La Vie des Saints
nous fournit à chaque pas la preuve que
Dieu bénit les
grandes familles.
François de Girolamo, né en Sicile, était l'aîné de onze enfants.
Son enfance fut
remarquable par une compassion innée pour les misères d'autrui. Un
jour, il prenait un pain pour les pauvres, sans la permission de ses
parents. Sa mère lui en adressa d'amers reproches: "Croyez-vous que
l'aumône appauvrisse? dit-il à sa mère; regardez le buffet!" La mère
regarda: aucun pain ne manquait.
Entré jeune encore dans
la Compagnie de Jésus, il s'y montra dès l'abord saint religieux
dans la force du terme. Ce qu'il convient avant tout de remarquer en
lui, c'est l'apôtre. Il demande un jour à ses supérieurs d'aller
évangéliser les Indes et le Japon: "Les Indes et le Japon, lui
est-il répondu, sont pour vous à Naples. Quant au martyre, les
épines du ministère apostolique suffiront." C'était vrai.
Qu'il est beau de le
voir chaque mois, la sonnette à la main, appeler Naples à la Sainte
Communion, bravant toutes les intempéries des saisons et réussissant
à amener jusqu'à vingt mille communiants, le même jour, à la Table
sainte! Souvent l'église ne suffisait pas à ses prédications; une
éminence en plein air lui servait de chaire, et l'on voyait les
multitudes saisies d'émotion sous sa parole puissante.
Avant d'aller prêcher,
le missionnaire passait des heures en prière, déchirait sa chair à
coups de discipline, et ne paraissait devant la foule que le coeur
débordant des flammes de la charité qu'il avait puisée aux pieds du
crucifix. Un jour, une personne scandaleuse qui l'avait interrompu
dans un sermon vint à mourir; le Saint alla près de son lit funèbre
et lui cria: "Où es-tu?" A ces mots, les lèvres du cadavre s'agitent
et répondent: "En enfer!" Dieu, par une foule de miracles,
centuplait la puissance apostolique de Son serviteur.
Plusieurs fois l'on put
constater sa présence en deux endroits simultanément; ses prophéties
étaient de chaque jour, sa foi rendit la vie à un enfant mort, et sa
parole ressuscita une multitude d'âmes à la vie de la grâce. Il
prédit le jour de sa mort.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les
jours de l'année,
Tours, Mame, 1950. |