Lors de sa
première apparition, l'Ange enseigna aux petits bergers comment ils
devaient adorer Dieu. La deuxième fois, il insista pour qu'ils
prient beaucoup et pour qu'ils offrent aussi des sacrifices en acte
de réparation pour les péchés commis contre Dieu. Et la troisième
fois, il avait dans les mains un calice et, au-dessus, une hostie
d'où tombaient dans le calice des gouttes de sang. Laissant le
calice et l'hostie suspendus en l'air, il se prosterna à terre et
répéta trois fois cette prière : " Très Sainte Trinité, Père, Fils
et Esprit Saint, je vous adore profondément et je vous offre le très
précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus Christ présent dans
tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages,
sacrilèges et indifférences par lesquels il est lui-même offensé. Et
par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et ceux du Cœur
Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres
pécheurs. " Il donna ensuite la sainte communion aux trois petits
bergers. Poussés par la force du surnaturel qui les enveloppait, ils
imitèrent l'Ange en tout, se prosternant comme lui et répétant la
même prière, puis restèrent dans la position où l'Ange les avait
laissés.

Apparition de l'Ange aux trois enfants
La peinture
ci-dessus représente fidèlement cette attitude — inaugurée par
l'Ange à Fatima avec les trois petits bergers et demandée aussi avec
beaucoup d'insistance par Notre Dame lors de ses apparitions — que
nous appelons adoration réparatrice pour les péchés commis contre
Dieu, contre le Cœur de Jésus et contre le Cœur Immaculé de Marie.
Mais quel sens a la communion des petits bergers ? Lucie nous répond
: " Pour moi, elle signifie que Dieu voulait aviver notre foi en la
présence réelle de Jésus Christ, présent dans la divine Eucharistie,
et en l'efficacité de sa Parole quand il a dit : Ceci est mon Corps,
ceci est mon Sang. "
L'Eucharistie est
par excellence le " Mystère de la foi " que le prêtre évoque après
les paroles de la consécration, parce que Jésus offre à ce moment-là
toute sa vie pour la gloire de Dieu et le salut de l'humanité.
Adorer et
glorifier Dieu est la loi naturelle que le Créateur lui-même a mise
en chaque âme qu'il a créée. Israël, le peuple élu de Dieu, a reçu
cette loi, promulguée sur le Mont Sinaï, qui est le premier des dix
commandements : " Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, à lui seul tu
rendras un culte. " Et quand un scribe demanda à Jésus : " Quel est
le premier de tous les commandements ? ", il répondit : " Voici le
premier : Écoute, Israël ! le Seigneur notre Dieu est l'unique
Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute
ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force " (Mc 12, 28-30).
L'adoration est
le premier acte de la vertu de religion. Adorer Dieu, c'est le
reconnaître comme tel, comme Créateur et Sauveur, comme Seigneur de
tout ce qui existe, comme Amour infini et miséricordieux. À Fatima,
l'Ange de la paix, puis la Très Sainte Vierge sont venus, par le
moyen de trois enfants, inviter de nouveau toute l'humanité à adorer
Dieu, à réparer les offenses commises contre lui, contre le Cœur
Immaculé de Marie, et à collaborer au salut des pécheurs qui ne
l'adorent pas, n'espèrent pas et ne l'aiment pas.
Mais nous ne
pourrons collaborer à cette œuvre que si nous vivons unis à Jésus,
notre Sauveur, présent dans tous les tabernacles de la terre ; et
notre collaboration sera à la mesure de notre union avec lui.
Séparés de Jésus, nous ne pourrons rien faire, absolument rien.
Ainsi, Notre Dame
attend notre collaboration par notre adoration de Dieu, en vue du
salut des âmes qui sont sur le point de sombrer dans le péché et de
se perdre éternellement.
D'autres choses
concrètes pourraient nous paraître plus importantes. Mais rien n'est
plus important que l'union intime avec Jésus, lui que le Père a
envoyé dans le même but : adorer Dieu, réparer les offenses commises
contre lui et sauver les âmes. Le chemin qui mène à l'union avec
Jésus, c'est le chemin de l'adoration. Celle-ci est toujours un don
de la grâce et en même temps une réponse décidée de la part de celui
qui prie. Les grands orants de l'Ancienne Alliance avant le Christ,
ainsi que la Mère de Dieu et les saints, nous enseignent que l'âme
s'unit à Dieu par l'adoration et que le progrès dans l'adoration
marque le progrès de l'union à Dieu.
Jésus Christ est
la vigne, et les sarments sont ceux qui sont en quelque sorte
greffés sur lui par l'amour. Grâce à la communication de l'Esprit
Saint, ils sont déjà participants de sa nature. Il est certain que
l'Esprit du Christ nous unit à lui. C'est pour cela que Jésus a dit
: " Sans moi, vous ne pouvez rien faire. " Voilà pourquoi, à Fatima,
l'Ange et la Très Sainte Vierge soulignent tous les deux la même
demande : " Priez, priez beaucoup !… "
" L'adoration est
le sacrifice spirituel qui est venu abolir les anciens sacrifices ",
affirme déjà au second siècle Tertullien, en commentant les paroles
de Jésus à la Samaritaine près du puits de Jacob : " Femme, l'heure
vient, et c'est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le
Père en esprit et vérité, car tels sont les adorateurs que recherche
le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et
vérité qu'ils doivent l'adorer. "
Adorer " en
esprit " ne veut pas dire qu'il s'agit de l'intelligence humaine,
mais de l'Esprit Saint qui conduit à Jésus et qui gouverne
l'histoire chrétienne depuis le jour de la Pentecôte. Adorer " en
vérité " ne signifie pas une intériorité sans le corps, mais un
ordre vivant où Jésus nous a placés dans notre chemin vers le Père.
Comme les Juifs,
les Samaritains attendaient aussi le Messie promis et ils espéraient
qu'il leur ferait tout connaître. Jésus se présenta à la Samaritaine
en disant : " Je le suis, moi qui te parle. " Puis, à l'invitation
de la femme, beaucoup de Samaritains vinrent vers Jésus et crurent
en lui, non pas à cause d'elle, mais parce qu'ils avaient eux-mêmes
entendu la doctrine de Jésus et qu'ils étaient convaincus qu'il
était réellement le Sauveur du monde (cf. Jn. 4, 39-42).
Dans son
entretien avec Nicodème, Jésus confirma que ce nouveau culte
spirituel, la véritable adoration de Dieu, viendrait de la
renaissance de l'eau et de l'Esprit Saint, qu'il obtiendrait pour
toute l'humanité par sa mort sur la croix : " En vérité, en vérité,
je te le dis : personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit,
ne peut entrer dans le Royaume de Dieu… De même que le serpent de
bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils
de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par
lui la vie éternelle… Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son
Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais
il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le
monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde
soit sauvé " (Jn. 3, 3-21).
C'est par le
baptême, écrit saint Grégoire de Nysse, que " commença le règne de
la vie et que fut détruit l'empire de la mort. Une nouvelle
naissance apparut, ainsi qu'une vie nouvelle et une nouvelle façon
de vivre ; notre propre nature fut transformée. Quelle est cette
nouvelle naissance ? Elle ne procède pas du sang ni d'une volonté
charnelle ni d'un vouloir de l'homme, mais de Dieu. Comment cela
peut-il se faire ? Écoute-moi avec attention, dit encore saint
Grégoire de Nysse, je vais l'expliquer en quelques mots.
Ce nouvel être
est conçu par la foi ; il vient à la lumière par la régénération du
baptême ; c'est sa mère, l'Église, qui le nourrit de sa doctrine et
de ses traditions ; son aliment est le pain céleste ; son âge
parfait est la sainteté ; son mariage est la familiarité avec la
sagesse ; ses fidèles sont l'espérance ; sa maison est le royaume ;
son héritage et sa richesse sont les délices du paradis ; sa fin
n'est pas la mort, mais cette vie bienheureuse et éternelle qui est
préparée pour ceux qui en sont dignes. "
Jésus, l'envoyé
du Père, est venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité.
C'est ce qu'il déclara avant sa condamnation à Pilate, comme on le
lit dans l'Évangile : " Je suis né et je suis venu dans le monde
pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité
écoute ma voix " (Jn. 18, 37). Et il dit à l'apôtre Thomas : " Je
suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne vient vers le Père
sans passer par moi " (Jn. 14, 6).
La Vérité est la
connaissance et l'amour de Dieu, révélé par Jésus Christ ; elle est
le service dans la vertu, par opposition à tout ce qu'il y a dans le
monde, à savoir " les désirs égoïstes de la nature humaine, les
désirs du regard et l'orgueil de la richesse " (1 Jn. 2, 16).
Heureux ceux qui ont soif de la vérité, qui écoutent ses paroles et
les mettent en pratique. " Si vous demeurez fidèles à ma parole,
vous serez vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité,
et la vérité vous rendra libres " (Jn. 8, 32).
Dans toutes les
religions, que ce soit la religion juive ou celles qui sont
païennes, il existe un acte suprême du culte, qui est le sacrifice.
C'est l'acte le plus solennel par lequel l'homme reconnaît devant
Dieu qu'il n'est rien, par lequel il manifeste son adoration, sa
disponibilité à réparer ses péchés. Il s'agit d'un culte officiel et
très solennel quand les croyants se réunissent et que le prêtre ou
celui qui en fait fonction offre le sacrifice à Dieu. Ainsi, tous
les peuples offraient un être vivant sur un autel, et la mort de cet
être vivant devait exprimer la remise totale de l'humanité à Dieu.
Jésus, en
regardant son œuvre et sa vie qui touchait à sa fin, voyait qu'il
manquait encore l'acte le plus important, le sacrifice pour sa
propre religion. Quel serait le sacrifice dans la religion de Jésus
Christ, que les hommes nouveaux allaient offrir à Dieu ?
Jésus n'avait pas
besoin de regarder très loin. Il savait ce qu'il allait faire. Car
il était descendu du ciel pour qu'il y ait un sacrifice digne de
Dieu. Il serait lui-même ce sacrifice qu'on offrirait pour présenter
à Dieu la véritable adoration de l'humanité, pour réparer les péchés
des hommes, pour obtenir les grâces nécessaires. Dans la nuit du
Jeudi Saint, avant sa Passion, il confia à ses apôtres et à toutes
les générations futures son Mystère par excellence : le divin
sacrifice du Nouveau Testament. Il confia à ses apôtres des paroles
mystérieuses auxquelles il allait obéir. Les prophètes l'avaient
déjà annoncé : après la venue de Jésus, il n'y aurait plus d'autres
sacrifices.
Ainsi, l'Église
offre sans cesse aujourd'hui dans le monde entier le même sacrifice
spirituel comme action de grâce et mémorial du Corps et du Sang du
Christ répandu pour nous sur le calvaire. Car la nuit où il fut
livré, Jésus prit le pain, rendit grâce, le partagea et le donna à
ses disciples, en disant : " Prenez et mangez, ceci est mon Corps. "
Puis, prenant le calice et rendant grâce, il dit : "Prenez et buvez,
ceci est mon Sang. " Et nous sommes convaincus qu'il s'agit bien du
Corps et du Sang du Christ, nous croyons en lui parce que la Vérité
ne saurait tromper. Celui qui changea l'eau en vin aux noces de Cana
change ici le vin en son Sang.
C'est cela que
les prêtres font aujourd'hui à la messe, en mémoire de lui : ils
changent le pain en son Corps et le vin en son Sang, et tous ceux
qui mangent de ce pain et boivent à cette coupe annoncent la mort du
Seigneur sur la croix et proclament sa résurrection. Les anciens
sacrifices n'étaient que la figure de ce qui nous serait donné dans
l'avenir ; maintenant ce sacrifice manifeste ouvertement que depuis
la dernière Cène cela nous a été accordé. Les anciens sacrifices
annonçaient que le Fils de Dieu mourrait pour les pécheurs ; ce
sacrifice annonce qu'il est déjà mort pour eux. L'Apôtre nous le dit
: quand nous étions encore pécheurs, le Christ, au temps voulu, est
mort pour les impies ; alors que nous étions ennemis, nous avons été
réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils (cf. Rm 5, 6-10).
" Faites ceci en
mémoire de moi " : tel fut l'ordre que Jésus donna à ses apôtres en
instituant la sainte Eucharistie à la dernière Cène. Et depuis sa
Passion, il s'offre continuellement pour nous et nous protège par
son intercession. Il a été immolé sur la croix, mais il ne mourra
jamais ; il est mort, mais maintenant il vit pour toujours. " Le
saint patriarche Jacob avait prophétisé à propos de Jésus, en disant
: Il lavera son vêtement dans le vin et sa tunique dans le sang des
raisins. De fait, Jésus devait laver dans son propre sang la tunique
de notre corps qu'il avait pris sur lui comme un vêtement".
Jésus Christ, qui
vit dans la Très Sainte Trinité et règne glorieusement dans
l'assemblée des saints, envoya un Ange aux trois petits bergers de
Fatima pour leur apprendre comment ils devaient adorer Dieu en
esprit et en vérité. Car Jésus Christ, le Verbe fait chair, s'est
offert pour nous, sur le Golgotha, en sacrifice et victime agréable
à Dieu. Il est l'Agneau pascal que Jean Baptiste désigna et montra à
ses disciples : " Voici l'Agneau de Dieu. " Mais sur l'autel du
sacrifice, il fut aussi accompagné par sa Mère. C'est pour cela que
la liturgie byzantine appelle Marie " l'Agnelle de Dieu " : en étant
auprès de la croix de Jésus, elle s'est aussi immolée avec l'Agneau
pascal et elle est devenue corédemptrice des hommes, parce que la
destinée de l'humanité pécheresse se jouait sur la croix.
Dans toutes les
religions, il existe aussi, à propos du rite du sacrifice, une
continuation : le sacrifice étant offert, qu'est-ce que l'on fait
avec la chair offerte en sacrifice ? Dans les différentes religions,
le rite continuait par un banquet sacré. La chair du sacrifice était
distribuée, parce que les participants à ce banquet pensaient tirer
ainsi plus de profit de leur sacrifice.
Jésus allait-il
s'associer à cet aspect dans sa nouvelle religion ? Voudrait-il
pouvoir être mangé par ceux qui le désireraient ? Malgré notre très
grande opinion sur la bonté de Jésus, nous n'aurions jamais espéré
de sa part un acte de miséricorde aussi infini. Notre foi affirme,
en effet, que Jésus s'est également associé à ce deuxième aspect du
rite du sacrifice et qu'il a désiré que le sacrifice offert soit
distribué et savouré par les participants. Lors de sa première
messe, Jésus a distribué le pain à ses apôtres ; il a aussi
distribué le vin consacré. En faisant cela, il a dit : " Mangez et
buvez ! Mangez ma chair et buvez mon sang. Qui mange ma chair et
boit mon sang vivra en moi, et moi je vivrai en lui. " Voilà ce
qu'il a promis après avoir rassasié le peuple avec le pain qu'il
avait multiplié dans le désert, en disant à ce moment-là : " Je vous
donnerai une autre nourriture qui ne sera pas du pain, mais ma chair
et mon sang. " " Le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie
du monde. " Ceux qui l'écoutaient furent consternés et scandalisés ;
même ses apôtres eurent un moment des doutes : mais comment cela
est-il possible ? Jésus réalisa sa promesse le dernier jour de sa
vie terrestre, non seulement en l'accomplissant une fois, mais en
donnant à ses apôtres le pouvoir de toujours renouveler ce banquet
pour qu'ainsi tous ceux qui le désirent puissent y prendre part.
Telle fut l'institution du deuxième aspect de l'Eucharistie comme
sacrement.
La sainte
communion est le soleil de notre vie. Notre vie nouvelle consiste à
vivre la vie de Dieu, et cette vie est alimentée par Jésus. Dieu est
devenu homme pour donner aux hommes la vie divine dans la sainte
communion. Cette nourriture mystérieuse nourrit l'âme et non le
corps. Il s'agit d'un aliment divin et c'est Jésus qui nous
transforme ainsi en sa propre vie.
Le rite du
sacrifice a encore un troisième aspect.
Les peuples qui
offraient un sacrifice s'interrogeaient sur ce qu'il fallait faire
de ce qui restait du sacrifice. En général, ils pensaient que la
terre n'était pas digne de garder ces restes et ils les brûlaient.
Jésus ferait-il la même chose ? A cet égard, Jésus n'a pas maintenu
l'ancienne coutume. Il a voulu que les restes soient conservés. Et
voici le troisième aspect de l'Eucharistie : le sacrement devient
permanent dans nos tabernacles pour notre amour et pour nos visites.
Sans aucun doute
grande est la sainte messe avec le renouvellement de la Passion, de
la mort et de la résurrection de Jésus. Grande aussi est la
communion quand Jésus se donne à nous. Mais non moins grande est la
présence de Jésus qui veut toujours rester avec nous, parce qu'il y
a Jésus lui-même dans chaque hostie consacrée.
Dans nos
tabernacles, jour et nuit, Jésus Christ est ainsi le Bon Pasteur qui
veille sur le troupeau que le Père lui a confié, comme Dieu l'avait
déjà annoncé par son serviteur David : " Le Seigneur est mon berger,
je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait
reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre "
(Ps 22, 1-3). Jésus lui-même l'a dit : " Je suis le bon Pasteur. Le
bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis " (Jn. 10, 11). Le bon
berger conduit ses brebis vers les pâturages.
" Le soleil de
cette nouvelle création, explique saint Grégoire de Nysse, est une
vie sans tache ; les étoiles sont les vertus ; l'atmosphère est un
comportement digne ; la mer est l'abîme des richesses de la sagesse
et de la science ; les herbes et les semences sont la bonne doctrine
et la divine Écriture où le troupeau, c'est-à-dire le peuple de
Dieu, trouve son pâturage ; les arbres fruitiers sont l'observance
des commandements. "
Quels sont
finalement les pâturages de ces brebis, sinon les joies profondes
d'un paradis toujours verdoyant ? L'aliment des élus est le visage
de Dieu, toujours présent, que le bon Pasteur nous a révélé. En le
contemplant sans interruption dans nos tabernacles, l'âme se
rassasie éternellement de l'aliment de vie. Celui qui se trouve dans
ces pâturages rend fervente sa foi dans les grands mystères et les
vérités en lesquels il croit ; il enflamme son désir pour les choses
du ciel. Aimer ainsi, c'est s'avancer vers le ciel parce que, dit
encore saint Grégoire, " insensé serait le voyageur qui, en
contemplant la beauté du pâturage, oublierait de continuer son
voyage jusqu'au bout ".
" Je serai avec
vous jusqu'à la fin du monde. "
L'esprit de
Jésus, quand il était sur terre, était un esprit de sacrifice. Il
avait continuellement devant les yeux sa mission, il ressentait le
grand poids des péchés du monde et l'esprit de cette grande mission
inondait son âme : "Je dois recevoir un baptême, et comme il m'en
coûte d'attendre qu'il soit accompli !" (Lc 12, 50). Il parlait du
calice que lui-même devait boire ; il marchait comme un agneau
devant être immolé et offert au Père. Jésus glorifié dans
l'Eucharistie a encore aujourd'hui le même esprit. Au moment de la
consécration, il s'en remet à son Père pour la rédemption de
l'humanité, dans ce Mémorial de sa mort et de son sacrifice sur la
croix. Il reste aussi avec nous après le sacrifice de la sainte
messe avec le parfum du sacrifice et il passe dans le tabernacle sa
vie offerte en réparation.
Ô admirable
mystère ! Jésus Christ reste toujours parmi nous après la sainte
messe dans les tabernacles de la terre, caché avec son Corps et son
Sang, avec sa Divinité et son Humanité, et il renouvelle
continuellement son offrande au Père pour le salut de tous les
hommes.
Nous sommes les
membres de son Corps mystique, appelés depuis notre baptême à suivre
le Christ.
À Fatima, nous
avons été sollicités il y a 91 ans par un Ange et par la Mère de
tous les hommes pour glorifier la Très Sainte Trinité, unis à Jésus
sur l'autel du sacrifice, présent aussi dans les tabernacles de la
terre, et même unis à son Corps et à son Sang dans la sainte
communion — telle était la demande de Notre Dame à Pontevedra —, en
faisant notre adoration réparatrice pour les péchés commis contre
Dieu, contre Jésus, contre le Cœur Immaculé de Marie, et pour sauver
les âmes.
Le fondement de
cet édifice spirituel de l'adoration réparatrice a été posé par
l'Ange à la Loca do Cabeço, en 1916. Le projet fut ensuite confié à
la Mère de tous les hommes qui, avec la fidèle collaboration des
trois petits bergers, commença héroïquement la construction,
laquelle progresse dans le monde partout où le message de Notre Dame
est écouté.
Les paroles que
saint Pierre a adressées de Rome, il y a 2000 ans, aux chrétiens
d'Asie Mineure nous montrent qu'à Fatima il ne s'agit pas d'un
nouveau projet. Car celui-ci provient du décret éternel de Dieu. Les
paroles de l'apôtre saint Pierre trouvent ainsi aujourd'hui un écho
dans l'invitation de l'Ange comme dans celle de la Très Sainte
Vierge : " Allez vers le Seigneur Jésus qui est la pierre vivante
que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu'il en
connaît la valeur. Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui
servent à construire le temple spirituel et vous serez le sacerdoce
saint, présentant des offrandes spirituelles agréables à Dieu, à
cause du Christ Jésus… Vous êtes la race choisie, le sacerdoce
royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu ; vous êtes
donc chargés d'annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés
des ténèbres à son admirable lumière. Car autrefois vous n'étiez pas
son peuple, mais aujourd'hui vous êtes le peuple de Dieu. Vous étiez
privés d'amour, mais aujourd'hui Dieu vous a montré son amour " (1 P
2, 4-10).
" Lors de la
première venue de Jésus, annonça prophétiquement saint Louis
Grignion de Montfort, Marie n'est presque pas apparue afin que les
hommes, encore peu instruits et éclairés sur la personne de son
Fils, ne s'éloignent pas de la vérité… Mais lors de la seconde,
Marie doit être connue et révélée par l'Esprit Saint. Par elle, il
fera connaître, aimer et servir Jésus Christ… Marie doit briller
plus que jamais en miséricorde… pour reconduire et recevoir avec
amour les pauvres pécheurs. "
" Pourquoi,
interroge Sœur Lucie, Notre Dame demande-t-elle la dévotion à son
Cœur Immaculé afin de sauver les pauvres pécheurs ? " Elle nous
répond : " C'est parce que Dieu le veut ainsi : pour les sauver,
Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé " ("
Comment je vois le message ").
Et pourquoi Notre
Dame a-t-elle aussi demandé avec insistance, à Fatima et à
Pontevedra, la réparation envers son Cœur Immaculé ?
Si nous
considérons la réparation du Christ par rapport à toute l'humanité,
on comprendra facilement que l'homme a aussi l'obligation de réparer
les offenses commises non seulement par lui-même, mais également par
les autres. Cette réparation peut être accomplie par rapport à toute
l'humanité. Ainsi comprise, cette doctrine est valide de façon
particulière pour la réparation des péchés commis contre le Cœur
Immaculé de Marie. Elle-même se trouve au-dessus de tous les hommes,
la plus élevée et la plus proche de Dieu et du Christ Sauveur ;
ainsi, tous les péchés et toutes les offenses que les hommes
commettent contre le Dieu transcendant et contre le divin Cœur de
Jésus touchent profondément et directement le Cœur Immaculé de
Marie, et donc l'atteignent et le blessent d'une manière
particulièrement sensible. C'est l'Enfant Jésus lui-même qui confia
à Sœur Lucie cette grande exigence :
"Le 10 décembre
1925, à Pontevedra, la Très Sainte Vierge lui apparut et, à côté
d'elle, porté par une nuée lumineuse, l'Enfant Jésus. La Très Sainte
Vierge posa la main sur son épaule et lui montra en même temps un
cœur entouré d'épines, qu'elle tenait dans l'autre main. En même
temps, l'Enfant lui dit : Aie compassion du Cœur de ta Très Sainte
Mère, qui est couvert des épines que les hommes ingrats lui
enfoncent à tout moment, sans qu'il y ait personne pour faire un
acte de réparation afin de les retirer. Ensuite, la Très Sainte
Vierge lui dit : Toi, au moins, tâche de me consoler et dis à tous
ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront,
recevront la sainte communion, réciteront un chapelet et me
tiendront compagnie pendant quinze minutes en méditant sur les
quinze mystères du rosaire, en esprit de réparation, que je promets
de les assister à l'heure de la mort avec toutes les grâces
nécessaires au salut de leur âme."
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