Nous
apprenons d'Eusèbe que cette Sainte était fille de la sœur du
consul Flavius Clemens, martyrisé pour la foi, et conséquemment
petite nièce de l'Empereur Donatien. Ce prince la bannit
dans l'île de Pontia, après
avoir
condamné son oncle à mort. Elle y vécut avec saint Nérée et
saint Achillée, ses eunuques, dans les exercices de la piété
chrétienne. Les cellules dans lesquelles ils demeuraient chacun
séparément, subsistaient encore trois cents ans après leur
martyre. On lit dans saint Jérôme, que sainte Paule allant de
Rome à Jérusalem, les visita respectueusement, et qu'elle se
sentit, en les voyant animée d'une nouvelle ferveur. Le même
père appelle le bannissement de sainte
Domitille
un
long martyre.
Nerva et
Trajan rappelèrent les personnes exilées par Domitien ; mais il
n'est pas certain qu'ils aient rappelé les parents de ce prince.
Quoiqu'il en soit, on lit dans les actes de saint Nérée et de
saint Achillée, que sainte
Domitille
alla à
Terracine, et qu'elle y fut brûlée sous Trajan, pour avoir
refusé de sacrifier aux idoles. On garde ses reliques avec
celles de saint Nérée et de saint Achillée, qui ayant été ses
domestiques sur la terre, sont présentement associés à sa gloire
dans le ciel.
Sainte
Flavie Domitille
trouvait une vraie félicité dans
ses souffrances, parce qu'elle aimait Jésus-Christ. Le sort des
pécheurs est bien différent, même au sein des honneurs et des
plaisirs ; des amertumes secrètes empoisonnent continuellement
leurs plus beaux jours. Ils évitent de se considérer dans le
silence de la retraite, parce que la simple vue de leur
intérieur les fait trembler. C'est pour ne se pas voir eux-mêmes
qu'ils sont perpétuellement plongés dans la dissipation, et
qu'ils se livrent à des amusements dont l'expérience leur a fait
sentir le vide et la frivolité. Mais qui pourrait exprimer la
violence des remords et des frayeurs qui les agitent, lorsque la
maladie ou quelque autre accident les force à soutenir
l'affligeant spectacle de leurs misères ? De quelles transes, de
quelles angoisses leur cœur n'est-il pas alors déchiré ? Il n'y
a que le chrétien fidèle qui goûte, dès cette vie, un solide
bonheur ; il porte son paradis dans son cœur, et les plus
terribles épreuves ne sauraient lui ravir le bien dont la
jouissance inonde son âme de consolations.
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… Tome VI – Traduction :
Jean-François Godescard.
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