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fidèles défunts
— 2
novembre — |
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Lecture du
livre de Job
(Jb 19,
1.23-27a)
Job prit
la parole et dit : « Je voudrais qu'on écrive ce que je
vais dire, que mes paroles soient gravées sur le bronze avec
le ciseau de fer et le poinçon, qu'elles soient sculptées
dans le roc pour toujours : Je sais, moi, que mon libérateur
est vivant, et qu'à la fin il se dressera sur la poussière
des morts ; avec mon corps, je me tiendrai debout, et de mes
yeux de chair, je verrai Dieu. Moi-même, je le verrai, et
quand mes yeux le regarderont, il ne se détournera pas. » |

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Psaume :
15, 1-2, 5-6, 9-10, 8b.11
R/ Garde-moi, Seigneur mon Dieu, toi mon seul espoir !
Garde-moi, mon Dieu :
j'ai fait de toi mon refuge.
J'ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Je n'ai pas d'autre bonheur que toi. »
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort.
La part qui me revient fait mes délices ;
j'ai même le plus bel héritage !
Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m'abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
Le Seigneur à ma droite, je suis inébranlable.
Tu m'apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
A ta droite, éternité de délices ! |

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Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens
(1 Co 15, 51-54.57)
Frères, c'est
une chose mystérieuse que je vous annonce : même si nous ne
mourons pas tous, nous serons tous transformés, et cela
instantanément, en un clin d'œil, quand retentira le signal
au dernier jour. Il retentira, en effet, et les morts
ressusciteront, impérissables, et nous serons transformés.
Car il faut que
ce qui est périssable en nous devienne impérissable ; il
faut que ce qui est mortel revête l'immortalité.
Et quand ce qui
est périssable en nous deviendra impérissable, quand ce qui
est mortel revêtira l'immortalité, alors se réalisera la
parole de l'Écriture : La mort a été engloutie dans la
victoire.
Rendons grâce à
Dieu qui nous donne la victoire par Jésus Christ, notre
Seigneur. |

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Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ
selon Saint Jean
(XI,
1-45).
Un homme était tombé malade.
C'était Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa sœur Marthe. (Marie
est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses
cheveux. Lazare, le malade, était son frère.) Donc, les deux sœurs envoyèrent
dire à Jésus : « Seigneur, ton ami est malade. » En apprenant cela,
Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la
gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus
aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était
malade, il demeura pourtant deux jours à l'endroit où il se trouvait ; alors
seulement il dit aux disciples : « Revenons en Galilée.
Les disciples lui dirent : « Rabbi,
tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ? »
Jésus répondit : « Ne fait-il pas jour pendant douze heures ? Celui qui
marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu'il voit la lumière de ce
monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière
n'est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami,
s'est endormi ; mais je m'en vais le tirer de ce sommeil. » Les disciples
lui dirent alors : « Seigneur, s'il s'est endormi, il sera sauvé. » Car
ils pensaient que Jésus voulait parler du sommeil, tandis qu'il parlait de la
mort. Alors, il leur dit clairement : « Lazare est mort, et je me réjouis de
n'avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais, allons auprès
de lui ! » Thomas, dont le nom signifie : Jumeau, dit aux autres disciples :
« Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui ! »
Quand Jésus arriva, il trouva
Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de
Jérusalem - à une demi-heure de marche environ - beaucoup de Juifs étaient venus
manifester leur sympathie à Marthe et Marie, dans leur deuil. Lorsque Marthe
apprit l'arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait
à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère
ne serait pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t'accordera tout
ce que tu lui demanderas. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »
Marthe reprit : « Je sais qu'il ressuscitera au dernier jour, à la
résurrection. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie.
Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui
croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui,
Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient
dans le monde. »
Ayant dit cela, elle s'en alla
appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le maître est là, il t'appelle. »
Marie, dès qu'elle l'entendit, se leva aussitôt et partit rejoindre Jésus. Il
n'était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l'endroit
où Marthe l'avait rencontré.
Les Juifs qui étaient à la maison
avec Marie, et lui manifestaient leur sympathie, quand ils la virent se lever et
sortir si vite, la suivirent, pensant qu'elle allait au tombeau pour y pleurer.
Elle arriva à l'endroit où se trouvait Jésus ; dès qu'elle le vit, elle se jeta
à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait
pas mort. » Quand il vit qu'elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle
pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d'une émotion profonde.
Il demanda : « Où l'avez-vous
déposé ? » Ils lui répondirent : « Viens voir, Seigneur. » Alors,
Jésus pleura. Les Juifs se dirent : « Voyez comme il l'aimait ! » Mais
certains d'entre eux disaient : « Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne
pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
Jésus, repris par l'émotion, arriva
au tombeau. C'était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez
la pierre. » Marthe, la sœur du mort, lui dit : « Mais, Seigneur, il sent
déjà ; voilà quatre jours qu'il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne
te l'ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva
donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te
rends grâce parce que tu m'as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m'exauces
toujours, mais si j'ai parlé, c'est pour cette foule qui est autour de moi, afin
qu'ils croient que tu m'as envoyé. » Après cela, il cria d'une voix forte :
« Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains
attachés, le visage enveloppé d'un suaire
Jésus leur dit : « Déliez-le, et
laissez-le aller. »
Les nombreux Juifs qui étaient
venus entourer Marie virent donc ce que Jésus avait fait, et ils crurent en lui. |

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Les Morts sont extrêmement sensibles
Au lendemain de la très belle fête
de Tous les Saints, l’Eglise a pris l’habitude depuis l’abbé Odilon de Cluny (Xe siècle),
de commémorer tous ceux qui nous ont récemment “quittés” pour rejoindre la Vie
éternelle : les morts de nos familles, camarades, soldats, amis…
Bien avant saint Odilon déjà, les Chrétiens avaient coutume de penser à leurs
défunts, qui continuent de faire partie de la famille au-delà de la mort.
Jésus-Christ a eu une fois (cf. Lc 20:27-38) l’occasion d’affronter des
Sadducéens au sujet de l’au-delà : ces derniers étaient réputés pour ne pas
croire à la vie éternelle, et Jésus leur fit remarquer que Dieu s’était fait
reconnaître comme le “Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob”, et donc que Dieu n’est
pas un Dieu de morts, mais de vivants. C’était indirectement confirmer que la
vie ne s’arrête pas à la fin de la vie biologique.
Une tradition constante dans l’Eglise a été celle de prier pour les morts,
d’offrir à Dieu des prières et des sacrifices pour aider ces morts à être
entièrement purifiés avant d’entrer définitivement dans la Gloire du Ciel. Le
Catéchisme rappelle que Judas Maccabée fit une collecte et “fit faire ce
sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché”
(2 M 12,46). De là vient notre croyance en ce “lieu” de purification, qu’on a
appelé le Purgatoire. Qu’il s’agisse d’un endroit particulier, ou d’un état
transitoire des âmes des défunts, c’est difficile de le dire ; c’est une
tradition de l’Eglise de parler d’un feu purificateur (voir Catéchisme, n.1031).
Certaines “visions” plus tardives de grands Saints y ont clairement fait
allusion, entre autres celles de sainte Catherine de Gênes tout particulièrement
(XVIesiècle).
Du reste, on n’imagine pas que la moindre imperfection puisse s’infiltrer dans
le Ciel ; et aussi il est certain que personne ne meurt dans un état d’âme
parfaitement pur, comme le sont les Anges au Paradis ; telle fut donc de tous
temps la pensée de l’Eglise, à l’origine des prières qu’on fait pour tous les
défunts.
Saint Augustin précise aussi, et loue cette pieuse coutume, que les chrétiens
priaient pour tous les morts, afin que ceux qui n’avaient laissé sur terre ni
parents, ni enfants, ni amis ne fussent pas cependant délaissés. Où nous voyons
que l’Eglise a toujours été cette bonne Mère pour tous ses fidèles.
Une autre coutume, d’origine espagnole, fit que, pour satisfaire aux nombreuses
demandes de prières et de messes pour les défunts, les moines avaient pris
l’habitude de célébrer plusieurs messes en ce jour. Coutume d’abord tolérée,
puis véritablement autorisée en Espagne et au Portugal. Au lendemain de la
première Guerre mondiale, le pape Benoît XV étendit cette pratique à l’Eglise
universelle, en pensant aux morts de la guerre, aux nombreux prêtres qui étaient
morts sans pouvoir célébrer les Messes qu’on leur avait demandées, mais aussi
aux innombrables victimes de cette guerre affreuse. C’est depuis que les prêtres
se sont accoutumés à célébrer en ce 2 novembre trois Messes, une aux intentions
du Pape, une pour tous les Morts, une pour tel Défunt particulier.
Cette belle coutume s’est un peu affaiblie récemment, car diverses tendances
théologiques se sont fait jour, restreignant d’une part la dévotion pour les
“âmes du Purgatoire”, et développant d’autre part la pratique de la
concélébration eucharistique. On a fait remarquer, avec une certaine justesse,
que les prières et les Messes n’entraient pas dans une sorte de “compte
mathématique” où le Bon Dieu établissait des additions et des soustractions pour
déterminer à quelle date serait “délivrée” telle âme. Ceux qui ont connu le
triste monde carcéral savent de quoi il s’agit, et Dieu notre Père est
certainement en-dehors de cette vision terrestre des délits et des peines dues.
Il reste que les Apôtres ont bien reçu de Christ cette invitation solennelle à
répéter Son Sacrifice et donc à multiplier les prières, en particulier pour les
Morts, sinon Il n’aurait pas expressément dit : “Faites ceci en mémoire de moi”.
Comme l’Eglise nous propose aujourd’hui un choix immense de lectures, de
psaumes, d’évangiles, on ne va pas ici les commenter ; si tel ou tel Internaute
désire un commentaire plus approprié, qu’il en fasse la demande et on aura grand
plaisir à lui répondre sur ce site.
Reste que nous unissons tous aujourd’hui nos prières pour tous les morts. Prions
particulièrement pour ceux qui s’endorment loin de tous, dans la solitude, dans
l’oubli général. Quand tel ami, telle personne connue quitte cette vie
terrestre, les fidèles et les proches réunissent souvent beaucoup de dons pour
“faire célébrer des Messes”, sans parler des abondantes couronnes de fleurs.
Quand un pauvre homme s’éteint dans sa petite maisonnette, personne n’est là,
tandis que c’est peut-être d’abord cet homme-là qui a besoin de nos prières. Il
y a des chrétiens et des prêtres qui ont chaque jour cette pensée très
fraternelle de prier pour tous ceux qui sont en ce moment en agonie, pour tous
ceux qui mourront aujourd’hui.
Les Morts sont extrêmement sensibles à cette charité des Vivants envers
eux-mêmes. Ayons tous cette fraternelle sollicitude, bien conscients que tous,
Vivants et Morts, nous sommes une grande Famille dans laquelle toutes les
prières forment un faisceau lumineux qui monte vers Dieu et retombe en grâces
pour tous.
Que par la miséricorde de Dieu les âmes des Fidèles trépassés reposent en paix !
Abbé Charles Marie de Roussy |
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