François, de la famille
Caracciolo, l'une des plus illustres du royaume de Naples, entra dès
son enfance dans le
chemin de la perfection, par l'amour de la
pénitence et une tendre dévotion à la Sainte Vierge. Il récitait
chaque jour le petit Office et le Rosaire et jeûnait tous les
samedis en l'honneur de sa bonne Mère. Cependant, jusqu'à l'âge de
vingt-deux ans, il ne songeait point à quitter le siècle. Il fallut
l'horrible maladie de la lèpre pour le détacher du monde et le
décider à se donner à Dieu dans la vie religieuse. La Providence lui
fit rencontrer bientôt deux vertueux prêtres, auxquels il se joignit
pour l'établissement des Clercs réguliers Mineurs.
François, encore tout
jeune, fut bientôt supérieur général de l'Ordre, qui prenait de
rapides accroissements. Il profita de la liberté que lui donnait
cette charge pour augmenter ses exercices de piété et de
mortification. Trois fois la semaine il jeûnait au pain et à l'eau,
portait habituellement un rude cilice, prenait toutes les nuits la
discipline, et passait le temps du repos partie au pied du Très
Saint-Sacrement et partie dans l'étude. Quand le sommeil le
pressait, c'était souvent sur le marchepied de l'autel qu'il prenait
le peu de repos qu'il accordait à la nature, et qui ne durait jamais
plus de trois ou quatre heures. Il donnait sept heures chaque jour à
la contemplation et à la méditation de la Passion de Notre-Seigneur
Jésus-Christ. Ami de la pauvreté, si on lui donnait des vêtements
neufs, il les changeait avec les habits les plus usés des simples
frères; il évitait avec soin toutes les marques de distinction et
d'honneur, disant: "Je n'en suis pas digne; la Compagnie ne me
supporte que par charité." Il signait ordinairement ses lettres:
François, pécheur.
Le Saint alla lui-même
établir son Ordre à Madrid, en Espagne, où il obtint un succès
extraordinaire; il y fit trois voyages et s'acquit une telle
réputation, qu'on ne l'appelait que le Prédicateur de l'amour
divin. A toutes les instances du Pape Paul V, qui voulait
l'élever aux dignités ecclésiastiques, il faisait répondre: "Je veux
faire mon salut dans mon petit coin."
Près de mourir, on
l'entendait crier en se soulevant de son lit: "Seigneur Jésus, que
Vous êtes bon" Seigneur, ne me refusez pas ce précieux sang que Vous
avez répandu pour moi... Ô Paradis! Ô Paradis!..." Après avoir fait
ses adieux à ses frères, tenant le crucifix d'une main et l'image de
Marie de l'autre, il mourut le 4 juin 1608, à l'âge de
quarante-quatre ans, en disant: "Allons! Allons! - Et où? lui
répondit-on. - Au Ciel! Au Ciel!"
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |