils insistèrent auprès de leurs parents pour pouvoir réciter le chapelet.

Francisco, en particulier, multipliait les chapelets à la maison, dans les collines et partout, pour que Notre-Dame lui ouvre le chemin du Ciel.

Troisièmement : de s'offrir comme victimes à travers des actes de réparation et des supplications pour la conversion des pécheurs. Le « Oui, nous le voulons. » prononcé par Lucie fut fidèlement mis en pratique par les trois enfants. Ils eurent beaucoup à souffrir les pauvres enfants ! Ils furent moqués, ridiculisés, punis, persécutés, emprisonnés dans la maison d'arrêt pendant trois jours et il y eut ensuite, la maladie de Francisco, pendant près de six mois et celle de Jacinta, pendant un an et demi. À ces souffrances provenant d'une mission choisie pour eux par le Seigneur, les voyants ajoutèrent constamment des sacrifices volontaires.

Seconde apparition

Malgré la fête de saint Antoine, la plus populaire et la plus courue de la paroisse, les trois enfants se présentèrent à la Cova da Iria, faisant le sacrifice de ne pas participer aux réjouissances particulières de cette journée.

Voici comment s'engagea le dialogue entre la Visiteuse céleste et ses confidents

« Que voulez-vous de moi ? demandai-je.

― Je veux que vous veniez ici le 13 du mois qui vient, que vous récitiez le chapelet tous les jours et que vous appreniez à lire. Ensuite je vous dirai ce que je veux.

― J'ai demandé la guérison d'un malade.

― S'il se convertit, il guérira durant l'année.

― Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel.

― Oui, Jacinta et Francisco, je vais les emmener bientôt. Mais toi tu restes ici encore quelque temps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. À ceux qui s'y adonneront, je promets le salut et ces âmes seront chéries par Dieu, comme des fleurs posées par moi pour orner son trône.

― Je vais rester seule ici ? demandai-je tristement.

― Non ma fille. Cela te fait beaucoup souffrir ? Ne te décourage pas. Je ne t'abandonnerai jamais. Mon Cœur immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu'à Dieu.

Ce fut au moment où elle dit ces dernières paroles qu'elle ouvrit les mains et nous communiqua pour la seconde fois le reflet de cette lumière immense. En elle nous nous sommes vus comme engloutis en Dieu. Jacinta et Francisco paraissaient être dans la partie de cette lumière qui s'élevait vers le Ciel et moi dans celle qui se répandait sur la Terre. Devant la paume de la main droite de Notre-Dame, il y avait un Cœur qui semblait percé par les épines qui l'entouraient. Nous comprîmes qu'il s'agissait du Cœur immaculé de Marie, outragé par les péchés de l'humanité et qui demandait réparation. »

Dans cette apparition commence à se manifester la grande révélation de Fatima, le Cœur de Marie entouré d'épines, symbole de l'ingratitude des hommes et des offenses pour lesquelles il est outragé. Pour tout cela, il vient demander réparation.

Francisco, très impressionné par ce qu'il avait vu, demanda à ses compagnes :

« Pourquoi Notre-Dame avait-elle dans la main un cœur répandant sur le monde cette lumière si intense, semblable à Dieu ? Tu étais avec Notre-Dame dans la lumière qui descendait vers la Terre, alors que Jacinta et moi nous étions dans celle qui montait vers le Ciel.

― C'est que, lui répondis-je, toi et Jacinta allez rejoindre bientôt le Ciel, tandis que moi, je vais rester avec le Cœur immaculé de Marie, un peu plus longtemps sur Terre. »

Et elle ne se trompait pas. Dans le faisceau de lumière qui montait vers le haut se trouvaient les deux pastoureaux les plus jeunes qui, peu de temps après, allaient partir vers le Ciel. Dans la lumière qui se répandait sur le monde, il y avait Lucie, dont la mission était de rester sur Terre afin de contribuer à la propagation du culte du Cœur immaculé de Marie. Comme pour cette mission l'écriture lui serait nécessaire, Notre-Dame lui a demandé d'apprendre à lire.

Troisième apparition

La plus importante des apparitions de la Cova da Iria, l'apparition-clé, le fondement de tout le message de Fatima, est la troisième apparition, celle du 13 juillet. Écoutons une fois de plus la description de Lucia :

« Que voulez-vous de moi ? demandai-je.

― Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que vous continuiez à dire le chapelet tous les jours, en l'honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu'elle seule peut vous secourir.

― Je voudrais vous demander de nous dire qui vous êtes et de faire un miracle pour que tous croient que Vous nous apparaissez.

― Continuez à venir ici tous les mois. En octobre je dirai qui je suis, ce que je veux et je ferai un miracle que tous pourront voir pour croire.

Là, elle formula quelques demandes dont je ne me rappelle plus très bien. Ce dont je me souviens c'est que Notre-Dame a dit qu'il fallait réciter le chapelet pour obtenir les grâces durant l'année. Et elle continua :

― Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites plusieurs fois, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice :

Ô ! Jésus, c'est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs et en réparation pour les péchés commis contre le Cœur immaculé de Marie.

En disant ces paroles, elle ouvrit de nouveau les mains comme lors des deux mois passés. Le reflet parut pénétrer la terre et nous vîmes quelque chose comme une mer de feu. Plongés dans ce feu, les démons et les âmes ressemblaient à des braises transparentes, noires ou bronzées, ayant forme humaine, qui flottaient dans le brasier, portées par les flammes qui sortaient d'elles, avec des nuages de fumée tombant de tous côtés, ressemblant à la chute des étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu de cris et de gémissements de douleur et de désespoir, qui horrifiaient et faisaient trembler d'effroi. Les démons se distinguaient par des formes horribles et sordides d'animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme des braises de charbons noirs.

Effrayés et comme pour appeler au secours, nous avons dirigé notre regard vers Notre-Dame, qui nous dit avec bonté et tristesse :

― Vous avez vu l'enfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, de nombreuses âmes obtiendront le salut et auront la paix. La guerre va finir, mais si on ne cesse pas d'offenser Dieu... une autre, bien pire, commencera. Lorsque vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez qu'il s'agit du grand signe que Dieu vous donne, qu'il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l'Église et le Saint-Père. Pour l'empêcher, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si on répond à mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix; sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. Finalement, mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera accordé au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. Etc. Cela ne le dites à personne. À Francisco, oui, vous pouvez le dire.

Quand vous récitez le chapelet, dites après chaque dizaine :

Ô ! mon Jésus pardonnez-nous, délivrez-nous du feu de l'enfer, attirez toutes les âmes vers le Ciel, principalement celles qui en ont le plus besoin.

Après un instant de silence, j'ai demandé :

― Vous ne me demandez rien d'autre ?

― Non, aujourd'hui je ne te demande rien d'autre.

Et, comme d'habitude, elle commença à s'élever en direction du levant jusqu'à disparaître dans l'immensité du firmament. »

Dans le « Etc. », qui suit la promesse que se conservera toujours au Portugal le dogme de la foi, commence la troisième partie du secret écrite par Lucia entre le 22 décembre 1943 et le 9 janvier 1944 et remise à l'évêque de Leiria le 17 juin 1944. L'enveloppe contenant le secret fut envoyée à Rome, en 1957. Le Saint-Père Jean XXIII le lut et le communiqua « à tous les chefs du Saint Office et du Secrétariat d'État et également à quelques autres personnes. » Les papes Paul VI et Jean-Paul II le lurent aussi mais jusqu'à maintenant personne ne jugea prudent de le révéler. Les deux autres parties du secret sont connues depuis 1941.

Première partie ― les châtiments de Dieu pour nos péchés :

― Dans ce monde : une guerre horrible précédée par une nuit illuminée par une lumière inconnue, la famine, la persécution religieuse, les erreurs répandues dans le monde par la Russie, plusieurs nations anéanties.

― Dans l'autre vie : les supplices de l'enfer, dont les pastoureaux ont eu une vision terrifiante.

Seconde partie ― les moyens pour éviter ces châtiments :

La dévotion au Cœur immaculé de Marie, avec la pratique réparatrice des premiers samedis et la consécration de la Russie à ce même Cœur immaculé. À ce sujet, Lucia écrivit le 19/03/1939 : « De la pratique de la dévotion des premiers samedis, unie à la consécration du Cœur immaculé de Marie, dépend la guerre ou la paix dans le monde. »

Au cours de cette visite, Notre-Dame enseigne également aux voyants (et par leur intermédiaire, à nous tous) une prière en forme d'oblation devant être répétée « souvent », spécialement à chaque fois que l'on fait un sacrifice.

1. « Ô ! Jésus, c'est par amour pour vous »

Ce qui n'aura pas pour objet la gloire du Seigneur sera perdu pour le ciel, comme nous le rappelle l'Évangile : « Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour vous faire remarquer d'eux; sinon, vous n'aurez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. » (Mt 6,1) Dans cette optique, Notre-Dame nous demande de faire tout pour Jésus.

2. « pour la conversion des pécheurs »

Nous avons été sauvés par le sacrifice de la croix (rédemption objective); notre coopération, passant surtout par notre propre sacrifice, permettra d'obtenir pour les âmes (la notre et celle de notre prochain) les fruits du Calvaire (rédemption subjective).

3. « et en réparation pour les péchés commis contre le Cœur immaculé de Marie. »

Acte de réparation envers le Cœur immaculé de Marie, nouveau noyau central du message de Fatima.

4. À ces trois intentions, les pastoureaux en ajoutèrent une quatrième qu'ils exprimèrent par ces mots : « Et par le Saint-Père ». Comme nous le verrons par la suite, le message de Fatima insiste particulièrement sur l'union et la dévotion au Vicaire du Christ « successeur de saint Pierre et fondement permanent et visible de l'unité. » (L. G. 23)

Quatrième apparition

L'apparition n'eut pas lieu le 13 août à la Cova da Iria, car l'administrateur du Conseil arrêta les pastoureaux et les emmena, sous prétexte de pieux mensonges, à Vila Nova de Ourém, dans le but de les obliger à révéler le secret. Il les maintint prisonniers pendant trois jours, soit chez lui, soit dans la maison d'arrêt municipale. Il leur offrit les présents les plus précieux, en échange de la révélation du secret. Les petits voyants répondirent :

« Même si vous nous donniez le monde entier, nous ne le révélerions pas. »

Il les enferma dans la maison d'arrêt. Les prisonniers leur conseillèrent :

« Mais révélez donc ce secret à l'administrateur. Si la Dame n'est pas d'accord, qu'est-ce que ça peut vous faire ?

― Ah ça non ! répondit vivement Jacinta, plutôt mourir ! »

Et les trois enfants prièrent le chapelet avec ces malheureux, devant une médaille de Jacinta pendue au mur.

L'administrateur menaça les trois enfants en leur disant qu'il allait préparer un chaudron d'huile, dans lequel ils seraient brûlés, s'ils ne faisaient pas ce qu'il leur demandait. Bien que prenant ces menaces au sérieux, les enfants demeurèrent fermes et ne révélèrent rien. Le 15, jour de la fête de l'Assomption de Notre-Dame, on les reconduisit finalement à Fatima.

Le dimanche 19, « alors que nous étions en train de marcher avec les brebis, en compagnie de Francisco et de son frère João, dans un lieu appelé Valinhos, nous avons senti que quelque chose de surnaturel s'approchait et nous enveloppait. Pensant que Notre-Dame allait peut-être nous apparaître et ayant de la peine à l'idée que Jacinta ne puisse pas la voir, nous avons demandé à son frère João d'aller la chercher. Comme il ne voulait pas y aller, je lui ai proposé en échange deux pièces de monnaie. Du coup, il est parti appeler Jacinta en courant. En compagnie de Francisco, j'ai alors vu le reflet de la lumière semblable à un éclair puis, un instant plus tard, alors que Jacinta nous avait rejoints, nous avons vu Notre-Dame au-dessus d'un chêne vert.

― Que voulez-vous de moi ?

― Je veux que vous continuiez à aller à la Cova da Iria le 13 du mois, que vous continuiez à réciter le chapelet tous les jours. Le dernier mois, je ferai le miracle pour que tous croient.

― Que voulez-vous que l'on fasse de l'argent que les gens laissent à la Cova da Iria ?

― Faites deux brancards de procession ; le premier tu le porteras avec Jacinta et deux autres petites filles vêtues de blanc ; l'autre sera porté par Francisco plus trois autres garçons. L'argent des brancards sera pour la fête de Notre-Dame du Rosaire et ce qui restera aidera à construire une chapelle que l'on fera faire.

― J'aimerais vous demander la guérison de quelques malades...

― Oui, quelques-uns guériront durant l'année.

Et, prenant un air plus triste :

― Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car de nombreuses âmes vont en enfer du fait que personne ne prie et ne se sacrifie pour elles.

Et, comme d'habitude, elle commença à s'élever en direction du levant. »

Cinquième apparition

« Comme l'heure approchait, j'y suis allée avec Jacinta et Francisco, à travers la foule qui nous laissait difficilement passer. Les chemins étaient noirs de monde. Ils voulaient tous nous voir et nous parler. Les gens avaient mis de côté leur amour propre. De nombreuses personnes, y compris des dames et des messieurs distingués, réussissaient à se frayer un chemin dans la foule qui s'agglutinait autour de nous. Ils venaient se prosterner à genoux devant nous, en nous demandant de présenter leurs requêtes à Notre-Dame. D'autres, qui ne parvenaient pas à arriver jusqu'à nous, imploraient de loin :

― Par l'amour de Dieu, demandez à Notre-Dame qu'elle guérisse mon fils qui est handicapé.

― Qu'elle guérisse le mien qui est aveugle.

― Le mien qui est sourd.

― Qu'elle me ramène mon mari, mon fils qui est à la guerre, qu'elle convertisse pour moi un pécheur, qu'elle me donne la santé, à moi qui suis tuberculeuse, etc.

Là figuraient toutes les misères de la pauvre humanité et quelques-uns criaient depuis le haut des arbres et des murs où ils étaient montés pour nous voir passer. Disant que oui à certains, tendant la main à d'autres pour les aider à se relever, nous avancions grâce à quelques messieurs qui nous frayaient un chemin au milieu de la foule...

Nous sommes arrivés à la Cova da Iria près du chêne vert et nous avons commencé à réciter le chapelet avec la foule. Peu après, nous avons vu le reflet de la lumière, puis Notre-Dame, au-dessus du chêne vert.

― Continuez à réciter le chapelet pour obtenir la fin de la guerre. En octobre viendront également Notre-Seigneur, Notre-Dame des Douleurs, Notre-Dame du Carmel et saint Joseph avec l'Enfant-Jésus pour bénir le monde. Dieu est content de vos sacrifices, mais il ne veut pas que vous dormiez avec la corde, portez-la seulement durant le jour.

― Ils m'ont prié de vous demander beaucoup de choses : la guérison de quelques malades, d'un sourd-muet...

― Oui, j'en guérirai certains, d'autres non. En octobre, je ferai le miracle pour que tous croient.

Puis, commençant à s'élever, elle disparut, comme d'habitude. »

Les paroles prononcées par Notre-Dame avec un visage très triste, lors de l'apparition d'août, impressionnèrent profondément les trois voyants : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car de nombreuses âmes vont en enfer du fait que personne ne prie et ne se sacrifie pour elles. »

Comme ils avaient contemplé les horreurs de l'enfer, ils priaient et faisaient tous les sacrifices possibles pour délivrer les âmes d'un si effroyable tourment. Un des sacrifices les plus douloureux était celui de la corde, que chacun des trois voyants portait attachée à la ceinture. « Que ce soit par la grosseur ou la rugosité de la corde, ou que ce soit parce que, certaines fois, nous la serrions trop, cet instrument nous faisait parfois souffrir horriblement. Jacinta laissait échapper de temps en temps quelques larmes à cause du degré d'inconfort que la corde lui infligeait. »

Au nom de Dieu, Notre-Dame demande avec une sollicitude maternelle, qu'elles retirent la corde durant la nuit, afin de pouvoir prendre le repos nécessaire. Avant de se retirer de Fatima, en juin 1921, Lucia, brûla les cordes de Francisco et de Jacinta.

Sixième apparition

Voici le récit de la dernière apparition, celle du 13 octobre :

« Lorsque nous sommes arrivés à la Cova da Iria, près du chêne vert, une injonction intérieure m'a poussée à demander à la foule de fermer les parapluies, avant que nous ne récitions le chapelet. Peu après, nous avons vu le reflet de la lumière, puis Notre-Dame au-dessus du chêne vert.

― Que voulez-vous de moi ?

― Je veux te dire que l'on fasse construire ici une chapelle en mon honneur, que je suis Notre-Dame du Rosaire, que l'on continue à réciter le chapelet tous les jours. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux.

― J'avais beaucoup de choses à vous demander : de guérir des malades, de convertir des pécheurs, etc.

― Les uns, oui, les autres, non. Il faut qu'ils se corrigent, qu'ils demandent pardon pour leurs péchés.

Et prenant un air plus triste :

― Qu'ils n'offensent pas davantage Dieu, Notre-Seigneur, qui est déjà très offensé.

Ouvrant alors les mains, elle les fit se refléter dans le soleil, puis, pendant qu'elle s'élevait, le reflet de sa propre lumière continua à se projeter dans le soleil.

Tel fut le motif pour lequel je me suis exclamée, en leur demandant de regarder vers le soleil. Mon but n'était pas d'attirer l'attention de la foule vers cette direction, puisque je ne me rendais même pas compte de sa présence : je l'ai fait seulement à cause d'une impulsion intérieure qui m'y a incitée.

Voici qu'allait se produire le miracle du soleil, promis trois mois plus tôt, comme preuve de la véracité des apparitions de Fatima. La pluie cessa et le soleil tourna trois fois sur lui-même, lançant de tous côtés des faisceaux de lumière de diverses couleurs : jaune, lilas, orangé et rouge. À un moment donné, il parut se détacher du firmament et tomber sur la foule qui cria terrorisée. Après un prodige de dix minutes, le soleil reprit son aspect normal. »

Le 18 décembre 1917, le Dr José Maria Proença de Almeida Garret, témoin direct, décrivit ainsi ce qu'il avait contemplé :

« Quelques instants plus tôt, le soleil avait percé victorieusement l'épaisse couche de nuages qui l'avait caché, pour briller clairement et intensément. Je me suis retourné vers cet aimant qui attirait tous les regards et j'ai pu le voir semblable à un disque au bord net et à l'arête vive, lumineuse et luisante, mais qui ne faisait pas mal aux yeux... Il ne ressemblait en rien à la lune d'une nuit transparente et pure, parce que l'on voyait et sentait qu'il s'agissait d'un astre vivant... On ne pouvait pas non plus le confondre avec le soleil visible par temps de brouillard (d'ailleurs inexistant ce jour-là) puisqu'il n'était pas opaque, diffus ou voilé. À Fatima, le temps était chaud et ensoleillé.

Ce qui fut merveilleux, c'est que pendant un long moment, nous avons pu scruter l'astre, flamme de lumière et braise de chaleur, sans la moindre douleur oculaire et sans qu'aucun éblouissement ne nous aveugle. Ce disque nacré était animé d'un mouvement étourdissant... Il tournait sur lui-même à une vitesse vertigineuse.

Tout à coup, on entendit une clameur, comme un cri d'angoisse montant de la foule. Le soleil, conservant sa vitesse de rotation, se détacha du firmament et, sanguinaire, il prit la direction de la Terre, menaçant de nous écraser sous le poids de son énorme meule de feu. Ces secondes furent terrifiantes...

Tous ces événements, je les ai observés personnellement et sereinement, sans émotion ni agitation... Ce phénomène a dû s'étaler sur environ dix minutes. »

Pendant ce temps, les pastoureaux eurent droit à d'autres visions.

« Notre-Dame une fois disparue dans l'immensité du firmament, nous vîmes saint Joseph près du soleil avec l'Enfant-Jésus et Notre-Dame vêtue de blanc avec un manteau bleu. Saint Joseph et l'Enfant-Jésus paraissaient bénir le monde, avec les gestes en forme de croix qu'ils faisaient de la main.

Peu après, une fois dissipée l'image de cette apparition, je vis Notre-Seigneur et Notre-Dame (qui pour moi ressemblait à Notre-Dame des Douleurs). Notre-Seigneur semblait bénir le monde de la même manière que saint Joseph. Cette apparition s'évanouit à son tour et il m'a semblé voir de nouveau Notre-Dame sous une forme proche de Notre-Dame du Carmel. »

Troisième partie du “secret”

« J.M.J. La troisième partie du secret révélé le 13 juillet 1917 dans la Cova de Iria-Fatima.

J'écris en obéissance à Vous, mon Dieu, qui me le commandez par l'intermédiaire de son Excellence Monseigneur l'Évêque de Leiria et de Votre Très Sainte Mère, qui est aussi la mienne.

Après les deux parties que j'ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre-Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche ; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde ; mais elles s'éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre-Dame en direction de lui ; l'Ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit d'une voix forte : Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu : “Quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant” un Évêque vêtu de Blanc, “nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père”. Divers autres Évêques, Prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s'ils étaient en chêne-liège avec leur écorce ; avant d'y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d'un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu'il trouvait sur son chemin. Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches ; Et de la même manière moururent les uns après les autres les Évêques les Prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s'approchaient de Dieu.

Tuy, le 3 janvier 1944 ».

 

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