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Le Petit Journal 301. O Amour éternel, je désire que toutes les âmes, que Vous avez créées, vous connaissent. Je désirerais devenir prêtre, je parlerais sans cesse de Votre Miséricorde aux âmes pécheresses plongées dans le désespoir. Je désirerais être missionnaire et porter la lumière de la foi dans les pays sauvages, pour Vous faire connaître des âmes et m’immoler entièrement pour elles, mourir martyre comme Vous êtes mort pour moi et pour elles. O Jésus, je sais parfaitement que, en m’anéantissant totalement et en me renonçant complètement à moi-même, pour l’amour de Vous, Jésus, et pour celui des âmes immortelles, je peux être prêtre, missionnaire, prédicateur, et mourir martyre. 302. Un grand amour peut transformer les petites choses en grandes. Ce n’est que l’amour qui donne de la valeur à nos actions. Plus notre amour deviendra pur, plus le feu de la souffrance se consumera en nous, et plus la souffrance cessera d’être pour nous une souffrance : elle deviendra un délice ! Par la grâce de Dieu, j’ai maintenant reçu cette disposition du cœur qui fait que jamais je ne suis aussi heureuse que lorsque je souffre pour Jésus, que j’aime par chaque battement de mon cœur. Un jour, éprouvant une grande souffrance, j’ai abandonné mon emploi pour aller chez Jésus et Le prier de me donner Sa force. Après une très courte prière, je suis revenue à mon travail, pleine d’ardeur et de joie. Une des Sœurs me dit : " Vous devez avoir aujourd’hui beaucoup de consolations, ma Sœur, car vous êtes si radieuse. Dieu ne vous envoie sûrement aucune souffrance, mais seulement des consolations. " – " Vous vous trompez bien, ma Sœur, répondis-je, car c’est justement quand je souffre beaucoup, que ma joie est la plus grande, et quand je souffre moins, ma joie est moindre aussi. " Cependant cette âme me laissa entendre qu’elle ne me comprenait pas. J’ai taché de lui expliquer que, quand nous souffrons beaucoup nous avons une merveilleuse occasion de témoigner notre amour à Dieu. Tandis que quand nous souffrons peu, nous n’avons qu’une petite occasion de Lui témoigner notre amour. Et quand nous ne souffrons pas du tout, alors... c’est que notre amour n’est ni grand, ni pur. Nous pouvons, par la grâce de Dieu parvenir à ce que la souffrance se change en nous en délice, car l’amour est capable d’accomplir de telles choses dans les âmes pures. 303. O mon Jésus, mon seul espoir, je Vous remercie pour ce livre que Vous avez ouvert aux yeux de mon âme. Ce livre, c’est Votre Passion que Vous avez endurée par amour pour moi. C’est là que j’ai appris comment aimer Dieu et les âmes. Ce récit renferme, pour nous des trésors inépuisables. O Jésus, peu d’âmes Vous comprennent dans Votre martyre d’amour. Oh ! qu’il est grand le feu du plus pur amour qui brûle dans Votre Sacré Cœur ! Heureuse l’âme qui a compris l’amour du Cœur de Jésus ! 304. C’est mon plus grand désir que les âmes sachent que Vous êtes leur bonheur éternel, qu’elles croient en Votre bonté et glorifient Votre infinie miséricorde. 305. J’ai prié Dieu de m’accorder la grâce d’être résistante et forte contre les influences qui veulent parfois me détourner de l’esprit de la règle et des menues observances, car ce sont des petits vers rongeurs, qui peuvent détruire la vie intérieure. Et ils la détruiront si l’âme est consciente de ces fautes légères et les méprise parce que ce sont de petites choses. Pour moi, je ne vois rien de petit dans la vie religieuse. Peu importe si parfois je m’expose à des ennuis, et à des allusions malicieuses, pourvu que mon esprit soit en harmonie avec l’esprit des règles, de vœux et des statuts religieux. O Jésus, délice de mon cœur, Vous connaissez mes désirs, je voudrais me cacher aux regards humains pour que vivante, je sois comme si je ne vivais pas. Je veux vivre pure, comme une fleur des champs. Je veux que mon amour soit toujours une fleur des champs. Je veux que mon amour soit toujours tourné vers Vous, comme une fleur qui se tourne toujours vers le soleil. Je désire que le parfum et la fraîcheur de la fleur de mon cœur Vous soient toujours exclusivement réservés. Je veux vivre sous Votre divin regard, car Vous seul me suffisez. Je n’ai peur de rien, quand je suis avec Vous, Ô Jésus, car rien ne peux me nuire. 306. 1934. Une fois, pendant le carême, je vis au dessus de notre chapelle une grande clarté et une profonde obscurité. J’ai vu le combat de ces deux puissances. . . 307. 1934. Jeudi Saint, Jésus me dit : " Je désire que tu fasses une offrande de toi-même pour les pécheurs et en particulier pour les âmes qui ont perdu confiance en la Miséricorde divine. " 308. Dieu et l’âme – Acte d’offrande En présence du ciel et de la terre, en présence de tous les chœurs angéliques, en présence de la Très Sainte Vierge Marie, en présence de toutes les Puissances célestes, je déclare au Dieu Unique en la Sainte Trinité, qu’aujourd’hui, en union avec Jésus Christ, Sauveur des âmes, je m’offre volontairement pour la conversion des pécheurs et en particulier, pour ceux qui ont perdu espoir en la Miséricorde divine. Cette offrande consiste à accepter avec une entière soumission à la volonté divine toutes les souffrances, les peurs, les frayeurs dont les pécheurs sont remplis. En revanche, je leur donne toutes mes consolations, qui découlent de mon intimité avec Dieu. En un mot, j’offre tout pour eux : les Saintes Messes, les Saintes communions, les pénitences, les mortifications, les prières. Je n’ai pas peur des coups – des coups de la justice divine, car je suis unie à Jésus. O mon Dieu, je désire de cette manière, faire réparation pour les âmes qui ne croient pas à Votre bonté. J’ai confiance contre tout espoir en l’immensité de votre Miséricorde. Mon Seigneur et mon Dieu, ma part – ma part pour l’éternité, je fais cet acte d’offrande en comptant non pas sur mes forces, mais sur la puissance qui découle des mérites de Jésus-Christ. Je vais répéter chaque jour cet acte d’offrande, en récitant la prière suivante que Vous-Même, Jésus, m’avez apprise : " O Sang et Eau, qui avez jailli du Cœur de Jésus comme Source de Miséricorde pour nous, j’ai confiance en vous ! " Sœur Marie Faustine du Très Saint Sacrement Jeudi Saint pendant la Sainte Messe, 29.3.1934. 309. " Je te donne part à la Rédemption du genre humain. Tu es Mon soulagement au moment de Mon agonie. " 310. Quand j’ai reçu de mon confesseur la permission de faire cet acte d’offrande, j’ai vite compris qu’il était agréable à Dieu, car j’ai commencé tout de suite à en expérimenter les effets. En un instant mon âme devint comme un rocher : sèche, pleine de tourments et d’inquiétudes. Toutes sortes de blasphèmes et de malédictions se pressèrent à mes oreilles. La méfiance et le désespoir s’installèrent dans mon cœur. Voilà l’état des pauvres que j’ai pris sur moi.. Au premier moment j’ai eu peur de ces horreurs. Mais à la première confession j’ai été tranquillisée. 311. Un jour qu j’étais sortie pour me confesser, mon confesseur était justement en train de célébrer la Sainte Messe. J’aperçu l’Enfant Jésus sur l’autel. Il tendait tendrement et joyeusement Ses petites mains vers lui. Alors, ce prêtre prit ce bel Enfant, Le cassa et Le mangea tout vivant. Au premier instant, je pris ce prêtre en aversion pour avoir agi de la sorte envers Jésus. Mais je fus aussitôt éclairée et je compris que ce prêtre était très agréable à Dieu. 312. Une fois j’étais chez le peintre, chargé de peindre cette image. Comme j’ai été peinée en voyant qu’elle n’est pas aussi belle que l’est Jésus. Mais j’ai caché ma déception profondément dans mon cœur. En sortant de chez le peintre, la Mère Supérieure resta en ville, pour diverses affaires, et moi je suis revenue seule à la maison. Je suis allée aussitôt à la chapelle où j’ai beaucoup pleuré. J’ai dit au Seigneur " Qui Vous peindra aussi beau que Vous l’êtes ? " Soudain j’ai entendu ces paroles : " Ce n’est ni dans la beauté des couleurs, ni dans celle du coup de pinceau, que réside la grandeur de cette image, mais dans ma grâce. " 313. Un après midi, je me rendis au jardin, mon Ange gardien me dit : " Prie pour les agonisants. " Alors j’ai tout de suite commencé à réciter le rosaire avec les jardinières. Après le rosaire nous avons récité diverses petites prières pour les agonisants. Les prières terminées, les élèves commencèrent à causer gaiement. Malgré le bruit qu’elles faisaient, j’entendis en mon âme ces mots " Prie pour moi ! " Mais je ne pouvais pas bien comprendre ces mots. Je me suis éloignée de quelques pas de mes élèves, en me demandant qui pouvait bien me demander des prières. Soudain j’entendis ces mots : " Je suis Sœur... " Cette Sœur était à Varsovie, et moi à Wilno maintenant. " Prie pour moi jusqu’à ce que je te dise de cesser. Je suis en agonie ! " Sur le champs, je recommençai à prier ardemment pour elle et sans relâche, je priai ainsi de trois heures à cinq heures. A cinq heures j’entendis le mot : " Merci " – J’ai compris qu’elle avait expiré. Cependant le lendemain à la Sainte Messe j’ai prié pour son âme avec ferveur. Dans l’après midi est arrivée une carte postale annonçant que Sœur . . . était morte à telle heure. C’était l’heure où elle me disait " Prie pour moi. " 314. " Mère de Dieu, votre âme était plongée dans une mer d’amertume, regardez votre enfant et enseignez-lui à souffrir et à aimer en souffrant. Fortifiez mon âme pour que la douleur ne la brise pas. Mère de grâce, apprenez-moi à vivre de Dieu. " 315. Un jour, Notre-Dame m’a rendu visite. Elle était triste et tenait les yeux baissés. Elle me fit comprendre qu’Elle avait quelque chose à me dire et, d’un autre côté, il me semblait qu’elle ne voulait pas me le dire. Lorsque je l’ai compris, j’ai commencé à la prier de me parler et de me regarder. 316. Un moment après, Marie me regarda avec un affectueux sourire et me dit : " Tu vas éprouver certaines souffrances du fait de la maladie et des médecins. Beaucoup de souffrances te viendront aussi à cause de cette image, mais ne crains rien. " 317. Le lendemain, je tombai malade, et je souffris beaucoup, ainsi que me l’avais dit la Mère de Dieu. Mais mon âme était prête à endurer des souffrances. La souffrance est la fidèle compagne de ma vie. O mon Dieu, mon unique espoir, j’ai mis toute ma confiance en Vous et je sais que je ne serai pas déçue. Je sens maintenant, après la Sainte Communion, d’une manière singulière et sensible, la présence de Dieu. Je sais que Dieu est dans mon cœur. Et cela ne me dérange pas dans l’accomplissement de mes devoirs. 318. 9.8.1934. L’adoration nocturne du jeudi. J’ai fait mon heure d’adoration de onze heures à minuit. J’ai offert cette adoration pour la conversion des pécheurs endurcis, et particulièrement pour ceux qui ont perdu confiance en la miséricorde divine. J’ai considéré combien dieu a souffert et quel immense amour Il nous a témoigné. Mais nous ne croyons pas que Dieu nous aime tant.. O Jésus, qui le comprendra ? Quelle douleur pour notre Sauveur ! Comment nous persuadera-t-il de Son amour si Sa mort même ne peut nous persuader ?
J’ai demandé au ciel entier d’offrir avec moi réparation au
Seigneur pour l’ingratitude de certaines âmes. Jésus m’a fait connaître combien
l’oraison d’expiation Lui est agréable. Il m’a dit : « La prière d’une âme
humble et aimante désarme la colère de Mon Père et libère des torrents de
bénédictions. »
320. 12.8.1934. Un malaise soudain, une souffrance
mortelle. Ce n’était pas la mort en tant que passage à la vraie vie, mais un
avant-goût de ses souffrances. La mort est terrible bien qu’elle nous donne la
vie éternelle. Brusquement, je me sentis mal : la respiration me manqua, ma vue
s’obscurcit, je sentis le dépérissement de mes membres. Cette suffocation est
effrayante. Un seul moment d’une telle suffocation paraît extrêmement long….
S’y ajoute une singulière peur malgré la confiance. 321. O Ordre religieux, ma mère, comme il est doux de vivre en toi, mais plus doux encore d’y mourir ! 322. Après avoir reçu les Derniers Sacrements j’éprouvai une complète amélioration. Je suis restée seule pendant une demi-heure, puis l’attaque revint, mais déjà moins forte grâce aux soins médicaux. J’unissais mes souffrances aux souffrances de Jésus et je les offrais pour moi et pour la conversion des âmes qui ne croient pas à la bonté divine. Soudain ma cellule se remplit d’êtres noirs pleins de colère et de haine contre moi. L’un d’eux dit : « Soi maudite comme Celui qui est en toi, car tu nous tourmentes déjà en enfer. » J’ai dit : « Et le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous. Et ces êtres disparurent bruyamment sur le champ. 323. Le lendemain, je me sentais très faible, mais je ne souffrais plus. Après la Sainte Communion, j’aperçu Jésus sous le même aspect qu’Il avait lors d’une adoration. Le regard du Seigneur transperça mon âme : pas un grain de poussière n’échappait à Son attention. Et j’ai dit à Jésus : « Jésus, je pensais que Vous me prendriez. »
Et Jésus me répondit : « Ma volonté ne s’est pas encore
totalement accomplie en toi, tu restera encore sur terre, mais pas longtemps
.Ta confiance Me plait beaucoup, mais il faut que ton amour soit plus ardent!.
324. L’année 1934. Le jour de l’Assomption de Notre-Dame, je n’assistai pas à la Sainte Messe. La Doctoresse me l’avait défendu; je priais avec ferveur dans ma cellule. Bientôt, j’aperçus la Sainte Vierge, d’une beauté indicible. Elle me dit : « Ma fille, j’exige de toi des prières, des prières, des prières et encore des prières pour le monde, et en particulier pour ta Patrie. Pendant neuf jours, unis-toi étroitement au Sacrifice de la Messe, et reçois la Sainte Communion en expiation. Pendant ces neuf jours tu te tiendras devant Dieu, comme une offrande, partout, toujours, en tout endroit et à tout moment, nuit et jour. A chaque réveil, prie en esprit. En esprit on peut toujours rester en prière. » 325. Un jour, Jésus me dit : « Mon regard sur cette image est le même que celui que J’avais sur la Croix. » 326. Une fois, mon confesseur me demanda comment devait être placée l’inscription sur cette image, car il n’y avait pas assez de place pour tout y mettre. J’ai répondu que je prierai et qu je répondrai la semaine suivante. En quittant le confessionnal, je passai près du Saint Sacrement et je reçus la connaissance intérieure sur la façon de placer cette inscription. Jésus me rappela, comme Il me l’avait dit la première fois, que ces mots « Jésus, j’ai confiance en vous » devait être mis en évidence. J’ai compris que Jésus désire que toute la formule : « Je présente aux hommes un moyen, avec lequel ils doivent venir puiser la grâce à la source de la Miséricorde. Ce moyen, c’est cette image, avec l’inscription : « Jésus, j’ai confiance en Vous! » soit placée, mais Il n’en donne pas un ordre aussi formel que pour cette invocation. 327. O Amour le plus pur, régnez dans toute votre plénitude dans mon cœur et aidez-moi à remplir très fidèlement votre sainte volonté. 328. A la fin de la retraite de trois jours, je me vis marchant sur un chemin inégal, trébuchant à chaque pas. Et je voyais qu’une personne me suivait et me soutenait continuellement. Mais j’en fus mécontente et la priai de s’éloigner de moi, car je voulais aller seule. Or, cette personne que je ne pouvais reconnaître, ne m’abandonnait pas un seul instant. Cela m’impatienta. Me retournant, je l’ai repoussée. A cet instant, je reconnu la Mère Supérieure. Et au même moment, je vis que ce n’était pas la Mère Supérieure, mais Jésus qui me regarda profondément et me fit comprendre combien cela Lui faisait mal, lorsque dans les plus petites choses, je n’accomplissais pas la volonté de la Supérieure, « qui est Ma volonté » dit Il. J’ai demandé pardon au Seigneur et je pris cet avertissement profondément à cœur.
329. Une fois mon confesseur me demanda de prier à son
intention. J’ai donc commencé une neuvaine à la Mère de Dieu qui consistait en
la récitation de neuf Salve Regina. 330. Oh ! qu’elle est grande la grâce d’avoir un directeur spirituel ! On progresse plus vite dans la vertu, on connaît plus clairement la volonté divine et on l’accomplit plus fidèlement, on marche dans une voie sûre et sans danger. Le directeur permet d’éviter les rochers sur lesquels l’âme pourrait se briser. Dieu m’a donné cette grâce, tard, il est vrai, mais je m’en réjouis beaucoup quand je vois comment Dieu s’incline devant les désirs de mon directeur.
Je mentionnerai un fait entre mille. Comme d’habitude, le
soir , j’avais prié Jésus de me donner des points pour la méditation du
lendemain. J’ai reçu cette réponse. : « Médite sur le prophète Jonas et sa
mission. » 331. Jeudi. Lorsque j’ai commencé l’Heure Sainte, je voulais me plonger dans l’agonie de Jésus au Jardin des Oliviers. Soudain, j’entendis intérieurement une voix dans mon âme : « Médite le mystère de l’Incarnation : » et tout d’un coup, devant moi apparut l’Enfant Jésus, rayonnant de beauté. Il me dit combien la simplicité d’âme Lui plaisait: « Bien que Ma grandeur soit inconcevable, Je demeure seulement avec les petits. J’exige de toi l’esprit d’enfance.» 332. Maintenant je vois clairement comment Dieu agit par le confesseur et combien Il est fidèle à Ses promesses. Il y a deux semaines mon confesseur m’a invitée à réfléchir sur cette enfance spirituelle. Cela me fut assez difficile au début. Mais mon confesseur me fit continuer ces réflexions, sans faire attention à mes difficultés. Dans la pratique, cet esprit d’enfance doit se manifester ainsi : l’enfant ne s’occupe ni du passé, ni de l’avenir. Il profite du moment présent. « Je veux accentuer cet esprit d’enfance en vous, ma Sœur et j’insiste beaucoup là-dessus ». Je vois ainsi combien Dieu confirme les désirs de mon confesseur, puisqu’au même moment, Il ne m’apparaît pas comme un Maître dans la plénitude de Ses forces et dans Son humanité adulte, mais bien plutôt comme un petit Enfant. Le Dieu inaccessible s’abaisse ainsi jusqu’à moi sous l’aspect d’un petit Enfant Cependant le regard de mon âme ne s’arrête pas à cette apparence. 333. Bien que Vous assumiez la taille d’un petit enfant, je vois en Vous le Seigneur des Seigneurs, Immortel et Infini, que les purs esprits louent nuit et jour, pour Lequel les choeurs des Séraphins flambent du feu du plus pur amour. O Christ, Ô Jésus, je souhaiterais les surpasser dans mon amour pour Vous. Je vous demande pardon, Ô Esprits célestes, pour oser me comparer à vous, moi cet abîme, ce gouffre de misère. Mais vous, Ô, Dieu, qui êtes un abîme insondable de miséricorde, absorbez-moi, comme l’ardeur du soleil absorbe une goutte de rosée. Votre regard rempli d’amour comble tout abîme. La grandeur de Dieu fait mon bonheur. Il me suffira pleinement pour être heureuse pendant toute l’éternité, de contempler la grandeur de Dieu. 334. Un jour en voyant Jésus sous l’apparence d’un petit Enfant, je Lui ai demandé : « Jésus, pourquoi Vous manifestez-Vous ainsi à moi sous l’apparence d’un petit Enfant ? Malgré tout, je vois en Vous le Dieu infini, mon Créateur et mon Seigneur. » Jésus me répondit que tant que je n’aurais pas appris la simplicité et l’humilité, Il se manifesterait à moi sous la forme d’un petit enfant. 335. 1934. Pendant la Sainte Messe, quand Jésus était exposé dans le Saint Sacrement, avant la Sainte Communion, j’aperçus deux rayons sortant de la Très Sainte Hostie, les mêmes que ceux qui sont peints sur cette image, l’un rouge, le second pâle. Et ils se reflétaient sur chacune des Sœurs et des élèves, mais pas de la même manière. Sur quelques unes ils se dessinaient à peine. C’était le jour où finissait la retraite des enfants. 336. 22.11.1934. Une autre fois, Mon Père spirituel m’ordonna de bien réfléchir sur moi-même et de bien m’examiner pour voir si je n’avais pas d’attachements pour quelque chose ou quelque créature, ou bien pour moi-même, et s’il n’y avait pas en moi de bavardages inutiles : « car tout cela empêche Jésus d’agir librement dans votre âme. Dieu est jaloux de nos cœurs et il veut que nous n’aimions que Lui. » Lorsque j’ai commencé à réfléchir ainsi profondément sur moi-même, je n’ai remarqué aucun attachement pour quoi que ce soit. Cependant, comme en tout ce qui me concerne, j’avais peur et je me défiais de moi-même.
337. Fatiguée par cet examen minutieux, je suis allée devant
le Saint Sacrement et de toute la force de mon âme, j’ai prié Jésus. 338. A ce moment Jésus se tint soudain devant moi, venant je ne sais d’où, rayonnant d’une beauté indescriptible, dans un vêtement blanc, les Mains levées. Il me dit ces paroles : « Ma fille, ton coeur est Mon repos, il est Mon plaisir, Je trouve en lui tout ce qu’un si grand nombre d’âmes Me refusent. Dis le à celui qui Me remplace. » Et à l’instant je ne vis plus rien. Un océan de consolations inonda mon âme. 339. Jésus, je comprends maintenant que rien ne peux faire obstacle à mon amour pour Vous : ni la souffrance, ni les contrariétés, ni le feu, ni le glaive, ni la mort elle-même. Je me sens plus forte que tout. Rien ne peut égaler l’amour. Je vois que les choses les plus minimes accomplies par une âme qui aime sincèrement Dieu, prennent une valeur inouïe aux yeux de Ses Saints.
340. 5.11.1934. Un matin après avoir ouvert la porte
pour laisser passer nos gens, qui distribuent le pain, je passai un instant à la
petite chapelle, pour rendre visite à Jésus et renouveler l’intention du jour. «
Voilà Jésus, je vous offre aujourd’hui toutes mes souffrances, mes
mortifications, mes prières à l’intention du Saint-Père, pour qu’il approuve
cette fête de la Miséricorde. Mais, Jésus, j’ai encore un mot à vous dire. Cela
m’étonne beaucoup que Vous me fassiez parler de cette fête de la Miséricorde, on
me dit qu’elle est déjà approuvée, pourquoi dois-je en parler ? » 341. La souffrance est le plus grand trésor sur cette terre, elle purifie l’âme. C’est dans la souffrance que nous reconnaissons qui est notre véritable ami. 342. L’amour authentique se mesure avec le thermomètre des souffrances. Jésus, je Vous remercie pour les petites croix quotidiennes, pour les contrariétés dans mes desseins, pour les peines de la vie commune, pour la mauvaise interprétation de mes intentions, pour les humiliations infligées par autrui, pour la manière revêche de nous traiter, pour les faux soupçons, pour ma faible santé, pour l’épuisement de mes forces, pour le sacrifice de ma propre volonté, pour l’anéantissement de moi-même, pour la désapprobation en tout, pour le dérangement de tous mes plans. Je Vous remercie, Jésus, pour les souffrances intérieures, pour les sécheresses de l’esprit, pour les frayeurs, pour les peurs et les incertitudes, pour les ténèbres et la profonde nuit intérieure, pour les tentations et les diverses épreuves, pour les tourments qu’il m’est difficile d’exprimer, surtout pour ceux que personne ne peut comprendre, pour l’heure de la mort, pour son dur combat, pour toute son amertume. Je Vous remercie, Jésus, Vous qui avez d’abord bu ce calice d’amertume avant de me le tendre. Voila que j’ai appliqué mes lèvres à ce calice de Votre sainte volonté. Qu’il soit fait selon Votre bon plaisir, et qu’il advienne de moi selon ce que Votre Sagesse a prévu de toute éternité. Je désire vider ce calice jusqu’à la dernière goutte. Dans l’amertume je trouve ma joie, dans ma désespérance, ma confiance. En Vous, Seigneur, tout est bon, tout est donné par Votre Cœur paternel. Je ne préfère pas les consolations aux amertumes, ni les amertumes aux consolations, mais merci pour tout, Jésus ! C’est mon délice de fixer mes regards sur Vous, Dieu infini. Mon esprit séjourne dans ces mystérieuses réalités, et là je sens que je suis chez moi. Je connais bien la demeure de mon Epoux. Je sens qu’il n’y a pas en moi une seule goutte de sang, qui ne se consumerait d’amour pour Vous. O Beauté incroyable, celui qui a fait votre connaissance ne peux rien aimer d’autre. Je sens que mon âme est un gouffre sans fond et que rien ne le comblera, sinon Dieu seul. Je sens que je me perd en Lui, comme un grain de sable dans un océan sans bornes. 343. 20.XII.1934. Un soir en entrant dans ma cellule, je vis Jésus exposé dans l’ostensoir. Il m’a semblé que c’était en plein air. Aux pieds de Jésus, je voyais mon confesseur et derrière lui un grand nombre de hauts dignitaires de l’Eglise, dont je n’avais jamais vu les ornements sacerdotaux, sauf en vision. Derrière eux, des membres du clergé, plus loin encore je vis de grandes foules, que je ne pouvais embrasser d’un coup d’œil. Je voyais les deux rayons sortant de l’Hostie, les mêmes qui sont sur l’image. Ils étaient étroitement unis, mais ne se confondaient pas. Ils passèrent par les mains de mon confesseur, puis par les mains de ce clergé et, de leurs mains, à la foule, puis revinrent à l’Hostie…et à ce moment je me suis vue dans ma cellule comme j’y étais entrée. 344. 22.XII.1934. Pendant un certain temps je fus obligée d’aller me confesser durant la semaine. Je suis arrivée quand mon confesseur célébrait la Sainte Messe. Pendant la troisième partie de la Sainte Messe, j’aperçus l’Enfant Jésus un peu plus petit que de coutume. Il avait une écharpe de couleur violette alors que d’habitude Il en porte une blanche.
345. 24.XII.1934. Vigile de Noël. Pendant la Sainte Communion, la joie inonda mon âme, je me sentais étroitement unie à la Divinité. Sa Toute Puissance absorba tout mon être. Pendant la journée, je sentis d’une manière singulière la proximité de Dieu. Bien que mes devoirs ne me permissent pas d’aller à la chapelle un seul instant de toute la journée, il n’y eut pas un moment où je ne fusse unie à Dieu. Je Le sentais en moi, d’une manière plus sensible qu’autrefois. Je saluais sans cesse la Mère de Dieu pénétrant son esprit. Je la priai de m’apprendre le véritable amour de Dieu. Tout-à-coup j’ai entendu ces mots : « Cette nuit, pendant la Sainte Messe, Je partagerai avec toi le mystère de mon bonheur. » Le dîner eut lieu avant six heures. Malgré la joie et le bruit extérieur qui accompagne toujours la cérémonie pendant laquelle on partage le pain azyme et l’on échange des vœux, je ne perdis pas un seul instant le sentiment de la présence divine. Après le souper nous nous sommes hâtées de finir notre travail, et à neuf heures je pus aller à la chapelle pour l’adoration. J’ai reçu la permission de ne pas aller dormir, mais d’attendre la Messe de minuit. Je me réjouissais d’avoir du temps libre de neuf heures à minuit. De neuf heures à dix heures, j’ai offert mon adoration à l’intention de mes parents et de toute ma famille, de dix heures à onze heures à l’intention à l’intention de mon directeur spirituel. J’ai d’abord remercié Dieu de m’avoir donné, comme il me l’avait promis, cette grande aide visible sur terre. Je l’ai aussi prié de lui donner la lumière nécessaire pour connaître mon âme et me guider d’après le bon plaisir de Dieu. De onze heures à minuit j’ai prié pour la Sainte Eglise et pour le clergé, pour les pécheurs, pour les missions et pour nos maisons. J’offrais les indulgences pour les âmes du Purgatoire. 346. Minuit, 25.XII.1934. La Messe de Minuit. Dès le commencement de la Sainte Messe, j’ai éprouvé un grand recueillement intérieur, la joie inonda mon âme. Pendant l’Offertoire, j’ai vu Jésus sur l’autel, d’une beauté incomparable. Cet Enfant ne cessait de regarder tout le monde, tendant Ses petites mains. Pendant l’Elévation, l’Enfant ne regardait plus la chapelle, mais vers le ciel. Après l’Elévation, Il nous regarda de nouveau, mais cela dura peu car, comme d’habitude, Il fut rompu par le prêtre et mangé. Mais Il avait déjà une écharpe blanche. Le lendemain je vis la même chose, et le surlendemain aussi. Il m’est difficile d’exprimer ma joie. Cette vision se répéta pendant les trois Saintes Messes, comme à la première. 1934. Le premier jeudi après Noël. J’avais complètement oublié que c’était aujourd’hui jeudi, je n’ai pas fait mon adoration et je suis allée avec les Sœurs tout de suite au dortoir à neuf heures.
Par extraordinaire je ne pouvais pas m’endormir. Il me
semblait que j’avais encore quelque chose à faire. Mentalement je repassais mes
devoirs en revue, mais je ne pus rien me rappeler. Cela dura jusqu’à dix heures.
Je vis alors la Face de Jésus supplicié. Et soudain Jésus me dit : « Je
t’attendais pour partager Mes souffrances, car qui les comprendra mieux que Mon
épouse ? » J’ai demandé pardon à Jésus pour ma froideur, et, 348. honteuse,
n’osant pas le regarder mais le cœur contrit, je L’ai prié de daigner me donner
une épine de Sa couronne. Jésus me répondit qu’il m’accorderait cette grâce,
mais le lendemain, et la vision disparut sur le champ. A quatre heures, quand je suis venue pour l’adoration, je vis une de nos élèves, qui offensais Dieu terriblement par des péchés d’impureté. Je voyais aussi la personne avec qui l’élève péchait. La peur s’empara de mon âme et je priais Dieu, par les douleurs de Jésus, de daigner l’arracher à cette affreuse misère. 349. Jésus me répondit qu’Il lui accorderait cette grâce, non pour elle, mais à cause de ma prière. Alors j’ai compris combien nous devions prier pour les pécheurs et particulièrement pour nos élèves. Notre vie est vraiment apostolique. Je veux imaginer une religieuse qui virait dans nos maisons, c'est-à-dire dans notre communauté, et qui ne serait pas animée de l’esprit apostolique. La ferveur pour le salut des âmes devrait brûler dans nos cœurs. 350. O mon Dieu, qu’il est doux de souffrir pour vous dans les recoins les plus secrets du cœur, dans la plus grande solitude; de brûler comme une offrande que personne ne remarque, pure comme le cristal, sans consolation ni compassion. Mon esprit brûle en proie à un amour actif. Je ne perds pas de temps en rêveries. Je prends chaque instant séparément, car cela est en mon pouvoir. Le passé ne m’appartient plus, l’avenir n’est pas encore à moi. De toute mon âme, je tâche de profiter du temps présent. 4.I.1935. Le premier chapitre de Mère Borgia.
351. Pendant ce chapitre, la Mère mit l’accent sur la vie de
foi et la fidélité dans les petites choses. Vers la moitié du chapitre, j’ai
entendu ces paroles : « Je désire qu’il y ait plus de foi en vous au moment
présent. Quelle grande joie Me cause la fidélité de mon épouse dans les petites
choses. » - Alors j’a regardé la croix et j’ai vu que Jésus avait la tête
tournée vers le réfectoire, Ses lèvres remuaient. 353. Un jour que je parlais avec une personne, qui devait peindre cette image,, mais qui pour certaines raisons ne le faisait pas, j’entendis cette voix dans mon âme : « Je désire qu’elle soit plus obéissante. » J’ai compris que les plus grands efforts, s’ils n’ont pas le cachet de l’obéissance, ne sont pas agréables à Dieu. Je parle ici pour une âme religieuse. O Dieu, qu’il est facile de connaître Votre Volonté dans un ordre religieux. Pour nous, les âmes consacrées, la volonté de Dieu est clairement tracée du matin au soir. Et dans les moments d’incertitude, nous avons nos Supérieurs, par lesquels Dieu nous parle.
354. 1934.I.1935 ; Veille du Nouvel An. Enfin, minuit sonne. La dernière heure de l’année. Je l’ai finie au nom de la Sainte Trinité. De même en son Saint Nom, j’ai commencé la première heure du Nouvel An. J’ai prié chacune des Trois Personnes de me bénir, et, avec grande confiance, j’ai dirigé mon regard vers la nouvelle année qui ne sera certainement pas exempte de souffrances. 355. Hostie Sainte, en Vous est contenu le testament de la Miséricorde divine pour nous, et spécialement pour les pauvres pécheurs. Hostie Sainte, en Vous sont contenus le Corps et le Sang de Jésus, preuves de l’infinie Miséricorde envers nous et spécialement envers les pauvres pécheurs. Hostie Sainte, en Vous sont contenues la vie éternelle et l’infinie Miséricorde, qui nous sont abondamment accordées, particulièrement aux pauvres pécheurs. Hostie Sainte, en Vous est contenue la Miséricorde du Père, du Fils et du Saint Esprit envers nous et particulièrement envers les pauvres pécheurs. Hostie Sainte, en vous est contenu le prix infini de la Miséricorde, qui paye toutes nos dettes et particulièrement celles des pauvres pécheurs. Hostie Sainte, en vous est contenue la Source de l’eau vive, jaillissante de l’infinie Miséricorde pour nous et particulièrement pour les pauvres pécheurs. Hostie Sainte, en vous est contenu le feu du plus pur amour, qui flambe au sein de Père Eternel comme d’un volcan d’infinie Miséricorde pour nous et particulièrement pour les pauvres pécheurs. Hostie Sainte, en Vous est contenu le remède à toutes nos faiblesses, découlant de l’infinie Miséricorde comme d’une source, pour nous et particulièrement pour les pauvres pécheurs. Hostie Sainte, en vous est contenu le lien entre Dieu et nous, don de l’infinie Miséricorde envers nous et particulièrement envers les pauvres pécheurs. Hostie Sainte, en vous sont contenus tous les sentiments du Très doux Cœur de Jésus envers nous et particulièrement envers les pauvres pécheurs. Hostie Sainte, notre unique espoir, dans toutes les souffrances et les contrariétés de la vie. Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu des ténèbres et des orages intérieurs et extérieurs. Hostie Sainte, notre unique espoir, dans la vie et à l’heure de notre mort. Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu des insuccès et dans l’abîme des désespoirs. Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu de la fausseté et des trahisons. Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu des ténèbres et de l’impiété qui submergent la terre. Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu de la nostalgie et de la douleur résultant de l’incompréhension de tous. Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu du travail pénible et de la monotonie de la vie quotidienne. Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu de la destruction de nos espoirs et de nos efforts. Hostie Sainte, notre unique espoir, au milieu des ravages de l’ennemi et des efforts de l’enfer. Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous, lorsque les fardeaux dépasseront mes forces et quand je verrai l’inutilité de mes efforts. Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous lorsque les orages secouent mon cœur et que l’esprit effrayé penche vers le doute. Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous lorsque mon cœur va frémir et quand la sueur mortelle mouillera mon front. Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous lorsque tout sera conjuré contre moi et que le sombre désespoir envahira mon âme. Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous lorsque mon regard va se détourner des choses temporelles et que mon esprit verra pour la première fois des mondes inconnus. Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous, lorsque les travaux vont surpasser mes forces et que l’insuccès sera mon constant partage. Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous, lorsque l’accomplissement des vertus me semblera difficile et que la nature se révoltera. Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous, lorsque les coups de l’ennemi serons dirigés contre moi. Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous, lorsque mes fatigues et mes efforts seront méconnus des hommes. Hostie Sainte, j’ai confiance en Vous, lorsque Vos jugements retentiront sur moi, alors j’aurai confiance en votre Miséricorde sans limites. 356. Très Sainte Trinité, j’ai confiance en votre infinie Miséricorde. Dieu est mon Père. Donc moi, Son enfant, j’ai tous les droits sur Son divin Cœur. Et plus les ténèbres son grandes, plus totale doit être notre confiance. 357. Je ne comprends pas comment on peut ne pas avoir confiance en Celui qui peut tout. Tout est par Lui et rien sans Lui. Lui, le Seigneur, ne permettra ni n’admettra la confusion de ceux qui ont mis toute leur confiance en Lui.
358. 10.1.1935. Jeudi soir pendant la bénédiction certaines
pensées commencèrent à me tourmenter : Est-ce que, par hasard, tout ce que je
dis au sujet de cette grande Miséricorde de Dieu ne serait pas mensonge ou
illusion ?... Je voulais réfléchir un moment là-dessus, quand, soudain,
j’entendis une voix intérieure forte et distincte : « Tout ce que tu dis de Ma
bonté est la vérité et il n’y a pas d’expression suffisante pour la louer. » -
Ces paroles étaient si pleine de puissance et si claires, que je donnerais ma
vie pour elles : elles viennent de Dieu. Je Le reconnais à la paix profonde qui
m’envahit alors et continue de m’accompagner.
359. Nouvel An 1935. Soudain j’entendis une voix dans mon âme : « Je suis ton Patron, lis. » A ce moment, j’ai regardé l’inscription et j’ai lu : Patron pour l’année1935, la Sainte Eucharistie ». Mon cœur frémit de joie. Je me suis éloignée discrètement du cercle des Sœurs et je suis allée, pendant un court instant, devant le Saint Sacrement et là j’ai soulagé les sentiments de mon cœur. Cependant Jésus me fit doucement remarquer qu’en ce moment, je devais être en communauté avec les Sœurs, j’y suis immédiatement retournée, conformément à la règle. 360. Sainte Trinité, Dieu unique, inconcevable dans la grandeur de Votre Miséricorde envers les créatures et particulièrement envers les pauvres pécheurs. Vous avez révélé l’abîme de Votre Miséricorde inconcevable dont aucune intelligence humaine, ni angélique ne sondera jamais les limites. Notre néant et notre misère s’anéantissent dans Votre grandeur. O Bonté infinie, qui vous louera dignement ? Se trouvera-t-il une âme, qui Vous comprenne dans Votre amour ? O Jésus, de telles âmes existent, mais il n’y en a pas beaucoup.
361. Un jour, pendant la méditation matinale, j’ai entendu
cette voix : « Je suis Moi-même ton directeur, Je l’étais, Je le suis et Je le
serai. Quand tu M’as prié de te donner une aide visible, Je te l’ai accordée,
l’ayant choisie Moi-même avant même que tu Me l’aies demandé, car ainsi
l’exigeait Mon œuvre. Sache que les fautes que tu commets envers lui, blessent
Mon Cœur. Surtout garde-toi d’être indépendante, que chacun des plus petits
détails portent le cachet de l’obéissance. »
363. Un jour on m’a demandé de prier pour une âme, j’ai
résolu tout de suite de faire une neuvaine à la Miséricorde du Seigneur, en y
joignant une mortification, celle de porter des chaînettes aux deux pieds
pendant la Sainte Messe. Au bout de trois jours de pratique de cette
mortification, je suis allée me confesser et j’ai fait part à mon Père spirituel
de la mortification que j’avais entreprise, présument qu’il n’aurait rien
contre. Mais j’entendis le contraire, à savoir que je ne devais rien faire
seule, sans permission.
364. Il me proposa une mortification intérieure, notamment ;
je devais considérer, pendant la Sainte Messe, pourquoi Jésus a consenti à être
baptisé. Cette méditation n’était pas une mortification pour moi, car ce m’est
un délice de penser à Dieu. Mais il y avait là une mortification de la volonté,
puisque je faisais, non pas ce qui me plaisait, mais ce qui m’était indiqué.
C’est en cela que consiste la mortification intérieure. 365. O mon Jésus, soyez patient avec moi, je serai plus attentive à l’avenir. Je ne m’appuierai plus sur moi-même, mais sur Votre grâce et sur Votre bonté, qui sont si grandes pour moi qui suis si misérable. Une fois, Jésus me fît connaître que lorsque je Le priais aux intentions qu’on me confiait, Il était toujours prêt à accorder Ses grâces, mais que les âmes ne voulaient pas toujours les accepter. « Mon Cœur déborde d’une grande miséricorde pour les âmes et particulièrement pour celles des pauvres pécheurs. Si elles pouvaient comprendre que Je suis le meilleur des Pères, que c’est pour elles que le Sang et l’Eau ont jailli de Mon Cœur comme d’une source pleine de miséricorde. Pour elles Je demeure au tabernacle comme Roi de Miséricorde. Je désire combler les âmes de grâces, mais elles ne veulent pas les accepter. Toi au moins, viens vers Moi le plus souvent possible et prends ces grâces qu’elles ne veulent pas. Ainsi tu consoleras Mon Cœur. Oh ! Que l’indifférence des âmes pour tant de bonté, tant de preuves d’amour est grande! Mon Cœur n’est abreuvé que d’ingratitude et d’oubli de la part des âmes qui vivent dans le monde. Elles ont du temps pour tout, mais elles n’ont pas de temps pour venir vers Moi, ni pour chercher des grâces.
Je me tourne donc vers vous, âmes choisies, est-ce que, vous
aussi resterez aveugles à l’amour de Mon Cœur ? Et ici aussi, Mon Cœur éprouve
une déception. Je ne trouve pas en vous un abandon total à Mon amour, mais tant
de réserves, tant de méfiance, tant de précautions ! 367. 29.1.1935. Ce mardi matin, pendant la méditation, j’ai aperçu intérieurement, le Saint-Père qui célébrait la Sainte Messe. Après le Pater Noster il causait avec Jésus de cette affaire que Jésus m’a ordonné de lui dire. Bien que je n’en aie jamais parlé au Saint-Père personnellement, mais que ces affaires soient arrangées par quelqu’un d’autre, à cet instant, j’ai su, par connaissance intérieure, qu’il y réfléchissait et que dans peu de temps, l’affaire serait conclue selon les désirs de Jésus.
368. Avant la retraite de huit jours, je suis allée chez mon
directeur spirituel et je l’ai prié de me désigner certaines mortifications pour
le temps de la retraite. Il ne m’en a permis que quelques unes seulement, et non
toutes celles que je désirais. J’ai reçu la permission de faire une heure de
méditation sur la Passion de Jésus et de m’imposer certaines humiliations.
J’étais un peu mécontente de ne pas avoir reçu la permission pour tout ce que je
lui avais demandé. Quand nous sommes rentrées à la maison, j’ai passé un moment
à la chapelle et j’entendis dans mon âme une voix « Une heure de méditation sur
Ma douloureuse Passion a un plus grand mérite, que toute une année de
flagellation jusqu’au sang. La considération de Mes Plaies douloureuses est d’un
grand profit pour toi et Me procure une grande joie. Je suis étonné que tu
n’aies pas encore renoncé complètement à ta propre volonté, mais Je me réjouis,
car ce changement surviendra pendant la retraite. » 370. J. M. J. Wilno, 4,11.1935 Retraite de huit jours. Jésus, Roi de Miséricorde, voici revenu le moment où je reste en tête avec Vous, c’est pourquoi je Vous supplie par tout l’amour dont brûle Votre divin Cœur, détruisez en moi, tout amour propre et, par contre, enflammez mon cœur du feu de Votre très pur amour.
371. Le soir, la conférence finie, j’ai entendu ces mots : «
Je suis avec toi. Pendant cette retraite, je t’affermirai dans la paix et le
courage, pour que les forces ne te manquent pas dans l’accomplissement de Mes
desseins. C’est pourquoi tu vas absolument renoncer à ta propre volonté pendant
cette retraite et ainsi toute Ma volonté s’accomplira en toi. Sache que cela va
te coûter beaucoup, c’est pourquoi écris sur une carte blanche ces mots : « A
partir d’aujourd’hui ma volonté propre n’existe plus. » Et raye la carte. 372. Méditation fondamentale sur le but c’est-à-dire sur les choix de l’Amour. L’âme doit aimer, elle a besoin d’aimer. L’âme doit déverser son amour, non pas dans la boue, ni dans le vide, mais en Dieu. Comme je me réjouis quand je réfléchis là-dessus, car je sens réellement que Lui seul est dans mon cœur. Jésus, Seul, Unique. J’aime les créatures en tant qu’elles m’aident à m’unir à Dieu. J’aime tous les hommes parce que je vois en eux l’image divine. 373. J. M. J. Wilno, 4.11.1935 A partir d’aujourd’hui ma volonté propre n’existe plus Au moment où je m’agenouillais pour rayer ma volonté propre, comme le Seigneur m’a dit de le faire, j’ai entendu dans mon âme cette voix : « A partir d’aujourd’hui, n’aie pas peur des jugements de Dieu, car tu ne seras pas jugée.» J. M. J. Wilno, 4.11 1935 A partir d’aujourd’hui j’accomplis la volonté de Dieu, partout, toujours, en tout. J. M. J. Wilno, 8.11.1935
Le travail intérieur, personnel, ou examen de conscience. Du
renoncement de soi et de sa volonté propre. II Le renoncement de la volonté : c’est-à-dire, accomplir la volonté de Dieu qui se manifeste à moi dans la volonté de ceux qui tiennent la place de Dieu auprès de moi, ainsi que dans le règlement de notre ordre religieux. III Le renoncement du jugement : c’est-à-dire accepter immédiatement, sans réfléchir, sans analyser, ni raisonner chaque ordre, qui m’est donné par ceux qui tiennent la place de Dieu auprès de moi. IV Le renoncement de ma langue. Je ne lui donnerai aucune liberté. En un seul cas, elle sera totalement libre : pour la proclamation de la gloire de Dieu. A chaque fois que je communie, je prie Jésus qu’il daigne fortifier et purifier ma langue, pour que je ne blesse pas mon prochain. C’est pour cela que j’ai le plus grand respect pour la règle qui parle du silence. 375. Mon Jésus, j’ai confiance que Votre grâce m’aidera à tenir ces résolutions. Bien que ces articles soient contenus dans le vœu d’obéissance, je veux pourtant m’y exercer d’une manière particulière, car c’est l’essence de la vie religieuse. Miséricordieux Jésus, je Vous en prie ardemment, éclairez mon esprit pour que je puisse mieux Vous connaître, Vous qui êtes l’Être infini, et pour que je puisse mieux me connaître, moi qui suis le néant même.
376. De la Sainte confession. Nous devrions tirer deux
profits de la Sainte Confession. Nous allons nous confesser :
2. Pour l’éducation. Notre âme a besoin, comme un petit
enfant, d’une éducation continuelle. O mon Jésus, je comprends ces mots à fond
et je sais, par expérience, que lâme n’arrivera pas loin par ses propres
forces. Elle peinera beaucoup rt ne fera rien pour la gloire de Dieu. Elle va
s’égarer constamment, car mon esprit est obscur et ne sait pas discerner en ce
qui le concerne. Je vais appliquer mon attention spécialement sur deux points :
2. Je vais m’exercer à la contrition, non seulement pendant la confession, mais à chaque examen de conscience. Je vais éveiller en moi la contrition parfaite, surtout au moment d’aller me coucher. Encore un mot : l’âme, qui désire sincèrement avancer dans la perfection, doit s’en tenir strictement aux conseils que lui donne son conseiller spirituel. Autant de sainteté que de dépendance.
377. Un jour où je causais avec mon directeur, j’aperçus
intérieurement, et dans un éclair, son âme en proie à une grande souffrance, à
un supplice tel que rares sont les âmes que Dieu touche d’un pareil feu. Cette
œuvre en était la cause. Un jour viendra où cette œuvre tant recommandée par
Dieu paraissant presque réduite à néant, resurgira soudain sous l’action de Dieu
avec une grande force qui témoignera de sa vérité. Et bien qu’elle existât
depuis longtemps déjà, elle donnera une nouvelle splendeur à l’Eglise. Personne
ne peut nier que Dieu est infiniment miséricordieux. Il désire que tout le monde
le sache, avant qu’il ne revienne comme Juge. Il veut que les âmes Le
connaissent d’abord comme Roi de Miséricorde. Quand viendra ce triomphe, nous
serons déjà dans cette vie nouvelle où il n’y a plus de souffrance. Mais, avant
cela, « votre âme sera abreuvée d’amertume devant l’anéantissement de vos
efforts. » Cependant cet anéantissement ne sera qu’apparent, car Dieu ne change
pas ce qu’Il a une fois décidé. Mais bien que l’anéantissement ne soit
qu’apparent, pourtant la souffrance sera bien réelle. 379. Je ne ferai aucune démarche, aucun geste, selon ma propre inclination, car je suis liée par la grâce. Je suis constamment attentive à ce qui est le plus agréable à Jésus. 380. Pendant§ une méditation sur l’obéissance, j’ai entendu ces paroles : « Le prêtre parle, ici, exceptionnellement pour toi, sache que J’emprunte sa bouche. » Je m’efforçais d’écouter avec la plus grande attention, et j’appliquais tout à mon cœur comme pour chaque méditation. Lorsque le prêtre a dit que l’âme obéissante se remplit de la force de Dieu – « Oui quand tu es obéissante, Je t’enlève ta faiblesse et en échange Je te donne Ma force. Cela m’étonne que les âmes ne veuillent pas faire cet échange avec Moi. » J’ai dit : « Jésus, éclairez mon âme, sinon, moi non plus, je ne comprendrai pas bien ces paroles. » 381. « Je sais que je ne vis pas pour moi, mais pour un grand nombre d’âmes. Je sais que les grâces, qui me sont accordées, ne sont pas seulement pour moi, mais aussi pour les autres. O Jésus, l’immensité de Votre Miséricorde se déverse en mon âme qui est le gouffre même de la misère. Je Vous remercie Jésus, pour les grâces et les parcelles de la Croix que Vous me donnez à chaque instant de ma vie. »
382. Au commencement de la retraite, j’ai aperçu Jésus cloué
à la Croix, sur le plafond de la chapelle. Il regardait les Sœurs avec un grand
amour, mais pas toutes. Il y a trois Sœurs sur lesquelles Jésus jetait un regard
sévère, je ne sais pour quelle raison. Je sais seulement qu’il est terrible de
rencontrer un tel regard qui est celui d’un Juge sévère. Ce regard ne me
concernait pas et cependant je fus saisie de crainte et de frayeur. J’en frémis
encore tout en écrivant ces mots. Je n’ai pas osé en dire le moindre mot à
Jésus. Mes forces s’en allaient et je craignis ne plus pouvoir rester jusqu’à la
fin de la conférence. 383. Je suis restée en adoration de 9 heures à 10 heures, ainsi que quatre autres Sœurs. M’approchant de l’autel, j’ai commencé à méditer la Passion de Jésus. Au même instant une terrible douleur inonda mon âme à cause de l’ingratitude d’un si grand nombre d’âmes qui vivent dans le monde. Et plus encore à cause de celle des âmes spécialement choisies par Dieu. On ne peut s’en faire une idée ni tenter de comparaison. A la vue de cette ingratitude des plus noires, je sentis comme si mon cœur se déchirait. Mes forces physiques m’abandonnaient complètement. Je me suis prosternée et sans me cacher, je pleurais tout haut. Chaque fois que je pensais à la grande Miséricorde de Dieu et à l’ingratitude des âmes, la douleur transperçait mon cœur. J’ai compris aussi combien le Doux Cœur de Jésus en est douloureusement blessé. J’ai renouvelé d’un cœur ardent mon acte d’offrande pour les pécheurs.
384. Avec joie et envie j’ai pressé mes lèvres à l’amertume
du calice que je prend chaque jour pendant la Sainte Messe.. Je ne la donnerai à
personne, la goutte que Jésus me réserve à chaque moment. Je vais consoler le
très doux Cœur Eucharistique de Jésus. Je jouerai de belles mélodies sur les
cordes de mon cœur, la souffrance est la plus douce musique. Je vais assidûment
rechercher ce qui peut aujourd’hui réjouir Son Cœur. 385. Je sens que Dieu me permettra de soulever le voile pour que la terre ne doute pas de Sa bonté. Dieu n’est sujet ni à éclipse, ni à changement, Il est pour tous les siècles Un et Le Même. Rien ne peut s’opposer à Sa volonté. Je sens en moi une force plus grande que la force humaine : un courage et une force issus de la grâce qui demeure en moi. Je comprends les âmes qui souffrent du manque d’espoir, j’ai moi-même expérimenté ce feu. Mais Dieu, n’impose rien au delà de nos forces. J’ai longtemps vécu dans l’espérance contre toute espérance et j’ai ainsi fait naître l’espérance jusqu’à la confiance totale en Dieu. Qu’il m’arrive ce qu’Il a décidé depuis tous les siècles. Le principe général. 386. Il serait bien laid pour une religieuse de chercher du soulagement dans la souffrance. 387. Voici ce qu’on fait la grâce et la méditation, d’un très grand criminel. Celui qui meurt a beaucoup d’amour. « Souvenez-Vous de moi lorsque Vous serez dans Votre Royaume. » La vraie contrition change l’âme immédiatement. Il faut diriger la vie spirituelle sérieusement et sincèrement. 388. L’amour doit être réciproque. Si Jésus a bu pour moi toute l’amertume, moi, Son épouse, j’accepterai toutes les amertumes pour Lui prouver mon amour. 389. Celui qui sait pardonner se prépare de nombreuses grâces divines. Je pardonnerai sincèrement chaque fois que je regarderai le crucifix 390. L’union avec les âmes nous a été donnée au Sacrement du Saint-Baptème. La mort resserre l’amour. Je devrai toujours être une aide pour les autres. Si je suis une bonne religieuse, je serai utile non seulement à notre Ordre, mais aussi à ma Patrie. 391. Dieu donne Ses grâces de deux façons : par l’inspiration et par l’illumination. Si nous prions pour obtenir la grâce, Dieu nous la donnera. Il suffit de l’accepter, mais pour cela, i !l faut de l »abnégation. L’amour ne réside ni dans les mots, ni dans les sentiments, mais dans les actes. C’est un acte de volonté, c’est un don, c’est-à-dire une donation. Raison, volonté, cœur : nous devons exercer ces trois facultés dans la prière. Je ressusciterai en Jésus, mais d’abord je dois vivre en Lui. Si je ne me sépare pas de la croix, alors l’Evangile fera son chemin en moi. Jésus efface en moi toutes mes imperfections. Sa grâce agit sans cesse. La Sainte Trinité m’accorde Sa vie en plénitude par le don de l’Esprit Saint. Les Trois Personnes Divines demeurent en moi. Lorsque Dieu aime, Il le fait de tout Son Etre, de toute la puissance de Son Etre. Si Dieu m’a tant aimée, que dois-je faire, moi, Son épouse ? 392. Pendant une des conférences, Jésus me dit : « Dans la petite grappe élue, tu est une douce baie, Je désire que la sève, qui circule en toi, se communique aux autres âmes. »
393. Pendant le renouvellement des vœux, j’aperçus Jésus du
côté de l’Epître, dans un vêtement blanc, ceint d’une ceinture dorée, Il tenait
à la main un terrible glaive. Cela dura jusqu’au moment où les Sœurs
commencèrent à renouveler leurs vœux 394. Départ pour quelques jours à la maison paternelle chez ma mère qui se mourait.. J’ai appris que ma mère est très gravement malade, q’elle est mourante, et qu’elle me prie de venir, car elle veut me voir avant de mourir. Alors ce réveillèrent tous les sentiments de mon cœur. Comme une enfant aimant sincèrement sa mère, je désirais exaucer son désir . Mais j’ai laissé à Dieu la liberté d’agir et je me suis livrée complètement à Sa volonté. Sans faire attention à la douleur de mon cœur, je suivais la volonté divine. Le jour de ma fête, le 15 février au matin, la Mère Supérieure me remit une seconde lettre de ma famille et m’accorda la permission de retourner à la maison pour exaucer le désir et les prières de ma mère mourante. Tout de suite, j’ai fait les préparatifs nécessaires et le soir j’ai quitté Wilno. J’ai offert toute cette nuit pour ma mère gravement malade, afin que Dieu lui accorde la grâce de ne rien perdre des mérites de ses souffrances.
395. Mes compagnes de voyage étaient bien gentilles;
plusieurs dames de la Congrégation mariale se trouvaient dans le même
compartiment ; j’ai senti que l’une d’elle souffrait beaucoup et qu’un combat
acharné se livrait dans son âme. J’ai prié pour cette âme. A onze heures, ces
dames passèrent dans un autre compartiment pour causer et en attendant nous
sommes restées toutes les deux seules, dans le wagon. Je sentis que ma prière
augmentait encore le combat de cette âme. Je ne la consolais pas, aussi je
priais encore plus ardemment. Enfin cette personne s’adressant à moi me pria de
lui dire si elle devait accomplir une certaine promesse faite à Dieu. A ce
moment, j’ai eu intérieurement connaissance de cette promesse et lui ai répondu
: « Vous êtes obligée, Madame, d’accomplir cette promesse, car autrement, vous
serez malheureuse toute votre vie. Cette pensée ne vous laissera pas en paix.»
Etonnée de cette réponse, elle le dévoila toute son âme.
396. Le matin, j’arrivais à Varsovie et le soir à 8 heures,
j’étais à la maison. Il est difficile de décrire quelle joie ce fut pour mes
parents et pour toute la famille. 397. En voyant prier mon père, j’étais bien honteuse, après tant d’années passées au couvent, de ne pas savoir prier avec autant de sincérité et de ferveur. Je ne cesse de rendre grâces à Dieu pour de tels parents. 398. Oh ! Comme tout avait changé en dix ans ! Impossible de rien reconnaître. Le jardin était si petit maintenant que je ne pouvais le reconnaître. Mes frères et sœurs que j’avais quittés encore enfants, étaient maintenant tous adultes… Je m’étonnais de ne pas les retrouver tels que lors de notre séparation. 399. Stasio m’accompagnait chaque jour à l’église. Je sentais que cette âme était très agréable à Dieu. Le dernier jour, quand il n’y avais plus personne à l’église, je suis allée devant le Saint Sacrement, et nous avons récité ensemble le Te Deum. Après un moment de silence j’ai offert cette âme au Très Doux Cœur de Jésus. Comme il m’était bon de prier dans cette petite église ! Je me suis souvenue de touts les grâces que j’y avais reçues, grâces que je ne comprenais pas alors et dont j’avais si souvent abusé, et je m’étonnais moi-même d’avoir pu être aussi aveugle. Je regrettais vivement mon aveuglement et, soudain j’ai vu Jésus, éclatant d’une beauté indicible. Il me dit gracieusement : « Mon élue, Je t’accorderai de plus grâces encore, pour que tu sois pendant toute l’éternité témoin de Mon Infinie Miséricorde. » 400. Ces jours à la maison passaient pour moi en grande compagnie, car chacun voulait me voir et causer un peu. Souvent je comptais jusqu’à vingt-cinq personnes. Elles écoutaient avec curiosité mes récits de la vie des saints. Je m’imaginais que notre maison était vraiment la maison de Dieu, car jusqu’au soir on ne parlait que de Lui. Lorsque, fatiguée par ces récits et soupirant après la solitude et le silence, je m’échappais le soir au jardin afin de pouvoir parler avec Dieu en tête-à-tête, cela non plus ne me réussissait pas. Mes frères et sœurs venaient tout de suite et me reconduisaient à la maison où, de nouveau, il me fallait parler avec tant d’yeux fixés sur moi !
Mais je parvins à trouver un peu de répit, et je priais mes
frères, qui avaient de très belles voix, de chanter. De plus, l’un d’entre eux
jouait du violon, le second de la mandoline.. Ce qui me permettait de prier
spirituellement sans fuir leur société
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